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VIVRE EN

BRABANT WALLON

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Samedi 28 janvier 2017

Fusion des communes en BW : de 108 à 27 communes Il y a 40 ans, la fusion des

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etrouvez, commune par commune, le compte rendu des mois qui ont précédé la fusion des commu­ nes. Récits de Stéphane Vanden Eede sur base, entre autres, des archives du ministre Joseph Michel.

communes devenait effective. En Brabant wallon, le nombre de communes passait de 108 à 27. Nous republions aujourd’hui une série cette fusion et publiés en 2002.

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d’articles consacrés à

Le Roi Baudouin rencontre les bourgmestres brabançons à Hélécine, avant les fusions. Beaucoup ne seront plus bourgmestres, un an plus tard.

Beauvechain..............................4 Braine­l’Alleud..........................5 Braine­le­Château....................6 Chastre........................................7 Chaumont­Gistoux.................8 Court­Saint­Étienne................9 Genappe....................................10 Grez­Doiceau...........................11 Hélécine....................................12

Incourt......................................13 Ittre.............................................14 Jodoigne....................................15 La Hulpe...................................16 Lasne..........................................17 Mont­Saint­Guibert...............18 Nivelles.....................................19 Orp­Jauche...............................20 Ottignies­LLN..........................21 Perwez.......................................22 Ramillies...................................23 Rebecq.......................................24 Rixensart..................................25 Tubize........................................26 Villers­la­Ville.........................27 Walhain....................................28 Waterloo...................................29 Wavre........................................30

Des bourgmestres résistaient partout On lui doit l’aboutissement de la fusion des

sser sa réforme à la Chambre en novembre 1975, c’est sans communes en 1976, mais le Virtonnais Joseph Michel doute grâce à son obstination, mais aussi au prix d’un travail en a dû affronter des résistances, à travers le pays. de fourmi aux quatre coins du pays pendant plus d’un an ● D o m i n i q u e Z A C H A RY ges. pour convaincre de ses plans Si Joseph Michel a réussi à et écouter les milliers de do­ e père de la fusion des com­ f a i r e léances avec son chef de cabi­ munes, c’est lui. L’his­ p a net, le Rochois Jules Bastin toire politique de la (aucun lien avec le chanteur Belgique conservera une lyrique qui a donné son nom à place de choix à Joseph une salle de Waterloo). Michel qui, face aux Même si le bon sens consi­ résistances et baron­ dère que regrouper les peti­ nies locales, aura su tes communes en plus imposer une ré­ grosses entités est un forme inédite atout, et que rationaliser pour le pays, les services et éviter les ramenant doubles emplois fait ga­ de 2 359 à gner de l’argent public, ces 589 le évidences ont dû affronter nombre une vague d’oppositions à de com­ travers tout le pays. munes Les plus virulents étant sans bel doute les bour

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On le disait très intelligent, travailleur, malicieux, mais aussi têtu et obstiné : Joseph Michel a eu besoin de ces traits de caractère pour faire adopter sa réforme.

gmestres socialistes des bas­ sins de Liège et Charleroi, trop amers de perdre leur belle écharpe tricolore.

toine Humblet, PSC comme lui, pour rendre effective ce qu’il appelait « l’opération fu­ sions ».

Passage en force au sein du gouvernement Tindemans

Le secret : l’Orval

Nommé en juin 1974 comme ministre de l’Intérieur, Joseph Michel, alors âgé de 49 ans, prit le risque dès septembre 1974 – deux ans avant les pre­ mières élections des commu­ nes fusionnées – de tenir une conférence de presse à Bruxel­ les pour présenter son avant­ projet. Au sein même du gouverne­ ment Tindemans, beaucoup de ses collègues ministres étaient opposés à cette sortie dans la presse qu’ils esti­ maient prématurée, mais Jo­ seph Michel passa outre à la colère du néerlandophone Re­ naat Van Elslande (CVP), fa­ rouchement opposé à la fu­ sion, pour divulguer les grands axes de sa réforme. « Nous avions travaillé tout l’été au ministère de l’Intérieur et les avant­projets de fusion étaient prêts pour quatre provinces appe­ lées à subir le baptême du feu : Luxembourg, Namur, Flandre occidentale et Limbourg », expli­ que­t­il dans son ouvrage Sou­ venirs. La grande époque. Joseph Michel décida de maintenir sa conférence de presse et put compter sur le soutien du Namurois An­

Avec beaucoup de pragma­ tisme, l’opération fusions fit donc l’objet d’un examen ap­ profondi, province par pro­ vince, selon un calendrier strict de l’automne 1974 à la fin 1975. « Car les projets de fu­ sions devaient être rassemblés en un seul arrêté royal à approuver par le parlement pour la fin 1975. C’était notre délai pour que les élections communales d’octobre 1976 des premières communes fusionnées se dérou­ lent sur un territoire restruc­ turé », commente Joseph Mi­ chel. Le délai a été tenu. Des mani­ festations d’opposition aux fu­ sions ont été organisées un peu partout. Elles émanaient surtout de bourgmestres et échevins de petites entités qui ne voulaient pas perdre leurs privilèges. Mais Joseph Michel parvint à tenir son cap jus­ qu’au bout. Son secret pour convain­ cre ? L’Orval ! Il le dit dans ses Mémoires : « J’avais approvi­ sionné les caves du ministère de l’Intérieur avec des caisses d’Or­ val et lors des réunions les plus délicates, les négociateurs se sen­ taient emportés par un esprit de conciliation. » ■


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Vander Cruysen : « Au départ, les gens ont eu peur de la fusion » Le 1er janvier 1977. Révolution dans le paysage belge. De 2 359 communes dans le pays, on passe à 596. En Brabant wallon, on passe de 108 communes à 27. ●

Inter view : Nicolas MAMDY

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chevin à Waterloo, Yves Vander Cruysen est aussi et surtout passionné d’his­ toire(s), de sa commune et du Brabant wallon. Il a raconté la fusion des communes dans Un siècle d’histoires en Brabant wal­ lon. Yves, la fusion a réduit le nombre des communes de 108 à 27 en Brabant wallon. On peut supposer que tout n’est pas passé comme une lettre à la poste ?

Qu’est-ce qui n’a pas été retenu par rapport à cette première version ?

Yves Vander Cruysen ne croit pas en une nouvelle fusion de grande ampleur.

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Comme partout, il y a eu des débats, des consultations popu­ laires, des contestations, des pétitions, des grèves adminis­ tratives… mais en général, cela s’est bien passé. Il faut dire qu’on a commencé à parler de la fusion des communes au dé­ but des années septante et que le ministre de l’Intérieur, Jo­ seph Michel, qui a porté le pro­ jet, n’a jamais hésité à venir sur le terrain. Ce qui ne l’a pas em­ pêché d’imposer « sa » fusion malgré de nombreuses pres­ sions même si au départ, un premier plan Michel proposait de passer à 24 communes.

est finalement resté en Bra­ D’anciennes communes ont bant. mis du temps à l’accepter comme Lillois, Baulers, Dans bien des cas, le ministre est Ophain ou Maransart qui resté inflexible ? avaient d’autres projets de fu­ Oui, comme au hameau du sion mais aujourd’hui, le choc Chenois où une consultation est passé. Au départ, les gens populaire a été organisée, et sur ont eu peur que ce soit le cœur les 1 038 électeurs appelés, 771 de la commune fusionnée qui auraient préféré rester brainois soit privilégié par rapport aux et 197 voulaient être rattachés villages de la périphérie mais je à Waterloo. Peu importe, le mi­ pense qu’au niveau des inves­ nistre de l’Intérieur a imposé tissements, il y a un équilibre. son plan et le Chenois est passé D’ailleurs, je ne suis pas sûr à Waterloo. Si on refait un son­ que les gens se plaindraient de dage aujourd’hui, les chiffres la fusion si on faisait une con­ seraient inversés. sultation aujourd’hui.

Court­Saint­Étienne devait être absorbé par Ottignies­Louvain­ la­Neuve, projet auquel s’est fortement opposé le comte Go­ blet d’Alviella, le père de Mi­ chaël l’actuel bourgmestre de Court. La Hulpe était englobé Quarante ans après, la fusion Et de nouvelles fusions, vous y dans Rixensart mais le député­ est-elle enfin digérée ? croyez ? bourgmestre de La Hulpe, Pierre Rouelle, a donné la voix qu’il manquait au gouverne­ ment dans le cadre de l’achat des F­16 et, en échange, La Hulpe est resté une com­ ertaines communes du pelle aussi qu’en 1972, un cer­ mune à part entière. Brabant wallon n’ont pas tain Costard, haut fonction­ Tubize et Rebecq auraient aussi attendu 1977 pour se rap­ naire du ministère de pu se retrouver dans la même procher. En 1970, le Brabant l’Intérieur, est chargé par le commune tout comme Ittre et wallon perd ainsi six com­ ministre Van Elslande de ré­ Braine­le­Château et à l’est, Jo­ munes : Dion­le­Val et Dion­ duire le nombre de commu­ doigne et Perwez devaient se le­Mont fusionnent pour nes. Dans son plan, les 108 partager le territoire de Ramil­ créer Dion­Valmont. Jauche communes du Brabant wal­ lies. absorbe Énines et Folx­les­Ca­ lon sont réduites à 20 et Wa­ ves, Tubize fait de même avec terloo devient l’épicentre et L’une des 108 communes de Oisquercq. L’entité Geest­Gé­ le nom d’une agglomération l’époque a quitté le Brabant. rompont­Petit­Rosières fu­ de 45 000 habitants cou­ Noville­sur­Mehaigne a rejoint sionne, elle, avec Bomal et vrants les communes de Wa­ la province de Namur. Orp­le­ Mont­Saint­André. terloo, Braine­l’Alleud, Lasne, Grand avait l’autorisation de Yves Vander Cruysen rap­ Ophain, Ohain et Plancenoit. rejoindre celle de Liège mais

On en parle du côté d’Hélécine notamment (NDLR : Voici peu, Rudi Cloots nous a déclaré : « Si j’avais une baguette magique, je ferais fusionner Lincent et Hélé­ cine. »), mais une nouvelle fu­ sion de grande ampleur, je n’y crois pas. On va davantage al­ ler vers de l’intercommunalité, comme on l’a fait dans le cadre de la réforme des polices. Intercommunalité et supracommunalité, cela revient régulièrement dans les débats au niveau de la Province notamment.

Je pense que l’intercommuna­ lité renforce en effet le rôle de la Province, qui, pour moi, est plus utile que jamais. 60 % de

ce que la Province dépense compense ce qui aurait dû être financé par la Fédération Wal­ lonie­Bruxelles. Et puis, si on n’avait pas la Province, le Bra­ bant wallon serait assurément le parent pauvre de la Région wallonne en matière de sou­ tien. Le paysage politique a été modifié après la fusion en Brabant wallon, en est-elle la principale responsable ?

Pour moi, le paysage du Bra­ bant wallon a été modifié par la « bruxellisation » d’un côté, et la « désindustrialisation » d’un autre côté. Le Brabant wallon était socialiste, il est devenu li­ béral.

Le plan Costard au placard

Au travers de la fusion, certains disent que le fossé s’est creusé entre le pouvoir et les citoyens ?

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C’est sûr qu’avant, le bourg­ mestre était le notable du vil­ lage et l’instituteur était le se­ crétaire communal. C’est caricatural mais c’était souvent comme ça. Aujourd’hui, les gens connaissent moins leurs élus mais le mandat politique s’est professionnalisé et si on y regarde de plus près, les bourg­ mestres sont restés des enfants du pays. Ça a aussi son impor­ tance. ■

Alors que ce plan est élaboré dans le plus grand des se­ crets, une indiscrétion lève le voile sur le projet et provo­ que un « scandale » du côté de Braine­l’Alleud. On soup­ çonne le bourgmestre le bourgmestre de Waterloo, André Caussin, lui aussi fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, d’être à la base du projet. Ce qu’il niera. Le plan Costard sera finalement mis au placard. ■ N . My.

> « Un siècle d’histoires en Brabant wallon », Yves Vander Cruysen, aux éditions Racine.


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Fusion des communes en BW : de la révolte à la soumission Du 31 janvierau 14 juillet 1975, les 108 communes du Brabant wallonont débattu de leurs fusions. Chronique d’un séisme politique. Article publié en 2002.

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NTRE l’envoi du Plan Michel aux 108 commu­ nes de l’arrondissement de Nivelles, le 31 janvier 1975, et la réunion du Co­ mité ministériel wallon du 14 juillet 1975, qui a fixé dé­ finitivement le sort des 27 communes, il s’est passé en tout 165 jours. À la suite des élections du 10 mars 1974, une coalition libérale­chrétienne emme­ née par Léo Tindemans se met en place. Lors d’un remaniement, le 12 juin de la même année (entrée du Rassemblement wallon pour faire voter la ré­ gionalisation), Charles­Fer­ dinand Nothomb, président du PSC, en profite pour rem­ placer le ministre de l’Inté­ rieur Charles Hanin... par le maire de Virton, Joseph Mi­ chel. Nouvelle déclaration gou­ vernementale : « (Nous avons) la ferme intention de procéder au maximum de fusions de communes avant

les élections communales de 1976 : ces fusions se fe­ ront suivant des plans d’en­ semble ». Joseph Michel sera l’homme des fusions. Des « plans d’ensemble », cela veut dire « par province ». En évitant au maximum les modifications de frontiè­ res provinciales et en s’in­ terdisant la moindre entorse aux frontières linguistiques héritées de 1962. Le but du jeu était d’arriver à des communes de 10 000 habitants et des surfaces d’au moins 5 000 hectares. La fusion va s’opérer en 4 phases... et, signe de la per­ plexité du ministre de l’Inté­ rieur, le Brabant wallon sera dans la dernière charrette, celle du 31 janvier 1975, date d’envoi du Plan Michel au gouverneur du Brabant, le chevalier de Neeff. Le Plan Michel prévoyait 24 communes Le Plan Michel soumis a donc été soumis aux 108 communes dès le 31 janvier 1975. Délai de réponse : 90 jours. Le ministre de l’Intérieur proposait un Brabant wal­ lon de 24 communes. À peu de choses près la province que nous connaissons aujourd’hui. Joseph Michel englobait Court­Saint­Étienne dans Ottignies­Louvain­la­Neuve, La Hulpe dans Rixensart.

Les onze villages de Ramil­ lies auraient été répartis en­ tre Jodoigne, Orp­Jauche et Perwez. Des transferts vers Liège ou Namur ? Le Plan Michel laissait éga­ lement une porte ouverte vers d’autres grandes fu­ sions : Braine ­le­Château et Ittre, Tubize et Rebecq, Otti­ gnies/Court­Saint­Étienne/ Mont­Saint­Guibert, Jodoi­ gne et Incourt. Toutes ces options, qui auraient ramené le Brabant wallon à vingt communes, ont finalement été refusées par les communes concer­ nées. Le Plan Michel s’avançait aussi sur le nom des futures entités : Lasne­Chapelle­ Saint­Lambert, Rebecq­Ro­ gnon, Louvain ­la­Neuve, Walhain­Saint­Paul, Gis­ toux et Marbais. Enfin, il s’autorisait deux entorses à la sacro­sainte in­ tégrité territoriale : Orp­le­ Grand pouvait opter pour la province de Liège et Noville­ sur­Mehaigne pour celle de Namur. C’est finalement le 5 fé­ vrier que les collèges du Bra­ bant wallon reçurent la mis­ sive ministérielle (1). Depuis ce jour jusqu’au 14 juillet 1975, il régna une agi­ tation extraordinaire en Bra­ bant wallon. Au sein des collèges et des

conseils communaux, bien sûr. Mais il y eut également des référendum (près d’une vingtaine), des pétitions, des manifestations, des grèves administratives, de l’affi­ chage sauvage, des invecti­ ves et des coups bas. C’était encore l’époque des meetings orageux Joseph Michel « descendra », du moins officiellement, qua­ tre fois en Brabant wallon et des télégrammes pathéti­ ques. Cela dit, dans un bon nom­ bre de communes, les fu­ sions se passèrent sans aucune anicroche. Au point que certains conseils com­ munaux ne se réuniront même pas pour en débattre. Combats désespérés Le 14 juillet 1975 (2) sonna le glas de bien des espéran­ ces. À côté des plans minis­ tériels, il y avait aussi des projets fous. Menés avec té­ nacité et imagination mais qui heurtèrent de plein fouet la dure réalité des am­ bitions politiques. Ainsi, le combat du baron Snoy et d’Oppuers pour une fusion des trois communes rurales de Baulers, Lillois Witterzée et Ophain­Bois Seigneur­Isaac, sous le nom de Baulois­sur­Hain. Bous­ val et Baisy­Thy télescopés en « Baival ». Aywiers ­l’Ab­ baye qui aurait regroupé Glabais, Maransart et Plan­

cenoit. D’un Michel l’autre ? Vingt­cinq ans plus tard, que reste­t­il de tout cela ? Pour certains, de la nostalgie pour les anciens villages. Pour d’autres, un premier acte dont on écrit aujourd’hui la suite : la fu­ sion des polices et des socié­ tés de logement social. Pro­ chain rendez­vous : la fusion des intercommunales... ■

S t é p h a n e VA N D E N E E D E

(1) Selon Joseph Michel, le gouverneur était hostile à l’idée des fusions et a traîné la patte. Le commissaire d’arrondissement Robert Cluyse, s’est à plusieurs re­ prises retranché derrière le manque de temps et de per­ sonnel pour ne pas mener à bien les concertations inter­ communales. Il a quand même trouvé le temps de rencontrer personnelle­ ment Léopold III pour lui demander son avis sur le passage du domaine d’Ar­ genteuil d’Ohain à Water­ loo. (2) Date du comité ministé­ riel wallon qui était habilité à trancher sur les fusions. Le passage au gouvernement était alors une formalité. Le projet de loi portant sur les fusions, entérinant l’Arrêté royal du 17 septembre 1975, fut débattu à la Chambre et au Sénat du 8 octobre au 23 décembre 1975.

« La fusion a permis de mettre les socialistes de côté » La fusion des communes, Stéphane Vanden Eede l’expliquait dans nos colonnes voici 15 ans. Il nous rappelle en quoi elle a modifié le paysage politique du BW. N i co l a s M A M DY

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n 2002, à l’occasion du 25e anniversaire de la fu­ sion des communes, Sté­ phane Vanden Eede, journa­ liste indépendant, se penchait sur le Plan Michel, du nom de Joseph Michel, le ministre de l’Intérieur, qui a piloté cet énorme projet inédit qui a

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phane va raconter cette fusion au fil des 27 communes du Brabant wallon dans nos co­ lonnes. Nous avons retrouvé Sté­ phane, aujourd’hui établi à Li­ melette après avoir vécu aux quatre coins d’un Brabant wallon qu’il dit « connaître par cœur ». « Pour cette série, j’étais allé à la rencontre de Joseph Mi­ chel dans son fief à Virton et il m’avait ouvert ses archives con­ servées aux Archives générales du Royaume à Arlon », se rap­ pelle Stéphane qui va alors Stéphane Vanden Eede a conservé le fruit du travail qu’il a réalisé éplucher les documents soi­ dans nos colonnes en 2002 et quand il évoque la fusion, sa gneusement classés. Un tra­ mémoire est quasi infaillible. vail hyperprécieux qui nous aide d’ailleurs aujourd’hui permis de ramener le nombre pour le Brabant wallon. Du­ pour réaliser nos fiches par de communes de 2 359 à 589 rant six mois, à raison d’un commune (voir page ci­con­ en Belgique et de 108 à 27 épisode par semaine, Sté­ tre). Un travail passionnant

aussi selon Stéphane car « tout était consigné dans les archives jusqu’aux coups de téléphone et réunions informelles. Il n’y avait plus qu’à lire et à confronter les archives avec la réalité du ter­ rain vu qu’en 2002, bien des pro­ tagonistes étaient encore en vie. » Déjà à l’époque, pour Sté­ phane, le doute n’est pas per­ mis : « La fusion a redessiné le paysage politique du Brabant wallon. Elle a clairement permis de mettre les socialistes de côté au détriment de son objectif puis­ qu’au départ, le Plan Michel pré­ voyait de passer à 24 communes avec des options qui auraient pu ramener le Brabant wallon à 20 communes. » Ce sera finalement 27 com­ munes. ■


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Une ambition militaire et agricole Le soir du 10 octobre 1976, les jeux sont faits : les cinq maïeurs, réunis sous la liste Union communale, raflent 11 sièges. Huit conseillers sur quinze sont de Beauvechain.

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Toute la base ! Le 12 mars, Beauvechain est la pre­ mière à réunir son conseil commu­ nal. Présidé par Cyrille Frix – le père du secrétaire communal ac­ tuel – le conseil accepte le plan Mi­ chel mais refuse l’adjonction de Né­ then, l’ensemble présentant « une configuration géographique très mal définie. » Dans la foulée, le conseil réclame quatre maisons de Sclimpré situées sur le territoire de Mélin – à cause de cela, elles reçoivent leur courrier un jour plus tard ­, le hameau de Sart­Mélin, ainsi que toute la com­ mune de Piétrebais ! Ainsi, toute la base aérienne (600 ha) serait ins­ crite sur une seule commune À cet avis, le collège joint au dos­ sier du ministère de l’Intérieur trois superbes photos grand format de la maison communale. Élo­ quent… et sans commentaires !

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NTRE ceux qui rêvaient, autour de Hamme­Mille, d’une grande vallée de la Néthen réconciliée, et ceux qui étaient prêts, comme Pierre Stroobants, à pousser jusqu’à Piétrebais pour profiter de sa noto­ riété sénatoriale lors des futures joutes électorales, le réalisme poli­ tique a bien vite tranché… et sur le plus petit commun dénominateur. Le plan Michel, proposant la fu­ sion entre Beauvechain, Hamme­ Mille, L’Écluse, Nodebais et Tourin­ nes­la­Grosse, a été soumis à l’avis des communes début février 1975. Par ailleurs, Néthen pouvait choisir entre ce regroupement et celui de Grez­Doiceau.

La base aérienne de Beauvechain est indissociable de la commune.

ce au nom de nombreuses affinités existantes telles que le foyer cultu­ rel, le club philatélique, les fanfa­ res etc. Hamme­Mille, carrefour routier, en serait le centre. Nodebais ferme la marche, le 24 avril. Brève décision, sans consi­ dérants. La majorité d’André Collin s’accorde sur Néthen et sur les noms de Val­Néthen ou de Franche­ Comté.

Néthen vote, Chabut arrive On a pu lire, dans l’édition du 28 février consacrée à Grez­Doi­ ceau, ce qu’il en est advenu de la Vallée de la Néthen. Soumis à référendum, le choix en­

tre Grez et Beauvechain tourne au plébiscite pour les voisins de l’Ouest. Ce sont 450 voix contre 103. Le hameau de Chabut, situé en grande partie sur le territoire de Hamme­Mille, reprend une dou­ zaine de maisons sur Bossut­Got­ techain. Le combat avait été mené par Hu­ bert Snickers, auteur d’une péti­ tion et d’une interpellation au con­ seil communal de Bossut et qui ira négocier la sécession au cabinet Michel. Il n’en sera pas récom­ pensé. Candidat au CPAS à la suite des élections communales de 1976,

Plus de gestion paternaliste À L’Écluse, petit bout de 391 ha ar­ raché à la Flandre en 1962, le débat ne traîne pas. Oui au plan Michel et oui à la maison communale de Beauvechain. Les trois dernières communes pa­ tienteront jusqu’à la fin avril pour débattre de leur avenir. Le 21, Tou­ rinnes­la­Grosse dit oui aux cinq communes mais souhaite plus grand encore. Tout en regrettant que la fusion proposée ne permette plus « la gestion paternaliste que nous effectuons actuellement » (sic), Pierre Stroobants souhaite que Néthen se joigne au groupe. Dans ces conditions, Tourinnes où se trouve la plus grande partie de la base militaire y compris l’état­ma­ jor se porte candidate à la fonction de commune­pilote, sous l’appella­ tion de Franche­Comté ou de Val­ Néthen.

Avec Néthen Hamme­Mille se réunit le lende­ main et monte à neuf communes. Au plan Michel, Armand Snappe aux commandes depuis 18 ans pro­ pose d’ajouter Néthen, Archennes, Piétrebais et Bossut­Gottechain. Et

Brèves de fusion Fusion-défusion Beauvechain et Tourinnes­la­ Grosse, enclave liégeoise sous l’Ancien Régime, ont fusionné en 1810… et défusionné en 1841. Hamme et Mille ont fusionné en 1811. De Louvain à Nivelles En 1962, lors de la fixation de la frontière linguistique, la com­ mune de L’Écluse (290 habi­ tants) quitte l’arrondissement de Louvain pour celui de Nivel­ les. Une maison fait encore l’ob­ jet de revendications par les na­ tionalistes flamands – le TAK fera quelques descentes à « Be­ vekom » – et il est bien malaisé de distinguer ce qui est du côté wallon et du côté flamand. Au point que le très wallingant Claude Snaps fera l’esclandre au conseil communal quand il

s’agira de renouveler les châssis de l’église Saint­Roch, dont l’ar­ rière serait de l’autre côté de la frontière ! En 1975, le bourgmestre était Maurice Tits. Décédé juste avant la fusion, il sera remplacé par son premier échevin, Hector Li­ bert. De l’avis de beaucoup, L’Écluse ne se serait pas encore intégrée dans Beauvechain, voire en Wallonie. Ses habitants font leurs courses à Hoegaerde et, en quinze ans de présidence de CPAS, André Gyre n’a jamais eu de demande d’aide sociale de gens de L’Écluse. Deuils L’année 1975, c’est aussi le deuil de deux personnalités tou­ rinnoises. Louise­Hélène France, la femme de Julos Beaucarne, est assassinée à la Chandeleur.

il ne sera pas retenu.

Vers les élections

les cinq bourgmestres (Hector Li­ bert remplaçant Maurice Tits, ré­ cemment décédé) vont se présenter sur une seule liste, en ordre crois­ sant d’habitants. Cela va se jouer à onze voix près entre Pierre Stroo­ bants et Armand Snappe… mais c’est le rusé percepteur des postes qui empoche la mise. Lors du conseil communal d’ins­ tallation, le 3 janvier 1977, la mai­ son communale de Beauvechain est choisie à l’unanimité moins une voix (René Vergez) comme centre administratif. Le 24 janvier, les plans et les budgets de rénovation sont adoptés.

En définitive, par chute successive de dominos, toutes les versions maximalistes de Beauvechain vont avorter. Bloquée à l’Ouest, sur la Néthen, par Grez­Doiceau, Beauve­ chain va se heurter également au refus d’Incourt de fusionner avec Jodoigne, entraînant avec elle la commune de Piétrebais. Les prétentions sur le bout de Sclimpré et sur Sart­Mélin restent lettre morte. Restent cinq commu­ nes, toutes libérales, qui vont pré­ parer leur destin commun. En vue des élections communales, André Frix, facteur Trois législatures vont s’écouler, toujours sous la férule d’Armand Snappe (jusqu’en 1993), avant d’en arriver au Beauvechain d’aujourd’hui. Dans la même semaine, c’est la Si le personnel politique s’est disparition d’Oscar Van Meer­ quelque peu renouvelé – Marc De­ beek, bourgmestre (PS) de 1946 coninck, natif de Tourinnes­la­ à 1968. Grosse, était en Afrique au moment Va et vient de la fusion et Brigitte Wiaux est ar­ rivée en cadeau Bonux avec le ha­ Personnalité de poids dans la meau de Chabut – Beauvechain région, le sénateur­bourgmestre reste pour beaucoup d’observa­ teurs une commune étrange. de Tourinnes­la­Grosse Pierre Peuplée d’André. Et de Frix aux in­ Stroobants est passé avec Jean nombrables et insondables ramifi­ Gol et François Perin du Rassem­ cations (Cyrille, José, Paul, Claude, blement wallon au PRL. Il ratera Guy, Roger, Gérard, tous ont été de 11 voix le maïorat de Beauve­ conseiller, échevin, bourgmestre chain. Devenu premier échevin, ou secrétaire communal au cours il décède en 1978. Son remplace­ de ces vingt­cinq dernières années). ment par Georges Snaps fera Et n’oublions pas l’inexpugnable caste des facteurs. En 1976, René monter André Gyre à la prési­ Vergez (Tourinnes­la­Grosse), Ar­ dence du CPAS… et démission­ mand Snappe (Hamme­Mille) et ner Stéphane Rouget, candidat René Morsaint (Beauvechain) se malheureux à l’échevinat. À la sont présentés avec succès. En l’an suite des élections communales 2000, il en est resté quelque chose… de 2000, André Gyre deviendra Demandez à José Degrève, Gérard échevin… et Stéphane Rouget, Frix et Freddy Gilson, sans conteste président du CPAS ! de fins lettrés ! ■

Stéphane VANDEN EEDE


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H IS TO I RES DE F U S I ON Braine-l’Alleud

Le dernier combat du baron Snoy Entre un Waterloo quelque peu envahissant et deux petites communes rurales en rébellion, les édiles brainois ont connu une fusion très chahutée...

d’un cran.

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RAINE­L’ALLEUD était, en 1975, la commune la plus peuplée de l’arrondisse­ ment de Nivelles et entendait bien le rester ! Évocation, avec les témoignages de Charles Van Gucht, Émile Désirant, Richard Boulengier, Francis Goor, Willy Dutry, André Dufrasne et Jean­ Marie Laus ainsi que les archi­ ves inédites de Charles Van Gucht, de la commune de Brai­ ne­l’Alleud et du ministre Jo­ seph Michel. À la suite d’indiscrétions, Le Soir publie le 10 août 1972 les extraits du Plan Costard, du nom du haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. En Brabant wallon, peut­on y lire, les 108 communes sont ra­ menées à 20 et la proposition re­ lative à Braine­l’Alleud est litté­ ralement stupéfiante : une agglomération de 45 000 habi­ tants couvrant plus de 10 000 hectares, fusionnant Waterloo, Braine­l’Alleud, Lasne*, Ophain*, Ohain et Plancenoit. Le tout sous le nom de Water­ loo. Autant dire la guerre ! Tout le personnel politique brainois entre en ébullition. Le conseil communal est réuni d’urgence le samedi 12 août et s’insurge « avec une énergie to­ tale » contre les intentions du ministre de l’Intérieur, le CVP Renaat Van Elslande. On soupçonne alors le bourg­ mestre de Waterloo, le socia­ liste André Caussin, haut fonc­ tionnaire du ministère de l’Intérieur et adjoint de Ray­ mond Costard, d’être à la base d’une proposition dont le seul élément réaliste est de mettre sous une tutelle unique l’en­ semble du champ de bataille « dit » de Waterloo.

Contre-feu Dans la foulée, le conseil con­ fie à une commission le soin de déterminer « entre Brainois » la meilleure formule possible. Pré­ sidée par l’échevin Richard Bou­ lengier (RW), elle rend ses con­ clusions en décembre 1973. « Ce n’est pas compliqué, raconte Charles Van Gucht. Nous avons proposé une fusion qui garan­ tisse au mieux les intérêts de la coalition de l’époque (PSC­PLP). » Revue de détail : Braine l’Al­ leud (PSC­PLP), Lillois* (PLP),

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Un vent favorable

Braine-l’Alleud a failli fusionner avec Waterloo. Ça ne se fera pas et le Lion restera... à Braine-l’Alleud.

Ophain* (PSC), Plancenoit (PLP). Petite cerise sur le gâteau : la commune de Wauthier ­Braine. Avec une majorité so­ cialiste, certes, mais surtout avec un parc Industriel le long de la chaussée de Tubize. Pendant quelques mois, l’An­ nonce Brabançonne (le gratuit

de la localité) fait ses choux gras de ces histoires de fusion. Ses pages sont pleines de considéra­ tions, de plans alternatifs et de longs développements écono­ mico sociologiques. Finale­ ment, les gouvernements tom­ bent, les ministres de l’Intérieur passent et la passion retombe

Brèves de fusion Pré-fusions ­ En 1797, sous la Révolution française, le hameau de Water­ loo est détaché de Braine l’Al­ leud. En 1810, à la suite d’un mariage, les Snoy et d’Oppuers s’installent au château de Bois­ Seigneur­Isaac. Le 19 avril 1811, sous l’Empire, cette commune fusionne avec Ophain. Le 7 no­ vembre 1823, sous le régime hollandais, Lillois est uni à Wit­ terzée. En 1962, lors de la fixation de la frontière linguistique, le mi­ nistre de l’Intérieur Arthur Gil­ son propose de céder le quartier des Sept Fontaines à Rhode­ Saint­Genèse. La majorité socia­ liste de Georges Rousseau, s’y oppose et obtient gain de cause. Les élections de 1970 * Braine­l’Alleud. En 1964, après 43 ans de majorité socia­ liste (de Jules Hans à Georges Rousseau), chrétiens et libé­ raux l’emportent. Le maïeur

Raymond Brassine (PLP) dé­ cède en 1968 et est remplacé par Louis Paesmans (PSC). Ce dernier remporte les élections de 1970, élargit l’alliance au Rassemblement wallon mais décède quelques semaines après son installation. Le no­ taire André Glibert (PSC) lui succède. Au collège : Émile Dé­ sirant et Charles Van Gucht (PSC), Jean Leroy (PLP) et Ri­ chard Boulengier (RW). * Lillois­Witterzée. Willy De­ nuit (PLP), à la fin de la législa­ ture 59­64, démissionne de son mandat d’échevin et entre en résistance contre le bourgmes­ tre Eugène Balland (47­64). Il remporte les élections en 64 et en 70 mais décède le 4 novem­ bre 1974. Georges Claes monte du conseil pour le remplacer. Au collège, les deux échevinats sont répartis (4 ans chacun), en­ tre Willy Dutry, Hector Saint Jean et Roland Mayné. * Ophain­BSI. Après 38 ans

de Lillois* et les résultats extrê­ mement favorables à la « petite Le Plan Michel fusion » (97 %) sont affichés de­ En février 1975, un nouveau vant les bureaux de vote. plan surgit. Officiel cette fois. La Vox populi commission des fusions est res­ suscitée et approuve le projet de Le 6 mai 1975, Paul Vanden regroupement avec Ophain* et Boeynants, alors ministre de la Lillois* mais refuse catégori­ Défense nationale, écrit à Jo­ quement la cession du petit ha­ seph Michel. Il commente ainsi meau du Chenois, à cheval sur les résultats de la consultation Braine et Waterloo. populaire : « D’après les résul­ Pour en finir une fois pour tou­ tats qui en découlent, mon sen­ tes avec la gestion du Champ de timent est qu’il ne faut plus hé­ Bataille, cette même commis­ siter. Vox populi, vox dei ! » sion propose la création d’une Des lettres pareilles, il y en intercommunale de gestion. aura plein, venant de toutes Dans notre édition du 14 août, parts. Mais Joseph Michel, nous reviendrons plus longue­ même s’il fera part dans ses mé­ ment sur les points d’accroche moires de ses doutes, voire de avec Waterloo, nous concen­ ses remords, ne cédera pas. Le trant davantage aujourd’hui sur pouvait­il ? Entre des majorités le projet alternatif de Baulois­ communales à Braine l’Alleud sur­Hain. et à Nivelles et la reconnais­ sance d’un (déjà) ancien minis­ Contestations tre... Dans les petites communes ru­ Vers les élections rales, loin du fracas de cette deuxième bataille de Waterloo, En juillet 1975, le gouverne­ la résistance s’organise. Dès ment arrête sa décision. Adieu qu’ils prennent connaissance Chenois. Si le Lion est sain et du Plan Michel, les conseils sauf sur le territoire brainois, le communaux de Baulers, Lil­ bourgmestre de Waterloo lois* et Ophain* organisent un pourra désormais y accéder référendum. avec son écharpe. À l’ouest, le Il aura lieu les 22 et 23 mars baron ne désarme pas. Deux 1975 mais il est entaché de con­ manifestations seront organi­ testations, tant à Baulers (lire sées en octobre et novembre à notre édition du 1er août) qu’à Ophain* et à Lillois* et on y Ophain*. La majorité du baron inaugurera des plaques routiè­ Snoy y est étroite et l’opposition res du nom de Baulois­sur­Hain. militait ardemment pour un Les parlementaires André rapprochement avec les com­ Sweert et Pierre Falize, socialis­ munes socialistes de Braine­le­ tes, déposeront des amende­ Château et de Wauthier­Braine. ments au Sénat, en pure perte. Principal reproche : la consulta­ Les échéances d’octobre 1976 tion est organisée le lendemain se préparent. Jean­Charles Snoy et André Glibert souhaitent en rester là avec la politique locale. Socialistes et chrétiens se pré­ sentent divisés. À la suite de de majorité socialiste, le baron l’appel de Léo Collard (1er mai Jean­Charles Snoy et d’Oppuers 1969), l’ancien bourgmestre peut enfin succéder à son père brainois Georges Rousseau se Thierry, bourgmestre de 1908 à porte à la tête d’un cartel « pro­ 1930. Il défait le maïeur socia­ gressiste », associant des socia­ liste François Cuvelier (47­70) listes, des démocrates chrétiens d’un peu moins d’une ving­ et des communistes. Les socia­ taine de voix. Roger Laus est dé­ listes d’Ophain* préfèrent pré­ signé premier échevin mais dé­ senter leur propre liste et sous cède dix mois plus tard. Au le sigle officiel. Du côté chré­ collège : André Dufrasne et tien, l’aile gauche et l’aile droite Edouard Strojwas. sont brouillées depuis les lende­ mains des élections communa­ Consultations populaires les de 1964. Les 1 038 électeurs du Chenois La première coalition du nou­ sont appelés à se prononcer veau Braine­l’Alleud associe dès pour le maintien à Braine ou le lors et très logiquement les rattachement à Waterloo. 79,28 chrétiens d’Emile Désirant à la % votent pour Braine et 20,72 liste libérale emmenée par % pour Waterloo. Georges Claes. On y trouve À Lillois (22 mars) et à Ophain aussi un jeune avocat brainois, (23 mars), le projet de Baulois­ bientôt échevin : Emmanuel sur­Hain recueille 98 % et 87 %. Hendrickx, dit Manu. En cumulant avec les résultats ■ Stéphane VANDEN EEDE de Baulers (67 %) et avec une * Pour faciliter la lecture, nous participation globale de 84 %, avons raccourci les noms de Baulois­sur­Hain est plébiscité Lasne­Chapelle­Saint Lambert, par 84,4 %. Ophain­Bois Seigneur­Isaac et Lillois Witterzée.


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BR AI N E -L E - CH ÂT E AU

Il donnait des soirées comme à Versailles Tout le monde attendait la création d’un grand Brainele-Château, associé à Virginal et Ittre. L’irruption d’un météore socialiste en décida autrement.

position exige le débat. Elle l’obtient finalement le 5 oc­ tobre 1972. Falize prône une solution qui associerait Braine au devenir des Forges de Clabecq, tout en abandon­ nant la partie est de Wau­ thier­Braine (au­delà de la E 19) à la future commune de Braine­l’Alleud. L’opposition, quant à elle, soupçonnant le maïeur de vouloir in fine re­ joindre Tubize, soutient le plan Costard. À l’issue de dé­ bats houleux, une motion est adoptée à l’unanimité deman­ dant la fusion des deux Braine et de Clabecq et l’ouverture de négociations avec Ittre.

C

OMMENT LES carrières politiques les plus pro­ metteuses finissent par­ fois sur une chanson. Plein feu sur la grand­place de Brai­ ne­le­Château, avec les témoi­ gnages de René Denys, Fer­ nand Lepoivre, Michel Vanhouche, Gérard Lemaire et Arthur Jacqmin. Les jour­ naux, les tracts électoraux et les archives de Joseph Michel et de Fernand Lepoivre.

Le plan Michel En février 1975, le plan Mi­ chel arrive sur la table du con­ seil et aucun contact officiel n’a encore été pris avec Ittre depuis la motion de 1972. Réuni le 22 avril, il adopte à l’unanimité le plan Michel et accepte l’option de fusion avec les trois communes d’It­ tre. Une semaine plus tôt, le conseil de Wauthier­Braine avait adopté la même résolu­ tion tout en ouvrant égale­ ment la porte à Clabecq et à Ophain­Bois­Seigneur­Isaac… dont le maïeur Willy Del­ pierre était originaire. Une fois de plus, le syndrome du saumon (remonter à tout prix vers ses sources) avait frappé !

En cette fin d’année 1968, après seize années de maïorat, le docteur Paul Taminiau réu­ nit ses amis. Il a refait sa vie, comme on dit, et annonce son déménagement. Originaire d’Ittre, son irrup­ tion dans la vie politique brai­ noise avait mis fin, d’Auguste Latour à Georges Baligant, à près de quarante ans de majo­ rité socialiste. Louis Devreux et Paulin Brancart, non sans rivalité, assument les fonc­ tions scabinales mais Tami­ niau ne veut pas partir sans assurer la relève : elle a pour noms Fernand Lepoivre et un jeune médecin originaire de Tubize, Gérard Lemaire. Dans l’héritage également, les nom­ breux liens qu’il avait tissé avec le bourgmestre d’Ittre, Marcel Fortemps, en vue d’une fusion volontaire entre les deux villages

Champagne ! Aux élections de 1970, les so­ cialistes, avec à leur tête un nouvel arrivant, Pierre Falize, remportent la majorité. Com­ mence alors une époque tota­ lement fabuleuse pour Brai­ ne­le­Château. Une population à moitié ru­ rale, à moitié ouvrière voit soudainement débouler tou­ tes les « hautes relations » de leur bourgmestre. À la moin­ dre occasion, André Cools, Guy Mathot et bien d’autres excellences socialistes sont de la partie. En 1973, quand le sénateur­ bourgmestre devient minis­ tre dans les gouvernements Leburton, on atteint même des sommets. Du ridicule aussi, quand la gazette locale narre avec force détails et photos, la venue du bureau permanent du PSB dans le ca­ dre de la préparation d’un

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Le bourgmestre s’en va

« Et surtout n’oubliez pas de voter pour monsieur le maire ». Gérard Lemaire peut remercier Nicole Croisille.

Le non de Carlier

congrès. Des fautes de goût parfois, qui ne pardonneront pas, quand on servira du champagne à la Maison du Peuple ou à l’occasion d’une fête d’école.

plan de fusion dressé par le ministère de l’Intérieur (le plan Costard), on ne parle plus que de fusion. On y an­ nonce, notamment, une pro­ position de regroupement des deux Braine et des deux Ittre. Vers Tubize ? Virginal est envoyée dans le Dès 1972, à la suite de la di­ grand Tubize. vulgation par la presse du Au conseil communal, l’op­

De son côté, Ittre dit non à la fusion avec ses voisines du nord, privilégiant la fusion avec Virginal, Haut­Ittre et Hennuyères. Craignant avant tout la mainmise de Falize sur leurs petites communes. Jo­ seph Michel tente une der­ nière fois d’infléchir le bourg­ mestre PSC, Louis Carlier, en

Brèves de fusion Les élections de 1970 ­ Braine­le­Château Les socialistes, emmenés par Pierre Falize, remportent 1405 voix et 7 sièges contre la liste d’Union et Progrès, emmenée par le dissident socialiste et ra­ diologue Jacques Beghin, 1. 246 voix et six sièges. Une liste de Rassemblement wallon, avec notamment Georges Jauniaux (ancien communiste et com­ battant des Brigades interna­ tionales en Espagne) ne décro­ che aucun siège. Au collège : Albin Van Dam et Léon Par­ vais. ­ Wauthier­Braine Tout en étant minoritaire en voix (600), la liste socialiste de Désiré Demelin remporte cinq sièges sur neuf, au détriment

de la liste Renouveau Commu­ nal (339) et du PSC (293). Dé­ siré Demelin, bourgmestre de­ puis 1957, démissionne pour raisons de santé après quelques mois et est remplacé par Willy Delpierre. Au collège : Arthur Jacqmin et Georges Overputte. Arthur Gilson Autre grande figure des deux Braine, l’avocat et ministre d’État Arthur Gilson. né en 1915, interférera au moins à trois reprises dans la vie locale. En 1962, ministre de l’Inté­ rieur (PSC), il propose lors de la fixation de la frontière linguis­ tique de transformer Braine­le­ Château en commune à facili­ tés. Le bourgmestre Tamigniau s’y opposera, suivi en cela par

l’invitant à son cabinet avec Fernand Lepoivre, chef de file social­chrétien de Braine­le­ Château et René De Smedt, président du PSC de l’arron­ dissement de Nivelles. Il reste inflexible et Joseph Michel doit se résoudre aux solutions minimalistes.

Vers les élections En juillet 1975, le plan Mi­ chel est adopté et les négocia­ tions commencent en vue des élections communales d’octo­ bre 1976. Union et Progrès, si forte depuis bientôt 24 ans, éclate, minée par des rivalités et des dissensions insurmon­ tables. Gérard Lemaire, fort du meilleur score en voix de préférence obtenues en 1970, prend la tête du Rassemble­ ment Brainois. Fernand Le­ poivre, quant à lui, mène une liste d’Intérêts communaux. Falize, fidèle à lui­même, laisse à André Cools, prési­ dent du PSB, le soin d’annon­ cer dans la gazette locale la liste des candidats socialistes. Avec Nicole Croisille Il manquait une dimension dramatique dans le destin mé­ téorique de Pierre Falize. Elle surviendra le dimanche 26 septembre 1976, à quinze jours du scrutin. Ce soir­là, plein feu sur la grand­place pour en fêter l’inauguration. Elle a un goût amer pour les opposants du bourgmestre, dans la mesure où de vieilles bâtisses historiques ont fait les frais de ce rêve de gran­ deur. En apothéose des festivités, Nicole Croisille chante. Elle est alors au faîte de sa gloire. Au moment de quitter la scène, elle lance au chapiteau, noir de monde : « Et surtout, n’oubliez pas de voter pour monsieur le Maire ! » La salle est pliée, Falize s’effondre.

Fin de partie sa population qui n’hésitera pas à mettre son effigie au pi­ lori... Quelques années plus tard, il serait intervenu auprès du mi­ nistre des Travaux publics, Jos De Saeger (CVP) pour repous­ ser le tracé de la future auto­ route E19 un peu plus vers l’est. Pour l’éloigner de sa pro­ priété, certes, mais sans le sa­ voir, il évitera ainsi à Wau­ thier­Braine de tomber dans la fusion de Braine­l’Alleud. Dernier fait d’arme, en 1977 : il débloque, grâce à ses rela­ tions au sein du ministère de l’Intérieur, le premier budget de la nouvelle majorité quand, animé par la revanche, Pierre Falize essayait de paralyser les travaux du conseil.

Et « Monsieur Lemaire », Gé­ rard de son prénom, fait un ta­ bac. Plus de 1 400 voix à lui seul. Falize perd sa majorité absolue. Le soir des élections, les caméras de la RTB sont là. Les petits fours sont déjà prêts à la Maison du Peuple et la surprise est totale. On ramène d’urgence Fernand Lepoivre et Gérard Lemaire à la maison communale. Et Lepoivre de conclure : « Deux minutes plus tard, nous nous tapions dans les mains comme des marchands de vaches. » ■

S t é p h a n e VA N D E N E E D E

NB : notre titre est inspiré d’une chanson de Nicole Croi­ sille, « une femme avec toi » (1975), venue chanter à Brai­ ne­le­Château en septembre 1976.


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CHAS TR E

Cortil et Noirmont se divisent sur le rattachement à Gembloux En 1975, entre Orne et Orneau, quatre petites localités du Sud du Brabant wallon préparent dans la fièvre et les déchirements une destinée commune.

C

HRONIQUE politique d’une année bousculée en compagnie des héri­ tiers : Bernard Marchand, Christian Basecq et Vincent Demanet… mais aussi avec les témoignages de Valère Mottard, André Wyseur, Jo­ seph Sclipteux, Marc De Ten­ der, les tracts et journaux de l’époque et les archives iné­ dites de Joseph Michel.

L’ancienne maison communale de CortilNoirmont. Les deux villages se sont déchirés à propos d’un rattachement à Gembloux.

rice Decelle est résolue, quasi rabique. Entre les chré­ tiens de Cortil et les libé­ raux­socialistes de Noir­ mont, le courant ne passe plus. Les résultats du réfé­ rendum, loin de conforter le combat de Pol Demanet, con­ sacrent avant tout la rupture entre les 2 villages (cf. « Brè­ ves de fusion »).

Un député en jeu À Bruxelles, ce n’est guère mieux. Libéraux, socialistes et même le PSC sont opposés au départ de Cortil­Noir­ mont vers la province de Na­ mur. Venu à l’assemblée canto­ nale du PSC de Gembloux, le 25 septembre 1974, Joseph Michel avait promis de don­ ner le feu vert si les deux conseils communaux étaient d’accord. Une posi­ tion rappelée par Jules Bas­ tin, en mars 1975, dans une lettre à Charles­Ferdinand Nothomb (président du PSC), tout en précisant qu’il faut une décision unanime du conseil. Ce même Bastin écrira à Paul Demanet une lettre personnelle et confi­ dentielle où il explique très clairement pourquoi l’entre­ prise risque d’échouer : le dé­ part d’un millier d’habitants de la province de Brabant ris­ que de faire perdre un dé­ puté à l’arrondissement de Nivelles. Chastre sur Orne Pendant ce temps­là, à

C h a s t r e ­ Vi l l e r o u x ­ B l a n ­ mont, le conseil communal est nettement moins torturé. Assis sur une confortable majorité de huit élus sur neuf, le libéral Werner Mar­ chand réunit son conseil le 22 avril 1975 et fait approu­ ver à l’unanimité les propo­ sitions du Plan Michel à trois conditions : – maintien de Cortil Noir­ mont dans l’entité ; – harmonisation des fron­ tières avec Mont­Saint­Gui­ bert et Walhain­Saint­Paul. Ainsi, Chastre était prêt à cé­ der deux maisons de Blan­ mont à Mont­Saint­Guibert pour régler une bonne fois pour toute la situation inex­ tricable du quartier d’Al’Vau ; – rattachement du hameau de Perbais, faisant géogra­ phiquement, économique­ ment et humainement par­ tie intégrante de la section de Chastre. Signe de bonne volonté de la part du conseil, il propose pour l’entité le nom de Chas­ tre­sur­Orne. Ainsi serait gardé le nom de Chastre et les communes fusionnées se sentiraient non pas englo­ bées, mais appelées à former une nouvelle entité.

À Saint-Géry et Gentinnes À Saint­Géry, le bourgmes­ tre Jules Minique vient de décéder et, en ce début de mois de mars 1975, Maurice Durdu assume encore l’inté­

rim pour quelques jours, avant de céder le maïorat à Jacques Paquet. Le conseil approuve le Plan Michel à l’unanimité, tout en souhaitant l’annexion de Perbais et de Nil­Pierreux (toute la partie de Walhain située à l’Ouest de la N4). Enfin, le conseil de Gentin­ nes, sous la présidence de Sylva Rebts, s’était réuni le 18 février. Les conseillers prennent connaissance de la pétition adressée par les ha­ bitants du hameau de Haute Heuval au collège de Mellery pour exiger leur rattache­ ment à la future entité de Villers­la­Ville. Le conseil re­ grette que cette pétition ait été faite « à l’initiative d’élé­ ments étrangers à notre commune »… visant sans doute le conseiller commu­ nal de la majorité André Wy­ seur, originaire de Courtrai et signataire de la pétition !

Vers les élections À la mi­juillet 1975, le gou­ vernement tranche. Cortil­ Noirmont reste en Brabant et Perbais est maintenu dans Walhain. Pour Pol Demanet, qui se sera battu jusqu’au bout, mais sans obtenir l’unanimité au sein de sa propre commune, la décep­ tion est énorme. Avec la fu­ sion, la politique locale prend une autre dimension et après 18 années de maïo­ rat, il décide d’en rester là. ■

S t é p h a n e VA N D E N E E D E

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 Brabant wallon  Autre édition: .................................

Les élections du 11 octobre 1970 sont très chaudes à Cor­ til­Noirmont. Une liste so­ cialiste et libérale intitulée Défense et promotion de Cortil­Noirmont fait campa­ gne sur un seul slogan : « Non à Gembloux ! » Pol Demanet, dont le beau­ frère, Charles Jandrain, est échevin à Gembloux, con­ serve sa majorité et son poste de bourgmestre, mais de justesse, à 19 voix près. Depuis 1967, des contacts sont pris avec la ville voi­ sine. Cette dernière vient même d’émettre un avis fa­ vorable à l’étude de la ques­ tion. En février 1975, quand le Plan Michel est soumis à l’avis des 108 communes de l’arrondissement de Nivel­ les, le bourgmestre manque s’étrangler. Alors que No­ ville­sur Mehaigne et Orp­le­ Grand peuvent changer de province, rien n’est prévu pour sa commune. La riposte est quasi immé­ diate. Sur le plan intérieur, il organise un référendum sur l’adhésion de sa commune à la ville de Gembloux. Sur le front extérieur, il écrit, ren­ contre, fait intervenir no­ tamment Paul Vanden Boey­ nants, alors ministre de la Défense (ce dernier écrira à trois reprises au ministre Michel). Une opposition résolue De toutes parts, c’est l’échec. Cortil et Noirmont sont en réalité divisés sur la question. Noirmont est pro­ che de Chastre géographi­ quement. Certaines rues sont même entremêlées. De plus, l’opposition de Mau­

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Non à Gembloux !

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CHAUM ON T- G I STO UX

Et Corroy-le-Grand perdit la guerre de la Baraque Entre les appétits aiguisés et déguisés de Wavre et Ottignies, Chaumont-Gistoux a assis sa réputation de commune résidentielle et décroché Longueville au passage…

mestre de Chaumont­Gistoux en y arrimant la commune rurale de Maurice Dallemagne… tout en laissant aux libéraux de Limal et de Bierges le soin de déboulon­ ner Peeters (lire notre édition du 2 mai).

Non à la déportation politique !

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« Nous ne sommes pas des Sudètes ! » En 1968, à la suite du « Walen buiten » de sinistre mémoire, les francophones de Louvain s’ins­ tallent en Brabant wallon. Une loi d’expropriation crée un do­ maine universitaire de plus de mille hectares, à cheval sur les communes de Wavre, Limal, Ot­ tignies, Corbais et Corroy­le­ Grand. Dès 1970, Corroy­le­ Grand, qui possède près de 190 hectares au­delà de l’autoroute de Namur, débordant sur le pla­ teau de Lauzelle et le hameau de la Baraque (une quarantaine de maisons à l’époque), se rendit bien compte que sa situation de­ venait intenable. Son conseil communal vote une première motion interdisant tout déman­ tèlement de son territoire. En avril 1974, deuxième coup de semonce. Le collège de Corroy, présidé par Michel Vandens­ chrick, vient d’apprendre que la commune d’Ottignies a, en juin 1973, fait voter une motion « qu’elle aurait voulu garder se­ crète » revendiquant Lauzelle et la Baraque. L’âme de la révolte, c’est l’éche­ vin René Bourgaux, attaché au Parlement pour le rapport analy­ tique. Il rédige une motion ven­ geresse, distribuée en toutes boî­ tes et dont il n’a pas peur de répéter les termes les plus rudes au journaliste du Soir Jean Van­ dendries : « Je réprouve ce pro­ cédé qui n’est pas loin de rappe­ ler certaines revendications territoriales qui firent les épo­ ques troublées de l’entre­deux­ guerres et permirent le dévelop­ pement de certaines théories totalitaires anti­démocratiques. Les habitants de la Baraque ne sont pas des Sudètes ! »

ÉdA – 203242702577

ES IDÉES de regroupement ne manquaient pas dans les Ardennes brabançonnes et les empoignades y étaient par­ fois bien rudes. Avec les témoi­ gnages d’Henri Jacques, Lucien Colon, André Demoulin, Omer Bidoul, André Clusman, Luc Del­ lisse, Albert Collette, Michel Vandenschrick, les journaux d’époque ainsi que les archives d’Omer Bidoul et de Joseph Mi­ chel.

Le quartier de la Baraque est néolouvaniste.

Omer a bonne presse Dion­le­Val et Dion­le­Mont viennent à peine de digérer leur fusion que les voilà relancés dans une plus grande opération. Omer Bidoul travaille aux cycles Peugeot, la seule industrie de sa petite commune, aux portes de Wavre, et dont il est bourgmes­ tre depuis 1953. Il a quasi hérité de Dion­le­Val et d’une veuve, Mme de Valkeneer, extrême­ ment entreprenante. À la tête des établissements Bonte, spécialisés en matériel d’imprimerie, elle compte bien réaliser de nom­ breux lotissements sur ses terres et de faire réaliser les travaux de voirie aux frais de la commune.

Omer résiste, tant et plus, tout en concrétisant de son côté, avec les Habitations Modernes, un lotis­ sement social de 132 maisons du côté de Bonly. Pour ce qui est des fusions, il en­ visage positivement le regroupe­ ment avec Bonlez, Corroy et Chaumont mais rejette Longue­ ville avec énergie. À tout pren­ dre, il préfère encore rejoindre le grand Wavre avec le bourgmes­ tre Justin Peeters (PSB) à sa tête. Mais c’était trop demander aux stratèges libéraux et chrétiens, maîtres de la coalition sous le gouvernement Tindemans I, qui préféreront assurer la mainmise du PSC André Docquier, bourg­

À Bonlez, c’est le vaudeville quasi permanent. En 1970, Al­ bert Collette croyait s’offrir des élections sans lutte, en propo­ sant à l’opposition de former une seule équipe. À son retour de va­ cances, il constate que Constan­ tin Thyrion a également déposé sa liste. En moins d’un an, Albert Collette et Constant Marchal, un dernier fidèle, deviennent ultra minoritaires au conseil. L’atmos­ phère est orageuse. Constantin en vient régulièrement aux mains et les procédures judiciai­ res entre lui et le bourgmestre s’éterniseront bien après les fu­ sions. À la suite de contacts avec Mar­ cel Hannon, bourgmestre de Biez, un premier projet de fusion s’ébauche avec Longueville, ima­ ginant également faire main basse sur le hameau de Hèze (Grez­Doiceau). Collette prend contact avec Fernand Vanbéver et se rend bien compte que c’est cause perdue. Dès lors, à l’arrivée du plan Mi­ chel, en février 1975, Collette dé­ fend un autre projet avec Grez­ Doiceau, Archennes et Biez mais avec de telles modifications de territoire que son opposant, Constantin Thyrion, se retrouve­ rait « exilé « à Chaumont­Gis­ toux ! L’opposition impose donc la fusion proposée par Michel, exclut Longueville… tout en exi­ geant, en pure perte, de récupé­

rer sur Grez­Doiceau le hameau de Fontenelle.

Tourisme et villégiature À Chaumont­Gistoux, après des élections extrêmement dispu­ tées, l’unanimité est retrouvée autour du Plan Michel. Des qua­ tre communes concernées, c’est la seule qui défend la candida­ ture de Longueville. Toutes les autres (Corroy, Dion et Bonlez) se méfiaient de cette petite com­ mune rurale, sans aucune voie carrossable vers l’ouest et dirigée par un bourgmestre catholique dont les pratiques professionnel­ les lui avaient valu la déchéance de son étude de notaire. Le conseil fait également bloc autour de l’appellation de Chau­ mont­Gistoux, regrettant que l’on veuille abandonner le vil­ lage le plus ancien de la future entité et connu dans toute la Bel­ gique comme synonyme de « tourisme et de villégiature. »

Grève à Dion La décision gouvernementale tombe en juillet et tous se rési­ gnent. Tous ? Non ! Omer Bidoul re­ trouve le chemin de la résistance et entame une « grève adminis­ trative » contre la décision d’ad­ joindre Longueville à la nouvelle entité. Convoqué chez le gouver­ neur, le chevalier de Neef, il se fait longuement sermonner… « Alors, conclut le gouverneur, quelle peine faudra­t­il vous ap­ pliquer ? » Omer réfléchit : « Je souhaite la même peine que celle encourue par les bourgmestres flamands qui avaient refusé, en 1962, d’exé­ cuter le volet linguistique du re­ censement. » C’est­à­dire rien ! ■

Stéphane VANDEN EEDE

Brèves de fusion Les préfusions ­ Chaumont, noyau historique de la commune, était une terre franche appartenant, jusqu’à la Révolution française, à la princi­ pauté de Liège et Gistoux, sur la chaussée, n’en est que l’exten­ sion. ­ En revanche, Dion­Valmont est le résultat d’une fusion entre Dion­le­Val et Dion­le­Mont, in­ tervenue en 1970. Ces deux vil­ lages auraient dû être regroupés dès 1810 mais les habitants refu­ sèrent le décret impérial avec énergie. Le dernier bourgmestre de Dion­le­Val était Max Denis, ré­ gisseur du château de Valke­ neer. Devant l’afflux de nou­ veaux habitants, il proposa à

Omer Bidoul d’unir leurs forces sionne. André Docquier (PSC), pour créer de nouveaux lotisse­ alors clerc de notaire chez Ja­ ments. mar, prend le maïorat. Au col­ lège, René Renier et Alfred Til­ Les élections de 1970 man. ­ Bonlez. Le bourgmestre Al­ ­ Corroy­le­Grand. Avec quatre bert Collette (PSC), en place de­ sièges sur sept, l’agriculteur Mi­ puis 1959, remporte cinq sièges chel Vandenschrick (IC) prend sur sept. Il constitue son collège la succession de René Salmon. avec Joseph Gaspar et Luc De­ Au collège : René Bourgaux et lisse mais ce dernier démis­ André Flemal. sionne après six mois et est rem­ ­ Dion­Valmont. La toute nou­ placé par Constantin Thyrion, velle commune de Dion­Val­ issu de l’opposition. mont réussit bien à Omer Bi­ ­ Chaumont­Gistoux. Cette an­ doul (PSB), bourgmestre de née­là, trois listes se présentent Dion­le­Mont depuis 1953, qui aux suffrages, obtenant cha­ réussit presque un grand che­ cune un peu plus de 300 voix et lem avec huit sièges sur neuf. Au 3 sièges au conseil. Déçu de son collège : Clément Jacob, Albert résultat, Alphonse Donvil, le Namurois et Fernand Bidoul. bourgmestre sortant démis­ ­ Longueville. Dans cette petite

localité sans histoire, on n’a plus voté aux communales depuis... 1947 ! Maurice Dallemagne (PSC) est depuis lors maïeur « sans lutte ». Au collège : Nestor Colon et Augustin Houbart. En 1976 Le 10 octobre 1976, quatre lis­ tes se présentent aux électeurs de Chaumont­Gistoux et seules deux obtiennent des élus. André Docquier rassemble les maïeurs de Bonlez et de Corroy contre la liste des deux Bidoul (Omer et Fernand). Il récolte 10 con­ seillers sur 15 et constitue son premier collège avec Albert Col­ lette, Michel Vandenschrick et Fernand Gilson. Maurice Dalle­ magne ne s’était pas présenté.


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CO URT- SA IN T- ÉT IE N NE

Le « Plan Marchal » à l’assaut des citadelles socialistes La non-fusion de CourtSaint-Étienne est un des hauts faits politiques du Brabant wallon. Les socialistes, grands perdants, n’ont pas compris que le ciel leur tombait sur la tête.

de communes et un pôle régio­ nal et central autour d’Otti­ gnies­Louvain­la­Neuve.

Sur le plan intérieur

24 ans au pouvoir À l’époque, les usines Henri­ cot employaient près de trois mille personnes dans la région, ce qui assurait à la majorité so­ cialiste en place depuis 1953 une confortable rente de situa­ tion. Paul Dupuis (1905­1978) avait succédé à Charles Bette (1899­ 1965) et ce dernier à Victor Cocq (1884­1960). Au collège se trouvaient éga­ lement Paul Lefèvre il assurera quelquefois l’intérim pendant les maladies du bourgmestre et Jacques Cosse. Ce dernier, qui jouera un rôle important dans la vie politique locale et ce jusqu’à son efface­ ment en 2001, s’était alors très fortement investi dans le débat sur la fusion des communes.

Avec Céroux-Mousty Le collège voulait une fusion avec Céroux­Mousty. Au point d’organiser un référendum, d’inonder les boîtes aux lettres de leurs concitoyens de plai­ doyers dithyrambiques sur la « petite fusion » avec la voi­ sine du nord et de placarder des affiches en ville. À Céroux, le collège est socia­ liste également, emmené par Maurice Delens. Mais les oppo­ sitions libérales et sociales ­chrétiennes, bien relayées aux niveaux provincial et national, vont avoir raison des socialis­

© Le Patrimoine Stéphanois ASBL

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ES NOUVEAUX habitants de la cité de la Dyle n’en croient pas leurs oreilles. Faux, Limauges, Sart­Messire­ Guillaume… mais aussi Beau­ rieux, Le Ruchaux et Tangis­ sart ont toujours appartenu à Court­Saint­Étienne. Pas de fusion, donc ? C’est à peu près cela. À la nuance près que les hameaux de Tangissart et de Limauges furent « dis­ traits » de Baisy­Thy et de Cé­ roux­Mousty, et que cet afflux de 800 personnes allait provo­ quer, dès les élections d’octo­ bre 1976, un petit séisme dont les socialistes stéphanois, vingt­cinq ans plus tard, ne se sont toujours pas remis.

Avec l’usine Henricot, Court-Saint-Étienne était un bastion socialiste. La fusion des communes a changé la donne.

Restait à régler le sort des so­ cialistes stéphanois eux mê­ mes. Il fallait adjoindre de nou­ veaux hameaux à Court­Saint­ Étienne, tout en faisant croire aux populations concernées que les socialistes étaient les seuls responsables de ces an­ nexions. Jacques Cosse le raconte en­ core aujourd’hui : « Nous nous sommes fait avoir et nous n’avions rien remarqué ! » Et pourtant, Max Somville, notaire et mandataire de Court depuis 1953, habitait juste à la limite de La Roche et de Tangis­ sart et avait donc un intérêt ob­ jectif à ce regroupement. La duplicité a été telle que le principal meneur de la fronde anti­stéphanoise, assurée de­ puis Tangissart par Gustave Colin, s’est retrouvé sur les lis­ tes chrétiennes en 1976 et, avec ses 400 voix de préférence, a probablement fait basculer à lui tout seul la majorité socia­ liste.

On veut la télédis !

tes. Voici comment…

Sur le front externe Premier obstacle : le Plan Mi­ chel lui­même. Largement ins­ piré par le Plan Costard, du nom de ce fonctionnaire d’ori­ gine ottintoise et d’obédience socialiste, qui rêvait d’une grande commune rouge s’éten­ dant de Court­Saint­Étienne à Hévillers, en passant par Otti­ gnies et Limelette.

Du Monceau (Ottignies) et Max Somville (Court) expli­ queront au ministre de l’Inté­ rieur que ce serait une erreur magistrale. Les chrétiens et les libéraux s’entendent bien et ils se par­ lent régulièrement. Ils vont vite comprendre l’intérêt de minimiser les fusions de façon à éviter le regroupement, en une seule entité, de toutes les forces ouvrières, présentes sur

Mont­Saint­Guibert et sur le site Henricot. Cela se traduira par une es­ pèce de « Plan Marchal », du nom du propriétaire du restau­ rant Le Provençal, sur la N 4, où se réunissaient libéraux et chrétiens. Une petite commune de Mont­Saint­Guibert, un petit Court­Saint­Étienne… Tous deux bien en deçà des 10 000 habitants exigés pour la fusion

Brèves de fusion – Avant la fusion obliga­ toire diligentée par Joseph Michel, les communes avaient la possibilité de de­ mander une fusion « volon­ taire ». Ainsi, en 1973, le conseil communal stéphanois avait proposé la petite fusion avec Céroux­Mousty, sou­ haitant voir s’y ajouter les hameaux de la Motte et de Tangissart. Il a invité en outre Mont­Saint Guibert, Hévillers et Bousval à les re­ joindre. – Pour soutenir le projet so­ cialiste de « petite fusion », les communes de Céroux­ Mousty et de Court­Saint­ Étienne vont organiser un référendum.

Le 16 mars 1975, Court­ Saint­Étienne vote : 68,2 % de participation. 92,23 % pour la « petite fusion » et 7,65 % en faveur de la grande fusion. Le 22 mars 1975, c’est au tour de Céroux­Mousty : 62 % de participation. 78,68 % pour la « petite fu­ sion » et 19,84 % en faveur de la grande fusion (avec Ot­ tignies et Limelette). – Fin juin 1975, le sénateur Sondag (Céroux­Mousty) soutient mordicus et contre l’avis de ses collègues chré­ tiens la fusion d’Ottignies et de Court­Saint­Étienne. Connaissant ses liens d’amitiés avec Joseph Mi­ chel, René Desmedt, prési­

dent du PSC pour le Brabant wallon, s’empresse d’écrire au ministre : « Je regrette de devoir ajouter que le regrou­ pement de ces deux entités en une seule, réclamée par M. Sondag, est une vue toute personnelle de ce pro­ blème et ne rencontre l’ac­ cord de personne. » – Les rivalités entre les ha­ meaux et le centre de Court­ Saint­Étienne sont immé­ moriales et la fusion­ annexion ne fit rien à l’affaire. Lors des élections communales de 1994, il y eut même une liste « Tan­ gis », regroupant des mé­ contents du hameau : 1,1 %… Pas de quoi fouetter un chat !

Le « Domaine de La Motte » est un quartier résidentiel et plutôt cossu situé à l’extrême limite nord­est de la commune de Bousval. Dès 1974, une pétition a ras­ semblé la quasi­totalité des ha­ bitants (34 familles sur 35) pour demander l’annexion par Court­Saint­Étienne plutôt que la fusion avec Genappe. « Ils voulaient la télédistribu­ tion, ils l’auraient eue chez nous et nous étions prêts à les soutenir », raconte Jacques Cosse. Pas de chance pour eux : le PLP avait besoin de leurs voix pour aider Roger Pilloy (Baisy­ Thy) à décrocher le maïorat de Genappe. Dix années de turbulences La suite est connue. Après avoir remporté les élections de 1976, libéraux et chrétiens, re­ groupés un temps autour de Jean Goblet d’Alviella, vont connaître, à la mort de ce der­ nier, de multiples implosions au sein de leurs groupes res­ pectifs. Après un intermède tumul­ tueux de dix années, signé Jac­ ques Cosse, le « vaudeville sté­ phanois » va connaître ses heures de gloire avec la majo­ rité PS­PSC­Écolo de 2001. Un nouveau Goblet est désormais monté en ligne… apaisement ? ■

Sté p ha n e VA N D E N E E D E


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GEN APP E

Et le Petit Poucet devint un géant Dans la nuit du 1er janvier 1977, une petite ville de 59 hectares devint, par la grâce des fusions, la plus grande commune du Brabant wallon.

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Baisy-Thy n’était pas ravi de rejoindre Genappe. Et l’a fait savoir au ministre. -

EPT, voire huit communes étaient promises à la petite ville de Genappe. Chroni­ que politique d’une période bousculée, en compagnie de Georges Gossiaux, René Corbi­ sier, Gérard Couronné, Georges Roisin et les archives inédites de Marcel Bourlard et de Joseph Michel. Foire d’empoigne à Glabais Depuis la mort de l’échevin Ferdinand Martin, en juin 1974, le collège des bourgmestre et échevins de Glabais est sous tension. Finalement, l’étroite majorité de Jean Vleugels ex­ plose. L’échevin Jean Philippe et le conseiller Jean Raskin s’al­ lient avec la minorité et permet­ tent l’élection d’un conseiller de la liste concurrente, Joseph Si­ mon. Début 1975, au moment où le conseil communal doit se posi­ tionner sur le Plan Michel, la crise est à son apogée. Réunie une première fois le 10 mars, la nouvelle majorité y fait adopter, par cinq voix contre deux, une contre­proposition de fusion, associant Glabais à trois petites localités du côté de Lasne et ce, sous le vocable ressuscité d’Aywières­L’Abbaye. Un réfé­ rendum est décidé pour le 26 mars.

Contrainte et forcée Dans cinq des huit communes concernées par le projet minis­ tériel, les débats se déroulent sans encombre. Ainsi, Vieux­ Genappe se permet de ne ren­ dre aucun avis, Houtain­le­Val renouvelle sa demande du 14 décembre 1973 d’être fusion­ née avec Genappe plutôt qu’avec Nivelles, alors que Ge­ nappe, comme Ways, « sou­ cieuses du sort de leurs fidèles serviteurs » assortissent leur approbation aux limites territo­ riales proposées à des garanties relatives au sort futur du per­ sonnel communal. Quant à Loupoigne, elle se voit « con­ trainte et forcée » de marquer son accord sur le principe des fusions.

Une entité sans âme

toutes­boîtes adressé à l’ensem­ ble de la population : « Une fu­ sion de huit communes englo­ bant des populations qui n’ont jamais eu de relations entre el­ les […], une entité sans âme… »

La Motte et Tangissart D’autres aspects l’inquiètent également : le hameau de La Motte, un riche lotissement au Nord de la commune souhaite être annexée par Court­Saint­ Étienne. Une pétition circule, si­ gnée par quasi tous les habi­ tants (à l’exception de l’échevin André Verdonck). Ils souhai­ taient la télédistribution… mais elle n’était pas encore disponi­ ble partout à Bousval ! Autre point de conflit : il sem­ blerait que le hameau de Tan­ gissart, à la demande des catho­ liques et des libéraux stéphanois, soit rattaché à Court­Saint­Étienne. Au motif que l’école et la paroisse sont communes avec La Roche. Là aussi, le coup serait rude pour

À Baisy­Thy, la charge du bourgmestre Roger Pilloy, à Le bourgmestre riposte en l’encontre du projet Michel est adressant une lettre ouverte sévère. Il en fera part au conseil aux Glabaisiens, contresignée le 27 avril, mais aussi dans un par une quinzaine d’habitants (dont notamment Gérard Cou­ ronné). Il invite la population à répondre « Non » au projet al­ ternatif. Au motif qu’il ne serait Les pré-fusions profitable qu’à un certain mem­ ­ Houtain­le­Val a absorbé Houtain­le­ bre du personnel communal et Mont le 20 juillet 1811. Toujours sous l’em­ aux élus de l’actuelle majorité. pire français, Baisy et Thy fusionnent le 3 Traduction : le secrétaire com­ septembre 1811. Le regroupement de Ge­ munal, Henri Martin, (ancien nappe et Vieux­Genappe, tenté la même échevin de Glabais, il était éga­ année, est un échec. lement secrétaire communal de Les élections de 1970 Couture­Saint­Germain) pous­ sait le projet des deux côtés ­ Genappe. Le notaire Jean Pinchart (PLP) pour être à coup sûr le secré­ est nommé bourgmestre quelques jours taire de la nouvelle entité. avant les élections, en remplacement de Le conflit montera d’un cran, Gabriel Decelle, démissionnaire. Decelle se fin avril quand, à la suite d’une présente désormais sur une liste différente motion de soutien au secrétaire mais Jean Pinchart l’emporte facilement. communal, Jean Vleugels refu­ Au collège : Simon Carmine et Jean Gro­ sera de signer le procès­verbal tard. de la réunion du conseil présen­ ­ Baisy­Thy. Roger Pilloy (PLP) règne sans tant le projet d’Aywières au mi­ partage depuis 1947. Avec neuf sièges sur nistre de l’Intérieur. Finale­ onze, il s’entoure des échevins Joseph Her­ ment, les cinq conseillers de la mans et Albert Bosch. nouvelle majorité le signeront à ­ Bousval. Succédant aux époux Franz et sa place !

Lettre ouverte

les finances communales. Une constituer les listes pour élec­ pétition rassemblant plus de tions de l’après­fusion. Tous les 90 % des habitants s’y oppose. dimanches matin, Roger Pilloy réunit d’éminents représen­ De Baival… tants des huit communes. Gos­ Finalement, les deux bourg­ siaux, Roisin et Marcq sont de la mestres de Baisy­Thy et Bousval partie. Jean Vleugels et Jean Pin­ s’entendent pour rentrer un chart ont décidé d’arrêter la po­ projet commun, articulant litique. Albert Guyette et Joseph leurs deux communes dans Mambourg rejoignent une liste l’entité future de Baival. Force étiquetée sociale­chrétienne. est de constater, à la lecture des Un accord intervient dans la archives, que Roger Pilloy dé­ liste libérale : Pilloy premier, ploiera une intense campagne suivi de Georges Gossiaux. Une de lobbying pour ce projet, et embrouille survient au mo­ que Georges Gossiaux restera ment de la signature du contrat. discret en la matière. Gossiaux se rend compte qu’il a Quand le conseil des ministres approuvé (sur son lit d’hôpi­ du 18 juillet 1975 décidera de la tal !) une autre présentation, se création du grand Genappe et faisant doubler par Gabriel De­ du départ de Tangissart, Pilloy celle, un ancien bourgmestre de réunira d’urgence son conseil et Genappe. La rupture est con­ enverra des télégrammes de sommée entre l’aigle de Baisy­ tous les côtés. Bousval écrasera. Thy et le lion de Baival. Pilloy devient bourgmestre, mais les … aux élections de 1976 six premières années du Une différence de comporte­ « Grand Genappe » seront ment qui laissera des traces, un chaotiques. an plus tard, quand il s’agira de ■ Stéphane VANDEN EEDE

Brèves de fusion Simone Breuer­Schepens (maïeurs de 1926 à 1958), Georges Gossiaux (PLP) décroche, en 1970, six sièges sur dix et forme son col­ lège avec Marcel Borremans et André Ver­ donck. ­ Glabais. Également en place depuis 1959, Jean Vleugels (PSC) maintient une majo­ rité étroite (4­3). Au collège : Jean Philippe et Ferdinand Martin. En cours de mandat, F. Martin décède et est remplacé par Joseph Simon conseiller de l’opposition. ­ Houtain­le­Val. Cinq formations se pré­ sentent au scrutin. Malgré une liste incom­ plète, l’entente communale de Georges Roisin (PLP) renverse Félix Crousse, en place depuis 1959. Au collège : Christian de la Croix d’Ogimont et Jean Hennau. ­ Loupoigne. Albert Guyette (PSC) rem­ pile, sans difficulté aucune, pour un se­ cond mandat. Au collège : Camille Tabu­ riaux et Émile Jossart. ­ Vieux­Genappe. Le socialiste Marcel

Marcq, en place depuis 1965, est réélu. Au collège : Georges Bodart et Michel Vanders­ teenen. ­ Ways. Joseph Mambour, maïeur depuis 1959, bat d’une quinzaine de voix la liste du Renouveau Waysien. Au collège : Émile Steens et Jean Couronné (remplaçant Gas­ ton Molinet en cours de mandat). Référendums Pour appuyer leur contre­projet de Aywiè­ res­L’Abbaye, les quatre communes rebelles avaient chacune organisé un référendum par voie postale. Si plus de 80 % des partici­ pants approuvèrent l’idée, c’est à Glabais que le soutien fut le plus faible : 65 %. De son côté, Bousval a consulté sa population en lui soumettant trois propositions. Avec une participation inférieure à 50 %, 70 % ont voté pour la fusion avec la seule Baisy­ Thy, 20 % pour le grand Genappe et 8 % pour une fusion avec Court­Saint­Étienne.


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GREZ - DO ICE AU

Les Rouges et les châteaux ont choisi Grez-Doiceau Néthen sera le seulet unique référendum dont le résultat sera respecté. Le score final fut net et sans appel, mais certains regrettent encore d’avoir « quitté la vallée. »

bre 1976, les listes de Raymond Nevers (PLP) et de Paul Roberti de Winghe devaient s’allier pour former la majorité. Deuxième sur la liste libérale, M. Braun de ter Meeren était promis à un échevinat. Le soir même du scrutin, il est effon­ dré. L’écharpe tant promise lui est finalement refusée. Des amis lui proposent alors d’être transfuge vers la liste em­ menée par Fernand Vanbéver. Il accepte, fait basculer la majo­ rité et obtient le poste de pre­ mier échevin. La majorité s’ouvre encore à Raoul Minten, seul élu du R.A.C. Paul Roberti est fou de rage et dépose un recours au Conseil d’Etat qui retardera l’installa­ tion du collège jusqu’à la mi­fé­ vrier 1977.

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Sagement mais non sans chaleur. Dès 18 ans, et les étrangers aussi Dimanche, on vote à Néthen. Un référendum organisé par le collège. Fait exceptionnel, tout le monde pourra s’exprimer. À partir de 18 ans la majorité est encore à 21ans et même les étrangers résidant dans la com­ mune. La consigne, c’est de ne pas faire campagne. Laissons aux habitants le soin de choisir. Malgré cela, quand Jean Pensis prend la parole pour soutenir Beauvechain, il se fait quelque peu rabrouer. En fait, même si certains sont convaincus que la vallée de la Néthen l’emportera sur la Dyle, les jeux sont faits. Le bourgmestre socialiste, Emile Vanbéver, est contremaî­ tre à la Ville de Wavre, et Justin Peeters, socialiste comme lui, l’a convaincu de « pousser » Grez­ Doiceau. Néthen, à l’époque, c’était 800 hectares. Dont 600 aux seules mains des familles van Over­ beke et van Zeebroeck (les châ­ telains). Eux aussi veulent de Grez. Le comité de parents sem­ ble du même bord. Même si Néthen est entrée, dès 1973, dans le Foyer culturel de la Néthen, aux côtés de Ham­ me­Mille, Tourinnes­la­Grosse

La maison du garde

EdA - 301690747198

A SALLE est comble ce ven­ dredi 11 avril 1975, en soirée, à l’école de Néthen. À l’invi­ tation du comité de l’Associa­ tion des parents des écoles, on débat, sagement et doctement, de la fusion des communes. L’organisateur est John van Overbeke. Son épouse est la pré­ sidente du comité, mais c’est en sa qualité de collaborateur aux services d’études et de coordina­ tion économique du Premier ministre Tindemans qu’il s’est débrouillé, en une semaine, pour décrocher un membre du cabinet Michel pour « alimen­ ter » la soirée. Mme Dispaux, par ailleurs échevin à Sombreffe viendra exposer le Plan Michel. Soit avec Grez­Doiceau, soit avec Beauvechain.

Fernand Vanbéver, à droite aux côtés d’André Flahaut, profite de la déception de M . Braun de ter Meeren pour devenir le premier bourgmestre de Grez-Doiceau

et de Beauvechain, le combat est inégal. Pendant plus de 20 ans, aucune voirie n’a été construite, aucune infrastructure ne s’est mise en place. Grez­Doiceau, avec les usines Tudor, le Thermogène et les pa­ peteries de Gastuche, c’est la promesse de rentrées fiscales importantes et un développe­ ment possible de la région. Le dimanche, la messe est dite. Dans les urnes aussi. 555 élec­ teurs seulement se déplacent (47,55 % de participation). 450 pour Grez­Doiceau et 103 pour Beauvechain. Emile Vanbéver ne verra ja­ mais sa nouvelle commune. Dé­

cédé en juin 1976, il laissera le port à la commune provoquait. soin à son premier échevin, M. On le verra par ailleurs, c’est Lefèvre, d’attendre la relève. l’opiniâtreté d’un de ses habi­ tants, Hubert Snickers Chabut s’en va (aujourd’hui décédé) qui fera Le Chabut, à l’époque, ce sont pencher la balance. 38 maisons et 113 âmes. Sur cet Ce que l’on sait moins, c’est ensemble, 13 maisons et 40 ha­ qu’une des maisons transférées bitants sont sur Bossut­Got­ abritait, depuis 1966, Brigitte techain. Wiaux et sa famille. Le reste sur Hamme­Mille. Pas Aujourd’hui premier échevin de route carrossable vers Grez­ de Beauvechain, quel destin po­ Doiceau. Pour les 13 maisons en litique aurait­elle connu à Grez­ question, la situation est inte­ Doiceau ? nable. Coup d’éclat Encore aujourd’hui, les an­ ciens habitants du lieu se sou­ Mais l’histoire de la fusion de viennent des situations péni­ Grez­Doiceau ne s’est pas arrê­ bles que cette position tée, loin s’en faut au 1er janvier totalement excentrée par rap­ 1977. Lors des élections d’octo­

Deux autres petits conflits de territoire émaillèrent encore l’histoire de la nouvelle entité. Dès 1959, les habitants du ha­ meau de Fontenelle avaient de­ mandé leur rattachement à Bonlez. Grez­Doiceau s’empressa donc de spécifier dans son avis au Plan Michel qu’il s’y opposait fermement. Par contre, il était prêt à céder le quartier du Culot ainsi que trois autres maisons de Gastuche à la commune de Wavre. Finalement, au début des an­ nées 80, la maison du gardien du château de Laurensart fut cé­ dée à Wavre et les trois maisons en question, alimentées en eau par Grez­Doiceau, mais sans payer les taxes, virent leur si­ tuation régularisée. Quant aux vieux habitants de Néthen, s’ils reconnaissent avoir « bien profité » de la fu­ sion d’un point de vue écono­ mique, ils se reprennent à rêver de cette grande commune autour de la vallée... ■

Stéphane VANDEN EEDE

Brèves de fusion ­ Sous l’occupation française, deux des cinq communes avaient déjà connu des regroupe­ ments. Ainsi, Bossut et Gottechain, le 15 fé­ vrier 1811. La même année, le 14 août 1811, Grez fut fusionné avec Doiceau. ­ En 1970, deux communes n’organisèrent pas d’élections communales. À Néthen et à Biez. Furent donc élues « sans lutte » les listes du bourgmestre Emile Vanbever (PS) et du bourgmestre Léon Tabordon (PLP). ­ L’administration du ministère de l’Inté­ rieur « le plan Costard », du nom de son fonc­ tionnaire dirigeant avait proposé une fusion à sept : l’actuelle commune de Beauvechain, Néthen et Bossut­Gottechain. Un plan qui

avait les faveurs, entre autres, du bourgmes­ tre de Tourinnes­la­Grosse, le sénateur Pierre Stroobants (RW)... qui aurait volontiers poussé jusque Piétrebais et Archennes. ­ De son côté, Paul Roberti de Winghe, bourgmestre à Bossut­Gottechain, souhaitait le rapprochement avec Archennes et Né­ then, le tout sous l’appellation de « Florival », du nom d’une abbaye installée à Archennes au XIIIe siècle. Georges Bastaits était alors se­ crétaire communal à Bossut et à Archennes, et son zèle pour cette petite fusion fut tel que la route de campagne entre ces deux commu­ nes porte encore (et très ironiquement) le nom de « route Bastaits ».

­ De Valneth à Grez­sur­Dyle. Les appella­ tions diverses firent florès dans la vallée de Néthen, au sujet des nopuvelles communes à créer : on évoqua également la commune de Franche­Comté, Val­Néthen, Valneth, Grez­ sur­Dyle ou tout simplement... Grez. ­ La situation de la commune de Néthen, même si elle était fort active dans le foyer cul­ turel de la Néthen, n’était guère florissante. En termes d’infrastructures, rien ne fut fait du temps du bourgmestre Jean De Bruel (1953­1971). Il y avait à peine une secrétaire communale (Mme Pensis), un ouvrier et un garde­champêtre. Autant dire que la fusion avec Grez­Doiceau fut une bénédiction...


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H ÉLÉ CIN E

Quand Caliméro disait non à Orp-le-Grand La plus petite commune du Brabant wallon a connu la révolte, des débuts tourmentés mais aussi des événements dramatiques.

pagne pour Hélécine. Quant au bourgmestre, Edgard Collin, il hésite. Avec quatre communes de taille égale, la situation de No­ duwez serait nettement plus enviable. Le domaine d’Ophey­ lissem permettrait une politi­ que culturelle dynamique, ce à quoi, comme musicien, il était alors fort sensible. En définitive, il impose le choix d’Orp­Jauche. D’après plusieurs témoins, il y dispo­ sait, pour des personnes pro­ ches, de plus fortes garanties dans le cadre du recrutement du personnel communal de la future entité.

À

L’OMBRE du domaine provincial d’Opheylis­ sem, la fusion des com­ munes aiguisa bien des appé­ tits. Rappel, avec les témoignages et des documents d’époque d’André Michotte, Maurice Dewolf, Jacques War­ nier, Valère Lumay, Maurice Claes et les archives inédites de Joseph Michel.

Vers les élections

Aux confins de l’arrondisse­ ment de Nivelles, sitôt passée la crise d’août et septembre 1972 qui vit descendre dans la rue les habitants de Neerheylissem voir notre encadré « Inédit », tout redevient calme. Les crises politiques, les gou­ vernements et les ministres de l’Intérieur se succèdent avec une régularité métronomique et les rumeurs de fusions s’es­ tompent quelque peu. C’était parler un peu vite… À la suite des élections de 1974, Tindemans relance la machine et après un Charles Hanin plu­ tôt tiède, c’est au « Maire » de Virton, Joseph Michel, qu’est confiée l’opération des fusions. Après les provinces de Namur et de Luxembourg et juste avant le Brabant, Michel s’atta­ que à Liège. Il faut résoudre no­ tamment la question des fron­ tières avec la Flandre et l’arrondissement de Nivelles. Un double réduit où, entre la frontière linguistique et la toute nouvelle E40, sont étran­ glées six petites communes : les deux Heylissem, Linsmeau, Ra­ cour, Pellaines et Lincent. Toute proche également, la ri­ valité qui oppose Orp et Jauche.

Mission exploratoire Élisabeth Dispaux, conseillère du cabinet Michel, sonde les es­ prits. Le 21 octobre 1974, elle rencontre au Gouvernement provincial du Brabant et en pré­ sence de l’incontournable dé­ puté permanent Émile Cour­ toy (PSC), le bourgmestre de Neerheylissem, Maurice Claes, ainsi que ses échevins. La petite commune réaffirme son opposition totale à une fu­ sion avec Orp­le­Grand comme centre et propose de se regrou­ per avec Linsmeau, Pellaines et Racour, cédant le hameau de Chapeauveau à Jodoigne et re­ prenant Libertange à Noduwez. C’est à cette réunion égale­

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Le double réduit

Hélécine, malgré son domaine provincial, est la plus petite commune du Brabant wallon.

ment, qu’est proposée pour la première fois et officiellement l’appellation « Hélécine », en lieu et place de Heylissem, ju­ gée un peu trop flamande pour une nouvelle commune wal­ lonne.

Orp hésite Le 2 décembre 1974, Joseph Michel entame la restructura­ tion de la province de Liège. Il propose à Orp­le­Grand de quit­ ter le Brabant et de fusionner avec Racour, Pellaines et Lin­ cent. Après de multiples hésita­ tions et trois délibérations, Orp

décide de rester en Brabant. Mon royaume et un cheval En février 1975, ça y est, le plan Michel est envoyé au Bra­ bant. À Opheylissem, la ten­ sion monte. Maurice Dewolf, l’instituteur et cheville ouvrière de multiples activités autour et alentour du domaine provincial, apprend les termes du troc : céder Chapeauveau et reprendre Libertange. Depuis 1852, du temps où son aïeul devint, à 20 ans, le régis­ seur du baron Vandenbosch (propriétaire du domaine avant les d’Oultremont), la famille Dewolf était installée à Cha­

peauveau. Un samedi matin, il fait irrup­ tion au collège, crie et s’em­ porte tant et plus. Le bourgmes­ tre Steenwinckel s’adresse à un échevin : « Eh, sers­lui un che­ val au Maurice, il va tomber mort ! Allez ça va, garde­le ton Chapeauveau ! »

Le choix de Noduwez

Dans le plan Michel, No­ duwez peut opter pour la com­ mune d’Hélécine ou l’entité d’Orp­Jauche. Au sein du collège, l’échevin Jean Lacroix, habitant du ha­ meau de Libertange, fait cam­ Drame à Racour

Brèves de fusion Préfusions En 1795, les révolutionnai­ res français fusionnent No­ duwez et Libertange. Du 13 décembre 1824 (régime hol­ landais) à 1893 (Royaume de Belgique), Noduwez est re­ groupée avec Linsmeau. Cette année-là... La frontière linguistique est tracée : Neerheylissem et Opheylissem quittent l’ar­ rondissement de Louvain et entrent en Brabant wallon. La Province de Brabant ra­ chète le domaine d’Ophey­ lissem à la famille d’Oultre­ mont. Maurice Dewolf propose la création d’une Maison des Jeunes, la MJ­20. C’était l’année 62 ! Les élections de 1970 ­ Linsmeau. Deux forma­

tions d’intérêts communaux s’affrontent. Marcel Ruelens (PSB), maïeur depuis 1965, l’emporte de justesse, par douze voix d’écart, et décro­ che quatre élus sur sept. En face, la comtesse Mireille de Brouckoven de Bergeyk est tête de liste mais attaquée avec violence pendant la campagne, elle n’est pas élue. Au collège : Julien Co­ lon et Louis Collin. ­ Neerheylissem. Seul élu li­ béral en 1958, Maurice Claes s’allie avec les chrétiens et prend le maïorat. En 1964, retour de manivelle : socia­ listes et chrétiens s’allient et propulsent Louis Vivignis (PSB). 1970, nouvelle donne. Maurice Claes remporte quatre sièges et propose aux chrétiens le pacte de Castel Pic, du nom d’un café sur la

En juillet 1975, le gouverne­ ment impose donc la petite fu­ sion à trois, sans aucune con­ cession territoriale. Toutes les énergies se mobilisent alors pour les premières élections communales d’octobre 76. Fait unique en Brabant wal­ lon : les bourgmestres se re­ trouvent tous trois sur des lis­ tes différentes. L’éternelle rivalité entre Neerheylissem et Opheylissem se traduit par deux listes à forte teneur libé­ rale. L’une emmenée par le bourgmestre Maurice Claes (PLP), l’autre par Jules Steenwinckel (IC). Les socialistes ont placé à leur tête le maïeur de Linsmeau, Marcel Ruelens. Quant au PSC, ils accommodent difficilement les caractères antagonistes d’Al­ bert Claes (échevin à Neerhey­ lissem) et de Jacques Warnier (conseiller sortant de Lins­ meau) avec la notoriété gran­ dissante de Valère Lumay.

route de Tirlemont, à la hau­ teur de Kumtich. Accrochez­ vous : trois ans de maïorat pour Arthur Thomas (PSC), le temps de marier sa fille et d’inaugurer la nouvelle mai­ son communale, et trois ans pour Maurice Claes (PLP). Au collège : de 71 à 73, Gus­ tave Pétré et Joseph Stas et de 74 à 76 : Arthur Thomas et Albert Claes. ­ Opheylissem. Aux élec­ tions de 1952, le libéral Jules Steenwinckel déboulonne Adrien d’Oultremont, fils de la Comtesse propriétaire du château. En 1970, ils sont, une fois de plus, face à face. Le maïeur l’emporte quatre sièges contre trois. René Ren­ quin, qui présentait une liste PSB, n’est pas élu. Au collège : Henri Bailly et Joseph Dé­ sir.

Sitôt connus, les résultats des élections provoquent un élec­ trochoc. Le jour même, Valère Lumay, qui dépasse Maurice Claes en voix de préférence, propose un contrat de majorité avec les socialistes. Dans les heures qui suivent, Albert Claes et Jacques War­ nier quittent la liste chrétienne et forment, avec Maurice Claes et Jo Peeters (liste Steenwinc­ kel) une proposition alterna­ tive. Jusqu’en 1982, date des élec­ tions communales suivantes, les rebondissements seront in­ cessants, provoquant de nom­ breux remaniements dans la majorité de Maurice Claes. Dans cette atmosphère de haine et de rancœur, Albert Claes tire sa révérence. Dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 février 1977, le premier échevin se rend à Racour, tue sa compagne et met fin à ses jours. ■

Stéphane VANDEN EEDE


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IN C OUR T

Les petites communes rurales refusent le grand Jodoigne Avec Piétrebais tentée par Grez-Doiceau et Glimes promise à Jodoigne, la naissance d’Incourt tint du petit miracle politique.

Oui au Plan Costard ! À la suite de la loi du 23 juillet 1971 organisant la fusion des communes, le ministre de l’Inté­ rieur de l’époque, Renaat Van El­ slande (CVP), avait demandé à son administration un avant­ projet global de fusions. Révélé à la presse en août 1972, à la suite d’une indiscrétion, il devint à jamais le « Plan Cos­ tard », du nom du directeur gé­ néral du ministère de l’Intérieur. Autant dire que cela fit l’effet d’une bombe. Du jour au lende­ main, les 2 359 communes que comptait alors la Belgique furent prises d’une indescriptible fréné­ sie qui ne s’interrompit que qua­ tre ans et demi plus tard. À Incourt, en tout cas, on respi­ rait d’aise. Il leur était proposé une belle petite fusion, associant Dongelberg, Longueville, Oppre­ bais, Piétrebais et Roux­Miroir avec Incourt comme commune­ pilote. Le 8 octobre 1973, Glimes souhaita se joindre au groupe.

Fissures Cinq jours plus tard, le front se dégarnit : minée par des querel­ les intestines le bourgmestre Al­ bert Tordoir (PLP) est mis en mi­ norité par les socialistes et une partie de son collège, la com­ mune de Dongelberg vote une résolution souhaitant son re­ groupement avec Jodoigne. À Longueville, la sécession est d’un tout autre ordre : le bourg­ mestre Maurice Dallemagne es­ time que les terres de sa com­ mune seraient plus valorisées dans la fusion de Chaumont­Gis­ toux et décide donc de tourner le dos à ses petites voisines rurales. C’est ainsi que la route entre Roux­Miroir et Longueville ne sera jamais achevée…

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E 1er janvier 1977, cinq peti­ tes communes rurales ont uni leurs destinées et rassem­ blé sous un seul toit une belle brochette de mandataires aux ca­ ractères bien trempés. Revue de détail avec les témoi­ gnages de Henri Jacques, Jules Godefroid, Jean Lamotte, Émile Bertrand, Jules Conard, Richard Boton, Albert Haccourt, les tracts électoraux et les journaux de l’époque ainsi que les archives inédites de Joseph Michel.

Les petites communes voulaient conserver leur ruralité.

Le Plan Michel

sion de Grez­Doiceau.

Début février 1975, cette fois, le grand braquet est mis. Les com­ munes reçoivent les proposi­ tions du ministre Michel et no­ nante jours pour remettre leur avis et d’éventuels projets alter­ natifs. Joseph Michel propose trois grosses entités : Jodoigne, Orp­ Jauche et Perwez. Incourt est as­ sociée à Opprebais, Piétrebais et Roux­Miroir, mais en réalité, ce que vise le ministre, c’est la réu­ nion avec Jodoigne. Dans cette hypothèse­là, Piétrebais a encore la possibilité de rejoindre la fu­

On vote ! À Piétrebais, justement, c’est la pétaudière. Majorité et opposi­ tion sont toutes deux divisées. Les vieux antagonismes, nés d’une mauvaise fusion de 1811 (!) ressurgissent. Chapelle Saint­Laurent, plus bourgeois, veut fusionner avec les blancs gilets de Grez­Doiceau, et Piétrebais, plus rural, se tourne vers Incourt. Un référendum est décidé mais les résultats sont peu probants. Le bourgmestre Lorge, grand

joueur devant l’éternel, fera même intervenir le directeur du Casino de Middelkerque (!) auprès de Joseph Michel pour le soutenir contre Jodoigne qui exi­ geait que tout le hameau d’Hap­ peau soit regroupé sur son terri­ toire.

La tentation de Ramillies Glimes connaît les mêmes ten­ sions. Elle participe aux réu­ nions organisées à Gérompont par le secrétaire communal René Colen et Jean­Pierre Berchem, le bourgmestre d’Autre­Église pour créer de toutes pièces une com­

Brèves de fusion Préfusion ­ Piétrebais et Chapelle­Saint­ Laurent ont été réunis par dé­ cret impérial le 24 avril 1811. Ce ne fut pas une partie de plaisir, racontent les géographe et his­ torien Tarlier et Wauters (1872) : « Les habitants ne s’entendent pas et ceux de Piétrebais ont déjà sollicité leur séparation sous prétexte que l’administra­ tion locale soigne de préférence les intérêts de Chapelle. » Les élections de 1970 ­ Glimes. Avec huit voix d’avance, la liste Renouveau communal, constituée de can­ didats du hameau de Thorembi­ zoul, défait les Glimois. Dans la foulée, Gabriel Hannot (PLP) dé­ boulonne Joseph Lardinois et constitue son collège avec Ri­ chard Boton et Émile Romain. ­ Incourt. Sans surprise, le bourgmestre (depuis 1959) et

boucher Alphonse Barras (PSC) l’emporte devant la liste du Dr Frans Scharpé et René Falise. Au collège : Paul Hermoye et Al­ phonse Lebrun. ­ Opprebais. Le Dr Marcel De­ nef (PSB), bourgmestre depuis 1947, l’échappe belle. Il rem­ porte cinq sièges contre quatre pour la liste du comptable Ri­ chard Gilson et d’André Bau­ win. À partir de là, tout se com­ plique... Léon Walry, 24 ans, se présente en vain comme éche­ vin contre ses colistiers Albert Godart et Aimé Mauroy. Finale­ ment, au retour de son service militaire, il remplace Albert Go­ dart. En septembre 1974, mort du Dr Denef et nouvel imbro­ glio : avec quatre candidatures sur les bras, Joseph Michel choi­ sit de nommer André Bauwin, PSC dans l’opposition. ­ Piétrebais. Encore plus juste ! Ici, c’est à 1 voix et 3/7e près que

Joseph Lorge (PLP) rempile pour un second mandat. Au col­ lège, Gustave Van Beukhout et Robert Marchal. Dans l’opposi­ tion, notamment, Jules Gode­ froid. ­ Roux­Miroir. Coup de théâtre : le soir des élections, Jules José Conard (PLP), maïeur sortant, quitte la nouvelle majorité (4) du « rassemblement des pro­ gressistes » pour se joindre aux trois élus minoritaires. Au col­ lège : Émile Bertrand (PSB) et Victor Moniquet (PSC). Référendum ­ Le 1er mars 1975, la popula­ tion de Piétrebais est invitée à se prononcer sur la fusion avec In­ court. Taux de participation : 50 %. 122 pour, 97 contre et 14 bul­ letins nuls. Les bulletins non rentrés (229), selon le bourg­ mestre, devaient être considérés comme favorables à Incourt...

mune rurale entre Jodoigne et Perwez… tout en suivant de près les menées du bourgmestre d’In­ court. Finalement, le conseil se réunit une première fois, le 19 février 1975, pour réaffirmer son sou­ hait de fusion avec Incourt ex­ primé en 1973 et puis une deuxième fois, le 4 avril, pour se rallier à Ramillies… si l’entité d’Incourt n’était pas acceptée. Entre poste et boucherie À Incourt, Joseph Barras est par­ tout et s’occupe de tout. Prési­ dent de la fabrique d’église, de la Croix­Rouge, du club de football et des Amis du baron Bouvier, il a aussi, de par son commerce, d’ex­ cellentes relations avec Paul Van­ den Boeynants, alors ministre de la Défense. Il écrit de tous côtés pour défen­ dre sa petite idée : « Bourgmestre depuis seize ans, ancien boucher, j’ai parcouru cette région de long en large pendant 35 ans, c’est vous dire que je la connais parfai­ tement tant au point de vue éco­ nomique, culturel que sentimen­ tal et autres. » Incourt abrite un bureau postal de 3e classe qui dessert les huit villages (en comptant Sart­Ris­ bart) : ce serait, dit­il, la plus belle entité rurale et résidentielle de l’arrondissement de Nivelles !

Vers les élections Et ça marche ! Enfin presque… La décision intervient en juillet 1975 : Glimes tombe du bon côté, mais Dongelberg et Longueville en sont exclus. Absurde. Tout aussi absurde que de ne pas avoir réalisé le grand Jodoigne. Par peur de créer une commune socialiste trop importante René Basecq, bourgmestre de Jodoigne était à l’époque vice­président du Sénat, disent les uns. Pour per­ mettre l’éclosion de petites enti­ tés libérales ou chrétiennes selon d’autres. Probablement les deux. En attendant, il faut préparer les échéances électorales d’octo­ bre 1976. Comme à Jodoigne, les élections se révéleront un vérita­ ble jeu de massacre pour les bourgmestres sortants. Le docteur Frans Scharpé, jus­ que­là dans l’opposition à Oppre­ bais, impose l’alliance avec la liste de Léon Walry et la nomina­ tion de René Falise au détriment de Joseph Lorge et d’André Bau­ win. Scharpé s’engage à céder l’écharpe à Léon Walry à la moi­ tié du mandat, mais à la suite d’un imbroglio lors de la nomi­ nation de membres du person­ nel communal, le bourgmestre casse l’accord. Partie remise pour Walry… jusqu’en 1986. ■

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IT TRE

Les ambitions hennuyères de Valémont Ittre, Haut-Ittre, Virginal… et Hennuyères (Hainaut). Toutes les quatre en rêvaientde cette fusion. Mais une frontière, aussi provinciale qu’intangible en décidera autrement.

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ANS ce coin du Brabant wallon, à vallées et à colli­ nes (d’où l’invention de Valémont), tout rapproche les gens. Le Ry­Ternel, qui ser­ pente de Haut­Ittre au canal de Bruxelles­Charleroi, l’an­ cienne voie du « petit tram » et la N 280 qui traverse toute la commune, depuis le Ring de Bruxelles jusque… Hennuyè­ res. Dès 1972, les quatre conseils communaux se sont pronon­ cés, avec cartes à l’appui. Sur les 38 conseillers communaux qui composaient alors les qua­ tre conseils concernés, 36 ont marqué leur accord. Dès que le Plan Michel arrive, en février 1975, la résistance se met en place. Hennuyères or­ ganise un référendum le 2 mars 1975. Moins de la moi­ tié de la population y participe mais 85,44 % des électeurs se prononcent en faveur de Valé­ mont (on parlera même de Jo­ lyval !)

Ittre fut, un temps, le centre de la Belgique. Et aurat pu s’appeler Valémont.

d’une salle communale pour compenser la fermeture du dernier café Chez Laeremans. Dussart se remet au travail…

À Vesnau

Virginal­Samme, (Vesnau, en wallon) se positionne deux jours plus tard, le 4 avril. Comme à Haut­Ittre, il rap­ À Haut­Ittre, 460 habitants, le pelle la fusion à quatre et re­ conseil se réunit le 2 avril, sous jette la proposition du Plan Mi­ la présidence de Robert Bavay. chel. De l’autre côté du canal Plutôt libéral, il est fort pro­ che, en ce milieu des années 70, des thèses du Rassemble­ ment wallon. En 1970, sa liste était la seule à se présenter. Jac­ Samme s’en va et Samme ques Stache, dernier « survi­ revient vant » de ce conseil raconte Samme (633 ha) a relevé de qu’à l’époque, les réunions se la commune d’Ittre jusqu’au tenaient en deux temps : deux 17 mai 1796. Elle ne sera indé­ ou trois heures pour épuiser pendante que jusqu’au l’ordre du jour… et le reste de la 22 janvier 1808, date à la­ soirée, dans la salle des maria­ quelle elle sera alors fusion­ ges, à taper le carton. née avec Virginal (140 ha). Quand il y avait des travaux, Terre franche le conseil votait l’achat des ma­ tériaux et l’échevin Étienne Virginal, sous l’ancien ré­ Dussart engageait les gamins gime, était une enclave de la du village et quelques bénévo­ principauté de Liège et consi­ les pour réparer le mur de sou­ dérée comme « terre fran­ tènement de l’église ou che ». Bref, une terre d’asile d’autres menus travaux. Haut­ pour les mauvais garçons et Ittre est alors à la croisée des une réputation à faire frémir chemins. Les Bruxellois arri­ la petite bourgeoisie ittroise. vent en masse, construisent Il en est resté l’expression : tout le long du « boulevard Pi­ « À Vesnau, c’est franchise ! » ron » et les derniers magasins La sécession du 45 de village se ferment. En tout état de cause, le con­ Juste au­dessus du bras d’It­ seil réaffirme sa volonté de fu­ tre en terres tubiziennes, le sionner avec Ittre, Virginal et hameau du 45 (probablement Hennuyères. Mais sa grande un numéro d’écluse, sur le ca­ préoccupation, en cette année nal de Bruxelles­Charleroi) 1975, c’est la construction

Les grands travaux de Dussart

de Bruxelles­Charleroi, Virgi­ nal est très proche, géographi­ quement et socialement de ses grandes sœurs tubiziennes et clabecquoises. C’est pourtant la fusion rurale, d’Est en Ouest qui est voulue et ce, au détri­ ment d’une cohérence interne et d’un support naturel com­ mun ne manquera pas d’écrire Raymond Costard, directeur général de l’administration du ministère de l’Intérieur.

Rodéo et Juliette À Ittre, les sentiments sont mélangés. Louis Carlier réunit son conseil communal le 18 avril. Sur les dix conseillers présents, six se prononcent pour la fusion à trois et trois (probablement les socialistes), souhaitent y associer Braine­ le­Château et Wauthier­ Braine. Début janvier déjà, Joseph Michel avait transmis une

Brèves de fusion appartenait autrefois à Ittre. Pendant la deuxième guerre mondiale, les habitants se sont plaint de devoir aller chercher leurs tickets de ravi­ taillement à la maison com­ munale. Ils ont demandé leur rattachement à Tubize (avec quelques maisons de Rogis­ sart qui étaient encore sur It­ tre)… ce qui fut fait, peu de temps après la fin du conflit.

part et d’autre de la rue du bois de la Houssière (côté gau­ che sur Hennuyères, côté droit sur Virginal). Litige sur sa domiciliation ? Accord avec Gustave Barbier (PS It­ tre) pour lui donner le maïo­ rat en cours de route ? Tou­ jours est­il que Gaston Vervueren a démissionné de son mandat de bourgmestre en 1980 pour se représenter Les deux maisons de Gaston aux élections de 1982 et sié­ ger comme conseiller com­ Une autre petite histoire en­ munal en 1983. Il est décédé tremêle les communes de Vir­ en mai 1997. ginal et d’Hennuyères, en la D’Anvers à Ittre personne de Gaston Vervue­ ren, le dernier bourgmestre En 1976 et en 1982, Octave de Virginal… et grand défen­ Dorny s’est présenté aux élec­ seur de la fusion avec Hen­ tions pour défendre « la pe­ nuyères. Successeur de Jules tite communauté flamande Dinjart, il sera aux comman­ de la fusion. » Autrement dit, des de 1953 à 1976, avant de les agriculteurs flamands qui devenir le premier bourgmes­ sont venus s’installer à Ittre tre d’Ittre. Modéliste, il avait après la guerre à la suite, par son atelier dans une maison exemple, des travaux d’agran­ du village et deux maisons de dissement du port d’Anvers.

note interne à son chef de cabi­ net. Il venait de recevoir un coup de téléphone du direc­ teur commercial de Socolait, de la part du bourgmestre d’It­ tre. Citons la note : « Il faudrait regrouper Ittre, Haut­Ittre, Vir­ ginal et éventuellement Hen­ nuyères. Ils ne veulent pas fu­ sionner avec Braine­le­ Château. » Louis Carlier et sa majorité ont vite compris que jamais la province de Hainaut ne lâche­ rait sa commune de Hennuyè­ res. Il sait aussi que la fusion avec Braine­le­Château, qui a la faveur du socialiste Costard, donnerait le beau rôle à la voi­ sine du nord et très probable­ ment aussi à son sénateur­ bourgmestre et ancien ministre de la Culture, Pierre Falize (PS). C’est le moment de présenter le dernier person­ nage de cette saga ittroise : Francis Houtteman. Il est entré dans Ittre, à che­ val, en compagnie de Lucien Froidebise, de la compagnie du 109 et d’un spectacle itinérant : Rodéo et Juliette. Il tombe amoureux fou de cette région (entre autre) et propose à Louis Carlier de créer un centre cul­ turel pour les trois commu­ nes : le Centre de Loisirs et d’Information, le CLI. Vingt­cinq ans plus tard, il est aujourd’hui directeur du Créa­ Théâtre à Tournai, le souvenir de ces six années reste intact : « C’était une véritable gageure que de réunir ces trois villages tellement différents, surtout politiquement. Nous avons créé un journal (le Petit Tram), un cortège carnavalesque de 12 kilomètres pour aider les trois communautés à se ren­ contrer. » Carlier va trouver en Francis Houtteman un allié de choix pour soutenir « sa fu­ sion ».

Deux dissidences Le gouvernement tranchera. Ce sera donc la fusion à trois. De juillet 75 à octobre 76, la vie politique ittroise va quelque peu se compliquer. Le bourg­ mestre Carlier monte une liste libérale­chrétienne mais son premier échevin Léon Bertoux crée Alliance nouvelle. Du côté socialiste, ce sont les syndicalistes des Forges et des papeteries qui organisent la dissidence. L’Union socialiste commu­ nale défie le Parti socialiste belge de Gaston Vervueren. En définitive, Gaston Vervueren s’alliera au collège avec la liste de Carlier. En 1982, ce dernier rempor­ tera la majorité absolue. Son premier échevin ? Un certain Daniel Vankerkove… ■

Sté p ha n e VA N D E N E E D E


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Une pour tous et dix communes Le 1er janvier 1977, Jodoigne reçoit neuf communes en héritage et, pour la première fois de son histoire, une bourgmestre : Liliane Courtoy-Jaspis.

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OUR bien comprendre la vie politique de Jodoigne en ce milieu des années 70, il nous faudra remonter jus­ qu’à la fin des années 60. Voyage en Geldonie intérieure avec la complicité de Jean­Jac­ ques Gaziaux, Jacques Diez, Ar­ mand Ruelle, Liliane Courtoy, Jacky Marchal, Gustave Thy­ rion, René Colen, Joseph Tor­ doir, les journaux et les tracts électoraux de l’époque ainsi que les archives inédites de Jo­ seph Michel.

La liste des jeunes À la tête de la ville depuis 1959, les socio­chrétiens sont sur le déclin. Étienne Denuit, fatigué par les dissensions au sein de son collège démis­ sionne en 1968 et laisse la place à son premier échevin, Léon Jeurissen. Aux élections de 1970, les so­ cialistes obtiennent 5 sièges, les libéraux, loin de leur gloire passée, ne conservent qu’un seul élu (le facteur de Saint­ Lambert, Victor Michaux) et les chrétiens retombent à trois. En réalité, c’est à un véritable mini­mai 68 auquel on assiste. Des jeunes, issus de tous les ho­ rizons philosophiques et poli­ tiques, déboulent de la Maison des jeunes et créent leur propre liste : Objectif 70. On y retrouve les frères Mu­ ret, Jacques Diez, Jacques Le­ brun, Paul Verdickt et Jean­Jac­ ques Gaziaux, tout auréolé de sa récente victoire à Visa pour le Monde. D’entrée de jeu, ils décrochent deux élus. Les socialistes hési­ tent… Jacky Marchal tente en vain d’infléchir une dernière fois l’intransigeance des jeu­ nes : ils veulent deux postes d’échevin. Basecq tranche et conclut un accord de majorité avec Jeurissen. Jodoigne bas­ cule ce jour­là et les socialistes y perdront leur âme, une pre­ mière fois.

Les chantiers de Jodoigne Trois gros dossiers sont sur la table du conseil : la construc­ tion de logements sociaux à Saint­Lambert, le complexe sportif à la Cabouse, une mai­ son de repos ainsi que la remise en état de la route vers Hup­ paye. Les six années sont trop cour­

nale PSC de Jodoigne, le minis­ tre de l’Intérieur est invité à s’exprimer sur son plan de fu­ sion. La salle du cinéma l’Etoile est pleine à craquer. Sur l’estrade, Joseph Michel est entouré de Léon Jeurissen, d’Émile Cour­ toy et de Jean Bariau, préfet de Saint­Albert. René Basecq, alors vice­prési­ dent du Sénat, se fait prendre à partie par les petits maïeurs ru­ raux. Il se défend vivement : « Je ne tiens pas à être accusé dans un milieu qui n’est pas le mien ! » Mi­juillet, la décision tombe. Avec la création de Ramillies, Orp­Jauche, Perwez et Jodoigne y perdent chacun des plumes. La photo n’est pas aussi vieille que la fusion des communes, sans quoi Charles Michel aurait à peine un Les trois bourgmestres écri­ an. Mais, un peu plus tôt, en 1976, Louis Michel construisait les bases de sa carrière politique dans vent une lettre commune mais la commune fusionnée de Jodoigne. leur absence de stratégie préa­ lable se paie cash. Il ne reste tes et en définitive, seuls les lo­ Geest s’épargnent une réunion gne comme « la moins mau­ plus à Jodoigne qu’à préparer gements sociaux seront inau­ et approuvent de facto leur re­ vaise des solutions ». ses prochaines échéances élec­ gurés par René Basecq. Des groupement avec Jodoigne. Jo­ Détricotage torales. atermoiements et des lon­ doigne­Souveraine, Jauchelette Léon ou Liliane ? gueurs (Maurice Libert, prési­ et Zétrud­Lumay emboîtent le Autour du grand Jodoigne, dent PSC de la CAP, jouera la pas et approuvent le plan. c’est l’hallali. Toutes les com­ Objectif 70, la liste des jeunes montre pour retarder la mise Résistances munes autour d’Incourt refu­ s’est étiolée au fil du temps et en œuvre de la maison de re­ sent l’option jodoignoise et se chacun est revenu vers son ber­ pos) qui vont littéralement em­ À Piétrain, Auguste Gérard regroupent autour d’Alphonse ceau politique originel. Les so­ poisonner la campagne électo­ s’oppose à toute fusion et con­ Barras. cialistes présentent René Ba­ rale de 1976. sidère qu’il est regrettable que À Huppaye, Gustave Thyrion secq. Les chrétiens et les la commune de Piétrain, uni­ hésite entre le retour à Jodoi­ libéraux s’associent. Vers les fusions versellement connu de par la gne et la création d’une entité Derrière Léon Jeurissen et Dans le dernier tiers de la lé­ race de porcs portant son nom, ramilloise, telle que proposée Maurice Libert, alternent des gislature, début février 1975, soit rayé de la carte de Belgi­ par Jean­Pierre Berchem candidats libéraux, indépen­ Joseph Michel envoie son plan que. d’Autre­Église et René Colen, dants ou chrétiens. Quatre de fusion. À Jodoigne, Louis Pi­ À Saint­Jean­Geest, le collège secrétaire de Gérompont. Il bourgmestres s’y retrouvent, rard, le secrétaire communal, organise un référendum.181 rencontre régulièrement contre trois pour les socialistes. prépare son dossier dans les rè­ ménages sur 241 y participent. MM. Jeurissen et Courtoy, fait La campagne est dure et se fo­ gles de l’art. La délibération en 140 veulent une petite fusion des appels du pied vers les libé­ calise sur Basecq et Jeurissen conseil communal est longue, avec Mélin, Saint­Rémy­Geest raux de Jodoigne mais rien ne (traité notamment de « geai motivée et ambitieuse. Elle fait et Zétrud­Lumay. 41 veulent du lui est promis. qui se pare des plumes du siennes les propositions du mi­ Grand Jodoigne. paon »). Joseph Michel est à nistre Michel : 16 communes et Enfin, à Dongelberg, le bourg­ Jodoigne Le soir du 10 octobre, la sur­ 12 000 habitants. mestre Albert Tordoir souhai­ prise est totale. Le cartel (UCP) Dans les communes avoisi­ tait rejoindre Incourt mais il Le soir du 15 avril, on atteint a la majorité absolue mais nantes, cela ne traîne pas. Mé­ est mis en minorité par les so­ le sommet de la tension politi­ Léon Jeurissen (344 voix) se fait lin, Lathuy et Saint­Rémy­ cialistes qui font adopter Jodoi­ que. À l’invitation de la canto­ écraser par les 966 voix de la femme du député permanent, Liliane Courtoy­Jaspis. Pen­ dant deux jours, une tension folle règne à Jodoigne. Les préfusions (Maurice Kinnar) et de Zé­ let (PS) avait laissé sa place à Le mardi soir, les élus catholi­ ­ Huppaye a relevé de Jodoi­ trud­Lumay (André Pu­ Auguste Gérard. Signe de la ques et indépendants se retrou­ gne jusqu’en 1795, date à la­ linckx, au décès de Georges perplexité ministérielle, un vent chez le notaire Georges quelle ils ont été séparés. Minsart). petit « copion » mentionnait Dandoy. Émile Courtoy préside Saint­Jean­Geest a absorbé Les chrétiens tenaient Jau­ à côté du Gus : Tendance ! ? ! la séance. L’irruption totale­ Sainte­Marie­Geest en 1811. chelette (Fernand Dardenne), PLP­PSB. ment imprévisible de sa Zétrud­Lumay (regroupée à Lathuy (Désiré Bauwin) et Appétit femme rebat toutes les cartes. Outgaarden de 1810 à 1922) a Saint­Rémy­Geest (Marcel Il va falloir choisir. Pour le rejoint l’arrondissement de Nélis). ­ En plus des 15 communes poste de bourgmestre et pour Nivelles le 8 novembre 1962, Les libéraux, quoique mino­ avoisinantes, Jodoigne avait deux échevinats, disputés par à la faveur de la fixation de la ritaires au conseil, étaient également quelques deside­ Auguste Gérard, Armand frontière linguistique Quel­ présents à Dongelberg (Al­ rata territoriaux : la gestion Ruelle et… celui ou celle qui ne ques jours plus tard, le ha­ bert Tordoir). de la rue Longue (Piétrain) sera pas bourgmestre. meau de Elst retournait à Le Rassemblement wallon jusqu’à l’autoroute de Liège Il est 22 h. Cela n’avance pas. Hoegaarden. pouvait compter sur Fernand (à reprendre sur les territoi­ Les silences des uns et des Jennar (Jodoigne­Souve­ res de Neerheylissemm, de autres sont éprouvants. Le seul Les collèges du grand raine) et Joseph Barras (Mé­ Opheylissem et de No­ à être fixé sur son sort est le Jodoigne lin). duwez), la partie du hameau troisième de la liste, premier ­ À la suite des élections de Reste Piétrain. À la suite de de Happeau sous Piétrebais élu libéral et futur échevin de 1970, les socialistes étaient à tractations aussi tortueuses et l’ancienne commune de l’Enseignement et des Sports. Il la tête de Jodoigne (René Ba­ que sa rue est longue (et in­ Bomal (sous Gérompont 200 est 22 h et comme tout Jodoi­ secq), de Saint­Jean­Geest versement), Séraphin Waute­ habitants). gne, Louis Michel attend.

Brèves de fusion

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L A H UL PE

Le prix de la liberté Comment la petite commune de La Hulpe résista tant et si bien à toutes les promesses de mariage avec Genval, Rixensart et RosièresSaint-André ?

d’un public de 500 personnes (!) dans le cinéma du centre pour accueillir Joseph Michel. Invité par le PSC local, le débat est animé par Jean­Claude Ver­ bois. Très clairement, les trois partis traditionnels se mon­ trent favorables à la grande fu­ sion. Après le débat, Pierre Rouelle trinque avec Jean­ Claude Verbois : « J’ai une solu­ tion pour La Hulpe et on ne fu­ sionnera pas ! ».

E

N ÉCHANGE du marché des YF­16 ? En contrepartie de l’autonomie d’une com­ mune limbourgeoise… ou, plus simplement, au terme d’un marchandage brabançon ? Tentative de réponse avec les témoignages de Joseph Michel, François Perin, Philippe Coppé, Roger Monteyne, Jean­ Claude Verbois, les journaux et les tracts électoraux de l’épo­ que et les archives inédites de Joseph Michel, de Marcel Bour­ lard et de Raoul­Marc Jennar. Le samedi 23 février 2002, à 10 h, la salle du conseil de la maison communale de La Hulpe est pleine à craquer. Plus de deux cents personnes sont venus saluer la mémoire de Pierre Rouelle, décédé quel­ ques jours plus tôt. L’émotion est palpable. Les orateurs rap­ pellent les faits d’armes. Plus d’un demi­siècle au conseil communal, dont trente années comme bourgmestre. En 1962, il évita à La Hulpe d’être com­ mune « à facilités », dans un combat homérique contre le ministre Antoine Gilson, tout en reprenant le quartier de La Corniche sur la commune d’Overijse. Bien avant ses voisi­ nes, La Hulpe avait ses égouts, des voiries en bon état, des in­ frastructures sociales, culturel­ les et sportives. Enfin, il a de manière « astucieuse » (dixit le représentant du FDF) évité la fusion des communes.

La maison communale de La Hulpe, détruite par un incendie en 1983. La Hulpe était la seule commune du Brabant wallon à n’avoir qu’une seule maison communale puisqu’elle est la seule commune à ne pas avoir fusionné. -

Adieu Mayeur !

Mirage ou YF-16

ils seraient amenés à payer ceux des communes voisines, encore à réaliser. En conclu­ sion, il est décidé d’organiser un référendum à la fin mars.

J’ai une solution ! Entretemps, début mars, près de quarante mandataires et se­ crétaires communaux des qua­ tre communes concernées se réunissent à la maison com­

munale de Rixensart pour échanger leurs points de vue. À Rixensart, le collège minori­ taire d’Armand Parant s’est fait imposer la grande fusion par le conseil communal. À Genval aussi, on suit le Plan, la mort dans l’âme. À Rosières, comme à La Hulpe, on attend le résul­ tat d’un référendum. Le 25 mars, tout ce petit monde se retrouve au milieu

À partir de juin, l’actualité se concentre sur un véritable psy­ chodrame dont va être victime le RW. Il faut renouveler la flotte aérienne et le choix doit s’opérer entre les YF­16 améri­ cains, soutenus par les partis flamands ou les Mirage fran­ çais, soutenus par les franco­ phones. Le RW est déchiré. Lors d’un vote interne, les mi­ nistres et les parlementaires sont mis en minorité par les militants. Il faut imposer les Mirage… ou démissionner. On a souvent raconté que Rouelle aurait marchandé sa voix de député contre la promesse de laisser tranquille sa petite com­ mune de La Hulpe. L’analyse des débats et des votes parle­ mentaires met à mal cette ru­ meur. En effet, le 12 juin, le gouvernement fait voter la confiance, à la Chambre comme au Sénat, et obtient 112

Brèves de fusion Une autonomie séculaire. Instituée en ville franche dès 1230, La Hulpe était chef de Mairie pour une dizaine de villages environnants et ce, jusqu’à la fin de l’Ancien ré­ gime (1792). Après l’indépen­ dance (1830), La Hulpe perdit son rôle politique et adminis­ tratif et fut intégrée dans le canton de Wavre.

Payer pour les autres ?

La frontière linguistique.

En cette année 1975, cela fait donc déjà 22 ans que Pierre Rouelle est bourgmestre. Dé­ but février, arrive le Plan Mi­ chel pour la fusion des com­ munes. Pour La Hulpe, ce n’est pas vraiment une surprise. À tous les coups, on associait son nom avec ses voisines de Rixensart et de Genval, parfois Rosières. Le conseil communal se réu­ nit à plusieurs reprises. Le 28 février, il arrive à la conclu­ sion unanime que la fusion en­ visagée comporterait inévita­ blement pour les habitants de La Hulpe, une sérieuse aggra­ vation des impositions com­ munales puisque, après avoir financé la très grande partie de leurs propres investissements,

La Hulpe fut le théâtre d’un premier grand combat terri­ torial en 1962, quand il s’agit de « clicher » une bonne fois pour toutes la frontière lin­ guistique. Sur sa limite sep­ tentrionale, La Hulpe perdit alors les hameaux de’t Rot et du Bakenbos au profit de Hoeilaart. La commune d’Overijse allait alors jusqu’à la gare et tenait tout le quar­ tier de La Corniche, à majo­ rité francophone. Après des années de revendication et de pétitions, La Corniche devint enfin terre wallonne.

porte 10 sièges sur 13. Au col­ lège, Joseph Grégoire (PSB), Pierre Pandor (RW) et Jean De Becker (ind.). Les libéraux présentaient deux listes, dont une incomplète et le PSC une liste également incomplète. Dans le conseil, on retrouve également la libérale Jacque­ line Kirschen (présidente de l’APNE) et, à ses débuts, Phi­ lippe Coppé. Avant le Plan Michel.

La surprise de la « non fu­ sion » de La Hulpe était d’autant plus grande que nul n’avait imaginé que cette « petite » commune de 6 500 habitants et de 1 556 ha allait finalement se retrouver seule. Une étude de l’ULB propo­ sait un regroupement avec Rixensart (commune pilote) et Genval. Rosières partait avec Wavre. L’Union des com­ munes privilégiait la fusion à quatre avec Genval comme centre. Enfin, l’administra­ tion (le Plan Costard) asso­ Les élections de 1970. ciait Genval (commune pi­ Pierre Rouelle et sa liste lote), La Hulpe et Rixensart, d’entente communale rem­ tout en reprenant des ha­

meaux à Ohain, Lasne, Lime­ lette, Limal, Bierges et Rosiè­ res. On vote ! À La Hulpe, le référendum par voie postale est clôturé le 28 mars. 92 % de participa­ tion. 77 % sont contre la fu­ sion. Éventuellement, si la fu­ sion est inévitable, 92,69 % se prononcent pour la petite fu­ sion (avec Genval) et 7,3 % pour le Plan Michel. Le Con­ seil se réunit alors une der­ nière fois, le 25 avril, et arrête définitivement sa position. Par sept voix contre une (l’échevin Joseph Grégoire, étiqueté PSB), le Conseil émet un avis défavorable au plan Michel. Même résultat pour « subsidiairement » proposer la fusion avec Genval. Unani­ mité pour demander l’appel­ lation de La Hulpe pour la nouvelle entité. À partir de là, Pierre Rouelle se tait. Il parti­ cipe de loin en loin aux réu­ nions de la cantonale de Wa­ vre des militants du Rassemblement Wallon. Quasi aucun écho dans la presse...

voix contre 92. À l’exception d’un seul (Augustin Bila), tous les parlementaires RW ont voté pour, ayant reçu l’assu­ rance d’avancées significatives dans la régionalisation. Pierre Rouelle était loin d’être indis­ pensable. De plus, ce vote in­ tervint un mois avant la réu­ nion qui fixa les communes brabançonnes.

Contre une commune limbourgeoise ? Autre thèse : Pierre Rouelle aurait échangé l’autonomie de La Hulpe contre celle d’une commune du Limbourg. Là aussi, l’analyse chronologique des événements le sort des communes limbourgeoises était arrêté bien avant le Bra­ bant invalide le scénario. Sans compter que de nombreuses communes limbourgeoises n’ont pas fusionné.

La clé est dans le botroul C’est au centre du Brabant wallon que se trouve peut­être la clé de l’énigme. Le Plan Mi­ chel proposait la fusion d’Otti­ gnies, de Court­Saint­Étienne et de Mont­Saint­Guibert. Soit le regroupement de milliers d’ouvriers (Henricot, papete­ ries, brasseries…) et la pro­ messe d’une mainmise socia­ liste. Les libéraux et chrétiens de ces communes vont propo­ ser l’isolement de Court. La suite est dans une note interne que Marcel Bourlard va adres­ ser au ministre Perin en vue de la réunion du Comité ministé­ riel des affaires wallonnes, ha­ bilité à trancher sur les fu­ sions : « Je vous demande de bien vouloir marquer votre ac­ cord sur cette proposition. Il est en effet intéressant qu’une deuxième commune ne fu­ sionne pas en raison de la solu­ tion adoptée pour La Hulpe. »

Épilogue Aux élections de 1976, Pierre Rouelle et sa liste d’entente communale fut réélu avec triomphe. Mais l’embellie fut de courte durée. Les fameux in­ vestissements se révélèrent être une catastrophe finan­ cière pour la commune, au point qu’un Commissaire du gouvernement devra interve­ nir au début des années 80. En 1982, Pierre Rouelle fut ren­ versé par Elie Delcroix (PRL), associé aux socialistes (VAL) et à l’UDRT. Il ne revint au pou­ voir qu’en 1988… mais c’était pour laisser la place à Philippe Coppé, puis à Philippe Le­ blanc. Le vieux lion ne raccro­ chera finalement qu’en 1994. Le Rassemblement wallon n’était déjà plus qu’un lointain souvenir. ■

Sté p ha n e VA N D E N E E D E


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H IS TO I RES DE F U S I ON Lasne

Les illusions perdues d’Aywières-l’Abbaye Coincées entre les vallées de la Lasne et de la Dyle, quatre petites communes rurales se sont battues jusqu’au bout pour une fusion à taille humaine.

Grappillage

Le souhait d’Argenteuil Alfred Vandercam, bourgmes­ tre d’Ohain, ne perd pas son temps. Il n’a pas encore reçu of­ ficiellement le Plan Michel que sur la base des informations parues dans la presse, il réunit son conseil communal le 29 janvier. S’il se félicite de la proposi­ tion du ministre de l’Intérieur, rencontrant selon lui le désir exprimé par la population tout entière, il s’insurge contre l’amputation de 30 % de son territoire. Le domaine d’Argen­ teuil, le monastère et l’école du Berlaimont, tout le quartier du Haut­Ransbeck sont ainsi pro­ mis à la commune de Water­ loo. Depuis le mariage de son fils Baudouin en 1960, Léopold III et sa seconde épouse se sont en effet retirés dans le domaine d’Argenteuil (140 ha). On ren­ contre la princesse de Réthy chez les commerçants locaux et toute la famille se rend à l’école d’Ohain lors des consul­ tations électorales. Cela dit, l’entrée du domaine est située sur la chaussée de Tervueren, côté Waterloo. Et Léopold, selon une note retrou­ vée dans les archives du cabi­ net Michel, préférerait que la police de Waterloo puisse en assurer les services de sécurité. Tout cela, la commune d’Ohain le conçoit aisément. Mais pas au point de céder à son envahissante voisine wa­ terlootoise tout son flanc ouest, en ce compris le hameau du Haut­Ransbeck !

Querelles mitoyennes Le ton monte d’un cran à la fin mai 1975. Waterloo et Ohain se crêpent le chignon sur l’existence ou non de réu­ nions de travail associant leurs conseils communaux.

EdA - 301689952927

C

ÔTÉ nord, Waterloo mena­ çait d’enlever 30 % du ter­ ritoire d’Ohain. Au sud, Couture­Saint­Germain, Ma­ ransart et Plancenoit rêvaient avec Glabais d’une petite entité rurale. En compagnie de Jacques Bou­ langer­Français, Richard Kege­ lart, Thierry Rotthier, Michel Goset et les archives inédites de Joseph Michel, chronique d’une année 1975 très bouscu­ lée.

L’abbaye d’Aywiers aurait pu donner son nom à la commune de Lasne.

En réalité, André Caussin, bourgmestre socialiste de Wa­ terloo et par ailleurs inspecteur général au ministère de l’Inté­ rieur , proteste avant tout con­ tre les interventions de particu­ liers qui prennent contact avec le cabinet Michel et veulent l’empêcher de faire main basse sur des terres bien nécessaires à une commune qui promettait d’être un peu à l’étroit (1 644 hectares et 20 000 habitants). Qui sont ces particuliers ? Deux conseillers communaux : Jacques Boulanger­Français et Richard Kegelart, ainsi que le

comte Jean­Jacques de Launoit, Fondée en 1214 par sainte Lu­ voisin du domaine d’Argen­ tgarde, les biens de cette com­ teuil, qui souhaitait rester sur munauté cistercienne s’éten­ Ohain. daient dans la région sur plus de 2 000 hectares. Les moniales Sécession en furent expulsées en 1796 Si le Plan Michel prônait une par la Révolution française. relative cohérence géographi­ Dans un accord parfait, les que, proposant la vallée de la trois communes, associées à Lasne pour réunir les cinq Glabais (qui devait fusionner communes, ce n’était pas du avec Genappe), organisèrent tout l’avis de trois d’entre elles chacune un référendum (lire Couture­Saint­Germain, Ma­ nos « Brèves de fusion ») et réu­ ransart et Plancenoit , qui vou­ nirent leurs conseils commu­ laient appuyer leur contre­pro­ naux entre le 21 et le 24 avril position sur l’histoire de 1975 pour en approuver les ré­ l’abbaye d’Aywiers. sultats.

Brèves de fusion Les pré-fusions ­ Lasne et Chapelle­Saint­ Lambert ont fusionné sous le régime hollandais. Très précisément le 24 septem­ bre 1821. Les élections de 1970 ­ À Ohain, cinq listes se pré­ sentent et toutes les cinq remportent des sièges. Al­ fred Vandercam, libéral d’origine ouvrière, devient bourgmestre. Au collège : Charles Paquet (maïeur sor­ tant) et Paul Vander Avoort. ­ À Lasne­Chapelle­Saint­ Lambert, Léon Collart (PLP) décroche six sièges sur neuf malgré la présence de qua­ tre autres listes concurren­ tes. Au collège : Thierry Rot­ thier et Georges Mataigne. ­ À Couture­Saint­Ger­ main, les dernières élec­ tions communales remon­ tent à 1952 ! Depuis 1959, Armand Beauclercq (PSB) est maïeur sans lutte. Au collège, Georges Castaigne et Marcel Glibert. ­ À Maransart, le « petit maïeur » Joseph Delens

(PLB) est élu sans lutte pour la deuxième fois. Bourgmes­ tre depuis 1964, il est en­ touré de Léon Beauclercq et d’Albert Saublen. ­ Enfin, à Plancenoit, Ar­ mand Druylants (PLP), bourgmestre depuis 1965, s’allie au collège avec la liste de Jacques Pirson et de Jac­ ques Logie. En fin de législa­ ture, tous deux démission­ nent et sont remplacés par Emile Delanghe et Gérard Vansaen. Référendum ­ En mars 1975, les com munes de Couture­Saint Germain, Glabais, Maran­ sart, et Plancenoit ont orga­ nisé un référendum par voie postale pour demander à tous leurs habitants, âgés de 18 ans et plus (à l’époque, on votait à 21 ans) leur avis sur la contre­proposition de Aywières­L’Abbaye. Voici, par commune, le résultat des oui : Glabais (65 %), Couture (92 %), Maransart (86 %), Plancenoit (80 %). Avec un taux global de par­

ticipation de 96 %, plus de quatre habitants sur cinq (81 %) refusaient les futures entités de Lasne ou de Ge­ nappe. Contestation ­ À Plancenoit, tout le monde n’était pas forcé­ ment d’accord. En témoigne cette correspondance fort documentée entre Jacques Isaac Castiau, directeur de la foire internationale de Bruxelles, habitant de la lo­ calité, et le cabinet de Jo­ seph Michel. Il dénonce notamment l’absence de concertation entre les autorités politi­ ques de sa commune et cel­ les de Ohain ou de Lasne. Ou encore, l’argumentation lar­ gement sentimentale et pas­ sionnelle qui a prévalu pen­ dant le référendum : « Dans ces conditions, conclut il, je suis sincèrement surpris qu’il se soit encore trouvé (...) plus de 130 habitants sur les 650 consultés pour réagir à la campagne contre le projet ministériel. »

Au total, 2 269 hectares et près de 3 000 habitants, auxquels on proposait d’adjoindre quelques hameaux à prélever sur Vieux­ Genappe, Ways et Lasne­Cha­ pelle­Saint­Lambert. Malheureusement, si cette nouvelle entité valait bien Hé­ lécine, La Hulpe ou Mont­ Saint­Guibert en superficie, ou Incourt en nombre d’habi­ tants, elle s’est heurtée à plu­ sieurs obstacles : ­ l’absence d’unanimité au sein du conseil communal de Glabais que reflète une adhé­ sion faible des habitants lors du référendum (61 %) ; ­ l’impossibilité de trouver un autre scénario pour Lasne­Cha­ pelle­Saint­Lambert et Ohain, à la suite du refus obstiné de La Hulpe et de son bourgmestre de fusionner avec qui que ce soit ; ­ aucune des quatre commu­ nes ne proposait un minimum d’infrastructures pour l’ensem­ ble de l’entité. Les fusions de­ vaient s’articuler sur un pôle attractif et ici il faisait cruelle­ ment défaut.

Vers les élections À la mi­juillet 1975, le gouver­ nement approuva donc les pro­ positions contenues ans le Plan Michel. Ohain réussit à sauver le Haut­Ransbeck et ne perdit « que » 265 hectares dans l’aven­ ture : Argenteuil, le monastère et l’école du Berlaymont, et la chapelle musicale Reine Elisa­ beth, notamment. Restée extrêmement discrète jusque­là, Lasne Chapelle­ Saint­Lambert fit montre d’une fébrilité extraordinaire en vue des élections d’octobre 1976. Léon Collart connaissant de sé­ rieux problèmes de santé, c’est en réalité son premier échevin, Thierry Rotthier, qui tenait les rênes de la commune. Alfred Vandercam, Armand Druylants et Léon Collart s’as­ socièrent dans une Liste des Bourgmestres ; Armand Beau­ clercq resta fidèle à ses convic­ tions socialistes ; et Joseph De­ lens préféra rejoindre Thierry Rotthier et le PLP­IC. En filigrane de ces luttes élec­ torales, l’enjeu était clairement de départager Ohain et Lasne. Les Maïeurs gagnèrent les élec­ tions avec sept sièges sur 19, mais les libéraux s’unirent au PSC et à la liste de Jacques Bou­ langer­Français (seul membre du collège originaire d’Ohain) pour former une majorité. Ohain, la commune la plus grande et la plus peuplée, per­ dit ainsi son nom, le maïorat et même le secrétariat communal qui fut confié à Louis Wéry, de Lasne­Chapelle­Saint­Lambert. ■

Stéphane VANDEN EEDE


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H IS TO I RES DE F U S I ON Mont-Saint-Guibert

Mariages de raison à la sauce provençale Coincée entre Ottignies, trop envahissante, et CourtSaint-Étienne, trop socialiste, Mont-Saint-Guibert s’est battu pour une commune à « regard humain ».

E

NTRE vie rurale et tissu in­ dustriel, parsemée de petits cafés et de personnages haut en couleurs, chronique politi­ que de trois petites communes entraînées dans la tourmente des fusions. En compagnie de Renée Tricot, Robert Saucin, José Pairet et Norbert Van Ryme­ nam.

Les deux Émile

Des frontières primesautières À regarder la carte de près, c’est vrai que pour Hévillers et Mont­ Saint­Guibert, il n’y avait pas le choix. À de multiples endroits, la frontière sépare les jardins des maisons et les fermes des étables. Au point qu’un agricul­ teur disait que dans sa propriété « Les gens sont à Mont­Saint­ Guibert et les bêtes à Hévillers ! » Les limites jouent même des tours pendables, aux confins de Blanmont (Chastre), d’Hévillers et de Nil­Pierreux (Nil­Saint­ Vincent­Saint­Martin) au lieu­ dit Al Vaux, près de la Tour sar­ rasine et du moulin. Malgré les demandes d’Hé­ villers, de Mont­Saint­Guibert et de la commune de Nil­Saint­ Vincent­Saint­Martin, qui prend la peine d’énoncer toutes les parcelles cadastrales qu’elle était prête à céder à ses voisins,

Corbais, dont l’ancienne maison communale est ici au premier plan, a choisi Mont-SaintGuibert, à une majorité éclatante.

Rocher

Même si Émile Jadinon (PSB) et Émile Fabry (PSC) n’étaient pas du même bord, les bourg­ mestres de Nil­Saint­Vincent­ Saint­Martin et de Corbais s’en­ tendaient bien. Au point d’envisager un destin commun pour leurs deux petites commu­ nes rurales, perchées du même côté de la N 4. Mais le Plan Michel, reçu en fé­ vrier 1975, ne l’entendait pas de la même oreille. Mont­Saint­ Guibert et Hévillers, d’une part, et Walhain­Saint­Paul et Tou­ rinnes­Saint­Lambert, d’autre part, sont regroupées séparé­ ment, laissant le choix à Corbais et à Nil­Saint­Vincent­Saint­ Martin d’opter soit pour la fu­ sion guibertine, soit pour l’en­ tité walhinoise. Fabry laisse aux électeurs la possibilité de se prononcer par référendum. Mont­Saint­Gui­ bert est choisie à une écrasante majorité. Dès lors, Émile Jadi­ non fera voter la fusion avec Walhain­Saint­Paul et Tourin­ nes­Saint­Lambert.

le ministre Michel reste sourd aux problèmes de poste ou d’immondices que cette situa­ tion abracadabrante provoquait et provoque encore. Même Robert Cluyse, le com­ missaire d’arrondissement, s’y met. À la suite d’une pétition des habitants d’Al Vaux, il dépê­ che un brigadier champêtre pour faire une enquête et en­ gage le ministre à prendre en considération le voeu des habi­ tants du hameau d’être ratta­ chés à Hévillers. En vain...

Au Provençal Mais la véritable histoire de la fusion de Mont­Saint­Guibert, loin de ses petites considéra­ tions de microchirurgie géogra­ phique, s’est jouée sur la N 4, au restaurant Le Provençal, chez Marchal. Là où le bourgmestre Jean Moisse avait ses quartiers généraux et où il rencontrait ré­ gulièrement les leaders libéraux

et sociaux­chrétiens de la ré­ gion. Philippe Grégoire, de Mont­Saint­Guibert, ou Werner Marchand, de Chastre... Il fallait trouver une parade à cette proposition du Plan Mi­ chel qui envisageait la création d’une énorme entité au centre du Brabant wallon, déjà envisa­ gée lors du premier plan de fu­ sion, proposé par le directeur de l’administration du ministère de l’Intérieur (le Plan Costard) et qui aurait englobé huit com­ munes, totalisant 26 000 habi­ tants et près de 9 000 hectares. Une commune qui serait, à coup sûr, tombée dans l’escar­ celle des socialistes, déjà en ma­ jorité absolue à Court­Saint­ Étienne, Céroux­Mousty, Limelette et Nil­Saint­Vincent­ Saint­Martin. La suite, on la con­ naît. Les huit communes vont être réparties en quatre entités et de telle maîtresse façon que les socialistes vont être éjectés

de toutes les majorités, celle de Vers les élections Mont­Saint­Guibert exceptée. En juillet 1975, le conseil des ministres scelle le destin de Le soutien du Mont­Saint­Guibert, Corbais et Rassemblement wallon d’Hévillers. Jean Moisse pro­ Un plan qui a d’autant mieux pose de garder la même formule fonctionné qu’il pouvait comp­ de cartel libéral­socialiste (pré­ ter sur l’appui du Rassemble­ sente à Mont­Saint­Guibert de­ ment wallon, présent aux côtés puis 1958). Les chrétiens se re­ du PLP et du PSC au gouverne­ groupent derrière Émile Fabry ment national. Ainsi, le RW ap­ et Christian Bourg lance sa pro­ prouvera la non­fusion de pre liste « Lien ». Court­Saint­Étienne en échange Ces premières élections d’octo­ de l’autonomie de La Hulpe où bre 1977 donneront une confor­ se trouvait le député­bourgmes­ table majorité à Jean Moisse tre Pierre Rouelle (RW). Et Mar­ mais seront teintées d’amer­ cel Bourlard, chef de cabinet­ad­ tume pour les habitants de Cor­ joint du ministre François bais. Isolés de l’autre côté de la N Perin, et, à l’époque, nouvel ha­ 4, fidèles à leur ancien bourg­ bitant de Walhain, fera le for­ mestre, il leur faudra attendre cing pour maintenir Nil­Saint­ les élections de 1988 et l’intégra­ Martin­Saint­Vincent dans tion d’Albert Everarts de Velp, l’entité walhinoise. Il s’en est chrétien actif de Corbais, dans fallu de peu que le centre géo­ l’équipe du bourgmestre pour graphique de la Belgique se re­ se sentir enfin de plein pied trouve dans le botroul du Bra­ dans la communauté guiber­ bant wallon ! tine. ■ Stéphane VANDEN EEDE

Brèves de fusion Les élections de 1970 ­ À Corbais, Émile Fabry (PSC) règne sans partage depuis 1953. En 1970, sa liste des Intérêts com­ munaux remporte 5 sièges con­ tre 2 pour les socialistes. Au col­ lège : Joseph Léglise et Auguste Casse. À Hévillers, en 1965, le flamboyant (et quelque peu mé­ galomane) Louis Giltaix (PSB) avait pris la succession de Victor Schequenne. Après deux ans, il rend son tablier, entraînant une cascade de démissions. Paul Du­ quenne (PSB, puis PLP) remporte la majorité absolue qu’il recon­ duit en 1970. Au collège, Jules Delfosse et Séverin Dewals. En­ fin, à Mont­Saint­Guibert, Jean Moisse maintient la tradition

d’un cartel PLP­PSB et remporte Beaurieux et Profondval une fusion : 32 %. Contre toute son premier maïorat avec 6 siè­ ­ À l’Ouest de Court­Saint­ fusion : 59 %. En cas de fusion ges sur 9. Au collège : Franz Étienne, une pointe de terre s’en­ obligatoire, 86,55 % pour Mont­ Burny et Jacques Ansiaux. fonce dans Mont­Saint­Guibert. Saint­Guibert et 11,24 % pour Et tout au bout, le carmel de Pro­ Walhain. Les pamphlets de Clovis fondval. Au XIXe siècle, un Woitrin soutient Corbais ­ On savait rire à Hévillers, parti­ maïeur de Court­Saint­Étienne se culièrement en période électo­ serait opposé à la cession de cette ­ Le Plan Michel prévoyait l’an­ rale. Le spécialiste des pamphlets enclave parce qu’il souhaitait s’y nexion par Ottignies de la partie était Albert Fergloute, dit Clovis. installer. À l’époque des fusions, corbaisienne (24 ha) du parc En témoigne ce morceau de bra­ le PSC était opposé à l’annexion scientifique de Louvain­la­ voure de la campagne de 1970, du carmel par les Guibertins, de Neuve. Un investissement de 80 descendant en flèche les listes de peur de perdre quelques précieu­ millions de F (2 millions €) était Christian Bourg (l’industriel de ses voix dans l’aventure... prévu par la S.A. Omnium Chi­ CP Bourg) et d’Émile Beauraing : Référendum à Corbais mique. L’administrateur général « B.B. : Non ! Ce n’est pas Brigitte, de l’UCL soutiendra Corbais, la divine Bardot que, pendant six ­ En mars 1975, la population de écrivant au ministre que le fait ans, nous aurions sur le dos. C’est Corbais a été invitée à se pronon­ qu’un parc dépende de plusieurs l’équipe Bourg­Bauraind qu’on cer, par voie postale, sur la fu­ administrations n’est en rien un aurait sur les reins. » sion. Participation : 90,28 %. Pour frein à son développement.


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H IS TO I RES DE F U S I ON S Nivelles

Quand Baulers et Nivelles se partageaient Thines Ébranlés par le départ de Jules Bary, les socialistes nivellois eurent le coup de grâce avec l’opération de fusion des communes.

siennes les propositions ministé­ rielles… à la nuance près qu’il in­ siste une dernière fois pour re­ prendre Petit­Rœulx­lez­Nivelles, quasiment enclavée sous le ring sud. La commune de Baulers, de son côté, cavale tant qu’elle peut en compagnie de Lillois­Witterzée et d’Ophain­Bois­Seigneur­Isaac au sein d’une proposition alter­ native baptisée « Baulois­sur­ Hain » (notre chronique du 8 août y sera plus largement con­ sacrée). Monstreux et Bornival adop­ tent le plan Michel sans réserve. Houtain­le­Val, à l’unanimité, opte pour la fusion avec Ge­ nappe. Quant à Thines, elle rue une fois de plus dans les bran­ cards et, forte d’un référendum dont les résultats sont résolu­ ment hostiles à toute forme de fusion, revendique encore et tou­ jours son indépendance.

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OUR les acteurs et les obser­ vateurs politiques de l’épo­ que, les années 70 furent ex­ traordinairement riches et passionnantes. Retour à une collégiale Sainte­ Gertrude en quête de finition avec les témoignages de Jacques Deflandre, Michel Delvaux, Lu­ cien Glibert, Marcel Plasman, Adolphe Triquet, René Corbisier, Francis Dernie, Gérard Servais, L’hôtel de ville de Nivelles. les journaux et les tracts électo­ raux de l’époque, ainsi que les ar­ chives inédites du ministre de l’intérieur Joseph Michel. choisir le style du couronnement de l’avant­corps de la collégiale. Succession difficile Ainsi, avec 58,6 %, le clocheton Jules Bary s’en va… et la section roman l’emporta sur la flèche go­ nivelloise du parti socialiste thique. peine à trouver un successeur à Fusions : première salve celui qui avait sorti sa ville des désastres de la guerre en la do­ En mai 1972, une commission tant, notamment, d’un magnifi­ est chargée par le conseil com­ que parc industriel. munal de donner un avis sur le Désiré Guillaume assume de regroupement de certaines com­ manière transitoire la charge de munes avec Nivelles. Elle est bourgmestre, mais il va falloir composée d’André Delem (PLP), trancher. Trois candidats : Albert de Marcel Menestret (RW), d’An­ Vander Heggen, André Sweert et dré Sweert (PSB) et d’Adolphe Tri­ Alfred Scokaert. C’est ce dernier quet, et se réunit à deux reprises. qui l’emportera, avec la bénédic­ Idéalement, écrit­elle, Nivelles tion muette de son collègue dé­ devrait réunir 13 communes et puté Marcel Plasman qui, du 12 000 habitants, piquant notam­ banc du conseil communal, as­ ment Petit­Rœulx et Arquennes à siste aux déchirements de ses al­ la province de Hainaut. En défi­ liés. nitive, elle conclut à la nécessité Quant à André Sweert, sénateur d’une fusion associant Nivelles, et président de la fédération so­ cialiste de l’arrondissement, il jettera l’éponge début 1975. À des lendemains nivellois sans avenir, il préférera désormais tenter sa Les élections de 1970 chance du côté de Court­Saint­ * Baulers. Mayeur à 32 ans et Étienne dont il est originaire. depuis 1953, l’agriculteur Lucien Glibert (PLP), à la tête d’une liste Une période faste pluraliste, remporte haut la Des aléas politiques, mais qui main les élections avec huit siè­ pèsent peu au regard de l’extraor­ ges sur neuf. Au collège, Raoul dinaire dynamisme qui était de Mosselman et François Wouters mise dans la cité de sainte Ger­ (PSC). trude. Le développement écono­ * Bornival. En 1969, à la suite mique, certes, mais aussi la cons­ du décès d’Émile Stassin, l’éche­ truction du circuit automobile vin Alexis Demoulin (PSC) de­ de Baulers, qui saluera en 1972 vient bourgmestre. En octobre et 1974 les victoires en F1 du Bré­ 1970, deux listes s’affrontent. silien Emerson Fittipaldi… avant Alexis Demoulin décroche cinq de sombrer dans la faillite de son sièges sur sept. Collège : Léon gestionnaire, la CAPENIB. Stalpaert et Albert Bottemanne. C’est aussi l’émergence de la * Monstreux. En 1970, au dé­ Maison de la culture, le combat part du bourgmestre Joseph Du­ pour le quartier du petit Saint­ bray, les 139 électeurs de Mons­ Jacques et la maison Wiringer. treux départagent difficilement Enfin, le 14 décembre 1974, c’est les deux listes concurrentes. À la consultation populaire pour

Bornival, Monstreux, Thines et Baulers. Tout Baulers ? Non ! La com­ mission suggère en effet un « troc ». Baulers cède 53 hectares dans le prolongement du quar­ tier de la Maillebotte et, en échange, reçoit 236 hectares de Nivelles et 377 de Thines (essen­ tiellement sur les terres du majo­ rat du duc de Wellington) pour lui permettre d’assumer sa voca­ tion agricole. En fait, on veut permettre à Bau­ lers de mettre sur pied une nou­ velle commune, « une ceinture verte », allant d’Ophain­Bois­Sei­ gneur­Isaac jusqu’à Houtain­le­ Val. À Thines, c’est l’esclandre. Sur la forme, parce que le conseil com­ munal reproche aux Nivellois d’avoir négocié sur leur dos

« pendant un banquet » ; sur le fond, parce qu’ils soupçonnent le bourgmestre Lucien Glibert, dont la famille est grand proprié­ taire sur Thines, de regrouper tous ses biens sous une tutelle unique. Une colère d’autant plus forte que l’administration du minis­ tère de l’Intérieur vient de rendre publiques ses propositions (le plan Costard) et qu’il n’est nulle part fait mention d’un tel dépiau­ tage.

Le plan Michel En février 1975, deuxième man­ che. Joseph Michel propose la fu­ sion à cinq, voire à six (Houtain­ le­Val), sans la moindre retouche territoriale. Le conseil communal nivellois ravale ses projets de 1972 et fait

Brèves de fusion treize voix près, Roger Vanhassel (PLP) remporte la majorité abso­ lue. Au collège : Fernand Char­ lier et Rémy Quertenmont. * Nivelles. Héritier d’une majo­ rité absolue socialiste détenue depuis 1953, Jules Bary succède à Ernest Benoît en 1962. En 1969, à 56 ans, il renonce à la politique et cède son mandat au colonel Désiré Guillaume. Aux élections de 1970, les socialistes perdent leur majorité absolue et doivent composer avec le PSC. En 1973, Alfred Scokaert reprend le mayorat. Au collège : René Du­ fond et Albert Vander Heggen (PSB), Jacques Bertrand et Marie­ Claire Henry de Generet (PSC). * Thines. Marcel Ladrière, uni­ que prisonnier de guerre de son village, devient bourgmestre en

1947. En 1970, une seule liste se présente et il est élu sans lutte. Au collège : Ernest Bouquiaux et Victor Druet. Référendums * Thines. Lors du conseil com­ munal du 26 mars 1975, il est fait état des résultats d’un référen­ dum. Avec 212 votants (92 % de participation). 79 % des Thinois se prononcent contre toute fu­ sion, 17 % y sont favorables et 4 % des bulletins ont été retrouvés blancs ou nuls. * Baulers convoque ses élec­ teurs le 23 mars 1975 afin de se prononcer pour « Baulois­sur­ Hain » ou pour Nivelles. Avec 80 % de participation, Baulois l’em­ porte (67,3 %) contre Nivelles (31,4 %).

PSC divisé Le 10 mars 1975, à l’invitation du PSC local, Joseph Michel vient défendre son plan de fu­ sions. Une note de cabinet, datée du 4, l’avait averti des profondes dissensions existant entre les sec­ tions PSC de Baulers et de Nivel­ les. Cela ne se réduisait pas, loin de là, au clivage traditionnel entre les démocrates­chrétiens et les conservateurs (l’aile droite, dite CEPIC). En effet, le projet alterna­ tif de Baulers trouvait des alliés et des détracteurs dans les deux camps. Ainsi, on trouve dans le courrier de Joseph Michel aussi bien des lettres de Marcel Plasman que de Paul Vanden Boeynants pour ve­ nir en aide, notamment, au bourgmestre d’Ophain, le célèbre baron Jean Snoy d’Oppuers, an­ cien ministre des Finances (PSC) et signataire du Traité de Rome. En définitive, ce qui fut autorisé à Incourt, Ramillies ou Ittre, peti­ tes communes rurales à faible densité, fut refusé à Baulois­sur­ Hain. Garder le mayorat à Brai­ ne­l’Alleud et le gagner sur les so­ cialistes nivellois pouvait bien se payer d’un peu d’ingratitude, fut­ elle peu chrétienne, vis­à­vis du baron Snoy.

Vers les élections En octobre 1976, comme à Wa­ vre, les « petits maïeurs » vont se liguer sur les listes libérales et chrétiennes contre la citadelle so­ cialiste. Malgré ses 2 373 voix de préférence, Alfred Scokaert n’ob­ tient pas la majorité absolue. Marcel Plasman et Lucien Gli­ bert n’ont plus qu’à ramasser les clés de l’hôtel de ville. ■

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Quand Orp-le-Grand vacillait entre Liège et Brabant Aux confins du Brabant wallon, sur fond de rivalité avec Jauche, Orp-le-Grand peine à choisir son destin et sa province.

campagne pour inverser la dé­ cision. Le conseil se réunit le 27 février. La salle est comble. Au vote, seuls les socialistes (à l’exception de Mme Francou, qui se désolidarise de son groupe), persistent pour Liège. Comme le bourgmestre avait donné la parole aux habitants qui assistaient au conseil, les socialistes vont menacer de faire casser la décision. Pour plus de sécurité, Fernand Bronckart réunit le conseil une troisième fois, le 21 avril. On revote. Même résultat. Cette fois, c’est la bonne.

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Dans les autres communes

Orp-le-Grand a hésité avant de choisir le Brabant. -

ETTE nuit d’avril 1970, sur la route d’Orp­le­Grand, une voiture quitte sa tra­ jectoire et un bourgmestre se meurt. Jean de Saint­Hubert, et son père avant lui, avait la haute main sur la commune d’Orp­le­Grand. Bourgmestre libéral depuis 1953, il était le dernier représentant de cette famille qui, depuis la fin du XIXe siècle, avait assuré le dé­ veloppement commercial et industriel de cette petite con­ trée au croisement des provin­ ces de Brabant, de Liège et de Namur. Il faut choisir un successeur. Deux prétendants. Fernand Bronckart (PLP) et Louis Mas­ son (PSC). Les conseillers de la majorité (cartel libéral­chré­ tien) se réunissent. Philippe de Saint­Hubert, cousin de Jean mais proche du PSC, prend la parole et défend la candidature de Bronckart. Un vote intervient, il est sans ap­ pel. Aux élections de 1970, la ma­ jorité est reconduite… mais de

justesse. Bronckart peut compter sur six conseillers, mais il sait qu’il devra compo­ ser avec les cinq socialistes de la minorité. Entre autres, sur la question des fusions. Dès 1968, le conseil s’était posi­ tionné pour un regroupement avec Linsmeau, Marilles, No­ duwez et Pellaines (Liège) mais cela n’avait abouti à rien. Entretemps, en 1970, les trois communes de Jauche, d’Éni­

nes et de Folx­les­Caves, diri­ gées par des socialistes, avaient réussi à se réunir et dé­ passaient désormais sa rivale d’Orp en nombre d’habitants. À partir de là, le balancier ne va pas arrêter d’osciller. Dans un premier temps, la com­ mune va défendre un projet de fusion reprenant l’ensemble du doyenné d’Orp. Un con­ seiller de Joseph Michel va même rencontrer le collège à

Brèves de fusion Les préfusions En moins de deux siècles, onze communes vont fusionner en une seule. En 1795, les révolutionnaires français font le ménage dans le canton de Jauche en fusion­ nant Marilles et Nodrenge, Noduwez et Liber­ tange et le Maret avec les deux Orp. Le 14 juillet 1812, Napoléon signe un décret unissant Jandrain et Jandrenouille. De 1824 à 1893, Noduwez sera fusionné avec Linsmeau (Hélécine). Enfin, Jauche fusionne avec Énines et Folx­les­Caves le 17 juillet 1970. Le Doyenné d’Orp

Les élections de 1970 Les socialistes décrochent le maïorat à Jauche avec 8 élus sur 13 (Willy Ghenne) et à Jandrain­ Jandrenouille avec 4 élus sur 7 (Richard Detom­ bes). Le PLP et le PSC se présentent en cartel à Ma­ rilles (Henri Germeau PSC) et à Orp­le­Grand (Freddy Bronckart PLP). Enfin, Noduwez connaît un résultat très serré... et un coup de théâtre. Deux voix seule­ ment séparent les deux listes en présence et le candidat bourgmestre, Georges Renquin, voit son élection invalidée pour résidence fictive. Edgard Collin (indépendant) le remplace.

Créé à la fin du XIXe siècle, le doyenné d’Orp Plans en pagaille regroupe, en plus des huit paroisses d’Orp­Jau­ che, les paroisses d’Autre­Église, de Linsmeau, Avant le Plan Michel, de février 1975, d’autres d’Opheylissem et de Neerheylissem... projets existaient. Ainsi, l’ULB préconisait une fusion associant Orp­le­Grand avec Noduwez « Fusion politique » et les trois sections du futur Hélécine. Jauche Les trois bourgmestres socialistes de Jauche aurait repris Marilles, Autre­Église et Ramillies­ (Willy Ghenne), Énines (André Stas) et Folx­les­ Offus. L’Union des Villes et Communes, quant Caves (Auguste Baccus, député puis sénateur à elle, associait les trois villages de Hélécine de 1954 à 1969) s’entendent bien et décident avec Linsmeau et Racour (Liège) ; Orp gardait d’unir leurs destinées. Du coup, la nouvelle Marilles mais décrochait Grand­Hallet, Lincent commune de Jauche (« les Mougneus d’bouïon et Pellaines de la province de Liège. ») dépasse Orp et atteint 2100 habitants... Enfin, Jauche était confinée à la portion con­ Auguste Baccus décède en 1969 et est remplacé grue avec Jandrain­Jandrenouille et Autre­ pour quelques mois par Raymond Gramme. Église.

ce sujet. Dans son rapport au ministre, il note que la com­ mune de Jauche est hostile à la fusion avec sa voisine et que le PSC local veut rester en Bra­ bant. Mais que veut Fernand Bronckart ?

La majorité divisée Bronckart hésite. Il trouve que sa commune est enclavée dans le Brabant, sans accès di­ rect sur l’autoroute. De plus, ses origines familiales (Lin­ cent) mais aussi l’envie des so­ cialistes de se retrouver dans une province plus favorable à leurs ambitions politiques lui laissent entrevoir une majo­ rité alternative sur le rattache­ ment à Liège. À l’arrivée du Plan Michel, en février 1975, il réunit tous les conseillers communaux dans une « commission de con­ tact ». Une instance souple et informelle qui lui permet de prendre la température du conseil avant le débat public. L’idée d’un référendum, aux termes jugés trop équivoques, est rapidement rejetée. Le maïeur expose les options du Plan : le Brabant avec Jauche ou commune­pilote dans la province de Liège. On vote. Une majorité se dégage pour Liège. Les chrétiens du Cartel et Mm Francou (PS) sont mis en minorité.

Orp en ébullition Dès que la nouvelle est con­ nue, l’émotion est énorme. Les catholiques, avec l’appui no­ tamment du député perma­ nent Courtoy, mènent une

À Jandrain­Jandrenouille et à Marilles, le 20 mars, Richard Detombes et Henri Germeau font approuver le Plan Michel. À Jauche, on se réunit le 21 avril. Le conseil, à majorité socialiste, approuve le Plan Michel. Il souhaite néan­ moins voir s’y ajouter la com­ mune de Huppaye, où la mino­ rité socialiste défend la même thèse et y organise une péti­ tion de soutien. Il refuse le nom de Orp­Jauche, préférant plutôt La Gette, La Marne… ou Jauche, tout simplement. À Noduwez, on attend la der­ nière limite, le 2 mai, pour se positionner. Là aussi, la majo­ rité est divisée. L’échevin Jean Lacroix, habitant Libertange, est favorable à la fusion avec Hélécine ou, à tout le moins, au détachement de son ha­ meau isolé par l’autoroute de Liège. Finalement, le Plan Mi­ chel sera approuvé à l’unani­ mité moins une abstention…

Vers les élections À la mi­juillet 1975, la déci­ sion tombe. Comme Jodoigne et Perwez, Orp­Jauche paie les frais de la création inopinée de la commune de Ramillies. PSC et PLP, cette fois se présentent seuls. Jean Pirsoul se lance. Il vient d’avoir 25 ans et c’est le minimum requis pour se pré­ senter. Bronckart propose à Er­ nest Courtoy, député perma­ nent PLP d’Énines et mentor du jeune Louis Michel, de me­ ner la liste. Il décède en août, quelques semaines avant le scrutin. Au soir des élections, les so­ cialistes emportent 8 sièges sur 17 et ratent de peu la majo­ rité absolue, libéraux et chré­ tiens s’allient une dernière fois, et proposent Fernand Bronckart à la fonction de bourgmestre. Au collège, pas un seul représentant de Jau­ che ! ■

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OTTIG N IES - LOU VA I N -L A- N EU VE

La guerre des comtes n’aura pas lieu Deux comtes, deux notaires, c’était peutêtre trop pour une nouvelle commune, fût-elle le « botroul » du Brabant wallon.

Archives UCL

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L y avait les comtes Goblet d’Alviella à Court et du Monceau de Bergendael à Ottignies ; et les notaires Somville et Sohier. Cela a­t­il joué ? En tout cas, la fusion ne fut pas de tout repos : réfé­ rendum à Céroux­Mousty, ré­ signation à Limelette, re­ mous socialistes à Ottignies… Et pendant ce temps, à Lou­ vain­la­Neuve, le béton avance. « Court­Saint­Étienne, ra­ conte Yves du Monceau de Bergendael, on y allait bien plus souvent qu’à Bruxelles. Pour aller voir les filles au Foyer populaire, ou faire ses courses au marché, fusionner avec eux cela paraissait sur­ réaliste. » En attendant, s’il faut en croire Jean Sondag, sénateur honoraire et ancien con­ seiller communal de la mino­ rité à Céroux­Mousty, tout plaidait pour cette fusion : co­ hérence urbaine (la chaussée de Nivelles), unité géographi­ que (la Dyle), moyens finan­ ciers et humains démulti­ pliés… Alors ? Alors ? Les ambitions politi­ ques, mâtinées de calculs électoraux, sont souvent plus forts qu’un lord­maire, fût­il de Virton. L’Union des Villes et Com­ munes, l’ULB, le Plan Cos­ tard, le Plan Michel : tous ont plaidé pour une fusion des deux cités. Mais cela aurait donné trop de poids aux so­ cialistes quand les libéraux du comte Goblet d’Alviella et les sociaux­chrétiens du comte du Monceau eussent préféré un autre scénario. Les histoires de fusion à Ot­ tignies ne se résument pas à ça !

Même Michel Woitrin, ad­ ministrateur du site, s’est fendu d’une lettre au minis­ tre et d’une interview télévi­ sée pour dire qu’il n’était pas demandeur. Et pourtant, Michel y a cru jusqu’au bout. Et même aujourd’hui : « Ottignies­ Louvain­la­Neuve, c’est un nom à courant d’air et cela ne rime à rien. Nous savions, dès 1975, que le campus pren­ drait de l’expansion et abrite­ rait, dans les cinquante an­ nées, plus de 50 000 habitants. Plus que toutes les autres sections réunies. Ré­ Pas de Louvain-la-Neuve ! sultat : le nom de la com­ S’il est une chose sur la­ mune est constamment quelle tout le monde s’est ac­ abrégé. » cordé, de part et d’autre de la Limelette et Otticelicourt vallée de la Dyle, c’est sur le refus de voir la nouvelle com­ C’est le 20 mars 1975 que le mune s’affubler du nom de la conseil communal de Lime­ cité universitaire. lette se réunit. Sous la prési­ Les socialistes pour des rai­ dence d’Antoine Sténuit, il sons idéologiques ; les Ottin­ fait siennes les conclusions tois par fierté ; et tous les suivantes : non à la fusion (la autres pour en ajouter une commune est viable dans ses couche aux déjà très nom­ limites) ; si c’est inévitable, breux griefs qu’ils formu­ nous sommes prêts à nous laient à l’encontre du plan unir à Ottignies, Limelette et Michel. Court­Saint­Étienne ; non à

Yves du Monceau de Bergendael, à droite, aux côtés de Michel Woitrin, fondateur de Louvain-laNeuve.

Louvain­la­Neuve ; oui à… Ot­ née, et je réprouve ce procédé ticelicourt ! qui n’est pas loin de rappeler « Nous ne sommes pas des certaines revendications ter­ ritoriales qui firent les épo­ Sudètes » ques troublées de l’entre­ Le quartier de la Baraque, deux­guerres et permirent le c’était de vieilles maisons dé­ dévelopement de certaines tenues par des personnes ins­ théories totalitaires anti­dé­ tallées depuis très long­ mocratiques. Les habitants temps. Rien à voir avec le de La Baraque ne sont pas des champ de roulottes Sudètes ! » d’aujourd’hui et cette atmos­ Une fusion inexorable phère singulièrement cham­ pêtre, coincée entre la N4 et Mais la machine était en les plate­forme pétrolière du route… et rien ne semblait site universitaire. l’arrêter. Unifier le domaine Le hameau était sur les ter­ de l’Université, assurer une res de la commune de Corroy­ maîtrise sociale­chrétienne, le­Grand et la guerre fit rage développer les deux pôles ur­ entre cette dernière et Otti­ bains tout en maintenant un gnies. Morceaux choisis… caractère rural. Telles étaient À l’occasion d’un conseil les lignes directrices de la ma­ communal de Corroy­le­ jorité ottintoise. À ce point Grand, en juin 1974, alors que affirmées et réaffirmées circulaient déjà des bruits qu’elles firent taire toutes les d’annexion autour du quar­ résistances. tier de La Baraque, le premier En mars, le collège envoya échevin Bourgaud fit circuler une lettre ouverte à la popu­ une motion. lation. Très longue lettre Et il déclara ceci au journa­ mais un cri de guerre : « Ot­ liste du Soir : « Je m’insurge gni a tode sti et d’mère li bo­ contre l’attitude d’Ottignies troul del Brabant wallon ! » Il qui agit à l’insu des représen­ en fut ainsi. tants de la poulation concer­ ■ S t é p h a n e VA N D E N E E D E

UNE PUBLICATION DES ÉDITIONS DE L'AVENIR S.A. BRABANT WALLON 1300 WAVRE, place Henri Berger 2 PRÉSIDENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION : Pol HEYSE ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ : Eric SCHONBRODT RÉDACTEUR EN CHEF ET ÉDITEUR RESPONSABLE : Thierry DUPIÈREUX Route de Hannut 38 - 5004 Namur-Bouge Tél. : 081/24 88 11 - Fax : 081/22 60 24 CHEF D'ÉDITION : Nicolas Mamdy infobw@lavenir.net - www.lavenir.net REDACTION : Tél. : 010/84 98 21 - fax : 010/84 98 19 SERVICE CLIENTÈLE : Contacts librairies : libraires@lavenir.net Tél. 0800/14 145 - fax 0800/14 152 Abonnements : abonnes@lavenir.net Tél. 081/23 62 00 - fax 081/23 62 01 Commandes photos : tél. 081/24 88 11 CBC 193-1234942-56 PROMOTION ET DIFFUSION : Tél. : 081/24 88 11 - fax : 081/23 62 01 PUBLICITÉ NATIONALE : L’Avenir Advertising 081.248 939 sales.national@lavenir.net www.lavenir.net PUBLICITÉ RÉGIONALE : Pierre CUNIN : 010/84 98 07 PUBLICITÉ EN LIGNE : Pierre CUNIN : 010/84 98 07 pierre.cunin@lavenir.net www.lavenir.net PETITES ANNONCES : petitesannonces@lavenir.net www.lavenir.net NECROLOGIE : Tél. 070/23 36 93 - Fax 070/23 36 97 Ce journal est protégé par le droit d'auteur, tous droits réservés. Si vous souhaitez copier un article, une photo, une infographie en de nombreux exemplaires, les utiliser commercialement, les scanner, les stocker et/ou les diffuser électroniquement, veuillez contacter Copiepresse au 02/558 97 80 ou via info@copiepresse.be. Plus d'infos : www.copiepresse.be


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À cinq et pas à dix : Perwez, le marché de dupes Perwez voulait dix communes, le Plan Michel lui en donnait sept. Finalement, ce fut cinq. Et encore, sans grandes effusions.

Adieu Noville Bien sûr, on a fait le deuil de Noville­sur­Mehaigne, une pe­ tite localité de 600 habitants qui devra rejoindre la province de Namur. Située dans le bas­ sin de la Meuse, plus proche d’Éghezée et de la vie économi­ que namuroise, elle est pro­ mise au regroupement avec Éghezée. « Une juste compensation s’impose », écrit le bourgmes­ tre Jacquemin qui lorgne dé­ sormais sur d’autres commu­ nes, situées à l’est et au sud. Côté Namurois, il rêve de Liernu et d’Aische­en­Refail. Le conseil communal du 9 dé­ cembre 1974 considère que les diverses études démontrent « à suffisance que ces commu­ nes sont situées indubitable­ ment dans la zone d’attraction de Perwez. » Et comme si cela ne suffisait pas, il souhaite également re­ prendre Grand­Leez !

La mort dans l’âme

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ERSONNE ne voulait de Perwez et la chaussée ro­ maine Brunehaut, de Co­ logne à Bavay, s’est révélé être une barrière infranchissable. Avec Marcel Strale, Paul Moi­ nil, les journaux de l’époque et les archives inédites de Joseph Michel, chronique douce­ amère d’une illusion perdue… En cette fin d’année 1974, la petite ville de Perwez roule sur du velours. Les projets foison­ nent et toutes les supputations liées aux fusions de commu­ nes promettent un bel avenir à la future entité perwézienne. Le foyer culturel est en bonne voie. Il faut encore régler quel­ ques détails mais la maison de la Grand­Place lui est promise. On vient aussi de décider la construction d’un complexe sportif. Même l’IBW est de la partie en proposant la créa­ tion, près de la ferme du Seu­ may, d’un magnifique plan d’eau à finalité touristique. Seul bémol, majeur, la faillite de l’usine de conserves Culina, à Thorembais­les Béguines, di­ rigée par Georges Lambrecht et qui comptait une vingtaine de postes permanents et 200 emplois saisonniers. On parle d’un rachat par Saupiquet…

rale qu’en périphérie de petites villes homogènes comme Jo­ doigne (socialiste) ou Perwez (catholique).

Orbais et son CPAS propriétaire de 180 hectares ne voulaient pas fusionner avec Perwez.

Détricotage Février 75. Le Plan Michel ar­ rive. Les cinq communes du futur grand Perwez, certes, mais aussi Gérompont (moins le hameau de Hédenge) et Grand­Rosière. Un à un, tous les conseils communaux con­ cernés rendent leur avis. Surprise : personne ne veut de Perwez ! Les deux Thorembais, Malèves et Orbais se concer­ tent et veulent fusionner à quatre. Ou alors, dit Thorem­ bais­les­Béguines, avec In­ court. Pourquoi ? Orbais, dans sa délibération du 14 mars 1975, est la plus explicite. La commission d’assistance pu­ blique (le CPAS) est proprié­ taire de 180 hectares et préfére­

rait gérer ce petit magot entre petites communes rurales, to­ talisant quelque 2 500 habi­ tants. Le remembrement est ter­ miné pour les quatre insou­ mis, le réseau des routes est jugé en bon état (ce qui est loin d’être le cas à Perwez), la mai­ son communale de Thorem­ bais­Saint­Trond serait dis­ tante d’à peine deux kilomètres des trois autres… Alors pourquoi se fatiguer ?

Les promesses de Michel Jules Jacquemin ne se décou­ rage pas. Comme tous les man­ dataires et secrétaires commu­ naux des environs, il se rend, à la mi­avril 1975, à la salle de ci­

néma L’Étoile, à Jodoigne, pour participer à une réunion de travail avec Joseph Michel. Autre­Église organise son pro­ jet alternatif avec Huppaye, Grand­Rosière, Gérompont et Ramillies. Mais Joseph Michel est ferme et définitif : son plan s’impo­ sera partout. C’est sans comp­ ter l’influence du Rassemble­ ment wallon (près d’un quart de l’électorat aux élections de 1974 ; deux députés et un séna­ teur) qui va soutenir Ramil­ lies, aidé en cela par les secré­ taires communaux (et en particulier René Colen à Gé­ rompont) qui trouveront leur sort nettement plus enviable dans une grande commune ru­

Lendemains de fusion

Brèves de fusion Pré-fusions Malèves a fusionné avec Sain­ te­Marie le 31 juillet 1812 (c’est un vendredi et Napoléon est à Vitebsk, sur la route de Mos­ cou, quand il signe ce décret). Wastinnes attendra le 3 février 1822, sous le régime hollan­ dais, pour les rejoindre. Scrutin 1970 : deux Legros au collège de Perwez À la suite du scrutin commu­ nal d’octobre 1970, Marcel Istas (libéral­chrétien) devient bourgmestre de Malèves Sain­ te­Marie­Wastines (483 habi­ tants) avec E. Becquevort et L. Libert comme échevins. À Orbais (543 habitants), Paul Coppin (PLP) l’emporte de peu devant la liste Melotte. Au col­ lège, les échevins Bidoul et Go­ vaerts. À Perwez (2 952 habitants), quatre listes se sont présentées au suffrage. Jules Jacquemin, malgré une liste démocrate­ chrétienne (Paul Moinil) garde la majorité absolue et s’entoure

de Marcel Legros et de François Legros. Enfin, les deux Thorembais n’ont pas voté. Bourgmestre « sans lutte », René Seha (IC, tendance chré­ tienne) dirige Thorembais­les­ Béguines (527 habitants) avec F. Lekeux et M. Vankoekelberg. Maïeur « sans lutte » égale­ ment, Charles Hanquet (IC), qui avait remplacé Joseph Lem­ pereur, s’entoure des échevins Lepage et Zimmerman à Tho­ rembais­Saint­Trond (878 habi­ tants). De Noville à Wavre Depuis 1806, un pèlerinage de 30 kilomètres (et retour) part, le dimanche suivant la Saint­ Jean, de Noville­sur Mehaigne vers Notre­Dame de Basse­Wa­ vre. Ce « grand tour » qui ras­ semble encore une douzaine de personnes est le dernier lien de Noville avec sa province d’ori­ gine. Cette paroisse, au mo­ ment des fusions, dépendait du doyenné de Perwez. René Van­

La proposition interministé­ rielle du 14 juillet 1975 consa­ cre Ramillies et, surtout, ré­ duit à néant les prétentions démesurées d’Orp­Jauche, de Jodoigne et de Perwez. Déme­ surées ? En définitive, malgré les ukases ministériels qui voulaient, au terme de chaque fusion, 10 000 habitants pour chacune des nouvelles entités. Aucune des quatre, à cause de Ramillies, n’a pu y arriver. Jules Jacquemin apprend la nouvelle le jour même, crie au « complot libéral » et en­ chaîne lettre sur lettre pour ré­ clamer la révision de la déci­ sion… mais rien n’y fait. La descente aux enfers ne s’est pas arrêtée là. Loin s’en faut. Excédés par sa gestion dictatoriale, la section du PSC ainsi que ses deux échevins Le­ gros, à l’approche des élections d’octobre 1976, montent une liste indépendante. Paul Moi­ nil, démocrate­chrétien pro­ che du MOC, en fait autant. Jacquemin regroupe les cinq bourgmestres sur sa liste mais échoue très loin (6 sièges sur 17) de la majorité absolue. Un collège tripartite se met en place avec Marcel Strale comme bourgmestre.

derbeck, toujours curé à No­ ville, a alors proposé de rejoin­ dre le doyenné de Leuze (sous Éghezée). « Sans regret, dit­il aujourd’hui. Nous n’avions pas beaucoup de contacts avec eux. » Frontières et chaussée romaine Les Romains construisaient leurs chaussées sur les crêtes et les lignes de partage des eaux. L’Ancien régime allait suivre le mouvement dans l’établisse­ ment des limites entre les pro­ vinces. À un moment donné, le Ministère de l’intérieur a ima­ giné donner les territoires au sud­ouest de la E 411 à la com­ mune de Gembloux, histoire de faire coïncider le plus possi­ ble la frontière avec la belle li­ gne droite des Romains. « Pas question, répondit en subs­ tance le conseil communal de Perwez. Des entreprises pro­ ches de la station­service d’Ais­ che­en­Refail sont domiciliées chez nous et nous versent des taxes. » On en est resté là.

Marcel Strale essaie de rattra­ per le temps perdu. Avec son collège, il s’attaque aux inces­ santes inondations de la rue de la Station et de la Grand­Place. Les travaux commencent au complexe sportif. À Seumay­ Plage, le projet est abandonné : il faudrait construire des di­ gues pour protéger les terres agricoles avoisinantes et, de toute façon, le plan de secteur qui se met en place, interdira de telles activités à cet endroit. Il faut aussi faire face à tous ces secrétaires communaux, ouvriers et employés adminis­ tratifs qu’il faut maintenant recaser en une seule entité. Ju­ les Bertrand devient secrétaire communal en titre et entame avec son nouveau bourgmes­ tre une « cohabitation » quel­ que peu orageuse. Le 1er janvier 1977, André Antoine va avoir 17 ans. En­ core dans la ferme de ses pa­ rents, à Petit­Rosière (Gérom­ pont), il vient de rater sa première entrée dans Perwez. Ce n’est que partie remise. ■

Sté p ha n e VA N D E N E E D E


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R AMILL I ES

Qui a mené la bataille des onze clochers ? Une victoire a beaucoup de pères, dit le dicton. À Ramillies, petite miraculée des fusions de communes, cela se bouscule sur la ligne d’arrivée…

les libéraux bien sûr, mais aussi avec les catholiques Courtoy et Jeurissen. Il pressent qu’il n’aura aucun avenir politique de ce côté­là. Le 15 avril, tout le monde se retrouve à Jodoigne, pour « ac­ cueillir » Joseph Michel au ci­ néma L’Étoile, à la Grand – Place. Son échevin Alfred Seu­ tin prend violemment à partie le bourgmestre de Jodoigne, René Basecq, à propos de la route à refaire entre les deux communes. Le lendemain soir, le conseil communal de Huppaye, mal­ gré un dernier baroud d’hon­ neur des socialistes, toujours aussi « jauchois », s’aligne sur les quatre communes rebelles.

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Premières réunions Et Gérompont s’organise et fé­ dère autour d’elle. Des invita­ tions sont lancées vers Glimes, Jauchelette, Autre­Église, Hup­ paye, Ramillies­Offus et Grand­ Rosière­Hottomont. On rêve d’une commune à sept, sous le nom de Gérom­ pont, entre Jauche, Perwez, Jo­ doigne et Éghezée. Colen pré­ pare des dossiers, des arguments. Il monte à Bruxel­ les ou fait venir des sommités de l’Union des villes et commu­ nes, comme Baudouin de Grunne. Le Plan Michel arrive Début février 1975, le Plan Mi­ chel arrive dans les collèges. Conforme à toutes les études antérieures (Plan Costard, ULB, Union des Villes…), il maintient le dépeçage du groupe des sept sur quatre communes périphé­ riques. La réaction est lente à démarrer. Finalement, le 21 mars, tout le monde se retrouve à Gérom­ pont. Tous ? Non. Déjà Jauche­ lette fait faux bond. Le bourg­ mestre Fernand Dardenne (PSC) s’est fait crosser par le dé­ puté permanent Émile Courtoy

Dénouement

Ramillies-Gare

Mi­juillet. L’attente est fébrile. Les chrétiens tentent encore d’infléchir le destin d’Huppaye. Jules Bastin, chef de cabinet de Joseph Michel, envoie une der­ nière note à son patron l’enjoi­ gnant à fusionner Huppaye Jean-Pierre Berchem remporte les avec Jodoigne. Mais rien n’y premières élections dans la fait. La pression du RW est commune fusionnée de Ramillies. maximale. Colen et d’autres se retrouvent un soir au bureau namurois du RW, en compa­ et est sommé de rentrer dans le libérale comme opposition so­ gnie d’Alberte Lekeux, une mi­ rang jodoignois. L’enjeu ? Les cialiste, tout le monde hésite. litante de Mont­Saint­André. Le 50 voix catholiques du couvent La minorité, emmenée par téléphone sonne. C’est Bour­ de la ferme de la Ramée. l’instituteur Marcel Martin, lard : « Vous l’avez votre Ramil­ Glimes se détache également. veut se joindre aux socialistes lies ! » Ernest Courtois, ancien député de Jauche. Thyrion ne sait pas À Huppaye, les socialistes sont permanent PLP d’Enines, con­ sur quel pied danser. pris de vitesse. Ils décident de vainc Robert Degrauw de lais­ Dans un premier temps, début se tourner vers Jodoigne, ras­ ser filer la commune pour sou­ avril, il fait voter une motion Démarchage semblent des dizaines de signa­ tenir Barras sur Incourt. refusant absolument la fusion tures et font parvenir le tout à et demandant de rester auto­ Reste à vendre le « produit ». Joseph Michel à la fin octobre. Valse-hésitation à Huppaye nome jusque 1983, le temps de Grâce à son frère Paul, Jean­ Beaucoup trop tard. À Huppaye, dans la commune voir où soufflera le vent. Il Pierre Berchem entre en con­ Vers les élections de Gustave Thyrion, majorité prend contact à Jodoigne, avec tact avec Marcel Bourlard, habi­ Gustave Thyrion travaille donc son destin ramillois. Il réunit sur sa liste, à l’exception de Jean­Pierre Berchem, la plu­ Les préfusions. À Grand­Rosière­Hottomont, Marcel Marchal part des bourgmestres et éche­ Huppaye a été détachée de Jodoigne en 1795, sous (PSC) met fin aux vingt­quatre années de mayorat vins des cinq communes. Mais la Révolution française. À cette occasion, rappelle libéral exercé par Louis Leroy et s’associe au col­ il commet deux bourdes. Il Gustave Thyrion, le vin et la bière ont coulé à flot lège avec Auguste Cupers et Florent Pauwels. sous­estime gravement la po­ pendant huit jours et huit nuits ! À Gérompont, Jules Colon et Henri Detraux pularité de Robert Degrauwe Le hameau de Molembais­Saint­Pierre lui fut ad­ (bourgmestre et échevin sortant de Bomal), boi­ « Tu ne feras pas quatre voix » joint le 12 novembre 1811. Toujours sous l’occupa­ vent une pinte au Cheval Blanc (Jodoigne) avec et s’aliène les libéraux de tion française, Ramillies et Offus ont été regroupés l’avocat François Berchem (frère de Jean­Pierre), et Grand­Rosière en refusant la le 14 janvier 1812. Période hollandaise : fusions de lui proposent de mener la liste. Il accepte, il gagne candidature de Charles Lem­ Grand­Rosière et de Hottomont et de Geest­Gé­ les élections et prend Marcel Delwiche, Ernest ploy : « Je ne prends pas de vi­ rompont avec Petit­Rosière, toutes deux le 1er Laurent et Henri Detraux dans son collège. toulèt (NDLR : petite boulette mars 1822. ­ À Autre­Église. Jean­Pierre Berchem se présente de viande) sur ma liste. » Enfin, dans le cadre des fusions volontaires, pour la première fois mais avec une liste incom­ Louis Leroy s’étrangle de co­ Geest­Gérompont­Petit­Rosière, Bomal et Mont­ plète (6 sur 7). Il renverse Jules Salmon (PSC), mais lère, la scène se passe au café Saint­André ont uni leurs destinées sous le nom de avec un siège de majorité (4 contre 3). des Neuf Provinces, et maudit Gérompont. Si on ajoute Hédenge, petit hameau À peine élu, son premier échevin, André Deneus, le maïeur d’Huppaye : « P’tëte écartelé entre Autre­Église et Bomal, cela nous fait disparaît dans la nature et aucun des deux sup­ bote, tu le paieras toute ta onze clochers. Le compte est bon ! pléants ne peut monter (incompatibilité familiale vie ! » ou professionnelle). Ils se retrouvent à trois contre Aux élections de 1976, Ber­ Les élections de 1970. trois et l’opposition est favorable à la fusion avec chem remporte la majorité À Huppaye, Gustave Thyrion (PLP), en place de­ Jauche ! avec 7 sièges contre 5 pour Thy­ puis 1964, reconduit sa majorité. Échevins : Alfred Histoire de prendre tout le monde de court, il rion. Le parti socialiste, écœuré Seutin et Fernand Paris. écrit discrètement au ministère de l’Intérieur pour par la tournure des événe­ À Ramillies­Offus, Freddy Raymaeckers (IC­Chré­ obtenir une élection partielle, et il l’obtient. Il pré­ ments, se disloque complète­ tien), successeur de René Sacré en 1965, remporte sente alors la candidature de Constant Gousen­ ment et ne conserve qu’un 6 sièges sur 7 et est entouré d’Albert Rems et de Ca­ bourger... qui rejoindra, par la suite, André Dotre­ siège. Le règne de l’inoxydable mille Avelange. mont au sein du collège. Dr Berchem est en marche… Ce sera Ramillies et pas Gé­ rompont. La plus grosse des cinq communes (1 300 habi­ tants) faisait déjà peur. En dis­ cussion sur la place de la Gare de Ramillies, raconte­t­il, Ro­ bert Degrauwe a une illumina­ tion. Cet endroit est au centre géographique de la future com­ mune (Autre­Église, Ramillies et Gérompont ont d’ailleurs chacun une emprise sur la place) et ce nom glorieux, à la suite à la bataille de 1706, peut faire l’unanimité. Et tant qu’à faire, tous les protagonistes s’engagent à installer la future maison communale sur le site de la gare.

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OMMENT cinq petites bourgades rurales (4 000 habitants) firent­elles la ni­ que aux puissantes communes avoisinantes et battirent Jo­ seph Michel à plate couture ? Une ébauche de réponse avec les témoignages de Jean­Pierre Berchem, Marcel Bourlard, René Colen, Robert Degrauw, Charles Lemploy, Marcel Martin, Freddy Raymaeckers, Gustave Thyrion ; avec des ar­ chives inédites ; avec les tracts électoraux et les journaux d’époque. En 1972­1973, alarmé par les bruits d’une nouvelle opéra­ tion de fusions (la presse venait de dévoiler un plan ultra­secret de l’administration, le Plan Costard), René Colen, secrétaire communal de Gérompont, in­ terpelle le conseil : « Bon et cette affaire de fusion, qui va s’en occuper ? » Robert Degrauwe est dans l’opposition, mais il se propose. Son médecin est Jean­Pierre Berchem, bourgmestre à Autre­ Église, et lui aussi se pose des questions. Ils travailleront main dans la main.

tant Walhain­Saint­Paul et chef de cabinet adjoint du ministre RW François Perin. Côté libéral, Robert Degrauwe est emmené par le très influent Ernest Courtoy dans tous les cabinets libéraux de la capitale. Pour en ajouter une couche, une grande manifestation mo­ torisée rassemble plus de 200 voitures le dimanche 28 juin. Démarrant à Huppaye, elle se termine sur la place de la gare par un discours de Jean­Pierre Berchem. Huppaye continue à hésiter : seules sept voitures ont fait partie du cortège. Une seconde manifestation est pré­ vue le 13 juillet… mais en haut lieu, on sait la partie gagnée.

Brèves de fusion

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Les Monseus de Rebecq l’emportent sur les Cayoteux de Quenast En conclusion d’une superbe partie de billard, René De Smedt tire son épingle du jeu et devient, en 1977,le premier maïeur du grand Rebecq.

lon est de faire aboutir la création de quatre plus peti­ tes entités : Tubize, Ittre, Braine­le­Château et Rebecq. Le premier juillet 1975, à quelques jours de la décision du conseil des ministres, il écrit à Joseph Michel. On y apprend que c’est lui, en janvier 1975 (juste avant l’envoi du Plan Michel) qui a tracé sur cartes la division de la commune de Saintes (les hameaux de Wisbecq et de Petit Bruxelles étaient répu­ tés pour être plutôt chré­ tiens). C’est également lui qui propose alors de reporter l’annexion du bois de Stri­ hou à une future commis­ sion des frontières, au motif qu’Enghien fait partie des communes à facilités... et donc intouchable. Le conseil est alors composé de 9 socialistes, 2 chrétiens et 2 libéraux. Marcel Bartho­ lomé, dit « Pistache », a pris la succession d’André Che­ ron, décédé en 1972, mais s’il bénéficie d’un fort capital de sympathie, il n’a pas vrai­ ment l’étoffe d’un bourgmes­ tre et c’est son secrétaire communal, André Fagnard, qui garde la maison. Le débat au conseil a lieu le 29 avril. Comme chez ses voi­ sines, le Plan Michel est adopté à l’unanimité, Tubize est rejetée. Roc­sur­Senne est approuvé à l’unanimité moins deux voix... celles de De Smedt et de son colistier Wilmer Willot qui préfèrent Rebecq.

Bierghes-lez-Enghien À l’extrême ouest du Bra­ bant wallon, les habitants ont leurs habitudes du côté de Hal ou d’Enghien. La vie politique est plutôt calme. Léopold Nuttinck a renversé le socialiste Fernand Habils voilà bien longtemps déjà (1958) et depuis les dernières élections, en 1970, il n’y a plus aucun socialiste au con­ seil. Jules Demol fait ses pre­ miers pas sur la scène politi­ que locale. Dépassant en voix de préférence le vieil échevin Marcel Clavie, il réussit, avec un petit coup de main des deux conseillers libéraux, à forcer la porte du collège.

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HRONIQUE des années 70 en bord de Senne, en compagnie de Jules De­ mol, André Fagnard, Paul Le­ kien, Gilbert Hautenhauve, Jean Braun, les tracts électo­ raux, les journaux de l’épo­ que et les archives inédites du ministre Joseph Michel. Bierquebecq ou Requebier ? Arrivé au début février 1975 sur les tables des quatre con­ seils communaux, il faudra attendre le 22 mars pour qu’une véritable concerta­ tion se mette en place. Ce jour­là, une réunion associe les mandataires de Rebecq, Bierghes, Saintes et Quenast. André Fagnard, secrétaire communal depuis vingt­huit ans, fait un vibrant plaidoyer pour le futur grand Rebecq, tout en reconnaissant qu’en matière de services pour le troisième âge, tout reste à faire. Commence alors un vérita­ ble remue­méninges pour donner un nom à la nouvelle entité. On entend de tout : Rebecq, bien sûr, mais aussi Lapierre, Porphyre, Bierque­ becq ou Requebier. Pour con­ tenter tout le monde, on es­ saiera Rebecq­Quenast, voire Rebecq­Quenast­Bierges. Fi­ nalement, c’est Jean Braun, conseiller socialiste à Re­ becq, qui fait l’unanimité avec une proposition qui marquera encore longtemps les esprits : Roc­sur­Senne !

Rebecq et Quenast ont lutté pour devenir le centre de la nouvelle entité

Le 10 avril 1975, le conseil communal rend son avis sur le Plan Michel. Il se déclare opposé à toute fusion... mais se résigne à la subir si elle lui est légalement imposée. Tout en approuvant le regroupe­ ment avec Rebecq, Quenast et une partie de Saintes, le conseil réclame la remise à neuf de la seule route qui mène au centre de la nou­ velle entité et l’annexion du bois de Strihou, une enclave du Petit­Enghien dans le nord de Bierghes. Pour ce qui est du nom, le conseil propose Roc­sur­ Senne ou le maintien de Re­ becq... du moment que la consonance soit bien franco­ phone et ne se prête à traduc­

tion « dans aucune autre lan­ nast tant sur le plan euro­ gue ». péen que national grâce à son industrie extractive du Quenast ! porphyre ! Le conseil communal de René et Pistache Quenast se réunit le 25 avril 1975 et discute des proposi­ Mais c’est à Rebecq même tions du ministre Michel. À que se noue le destin de la fu­ l’unanimité, il approuve la ture entité. Et en particulier, petite fusion à trois et rejette grâce aux interventions de le regroupement avec Tu­ René De Smedt, président du bize, au motif que « la confi­ PSC pour tout l’arrondisse­ guration serait dispropor­ ment de Nivelles et con­ tionnée avec toute seiller communal dans l’op­ possibilité de maintien d’une position depuis 1958. administration locale proche Il suit de très près tous les du citoyen. » projets de fusion et qui circu­ Pour ce qui est du nom à re­ lent depuis 1972. Il a l’intui­ tenir, dit le conseil, d’accord tion géniale, il faut l’écrire pour Roc­sur­Senne ou si­ que la seule façon d’éviter Vers les élections non, il y aura lieu de tenir une mainmise socialiste sur compte du renom de Que­ tout l’Ouest du Brabant wal­ L’intuition des sociaux chré­ tiens, écrivions­nous, mais aussi la propension qu’ont les socialistes de l’Ouest de se tirer des balles dans les pieds. Rodolphe Bartholomé (1947­ Référendum et pétitions Dès 1975, René De Smedt 1968), André Cheron (PSB) ­ Rien n’est simple dans la com­ prépare sa liste. Il recrute le prend la relève et remporte, en mune de Saintes, déchirée entre Dr Paul Lens, Paul Lekien 1970, une majorité de 9 sièges Tubize et Rebecq. Une première (aujourd’hui secrétaire com­ sur 13. À son tour, en 1971, An­ pétition, signée par 17 person­ munal), Jules Demol et Léon dré Cheron décède. Marcel Bar­ nes de Petit Bruxelles, adressée Bruynbroeck. tholomé le remplace. Au collège au collège le 7 mars 1975, ré­ Côté socialiste, « Pistache » : Arthur Huart et André Avau. clame le maintien de leur ha­ se retrouve en quatrième meau dans la fusion de Tubize. place et doit laisser la tête de Les autres plans Le 11 mars, contre­offensive de liste à André Ghislain, prési­ ­ L’administration du ministère 456 habitants de Wisbecq et de dent sortant de la commis­ de l’Intérieur (le Plan Costard) Petit Bruxelles pour le rattache­ sion d’assistance publique de suggérait déjà la formule propo­ ment à Rebecq. Finalement, à la Quenast. sée par Joseph Michel (Rebecq, demande des habitants lors Le 10 octobre, l’Entente Bierghes, Quenast et l’Ouest de d’une réunion publique tenue le communale de De Smedt ra­ Saintes), sauf pour le nom de la 5 avril, un référendum est orga­ fle 8 sièges et s’associe aux commune. Elle préférait Que­ nisé le 20 avril 1975. Quelque 1 deux libéraux de la liste de nast. L’Union des villes et com­ 054 habitants y participent (58 Freddy Fontaine. Les Rebec­ munes et l’ULB, quant à elles, % de participation) et 575 vo­ quois n’étaient pas prêts à préconisaient une formule à tent pour le rattachement com­ confier le mayorat à un « quatre : Saintes venant rejoindre plet à Rebecq et 468 pour Tu­ Cayoteux ». tout entière la nouvelle entité. bize. f

Brèves de fusion Préfusion ­ Sous la période hollandaise, en 1824, Rognon, une petite commune de 70 habitants est rattachée à Rebecq. Les élections de 1970 ­ À Bierghes, Léopold Nuttinck (PSC), bourgmestre depuis 1947, remporte 5 sièges sur 7. Au col­ lège : Léon Bruynbroeck et Jules Demol. En 1976, à la suite du décès du maïeur, Léon Bruynbroeck as­ sure l’intérim et est remplacé au collège par Jean Marchand. À Quenast, René Delor (PSB), en place depuis 1946, décroche 8 sièges sur 13. Au collège : Geor­ ges Marin et Georges Ghislain. Enfin, à Rebecq­Rognon, à la suite du décès du bourgmestre

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R IX EN SAR T

Un goût de trop peu pour les Vî Paurin Jusqu’au bout, Rosières, Genval et Rixensart ont cru à la fusion avec La Hulpe. Il n’en fut rien et pour certains, 25 ans plus tard, la blessure reste encore vive.

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NE TRAHISON sur fond de Rassemblement wal­ lon mais la vie politique de Genval et de Rixensart n’était pas triste non plus. Revue de détail avec les témoi­ gnages de Jean­Pierre Ruelle, Jean­Claude Verbois, Jacques Fi­ geys, Roger Monteyne, Joseph Gilson et les archives inédites de Joseph Michel.

De tout temps, la vie politique rixensartoise a été sous l’in­ fluence des princes de Mérode. À partir de 1953, c’est même le régisseur du domaine familial, Léopold Gilson, qui dirigera la commune. Aux élections de 1970, une dissidence emmenée par Jacques Lanoy et Paul Com­ père (Renouveau communal) font chuter la majorité absolue de Gilson. C’est alors la revanche de son ennemi politique de toujours, le socialiste François De Troyer. Le « grand résistant » brandit la menace d’une alliance avec la liste du Rassemblement wallon et les dissidents chrétiens… à moins que Léopold Gilson ne démissionne et ne cède la place. C’est à Armand Parant que re­ vient alors de mener la nou­ velle majorité… mais le nou­ veau collège se retrouve rapidement minoritaire à la suite du refus absolu de cer­ tains d’investir dans l’égout­ tage ou les voiries. Début 1975, les fusions arri­ vent. Le conseil se réunit et adopte le Plan Michel, contre l’avis du bourgmestre et de l’échevin Guiot. Pour éviter l’étranglement territorial (1 200 habitants au km², hors bois et forêts), le conseil for­ mule également le souhait d’annexer des bouts de terri­ toire sur les localités voisines.

Querelle sur Angoussart À Rosières, la commune est di­ rigée depuis 1959 par Joseph Moreau de Melen (ex­PSC passé au PLP). D’après le témoignage de Jacques Figeys, alors secré­ taire communal, la gestion était bon enfant. Les habitants étaient avertis par courrier des réunions du conseil communal, une quarantaine de personnes y assistaient et il n’était pas rare que l’on suspende les débats pour entamer une discussion avec les habitants. Sur les bancs du conseil, se trouvaient déjà Michel Coenraets (bourgmestre

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Rixensart sous le château

Le quartier d’Angoussart (Wavre) ne basculera pas sous pavillon rixensartois. Pas plus que La Hulpe.

de 93 à 94) et, seule élue fémi­ nine, Jacqueline Herzet. Le débat sur la fusion des com­ munes est rondement mené. À l’unanimité, le conseil fait sien­ nes les propositions de Joseph Michel. Seul bémol, il refuse l’annexion du hameau d’An­ goussart (Bierges).

Larival-Saint-André ! À Genval, en 1970, c’est une lé­ gislature bousculée qui se ter­ mine. Après les décès successifs du bourgmestre socialiste René Barbiaux (1966) et de Henri De­ ville en 1967 (il n’aura pas le temps de prêter serment), c’est l’institutrice Carina Desmet qui achève le mandat. À la suite d’un sérieux charivari post­ électoral, une majorité stable s’aligne derrière l’avocat Émile Windal. Le débat sur la fusion des com­

munes commence dès 1972 et de façon très particulière. En ef­ fet, sur demande de la popula­ tion et suite à la publication des propositions de l’administra­ tion (le Plan Costard), une com­ mission de bénévoles, manda­ tée par le conseil communal, est constituée et mise en place fin 1972. Réunie en février 1975, elle marque son accord sur les propositions du Plan Mi­ chel… sous la réserve d’un nom original pour la nouvelle com­ mune : La Lasne, Val Geneviève ou La Bruyère (entre autres). La commission, présidée par Fer­ nand Mawet, pose également les conditions d’un référen­ dum. Le conseil se réunit finalement le 22 avril. À douze voix contre une, il refuse le principe d’une fusion. Si elle est nécessaire,

une préférence est donnée à la grande fusion (à quatre) plutôt qu’à la petite (avec La Hulpe). Il propose également l’incorpora­ tion d’une partie du territoire d’Ohain et, tant qu’à faire, pro­ pose également sa petite liste de noms pour la future entité dont Genval se verrait bien le centre : Larival­Saint­André, Val de Lasne, Val d’Argent ou Troisrivières. L’idée d’un rédé­ rendum est abandonnée.

Vers les élections La sécession de La Hulpe, in­ tervenue dans la dernière ligne droite des pourparlers gouver­ nementaux, laisse un goût amer. Partout le Rassemble­ ment wallon s’était battu pour les plus grandes fusions possi­ bles, excepté à La Hulpe où il avait un maïeur. Des rumeurs

ont la vie dure, entretenues par Pierre Rouelle lui­même et lais­ sant accroire l’idée que le RW aurait échangé cette commune contre son soutien à l’achat des YF­16. En attendant, le grand rêve d’une Liste des Bourgmestres, ultra­majoritaire au lendemain des élections de 1976, vole en éclat. Windal abandonnant la politique, restent Moreau de Melen et le revenant Léopold Gilson. Ce dernier tente de for­ mer une majorité avec la liste de Paul Hanin (PSC) mais, en définitive, c’est l’Union des Pro­ gressistes qui enlève le mor­ ceau. François De Troyer s’ins­ talle à la présidence du CPAS. Rixensart a, cette fois, définiti­ vement tourné la page avec ses châtelains. ■

S t é p h a n e VA N D E N E E D E

Brèves de fusion Les élections de 1970 À Rixensart, la liste du Bourg­ mestre Léopold Gilson (IC Chrétien) perd sa majorité ab­ solue. Le maïorat passe à Ar­ mand Parant. Au collège, Jean Guiot (IC) et les socialistes Jo­ seph Verté et Germain Tagnon. À Genval, l’Entente commu­ nale démocratique arrive en tête et débauche Odon Marlaire de la liste Renouveau genvalois. Bourgmestre : Émile Windal (ECD­ Chrétien). Échevins : Odon Marlaire (RG­RW), Geor­ ges Debroux (ECD­PSB) et Gus­ tave Barbiaux (ECD­PSB). À Rosières­Saint­André, la liste IC du bourgmestre Joseph Mo­

reau de Melen (PLP) remporte 75) « se dégage un large consen­ Michel viendra à Rixensart, lors six sièges sur neuf. Au collège : sus en faveur de Rixensart, Gen­ d’une conférence sur la fusion Frans Buelens et Pierre Divry. val et La Hulpe. » des communes, le 25 mars 1975, il renoncera publique­ Référendum et pétitions Angoussart ment au détachement du ha­ À La Hulpe, le référendum Pourquoi annexer Angoussart meau. connaît 92 % de participation. (400 habitants) ? Pour quelques Les Vî Paurin 77 % sont contre toute fusion. parents qui envoyaient leurs Si un regroupement est inévita­ enfants à Rosières ? Pour re­ Deux étymologies, toutes ble, 92,69 % se prononcent grouper sous Rixensart l’en­ deux de Bourgeois, pour le sur­ pour la petite fusion (avec Gen­ semble du bois de Mérode ? nom des Rixensartois. Soit pour val) et 7,3 % avec Rosières et Toujours est­il que cette affaire leur côté un peu radin (avoir Rixensart. À Rosières, un ques­ alimentera une guéguerre en­ quelque chose pour rien), soit tionnaire est adressé à tous les tre Rosières et Wavre, cette der­ qu’ils étaient un peu trop à la habitants, même les ressortis­ nière menaçant d’annexer la botte du château (compter sants étrangers. Moins de 11 % moitié du territoire rosiérois ! pour rien). se prononcent pour une fusion Sans compter la pétition et le Avec tout cela on fait aussi une avec Wavre alors que (selon le référendum organisés à Bierges. délicieuse spécialité : la tarte conseil communal du 9 avril En définitive, lorsque Joespeh aux pommes !


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TUB IZ E

Clabecq et Saintes, la mort dans l’âme La fusion de Tubize n’a pas été, loin s’en faut, une affaire de tout repos. Saintes et Clabecq se rebellentet le parti socialiste tubizien implose. Morceaux choisis...

faits de la solution qui leur est proposée. Le conseil communal se réu­ nit le 26 avril. Dans un premier temps, il rejette l’idée de toute fusion puis, sur la base des ré­ sultats du référendum, il pro­ pose le regroupement avec Re­ becq. Et comme les résultats sont mitigés, il suggère dans la foulée une grande fusion avec Rebecq et Tubize.

S’

En réalité, comme nous le re­ lations dans notre article du 8 mai consacré à Rebecq, dès jan­ vier 1975, les affaires étaient déjà ficelées pour l’Ouest du Brabant wallon. Du fait du pré­ sident d’arrondissement du PSC brabançon, le rebecquois et conseiller communal René De Smet. Plutôt que de rassembler les six communes en une, ce qui aurait donné une majorité écrasante au parti socialiste, il va prôner la division en deux parties, adjoignant même les hameaux de Wisbecq et du Pe­ tit­Bruxelles, réputés chré­ tiens, pour assurer son propre succès du côté de Rebecq.

Le plan De Smet

Déchirement À Tubize, la majorité socia­ liste est sur du velours. Instal­ lée à la suite des élections d’oc­ tobre 1970, elle compte 11 élus sur 17. Trois nouveaux venus dans le conseil : Georges Maes, bientôt député du Rassemble­ ment wallon, Raymond Lan­ gendries, bientôt secrétaire po­ litique national du PSC et Maurice Minne, déjà premier échevin. Deux ans plus tard, coup de tonnerre dans un ciel rose, le groupe socialiste se fracasse. En cause ? Le bourgmestre De­ ryck est critiqué par l’échevin Minne au motif qu’il aurait créé, avec son beau­fils, une so­ ciété immobilière. Selon Minne, des agissements professionnels incompatibles avec le maïorat et qui vont, à tout jamais, éloigner les deux hommes et diviser la majorité pour le reste de la législature. Deryck devra désormais s’ap­ puyer sur l’opposition, et en particulier sur les élus sociaux­ chrétiens pour faire aboutir les dossiers. C’est dans ce contexte difficile qu’en 1975 la com­ mune doit alors se prononcer sur le plan Michel des fusions de commune. Le conseil se réunit le 15 avril et retrouve l’unanimité pour accepter le regroupement avec Clabecq et Saintes, voire le pro­ jet de grande fusion avec l’en­ semble de l’entité de Rebecq mais, précise­t­il, en tenant compte de l’avis des commu­ nes intéressées. Assez étrange­ ment, il ne prend pas position

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IL est vrai que le plan de fusion imposé par le gouvernement libéral chrétien voulait réduire l’in­ fluence des socialistes en Bra­ bant wallon, le moins que l’on puisse dire c’est qu’en beau­ coup d’endroits les socialistes n’ont pas lésiné pour creuser eux­mêmes leur propre tombe. Chronique politique du Far­ West tubizien, en compagnie de Claude Januth, Raymond Langendries, Luc Delporte, Gi­ nette Wesel, Henriette De­ meure, Christian De Brabanter, Marcel Bombard, Marcel De­ maret et les archives inédites du ministre Joseph Michel.

Vers les élections

Clabecq n’avait spécialement envie de rejoindre la commune de Tubize

sur la partition de Saintes, ar­ guant du fait qu’elle ne serait pas compétente pour en débat­ tre. À partir de là, Tubize va at­ tendre le résultat final, comme un gros chat guettant ses proies...

petite commune rurale vivait en bon voisinage avec Hal et Enghien. Le sentiment général est que Saintes va se faire an­ nexer. De plus, les voies de communication vers Tubize étaient quasi inexistantes. Un référendum est organisé Oui à Rebecq... et à Tubize mais la participation est relati­ À Saintes, le traumatisme pro­ vement faible et le résultat plu­ voqué par le Plan Michel est tôt ambigu. S’il donne une fai­ profond. De tout temps, cette ble majorité aux supporters de

la fusion avec Rebecq, il reflète surtout les états d’âme du nou­ veau bourgmestre, le socialiste Max Lorent, dont le destin poli­ tique le pousse plutôt vers Tu­ bize. Dans les hameaux de Wisbecq et du Petit Bruxelles, promis au rattachement avec Rebecq, deux pétitions circulent mais en définitive, la quasi totalité des habitants se disent satis­

Brèves de fusion La frontière linguistique ­ En 1962, lors de la fixation de la frontière linguistique, deux communes de l’Ouest, Bierghes et Saintes, ont été détachées de l’arrondisse­ ment de Hal pour être versées dans celui de Nivelles. Préfusion

1959, remporte 11 sièges sur 17. Au collège : Maurice Minne, Fernand Decorte, Étienne Cullus et Gustave Luyckx. À Saintes, Jules Trul­ lemans (PSB), en place depuis 1947, obtient 7 sièges sur 11. Au collège : Max Lorent et Louis Vanstraelen. En 1973, Max Lorent devient bourg­ mestre et se fait remplacer par Julien Trésignies. Enfin, à Clabecq, la liste PSB de Mar­ cel Van Pee rafle 8 sièges sur 13. Au collège : Ginette Wesel et René Dagneau.

­ En 1970, Tubize fusionne avec la petite commune de Oisquercq (800 habitants). Préparée de longue date, elle s’est effectuée sans trop de difficultés. Le dernier bourg­ mestre de Oisquercq était Ar­ Deux référendums et des mand Warbecq (PSB). pétitions Les élections de 1970 À Clabecq, la question était ­ À la suite des élections de simple : pour ou contre le 1970, la liste de Henri Deryck principe de la fusion ? Les ha­ (PSB), bourgmestre depuis bitants se prononcent le 23

mars. Participation : 89,4 %. Contre : 94 %. Pour : 5 %. À Saintes, déchirée entre Tu­ bize et Rebecq, une première pétition, signée par dix­sept personnes du Petit­Bruxelles est adressée au collège le 7 mars 1975 et réclame le main­ tien de leur hameau dans la fusion de Tubize. Le 11 mars, contre­offensive de 456 habi­ tants de Wisbecq et du Petit­ Bruxelles pour le rattache­ ment à Rebecq. Finalement, à la demande des habitants lors d’une réunion publique, le 5 avril, un référendum est orga­ nisé le 20 avril 1975. 1054 ha­ bitants y participent (58 % de participation). 575 votent pour le rattachement com­ plet à Rebecq et 468 pour Tu­ bize.

En juillet 1975, le gouverne­ ment donne finalement raison au Plan Michel et consacre les communes de Rebecq et de Tu­ bize. Il faudra plus de six mois pour que Clabecq entende rai­ son et cesse définitivement sa guérilla administrative. Entre Deryck et Minne, la rupture est consommée. Cha­ cun prépare sa liste. Minne garde le label PSB et s’entoure de Ginette Wesel, échevine à Clabecq, de Max Lorent et d’un ancien échevin de Oisquercq, Marcel Demaret. De ryck lance une Union socialiste commu­ nale avec ses échevins Greer, Luycxk, Cullus ainsi que Mar­ cel Van Pee, le maïeur de Cla­ becq. Au lendemain du scrutin, dans les quatre communes de l’ouest (Ittre, Tubize, Rebecq et Braine­le­Château), la surprise est totale... Partout les sociaux­ chrétiens vont au pouvoir ; par­ tout les socialistes sont rejetés dans l’opposition... enfin pres­ que ! À Tubize, Henri Deryck s’est souvenu du fair­play de l’oppo­ sition et propose à Raymond Langendries de devenir éche­ vin. Il lui faudra une deuxième guerre civile chez les socialis­ tes (Minne contre Picalausa) pour devenir bourgmestre en 1994 et une troisième (Minne contre Rosenoer) pour être réélu en 2000. Du malheur des autres... ■

Sté pha n e VANDEN EEDE


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VI L LER S - L A- VI L L E

Marbais dut s’effacer devant le prestige des ruines En 1146, les seigneurs de Marbais donnèrent des terres aux moines de Clairvaux pour fonder l’abbaye de Villers. Ils n’en furent pas récompensés… ENTRE février et août 1975, en Bra­ bant wallon, alors que le débat fai­ sait rage sur les fusions de commu­ nes, Marbais et Villers­la­Ville disputent la course en tête. Avec les témoignages de Marcel Hannet, Françoise Lavry­Pinchart, Michel Mathy et Hubert Druet, les jour­ naux et les archives inédites du mi­ nistre Joseph Michel. Quand le ministre Joseph Michel envoie ses propositions de fusions à Tilly, Marbais, Mellery, Sart­Dames­ Avelines et Villers­la­Ville, per­ sonne ne se montre surpris. Cela faisait quelques années que ces cinq petites communes de la vallée de la Thyle, totalisant 7 000 habitants étaient déjà quasi « mariées ». Certains, les libéraux notamment, avaient rêvé d’y associer les locali­ tés de Brye et de Wagnelée (aujourd’hui sur Fleurus), histoire de réunir l’ensemble des partenai­ res de l’intercommunale des eaux de la vallée de la Thyle (IEVT), fon­ dée en 1941. Mais le plan Michel était déjà bou­ clé en Hainaut et sauf exception (à Noville­sur­Mehaigne, du côté de Perwez), les frontières brabançon­ nes resteront intangibles. D’autres encore voulaient profiter de l’opération pour regrouper, dans la nouvelle entité, l’ensemble du bloc forestier autour des Ruines. En effet, dans un rayon de deux kilo­ mètres autour de l’abbaye se retrou­ vaient Villers­la­Ville, Tilly, Baisy­ Thy (Bois d’Hez et de Berinnes), Gentinnes (Bois de Haute­Heuval) et Court­Saint­Étienne (bois Sainte­ Catherine).

Droit d’aînesse Pas de surprise non plus pour le nom de la commune. Marbais, en 1975, comptait alors 1 000 habi­ tants de plus que sa voisine viller­ soise et ses origines remontent à 970, première trace d’une seigneu­ rie de Marbais dont la dernière des­ cendante, Jeanne, s’éteignit en 1610. Marbais sera la première, le 7 mars 1975, à réunir son conseil commu­ nal pour rendre un avis sur la pro­ position du ministre de l’Intérieur. Une note d’une vingtaine de pages, très fouillée, est présentée. Le bourgmestre Lebrun y passe au cri­ ble les arguments, d’ordre histori­ que ou folklorique, qui plaident pour le maintien du nom de Mar­ bais dans la nouvelle entité. Bon prince il conclut : « Il convient dès lors d’associer ces deux noms en gardant leur signification réelle. La nouvelle commune s’appelant Mar­ bais tandis qu’au plan touristique le site de l’abbaye garderait l’appella­

ÉdA – 301689915905

Projets d’extension

En 2002, Philippe et Mathilde visitaient les ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville. Le prestige de celles-ci primat lorsqu’il s’agit de choisir un nom pour la nouvelle commune.

tion d’abbaye de Villers­la­Ville. »

Le retour de l’ordre nouveau ?

conseillers libéraux tentent en vain de faire adopter une motion refu­ sant toute fusion aux motifs que les conseillers communaux, élus en 1970, n’avaient pas reçu un mandat de leurs électeurs pour supprimer leur entité communale et que l’or­ dre nouveau, « de funeste mé­ moire », avait imposé semblable suppression sous le régime de l’oc­ cupation ennemie.

À Villers, où le conseil se réunit le 20 mars, l’opposition ne fait pas dans la dentelle. La majorité rouge­romaine fait adopter, par cinq voix contre qua­ tre, leur adhésion au Plan Michel (à l’exception du nom de la future commune, bien sûr). Emmenés par Michel Mathy, les Non à la fusion !

Sart­Dames­Avelines embraie le 21 mars et, à l’unanimité, s’oppose à la fusion. Les sartois n’y voient vrai­ ment aucun intérêt : des travaux importants de voirie sont en cours (en 18 ans, toutes les routes auront été refaites), les bâtiments commu­ naux ont été restaurés, les comptes sont en boni et la fiscalité commu­ nale est peu élevée. Mellery et Tilly, qui se réuniront les 25 et les 28 mars, aligneront leurs décisions sur celles de Villers­la­Ville : Mar­

Brèves de fusion Les ruines pour 7 000 F ­ Il n’y eut aucune fusion an­ térieure aux grandes manoeu­ vres de 1977 dans le grand Vil­ lers­la­Ville. Notons seulement que jusqu’à la fin du XIXe siècle, la commune de Tilly s’étendait sur une grande partie des ruines de l’abbaye et remontait même jusqu’au boulevard Neuf. Une loi fut donc votée au Par­ lement le 4 avril 1898, cédant 123 hectares à Villers­la­Ville pour une indemnité de 7 000 F (de l’époque). La petite his­ toire dit que Tilly investit ce petit pécule dans ses écoles communales. Les élections de 1970 ­ Villers­la­Ville. Associé aux chrétiens depuis 1965, Michel Mathy (PLP) remporte les élections de 1970. Le groupe li­ béral gagnant un siège sur les chrétiens et un autre sur les socialistes. Il rate de peu la majorité absolue et voit s’al­

lier contre lui les deux listes rivales. Jean Hannon (PSC), agriculteur à la ferme Speec­ kaert, devient bourgmestre et prend au collège deux socia­ listes : l’ancien bourgmestre Gaston Tournay (de 47 à 64) et Yves Lebon. ­ Marbais. Après avoir suc­ cédé, en 1965, au bourgmestre Nicolas Goffaux, Paul Lebrun (PSC) remporte en 1970 une majorité absolue de huit siè­ ges sur onze. Collège : Marcel Hannet et Alexis Delstanche. ­ Mellery. Longtemps chasse gardée de la famille Pinchart, la commune de Mellery tombe entre les mains de Ray­ mond Wilmet (PSB), échevin depuis 1947. Il remporte six sièges sur sept et s’associe au collège avec Narcisse Evrard (PLP) et Maurice Begon (PSB). ­ Sart­Dames­Avelines. Paul Delbroeck (PSC) et sa liste d’intérêts communaux ra­ flent six sièges, contre trois aux socialistes de Paul Els­

kens. Collège : Roger Masson et Maurice Richard (PLP). ­ Tilly. Maurice Desplat avait entamé sa carrière politique au PSB. En 1970, avec une liste d’intérêts communaux où il se présente comme indépen­ dant, il conserve sa majorité absolue à huit petites voix près. Collège : Raymond La­ gneaux et André Servais. Les deux Heuval ­ Basse­Heuval est un ha­ meau de Tilly et Haute­Heu­ val (une dizaine de maisons, 37 habitants et 152 hectares) était sur Gentinnes... Mais tous deux étaient fort pro­ ches, socialement et géogra­ phiquement, de la commune de Mellery. En janvier 1975, une déléga­ tion de Haute­Heuval vient re­ mettre une pétition à l’éche­ vin Narcisse Evrard pour demander leur rattachement à Mellery. Leur cause fut en­ tendue par le ministre Michel.

bais est isolée.

Amertume À partir de là, Jean Hannon, bourg­ mestre de Villers­la­Ville, va littéra­ lement s’imposer dans le débat, écartant toutes les prétentions mar­ baisiennes. Albert Lebrun vivra très mal cet épisode. Autrefois attaché de cabi­ net auprès du ministre des travaux publics et en charge des travaux communaux subsidiés, il n’avait ja­ mais hésité à aider ses voisins à faire avancer leurs dossiers. Au moment des fusions, il était en charge de la construction des auto­ routes autour de Charleroi et là aussi, il avait négocié auprès des gros entrepreneurs des prix intéres­ sants pour les réfections de voirie dans sa région.

Vers les élections La décision tombe en juillet 1975, strictement conforme au Plan Mi­ chel. En guise de dédommagement, on promet à Marbais qu’elle abri­ tera la future maison communale. Aux élections d’octobre 1976, les trois bourgmestres PSC remportent six sièges. Jean Hannon fait le mé­ nage autour de lui : Paul Delbroeck, maïeur sortant de Sart­Dames­Ave­ lines, réalise le meilleur score en voix de préférence mais suspecté par ses colistiers d’avoir négocié en secret, il est désavoué et rejoint l’op­ position. Albert Lebrun n’est plus intéressé par la gestion commu­ nale. À force de reporter la décision ou de suspecter la salubrité des bâti­ ments de Marbais, la majorité PSC­PS réussit finalement à im­ planter les services communaux à Villers­la­Ville. Michel Mathy pro­ longe son bail dans l’opposition : fi­ dèle au phénix des armoiries viller­ soises, il attend patiemment l’heure de sa première résurrection politi­ que. ■

Stéphane VANDEN EEDE


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WA LHA IN

Au nom de tous les morts du Petit Katanga Jusqu’au bout, le doute aura plané sur le nom et les composantes de Walhain. Marcel Bourlard et le Rassemblement wallon veillaient au grain… UN BOURGMESTRE qui hésite, un autre qui décède, des frontières mal dessinées à Perbais et à la Tour d’Al­ vaux : chronique d’une nouvelle commune avec des témoignages de José Pirotte, Liliane Boulet, Louis Gli­ bert, Alain Le Brun, Marcel Moisse et les archives inédites de Marcel Bour­ lard et de Joseph Michel La dernière fois que l’on a voté à Walhain­Saint­Paul, c’était en 1958 ! Aux élections communales suivan­ tes, en 1964 et en 1970, une seule liste se présentait et le même collège rempilait : Jules Gilisquet, Maurice Flahaut et Charles Niset. Le conseil se réunissait de temps en temps au­ dessus du Café de la Place. On en fai­ sait le compte­rendu à la main dans un grand cahier, et c’était bon comme cela. Sauf que le secrétaire communal, paix à son âme, tâtait de la bouteille : les papiers de milice s’égaraient et les caisses communa­ les étaient, disons, quelque peu ap­ proximatives. C’était aussi une épo­ que bénie pour les gloires locales qui pouvaient, de leur vivant, rebaptiser elles­mêmes une rue à leur nom : et la rue du Marais devint celle du Bourgmestre Gilisquet !

Les fusions approchent À la suite de la révélation d’une étude secrète du ministère de l’Inté­ rieur (le Plan Costard), le conseil communal de Walhain­Saint­Paul débat, en octobre 1973, de la fusion des communes. À l’unanimité, la commune revendique le rôle de commune­pilote, accepte la fusion avec Tourinnes, Nil et même Cor­ bais… mais s’oppose au détachement du hameau de Perbais « où se trouve la richesse industrielle de la com­ mune » et ce, en faveur de Chastre. Moins d’un an plus tard, Jules Gilis­ quet tombe malade et meurt en jan­ vier 1975. Maurice Flahaut prend la relève au moment même où se dé­ clenche officiellement la grande opé­ ration des fusions.

Le Petit Katanga De l’autre côté de la N 4, un hameau de 400 habitants, Perbais. Ici, les rues de Walhain et de Chastre s’entremê­ lent et il bien malaisé de distinguer où passe la frontière entre les deux entités. Pour les déchets ménagers, l’eau, le gaz ou l’électricité, la situa­ tion est inextricable. Mais la gare, située sur Chastre, a transformé le hameau en petit bas­ sin industriel et cela assure de bon­ nes rentrées financières pour Wal­ hain. Au point d’y gagner le surnom de Petit Katanga. Le 22 avril 1975, le conseil communal de Chastre­Ville­ roux­Blanmont réclame à Joseph Mi­ chel l’annexion de Perbais.

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Des temps folkloriques

Les habitants de Perbais s’inquiétaient notamment du sort de leurs morts enterrés à Walhain.

Jadinon hésite… À Nil­Saint­Vincent­Saint­Martin, le conseil communal est maître de son destin. En effet, le ministre Michel lui donne le choix entre le regroupe­ ment de Mont­Saint­Guibert (avec Corbais et Hévillers) ou la fusion de Walhain. Dans un premier temps, le bourgmestre Jadinon tente une plus petite fusion encore, avec Corbais. Mais ses négociations avec le catholi­ que Albert Fabry échouent. Et il fait voter, le 21 février 1975, une motion extrêmement hostile vis­à­vis de

Mont­Saint­Guibert « dont les popu­ lations s’ignorent plutôt qu’elles ne s’apprécient » et choisit désormais la fusion avec Walhain. Le même con­ seil remet le couvert, le 4 avril, en proposant de simplifier la situation tout aussi inextricable de Nil­Pier­ reux (également de l’autre côté de la N 4) dont le lieu­dit Alvaux est dis­ puté avec Hévillers et Blanmont. De son côté, Corbais organise un ré­ férendum. Plus de 90 % de la popula­ tion y participe et les résultats sont clairs : 86,55 % pour Mont­Saint Gui­

bert et 11,24 % pour Walhain.

Une note de cabinet Mais tout le monde ne voit pas arri­ ver Nil­Saint­Vincent d’un oeil très favorable. Ainsi en témoigne une note interne du cabinet Michel, da­ tée du 15 avril. Elle signale que les bourgmestres de Tourinnes­Saint­ Lambert (Philippe Grégoire) et de Mont­Saint Guibert (Jean Moisse) ont téléphoné à plusieurs reprises, avec le soutien du président PSC de l’arrondissement, René De Smedt, et du député permanent Émile Cour­

Brèves de fusion Les préfusions ­ Nil­Saint­Vincent et Nil­ Saint­Martin ont fusionné le 21 septembre 1812. Napoléon est encore dans Moscou incen­ dié et signe le décret impérial au Kremlin. Walhain­Saint­ Paul absorbe Sart­Walhain le 1er février 1822 et Tourinnes­ les­Ourdons en fait autant avec Saint­Lambert­Libersart le 1er mars de la même année, tous deux sous le régime hol­ landais. Les élections de 1970 ­ À Walhain­Saint­Paul, une seule liste se présente et le conseil est installé « sans lutte ». Au collège, Jules Gilisquet (PLP), maïeur depuis 1953, s’entoure de Maurice Flahaut (PLP) et de Charles Niset (PSB). En janvier 1975, le bourgmes­

tre décède. Maurice Flahaut le remplace et Jean Balza (PSC) devient échevin. À Nil­Saint­ Vincent­Saint­Martin, pas d’élections non plus. Au col­ lège : Émile Jadinon (PSB), bourgmestre depuis 1964, Maurice Lannoye (PLP) et Marcel Moisse (PSB). Enfin, à Tourinnes­Saint­Lambert, la liste de Philippe Grégoire (PSC), en place depuis 1959, remporte 7 sièges sur 9. Éche­ vins : Armand Masset et Ado­ phe Ravet.

l’ULB préconisait le rattache­ ment des trois communes de Walhain à Gembloux, en compagnie des quatre com­ munes de Chastre. Enfin, l’Union des villes et communes envisageait soit une fusion à quatre (avec Cor­ bais), soit le regroupement de Walhain, de Tourinnes et de Chastre­Villeroux­Blanmont. Bref, tout le monde a eu tout faux !

Les projets antérieurs au Plan Michel

­ Les trois communes de Wal­ hain relèvent du doyenné de Walhain­Saint­Paul et comp­ tent ensemble sept églises. C’est la raison pour laquelle Nil­Saint­Vincent­Saint­ Martin avait proposé que l’on donne comme nom à la nou­ velle entité : Les Sept Clochers.

­ Le ministère de l’Intérieur prévoyait une fusion entre Tourinnes, Walhain... et Tho­ rembais­Saint­Trond, en­ voyant Nil du côté de Mont­ Saint­Guibert. Une étude de

Sept clochers

toy (PSC) pour que Nil aille bien avec Mont­Saint­Guibert. La note signale également l’activité de Marcel Bourlard (RW), chef de ca­ binet adjoint du ministre François Perin et qui voudrait voir Nil rejoin­ dre Walhain.

Et nos morts ? Effectivement, Marcel Bourlard est très actif. Il rencontre des habitants de Perbais qui lui font part de leurs craintes si leur hameau passait à Chastre : « que deviendraient nos morts enterrés à Walhain ? ». Il est également invité à s’exprimer au conseil communal de Walhain où il souhaite que s’opère la plus grande fusion possible. Un autre spectateur, le bourgmestre de Tourinnes, s’op­ pose à lui et proclame au contraire qu’une petite fusion, sans Nil, serait une aubaine. Au moment de passer au vote, Mau­ rice Flahaut fait sortir le public… à l’exception de Marcel Bourlard. À l’unanimité moins une voix, Wal­ hain accepte Nil.

Vers les élections En juillet 1975, le gouvernement re­ tient l’option Walhain­Tourinnes­ Nil. Deux listes préparent alors les échéances électorales d’octobre 1976. Maurice Flahaut (PLP) et Émile Jadinon (PSB) unissent leurs forces sous l’appellation Union commu­ nale et s’opposent à la liste Com­ mune Nouvelle de Philippe Grégoire et de Marcel Bourlard. Ces derniers l’emportent de 13 voix ! En janvier 1977, Robert Vandenbosch prête ser­ ment comme troisième échevin. Dans le public, un jeune socialiste de Perbais est également là, un certain André Flahaut. ■

Stéphane VANDEN EEDE


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WATER LO O

Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine À l’insu de son plein gré, Waterloo a piqué plus de 450 hectares et près de 2 000 habitants aux communes voisines d’Ohain et de Brainel’Alleud.

le pincement au cœur perdure un peu mais en définitive, on n’est pas fâché de voir partir un hameau en si mauvais état et dont l’égouttage et la remise en état des voiries allaient coûter une fortune. Une manifesta­ tion est malgré tout organisée, le 4 octobre, au départ du Chenois. Dans la dernière ligne droite des négociations gouvernementales, quelqu’un se souvient du Lion et des revendications de Waterloo : par un petit tour de passe­passe, tous les terrains situés entre la chaussée de Charleroi, l’autoroute de Paris et la route du Lion, tombent dans l’escar­ celle d’André Caussin. Il pourra dé­ sormais accompagner ses visiteurs étrangers jusqu’au pied de la butte !

L

Frustration Des 108 bourgmestres du Brabant wallon en fonction dans les années 71­76, André Caussin (PSB) est le seul à avoir rédigé ses mémoires po­ litiques, Un pavé de Waterloo. De la fusion des communes, pas un mot ! Ni à titre professionnel il était tout de même haut fonctionnaire au mi­ nistère de l’Intérieur, ni en sa qua­ lité de dernier bourgmestre de Wa­ terloo avant fusion. Il s’en explique : « Cet épisode­là m’avait profondément frustré, dans la mesure où le cabinet de Joseph Michel ne tenait pas compte de no­ tre travail. Autrement dit, tout ce qui venait de l’administration volait à la cave alors qu’au rez­de­chaussée, c’était porte ouverte pour tous les mandataires PSC de l’arrondisse­ ment de Nivelles. »

Un malentendu persistant En réalité, Caussin s’est retrouvé, dès 1972, en porte­à­faux vis­à­vis des communes voisines. Renaat Van Elslande (CVP), alors ministre de l’Intérieur, avait demandé à son ad­ ministration de lui présenter un plan général de fusions. À la suite d’une indiscrétion, il est révélé dans toute la presse franco­ phone. Waterloo y est proposé comme pilote d’une commune de 44 000 habitants et 10 000 hectares, l’associant à Braine­l’Alleud, Lasne Chapelle­Saint­Lambert, Ophain­ Bois­Seigneur­Isaac, Ohain et Plan­ cenoit. C’est le célébrissime « plan Costard », du nom du supérieur di­ rect d’André Caussin, socialiste comme lui, et qui avait au moins pour mérite de résoudre à jamais l’épineuse gestion du champ de ba­ taille. Braine­l’Alleud réunit son conseil communal d’urgence et s’insurge « avec une énergie totale » contre les intentions du ministre de l’Inté­ rieur. À Waterloo, on attendra le 29 sep­ tembre pour regretter que « jusqu’à ce jour, aucune autorité n’avait jugé utile de demander son avis sur le projet et que les seules qui lui soient parvenues l’aient été par le canal de la presse ». Un an plus tard, dans une circulaire communale diffusée en toutes boî­ tes et détaillant huit propositions de fusion, Caussin poussera encore

On attendait Chaumont… ÉdA – 30889374336

E POÈTE Armand Bernier (1902­ 1969) est né au Chenois, à Brai­ ne­l’Alleud. Son souvenir est passé avec armes et bagages dans la commune de Waterloo. Tout comme le Lion, du reste… Histoire de cette fusion, avec les té­ moignages de Robert Cluyse, André Caussin, Raoul Olivier et Geneviève Ryckmans ainsi que les archives iné­ dites de Joseph Michel.

L’avis des habitants du Chenois n’a pas été pris en compte.

plus loin son dédouanement en por­ tant le jugement suivant sur le plan de son collègue. « Il est certain que ce travail, fait dans la hâte, présente fatalement des approximations et aussi des erreurs. Une étude objec­ tive et raisonnée de ce document aurait peut­être permis d’éviter cer­ taines réactions passionnelles. »

Le plan Michel En février 1975, c’est au tour de Jo­ seph Michel d’y aller de ses proposi­ tions, mais avec la ferme intention, cette fois, de boucler rapidement le processus. Waterloo se trouve pris en tenaille entre la commune d’Ohain, sommée de lui céder le do­ maine d’Argenteuil et le hameau du Haut­Ransbeck (à l’ouest de la ferme de la Papelotte) et la commune de Braine l’Alleud, menacée dans son hameau du Chenois. À Ohain, la résistance s’organise. Des panneaux fleurissent, rappelant les suspicions qui prévalent encore

et toujours à l’égard du maïeur voi­ sin : « Stop Caussin, ici c’est Ohain ! » En définitive, la commune d’Alfred Vandercam ne fera pas obs­ tacle au départ de Léopold III et de sa famille mais aura gain de cause pour le Haut­Ransbeck.

Le Chenois en ébullition

dent mortel survenait, il n’était pas rare que des policiers transportent le cadavre de l’autre côté de la chaus­ sée pour faire supporter par la com­ mune voisine le poids de la paperas­ serie ! On peut suivre, grâce aux journaux gratuits de l’époque et à l’abondant courrier parvenu au cabinet Michel, tous les bouillonnements du quar­ tier, autrefois réputé pour la qualité de ses paveurs, les blancs­gilets. Un comité de défense se met en place. En prévision de la consulta­ tion populaire, une réunion publi­ que est organisée le 11 février, au café du Cinéma. Le comité semble malgré tout divisé entre les tenants d’un statu quo ingérable et ceux qui souhaitaient la fusion complète en­ tre les deux communes voisines.

Dans ce petit hameau de 1 500 per­ sonnes, avec ses voiries en piteux état et le ry Pattiaux comme un égout à ciel ouvert, la révolte gronde dès les premiers jours de février. La déglingue de ce quartier est née de la séparation du hameau de Wa­ terloo de sa commune ­mère, en 1797. Ici, tout est indivis : l’école, le che­ min des Postes et la paroisse. En l’ab­ sence d’un accord unanime des deux communes, rien ne se fait. Une mitoyenneté aux allures parfois Une main anonyme sordides : à la chaussée Bara, raconte Mi­juillet 1975, le gouvernement l’ancien commissaire d’arrondisse­ tranche. Le Chenois rejoint la ment Robert Cluyse, quand un acci­ « morne plaine ». À Braine­l’Alleud,

Il n’en profitera jamais… Aux élec­ tions communales d’octobre 1976, malgré ses 1861 voix de préférence et un groupe socialiste passé de 3 à 10 conseillers, André Caussin est en­ voyé dans l’opposition. Maurice Gérard, troisième score personnel et conseiller IC du Che­ nois, a récolté les fruits électoraux du ressentiment des anciens Brai­ nois. La nouvelle majorité, compo­ sée des sociaux­chrétiens, du Ras­ semblement wallon et des libéraux, se met en place dans les tumultes de la dislocation du RW.

… et ce fut Clément Jean Chaumont, tête de file RW, est proposé au poste de bourgmestre. Il organise une fête à son domicile pour fêter l’événement. Pas de chance pour lui : c’est le moment choisi par François Perin, Jean Gol et Étienne Knoops, pour passer au Parti libéral. L’onde de choc est meurtrière. Jean Chaumont reste seul. Ses co listiers passent au PLP et proposent désormais Michel Clé­ ment à la nomination. Jean­Louis Saren et Serge Kubla, nos deux sau­ te­ruisseau, deviennent échevins. ■

Stéphane VANDEN EEDE

Brèves de fusion Pré-fusions ­ À la fin du XVIIIe siècle, le doyen de Braine­l’Alleud avait bien des soucis avec ses ouailles de Waterloo. En 1797, ses plain­ tes incessantes attirèrent l’atten­ tion des révolutionnaires fran­ çais qui se firent un malin plaisir de retirer quatre hameaux de Braine­l’Alleud (Waterloo, une partie du Chenois, Joli­Bois et Mont­Saint­Jean) pour les ériger en commune. Des compensa­ tions financières furent promi­ ses à Braine­l’Alleud mais la com­ mune de Waterloo s’en acquitta tellement tard qu’elle en garda une réputation de « mauvais payeur » (d’après André Caus­ sin).

nalement défaits à Ramillies. En 1794, l’armée française de l’En­ tre­Sambre­et­Meuse du général Kléber repousse les troupes du Prince d’Orange. Le 18 juin 1815, Napoléon fait face au duc de Wellington. Le site de cette der­ nière bataille a été érigé en péri­ mètre de protection par une loi de mars 1914 et s’étend sur cinq communes : Plancenoit (42 % ­ 223 ha), Braine­l’Alleud (29 % ­ 155 ha), Waterloo (22 % ­ 115 ha), Ohain (6 % ­ 32 ha) et Lasne­ Chapelle­Saint­Lambert (1 % ­ 4 ha). Les élections de 1970

­ Après le règne de deux notai­ res, le catholique Jules Des­ campe (52­64) et le libéral André Les trois batailles de Waterloo Vanderborght (65­70), la succes­ ­ En 1705, les Français refoulent sion est ouverte. Le groupe IC les troupes anglo­hollandaises (PSC), renforcé par d’anciens co­ de Malborough, mais ils sont fi­ loniaux (Geneviève Ryckmans

et Michel Goethals), remporte 7 sièges sur 15. Les trois autres pe­ tites listes se liguent contre eux et proposent André Caussin (PSB), haut fonctionnaire du mi­ nistère de l’Intérieur et adjoint de Raymond Costard à la fonc­ tion de bourgmestre. Collège : Michel Clément et Robert Gil­ bert (PLP), Jean­Louis Saren et Armand Fourner (RW) Consultations populaires ­ À la suite des « événements » d’août 1972, une commission communale des fusions se met en place et diffuse, en septembre 1973, un document de quatre pa­ ges où sont exposées pas moins de huit propositions de fusion. Les citoyens étaient invités à réa­ gir à ce document mais seuls 296 d’entre eux le firent. ­ Au Chenois, l’administration communale de Braine­l’Alleud

organisa une consultation popu­ laire par voie postale, clôturée le 15 février 1975. Le choix entre les formulations laisse pantois : je désire rester Brainois (711 voix ­ 68,4 %) ; je désire le rattache­ ment à Waterloo (197 voix ­ 19 %) ; bulletins blancs (18 voix ­ 1,7 %) et 112 électeurs (sur 1038 ­ 10,8 %) ne se sont pas prononcés. Leur nombre a été assimilé aux « Brainois ». Soit 79,2 % de votes favorables à Braine­l’Alleud ! Trop à l’étroit ­ 11. 846 habitants en 1961, 21 724 en 1976. Waterloo éclate sur un territoire trop étroit. Bloquée au nord par la frontière linguisti­ que et la forêt de Soignes (dont l’intouchable domaine d’Argen­ teuil), au sud et à l’est par le péri­ mètre protégé du champ de ba­ taille, il ne restait plus qu’une possibilité : le Chenois...


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BRABANT WALLON

SAMEDI 28 JANVIER 2017

WAVRE

Limal et Bierges à l’assaut de l’hôtel de ville Malgré leurs 13 000 habitants et une majorité absolue, la « fusion de velours » s’est révélée être un vrai piège à rats pour les socialistes de la cité du Maca.

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Photo News

HRONIQUE du déclin so­ cialiste avec Jean Noël, René Gillard et Guy Ot­ ten, les tracts électoraux, les journaux de l’époque et les ar­ chives inédites du ministre Jo­ seph Michel. Après seize années de maïo­ rat, le docteur et socialiste Charles Quevrin jette l’éponge et part s’installer dans le sud de la France. Nous sommes à Limal en 1968. Henri Debroux le remplace au pied levé mais ne parvient pas à s’imposer lors des élections de 1970. Robert Hulet, prési­ dent du PLP de l’arrondisse­ Le Maca n’était pas assez riche, trouvaient ment de Nivelles, rafle alors les Biergeois et les Limalois, inquiets des une majorité absolue en com­ finances communales wavriennes. pagnie du PSC et s’installe pour six ans. Dès 1973, alors que circulent différents plans de restructu­ mal les listes d’intérêt com­ gratin politique wavrien se liste Frédéric François, un dé­ ration des communes de l’ar­ munal des deux bourgades. presse à la salle culturelle de bat oppose les six listes rondissement, le conseil com­ Six listes l’hôtel de ville. Proposé par la candidates aux prochaines munal prend position pour maison des jeunes et de la cul­ élections communales. une fusion volontaire avec Le 25 septembre 1970, tout le ture, et animé par le journa­ Petite singularité : comme à Bierges. Dès lors, justifie Hu­ Jodoigne, les jeunes présen­ let la nouvelle entité aurait 8 tent une liste. Emmenée par 000 habitants, des finances Pierre Goedseels, elle ne récol­ saines et serait apte à ac­ tera que 4 % des voix. En réa­ cueillir sur son territoire une Les élections de 1970 de Gastuche (Grez­Doi­ lité, l’autorité de Justin Pee­ future zone de loisirs de près ­ À Bierges, Jules Collette ceau). L’ULB, quant à elle, ters est telle que toutes les de 50 hectares (Walibi, inau­ (PLP), bourgmestre depuis proposait un grand Wavre autres listes, en manque de guré en juillet 1975). Robert 1953, remporte 7 sièges sur de 20 000 habitants avec grand format, peinent à ébré­ Hulet défend la même thèse et 11. Échevins : Joseph Engle­ Bierges, Rosières, Dion­Val­ cher la majorité écrasante des obtient gain de cause à la com­ bert (PSB) et René Gillard mont, Bonlez et Chaumont­ socialistes. mission des présidents de (PSC). À Limal, Robert Hu­ Gistoux. Limal aurait re­ Sur plusieurs fronts parti, réunie par la Province let (PLP) met un terme à 24 joint Ottignies. de Brabant. ans de pouvoir socialiste. Quatre présidents de parti Lorsqu’il faudra se position­ Quand arrive le Plan Michel, Collège : Albert Rans (PSC) ner sur le Plan Michel, en fé­ en février 1975, le conseil à et Gustave Durand (PSC). ­ À la demande de la Pro­ vrier 1975, les prises de posi­ l’unanimité « et au nom de la Enfin, à Wavre, Justin Pee­ vince de Brabant, Robert tion wavriennes sont quelque population » s’y oppose fer­ ters (PSB) entame son qua­ Hulet (PLP), André Sweert peu désordonnées. Le réa­ mement. trième mandat à la tête d’un (PSB), René De Smet (PSC) lisme politique voudrait que collège socialiste : Jean ont également cosigné un les socialistes se battent pour Référendum Noël, Michel Lebon, Arsène plan. Très logiquement, Hu­ attirer vers Wavre les commu­ À Bierges, on est encore plus Vanesse et Léon Vande­ let a réussi à imposer une nes rouges comme Grez­Doi­ radical. À la suite d’un réfé­ rhulst. petite fusion pour sa com­ ceau et Dion­Valmont. Mais rendum et d’une pétition, le mune de Limal avec l’est de dans le même temps, Justin Avant le Plan Michel conseil se réunit le 24 mars et Bierges et Rofessart (Lime­ Peeters encourage Émile s’oppose énergiquement à ­ Le plan du Ministère de lette). Quant à Wavre, il lui Vanbéver, bourgmestre de Né­ toute fusion avec toute autre l’intérieur (le Plan Costard, était promis l’est de Rosiè­ then et contremaître à la Ville entité ainsi qu’à l’amputation 1972), comme l’Union des res, l’ouest de Bierges, Dion­ de Wavre, à choisir le regrou­ du hameau d’Angoussart. villes et communes, préco­ Valmont, Bonlez, Chau­ pement avec Grez­Doiceau Comme à Limal, on voit d’un nisait la fusion de Wavre mont­Gistoux, Corroy­le­ plutôt qu’avec Beauvechain. très mauvais oeil, les visions avec la partie est de Rosières Grand (moins la Baraque), De plus, si Grez­Doiceau expansionnistes de Wavre où (au­delà de l’autoroute E Grez­Doiceau, Archennes et s’était, dès 1972, formelle­ les finances sont en mauvais 411), l’est de Bierges (per­ Biez, soit 22 000 habitants. ment opposé à la fusion avec état et engagées pour de nom­ dant le bois de Mérode et Associé un temps à cette ré­ Wavre, Dion­Valmont n’y ad­ breuses années. Où, surtout, Angoussart), Limal (moins flexion, Guy Muraille (RW) hérait qu’à des conditions une majorité socialiste plé­ Profondsart) et le hameau a préféré claquer la porte. pour le moins tarabiscotées thorique risque de mettre à (1). Conclusion : les socialistes

Brèves de fusion

de Wavre devront se dé­ brouiller seul. Sur la question d’Angoussart, Wavre riposte au Plan Michel en demandant l’annexion d’une partie de Rosières, si­ tuée sur la rive droite de la Lasne. Débat un peu chaoti­ que au conseil communal du 17 mars 1975 où Jean Noël dé­ clare que ce bout de territoire excentré ne présente aucun intérêt. Finalement, Prosper Hourdeau (PLP) conclut en proposant que si Rixensart re­ nonce officiellement à An­ goussart, Wavre en fasse autant pour Rosières. Proposi­ tion valable jusqu’au 31 mars !

Déconfiture socialiste À la mi­juillet, le gouverne­ ment tranche : Wavre, Limal et Bierges. Finalement, les seules retouches territoriales bénéficieront à Ottignies (uni­ fication du domaine de l’UCL). Peu avant les élections, Jus­ tin Peeters est victime d’un grave accident de la route et des rumeurs le tiennent pour incapable de tenir encore un mandat. Libéraux, chrétiens et Rassemblement wallon s’unissent en une liste contre les socialistes. Le cartel, em­ mené par André Riga (PLP), René Libouton (PSC) et Ma­ thilde Boniface­Delobe (RW) enlève 16 sièges sur 25. Justin Peeters ne réussit que le 5e score en voix de préférence, lui qui autrefois rassemblait un tiers des voix wavriennes sur son nom. Il était prévu que Riga et Robert Hulet se partagent le maïorat mais à l’occasion des élections pro­ vinciales de 1977, l’agent de change devient député perma­ nent (jusqu’aux élections sui­ vantes, en 1978 !) et perd de facto son mandat de con­ seiller communal. Au collège, Bierges et Limal décrochent 5 sièges sur 6, seul André Kalin (RW) représente Wavre. Jules Collette, le vaillant bourgmestre de Bierges, rac­ croche les gants. Avec 941 voix, il aurait pu prétendre à un échevinat mais il préfère laisser monter son beau­fils, entrepreneur comme lui, Charles Aubecq. ■

S t é p h a n e VA N D E N E E D E

(1) La commune d’Omer Bi­ doul adhérait au Plan Michel (Chaumont­Gistoux, Corroy­ le­Grand, Bonlez, Dion­Val­ mont) mais refusait Longue­ ville. De plus, si une autre commune venait encore à s’ajouter, elle aurait alors de­ mandé la fusion avec Wavre.


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