LE NOUVEAU #7 - MARS 2016

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#7 | VOTRE MAGAZINE MENSUEL GRATUIT | MARS 2016

INFOS PHOTOS R E P O RTA G E S

en Beaujolais

AU MEN U

Georges Dub raconte Monsie oeuf ur Paul Avec Bobosse, le s rois du canula r La folle aventure du Savour Club Létra, le vignob le de l’amitié

DOSSIER SPÉCIAL

BOCUSE EN BEAUJOLAIS


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SI G N ALÉT I Q U E B AN DE R OL E S M AR Q U AG E VÉ HI C UL E S ENSE I G N E S L UM I NE U S E S P A N N E AU X P UB L I C I T A I R E S FL Y E RS - C A R T E S D E VI S I T E IM PR E SS I ON G R A ND S F O R M A T S FL OC AG E TE X T I L E

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Bernard Chemarin Cuisinier QUINCIEUX - RHÔNE

BOCUSE ET NAPOLÉON Qu’est-ce qu’un grand homme ? Sans tomber dans la philosophie de comptoir, le concept a été défini par l’allemand Hegel à la fin du XIXe siècle. Le grand homme, c’est celui qui rencontre les aspirations de son temps pour transformer le monde qui l’entoure. « Je vis l’empereur, cette âme du monde, traverser à cheval les rues de la ville », s’exclame ainsi le philosophe dans ses Correspondances. Au XXe siècle, Paul Bocuse aura été l’âme de la cuisine française. Mais le célèbre chef n’aura jamais perdu la sienne. Distingué « cuisinier du siècle », trois étoiles Michelin depuis 1965, le maître de Collonges aurait pu mener une carrière hors-sol, comme le font certains chefs, plus souvent dans les avions que derrière leurs brûleurs. Non, « Monsieur Paul », comme on l’appelle ici, a toujours eu les pieds bien ancrés dans sa terre. La glaise tout d’abord où le jeune Paulo des bords de Saône passe sa jeunesse au fil de la rivière. Puis celle du Beaujolais où il a vécu mille histoires de partage et de profonde humanité. Autour de témoignages exclusifs, notre tour d’horizon Bocuse en Beaujolais est une définition simple de l’amitié, beaucoup moins martiale que les guerres napoléoniennes ! Il est pourtant quelques points communs entre ces deux grands hommes. L’Empereur voulait faire de Lyon sa capitale, Bocuse l’a confirmé comme capitale de la Gastronomie. Et, 90 ans plus tard, Monsieur Paul n’est pas près de voir l’Île d’Elbe ! « J’aimerais être vieux », glissait-il, malicieux, devant les caméras de France 3 lors de sa fête d’anniversaire le 11 février dernier. Vous ne le serez jamais cher Paul car vous êtes une partie de chacun de nous. Et nous vous aimons profondément. L’ÉQUIPE

DU

NOUVEAU

Directeur dede la publication : Benjamin Solly Directeur la publication : Benjamin Solly Rédacteur en Chef : Benjamin Solly Benjamin Solly Journalistes : Isabelle Martin Grève-Viallon, Benjamin Solly Photographe : Michel Goiffon Isabelle Martin Grève-Viallon, Mathieu Goudot, Benjamin Solly Commercialisation : Delphine Roybet (06 06 59 81 76), Aurélia Calzatti (07 70 67 01 57) Réalisation : Marc Chilliet – 06Goiffon 86 79 83 17 – Lyon, Beauregard Michel

D’abord le plaisir des yeux, la longue façade traditionnelle fait belle figure. A l’intérieur, un cadre chaleureux et joyeux rythmé par la cuisine sincère et authentique de Bernard Chemarin.

Ici, 3 générations se sont succédées aux fourneaux ! Yvonne, la grand-mère, Michel le père et maintenant Bernard, élève de Paul Bocuse et Pierre Orsi. Eté comme hiver, venez savourer les gourmandises et délices de notre restaurant semi gastronomique proche de Lyon. Le tout accompagné d’un large choix de vins de la région riche en vignobles entre Lyonnais et Beaujolais. Dès les beaux jours, la terrasse arborée de Tante Yvonne, hôtel restaurant dans le 69, vous réserve un délicieux moment à partager midi et soir !

Rédacteur en Chef : Journalistes : Photographe : Commercialisation Delphine 06 59 81 76), Aurélia Calzatti Photo couverture : © Savour :Club, clichéRoybet Michel(06 Goiffon

(07 70D'ALCOOL 67 01 57),EST Fabrice Rondepierre (07LA 82SANTÉ, 87 20 25) L'ABUS DANGEREUX POUR CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION Mention pour l’ensemble de la publication Saby Maviel

Photographe ayant collaboré à ce numéro : Impression (69) : Direct & Création CréationLamazière graphique Ne pas jeter sur la voie publique. La reproduction des textes, dessins et photographies Réalisation : MarcsontChilliet – 06 86exclusive 79 83 17 du – Lyon, Beauregard publiés dans ce numéro la propriété magazine le Nouveau,

28, Rue de la République - 69650 Quincieux - France

04 78 91 13 02

contact@hotel-restauranttanteyvonne.fr

une marque de la SAS le Nouveau au capital de 3 000 euros. RCS Mâcon 809 411 788. Elle se réserve tout droit de reproduction dans le monde entier. © Michel Goiffon En cours d’immatriculation ISSN.

Photo couverture :

Impression Lamazière

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S O M M A I R E mars 2016

INFOS Infos Calade .................................................................... 6 Infos Beaujolais ............................................................... 8 Économie....................................................................... 10

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Politique......................................................................... 12

DOSSIER PAUL BOCUSE EN BEAUJOLAIS Georges Duboeuf raconte Monsieur Paul.......................... 16 Le Savour Club .............................................................. 22 Bocuse, ses vignes à Létra ............................................. 24

7 GASTRONOMIE

Canulars en Beaujolais ................................................... 28

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Aurélien Mérot, Le Cep, à Fleurie .................................... 32 Pascal, La Cloche, au Perréon......................................... 34

Au Petit Moulin Fati et Norbert Longefay vous accueillent dans un endroit chaleureux, à leur image. Laissez-vous emporter par des mets cuisinés avec raffinement et passion. Le chef vous invite à découvrir sa région natale au travers d’une cuisine Dombiste toute en finesse. En été, vous apprécierez tout particulièrement la terrasse fleurie, spacieuse et ombragée. Un couple, une histoire culinaire mais aussi une expérience, font de ce lieu, une étape incontournable de la gastronomie régionale.

www.aupetitmoulin-01.fr

RESTAURANT A Spécialités de la D Dombes • aî Grenouilles fraîches • è Poulet à la crème

615 Route Route d’ d’Ars Ars - 01600 Sainte-Euphémie Sainte-Euphémie

Tél. 04 74 00 60 10

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RESTAURANT OUVERT

novembre marss : De no vembre à mar llee midi, du jeudi midi au dimanche midi Le soir : vvendredi endredi soir et samedi soir

octobre D’avril à oct obre mardi llee midi, du mar di midi au dimanche midi Le soir : llee vvendredi endredi soir et samedi soir

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calade © Maison du Patrimoine-Fonds A. Berthier-Geoffray

La Tour des Ursulines autrefois et aujourd’hui.

MAISON DU PATRIMOINE Métamorphose d’une ville

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u 5 mars au 18 septembre, la Maison du Patrimoine propose de replonger in situ dans le Villefranche d’antan, à travers une exposition intitulée Métamorphose d’une Ville. Placés de Belleroche à Fontgraine et de la Porte de Belleville à la Porte d’Anse, 25 grands clichés d’époque vont mettre en perspective l’évolution de différents secteurs entre les débuts du XXe

Infos pratiques Métamorphose d’une ville

Du 5 mars au 18 septembre 2016 Maison du Patrimoine 30, rue Roland 69 400 Villefranche sur Saône

et du XXIe siècle. Le parallèle entre les deux époques est saisissant. Au hasard d’une promenade, curieux, habitants ou visiteurs de passage sont conviés à amorcer un voyage dans l’espace et le temps… Ce projet culturel vous offre un retour vers le passé pour certains, la découverte d’une époque pour d’autres, le visage de Villefranche hier et celui

d’aujourd’hui! L’exposition s’appuie sur un livret richement documenté en fonds d’archives photographiques, disponible dans sa version numérique sur le site internet de la Maison du Patrimoine. Un immense coup de chapeau à Christèle, Philippe, Géraldine et Frédérique pour la qualité de leur travail et la passion du territoire qu’ils savent si bien transmettre ! ●

LA DICTÉE DE FRANÇOIS ROLLIN À ne pas manquer en mars

DR

L

es amateurs de la série Palace le savent. Le Professeur Rollin a toujours quelque chose à dire ! À Villefranche, le comédien viendra donc dire une dictée dans le cadre de la 7e édition de la semaine littéraire. Taillez vos plumes et révisez vos classiques car la dictée de François Rollin promet d’être un exercice aussi sérieux que drolatique. En témoigne son ouvrage publié en octobre 2015, intitulé Les Dictées Loufoques du Professeur Rollin. Ce professeur émérite ès-tout, dont l’excellence linguistique

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n’est plus à démontrer, livre ainsi le meilleur et le plus improbable de la langue française au travers de ses 50 dictées ébaubissantes. « Dictée du footballeur » (à l’orthographe… toute personnelle), « Voyage en Islande » (vous écrirez sans faute MMrdalsjôkull), hommage aux « patates » (vitelottes ou rosevals, avec ou sans e)… Chaque dictée est suivie d’une petite leçon de grammaire « rollinisée » : c’est-à-dire parfaitement exacte, et divinement absurde ! Diplômé de l’ESSEC, François Rollin a d’abord été journaliste au Monde, puis chroniqueur pour Fluide Glacial. Il crée son personnage du Professeur Rollin pour la série devenue mythique, Palace, où il joue aux côtés de

François Morel, Valérie Lemercier, Jacqueline Maillan

et bien d’autres. Il a formé un tandem de légende avec Edouard Baer (Le Grand Mezze) et a travaillé avec Alexandre Astier (Kaamelott). Coauteur, metteur en scène de nombreux humoristes (Arnaud Tsamère, Guy Carlier, JeanJacques Vanier , Jean-Marie Bigard , Vincent Dedienne …), il a aussi joué de nombreux spectacles seul sur scène, dont le fameux Colères et récemment Le Professeur Rollin se rebiffe, à l’Européen (2015). La dictée se déroulera au Cours Perrier à partir de 10 heures, le 13 mars prochain, avant une remise des prix à L’Atelier prévue à 12 h 30. Immanquable ! ●


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calade

MUSÉE PAUL DINI Abstractions : un été contemporain

A

près le succès de son exposition temporaire, baptisée La Couleur dans la Lumière, sur le postimpressionnisme en RhôneAlpes (1886-1914), le Musée Paul Dini rouvre ses portes le 19 mars prochain avec Abstractions : un été contemporain. « Abstractions » s’inscrit dans le cycle « un été contemporain », initié en 2004 afin de mettre en avant des artistes qui ont un lien de vie ou de travail avec la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les artistes pratiquant l’abstraction organisent leur travail autour de l’indépendance de la

forme, de la couleur ou de la matière. Cette exposition permettra, entre autres, de valoriser des œuvres de la collection permanente du musée, au regard de celles empruntées à de jeunes artistes. Parmi les artistes exposés, on retrouve Georges Adilon , Jean-Noël Bachès , Stéphane Braconnier , Henri Castella , Franck Chalendard, Jean Degottex, Gordon Hart, Isabelle Jarousse, Christian Lhopital, Kacem Noua, Denis Serre, Jean Raine et David Wolle. ● | Vernissage le vendredi 18 mars, de 18 heures à 20 heures.

LES BALLETS JAZZ DE MONTRÉAL Le théâtre de Villefranche crée l’événement !

C

ompagnie de répertoire de renommée internationale, Les Ballets Jazz de Montréal proposent une danse plurielle alliant l’esthétique du ballet classique à plusieurs autres styles de danse. Dirigée de main de maître par le directeur artistique Louis Robitaille, la compagnie continue d’évoluer avec la vitalité qui la caractérise en s’ouvrant notamment à d’autres disciplines comme le théâtre, les arts visuels ou les musiques actuelles. Le dynamisme physique, la virtuosité et la personnalité unique des interprètes en font une compagnie remarquable aux quatre coins du

globe. Pour cette soirée, le théâtre de Villefranche propose de découvrir un programme original en compagnie de trois chorégraphes aux univers très différents. Rouge, la création du brésilien Rodrigo Pederneiras , chorégraphe de Grupo Corpo, est une ode à la résilience, un hommage discret aux peuples amérindiens et à leur patrimoine musical et culturel. Le chorégraphe israélo-américain Barak Marshall sera également à l’honneur avec la présentation de sa toute dernière pièce, Harry, qui met en exergue les conflits et la capacité de l’homme à les surpasser. Enfin, vous

Infos pratiques Théâtre de Villefranche Samedi 29 mars 20 h 30

découvrirez Mono Lisa, la nouvelle création du chorégraphe accompli de la scène européenne, Itzik Galili. « Rarement est-il donné le privilège d’assister à une telle démonstration d’excellence. Les Ballets Jazz de Montréal, à qui l’on prête quelques-uns des meilleurs danseurs au monde, ont égalé leur réputation », peut-on lire dans Le Midi Libre. Une formidable promesse ! ●

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beaujolais

© Serge Sang

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EMPREINTES Michel Aulas retrouve sa terre beaujolaise Le spectacle Empreintes, adaptation théâtrale des textes de Michel Aulas, mis en scène et joué par le comédien Yves Pignard, fera étape en Beaujolais à partir de l’automne prochain.

L

es textes de Michel Aulas ont pris vie un soir de décembre sur les planches du théâtre des Marronniers à Lyon. Un spectacle, Empreintes, adaptation théâtrale du riche ouvrage laissé par le professeur de lettres, journaliste et conteur poétique de sa terre beaujolaise. Derrière ce projet magnifique, le comédien Yves Pignard a mis en scène, autour d’une quinzaine de textes, ces Empreintes beaujolaises qui jalonnent le spectacle. Bluffant d’humanité. Les enfants de Michel Aulas, Jean-

Autour d’Yves Pignard, de Jean-Michel Aulas et sa sœur Françoise, l’équipe du spectacle Empreintes.

Michel et Françoise, ont accueilli le projet avec

beaucoup d’émotion. C’est un juste rendu qu’Empreintes chemine demain sur cette terre beaujolaise qu’il dépeint dans ce badinage à la Rabelais. En effet, le spectacle sera joué à l’automne prochain à Jullié, Limas, Beaujeu, Gleizé, Belleville, Thizy-les-Bourgs, Ronno… Si les étapes sont fixées, les dates seront arrêtées

prochainement. À ce stade du projet, nous pouvons vous confirmer que l’événementiel qui accompagnera l’arrivée d’Empreintes dans le Beaujolais sera au niveau. La suite au prochain épisode ! ●

Par le Centre Culturel Associatif Beaujolais et le Théâtre des Marronniers de Lyon. Avec Yves Pignard, comédien et metteur en scène, Serge Folie, compositeur et interprète, Mickaël Paquier, musicien. Illustrations : Dominique Simon Renseignements au CCAB : 04 74 68 89 38

FESTIPLANÈTES Vers l’infini et au-delà ! Du 7 avril au 25 mai 2016, Festiplanètes vous donne plus de 30 rendez-vous arts & sciences. Des ateliers, spectacles, conférences seront proposés au public de tout âge, sur 27 communes du Beaujolais.

V

oulu comme un rendez-vous tout public et intergénérationnel autour des arts et des sciences, Festiplanètes réunit des scientifiques et des artistes d’horizons différents et interroge chacun de nous sur ces questions fondamentales : Qui sommes-nous ? D’où venonsnous ? Où allons-nous ? Environ 30 rendez-vous arts & sciences sous forme d’ateliers, spectacles, expositions et rencontres seront proposés au public de tout âge, sur 27 communes différentes du Beaujolais. À travers ces nombreux rendez-vous, Festiplanètes abordera les thématiques suivantes : astronomie, géologie, sciences, faune et flore. Il

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permettra ainsi à toutes les générations cette rencontre des arts et des sciences, avec un seul mot d’ordre : interdit de ne pas comprendre ! Un premier festival Festiplanètes s’est déroulé en 2010, 2011 et 2012 et a réuni 20 000 spectateurs sur le territoire de l’agglomération de Villefranche. Après ce premier cycle, le Centre Culturel et Associatif du Beaujolais remet en place Festiplanètes, désormais à l’échelle de l’ensemble du territoire. Festiplanètes a bâti son programme grâce à des partenariats forts avec des structures scientifiques de référence : le Planétarium de Vaulx-en-Velin, le CNRS, le Centre d’Animation Lyonnais en Astronomie, l’association Ebulliscience, le Musée des Confluences, les Centres de Culture Scientifique Technique et Industrielle de la région Rhône-Alpes… Festiplanètes est également conseillé par diverses personnalités du monde scientifique dont Dominique Padirac, biologiste et journaliste scientifique. ●


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éco

FWEE

Du fruit au bonbon Derrière la jeune start-up Maydine, le projet d’une jeune trentenaire originaire de Chaleins (01), Soizic Ozbolt. Cette © Fwee-Maydine

ancienne acheteuse internationale de produits frais donne une nouvelle vie aux fruits invendus. À la découverte de Fwee.

« J’

vous ai apporté des bonbons, parce que les fleurs c’est périssable. » Sans contredire l’ami Brel, Soizic Ozbolt a réussi le tour de force d’associer les deux. Les fruits invendus, denrées périssables par excellence, se découvrent une nouvelle vie sous l’impulsion de la société Maydine, créée par la trentenaire en septembre 2015. Le concept ? Produire des friandises, baptisées Fwee, uniquement à partir de fruits issus des surplus agricoles. Ou comment apporter une savoureuse réponse à la problématique du gaspillage alimentaire. Soizic travaille aujourd’hui avec cinq exploitations. « L’objectif est de transformer, à terme, 200 tonnes de fruits par an », explique-telle. Le calcul est assez simple. Il faut 10 kg de Soizic Ozbolt présente ses produits.i

fruits pour produire un kilo de Fwee. Selon une étude du cabinet Gressard, parue en novembre 2015, 12 % des légumes et fruits produits en France sont perdus. 336 000 tonnes de fruits partent ainsi à la benne sans passer par la case consommateur. C’est lors de ses nombreux voyages humanitaires au Proche-Orient que Soizic a découvert la technique ancestrale de l’extraction de « cuir de fruit. » Les fruits sont lavés, épluchés et mixés à la main. La purée obtenue est ensuite étalée sur des plaques pour être enfournée dans un déshydrateur. « Fwee, c’est la variation française de cette technique de conservation des fruits. Durant 8 heures, l’eau va ainsi s’évaporer de la purée, permettant d’aboutir au cuir de fruit », explique-t-elle. La technique permet de préserver les saveurs du fruit sans nécessiter l’adjonction d’autres produits comme le sucre. Le produit final se présente sous la forme de « tagliatelles » de cuir de fruit aux saveurs alléchantes : pomme, pomme/fraise, pomme/cerise, pomme/kiwi, pêche abricot. Calibré en sachet de 30 g, Fwee est en vente au Moulin à Salades à Lyon et via sa boutique en ligne (www.fwee.fr).

© Fwee-Maydine

Circuits courts et lutte contre le gaspillage alimentaire

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Depuis cinq mois, la société Maydine a récolté 5,2 tonnes de fruits. Des dons des producteurs qui permettent « d’économiser les frais d’enlèvement des biodéchets, soit 250 à 300 euros par tonne de fruits. » À terme, la jeune start-up veut rémunérer les producteurs pour les inciter à ne pas laisser de côté certains fruits lors de la cueillette. Le modèle économique se met en place. Soizic a déjà récolté, via une

campagne de financement participatif sur KissKissBankBank, plus de 15 000 euros pour l’achat d’un déshydrateur professionnel et d’un récupérateur de chaleur. Dernière étape de cet appel au crowdfunding ? Le financement d’un panneau solaire qui permettra 70 % d’économie d’énergie dans le processus de fabrication. « À terme, mon idée est de pouvoir créer des microateliers de transformation autour des zones de production et de récolte, afin d’allier deux principes : proximité du producteur et réactivité après récolte. » ●

Envie de Fwee ? Rendez-vous sur www.fwee.fr

Envie de financer l’aventure Fwee ? Rendez-vous sur www.kisskissbankbank.com


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éco

Le chiffre du mois

DÉPART DE BLÉDINA

1 192 800

L’Aderly droit dans ses bottes Le sujet est un casus belli entre l’agence pour le développement économique de la région lyonnaise (Aderly) et le département du Rhône. En cause ? Le départ du siège social caladois de Blédina, qui doit s’implanter à Limonest au cœur de la Métropole de Lyon.

«O

Saône. En même temps, c’est une bonne nouvelle que ce groupe ait choisi de s’installer à mi-distance entre la capitale du Beaujolais et Lyon, alors qu’il aurait pu s’en aller ailleurs ». ●

© Le Nouveau

n vient me piquer des entreprises pour les réimplanter dans la Métropole ? Mais ça veut dire quoi cette façon d’agir ? » Le coup de gueule de Christophe Guilloteau a fait trembler les murs ! Dans notre magazine de février, le président du Nouveau Rhône a réglé ses comptes avec l’Aderly, qu’il finance à hauteur de 300 000 euros pour la période 2015-17. Avant de les solder ? « Ce contrat n’ira pas à son terme, je souhaite que le Nouveau Rhône sorte du budget de l’Aderly. Je n’en ai pas pour mon argent », fulminait-il. Le coup de semonce est tout sauf un coup de sang et la menace est réelle. Guilloteau reproche à l’Aderly de n’être que le bras armé de la Métropole de Lyon, privilégiant l’implantation d’entreprises sur le territoire métropolitain au détriment des autres pôles économiques du département. Sur 92 entreprises implantées en 2015, seules 6 l’ont été hors de la Métropole de Lyon. De quoi donner raison à Christophe Guilloteau ? Pour le directeur de l’agence, JeanCharles Foddis, l’approche est différente. « Deux personnes supplémentaires ont été allouées à l’équipe spécifiquement dédiée au Nouveau Rhône qui s’appuient sur tous les collaborateurs de l’Aderly. Ce territoire départemental bénéficie d’un vrai effet d’entraînement de la part de la Métropole », explique-t-il dans les colonnes du magazine Acteurs de l’Économie. Quant à l’arrivée de Blédina à Limonest, pierre d’achoppement des relations entre l’Aderly et le Département, le directeur s’en lave les mains. « Blédina n’est pas un sujet pour l’Aderly, car nous ne sommes pas intervenus dans ce dossier », justifie-t-il. Avant d’ajouter : « On peut comprendre la réaction de Villefranche-sur-

C’est, en euros, le montant de la baisse des dotations de l’État à destination de l’Agglo de Villefranche, qui tenait son débat d’orientation budgétaire 2016 lors de la séance du 25 février dernier. Derrière, l’équation est simple mais insoluble. Comment maintenir un niveau d’investissement correct malgré les coupes claires de l’État dans les dotations globales de fonctionnement reversées aux communes et intercommunalités, et, plus largement, la solvabilité de l’Agglo d’ici à 2020 ? Pour ce faire, l’Agglo va chercher des économies à réaliser dans ses dépenses de fonctionnement, à hauteur de 500 000 euros annuels jusqu’en 2020. Ceinture !

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politique

AGGLO DE VILLEFRANCHE Quels projets pour 2016 ? Étude du secteur de l’Île Porte, réhabilitation de la ZI Nord, renouvellement urbain du quartier de Belleroche… Malgré une baisse historique des dotations de l’État et sans hausse des taux d’imposition, l’Agglo veut maintenir un niveau d’investissement correct en 2016. L’aménagement de l’Île Porte, serpent de mer de la politique communautaire, doit être étudié en 2016.

ANTICOR La piqûre de rappel

L’

A

u total, ce sont près de 9 millions d’euros qui seront investis cette année pour mener à bien les projets d’agglomération. Un exercice de funambulisme budgétaire dans le contexte actuel de baisse des dotations de l’État. Ainsi, pour l’Agglo, le budget sera grevé de 1,2 million d’euros en 2016. Du jamais vu. Des coupes claires décidées par un État tout puissant, qui va finir par laisser exsangues ces territoires qu’il sollicite également pour financer le fonds de péréquation des ressources intercommunales et communales. Ubuesque… De sa main droite, l’État retire, de sa main gauche, il ponctionne ! Malgré ces chaussetrappes, l’Agglo maintiendra un niveau d’investissement correct tout en allant chercher les économies. En réduisant drastiquement, 500 000 euros par an, ses frais de fonctionnement pour maintenir la voilure. D’autant que le président de l’Agglo, Daniel Faurite, ne veut pas avoir recours au levier de l’impôt. Les taux d’imposition n’augmenteront

12 | mars 2016 | le Nouveau

pas mais la revalorisation des bases, prévue dans la Loi de Finances 2016, fera mécaniquement augmenter l’impôt. Ici encore, l’État est pris la main dans le pot de confiture… « Le choix qui se reflète à travers le futur budget est un choix courageux. Celui de ne pas opter pour un arrêt brutal des investissements comme pourrait pourtant nous y contraindre la baisse historique des dotations de l’État », explique l’élu communautaire Alexandre Portier. Il reste toutefois quelques interrogations quant au fléchage de l’investissement en 2016, notamment sur le renouvellement urbain du quartier de Belleroche. En effet, le nouveau contrat de ville, signé en octobre, prévoit déjà des mesures concrètes pour la rénovation de l’habitat ou la redynamisation du commerce à Belleroche, Béligny et au Garet. Le projet va-til se concilier avec les politiques municipales ? Ne s’agit-il pas d’un énième saupoudrage ? Réponses lors du vote du budget primitif, prévu le 24 mars prochain. ●

association Anticor, qui lutte contre la corruption et prône le rétablissement de l’éthique en politique, s’est fendu d’une missive à destination de l’Agglo, concernant l’utilisation à titre privé des véhicules de fonction. La pratique avait été pointée par le rapport de la chambre régional des comptes, publié au printemps 2015, qui a passé au crible le fonctionnement de l’Agglo (ex-Cavil) pour la période 2009-2013. Parmi les points soulevés, l’utilisation à des fins personnelles des véhicules de fonction par le directeur général des services, le chargé de mission aux affaires économiques, le chef de projet contrat de ville et le directeur des services techniques. « En réponse aux observations provisoires de la chambre, l’ordonnateur s’est engagé à retirer le bénéfice des véhicules de fonction aux agents ne pouvant légalement en bénéficier, pour les remplacer par des véhicules de service avec autorisation potentielle de remisage à domicile en semaine, le week-end et lors des congés », réagissait l’Agglo. Anticor demande aujourd’hui « le remboursement à la collectivité par les dirigeants concernés de la totalité des avantages illégaux reçus (utilisation à titre privé, carburants, assurances, frais d’entretien, location d’un véhicule pour les vacances d’un cadre dirigeant…). » À suivre… ●

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bocuse en beaujolais

1926 : Le 11 février, naissance de Paul Bocuse à Collonges-au-Mont-d’Or. 1941 : Apprenti cuisinier chez Claude Maret – Restaurant de la Soierie à Lyon. 1944 : Engagé dans la 1re DFL – BM 24 – Croix de guerre. 1945 : Poursuite Apprentissage chez la Mère Brazier au Col de la Luère puis 8 ans chez Fernand Point à Vienne. 1958 : Obtention 1re Étoile Michelin.

1989 : Élu cuisinier du siècle par Gault & Millau. Président d’honneur de l’École des Arts Culinaires et de l’Hôtellerie d’Écully devenu aujourd’hui I’Institut Paul Bocuse – Président Euro Toques – 3 000 cuisiniers en Europe – Président Meilleur Ouvrier de France Section Cuisine-Restauration. 1991 : Entrée au Musée Grévin. 1993 : Officier du Mérite National.

1960 : 2e Étoile Michelin.

1994 : Chicago – College of Diplomates Salute to Excellence Awards – Ouverture de la Brasserie Le Nord à Lyon.

1961 : Meilleur Ouvrier de France.

1995 : Ouverture de la Brasserie Le Sud à Lyon.

1965 : 3e Étoile Michelin.

1996 : Fait partie des cuisiniers officiels du Sommet International du G7 réunissant les sept pays les plus industrialisés à Lyon.

1975 : Chevalier de la Légion d’Honneur. 1982 : Ouverture Pavillon de France à Epcot Center Orlando, USA, avec Roger Vergé et Gaston Lenôtre.

© DR

1987 : Officier de la Légion d’Honneur – Création du Bocuse d’Or, concours mondial de cuisiniers.

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1997 : Ouverture de la Brasserie l’Est à Lyon. 2000 : Commandeur dans l’Ordre National du Mérite à New-York. 2002 : Ouverture de la Brasserie Argenson à Gerland (Lyon). 2003 : Ouverture de la Brasserie l’Ouest à Lyon. 2004 : Inauguration de la Fondation Paul Bocuse – Commandeur de la Légion d’Honneur 2008 : Ouverture de Ouest Express, concept de restauration rapide, toujours à Lyon.

© Lyon People Fabrice Schiff


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MENU BEAUJOLAIS Georges Duboeuf raconte Monsieur Paul P. 16 à 21

La folle aventure du Savour Club P. 22-23

Paul Bocuse et Tonin Coquard, la vigne de l’amitié P. 24 à 27

Bocuse & Bobosse, artistes associés du canular P. 28 à 31

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bocuse en beaujolais

© Georges Duboeuf

Paul Bocuse qui épingle l’insigne au veston de son copain Georges Duboeuf, récipiendaire de l’Ordre du Mérite.

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AMITIÉ BEAUJOLAISE

Georges Duboeuf raconte Monsieur Paul

A

l’âge de 2 ans. « Mais j’avais un grand frère et une grande sœur. Mon frère m’a beaucoup appris sur le métier du vin ainsi que mon oncle qui était viticulteur et caviste de la coopérative de Chaintré. » Sur la terre chaintréenne des Duboeuf, le jeune Georges fulmine lors de chaque visite du « courtier » (négociant). « C’est ma mère qui discutait le prix à la pièce. Depuis la salle voisine, j’entendais les négociations. Au fond de moi, je me disais : « c’est quand même malheureux de vendre au prix de tout le monde ce vin qui est si bon ». A dix-huit ans seulement, il prend les rênes de la petite exploitation familiale de 4 hectares.

Paul Bocuse, lui, aura dû batailler pour récupérer le plus précieux des biens. Son nom ! Issu d’une famille de restaurateurs dont les archives témoignent depuis 1765, l’exploitation du nom Bocuse lui est pourtant interdite à ses débuts. Le résultat d’une inexplicable cession (murs, fonds et nom) réalisée par son grandpère Joseph en 1921 au profit d’un russe nommé Borissoff . Le patriarche a-t-il perdu la raison devant les minauderies à répétition de sa légère épouse Marie ? Il faudra attendre 1958 pour que Paul Bocuse rachète enfin l’établissement de ses ancêtres, le Restaurant Bocuse, devenu depuis L’Abbaye de Collonges. À L’Hôtel du Pont de Collonges, propriété de ses grands-parents maternels, Paul commence à écrire avec son père Georges la légende gastronomique de sa famille. Son nom retrouvé, L’Hôtel du Pont de Collonges devient L’Auberge du Pont de Collonges – Paul Bocuse***. Trois étoiles à la toque depuis 1965.

« Je ne suis pas difficile, je me contente du meilleur »

© Georges Duboeuf

-t-on déjà tout dit sur leur amitié ? Faut-il chercher au-delà des mots ce que les gazetiers n’ont pas mille fois écrit ? Difficile de saisir la puissance d’un tel magnétisme. Celui qui lie Georges Duboeuf à Paul Bocuse compte assurément parmi les plus forts. La rencontre entre deux hommes de leur temps. Plus encore. Pionniers, visionnaires… Les superlatifs ne manquent pas à l’évocation de leur trajectoire professionnelle. À telle enseigne que l’imaginaire collectif leur a réservé une place de choix dans son panthéon, liant à jamais Duboeuf au Beaujolais et Bocuse à la gastronomie. « La vigne est une activité tellement proche de la cuisine », rappelle, à mezzo vocce, Georges Duboeuf. Similitudes. Il y a bien sûr ces liens, imperceptibles, dont l’évocation tient plus du symbolisme de comptoir qu’autre chose. En particulier pour deux enfants du XX e siècle. Une jeunesse passée, entre autres, à triturer des bouchons. Comme des milliers de gosses. Quand le jeune Paulo des bords de Saône escamote ceux des lignes utilisées par les pêcheurs du dimanche, Georges Duboeuf les manipule, lui, pour sceller les bouteilles-échantillons du Pouilly-Fuissé familial, qu’il fait déguster alentour à la force de ses mollets. Quelques tours de pédaliers pour faire découvrir aux restaurateurs voisins la production Duboeuf. Le début d’une aventure insoupçonnée. Un goût de bouchon qui a surtout celui de l’enfance. L’autre élément constitutif de ces deux personnalités si proches, c’est la faille originelle. De celle qui vous forge un caractère ou vous engloutit. Georges Duboeuf perd son père à

© Lyon People Fabrice Schiff

« Paul ? Il m’a appelé tout à l’heure. À 14 heures. C’est rare. D’habitude, c’est plutôt 10 heures. » Ils ne dérogent pas à leur coup de fil quotidien. Plus de 60 ans que ça dure entre Paul Bocuse et Georges Duboeuf. Et quand « Jojo » évoque « Paul », il illustre l’histoire d’un Beaujolais pris dans le tourbillon de leur profonde amitié.

Sur les bords de Saône ou sur les coteaux du Beaujolais, tout s’enchaîne rapidement. Jusqu’à la première rencontre entre Paul Bocuse et Georges Duboeuf. Le premier passe ses années d’apprentissage chez Fernand Point (La Pyramide) et La Mère Brazier quand le second •••

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bocuse en beaujolais

© Georges Duboeuf

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En 1999, c’est toujours Monsieur Paul qui épingle le revers du veston de son copain Georges. Pour la Légion d’Honneur cette fois.

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© Michel Brun

bouillonne d’idées. « À l’âge de quinze ans, j’ai dit à mon frère qu’il fallait essayer de vendre notre vin en bouteille. Je dessinais les étiquettes, que nous découpions du mieux possible car nous n’avions pas d’emporte-pièce. » Avant de partir en commis voyageur sur les routes du Beaujolais, le jeune Georges aménage une remise de la maison familiale en espace de dégustation. Il attire le chaland avec une grande

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affiche à l’extérieur, figurant une diligence et ce texte : « Halte-là ! Venez déguster les vins de Georges Duboeuf ! » De diligence, Georges Duboeuf se passera quand il partira vendre son vin aux restaurateurs locaux. Un vélo tout au plus. « Je n’avais pas franchement la fibre commerciale, mais j’étais convaincu par le produit. » Paul Blanc, le chef du restaurant Au Chapon Fin à Thoissey, ne s’y trompe pas. Devant le succès du PouillyFuissé Duboeuf, il demande au jeune Georges de lui trouver des vins mâconnais et des rouges du Beaujolais. « Je suis parti dans tous les villages mais je ne connaissais personne dans les appellations. » Les productions de qualité ne manquent pas, mais comment les transporter ? « Tout dormait dans les cuves car, à l’époque, tout partait au négoce. » Pour répondre à cette problématique bien

réelle, le jeune Georges devient façonnierembouteilleur au registre des métiers. Dans la continuité d’une activité qu’il façonne à mesure qu’elle se développe, Georges Duboeuf crée dans les années cinquante un groupement de producteurs, L’Écrin MâconnaisBeaujolais, rassemblant une quarantaine de vignerons de toutes les appellations de la région. L’outil préfigure l’arrivée des Vins Georges Duboeuf, qui naîtront en 1964. C’est le début d’une grande aventure qui donne un nouveau visage à l’activité de négoce. Duboeuf s’installe dans les locaux que lui cède un de ses vignerons, à Romanèche-Thorins. « À l’époque, le PLM (Paris-Lyon-Marseille) s’arrêtait dans la région. Les grands chefs parisiens qui descendaient s’arrêtaient tous chez Paul Blanc. » Y a-t-il eu, un jour, parmi l’aréopage, le chef du Lucas Carton, Gaston Richard, dont la froideur convainquit Bocuse lorsqu’il visita son restaurant de la place de la Madeleine avec Fernand Point, de se tourner définitivement vers « la vieille école » ? Reste que les petits vins du jeune négociant commencent à se tailler la part du lion. Si les


© Michel Brun

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Réunion de l’association « Traditions & Qualité » au Hameau du Vin Georges Duboeuf, le 5 juillet 1995.

parisiens viennent à lui par le « PLM », Duboeuf monte à la capitale pour placer ses flacons à la carte du Grand Véfour. À Lyon, les chefs Gérard Nandron et Gaston Brazier l’adoubent. Mais pas encore de Paul Bocuse à l’horizon. « Un jour, je le vois débarquer à L’Écrin MâconnaisBeaujolais. Je travaillais déjà avec beaucoup de restaurateurs mais pas avec lui. J’étais si heureux de le voir arriver que je lui propose tout de suite une dégustation. Il me répond : « Georges, je ne suis pas difficile, je me contente du meilleur ». Bocuse n’est pas un inconnu en Beaujolais, qui regorge de chefs et de producteurs talentueux. Il forme avec Bobosse, Charlot Bonamy, Paul Manoa, Paul Blanc, Georges Braillon ou Jacques Mayançon une joyeuse bande, jamais avare de canulars en tout genre (lire p. 28).

Duboeuf, Bocuse et le Beaujolais à la conquête du monde « Notre amitié est née ensuite. Nous avons fait énormément de choses ensemble. Nous avons voyagé partout pour mettre en avant le Beaujolais. » L’Afrique, l’Amérique, les capitales européennes… Le Beaujolais a le vent en poupe, celui de Duboeuf goûte bien et Bocuse enchaîne les « miles » avec son complice pour le promouvoir. La formule est bien rodée. « Nous partions avec un paquetage réglementaire. Une quinzaine de colis d’une dizaine de kilos chacun avec à l’intérieur les bouteilles, mais également des Saint Marcellin de la Mère Richard et des charcuteries de chez

Sibilia. » Sur place, le rituel est immuable. La fin de matinée est consacrée à la dégustation des produits avec les restaurateurs et professionnels locaux, tout heureux de pouvoir se flatter le palais aux lyonnaiseries arrosées de Beaujolais. Pour suivre, un déjeuner. Du même tonneau, évidemment. « Nous sommes très bien accueillis car ce qui fait notre vin, c’est le goût. Ce côté friand, agréable, plaisant, avec des produits beaucoup plus complexes sur les millésimes. » Ces pérégrinations aux quatre coins du monde donnent lieu à des situations souvent cocasses qui renforcent l’amitié du binôme. Comme lors de cette soirée à Londres, à l’invitation de l’agent anglais des Vins Georges Duboeuf. « Une soirée en queue-de-pie dans un château à laquelle Paul m’avait accompagné. » Les duettistes satisfont au lourd protocole et, une fois les talons tournés, vont s’encanailler en tenue d’apparat sur les chevaux de bois du manège de la place voisine. En Beaujolais, Bocuse est de tous les événements. Il est intronisé Compagnon du Beaujolais le 16 novembre 1962 à l’occasion de la 69e tenue compagnonnique, chez Paul Blanc, il s’engage dans l’aventure du Savour Club (lire p. 22) et ira jusqu’à acquérir des parcelles de vigne à Létra suite à sa rencontre avec Tonin Coquard (lire p. 24). Chaque 15 novembre*, c’est le Beaujolais nouveau qui fait l’objet d’une fête tonitruante chez Georges Duboeuf. Un vin primeur paillettes ! Car pour fêter sa mise en perce, la

crème du show-biz parisien vient s’encanailler dans la cave de Romanèche. « Presque un TGV entier ! Il y avait quatre bus pour les attendre en gare de Mâcon-Loché ! » Les valises déposées soit chez Paul Blanc, soit chez Guy Fauvin (Les Maritonnes), la fête peut commencer. « Paul n’était jamais loin car il faisait partie du jury du concours de vignerons qui se tenait en même temps. » La suite est à l’avenant de la folie des invités qui renouvellent chaque année leur présence. On compte, entre autres fidèles, Stéphane Collaro, Jean Castel , Eddy Barclay , Sacha Distel , Carlos , Bernard Pivot, Jean-Paul Beltoise, Lambert Wislon, Corinne Touzet … En 1988, c’est l’acteur américain de westerns James Coburn qui ouvre, à cheval, la voie aux camions prêts à rejoindre l’aéroport de Satolas pour charger le ventre des avions d’un produit devenu star à l’international. Ce pot commun du Beaujolais qu’ils défendent bec et ongles sert de toile de fond à leur profonde amitié. « C’est le partage. Il n’y a pas d’explication », termine Georges Duboeuf. Si nous devions trouver un gimmick pour résumer leur relation unique, à l’aune de leur formidable aventure humaine, nous n’aurions pas à chercher bien loin. Le pape de la Gastronomie et le pape du Beaujolais, frères de terroir, sont l’incarnation de la plus célèbre formule de Monsieur Paul. Bon appétit et large soif ! ● * De 1967 à 1985, le déblocage du beaujolais nouveau se déroulait chaque 15 novembe.

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bocuse en beaujolais René Picolet, en charge des achats et de la direction du Savour Club, et Paul Bocuse.

SAVOUR CLUB

La folle aventure née en Beaujolais

© Savour Club

L’enseigne de vente de vins par correspondance est aujourd’hui connue de tous. Pourtant, lorsque ses créateurs s’apprêtaient à lancer le projet au milieu des années soixante, ils hésitaient encore avec la vente de jouets ! In Vino Veritas.

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© Savour Club

Sous l’autorité bienveillante de René Picolet, la dégustation des échantillons peut commencer. C’est avec tout le sérieux qu’on leur connaît que Jean Troisgros, Paul Bocuse et Georges Duboeuf sollicitent nez et palais pour choisir les vins qui rejoindront le catalogue du Savour Club. Au milieu de la brochette, l’émissaire de la maison Rothschild, M. Bourland, satisfait au rituel avec délectation !

«U

n jour, je vois débarquer deux personnes à Romanèche-Thorins dans une grande voiture américaine. » Georges Duboeuf n’a pas pu feindre la surprise. Robert Descamps et Patrick Coppinger, les créateurs du Savour Club, étaient envoyés par son « ami » Jean Guillermet. « Ces deux messieurs s’intéressaient alors à la vente par correspondance. Le seul petit souci, c’est qu’ils ne savaient pas encore quel produit vendre. Ils hésitaient entre du vin et des jouets. » Duboeuf, lui, donne déjà dans le vin avec un certain succès. Plutôt que la hotte du père Noël, les duettistes choisissent finalement de remplir les caves de leurs futurs clients. Le projet était né. Entre les murs de la maison Duboeuf,

l’aventure du Savour Club babille. Georges Duboeuf apporte son support logistique et administratif aux débutants. « Mais à l’époque, toute la facturation, toute la comptabilité étaient faites à la main. Au bout de deux ans, cela représentait une trop lourde charge de travail », glisse-t-il. Il confie alors le bébé à son beaufrère René Picolet.

Bocuse sélectionne les Beaujolais pour le Savour Club La société Savour Club est portée sur les fonts baptismaux en 1964. Objet ? Une sélection des meilleurs vins aux meilleurs prix. C’est à Lancié que le Savour Club installe ses chais, cuveries, chaines d’embouteillage et d’habillage. Au plus

Dates clés du Savour Club 1964 : création du Savour Club par Robert Descamps et Patrick Coppinger. 1967 : parution du premier numéro de la revue Savour. 1973 : début de la collaboration avec les grands chefs (Raymond Oliver, Paul Bocuse, Pierre Troisgros…). 1978 : le Baron Edmond de Rothschild entre dans le capital de l’entreprise. 1979 : ouverture de la première cave en France. 1980 : le Savour Club s’implante sur le marché allemand. 1982 : ouverture de la première cave en Belgique à Bruxelles. 1985 : lancement des vins de cépage. 2000 : ouverture du site internet. 2007 : ouverture de Savour Club Asia. 2008 : ouverture de Savour Club Argentina. 2008 (déc.) : lancement du Savourblog. 2009 : rénovation des caves de Paris 16 et Lyon. 2011 : le Savour Club est racheté par le Groupe Castel et déménage en région parisienne. 2014 : à l’occasion de ses 50 ans, les caves Savour Club changent de nom et deviennent LES CHAIS DU SAVOUR. Le Magasin de Saint-Cloud est rénové en mai 2014.

fort de l’activité, la commune tirera près de 53 % de ses revenus sur les activités de la société de vente par correspondance. « Leur nom de Savour Club n’était pas mal, mais il fallait trouver une accroche commerciale encore plus forte », explique Duboeuf. Déjà à tu et à toi avec les plus grands chefs, le producteur viticole susurre l’idée de les impliquer dans le projet. La collaboration démarre en 1973. Bocuse s’occupe des Beaujolais quand son copain Jean Troisgros chasse en Roannais et en Bourgogne. « Il y avait toutefois une présélection des cuvées. Les dégustations de sélection se déroulaient le plus souvent chez Georges Duboeuf », rappelle René Picolet qui fut en charge de la direction et des achats du Savour Club. Pour faire découvrir les vins grumés, le Savour ne mégote pas sur l’événementiel. Au caveau de Lancié ou ailleurs. « J’ai notamment le souvenir d’une partie de pêche épique en Irlande, en mai 1991. » Au bout de la ligne, Bocuse et Troisgros, jamais bégueules quand il s’agissait d’aller défendre et promouvoir les produits ! En 1978, Edmond de Rotschild rentre au capital du Savour Club. La société sera définitivement rachetée par le groupe Castel en 2011, qui l’implante à Paris. En 2014, à l’occasion du cinquantenaire du Savour, l’enseigne change de nom pour devenir Les Chais du Savour. Aujourd’hui, le Savour Club compte huit boutiques en France. De vrais magasins de jouets… pour adultes ! ●

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bocuse en beaujolais

© Georges Duboeuf

Tonin Coquard et Paul Bocuse (à g.) reçoivent leurs copains du Beaujolais pour la traditionnelle dégustation. Parmi ces derniers, l’incontournable Louis Tête qui porte déjà le verre à ses lèvres et le viticulteur Jean Descombes. Une fine équipe emmenée chaque année par Georges Duboeuf dit « Jojo », destinataire avec son épouse Rolande de la dédicace de cette photo par Monsieur Paul.

PAUL BOCUSE & « TONIN » COQUARD La vigne de l’amitié C’est à la fin des années soixante-dix que Monsieur Paul plonge dans les Pierres Dorées pour devenir récoltant en Beaujolais, à Létra. Une aventure viticole de près de 27 ans sur fond d’amitié avec l’inénarrable Antonin Coquard. Par ISABELLE GREVE-VIALLON

À

la fin des années soixante-dix, Georges Duboeuf présente son ami Paul Bocuse à

Antonin Coquard, Président de la Coopérative de Létra, vigneron exploitant dix hectares de vignes au lieu-dit « Chatillatard » et personnage haut en couleur du Beaujolais. À cette époque, il n’est pas rare de voir les grands cuisiniers français investir dans les vignobles proches de leurs restaurants ( Georges Blanc dans le Mâconnais par exemple), le Beaujolais des Pierres dorées était alors en plein apogée et relativement proche de L’Auberge du Pont de Collonges (40 km). « Je suis allé voir avec lui. Ça l’a tenté et je l’ai incité à le faire », explique Georges Duboeuf. Bocuse sembla hésiter avec une parcelle située à Fleurie mais finit par fixer la mire sur Létra, qu’il verrouilla en 1977. Une précaution

inspirée, car le vignoble acquis par le chef était également dans le viseur d’un certain JeanCharles Lignel, propriétaire du journal Le Progrès. Très vite, c’est la jovialité d’Antonin Coquard qui finit de convaincre Monsieur Paul pour qui les affaires ont toujours été dictées par des coups de cœur, des histoires humaines et l’assurance de partager de beaux moments de convivialité « entre amis ». « Tonin Coquard était un homme extraordinaire et un vigneron hors du commun. Il avait son baccalauréat et il gérait admirablement sa coopérative. Une personne rare », ajoute Georges Duboeuf. La visite de l’exploitation commença donc plutôt sagement « quoique M. Paul planta son Opinel, qui ne le quittait jamais, directement dans une poutre du grenier pour en vérifier la solidité ! » se souviennent,

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© Coquard

Aux côtés de Monsieur Paul, Antonin Coquard (à g.) et le vigneron Joannès Papillon. La triplette tricolore porte haut les couleurs du Beaujolais autour d’un joli saucisson et d’un pain de campagne planté à l’Opinel. L’histoire ne dit pas si c’est ce même Opinel qu’échangea Bocuse avec Tonin pour « sceller » l’achat des parcelles viticoles de Létra.

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bocuse en beaujolais

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amusés, les fils d’Antonin, Roland et Roger. Plus tard, ils échangèrent une pièce de monnaie contre ce même Opinel, afin de ne pas briser leur amitié, suivant une vieille coutume. Monsieur Paul trouvera l’amitié authentique d’un homme de sa génération et la chaleur d’une famille qu’il côtoiera un bon quart de siècle, 4 ou 5 fois par an. Pour cette aventure viticole et humaine, Bocuse se donne corps et biens. Le triple étoilé de Collonges prend la pose pour des affiches publicitaires avec Antonin et propose fièrement « son » Beaujolais dans ses établissements (dans des bouteilles étiquetées « Beaujolais de Paul Bocuse, récoltant à Létra » et réalisées pour certaines par Alain Vavro). « Il sait surtout très

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bien déguster », rappelle Georges Duboeuf. Bocuse se montre d’ailleurs particulièrement vigilant lors de la vinification de ses parcelles et devient un fréquent visiteur de la cave coopérative de Létra. Mais le grand raout se déroule quelques semaines plus tôt, lors des vendanges.

Les vendanges de l’amour… des beaux produits ! « J’y allais au moins deux fois par semaine pour les périodes de vendanges », rappelle Georges Duboeuf. Pour jeter un œil expert certes, mais également pour profiter du spectacle. Amis chefs, viticulteurs, journalistes… Une année, les parcelles de Monsieur Paul sont même

vendangées en mondovision devant les caméras de Pierre Salinger, l’ancien conseiller du président JFK, devenu directeur du bureau de Paris pour ABC. « Les vendangeurs durent prendre la pose, obéir et se faufiler entre le matériel des cadreurs », se souviennent les frères Coquard. Ce qui rend tous ces souvenirs inoubliables est bien sûr très lié aux fameux mâchons et autres casse-croûte que Paul Bocuse amenait invariablement avec lui. Signes de gourmandise et de convivialité mais, avant tout, d’une grande générosité. « Dire que certains se plaignaient de manger chaque année la même chose !!! » raconte malicieusement Roland, précisant qu’il s’agissait en général d’une « croustade au


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©Glénat

Antonin Coquard (à g.) et Georges Duboeuf accompagnent Paul Bocuse dans ses vignes de Létra.

épicuriens qu’il embarqua avec lui à New-York. Antonin Coquard et son complice vigneron Joannès Papillon, en pleine forme, chantèrent « Douce France » a cappella et laissèrent un souvenir impérissable ! Si près du World Trade Center, si loin de leur terre létrasienne. L’aventure prit fin en 2004, au décès d’Antonin. C’était la fin d’une amitié, le moment de passer à autre chose et ses fils rachetèrent le domaine à Paul Bocuse qui leur lança : « Vous êtes deux,

vous vous en sortirez ! ». Roland et Roger Coquard de Létra sont désormais affiliés à la cave Oedoria avec leurs confrères de Liergues et Theizé. Et s’ils travaillent toujours passionnément dans leurs vignes, là où je les ai dénichés en ce beau lundi de février, ils regrettent amèrement de ne point oser ou de ne pas trouver le temps, peut-être, d’aller saluer « Paulo de la Dombes… et du Beaujolais » si tendrement lié à leur histoire familiale. ●

DR

saumon et au brochet accompagnée d’un aïoli, de coq au vin, d’un plateau de fromages diabolique, et de plusieurs desserts ». « Même si notre maman Andrée, excellente cuisinière, préparait le repas, il ne manquait pas d’amener plein de choses aussi délicieuses les unes que les autres. Il lui dédicaçait et lui envoyait chacun de ses nouveaux livres » ajoute Roger qui se souvient aussi avec émotion « que sa famille allait chaque année finir les restes du restaurant avant sa fermeture estivale lors d’un dîner particulièrement joyeux » et aussi que le plat préféré du grand cuisinier est le pot-au-feu. « Le plat le plus complet » nous disait-il. « Il m’a immédiatement invité avec ma femme et un couple d’amis pour arroser nos « un an » de mariage lorsqu’il a su qu’on les fêtait le jour même » surenchérit Roland, encore surpris par l’attention. La cerise sur le gâteau fut certainement posée sur celui des 50 ans de Georges Duboeuf par la fine fleur de ses amis

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© Georges Blanc

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bocuse en beaujolais

BOCUSE & BOBOSSE Artistes associés du canular

À ce niveau de pratique, le canular relève de l’art.

Saint Bobosse, priez pour nous

Ou comment Paul Bocuse et René Besson ont joué les

René Besson fut sans aucun doute le meilleur esthète du canular, ajoutant souvent le déguisement aux facéties. Ce fut le cas lorsqu’il se présenta en soutane lors du concours de boules du Pont de Morancé. Remontant sa tenue d’ecclésiastique audessus des genoux pour lancer ses boules, le drôle d’homme d’église provoqua rapidement les chuchotements et cancans des bigotes locales. Aucun de ses nombreux amis présents ne le reconnut à l’exception du restaurateur Charlot Bonamy, qui accueillit comme il se doit les boulistes du jour pour un casse-croûte de fin d’après-midi. Devant les incessantes piques envoyées par les convives au prêtre de fortune, Charlot vit rouge et un début de bagarre éclata. Une échauffourée stoppée par Bobosse luimême, qui défroqua devant l’ensemble des invités stupéfaits de découvrir la supercherie… et le culot de son auteur !

pires tours pendables à leurs copains restaurateurs et fournisseurs du Beaujolais. Plongée dans Le Canular du

Chef, ouvrage retraçant les plus belles facéties de Monsieur Paul et consorts, rédigé en 1977 par l’ancienne voix de RTL

© Horus

à Lyon, Robert Daranc

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© Horus

LÉGION D’HONNEUR

O

n croit, à tort, que la légion d’honneur remise à Paul Bocuse en 1975 par le président Giscard a pour origine un canular.

C’est faux. Le nom du récipiendaire de Collonges figurait bien au Journal Officiel. C’est par la suite que ses amis ont décidé de corser l’affaire. Obtenant du papier à en-tête personnel de Valéry Giscard d’Estaing, ces derniers enrubannent la chose dans un faux courrier du président adressé à Monsieur Paul. « Je tiens à vous remettre personnellement cette distinction », glissent-ils, présidentiels, dans la correspondance ! Le député du Beaujolais, Gérard Ducray , est même cité comme organisateur de la cérémonie pour ajouter à la crédibilité du document. Mais à malin, malin et demi ! Si la nouvelle fait le tour des ondes, Bocuse arrose – semble-t-il à dessein – les arroseurs d’origine. En effet, Monsieur Paul assure qu’une agape fera suite à la remise de la Légion d’Honneur, préparée avec le concours de ses amis chefs ! Pris au piège, ces derniers

n’avaient d’autre choix que de mettre la main à la pâte ! Monsieur Paul a-t-il mis dans la confidence le président Giscard pour prendre à revers les petits plaisantins ? Le déjeuner servi au sortir de la cérémonie fera date, Bocuse servant pour la première fois sa fameuse soupe VGE.

Fermé le lundi Canular à péage De retour de Paris après avoir enregistré l’émission de Pierre Dumayet sur RTL, Paul Bocuse joua les resquilleurs au péage de Villefranche en franchissant la barrière au volant de sa DS, sans toutefois s’acquitter des 32,50 francs exigibles depuis son passage au péage d’Avallon. Il garda toutefois le ticket pour jouer, plus tard, un tour pendable à Jean Bonin, marchand de vin des environs de Lyon. Ce dernier devait retrouver, un dimanche de novembre, Paul Bocuse et Jean Troisgros pour goûter le Beaujolais nouveau sur les coteaux de Belleville. Sur le trajet du retour, prétextant un détour, Bocuse demande à Bonin de prendre Troisgros dans sa voiture. Bon complice, Jean Troisgros subtilise alors le ticket autoroutier du sieur Bonin pour l’échanger avec le ticket conservé par Monsieur Paul. Au péage, le conducteur se voit réclamer… 32,50 francs pour le trajet Belleville-Villefranche ! Son sang ne fit qu’un tour et il demanda à Troisgros de témoigner de sa bonne foi. « Je ne connais pas ce monsieur. Certes, il a eu la gentillesse de me prendre en stop vers Fontainebleau, mais c’est tout ce que je peux dire », l’enfonce alors le chef roannais. Bocuse déboule ensuite en DS, sort de sa voiture prêt à empoigner Jean Bonin. « Salaud, vous mériteriez que je vous casse la gueule après les queues de poissons que vous me faites depuis Avallon », l’engueule Bocuse ! Et Jean Bonin de devoir finalement s’acquitter des 32,50 francs en fulminant contre les deux farceurs.

C’est en substance la drôle de surprise qu’a eue un marchand de champignons de Dompierre-les-Ormes (71) en se présentant un lundi, jour de fermeture, au restaurant Les Tournelles de Saint-Georges de Reneins. Pourtant, l’homme aurait juré avoir eu Georges Braillon au téléphone quelques jours plus tôt, lui demandant expressément une livrée de 50 kilogrammes de champignons pour un banquet de 200 couverts le mardi suivant. À livrer sans faute le lundi à 7 heures ! Tambourinant à la porte de l’établissement dès potronminet, il fut accueilli fraîchement par le chef qui refusa la commande. Sans se dégonfler, le livreur chemina alors jusqu’à Blaceret et le Restaurant du Beaujolais de Jacques Mayançon. Nouvel échec, évidemment. Le jeu de piste se poursuivit jusqu’à Villié-Morgon et Le Relais des Caveaux de Paul Manoa. Devant le pauvre bougre, champignons à la main et ampoules aux pieds, le restaurateur prit finalement la marchandise à 4 francs du kilo au lieu des 7 francs négociés avec le mystérieux interlocuteur téléphonique. Qui étaitil ? D’aucuns y ont vu la patte de Paul Manoa, manœuvrant pour payer moins cher sa matière première. Les autres ont repéré le modus operandi d’un autre Paul…

Dégrisement à l’archevêché de lyon Avant de partir à Lyon avec quelques amis, Bobosse croisa le commissaire de Villefranche qu’il décide d’embarquer avec sa bande pour une virée nocturne. De restaurant en restaurant, le commissaire imprudent termina la soirée ivre mort. Le démon du canular prit ensuite le dessus. L’équipe déshabilla le pauvre pandore pour l’affubler d’une soutane qui traînait dans le coffre de la voiture. L’équipe signala ensuite à l’archevêché de Lyon la présence sur un banc, place Bellecour, d’un prêtre en prise avec la dive bouteille ; se proposant même de remonter l’imprudent dans les appartements diocésains de Fourvière. Le réveil fut douloureux et le quiproquo qui s’en suivit entre le policier et les hommes d’Église épique. L’affaire ne fit toutefois pas rire le commissaire qui déposa plainte, Bobosse s’en tirant avec 15 jours de prison avec sursis.

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le Nouveau | mars 2016 | 29


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N | DOSSIER ■

bocuse en beaujolais

JE T’AIME MOI NON PLUS ? O

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haine entre ces géants de la cuisine. En témoigne cet échange de SMS à l’occasion des 90 ans du chef de Collonges. Un anniversaire fêté en grande pompe le 11 février dernier à L’Auberge du Pont de Collonges*** devant un parterre de chefs et d’amis. Manquait à l’appel le triple étoilé de Vonnas qui s’est fendu d’un texto pour

souhaiter un bel anniversaire à Monsieur Paul. Sagace, le chef de Collonges lui répond dans la foulée en ces termes : « Tu viendras pour mes 100 ans, j’espère qu’on aura fumé le calumet de la paix d’ici-là. » Et Georges Blanc de lui répondre qu’il préfère… la pipe au calumet ! Alors, vraiment fâchés les deux tauliers de la gastronomie française ?

© Georges Blanc

n a tout lu sur la rivalité entre Georges Blanc et Paul Bocuse. Mais cette cordiale inimitié tient-elle de la légende ? Difficile de trancher cette question sans être dans le secret des d(i)eux. D’autant que leurs camarades, que nous avons interrogés, ont chacun leur son de cloche sur cette relation faite d’émulation plutôt que de

PÂTÉ POUR CHASSEURS On le sait, le jeune Paulo des bords de Saône préférait aux bancs de l’école la pêche et le braconnage. Des passions qu’il a gardées en grandissant, pratiquant la chasse et lançant ses lignes dans son étang dombiste de Joyeux (01). Il y en eut des parties de chasse en Beaujolais avec son copain Bobosse, spécialiste de la cartouche remplie de farine. Paul Bocuse, lui, donnait plutôt dans le pâté amélioré. Le subterfuge était bien rodé. Monsieur Paul ouvrait une première boîte de pâtée pour chien qu’il jetait au pied de son labrador. Puis se réservait la seconde, étalant ostensiblement son contenu sur une tartine qu’il croquait à pleine bouche. Devant la stupeur de ses copains, Bocuse leur avoua que la boîte contenait, grâce à la complicité de son fournisseur, un délicieux foie gras ou un pâté de lièvre, qu’il leur fit goûter derechef. « Vous n’avez qu’à écrire à la fabrique directement à mon ami : je voudrais des boîtes pour chiens comme celles que vous livrez à Paul Bocuse », les incita le farceur. Sauf que de foie gras et de pâté de lièvre elles n’étaient pas remplies, Bocuse ayant remplacé la pâtée pour chien d’origine par ces gourmandises. On imagine alors la moue des piégés qui, la partie de chasse suivante, durent tirer une sévère grimace en rééditant la blague de Bocuse. À leurs dépens !

30 | mars 2016 | le Nouveau

SAUCISSON D’ÂNE Il aura fallu toute l’expertise de deux spécialistes pour mener à bien ce canular. Bocuse tout d’abord, sur les ondes de RTL dépaysées à Lyon pour l’émission « RTL non-stop ». Derrière le micro de Philippe Bouvard, le chef se fait taquiner par une auditrice qui lui reproche de ne pas faire du saucisson de Lyon… avec du lion ! Pas en reste, Bocuse, lui répond que la lessive n’est pas faite avec du « chat », ni le chocolat en poudre avec du « poulain », terminant son envolée en évoquant « le saucisson d’âne » du père Bobosse. Lequel Bobosse reçut, suite à l’émission, un courrier incendiaire d’un charcutier lillois lui demandant comment il pouvait laisser dire de telles âneries ! Ni une ni deux, Bobosse expédia ad patres le premier bourricot venu, mais devant huissier ! Il façonna un saucisson traditionnel devant le témoin assermenté qui dressa constat. Bobosse fit enfin parvenir le document au charcutier en colère. L’histoire ne dit pas s’il a ajouté une rondelle dudit saucisson à la missive.


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Le Château de Chaintré par le peintre Maurice Utrillo

DR

RENDEZ-VOUS MANQUÉ AVEC CHAINTRÉ ?

L

ors de nos pérégrinations beaujolaises, nous avons rencontré beaucoup de compagnons de route de Paul Bocuse. Certains nous ont mis la puce à l’oreille sur un sujet plutôt confidentiel. Monsieur Paul a-t-il cherché à acquérir le Château de Chaintré dans les années soixante-dix ? Il faut dire que le chef de Collonges connaissait bien son propriétaire, un certain Lord Ernest Marples, ancien ministre des Transports britanniques venu tenter l’aventure commerciale du vin. À bon escient, car avant d’embrasser ses fonctions ministérielles, cet ancien dirigeant d’une entreprise de construction céda ses parts… à sa femme ! L’affaire fit grand bruit outre-Manche et provoqua sa fuite. Le château de Chaintré, qu’il acquiert en 1967 pour y implanter la société viticole Ernest Marples and Co. est finalement remise en vente en 1972. Une belle occasion manquée par Bocuse ? « Paul n’a jamais souhaité

acheter le château de Chaintré », recadre immédiatement Georges Duboeuf. En effet, l’histoire est bien différente. Paul Bocuse et Georges Duboeuf ont effectivement fait de la prospection immobilière en Beaujolais, mais pour Shizuo Tsuji ! Grand ami de Monsieur Paul, ce journaliste culinaire japonais avait ouvert son école hôtelière à Osaka en 1960. Cet amoureux de la cuisine française cherchait à implanter un centre de perfectionnement technique et hôtelier en Beaujolais. Chose faite en 1979 lorsqu’il acquiert le Château de l’Éclair, à Liergues. Aujourd’hui, l’école Tsuji de Liergues fait toujours partie du parcours de formation et d’excellence des cuisiniers nippons. Quant à Chaintré, racheté finalement par la ville de Mâcon avec pour projet un centre de loisirs, le Château fut ensuite rapidement cédé à des lotisseurs qui divisèrent le bâti magnifique en appartements de standing.

CALICOT-MIQUE ! C’est Gérard Nandron, le restaurateur lyonnais des berges du Rhône, qui en fut la première victime. Un immense calicot en façade du restaurant : « à vendre », suivi du téléphone de Paul Bocuse. Charlot Bonamy, en a également fait les frais. Lui était parti, du côté de Saint-Tropez, pour quelques jours de vacances. Devant son restaurant, L’Auberge du Pont de Morancé, l’assureur venu commander les 200 repas du dîner annuel des agents d’assurances fut surpris de trouver porte close et une grande banderole annonçant un « changement de propriétaire ». La providence conduisit ledit assureur à Saint-Tropez trois jours plus tard, où il tomba nez à nez avec Charles Bonamy. Lui contant sa mésaventure, le restaurateur le rassura puis lui confia : « ne cherche pas, je sais d’où ça vient. »

le Nouveau | mars 2016 | 31


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N | STYLE ■

gastronomie

AURÉLIEN MÉROT Le Cep retrouve la lumière

©Thérèse Lemaitre

Institution culinaire, L’Auberge du Cep a été reprise en novembre dernier par Aurélien Mérot. À Fleurie, le chef et sa compagne, Camille Gomes, ont reçu l’équipe du Nouveau pour la mise en bouche. Miam !

«D

e la décoration à la carte, nous avons apporté une touche plus contemporaine, en respectant l’empreinte du terroir qui a fait la renommée de cet établissement. » Aurélien Mérot parle en connaissance de cause. Second de cuisine au Cep entre 1999 et 2001, le chef a été biberonné par Chantal Chagny , authentique mère beaujolaise, qui donna à l’établissement ses quartiers de noblesse gastronomique. « C’est un lieu où résonnent encore les voix de Lino Ventura, Catherine Deneuve, Bernard Pivot… Le Cep témoigne de cette période beaujolaise, pas si lointaine, où le Tout-Paris venait s’encanailler autour de bonnes bouteilles et d’une cuisine des produits, authentique et savoureuse. » Deux étoiles au Michelin dans les années quatre-vingt sous l’impulsion du chef Gérard Cortembert, puis une étoile maintenue après le décès du disciple d’ Alain Chapel en 1990. Un puissant héritage, certes. Mais une source de motivation intarissable. « Nous écrivons aujourd’hui un nouveau chapitre du grand livre du Cep », glisse-t-il humblement.

Originaire de Garnerans (01), Aurélien passe par l’école hôtelière de Bellegarde avant de débuter à l’ombre des plus grands : Georges Blanc, Philippe Labbé, Jean-Yves Leuranguer, Guy Fauvin, Guy Lassausaie… Il prend son premier

poste de chef au Château de Pizay en 2006 avant de rejoindre Hervé Raphanel pour

32 | mars 2016 | le Nouveau

Auberge du Cep Place de l’Église, 69820 Fleurie 04 74 04 10 77 Ouvert midi et soir du mardi au samedi

Aurélien Mérot et sa compagne Camille Gomes

Le terroir en version contemporaine La cuisine d’Aurélien Mérot est un précis entre gourmandise et finesse. Un juste équilibre gustatif servi par le terroir local et le savoir-faire du chef. « J’aime cette cuisine régionale et 80 % des produits que nous utilisons viennent de producteurs locaux », confirme Aurélien. Une exigence dans le choix des matières premières et une inclinaison pour les belles pièces de viande. Côte de bœuf de Charolles, volaille fermière de l’Ain farcie au beurre pistaché… Le tout en prenant soin de votre portefeuille ! La formule du jour, baptisée « Grille-Midi » (entrée, plat, dessert), est proposée à 20 €. La gamme des menus varie de 32 € à 58 € et la carte est à l’unisson. Côté vins, les Beaujolais montrent leurs muscles ! « Nous avons, par exemple, une vingtaine de références en Fleurie. » Et l’arrivée du printemps sonne comme une belle promesse. « Nous allons bientôt pouvoir retravailler les légumes primeurs, les asperges, les poissons de lac comme la féra… » Avis aux gourmands !

©Thérèse Lemaitre

Infos pratiques

©Thérèse Lemaitre

À point pour le Cep !

l’ouverture de la brasserie Le Belooga en 2012. « Aurélien était mûr pour ouvrir son premier restaurant », confirme ce dernier. Fermé depuis près d’un an, Le Cep reprend ainsi du service le 4 novembre 2015. Aurélien revoit d’abord la scénographie du lieu, puis ajuste la jauge à 25 couverts en réorientant la carte vers des tarifs plus abordables. En salle, sa compagne Camille Gomes fait merveille. Une mécanique bien rodée entre les coulisses et la scène, une maturité dans le service et dans l’assiette qui laisse entrevoir un bel avenir pour cet établissement patrimonial du Beaujolais. ●


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N | DÉCOUVERTE ■

portrait

PASCAL LEFORT © Le Nouveau

Un chef à la Cloche !

Avec son léger accent so british et son hospitalité des gens du Nord, Pascal Lefort s’est rapidement fait un nom au Perréon, où il tient le réputé Café de la Cloche depuis 2000. Rencontre. Carolyn et Pascal, Fluent English Speakers, régalent à la Cloche depuis le 14 juillet 2000.

L

a devanture est accueillante. Le patron aussi. Fluent English Speakers* précise même l’ardoise qui détaille le menu du jour. À l’intérieur, Pascal Lefort navigue entre le comptoir et la cuisine, d’où s’échappe un fumet irrésistible. « Je finis de préparer mon sauté de veau pour midi, je suis dessus depuis 6 h 30 ce matin, tu veux goûter? » Plutôt deux fois qu’une ! Cuisson parfaitement maîtrisée et sauce à se damner. « Pascal, son truc, ce sont les sauces », confirme Carolyn, son épouse. Né à Valenciennes et passé par l’école hôtelière du Touquet, Pascal n’est pas issu du sérail

Infos pratiques La cloche

© Le Nouveau

Le Bourg, 69460 LE PERRÉON Tél : 04 74 03 20 66 | Email : contact@restaurant-lacloche.fr

34 | mars 2016 | le Nouveau

© Le Nouveau

Une rare photo officielle des Blacks 62, dédicacée par toute l’équipe de rugby néo-zélandaise.

beaujolais. « Je voulais absolument découvrir cette région ». Infatigable globe-trotter, le chef de La Cloche n’envisage son activité que dans la transhumance. Il part à Londres à 20 ans, puis parcourt les beaux établissements de la Riviera

française avant de nouveau plier les gaules. Direction Cowbridge au Pays de Galles et le restaurant Basil’s. « La sœur de Carolyn tenait le pub en face de l’établissement. » La rencontre en 1996, le mariage en 1997, la naissance de James en 1999 puis le retour en France. Direction Beaujolais. C’est à 8 heures du matin, le 14 juillet 2000, que Pascal Lefort a pris ses quartiers au Café de la Cloche.

Poulet aux morilles et Irish-coffee Un authentique pub anglais niché au cœur du Perréon. Les murs sont tapissés d’une collection d’objets consacrés au rugby. Maillots, places, articles de presse… « C’est un client qui m’avait offert mon premier maillot, depuis, la collection a grandi », se marre Pascal. Quelques pièces uniques, notamment une rare photo des Blacks 62 dédicacée par tous les joueurs. Dans cette atmosphère hyperchaleureuse, le patron joue quotidiennement une partition culinaire maîtrisée. Plat du jour maison. Carte de cinq entrées et cinq plats chauds. Produits travaillés frais et de saison. Mention spéciale pour les volailles aux morilles et l’Irish-Coffee, souvent cités en bonne place sur le livre d’or de l’établissement ! Conséquence ? La Cloche est un lieu prisé et cosmopolite du Beaujolais. Il n’est pas rare de retrouver attablés des touristes japonais, brésiliens, sud-africains, irlandais, néozélandais, américains ou australiens. La valeur ajoutée de La Cloche réside également dans son espace très modulable. Le « pub » se double d’une salle de réception à l’étage, idéale pour accueillir les grandes tablées. La cour intérieure, elle, se pare de tables au retour des beaux jours et constitue un écrin idéal, au calme, pour partager un plat ou un verre. ● * Anglais parlé couramment


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MASERATI GHIBLI L’absolu opposé de l’ordinaire

67 250 € V6 3.0l Diesel 275 ch

Garantie 3 ans

Modèle présenté : Maserati Ghibli Diesel 3.0 V6 275 ch au prix de 73 906 € TTC avec Pack Sport 21’’ (6 656 €). Consommations en cycle mixte (l/100km) : 5.9 Émissions de CO2 en cycle mixte (g/km) : 158. Photos et coloris non contractuels.

GAUDUEL Maserati West Europe - 487 526 931 RCS Paris - Siège Social 2 rue de Messine 75009 Paris - Création : Agence

GAUDUEL LYON 172 rue de l’Etang 69760 Limonest 04 78 35 14 00 info.fm@gauduel.fr


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