Ardenne Bleue

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Au pays

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MOUSTIQUE 20/03/2019


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de l’or bleu Texte: Catherine Ernens

Entre peignoir de bain et chaussures de marche, l’Ardenne bleue a tout pour séduire. Spa? Un conte de fées que l’Unesco pourrait bientôt consacrer. Francorchamps? Un circuit qui vise le durable. Les Cantons de l’Est? Une parenthèse où coule la potion magique. Verviers? La ville du renouveau. ➜

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I

ci, on est tout le temps en vacances. On a un patrimoine de fou pour une ville de 10.000 habitants”, s’exclame Olivier Colle, l’animateur vedette de Vivacité et Spadois. Il habite au cœur de la ville, un peu en hauteur. “J’ai une vue sur l’église, le Pouhon, les thermes de la colline d’en face”, se réjouit-il en indécrottable amoureux de sa ville semi-rurale et à taille humaine. “Les curistes viennent pour l’eau, le vent et l’air”, ajoute-t-il en signalant que la première attraction spadoise, ce sont les promenades dans les bois, dans les Fagnes. Dans la foulée, on prend avec bonheur un verre au retour d’une marche et on s’attable à une table de brasserie ou même dans un restaurant gastronomique. “L’eau de source” ou “L’hôtel de la reine” ont décroché récemment un Bib gourmand.

Ici tout coule de source Spa est “la perle” de l’Ardenne bleue, une région créée autour d’un projet touristique allant de Welkenraedt à Ovifat. “L’Ardenne bleue est née vers 2001 de la réflexion de plus de quatre-vingts opérateurs de l’arrondissement de Verviers. C’est à la fois l’Ardenne et l’eau qui est notre or bleu. On a les lacs de la Gileppe, Robertville, des rivières et les thermes”, explique Annie Brever, directrice de l’intercommunale Aqualis. L’Ardenne bleue est donc une région assez jeune, que les automobilistes connaissent pour les panneaux que l’on découvre le long de l’autoroute quand on passe dans le coin. “Spa est notre produit d’appel. On aurait pu choisir Herve et Aubel avec leurs vergers, mais c’est moins connu”, ajoute Annie Brever.

Spa espère désormais intégrer la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

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Spa ne mérite pas le séjour qu’au moment des Francofolies, qui déplacent les foules depuis 1994, ou du Festival royal de Spa, l’événement théâtral du pays qui se déroule chaque année en août. Ici tout coule de source, y compris l’eau minérale de Spadel. C’est en 1583 que l’eau de Spa a été mise en bouteilles et exportée pour la première fois. Elle était déjà célèbre. Aujourd’hui, Spadel, entreprise 100 % belge, est le leader incontesté du marché des eaux embouteillées au Benelux avec ses marques Spa et Bru. Chaudfontaine, sous le contrôle américain de Coca-Cola, complète l’offre, surtout dans les restaurants. L’eau de Spa, souterraine, présente une rare pureté originelle. Elle s’investit aussi à fond dans le développement durable, a allégé de 45 % sa bouteille en plastique et imprime ses étiquettes à l’encre végétale. Une eau tellement pure et orientée vers l’écologie qu’elle a gagné le “prix Nobel” des eaux minérales parmi 2.000 marques d’eau en Europe. Au cœur de Spa, l’imposant bâtiment des anciens thermes datant de 1870 a été classé comme patrimoine exceptionnel de Wallonie mais est interdit d’accès depuis deux ans. De vastes travaux viennent de démarrer pour transformer les lieux en un hôtel de 87 chambres avec des commerces et un parking souterrain. “On va tout refaire à l’identique à l’intérieur”, explique Paul Mathy, l’échevin des travaux qui promet “un petit bijou”. Des bains jusqu’au casino, tout sera réaménagé avec une chaussée rétrécie pour mettre “les bains” en valeur. “C’est là que sont nés le bien-être mondial et le thermalisme moderne”, ajoute-t-il, fier.

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Une journaliste du Washington Post vient de conter cette découverte. Son article est intitulé “Aller dans un spa? Essayez l’original, en Belgique”. Sylvie Bigar voulait s’offrir un spa et c’est Spa qui s’est affiché dans sa recherche sur le Net. Un avion et deux heures de train plus tard, voilà l’Américaine, spécialiste des voyages, dans la ville thermale. Pour elle, tout s’est révélé parfait. “Certains disent qu’il y a 25 sources, tandis que d’autres en comptent jusqu’à 300 disséminées dans les collines”, rapporte-t-elle. Elle s’enthousiasme devant cette belle histoire qui fit de Spa “le café de l’Europe” tant le beau monde s’est retrouvé ici par les siècles passés. Pour eux, Spa s’est développée, explique la journaliste, avec le Parc de 7 Heures, le Pouhon Pierre le Grand (une source d’eau ferrugineuse au goût âcre, légèrement pétillante, que l’on déguste toujours aujourd’hui, uniquement en étant sur place), les bains, les promenades, les kiosques, ces villas Belle Époque… Et puis, “des médecins anglais, à leur retour en Angleterre, ont ajouté le nom Spa aux sources locales aux propriétés similaires, Et c’est ainsi que le nom est devenu générique”. “Spa était un simple village, difficile d’accès au cœur de ses collines. Dès le XVIe et le XVIIe, les visiteurs y ont pourtant afflué. On les appelait les bobelins. C’était une moquerie qui vient du wallon et veut dire “nigauds” pour désigner ces gens élégamment vêtus dans un village boueux”, conte Gaëtan Plein, artiste et guide touristique de la ville. La visite phare de l’époque fut celle du tsar Pierre Ier de Russie (Pierre le Grand) qui arriva pour un séjour d’un mois en 1717 sur la recommandation de son médecin, il fut apparemment guéri de sa maladie du foie. Le rêve s’est propagé. “À l’époque, vous aviez toujours la chance de rencontrer une personnalité. La reine Christine de Suède, Alexandre Dumas ou Casanova sont venus à Spa.” Il a fallu le chemin de fer, l’arrivée de la classe moyenne pour que le thermalisme se popularise jusqu’à celui que Spa offre aujourd’hui, le “thermoludisme”. Pour une version plus chic et plus intime, on optera pour les thermes de la ville d’à côté, ceux de Chaudfontaine. Pour lancer la saison touristique wallonne, le ministre René Collin (cdH) vient de passer la journée à Spa, un peignoir sur le dos. “C’est le vêtement typique de la personne en villégiature dans une ville thermale”, rapporte Gaëtan Plein qui porte le peignoir à plus d’une occasion. Spa fait partie d’une série de onze villes d’eaux d’Europe, comme Vichy en France ou Bath au Royaume-Uni, qui cherchent aujourd’hui à se

Les thermes de Spa.

“Aller dans un spa? Essayez l’original en Belgique.” C’est le Washington Post qui le dit. faire reconnaître ensemble comme patrimoine mondial de l’Unesco, l’organisation des Nations unies. Ces lieux témoignent des soins médicaux prodigués à l’aide d’eaux minérales et thermales. “Malgré sa surface de 40 km2, Spa possède tous les attributs d’une ville thermale authentique: nombreuses sources agrémentées de pavillons décorés, complexe thermal, parcs publics et promenoir couvert, hôtels de grande envergure, très nombreux sentiers de randonnée, un des premiers casinos au monde, théâtre et salles de bal, golf, aérodrome…”, défend l’épais dossier concocté pour séduire l’Unesco, appuyé par une pétition. En 2021, les experts rendront le verdict final qui pourrait différer d’une ville à l’autre. “Ce serait une consécration”, approuve Olivier Colle. ✖ 41

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Spa, ce label mondial


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L’avenir de Francorchamps Hybride, gaz naturel, hydrogène... Les nouvelles sources d’énergie propulsent champions, techniciens et même demandeurs d’emploi sur des circuits plus durables.

A Texte: Vincent Liévin

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ux alentours du circuit de Francorchamps, on a su se tailler au fil des années une réputation de formation de grande qualité avec le Campus Francorchamps, du centre wallon Technifutur. Y compris dans la filière des technologies vertes. “Aujourd’hui, on forme à l’écomobilité mais aussi à l’entretien de véhicules au gaz naturel et à l’hydrogène notamment. Notre offre s’est diversifiée sur les métiers de l’automobile et de la moto”, souligne l’administrateur délégué de Technifutur, Thierry Castagne. Des partenariats se sont ainsi noués avec des sociétés comme Toyota, Engie et des centres de recherche. “À titre d’exemple, on forme les pompiers (1.500 à ce jour) aux interventions sur les véhicules

électriques ou hybrides en cas d’incendie.” Le Campus propose des formations qualifiantes pour l’entretien des voitures, mais “forme aussi les travailleurs de la Stib aux interventions sur les bus hybrides”. Le Forem a également lancé une toute nouvelle formation de technicien de maintenance “bus et autocar” pour les 300 nouveaux bus hybrides pour la Wallonie. Le rapprochement depuis cette année avec Technifutur a permis aussi d’améliorer les liens avec l’industrie automobile. “Nous sommes au cœur d’un bassin de construction automobile entre l’Allemagne et la France.” Cela permet aussi de vivre des expériences rares: “Nous avons travaillé sur un véhicule à l’hydrogène avec l’université de Liège ou encore mené une recherche de pointe avec une société du Condroz pour la


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“Nous avons créé une structure de carrosserie en fibre de lin.” tale. Notamment l’éclairage LED complet sur tout le site. Nous travaillons aussi à une meilleure gestion forestière du site.” Lors des journées d’affluence, le public est amené à participer. “Des progrès ont été faits pour les eaux usées et la gestion des déchets. Cette année, nous allons passer aux gobelets réutilisables et/ou biodégradables notamment. Les chaufferies obsolètes et/ou trop énergivores seront remplacées, des outils de gestion connectés seront mis en place afin de nous permettre d’améliorer notre empreinte carbone.”

Compétition zéro émission

mise en place d’une structure de carrosserie en fibre de lin”. En octobre 2018, lors des 24 Heures 2 CV à Spa-Francorchamps, une “Diane” a en effet pris le départ avec une carrosserie partiellement végétale. “De manière générale, la réflexion sur l’allégement des véhicules intéresse le secteur de l’automobile et nous y sommes attentifs.” En 2015, le Campus Francorchamps était déjà présent dans le monde de la moto en engageant notamment une Yamaha dans les épreuves d’endurance. Cela avait permis aux stagiaires TMS (Techniciens en mécanique sportive) de parfaire leur formation sur le terrain.Le circuit aussi entame sa mue pour assurer son avenir. La nouvelle directrice générale du circuit de Spa-Francorchamps, la Française Nathalie Maillet, a fait son cheval de bataille du développement durable dès son entrée en fonction. “C’est un enjeu de société et nous vivons en son sein. C’est un sujet qui nous tient à cœur et auquel j’étais déjà particulièrement sensible en tant qu’architecte, mon cabinet était spécialisé dans l’éco-architecture.” Elle a entamé une véritable réflexion à tous les niveaux comme celle de la mobilité plus verte pour se rendre aux circuits (bus TEC gratuits au départ des gares de Verviers et Spa, navettes au départ des grandes villes belges). “Nous avons déjà amélioré notre empreinte environnemen-

Sur le circuit, pour les passionnés de sport moteur, l’avenir passera aussi par les énergies alternatives: “Par exemple, fin 2017, le Spark E#Day a été organisé au circuit. Sous l’impulsion de Spark Racing Technology, fournisseur officiel des voitures du championnat FIA de Formule E (dont le liégeois Sodaphi est actionnaire à 25 %), cette journée a réuni les différents acteurs internationaux de la mobilité électrique dans les villes de demain, les Smart Cities”. Plus de 500 personnes présentes au circuit de Spa-Francorchamps ont échangé sur la mobilité électrique. “Nous avons également noué un partenariat avec la société Sarolea, qui s’est lancée dans la conception de moto électrique. Enfin, notre pôle technique met nos infrastructures à disposition des constructeurs et développeurs de véhi- cules full électriques et aux technologies hybrides lors de la trêve hivernale.” Et ce n’est pas tout, puisque le circuit a également été choisi pour le lancement de la Mission H24. “Celle-ci a pour objectif d’engager des voitures de course “hydrogène” aux 24 Heures du Mans en 2024. Une catégorie sera dédiée à l’”hydrogène”, pour une compétition à zéro émission.” À ces bouleversements durables qui préfigurent l’après-F1, s’ajoute l’intégration des nouvelles technologies. “Dès mon arrivée, j’ai voulu que l’on réfléchisse à un circuit 100 % connecté, soit 15 km de fibre optique noire posée tout au long de la piste équipée de caméras HD intelligentes. Cela comprend un nouveau Race Control, centre névralgique de la sécurité piste, doté des dernières technologies avec un mur digital. On offre un service complet au public avec de la géolocalisation sur le site et une carte interactive.” Au cœur de son immense forêt, Francorchamps se veut vert et connecté pour sa pérennité. Loin des vrombissements chers à Michel Vaillant. ✖ 43


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Verviers croit en son renouveau Dans la “capitale wallonne de l’eau”, un habitant sur cinq est au chômage. Mais les Verviétois ont décidé de ne plus avoir peur du changement. - Texte: Vincent Liévin -

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hape de plomb sur la ville. Avec la couverture mondiale de cette fusillade de la rue de la Colline pour débusquer une cellule terroriste, Verviers noircit un peu plus son image. Elle qui, avant ce 15 janvier 2015, peinait déjà tant à retrouver son lustre. C’est que le redressement de la “capitale wallonne de l’eau” forte de ses 55.000 habitants est plombé par un taux de chômage de 20 % qu’elle traîne à la suite des fermetures successives. La cité lainière, en son temps l’une des plus prospères d’Europe, ne se réinvente pas. Elle surnage entre guerres fratricides et immobilisme politique. Aujourd’hui pourtant, les premiers signes de redressement existent: culturel, associatif, économique même. Pour Mourad Touati, auteur de deux films, Verviers, vers le renouveau et Verviers, terre d’eau audelà du terreau, des initiatives citoyennes naissent: “Après janvier 2015, j’ai voulu montrer une autre image et j’ai été à la rencontre de la population. Le problème aujourd’hui est socioéconomique. Le fait que les quartiers plus pauvres soient proches du centre-ville peut aussi donner une impression “d’envahissement” aux visiteurs et touristes. À cela, il faut ajouter que le coût des parkings fait fuir les gens”. Mais sur ce point,

“À court terme, le redressement ne sera pas économique, mais associatif et culturel.” 44

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on annonce le retour, prévu pour 2023, d’un parking moins cher au cœur de la ville. Peu importent les débordements récents liés à la présentation avortée du livre de Theo Francken. Ou les menaces reçues par la bourgmestre Muriel Targnion, opposée à la venue de l’élu N-VA. Pour les Verviétois, cet épiphénomène ne peut rien contre la lame de fond. Des jeunes et des entrepreneurs croient réellement au redressement. Riche de plus de 100 nationalités, l’une des plus grandes villes wallonnes doit mieux se mélanger. Pour Mourad Touati, “à court terme, la solution ne sera pas économique, elle sera associative et culturelle. La ville regorge de beaux bâtiments qui peuvent être mis en valeur. Des projets existent pour créer des logements. Les habitants et les créateurs se sentent impliqués pour faire bouger la ville. On voit que certains investisseurs privés reviennent. Le moment est aussi venu de croire en cette jeunesse active”. Une vision partagée par Gaspard Talmasse, dessinateur qui participe à la création du Comptoir des ressources créatives. “En travaillant dans le dessin animé, je me suis rendu compte que je voulais évoluer avec d’autres. Aujourd’hui, l’activité économique liée à la création est très importante dans notre région. Nous voulons donc apporter une structure “par les créateurs pour les créateurs” qui propose des services matériels et immatériels.” Pour lui, un frémissement existe: “J’ai le sentiment que l’on est à la veille d’une renaissance parce que l’on voit aussi des initiatives dans les circuits courts de l’alimentation. C’est maintenant qu’il faut investir dans Verviers”. Il reconnaît que le centre reste un chancre, “mais ce phénomène de désertification ne touche pas que Verviers. Il faut aussi revoir le type de commerces que l’on y met”. Dans ce contexte, l’entrepreneuriat balbutie, mais les premiers chiffres sont encourageants. En 2017,


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Verviers a connu une augmentation de 4,5 % des créations d’entreprises même si l’arrondissement a perdu 76 % d’exploitations agricoles entre 1980 et 2017. Pour Willy Savelkoul, responsable régional de l’Union des classes moyennes de Verviers, “on remarque une hausse des engagements notamment dans l’Horeca et la construction avec des premiers emplois liés aux mesures du tax shift”. Actuellement, il constate aussi moins de faillites que les années précédentes, “mais il reste encore beaucoup de cellules commerciales vides”. Et même si le piétonnier est agréable, les loyers restent trop élevés. En attendant, aujourd’hui, la population de Verviers manque de travail: “On constate un manque de formation et de qualification pour décrocher un emploi. C’est donc le prochain gros défi pour la ville”.

De New York à l’Unesco Pourtant, des réussites existent comme le centre commercial Crescend’eau et la librairie La Traversée qui voient un public toujours plus nombreux franchir leurs portes. L’avenir passera aussi par l’aboutissement (enfin) de grands projets comme la rénovation du Grand Théâtre (30 millions dégagés) et l’aménagement des bords de Vesdre. Un peu plus loin, sur les coteaux de la Vesdre, au lieu-dit Bolinheid, un nouveau projet résidentiel va voir le jour en même temps que la Vesdrienne, un chemin

cyclo-pédestre, que les plus ambitieux comparent à la High Line de New York… Une véritable volonté existe aussi de faire classer une partie de la ville, “le quartier des Boulevards”, à l’Unesco.

L’ancienne cité lainière compte 55.000 habitants et plus de 100 nationalités.

Au fil des rues, des petites touches égaient déjà la cité. Des fresques de Yoko Tsuno, l’héroïne de Roger Leloup, né à Verviers, témoignent de la volonté de créer “un vrai parcours BD”. La ville veut compter sur ses “stars” actuelles ou passées (frères Taloche, Steve Houben, René Hausman, Jean-Philippe Darcis, Pierre Rapsat…) et aussi sur les nouvelles comme les rappeurs Avery et Chico ou Thomas, le fils de Pierre Rapsat… pour marquer son renouveau et sa muticulturalité. Au pied de la Vesdre, l’or bleu sera inévitablement un vecteur multisectoriel du redressement via le Centre Forem situé au Polygone de l’Eau (formation à tous les métiers liés à l’eau: captage, potabilisation, distribution, épuration…), avec le siège de la SWDE (Société wallonne de l’eau) et ses emplois, et surtout les très nombreuses animations de la Maison du tourisme accessibles au public. Caméra au poing, devant ce tableau, Mourad Touati y croit: “L’avenir nous appartient et cela passera tant par les actes du monde politique que par les initiatives des citoyens”. Comme à Charleroi ou dans certaines villes anglaises, les exemples ne manquent pas. Si l’on s’en donne les moyens. ✖ 45


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Eupen, capitale de la CommunautĂŠ germanophone.

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Le miracle germanophone À l’est de la Belgique, un peuple résiste à la morosité économique. Sa potion magique est son multilinguisme. Pour cerner toute la singularité de leur Communauté, on a rencontré l’ancien et le nouveau chef de ce coin de royaume idyllique. - Texte: Catherine Ernens -

C

ette petite Communauté souvent oubliée où il fait si bon vivre d’après les sondages d’opinion, 98 % des habitants se déclarent satisfaits d’y habiter. Un petit miracle? “La qualité de vie est très grande chez nous. Notre petite région est à la fois très ouverte au monde, très pro-belge et très pro-européenne, s’enthousiasme le ministreprésident Oliver Paasch. Nous calculons comme des Allemands. Nous vivons comme des Français. Et nous sommes fiers d’être Belges.” D’une sentence, Oliver Paasch résume la recette de sa communauté qui a des frontières directes avec le Grand-Duché de Luxembourg, avec l’Allemagne et même les Pays-Bas. Ici, tout le monde se connaît. C’est familial. Tout le monde s’aide. Et chacun fait la fête, que ce soit au carnaval ou à la Saint-Martin, le 11 novembre. La nature est magnifique et les possibilités de s’y promener, nombreuses. Le taux de chômage est en dessous de 6,5 %. Pour faire la différence, les germanophones ont mis au point un système de formation unique en Belgique qui est un vrai exemple de réussite. Il s’inspire de la formation duale allemande, où le jeune passe surtout du temps en entreprise. Débrouillards en langues comme dans beaucoup de domaine, les germanophones se montrent plus flexibles et dynamiques que leurs voisins. “Cela correspond à la tendance générale des métiers de demain et de la digitalisation. Une région comme la nôtre est peut-être plus apte à relever ce genre de défi”, souligne Karl-Heinz Lambertz qui, très longtemps ministre-président, s’est hissé au top en devenant président du Comité européen des régions. De là, il peut mieux que jamais évaluer les atouts, et quelques failles, de sa belle région.

Une petite région rurale de moins de 900 kilomètres carrés qui compte 70.000 habitants, 2.200 entreprises, 22.000 emplois salariés et 6.000 indépendants. “Mais 12.500 germanophones travaillent ailleurs en Belgique ou à l’étranger. Il y a donc une grande mobilité, explique Karl-Heinz Lambertz. On a même un problème de pénurie de main-d’œuvre. Les avantages en langues des germanophones donnent accès à pas mal de rémunérations intéressantes ailleurs au Grand-Duché ou en Allemagne. Ils ne restent pas dans la région.”

Unique au monde Oliver Paasch confirme. Il a d’ailleurs un leitmotiv: venez travailler dans cette région nichée à l’est de la Belgique. “C’est un appel que je lance aux francophones. Nous cherchons dans tous les secteurs, des ouvriers comme des universitaires. Il y a souvent la barrière de la langue, mais nous offrons beaucoup de possibilités d’apprendre l’allemand.” On notera toutefois que “l’économie est assez saine mais pas miraculeuse. On correspond simplement à une région rurale d’Europe où il n’y a pas eu de cataclysme industriel. On n’a pas d’industrie de haute technologie mais on est bien situé”, comme l’expose Karl-Heinz Lambertz. La “Belgique de l’Est” fête ses cent ans cette année et l’an prochain, son siècle d’appartenance à la Belgique. Entre 1920 et 1925, la région ➜

“Nous calculons comme des Allemands. Nous vivons comme des Français. Et nous sommes fiers d’être Belges.” 47


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Reybrouck, Zinc. L’écrivain et historien flamand, auteur du magnifique Congo, une histoire, a d’ailleurs participé à la mise en route d’un dispositif jusqu’ici unique au monde. Lorsque Oliver Paasch se demandait comment faire pour installer des citoyens aux commandes de sa Communauté, David Van Reybrouck lui a dit: allez-y, écrivez l’histoire. C’est désormais en route. Un conseil permanent de citoyens tirés au sort va être installé après les élections de mai. Ils pourront s’exprimer sur tous les sujets avec la possibilité de mettre à l’agenda politique les sujets qu’ils choisiront et faire des recommandations. Le Parlement devra justifier sa décision s’il ne le suit pas. Ils auront donc un vrai pouvoir de pression.

Karl-Heinz Lambertz, à gauche, et Oliver Paasch, le nouveau ministreprésident germanophone.

➜ a vécu sous un régime transitoire. En 1940, elle a été annexée par l’Allemagne et est retournée à la Belgique à la fin de la guerre.

C’est une fameuse histoire qui se raconte aujourd’hui en six volumes. Dans le jeu de quille, la commune de Moresnet a vécu une histoire assez fascinante en restant neutre et en appartenant longtemps aux deux États, belge et allemand. Le musée situé à La Calamine raconte tout cela de même que le livre de David Van

“Nous allons être un laboratoire pour la démocratie. Nous avons l’ambition de lutter contre le populisme avec cette assemblée citoyenne, se félicite Oliver Paasch. Pour arriver à cela, nous sommes allés à la limite de la Constitution. C’est une démocratie délibérative qui est complémentaire à la démocratie représentative.” Oliver Paasch en a fait une ambition personnelle, mais a cependant voulu que ce soit un projet partagé et il a réuni tous les partis pour que ce projet soit adopté à l’unanimité. “Je trouve ça extraordinaire à quelques semaines des élections, dit-il. Mais on reste modestes. Nous n’allons pas changer le monde. Par contre, nous profitons de nos possibilités.” L’annonce du conseil citoyen a fait un véritable buzz. Des médias allemands, autrichiens et même le New York Times s’y sont intéressés. ✖

La quatrième Région du pays? Les germanophones de Belgique tracent leur destinée à travers les rouages du fédéralisme. Et espèrent pouvoir y mettre de l’huile.

L

e paradis peut être parfois très compliqué”, sourit Karl-Heinz Lambertz, qui a toujours veillé au grain des siens. La Communauté germanophone est la plus petite entité fédérée de la Belgique. Elle exerce ses compétences sur neuf des onze communes appartenant aux Cantons de l’Est. Waimes et Malmedy - de langue francophone - font partie des Cantons mais pas de la Communauté. Des facilités linguistiques sont de mise. On vous épargne les détails. En tant que Région dotée de compétences législatives, la Communauté dispose d’une large

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autonomie avec un parlement, un gouvernement et une administration. Mais elle fait partie aussi de la Région wallonne. La Communauté germanophone a dû discrètement s’adapter et tirer parti des cinq réformes de l’État. “La 6e réforme a donné la politique des personnes âgées et les allocations familiales. Chaque fois qu’on a touché à la construction de la Belgique, il a fallu adapter les compétences de la Communauté germanophone, tout cela en lien direct avec Bruxelles”, rappelle Lambertz. Dans la mécanique Belgique, et avec un statut de Communauté et

non pas de Région, l’entité germanophone s’est retrouvée en difficulté lorsqu’on a régionalisé certaines compétences: elle les perdait. En 1983, on a inventé une solution pour que les compétences régionales puissent être transférées de la Région wallonne à la Communauté germanophone. Et cela s’est fait six fois. Tourisme, emploi, tutelle sur les communes, la petite Communauté a de plus en plus son destin en main. Le ministreprésident wallon Willy Borsus vient de remettre à Oliver Paasch les clés de l’aménagement du territoire, du logement et d’une partie de l’énergie. Mais cela reste lourd et imposant. “Si vous voulez simplifier, vous devez faire une Belgique à quatre Régions”, appuie Karl-Heinz Lambertz qui plaide depuis des années en ce sens.


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Lacs, promenades, pauses gastronomiques Du barrage de la Gileppe aux bières d’altitude du Signal de Botrange, des joyaux de Stavelot ou Clermont aux itinéraires du pays des bocages ou des Fagnes. Les lacs

Les abbayes de Stavelot et Val-Dieu

La région de l’Ardenne bleue ne porterait pas aussi bien son nom sans ses grands lacs comme la Gileppe, Robertville ou la mythique cascade de Coo. Si ces lieux sont bien entendu propices à de nombreuses activités touristiques et nautiques (pêche, baignage, minigolf, plaine de jeux, RAVeL, points panoramiques, restauration et même parc d’attractions pour l’un d’eux), ils ont aussi une tout autre utilité: produire de l’électricité. À la Gileppe ou à Robertville, ce sont les barrages qui s’y attellent, à Coo, une centrale hydroélectrique. Ce sont aussi de fameux réservoirs pour l’eau douce qui sort de nos robinets.

Symboles d’un riche patrimoine religieux, architectural et culturel, deux abbayes d’envergure se partagent le territoire. Celle de Stavelot est une des plus anciennes fondations monastiques de Belgique (créée en 651). Ce qu’il reste de ses bâtiments est aujourd’hui dédié à la culture et compte trois musées, dont celui du circuit de SpaFrancorchamps. Sa voisine, l’abbaye du Val-Dieu, aussi fortement connue pour sa bière du même nom, a abrité des cisterciens depuis sa fondation au XIIIe siècle jusqu’en 2011. Aujourd’hui, une communauté chrétienne occupe les lieux. L’abbaye, comme sa brasserie, se visite toute l’année.

(Gileppe, Robertville, cascade de Coo)

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Texte: Pauline Zecchinon

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Cour de l’Abbaye 1, 4970 Stavelot. Val-Dieu 227, 4880 Aubel. ➜


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À la cascade de Coo, activités touristiques et centrale hydroélectrique. 51


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Belgium Peak Beer, Brasserie Ovifat (Botrange)

Les plus beaux villages

À deux pas du célèbre Signal de Botrange, surplombant toute la Belgique du haut de ses 694 mètres, la brasserie Belgium Peak Beer brasse - à l’eau de source, s’il vous plaît - des “bières d’altitude”. Les deux pères fondateurs, Gauthier et Victor, se sont lancés dans l’aventure en 2016, avec l’envie de créer une brasserie “nature” qui essaie aussi de limiter son empreinte écologique.

Le Pays de Herve peut se targuer de compter quatre de ses villages parmi les trente plus beaux de Wallonie. Un label reçu grâce à leur patrimoine rural jugé remarquable. Clermont, et son église du XVIIe siècle, son hôtel de ville du XIXe, ses maisons en brique et pierre blanche. Olne, petit bourg un jour hautement animé par les carrières de pierre et ses multiples artisans. Soiron, exemple de l’habitat traditionnel des XVIIe et XVIIIe siècles. Et puis Limbourg, construit sur un rocher, dont les nombreux bâtiments classés évoquent le Moyen Âge.

Route de Botrange 123, 4950 Sourbrodt. www.peak-beer.com/fr/accueil

Hôtel et restaurant La Reine La famille Finck a flairé le bon filon en rachetant en 2015 un petit hôtel tranquille de 14 chambres et une suite, avec jardin, proche du centre-ville. Un an plus tard, ils lancent le restaurant attenant à l’hôtel, rapidement récompensé par deux fourchettes au guide Michelin. Le succès est tel que la petite famille a récemment décidé d’agrandir son établissement et d’en doubler la surface. D’ici 2022, l’hôtel comptera 25 chambres et deux suites, ainsi qu’une salle de séminaire. Et un spa, bien entendu. Rue Adolphe Bastin, 4900 Spa. www.lareine.be/fr/hotel

(Clermont, Olne, Soiron, Limbourg)

Siroperie Charlier Produit phare de la région, le sirop, composé uniquement de pommes et de poires, abondantes dans les vergers, est une tradition ancestrale. Éric Charlier, petit-fils du fondateur, et sa femme Caroline sont les derniers à encore réaliser la cuisson traditionnelle entièrement au feu de bois. Counhaye 14, 4841 Welkenraedt. www.siropcharlier.be

Promenades vertes dans les bocages et réserves D’Eupen à Saint-Vith, l’est de la Belgique est un coin bien connu des amateurs de randonnées. Les lieux regorgent de promenades pour marcheurs, cyclistes ou même cavaliers plus ou moins aguerris. Au pays des bocages, la Maison du tourisme du Pays de Herve sera le point de départ idéal. Pour le magnifique Parc naturel des Hautes Fagnes, la Maison du Parc naturel Hautes Fagnes-Eifel et le Centre nature Maison Ternell vous accueilleront et vous conseilleront les meilleurs itinéraires. www.ostbelgien.eu

Siroperie Charlier

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Hôtel-restaurant La Reine

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La gare de Hombourg reconvertie en gîte.

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L’apPETIT

La Belle Époque

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La Belle Époque Carrelages blancs aux murs, plafonds travaillés, lustres tombants et banquettes... Le restaurant de Philippe Lugens est aussi beau que bon. Sa cuisine traditionnelle mise sur le fait maison - du pain jusqu’aux frites - et les produits du terroir. Le circuit court règne en maître, les vins sont majoritairement bio et la qualité, toujours au rendez-vous. Place du Monument 15, 4900 Spa. www.a-la-belle-epoque.be

L’épicerie des champs Ici, on consomme du producteur au consommateur. Ou “de la fourche à la fourchette” comme le disent les producteurs et artisans à l’origine du projet de L’épicerie des champs. À Malmedy, ils ont créé un magasin où ils peuvent vendre eux-mêmes le fruit de leur travail à un prix juste. Un lieu convivial aussi, où les citoyens et les agriculteurs se retrouvent pour échanger. Fruits et légumes, produits laitiers, viande, du bio, du vrac…, tout ce que les clients y trouvent est issu de la production locale. L’épicerie des champs est ouverte deux jours semaine, le vendredi et le samedi. Rue Neuve 29, 4960 Malmedy. www.lepiceriedeschamps.be

Lola Coquelicot Les coquelicots sur la façade annoncent déjà la couleur de cette petite boutique de prêt-à-porter pour femmes située en plein centre de la ville thermale. Les vêtements, chaussures et accessoires proposés par Nathalie, la gérante, sont hauts en couleur. “Tendance bobo chic”, selon la propriétaire. Colorés et bigarrés, sans aucun doute. Lola Coquelicot, ce n’est pas une, mais deux boutiques à l’allure chaleureuse et au style unique et original, séparées de quelques centaines de mètres seulement. On y découvre des petits créateurs belges aussi bien qu’on y retrouve certaines marques plus connues comme La Fée Maraboutée, Berthe aux longs pieds ou Sandwich. Place Royale 15, 4900 Spa. Avenue Reine Astrid 4, 4900 Spa. www.lolacoquelicot.net

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La gare Cela fait longtemps que les trains ne passent plus à la gare de Hombourg, mais les visiteurs en quête d’un séjour insolite s’y arrêteront volontiers. À l’ombre de l’ancienne gare, aujourd’hui devenue une salle de réception, dorment des wagons datant des années 50 dans lesquels rien ne semble avoir changé. Ici, on passe la nuit sur les couchettes d’origine d’un wagon hôpital de 1954 et on mange dans un wagon postal de 1930. Et pour les visiteurs plus en quête de luxe que d’authentique, l’ancien hôtel en face de la gare est devenu un gîte quatre épis avec tout le confort moderne. Rue de la Station 52-58, 4852 Hombourg. www.lagarehombourg.be

L’apPETIT Le restaurant de Nix Youri et son épouse Anne Thissen est à leur image: chaleureux et accueillant. Le chef met un point d’honneur à concocter des menus avec des produits frais issus de l’agriculture locale. Une salle tout en simplicité, une belle terrasse et des préparations classiques mais efficaces, le secret du bonheur pour le jeune couple dont la réputation dans la région n’est plus à faire. Rue Bambusch 69, 4850 Moresnet. www.lappetit.be


SPA Ville Thermale Authentique

www.villedespa.be BGUCL00A


grands formats

L'ARDENNE BLEUE

Ils font la région Artistes, organisateurs de festivals, producteurs de délices, entrepreneurs, humoristes, comédiens, pilotes de rallye... Les ambassadeurs d’ici savent aussi se distinguer. - Texte: Pauline Zecchinon -

Charles Gardier

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e Spadois a 18 ans quand il se jure de réintroduire un festival dans sa ville, après la fin du Festival international de la chanson française. Quelques années plus tard et un passage en politique, Charles Gardier réalise son rêve. Il s’associe à Jean Steffens, un Malmédien passionné de musique qui organisait déjà des événements musicaux dans sa ville. Aujourd’hui celui-ci est le patron d’Impact Diffusion, une référence en matière d’organisation d’événements et de festivals en Belgique. Pour ne pas se faire concurrence, les deux hommes s’allient. En naîtront les Francofolies, dont ils assument toujours la codirection.

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“J’avais une obsession pour que ça se déroule à Spa. J’essayais de comprendre ce qui faisait notre ville. Nous sommes le berceau du thermalisme moderne, le premier endroit au monde où les gens se sont rassemblés pour prendre soin d’eux et se détendre avec de la culture”, analyse Charles Gardier. L’activité culturelle florissante de la ville thermale et son histoire le convainquent d’organiser le festival en plein cœur de la cité. 25 ans plus tard, le Spadois aime à dire que c’est devenu un Cannes pour la musique, “en plus sympathique, avec de la bière”, avait confié Calogero après son passage. “Cette aventure un peu folle a duré bien plus longtemps que ce qu’on aurait imaginé. On est heureux d’avoir vu le festival perdurer et d’avoir projeté une image positive de Spa et de la région.” L’aventure est loin d’être terminée. L’édition 2019 s’annonce plus belle que jamais: Angèle, Kid Noize, Mustii, Orelsan, Patrick Bruel ou encore Zazie.

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Franck Dubois

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Jean-Philippe Darcis

© Jean-Claude Dessart

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Madeleine Hanssen

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lle est la dernière à encore fabriquer du fromage de Herve selon la tradition ancestrale, avec du lait cru. “Les pieds dans le passé et la tête dans le futur”, martèle celle qui, avec son mari, gère “La fromagerie du vieux moulin”, qui appartenait déjà à ses parents. “On a par exemple construit le bâtiment le plus écologique possible, et on travaille dans le respect du bon, du propre et du juste.” Ces valeurs, Madeleine Hanssen en a fait aussi un combat: juste prix du lait, transparence (elle a ouvert un musée dédié à la fabrication du herve) et circuits courts, car elle n’imagine pas vendre ses produits dans les grands magasins.

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mbassadeur du chocolat belge et pionnier du macaron en Belgique, Jean-Philippe Darcis est un peu le Ladurée version belge. Enfant du pays de Herve, il n’en oublie pas pour autant de se tourner vers les produits du terroir et met en avant les producteurs de la région quand il ne s’agit pas de fèves de chocolat. Son premier salon de dégustation s’est ouvert à Verviers en 1996. Vingt ans plus tard, il compte plusieurs enseignes à travers le pays et à l’étranger. Mais c’est dans sa ville qu’il installe en 2016 “La chocolaterie”, un musée du chocolat qui retrace habilement son histoire et sa fabrication.

Xavier Étienne ’est son épouse, Murielle, qui porte le nom de Detry, un patronyme bien connu dans les terres gastronomes d’Aubel pour être celui de l’entreprise de charcuterie la plus célèbre de Wallonie. Xavier Étienne est aujourd’hui à la tête de la société et donc des viandes “Aubel” et boucheries Dufrais. Un challenge qui lui a été confié il y a dix ans par Monsieur Detry en personne, le fondateur de ce petit empire florissant, qui n’a que 50 ans. La société compte aujourd’hui plus de 1.000 collaborateurs et commercialise plus de 200 tonnes de charcuterie chaque semaine, en Belgique et à l’étranger.

© OPT - Olivier Legardien

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’il s’est exilé pendant une dizaine d’années à Aubel pour y ouvrir son restaurant, Franck Dubois n’a pas pu résister à l’appel de sa ville, Herve. Il y est revenu installer son nouvel établissement, juste à côté de l’hôtel de ville. Un endroit qu’il connaît bien puisqu’il a été conseiller communal pendant 12 ans ainsi que président de la cavalcade. Sa brasserie, baptisée “Tel père telles filles”, c’est peut-être son dernier grand défi. Après, il envisage de couler ses vieux jours dans le sud de la France où il se verrait bien ouvrir des chambres d’hôtes… On n’arrête pas un homme d’action.

Philippe Stassen

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’ancien boss de la cidrerie qui porte son nom, entrepreneur dans l’âme, multiplie les projets, et les sociétés. “Je suis resté principalement dans les boissons, parce que c’est un domaine que je connais.” Il est toujours le patron du Kidibul et autres marques de vins et cidres sans alcool. Avec ses amis aubelois de la siroperie Meurens, il s’est lancé dans la désalcoolisation de boisson. Il a aussi produit sa propre marque de bière: la Bière des amis. Philippe Stassen, Aubelois pur et dur, aime sa région “culinaire et gastronome”. Un de ses derniers projets: réaménager l’ancien site Ruwet à Thimister pour en faire 700 m2 de bureaux, majoritairement investis par ses sociétés.

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Thierry Neuville

Martin Charlier

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e pilote de rallye aux lunettes orange, quatre fois vice-champion du monde dans sa catégorie, nous vient de la petite ville de Saint-Vith. S’il est aujourd’hui devenu monégasque, il investit pourtant dans sa terre natale. Associé à son frère Yannick, également pilote, Thierry Neuville y a racheté un ancien bâtiment industriel. Leur société, Lifelive, produit des buggys de course destinés aux jeunes amateurs. Collectionneur, Neuville récupère petit à petit les voitures qui ont marqué son parcours. Il rêve de les entreposer dans les locaux de sa société et d’y ouvrir un musée.

mpossible de passer à côté du phénomène depuis qu’on le retrouve chaque semaine dans son personnage de “Kiki l’innocent”, pour des interprétations délirantes - Melkikior le roi mage, Kikimodium le pharmacien, Rokiki Deporc l’employé d’abattoir… - sur le plateau du Grand Cactus. Mais en dehors des studios de Médiarives, Martin Charlier garde les pieds bien ancrés dans sa région d’origine. Verviétois de sang, Hervien de cœur, celui qui compte cinq spectacles à son actif y a créé le “Caval’Rire” en 2013, le premier festival d’humour 100 % belge.

BelgaImage

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Martine Meurens

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hez les Meurens, on fabrique du sirop de père en fils, et en fille. Le Sirop de Liège leur coule dans les veines. Après avoir travaillé pendant 16 ans dans la société familiale, Martine Meurens vole désormais de ses propres ailes, mais n’a pas quitté le monde du sirop, ni Aubel. Elle y a créé sa propre marque de sirop en version liquide, un concept qui s’exporte bien. “C’était trop compliqué de travailler en famille, mais je suis encore à Aubel, je sens toujours les odeurs du sirop traditionnel en fonction de la direction du vent. Je vis là-dedans!”

© Michelle Delagrange

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Bouli Lanners

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é Philippe Lanners à Moresnet-Chapelle, aux trois frontières entre les Pays-Bas et l’Allemagne, celui qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de Bouli a passé son enfance dans ce territoire de passage. S’il a fini par quitter les Cantons de l’Est pour la ville de Liège, c’est à Gemmenich, à l’école secondaire, qu’il s’est découvert une passion pour l’art. Comédien, metteur en scène, scénariste et réalisateur, Bouli Lanners s’est récemment signalé par son engagement pour le climat et ses légendaires coups de gueule sur Facebook. Bouli, faut pas le prendre pour un con.

Christian Nezer

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e rôle de sa vie aura été d’être le grand maître de la confrérie des Blancs Moussis de Stavelot pendant plus de trente ans. Cette année, pour le septantième anniversaire de la confrérie, il a porté son titre pour la dernière fois. Il était temps de passer le flambeau, selon lui. Christian Nezer aura marqué les Stavelotois et tous les Blancs Moussis par son engagement et pour avoir fait rayonner ces personnages habillés de blanc et au long nez rouge, lors du carnaval de la ville, mais aussi en dehors des frontières de la Belgique.


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Ricarda Grommes

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a jeune chef Ricarda Grommes ouvre son restaurant “Le Quadras”, dans sa ville natale de Saint-Vith, au printemps 2016. Un an plus tard, elle est déjà gratifiée d’une étoile au guide Michelin et du titre de Femme chef de l’année. On lui aurait ouvert les bras dans n’importe quelle ville du pays, mais Ricarda est une fille de la campagne et elle aime trouver dans son terroir les ingrédients qu’elle cuisine. À trente ans et des poussières, la jeune femme cumule avec brio son rôle de chef avec celui de maman depuis deux ans. BGXKJ00A

’est à leur père, Charles Liégeois, que l’on doit la célèbre marque de café qui deviendra, en à peine cinquante ans d’existence, la plus importante de Wallonie. C’est bien à Battice, et non à Liège, au milieu du Pays de Herve, qu’arrivent des grains de café du monde entier, ensuite redistribués à l’international, sous la supervision de Michel et Benoît, deuxième génération de Liégeois à la tête de l’entreprise. Un actionnariat 100 % familial, indépendant de tout groupe agroalimentaire et implanté uniquement en Belgique, dont ils sont extrêmement fiers.

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Les frères Liégeois

De nombreux folders avec des circuits balisés gratuits et disponibles à l’Office du Tourisme de Jalhay/Sart aux randonneurs, joggeurs et vététistes. À découvrir également, le lac de la Gileppe et le lac de Warfaaz avec de nombreuses activités. N’hsitez pas à consulter notre site internet : www.tourismejalhaysart.be/loisiretdedente

+32 87 47 47 37

info@tourismejalhay.be

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# C I R C U I T S P A 13 - 14 PORSCHE CLUB FRANCORCHAMPS DAYS 18 - 19 - 20 300 SPA-FRANCORCHAMPS 27 - 28 LAMERA CUP

AVRIL

MAI

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1-2 7-8-9 16 21 - 22 - 23 28 - 29 - 30

2-3-4 11 - 12 17 - 18 - 19 25 - 26

WEC - TOTAL 6 HOURS OF SPA - FRANCORCHAMPS SPA WORLD RALLYCROSS OF BENELUX SPA CLASSIC FRANCO FUN FESTIVAL

MCLAREN INTERNATIONAL GT OPEN SPA ITALIA SPA EURO RACE SPA SUMMER CLASSIC 5-6-7 12 - 13 - 14 19 - 20 - 21 25 - 26 - 27 - 28

JUILLET

2-3-4 10 - 11 18 30 - 31 & 1/09

AOÛT

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OCTOBRE

Baptême de piste

4-5-6 26 - 27

8 14 - 15 20 - 21 - 22 27 - 28 - 29

BIKERS’ CLASSICS THE 25 HOURS VW FUN CUP SRO SPEED WEEK TOTAL 24 HOURS OF SPA YOUNGTIMER FESTIVAL SPA BUG SHOW 6 HEURES MOTO FORMULA 1 BELGIAN GRAND PRIX

ŠKODA SPA CYCLING CHALLENGE PORSCHE SPORTS CUP ELMS - 4 HOURS OF SPA - FRANCORCHAMPS SPA SIX HOURS

TCR 500 SPA-FRANCORCHAMPS 24H 2CV

Visite guidée

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