LE NOUVEAU #17 - FÉVRIER 2017

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#17 | VOTRE MAGAZINE MENSUEL GRATUIT | FÉVRIER 2017

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Bottier Jacques Antoine RABELAIS REVIENT ! Le Beaujolais est une terre rabelaisienne. Définitivement. Canaille et grivoise, gourmande et bachique… Des mâchons aux caveaux, notre pays a bâti son identité autour du gamay, cet effronté de la vigne qui ne tolère aucune concurrence. C’est qu’il en faut de la passion pour faire jaillir le rubis de sa terre granitique. « En Beaujolais, on est des fous, on envoie du fruit sur du minéral », nous glissait le viticulteur Julie Sunier à l’heure d’embouteiller son Fleurie. Fou ? Non ! Amoureux ? Certainement. Comment expliquer sinon la pénibilité, les aléas climatiques, la volatilité des marchés qui sont autant d’écueils pour nos maîtres du vignoble ? Car la finalité, celle du beau produit, justement vinifié, magnifié, dépasse toutes les contingences. Ce

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sentiment qui vous donne des ailes, ce supplément d’âme s’appelle l’Amour. À celui du travail bien fait de nos vignerons, nous avons élargi le thème à la

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pratique de l’amour en Calade et en Beaujolais. En

CORDONNERIE

cette période de Saint Valentin, quoi de plus naturel ? À l’ombre des églises, dans la chaintre, entre les ceps de vigne ou dans les bals, l’amour s’est installé partout sur nos terres. Simple et primesautier. Rabelaisien comme on l’aime ! Belle lecture à tous et bonne fête des amoureux. L’ÉQUIPE

DU

NOUVEAU

Directeur dede la publication : Benjamin Solly (benjamin@le-nouveau.com) Directeur la publication : Benjamin Solly Rédacteur en Chef : Benjamin Solly – benjamin@le-nouveau.com Benjamin Solly Journalistes : Benjamin Solly, Isabelle Martin Grève-Viallon, Marie-France Balandras, Céline Jambon et Damien Corban Isabelle Martin Grève-Viallon, Mathieu Goudot, Benjamin Solly Photographe : Michel Goiffon sauf mention, Saby Maviel Commercialisation : Delphine Roybet (06 06 59 81 76), Aurélia Calzatti (07 70 67 01 57) Michel Goiffon Réalisation : Marc Chilliet – marc.chilliet@orange.fr – Lyon, Beauregard Delphine Roybet (06 06 59 81 76), Aurélia Calzatti (07 70 67:01 Couverture ©57), DR Fabrice Rondepierre (07 82 87 20 25)

Rédacteur en Chef : Journalistes : Photographe : Commercialisation :

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Photographe ayant collaboré à ce numéro : Création graphique : Réalisation :

Saby Maviel Impression Lamazière (69) Ne pas jeter sur la voie publique.Direct La reproduction & Création des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro sont la propriété exclusive du magazine le Nouveau, Marc Chilliet –au06capital 86 79 de 83 317000 – Lyon, une marque de la SAS le Nouveau euros.Beauregard RCS Mâcon 809 411 788. Elle se réserve tout droit de reproduction dans le monde entier. En cours d’immatriculation ISSN. © Michel Goiffon

Photo couverture :

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le Nouveau | février 2017 | 3


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S O M M A I R E février 2017

INFOS

14 LA DRAGUE EN CALADE

Les temps forts de l’actu en images............................... 6-7 Économie..................................................................... 8-9 © Département du Rhône – Conception / Réalisation : Direction de la communication – Crédits photos : Shutterstock – Décembre 2016

Politique...................................................................... 10-11 Conscrits .................................................................... 12-13

8 12 PHOTOS

ET EN BEAUJOLAIS L’amour à la campagne ................................................16-17

9 34

Sirha 2017 .....................................................................32

L’amour dans les traditions beaujolaises........................18-19 Des carnavals aux bals de campagne ...........................20-21 L’amour à Villefranche.................................................22-23 Filles de joie ................................................................24-25 La drague en calade ...................................................26-29 Légendes & anecdotes autour de l’amour .....................30-31

PORTRAIT Mick Micheyl ................................................................. 34

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sécurité

© MdP

Le journaliste caladois Pierre « Toto » Eymin devait fêter ses 90 ans cette année et participer à la Vague des Conscrits du 29 janvier. Avec son décès le 6 septembre, Villefranche a perdu une des mémoires caladoises. Un hommage lui est rendu à travers une exposition visible jusqu’au 25 février à la Maison du Patrimoine. Un parcours photographique sur la Calade des Trente Glorieuses, soigneusement mis en forme par Christelle del Campo et Philippe Branche, son neveu. Il aura fallu sélectionner parmi les 25 000 clichés qui composent la très abondante production de Pierre Eymin qui fut correspondant permanent du Progrès de 1953 à 1966, avant d’être chef d’agence de la régie publicitaire du Progrès, de 1966 à 1985. Il laisse le souvenir d’un homme qui aimait son territoire, avec ses engagements à l’office de tourisme, chez les Compagnons du Beaujolais, à l’amicale des anciens de Claude-Bernard, ou encore à l’Académie de Villefranche. Lors de l’inauguration de l’exposition, les conscrits sont venus en nombre rendre hommage au classard de la « 47 ». Émouvant.

© Facebook

champioNs du moNde

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Le Beaujolais est une terre d’excellence ! Début décembre, c’est le caladois Jérémy Delore qui obtenait le titre de champion du monde de pâté-croûte. Le chef de partie de L’Hostellerie La Ferme du Poulet décrochait le Graal avec son pâté-croûte composé de volaille de Bresse, de ris de veau mariné aux gènes et foie gras de canard noisettes. Près d’un mois après cet insigne exploit charcutier, Patrick Pechard, du domaine Tano-Pechard à Régnié-Durette, remportait le Concours international du Gamay à la Cité Internationale de Lyon, le 15 janvier dernier, avec sa cuvée Canicule en Régnié 2014. Une razzia pour le Beaujolais qui a décoché 185 médailles. Tranquillement, les deux champions du monde se sont retrouvés pour casser la croûte, autour d’Olivier et Catherine Degand (L’Hostellerie La Ferme du Poulet). Bientôt l’accord met et vin à la carte ? On en salive d’avance…

© Facebook

patrimoiNe

plaNches Une première brève en forme d’erratum. En effet, dans notre numéro de janvier, nous vous laissions entendre que Nicolas Duverne, qui peaufine son one-man-show sur les planches parisiennes, retrouvera la scène lyonnaise à partir de l’été 2017. Si le comédien originaire du Beaujolais sera bien entre Saône et Rhône dans quelques mois, ce n’est pas au Boui-Boui, comme nous l’avons écrit, mais bien aux Tontons Flingueurs, le café-théâtre du 12 rue Romarin dans le 1er arrondissement de Lyon. Les dates devraient être connues rapidement et nous ne manquerons pas de vous tenir informé.

© France 3

, le députéLors des questions au Gouvernement du 17 janvier dernier obtenir pour eur l’Intéri de e maire de Villefranche a sollicité le Ministr l est l’actue car nche Villefra à police de « un nouveau commissariat ni t, temen correc ller travai de ni t perme ne aujour d’hui vétuste et Perrut d Bernar ». ions condit s bonne de dans public d’accu eillir le pas assurée » considère que « la sécurité des personnels et du public n’est au ministre dé et que « cela ne peut pas durer ! ». Il a donc deman nouveau site, puisqu’une possibilité existe ». La un sur « l’installation d’un commissariat plus opérationnel e » puisqu’elle reconnaît que les locaux ne sont réponse du Ministre de l’Intérieur est jugée « encourageant le site EDF situé rue Ampère est envisagé pour plus adaptés malgré les travaux réalisés, et confirme que ent en centre-ville. Une étude de faisabilité est remplacer le commissariat actuel, ces locaux étant égalem ce projet est estimé à 3,5 millions d’euros. Les en cours et le budget total du Ministère de l’Intérieur pour sont annoncés en progression, et l’effectif sera moyens humains supplémentaires demandés par le Député é au Ministre de l’intérieur « les efforts importants porté à 100. Le Député-maire de Villefranche a rappel armée et d’une vidéoprotection très développée. » menés par la Ville qui dispose d’une police municipale

© Nico Duverne

RETOUR EN IMAGES SUR

LES TEMPS FORTS DE L’ACTU


Samuel Minot a été officiellement

élu président de la fédération BTP Rhône Métropole le 26 janvier dernier. Le directeur général du groupe Minot, installé à Villefranche, succède ainsi à Gilles Courtex. Avant d’en prendre les rênes, le quadragénaire caladois occupait déjà plusieurs fonctions au sein de BTP Rhône et Métropole : membre du bureau, président de la commission « Métiers » et vice-président de la chambre territoriale du Beaujolais. Ingénieur de formation, Samuel Minot a rejoint le groupe familial en 1999, aujourd’hui implanté sur sept sites en France pour un chiffre d’affaires de 34 millions d’euros.

Du goudron, des plumes et un caquelon de Beaujo’, l’affiche du prochain festival BD en Beaujolais donne le ton ! Les 11 et 12 mars prochains, plus de 25 auteurs de bandes dessinées seront présents à la salle de l’Atelier pour dédicacer leurs ouvrages. L’occasion de découvrir la crème du 9e Art. Entrée gratuite pour tous mais pas seulement ! En effet, la tenue du festival sera l’occasion de présenter des planches originales et des albums « hors les murs » pendant toute la première quinzaine de mars dans les établissements partenaires de l’événement : Le New 1900, Le Soffite, la brasserie Le Belooga, Chez elles et à la Pizzeria des Arcades. © DR

nomiNation

culture

© Minot

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paris-Nice

© Cédric Lambert

n de cond ition s Con trari ée l’ann ée dern ière en raiso du Paris-Nice 2017 météorologiques dantesques, l’édition ! Au programme de repassera bien par le Mont Brouilly contre-la-montre de cette 4e étape du mercredi 8 mars, un illy, avec quelques Brou 14,5 km entre Beaujeu et le Mont Le lendemain, les ! ts jarre jolies pentes pour couper les lais pour rallier aujo n-Be cié-e coureurs partiront de Quin qui sera mis sitif dispo le que ainsi pe Bourg-de-Péage. L’éta érence de presse, en place ont été présentés lors d’une conf illy, en présence le 2 février dernier à L’Espace des Brou d’ASO) et des élus de Chri stian Prud hom me (président ville Bernard Fialaire. locaux réunis autour du maire de Belle

HOMMAGE À MARCELLE BONNEFOND

« Jeune femme dans le vent » ou le portrait de Marcelle Bonnefond peint pâr le peint lyonnais Luc Barbier.

L’épouse de Charles Bonnefond nous a quittés au début du mois de janvier. Âgée de 79 ans, cette figure caladoise laisse une trace indélébile à Villefranche avec, dans son sillage, comme un parfum de Dolce Vita. Hommage.

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© Michel Goiffon

urnommée Marcy , Marcelle Bonnefond , c’est le rock’roll à

Famille et amis réunis pour un dernier hommage à l’Auberge du faisan Doré.

l’italienne. Rock’roll, une vie par monts et par vaux, parcourant son Beaujolais tant aimé. Passionnée de peinture, de chevaux, de roses… et de tous, qu’elle croise sur son chemin avec la même générosité et la même intensité, « tel un tourbillon de vie ». L’Italienne, cette bella ragazza, vous offre un parfum de Toscane sur son hameau de Pouilly, agrémenté d’un sourire et d’une joie de vivre tout droit sorti d’un film Félinien. À voir ses petits et arrières petits enfants, ce même sang coule toujours dans les veines. Béatrice, sa fille si pleine de vie, attristée aujourd’hui, ne peut que se féliciter et garder le souvenir d’une mère remarquable « qui n’a pas perdu son temps ». MICHEL GOIFFON

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Le bureau de la CCI Beaujolais (presque) au complet. Le président de la CCI beaujolais, Jean-Baptiste Maisonneuve.

VŒUX DE LA CCI © Michel Goiffon pour la page

Le Beaujolais au cœur du projet Après les élections consulaires de novembre dernier, le nouveau président de la CCI Beaujolais, Jean-Baptiste Maisonneuve, invitait les forces économiques de la région pour ses premiers vœux à Parc Expo, le 25 janvier dernier.

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ne première en forme de plan de mandat. Sous l’oeil de Philippe Guérand, élu président de la CCIR Auvergne Rhône-Alpes en décembre dernier, Jean-Baptiste Maisonneuve a essuyé les plâtres de ses nouvelles fonctions avec détermination et ambition. Élu président de la CCI Beaujolais le 22 novembre dernier, le quadragénaire inaugure une nouvelle configuration consulaire. Si la CCI Beaujolais a intégré le giron de la CCIR, elle n’abandonne pas ses ambitions et ses spécificités. Une gestion saine de ses finances, avec un budget composé à 70% de recettes propres, des outils

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d’infrastructures majeurs et du foncier à viabiliser, la Chambre présente de solides arguments pour faire entendre sa petite musique dans l’orchestre régional. « Il était important de montrer toute l’autonomie que conserve notre CCI dans le Beaujolais et de voir les synergies envisageables avec la CCI de Région », explique Jean-Baptiste Maisonneuve.

300 emplois sur le pôle de Lybertec à Belleville Parmi les projets majeurs du mandat, le campus du Martelet va continuer son développement. L’université Lyon 3 a déjà ouvert sur le site de Limas son Diplôme Universitaire de Professionnalisation (DUP) en novembre dernier. Parallèlement, l’école Webforce 3, qui forme aux métiers de développeur web, recevait ses premiers élèves. Derrière ces premières implantations, c’est un projet de filière numérique complète, des formations aux entreprises, qu’ambitionne d’héberger le site. Côté attractivité économique, c’est Lybertec qui a le vent en poupe. A Belleville, ce sont « 300 emplois à travers une plateforme logistique sur treize hectares qui vont se développer dans les trois années qui viennent », rappelle Jean-

Le président de la CCIR Auvergne Rhône-Alpes, Philippe Guérand.

Baptiste Maisonneuve. Le parc Viadorée (Anse) est en cours de commercialisation avec déjà dans les tuyaux des bureaux et de la restauration rapide et brasserie.

Des outils d’infrastructures Des atouts locaux dans une configuration régionale, la CCI Beaujolais entend également s’appuyer sur ses infrastructures. Son maillage fluvial tout d’abord, avec le port de commerce de Villefranche, deuxième port fluvial de l’axe Medlink Saône-Rhône Méditerranée. L’aérodrome de Frontenas ensuite, qui au delà de sa portée touristique, offre de vraies solutions de proximité pour les entreprises. Des outils à la dimension du tissu des « nombreuses entreprises de taille intermédiaire présentes sur notre territoire et qui contribuent à son dynamisme économique. » Un galop d’essai réussit pour Jean-Baptiste Maisonneuve, autour de son nouveau bureau composé de Pierre Casoli (1er vice-président), Marie-Françoise Eymin (2e vice-présidente), Valérie Paquet (Secrétaire), Marine Descombe (Secrétaire adjointe), Christophe Goudard (Trésorier) et Guillaume Sarrazin (Trésorier adjoint). ●


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Nos rendez-vous mensuels Réunion Information collective

CALAD’IMPULSION

Au sein de la Coopérative Calad Impulsion Présentation du fonctionnement 1 heure

Travailler pour soi, réussir ensemble

«U

n entrepreneur est quelqu’un qui se jette d’une falaise et construit un avion sur le chemin de la descente. » Fondateur du réseau social Linkedin, Reid Hoffman n’est pas franchement un spécialiste en aéronautique. Il sait pourtant, pour les avoir expérimentés, les doutes auxquels peut faire face chaque porteur de projet. L’adrénaline, le stress puis le vide ? Pas chez Calad’Impulsion ! Dans cette coopérative d’activité et d’emploi, ils sont aujourd’hui 61 entrepreneurs à vous donner des ailes. « Calad’Impulsion propose à tout entrepreneur un cadre légal pour lancer et développer son activité, explique Yves Tavernière, le gérant de la structure. Aux outils administratifs et comptables classiques, Calad’Impulsion ajoute l’accompagnement, le conseil, le partage d’expérience à travers un maillage d’ateliers dédiés mais également via un suivi individuel de ses membres. »

Entreprendre autrement A l’heure où l’entreprise s’individualise dans les statuts d’auto-entrepreneurs ou dans « l’uberisation » de certains pans entiers de l’économie, ce fonctionnement coopératif offre un bornage sécurisé pour tester son projet sans prise de risque. Un parcours autour de quatre fondamentaux : analyser, définir, projeter, partager. « La philosophie de Calad’Impulsion,

c’est également d’impliquer chacun de nos membres sur ces valeurs de solidarité, qui sont le dénominateur commun de tout réseau. Il faut donner pour recevoir. » Si le collectif fait la force, il n’entrave pas l’initiative individuelle. En effet, chaque entrepreneur affilié jouit librement de l’utilisation de son nom commercial et de son portefeuille clients. Au quotidien, ce sont cinq permanents qui accompagnent les membres de Calad’Impulsion, chacun dans sa partie : comptabilité, gestion, communication, suivi de projet.

Un réseau et des partenaires solides Implanté au cœur de l’économie caladoise, Calad’Impulsion offre également à ses membres l’usage de ses locaux pour le travail au quotidien, les réunions ou les rendez-vous commerciaux. En contrepartie, chaque entrepreneur contribue au fonctionnement de la coopérative à hauteur de 10 % de son chiffre d’affaires HT. L’accompagnement, les ateliers, les temps collectifs sont soutenus financièrement par les partenaires institutionnels dont : l’Agglomération Villefranche Beaujolais, la COR, la Région Rhône Alpes, l’Europe. Calad’Impulsion réunit tous les outils nécessaires à votre réussite entrepreneuriale. Et si vous passiez découvrir l’équipe le 9 février, lors de la prochaine réunion d’information mensuelle ? ●

61 entrepreneurs dont 17 salariés et 7 entrepreneurs associés 800 000 € HT de CA en 2016 développé par les entrepreneurs 6 secteurs d’activité représentés Artisanat - Commerce / Vente Communication & Evènementiel Conseils et prestations de service aux entreprises Formation / Conseil - Service aux particuliers

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politique

Les mauvais feuilletons quotidiens de l’actualité politique nationale nous feraient presqu’oublier qu’au sortir de la présidentielle, les élections législatives rebattront les cartes de la représentation nationale. Sur la 9e circonscription du Rhône, celle du Beaujolais, les lignes bougent. Un peu.

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nvesti par son parti Les Républicains, le député-maire de Villefranche Bernard Perrut devrait briguer un quatrième mandat. Si l’édile caladois n’a pas officialisé sa décision, il assurait le 14 janvier dernier, par voie de communiqué, se tenir « prêt à poursuivre son action de député. » S’il est réélu, il lui faudra faire un choix entre ses deux écharpes, celle de député ou celle de maire de Villefranche. En effet, le cumul des mandats sera interdit à compter des élections législatives de juin 2017. « La gestion de la ville, c’est un travail d’équipe, reconnaît Bernard Perrut, chacun y trouve sa juste place et je garderai toujours un rôle essentiel dans ma ville et auprès des Caladois », conclut le députémaire. Bernard Perrut pourrait-il redevenir simple conseiller municipal pour rester député ? Si le principal intéressé n’a pas fait connaître ses intentions définitives, sa communication ne fait guère de doutes Lors des législatives de 2012, ils étaient dix sur la ligne de départ. Aujourd’hui, le nombre n’y est pas encore. Il reste quelques inconnues, notamment du côté d’un potentiel candidat socialiste. En interne dans le Rhône, la

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fédération doit faire face à la sédition des macronistes, emmenés par le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, et la désignation n’est pas à l’ordre du jour. Lors du précédent scrutin, l’alliance avec les Verts menée par Vincent Meyer avait poussé jusqu’au second tour. A priori, il n’en sera pas question en juin, les écologistes ayant déjà désigné Brigitte Ealet et son suppléant Thierry Girardot, conseiller municipal d’opposition à Limas. Autre point d’interrogation, celle d’une candidature Macron aux législatives dans le Beaujolais. Le candidat à la présidentielle a fait savoir son intention de concourir dans chacune des 577 circonscriptions françaises. Côté Front National, le candidat est déjà connu. Il s’agit du conseiller régional Christophe Boudot, leader régional du parti frontiste. Un territoire qu’il connaît puisqu’en 2007, il était suppléant et directeur de campagne de Jean-Pierre Barbier. Le ticket pourrait cette année s’inverser, même si le binôme n’est pas encore connu. Un profil différent de Julien Rochedy, jeune loup parachuté par Paris en 2012. Les élections législatives se dérouleront les 11 et 18 juin prochinas.●

La 9e circo en chiffres La 9e circonscription du Rhône est composée des cantons d’Anse, de Belleville, Monsols, Beaujeu et Villefranche sur Saône. Elle compte près de 140 00 habitants dont 90 000 inscrits sur les listes électorales. Lors des précédentes élections législatives, le taux d’abstention avait dépassé les 47% au second tour. Bernard Perrut est député de la 9e circonscription du Rhône depuis 1997.

© B. Perrut

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Quoi de 9 sur le Beaujolais ?

© Ministère de l’Intérieur

LÉGISLATIVES 2017

FLASHBACK SUR 2012 1er tour Bernard Perrut UMP // 37,59 % Vincent Meyer EELV-PS // 24,49 % Julien Rochedy FN // 17,70 % Frédéric Miguet Centre Droit // 10,98 % Danielle Lebail Front de Gauche (PCF) // 5,17 % Dominique Vial Mouvement Républicain et Citoyen // 1,88 % Caroline Barbier Alliance Ecologique Indépendante // 0,82 % Stéphane Lévêque Debout La République // 0,79 % Chantal Helly Lutte Ouvrière // 0,37 %

2e tour Bernard Perrut UMP // 61,84 % Vincent Meyer EELV-PS // 38,16 %


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politique

BIENTÔT UN NOUVEAU MAIRE À VILLEFRANCHE ? C

onséquence de la loi sur le cumul des mandats, si Bernard Perrut choisit de conserver son écharpe de député, il ne

© Ville de Villefranche

pourra plus exercer les fonctions de maire de Villefranche. Si le député-maire met fin à ses fonctions exécutives dans le cadre de son mandat, une élection aura au lieu sein du conseil municipal pour désigner son successeur. Une élection « interne », en quelque sorte, avec un maire élu par ses pairs qui terminerait le mandat engagé par son prédécesseur avant les prochaines élections de 2020. Si aucune décision n’était prise, un mois après la proclamation des résultats des législatives, la 1e adjointe succéderait légalement au maire par décision du préfet. ●

LA RÉGION AUX CÔTÉS DU BEAUJOLAIS À VINEXPO A Le chiffre du mois

65 C’est en millions d’euros la somme que consacrera le Département du Rhône aux investissements en 2017. Une enveloppe en hausse de 10 millions d’euros par rapport à l’année dernière. L’appel à projet du collège du Val d’Ardières à Beaujeu sera lancé ainsi que l’extension du collège Alexis Kandelaft à Chazay d’Azergues. Le Département est également engagé dans le cadre du Plan Beaujolais, à hauteur de 200 000 euros par an sur cinq années.

dernier. Deux mois après le lancement du plan Beaujolais à Theizé, mené par la Région avec le soutien du Rhône et des collectivités locales pour une enveloppe globale de cinq millions d’euros, le natif du Puy est revenu pour une visite de terrain . Le plan Beaujolais vise à accompagner les viticulteurs dans la modernisation de leur vignoble mais également dans leur parcours de chef d’entreprise. La question de la visibilité commerciale des vins du Beaujolais est également au cœur du projet et la Région financera la moitié du coût du stand, soit 2 500 euros par viticulteur participant, sur le salon Vinexpo de Bordeaux en

juin prochain. « Il faut absolument que le Beaujolais retrouve sa place dans ce salon mondial, qui souhaite un grand espace collectif organisé par l’interprofession. Il faut porter ensemble l’étendard du Beaujolais », a déclaré Laurent Wauquiez. ● © Twitter

uvergne Rhône-Alpes battra pavillon Beaujolais en terre bordelaise pour le salon Vinexpo de juin prochain. C’est l’une des informations au sortir de la visite du président de Région Laurent Wauquiez au Château de Bluizard (Saint Etienne la Varenne), le 16 janvier

Un sous-préfet « chargé de mission » sur le Rhône Mickaël Chevrier a pris ses fonctions à la préfecture du Rhône le 2 février dernier. Le Rhône comptera donc deux arrondissements, celui de Villefranche au nord avec le sous-préfet Pierre Castoldi, et celui du sud avec

un sous-préfet chargé de mission. Dans les faits, il n’y aura pas de sous – préfecture implantée au sud du Rhône mais une représentation hors sol. Mornant pourrait toutefois accueillir des services décentralisés pour simplifier le quotidien des usagers. Derrière ce redécoupage territorial qui s’inscrit dans le cadre du Plan Préfecture Nouvelle Génération, s’inscrit en filigrane la question de l’influence administrative de Villefranche. Pourtant désignée pour prendre les rênes du nouveau territoire avec la métropolisation de Lyon, un temps évoquée comme préfecture, la capitale du Beaujolais serait-elle la grande oubliée dans la manoeuvre ? « Il s’agit plus de mettre en cohérence des bassins de vie et le sud du département du Rhône est plus tourné vers Bourgoin Jallieu ou vers l’Isère que vers Villefranche », répond la préfecture du Rhône. En attendant, Villefranche doit être désignée chef-lieu du Rhône, mais le décret ministériel se fait toujours attendre.

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La « 2017 » ouvre le défilé, magnifiques 20 ans !

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Les « quarantièmes rugissants » ou les 40 ans prêts à bondir.

CLASSES EN 7

La Vague emporte la Calade !

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mokings, gibus, rubans et bouquets, la tradition des conscrits est décidément vivace en Calade. Le 29 janvier, 400 « classards » ont fendu la rue Nat’, aller-retour, pour deux kilomètres de joie, de partage et de transmission. Voilà la Calade dans ce qu’elle a de plus beau, aux racines de son identité locale, perpétuée chaque année par des hommes et des femmes enrubannés du chapeau ! Accompagnées par les différentes fanfares, les classes en 7 nous ont régalés de leurs chants, de leur état d’esprit irréprochable et de leur indéfectible bonne humeur. Respect !

Rubans tricolores, les anciens ferment la marche.

Ruban jaune, bouquets d’œillets et de mimosas, les 30 ans parés au départ.

Derrière la petite fille aux cymbales, l’ancien édile caladois Jean-Jacques Pignard guide sa classe.

La fanfare des Gueules Sèches précède les 50 ans…

… qui eux aussi savent rugir !

Titou Pertus (à g.) et ses camarades remettent les gaz pour remonter le rue Nat’.

Le chef Michel Cruz (à g.) retrouve le bitume de la rue Nat’avec ses coreligionnaires.

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Solidarité et respect des aînés, l’esprit Conscrits résumé dans une photo.

Synchronisation parfaite pour les 60 ans emmenés par le député-maire Bernard Perrut !

Deux kilomètres à pied, ça use le gosier !


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Les festivités des Conscrits à Villefranche, ce n’est pas seulement la vague qui traverse la rue Nationale le dernier dimanche de janvier. Nous avons sélectionné trois moments d’anthologie de cette édition 2017. Cette année encore, nos conscrits se sont montrés très inspirés !

N | INFOS ■ conscrits

LE BÊTISIER DES CLASSES EN 7

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haque dernière semaine de janvier, la fête bat son plein après des mois de préparation par les associations de Conscrits. Le programme s’étale sur environ huit jours et donne lieu à un planning très précis. Le premier moment fort, c’est la retraite aux flambeaux du vendredi soir. Chaque classe définit son thème et les classards se déguisent en conséquence. La palme revient cette année aux 70 ans, ponchos, bonnets péruviens et flûtes de pan, ajoutant au décorum andin quatre authentiques lamas qui ont défilé rue Nationale ! Venus de l’élevage d’Henry Fessy, l’un d’entre eux a même terminé son périple O’Sign, vissé au zinc du bar-restaurant d’Hervé Vilmard. Quand lama assoiffé, lui toujours faire ainsi !

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es Conscrits, ce sont aussi des agapes à s’en faire péter la sousventr ière ! C’est qu’il en faut de l’énergie pour tenir la semaine et hono rer chaq ue étape de la tradition caladoise. Les 60 ans se sont ainsi retrouvés à l’Auberge du Faisa n Doré pour parta ger un derni er coup de fourc hette , le 31 janvi er derni er. Au sortir du déjeu ner, le dépu té-m aire et classard de 77 Bernard Perrut l’a joué muse tte sur le pont de Beauregard à grand renfort d’orgue de barbarie ! « Avec la loi du noncumul des mandats, dorénavant il anim e vos soiré es, maria ges et baptê mes », l’a frater nelle ment chambré son conscrit Alain Boyer sur Faceb ook. Taqu inerie s et autodérision, on ne se prend pas la tête entre conscrits !

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n chantier ! Il y avait même le bras élévateur en haut duquel David Kyrszak a pris place, samedi 28 janvier. La nacelle, une dizaine de mètres au-dessus du sol, et 400 conscrits en contrebas sur le parvis de la mairie, le photographe caladois pouvait réaliser un cliché inédit et historique. Jamais avares de farces en tout genre, les 20 ans en ont profité pour ajouter à l’ambiance en allumant un fumigène alors que les retardataires ont fini par retrouver le chemin de la mairie. Compliqué, mais dans la boîte !

HOMMAGE À MICHEL DENOYER

ichel Denoyer s’est éteint à l’âge de 74 ans dans la nuit du samedi 28 janvier. Hospitalisé depuis mi-décembre, l’homme, discret, comptait parmi les gardiens du temple des Conscrits. Contribuant à la création de la classe 62, Michel Denoyer a été secrétaire de l’Interclasse en 2 avant de

prendre les rênes du secrétariat de l’Interclasse Générale. « Michel aimait organiser chaque événement avec efficacité et discrétion. Depuis une dizaine d’années, il parrainait avec bienveillance les 20 ans, jouant le rôle de grand frère auprès d’eux », rappelle le président de l’Interclasse

Générale, Claude Sonnery . Comme un hommage, un crêpe noir a été apposé sur le drapeau de l’Interclasse Générale pendant toute la durée de la fête. Lors des banquets de classes, la minute de silence prévue s’est transformée en minute d’applaudissements nourris.

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LA DRAGUE EN CALADE

ET EN BEAUJOLAIS 14 | février 2017 | le Nouveau


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Quelle meilleure occasion que la Saint-Valentin pour traiter de l’Amour ? Cupidon qui vide son carquois dans nos cœurs d’artichaut, les fleuristes et joailliers qui rivalisent d’inventivité pour mettre à l’honneur, d’un végétal ou d’un minéral, l’être aimé(e)… Des papillons dans l’estomac ! Cette approche très « bisounours » du sujet n’a pas survécu à la réalité plus « marketing » de cet événement. Portée sur les fonts baptismaux par les Anglais au XIXe siècle, la Saint-Valentin a été importée en France au début des années cinquante, à l’initiative de Jean Chitry. En effet, l’ancien commissaire général du comité des Fêtes de Paris est le promoteur de la fête des amoureux en France : bals, concours de jeunes fiancés et de fleuristes, le tout sous l’œil des caméras de l’ORTF. En Calade et en Beaujolais, nous n’avons pas attendu les initiatives parisiennes pour célébrer et faire l’Amour. Des traditions campagnardes aux filles de joie de la rue Chasset, des vogues aux charivaris, l’Amour est un thème célébré différemment au fil des siècles mais toujours constant dans notre histoire locale. La preuve dans les pages qui suivent. Belle lecture à tous !

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES « Les sites à légendes aux marches du Beaujolais » – Philippe Branche « 150 ans de vie Caladoise » – Académie de Villefranche « A travers les rues de la calade » – Joseph Balloffet « Le beaujolais secret et gourmand » – Henri Clos-Jouve et Félix Benoit « Sports et musique à Villefranche au début du siècle (1851-1928) » – centre d’éducation populaire de Villefranche « Villefranche des origines à nos jours » – Daniel Rosetta « Trois siècles de vie de nos ancêtres beaujolais » – Raymond Billiard

« Vieilles coutumes, vieilles traditions, vieux souvenirs beaujolais » – Raymond Billiard « Légendes et coutumes du Beaujolais » – Marius Audin « Les habitants du Beaujolais » – Albin Delpeuch Un grand merci à Guy Claudey pour ses précieux travaux d’académicien et à Christelle Del Campo et Philippe Branche de la Maison du Patrimoine de Villefranche. Un grand merci également à tous nos témoins pour leurs anecdotes venant illustrer notre sujet.

DOSSIER RÉALISÉ PAR BENJAMIN SOLLY, MARIE-FRANCE BALANDRAS ET CÉLINE JAMBON le Nouveau | février 2017 | 15


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L’AMOUR À LA CAMPAGNE Cache-cache en Beaujolais

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Se rouler dans les foins, conter fleurette… La campagne a-telle toujours été le refuge naturel de l’amour ? Nenni ! Tiraillé entre le joug de la religion et celui de son seigneur, l’histoire montre que le paysan du Beaujolais a su préserver son espace de liberté en perpétuant des traditions campagnardes pluriséculaires. Récit.

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la plage, en mer, en wagon-lit… Ah l’amour ! Ce sentiment chantant et chanté, puissant et inextinguible, n’a pourtant pas toujours eu les faveurs de son temps. Il fut même un puissant répulsif pour l’Église, qui le corseta aux lacets du dogme. Faites la prière, pas l’amour ! Pourtant, tout semblait si bien engagé. Dans l’antiquité polythéiste, druidique ou romaine, l’amour n’a pas si mauvaise presse. La sexualité est détachée de la religion mais le christianisme naissant jettera un voile pudibond et pérenne sur la jouissance des corps. Ainsi, le péché de chair ou fornicatio est inscrit au fer rouge – et en deuxième position – sur la liste des sept pêchés capitaux, dès le IVe siècle. Le corps doit rester le temple du Saint-Esprit, pas une salle de jeu destinée aux hédonistes de tout poil. Au XIIIe siècle, l’iconoclaste Saint Thomas d’Aquin affirmait pourtant que Dieu n’interdisait pas l’amour physique car il avait pourvu ses créatures d’organes génitaux, mais l’Église réduisit sa pratique à la portion congrue. L’acte sexuel devint un acte conjugal tourné exclusivement vers la procréation. Les « luxurieux » étaient alors promis aux flammes de l’Enfer. Baigné d’interdits, l’amour n’a pas franchement droit de cité dans la vie paysanne médiévale. En Beaujolais comme ailleurs, le corps du paysan est d’abord un outil de travail préempté

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par son seigneur. Phagocytés par le pouvoir temporel et racornis par l’autorité religieuse, les corps brûlent-ils leur ardente passion dans l’intimité du couple ? Pas vraiment. Le cadre légal de la vie conjointe, c’est celui du mariage. Et il reste à la main de la religion qui dicte le droit canon ! « Même dans le mariage paysan, les considérations matérielles et les considérations de prestige social étaient fondamentales lors du choix d’un conjoint.

Aussi, la morale se souciait-elle assez peu de savoir si les époux éprouvaient de l’amour l’un pour l’autre : elle exigeait seulement qu’ils satisfassent exactement à leur devoir conjugaux », explique Jean-Louis Flandrin dans son ouvrage XVIIIe siècle – Représentations de la vie sexuelle. Le mariage n’est pas mu par la passion amoureuse, mais par l’intérêt commun entre époux. À l’autorité divine se substitue l’autorité patriarcale dans le cadre du foyer. La femme est vue sous l’angle réducteur de sa nature de mère, d’épouse et de travailleuse. « Comme dans toute société rurale, la famille est d’abord une unité économique, la femme participant au travail sur l’exploitation et contribuant aux ressources du ménage », rappelle le chercheur Jean-Claude Farcy , spécialiste de la ruralité.

Les traditions rurales favorisent les rencontres Le Moyen-Âge voit pourtant la séduction babiller, avec notamment l’émergence de l’amour courtois. Sa pratique n’est alors réservée qu’à ceux qui composent la bonne société médiévale (lire encadré). À la campagne, les coutumes paysannes offrent un cadre privilégié aux rencontres. Chaque manifestation est soustendue par l’amour, notamment lors des grands événements saisonniers des brandons et des


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forcément à l’unisson de ses propres préceptes. Quid des mœurs de nos curés du Beaujolais ? L’histoire qui suit se révèle croustillante. Placé sous l’autorité de Mgr de Talaru, le Diocèse de Lyon diligenta sa première enquête pastorale durant l’hiver 1378-1379. Où l’on découvre qu’au Bois d’Oingt, le père Jacquemin usait de comportements bien peu catholiques avec certaines de ses paroissiennes. Notamment auprès d’une certaine Mariette Cormier, avec laquelle, dit-on, il entretenait une relation au vu et au su de son époux cocu, Michel Cormier. On rapporte même que l’homme d’église troussait ladite Mariette avant de célébrer l’office dominical ! Une paroissienne prénommée Tholona aurait également subi la fougue du père Jacquemin. Parmi les 400 paroisses passées au crible de cette enquête pastorale, seule celle du Bois d’Oingt semblait s’affranchir assez librement des préceptes religieux et il paraît difficile de faire de cas particulier une généralité. À la fin du XVIIIe siècle, l’émergence des bals, vient renforcer le maillage festif de nos

bordes mais également lors des charivaris ou des vogues (lire p. 18). « Ici, le peuple se rassemble à la campagne dans un pré, où chacun danse et boit bien à son aise […] et quelques fois les belles dames font aussi des contre-danses », détaille Manon Roland , pasionaria de la Révolution Française qui vécut à Villefranche, dans ses Mémoires (Lettre à Bosc – 12 août 1785). Des pratiques sous haute surveillance ! En Beaujolais, les vogues pouvaient être interdites sur simple ordre du procureur fiscal ainsi que les danses, qui faisaient l’objet d’une réglementation rigoureuse. L’ordonnance de police et de règlement de Chervinges, datée de 1776, faisait ainsi « très expresses deffenses […] d’ouvrir des danses publiques et des fêtes balladoires les jours de dimanche et de fêtes et le jour de la fête du patron à peine de cinq livres d’amendes (sic). »

campagnes. La fête n’est plus un objet de suspicion car elle accompagne l’émulation de la République naissante. C’est le début de la déprise du religieux sur les individus, qui s’émancipent dans la citoyenneté. Le mouvement est durable et voit naître, entre autres, les banquets patriotiques dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Une période qui coïncide avec le premier âge d’or du vignoble Beaujolais, où les vendanges ne sont plus le théâtre exclusif du labeur paysan (lire p. 20)… N’oublions pas qu’à Charentay, la tour dite « de la belle-mère », édifiée en 1893 et qui culmine à 35 mètres de hauteur, aurait été construite à la demande de M me Béroujon qui souhaitait surveiller son gendre, plus attiré par les corsages que par le travail de la vigne. C’est bien là toute la spécificité de « cette civilisation beaujolaise qui se manifeste surtout par une façon de voir la vie et de s’adapter à elle, sans conformisme, sans gravité excessive, avec une gaieté tranquille et un rien de grivoiserie », comme le soulignait si bien l’écrivain Michel Aulas. ●

Si le pouvoir temporel surveille du coin de l’œil les usages qui favorisent les pratiques amoureuses, le pouvoir spirituel n’est pas

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Le diable dort-il sous la Bible ?

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L’AMOUR COURTOIS OU LA DRAGUE RÉSERVÉE À L’ÉLITE L’amour courtois apparaît au Moyen-Âge sous le nom de « fin’amor » et désigne une inversion dans les rapports hommes-femmes. En effet, ces dernières deviennent souveraines de leurs amants et leur font mener quête et exploit avant de leur accorder leur amour. Il s’agit d’une forme d’amour idéalisé où les femmes sont vénérées pour leur beauté, et les hommes pour leur bravoure et leur courage. Le Moyen-Âge inscrit la séduction sur le mode de l’épopée. À partir du XIIe siècle, la chanson de geste devient le support de l’amour courtois. Sous l’influence des troubadours, ces poésies chantées célèbrent la bravoure guerrière et amoureuse du chevalier. En témoigne la production du trouvère Aimon de Varennes, qui composa au château de Châtillon d’Azergues Le roman Florimont en 1188. Un ouvrage de 13 680 vers qui conte l’épopée de Florimont, grandpère d’Alexandre Le Grand, dans la région du Danube et en Méditerranée orientale. L’œuvre fut composée « par amour pour Anulli », peut-on lire, selon les règles de l’amour courtois. Une pratique réservée exclusivement à l’élite, excluant les paysans. « Si tu veux être courtois et sage, ne perds pas la tête pour une vilaine », avertissait déjà Maître Élie au début du XIIe siècle dans son ouvrage Ovide de Arte.

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CHARIVARIS ET « GARE AU COLAUD » L’AMOUR DANS LES TRADITIONS BEAUJOLAISES LE MARIAGE BEAUJOLAIS gare aux mœur s E n Beaujolais, exemple, si une veuve

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légères ! Par prenait du bon temps avec un jeune homme, elle pouvait faire l’objet d’un chariv ari décle nché par les jeune s homm es du villag e. Cette manifestation disparate et bruyante visait à affich er publiq ueme nt les couples illégitimes ou immoraux, qui ne s’exti rpaie nt de cette vindic te ! Les hommes à la conduite légère qu’après avoir fait montre d’une grande prodigalité « Gare au Colaud » passait alors de cri Le lier. particu ent traitem se voyaient réserver un er et dévoiler le forfait et son signifi pour bouche en bouche, colporté par les villageois, l’attri buaie nt à quelq ue uns Les « ? n essio l’expr de ne auteu r ! Quelle est l’origi pensaient qu’il s’agissait autres les personnage du passé aux mœurs douteuses […], son repère quelque part avait qui et nceté, mécha sa pour connu d’un sorcier légendaire, ● . d Billiar sur la montagne d’Avenas », précise Raymond

L’histoire montre que le paysan du Beaujolais est

LA NUIT DE NOCES

onial et avant de passer Après le cérém pratiques, un rituel bien établi

aux travaux avait cours en Beau jolais . « Avant de monter dans la chambre nuptiale, les époux mangeaient une soupe au vin et buvaient le breuv age amou reux qui devai t leur donner une postérité vigoureuse », détaille Mariu s Audin . Quid de la recet te du fameux « breuvage » et de son efficacité ? Le sieur Audin n’en dira pas plus… ●

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resté très attaché aux traditions païennes, héritées de pratiques antérieures au christianisme. Ainsi, le carnaval durait du jour des Rois jusqu’au mercredi des Cendres, précédant l’ouverture du carême. Le dernier jour de la fête, le Mardi gras, « les jeunes gens se livraient à des amusements qui duraient plusieurs jours », explique Raymond Billiard. Dans la continuité, la fête des bordes débutait le premier dimanche suivant Mardi Gras. Les garçons du village se rendaient au domicile des mariés de l’année pour leur offrir des présents, « notamment une bouteille de liqueur. » En contrepartie, les couples donnaient une somme d’argent servant au dressage d’un grand banquet tenu le soir même. Après l’agape, un bûcher était allumé devant la demeure de la plus jeune mariée. Les filles qui souhaitaient trouver un mari dans l’année étaient alors invitées à sauter par-dessus le feu. Semaine après semaine, trois autres bordes complétaient la fête : celle des veufs, des vieux garçons et celle des bergers. Plus largement, les feux du dimanche des Brandons, qui se confondaient vraisemblablement avec ceux de la première borde, avaient un caractère plus général. « Partout, en effet, ce jour-là d’énormes feux étaient allumés sur tous les coteaux, au sommet des montagnes du pays entier […] Les populations se livraient en même temps à une joie bruyante, dansant et chantant autour des brasiers. » ●

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l est une tradition des mariages beaujolais, disparue mais rapportée par Marius Audin dans ses Légendes et Coutumes du Beaujolais. Le matin de la noce, la mariée se cachait et les garçons du village étaient invités à la retrouver. Celui qui y parvenait devenait garçon d’honneur. Ramenée jusqu’à la maison paternelle, la fiancée claquait alors la porte au nez de son futur époux, un dialogue chanté s’engageant entre les deux amoureux. Devant les déclamations du fiancé, la promise ouvre et le cortège se met en marche pour l’église. Au sortir de la cérémonie,

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LES BRANDONS ET LES BORDES

le cortège accompagne les jeunes époux jusqu’au foyer. Leur chemin est pavé de présents en tout genre : victuailles, textiles, étoffes et même « une poule vivante. » Devant la maison, le marié est ensuite invité à signer une miche de pain avant de l’entamer alors que son épouse trouvait devant la porte « le balai et les ustensiles du foyer : la pelle, le soufflet et le tisonnier. » Une autre coutume est rapportée par Raymond Billiard. Accompagné de son épouse, le marié est « rançonné » par les gens du village qui tendent une corde devant eux. Le futur époux se voyait remettre un berceau qu’il balançait comme pour endormir sa future progéniture. Il se voyait également remettre « un balai avec lequel il lui fallait donner quelques coups à la poussière du chemin : symboles très clairs de la vie de soumission et de servitude que le lien conjugal réservait au pauvre garçon. » Pour se sortir de cette embuscade amicale, le marié était toujours délesté de quelques pièces. ●


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« LES CHANOINESSES COMTESSES DE SALLES RECEVAIENT PARFOIS QUELQUES INVITÉS… »

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Auteur du roman À l’ombre du Cloître de Salles, Damien Corban nous retrace, dans les lignes qui suivent, les libertés accordées aux chanoinesses comtesses dans leur pratique religieuse.

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a saint Valentin approche. Avec elle nous viennent des images de restaurants pleins à craquer, et d’amoureux se regardant dans les yeux. Les verres s’entrechoquent, on se fait des clins d’œil, on se félicite du chemin parcouru à deux, on imagine demain. D’autres, plus loin, sur le trottoir, l’œil hagard, passent leur chemin, et traînent leur solitude. Nos belles contrées beaujolaises, drapées de vignes et de forêts, de neige et de soleil, de terrasses et cafés, ne sont pas indemnes de cet universel. Elles ne l’ont jamais été. Quand bien même ce serait vrai, nous vivrions dans un champ de ruine où quelques noirâtres ruisseaux

Située impasse des Chanoinesses, une maison bourgeoise typique du chapitre de Salles.

auraient depuis longtemps remplacé le vin de nos tonneaux et la joie qui nous porte. Avez-vous déjà visité le chapitre de Salles en Beaujolais ? C’est un bel ensemble architectural encadré de hautes maisons bourgeoises du XVIIIe siècle, au centre duquel trône l’église du village. S’y trouver c’est replonger en une seconde au temps de la noblesse rayonnante qui étale sa superbe, quand la révolution se prépare. En cet endroit vivait en ces temps un cortège de belles dames auxquelles l’on donnait le titre de « Chanoinesse Comtesse ». Sorte de moniales faisant ouvertement état de la noblesse qui était la leur. Comment ne pas imaginer le sérieux

LA DRAGUE À L’ÉGLISE, MYTHE OU RÉALITÉ? Lieu de culte, l’église est parfois le théâtre de la séduction. Si nous avons vu que quelques curés dépassaient largement le cadre de leur ministère (lire p. 17), les paroissiens déploient également des trésors d’ingéniosité pour attirer l’attention de l’être aimé. À la fin du XVIe siècle, Louise Labé évoque ces galants apprêtés et parfumés qui se rendent à l’église pour rencontrer leurs amoureuses. Les manuels de séduction, comme Les Sagettes et ruses d’amour (1599), fixent même la marche à suivre : un billet dissimulé sur l’agenouilloir, dans un cierge ou une pierre, voire confié à des novices de l’offertoire ! « Quelle folie de la part de ceux qui, dans les églises dans lesquels on nous commande d’aller pour obtenir la bienveillance de Dieu, viennent pour voir des prostituées ou des femmes habillées en prostituées », tempête ainsi l’imprimeur et libraire Josse Bade dans La Nef des Folles (1500). ●

affiché de ces belles dames quand elles défilaient en rang, toutes ceintes de leurs grandes robes noires pour se rendre à l’office ? Comment ne pas rester déférent devant ces visages sans sourires et ces regards pieux, tout entier tournés vers le crucifix au fond de l’église? Comment ne pas voir, ostensible, la croix de leur ordre qui s’affichait sur leurs habits ? Quand l’office était terminé pourtant, et que leur maîtresse, Madame de Ruffey, s’affairait à son bureau, à donner le jour à ses projets grandioses qui devaient faire de son chapitre le plus grand que l’on ait jamais connu, comment ne pas voir ses belles dames s’en retourner à leur appartement privé, dans la légèreté de leur pas féminin ? Comment ne pas voir aussi les portes de leur grandes maisons bourgeoises, qui restaient entrouvertes et l’amour qui discrètement s’y faufilait ? Comment ne pas entendre enfin les bruits étouffés derrière ces grandes portes tout juste refermées, ce bruit de l’amour qui fait son chemin et déjoue les hivers glacés ? ● En partenariat avec les

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AUX E N G BALS DE CAMPA

Le Beaujolais s’encanaille

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ous avons vu précédemment qu’entre deux célébrations du calendrier liturgique, les paysans du Beaujolais perpétuaient certaines traditions campagnardes basées sur le cycle des saisons. C’est le cas du carnaval, qui précédait le mercredi des Cendres pour s’étendre jusqu’au Carême. Dans sa volonté de s’imposer comme seule religion, l’Église catholique a dans un premier temps lutté contre ces pratiques qu’elle considérait comme idolâtres puis elle les a progressivement récupérées et intégrées aux usages et croyances. A contrario, les fêtes balladoires et vogues, ces grands rassemblements campagnards où l’on dansait au rythme des instruments de musique (fifres, tambours…), faisaient l’objet d’une surveillance accrue, comme en témoigne leur interdiction par un arrêt des Grands Jours en date de 1667. Une prohibition sans effet. D’abord réservés à la cour, les bals se popularisent après la Révolution Française. « Publics » puis « patriotiques », ils se développent dès le XX e siècle au son de la musette. Leur rôle matrimonial est avéré et leur déclin date des années soixante, avec l’émergence des musiques anglo-saxonnes et la naissance des boîtes de nuit.

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Carnaval, fête balladoire, vogue ou bal, nos campagnes ont développé leurs propres loisirs, d’abord sous surveillance puis institutionnalisés après la Révolution Française. Détail. Par Marie-France Balandras.

Le souvenir des bals du beaujolais est encore vivace chez ceux qui les ont fréquentés.

« Je choisissais le bal où j’étais certain de flirter toute la soirée » Le témoignage que nous avons recueilli décrit bien de l’ambiance folle qui régnait, à telle enseigne que son auteur a souhaité rester anonyme : « Né en 1957 à Villefranche j’allais davantage dans les bals du beaujolais, organisés par les comités des fêtes de chaque commune. C’était bien facile il y en avait tous les samedis dans des communes différentes, y compris les plus petites comme Ranchal. Les orchestres Claude Besson, Jacky Malleray, Paul Ansoud, Marc Valen, Florent Martinotti, Marc Fonta, s’y succédaient et je les connaissais tous. Je choisissais celui où je serai certain de flirter toute la soirée, profitant de mon statut de célibataire endurci. À cette époque, les bals se déroulaient dans les salles des fêtes et sur parquets cirés, dans les villages, ou alors sous chapiteau comme les bals de la vogue de Villefranche à Pâques et à la Toussaint, sur la place du Promenoir. Les bals ont permis certes la drague, mais des soirées dont on se souvient toute notre vie, avec une ambiance qui n’existe plus, de belles rencontres et des orchestres de

qualité. Le parquet ciré était un luxe facilitant la danse dite aujourd’hui « de salon », comme la valse. » ●

LES AUBERGES, CABARETS ET CAFÉS Parcouru du sud au nord et d’est en ouest par les grandes voies romaines, Le Beaujolais doit sa tradition hospitalière aux marchands et voyageurs qui parcouraient le pays. Pour leur repos, et parce que ce maillage de sédentaires compose une économie réelle, les auberges, cabarets et café ont fleuri dans nos campagnes. Des lieux de rencontres mais pas forcément matrimoniales. En effet, le débit de boisson de chaque village marque plutôt l’appartenance des habitants à ce dernier, où le voisin n’est pas forcément le bienvenu. Trouve-t-on l’amour au café ou, au mieux, un(e) partenaire pour les plaisirs de la chair ? « Au cabaret, la prostitution est souvent utilisée pour appâter le consommateur et écouler plus facilement les marchandises. En milieu rural, les auberges isolées mais situées à un croisement de routes attirent une clientèle de passage sensible à ce commerce illégal », explique Renaud Gratier de Saint-Louis. Jusqu’à la fin des années quatre-vingt, quelques maisons discrètes maillaient encore le Beaujolais ou les bords de Saône.


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« LES VENDANGES ? LA PLUS GRANDE AGENCE MATRIMONIALE DE TOUS LES TEMPS ! » Depuis plus de trente ans, le romancier Pierre Tamain féconde de sa plume notre littérature locale. Dans la grande lignée de ses prédécesseurs, il trace le sillon d’un Beaujolais où la grivoiserie s’impose comme une marque de fabrique. Rencontre. Par Marie-Françoise Balandras

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armi les ouvrages de Pierre Tamain, L’amour dans la chaintre ou visages du pays beaujolais est un petit bijou ! Les historiettes truculentes se déroulent durant ces années quatre-vingt, dans les villages « Clochemerlesques » que Gabriel Chevallier fit habilement connaître au monde entier ! À coup sûr, Pierre Tamain aura un jour la notoriété qu’il mérite au-delà des frontières, tant ses descriptions des coteaux du Beaujolais accrochent le lecteur, autant que la pertinence des propos et situations de l’époque,

Tirailleur , que Françoise Rey définit en soulignant l’audace de l’auteur, comme « couturière par obéissance… au travers d’épisodes sans crudité dans cet ouvrage à l’aspect rabelaisien… le folklore de la région se mêlant au burlesque grandiose… ». La fameuse Madeleine joue de son charme et de sa plastique irréprochable pour enjôler les femmes et enflammer le cœur des hommes, vite rejointe par Julie, vigneronne à Fleurie ! Pierre Tamain donne sa vision des situations qu’il a passées au crible, épaulé par son frère Michel à la photo et au comité de lecture. Tous les deux ont depuis leur tendre enfance, été au contact permanent avec le terroir et décrivent le Beaujolais durant les vendanges comme « la plus grande agence matrimoniale de tous les temps », entre autres vertus. ●

savoureusement dépeints. Pour citer Pierre, « la chaintre », ce chemin herbu serpentant les vignes et qui servait de repaire aux amoureux, en a vu de belles ! Tandis que d’autres y faisaient une « prinière » bien méritée, à la suite d’un petit blanc du matin qui s’était terminé à l’heure de l’apéro. Les mots que l’on n’utilise plus de nos jours font sourire et rappellent des

Chantées par Marie Laforêt , les vendanges se confondent souvent avec la rencontre amoureuse. Le terreau est idéal : corps en activité, promiscuité et fantasme de l’inconnu(e) ! Un peu comme un amour de vacances, le mal de dos et les mains tailladées en plus. Mêlant à la fois labeur intense et rapprochement des corps, le ramassage du raisin devient puissamment sensuel sous la plume de l’écrivain Jean-Louis Bellaton. « Les jours de soleil, les filles et les femmes se découvrent. Dès midi, les affinités incitent au rapprochement, si possible coude contre coude. Une bâche ça arrive, mais a bien observé, on peut risquer sa chance avant qu’un concurrent vous la chipe sous le nez. Et il n’y a pas que les jeunes. Que d’aventures inoubliables et de belles histoires d’amour. » En Beaujolais comme dans tous les autres territoires viticoles, les vendanges favorisent le rapprochement et le contact. De génération en génération, bon nombre de vendangeurs et de vendangeuses sont allés faire des « heures supplémentaires » dans les rangs… Ou l’art de manier la serpette !

souvenirs à beaucoup, au même titre que les situations cocasses ! Toutefois, Pierre a mis un point d’honneur à modifier avec humour, la plupart des noms de gens et de lieux, dans le but de ne faire de tort à quiconque aurait pu se reconnaître ! La palme reviendra toutefois à son onzième ouvrage : La braguette révélatrice, ou la bataille du Mont Brouilly que l’on peut trouver à la Librairie Develay, au tabac-presse Leluc à VilliéMorgon, à la librairie-presse Perrier à Beaujeu ou encore à la maison de la presse à Belleville au prix de 15 €. Préfacée de manière succulente par la fabuleuse Françoise Rey , l’histoire se déroule autour du Mont Brouilly qui pourrait détenir auprès de l’Unesco un label temporaire à ce site remarquable. L’héroïne Madeleine

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L’AMOUR EST DANS LE CEP !

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L’AMOUR À VILLEFRANCHE Ville nouvelle, mœurs nouvelles ? Fondée de toutes pièces au XIIe

siècle, Villefranche est une

ruche commerçante située au croisement des grands axes de communication. Pour inciter les habitants à venir s’y installer, les Sires de Beaujeu font preuve d’une grande prodigalité qui attire des populations interlopes et des filles de mauvaise vie. 22 | février 2017 | le Nouveau

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l faut imaginer Villefranche… avant Villefranche ! En lieu et place de notre actuel Promenoir se dresse un petit hameau originel, perché au nord de la paroisse de Limans. Un petit monde d’artisans, de taverniers, de cabaretiers, installés au pied de la tour de péage, où les voyageurs faisaient halte et s’acquittaient d’un droit de passage au profit des Sires de Beaujeu. Nous sommes en 1140 et c’est sur ces terres qu’Humbert III décide de fonder Villefranche. À proximité, l’église de la Madeleine restera pendant plusieurs décennies l’église paroissiale de la ville nouvelle. Patronnée par la controversée sainte MarieMadeleine , une prostituée délivrée de sept démons devenue témoin de Jésus ! Quel divin hasard pour entamer notre sujet sur les vicissitudes de l’amour… Créée à l’origine pour tenir en respect l’archevêché de Lyon, au carrefour du gué de

Riottier et du grand chemin de Bourgogne, Villefranche est une ville géographiquement stratégique pour les Beaujeu. Dès lors, comment attirer des habitants dans cette cité naissante ? En leur octroyant libertés et privilèges ! D’abord sous forme de conventions verbales puis de chartes, dont la plus célèbre date de 1260 et trône à l’Hôtel de Ville. « Les nouveaux habitants n’étaient (parait-il) pas irréprochables : serfs en fuite, marchands plus ou moins marrons, indésirables de tout poil ; à tous, le seigneur distribuait gratuitement le terrain », peut-on lire dans l’ouvrage Villefranche Ancien, Villefranche XXe siècle. Le Far West avant l’heure ? Dans cette petite société qui babille, les hommes s’embourgeoisent au sens premier du terme. Exonérés d’impôt et de taxes, bénéficiant d’une justice assouplie voire autonome, les « bourgeois » de Villefranche jouissent d’une


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©Ville de Villefranche Plan Burnichon – Maison du Patrimoine : Réalisé en 1923 par Louis Burnichon, le « plan Burnichon » trace les contours du Villefranche d’antan. Au premier plan, devant la porte d’Anse, figure encore l’église originelle de la Madeleine.

LA CHARTE DE 1260

voit uniquement contraint à payer « les frais de gésine » (chirurgien, sage-femme), liés à l’accouchement. Si la justice est plutôt souple en la matière, les caladois se chargent du barnum qui accompagne ces pratiques. Les charivaris, dont nous rappelions l’usage dans les villages du Beaujolais (lire p. 18), sont également pratiqués à Villefranche. Un écrivain anglais fut ainsi le témoin de la procession des Cornards le 23 juin 1778. « En revenant de Cluny, je m’arrête à Villefranche et je prends mon logement à l’hôtel du faucon. Vers minuit, j’entendais chanter par les rues des chansons analogues à la confrérie ; ayant ouvert ma fenêtre, je vis un homme qui portait une bannière ornée de cornes ; plusieurs enfants portaient des lanternes et environ vingt hommes chantaient des couplets très libres et même indécents. Ils s’arrêtaient à plusieurs portes des maisons de leurs amis […] qui furent gratifiés de quelques cornes placées sur les fenêtres ou attachées au marteau de la porte. » Séducteurs et cocus placés sous la même vindicte populaire, plus grivoise et moqueuse que vengeresse. ●

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liberté à nulle autre pareille. On imagine volontiers le tumulte lié aux activités de la cité, résolument commerçante, autour des foires et des marchés. Divisée en quatre quartiers (La Boucherie, La Poulaillerie, Presles et l’Église), fortifiée, Villefranche forme une nef autour de notre actuelle rue Nationale. « Si la prostitution fut tolérée, elle ne put s’exercer qu’en certains endroits, à bonne distance des maisons honnêtes », rappelle l’historien Guy Claudey. Ce fut le cas et les registres consulaires mentionnent déjà la présence d’un bordeau rue Montsec, l’actuelle rue Chasset, dès le XVe siècle (lire p. 24-25). L’amour tarifé certes, mais la duperie fait également partie de la panoplie du dragueur caladois d’antan. Étymologiquement, le verbe amare (aimer) se confond avec hamare (prendre à l’hameçon) et le verbe alourder signifie tout à la fois séduire et tromper. Les registres communaux regorgent d’anecdotes où l’homme, pour parvenir à ses fins, promet le mariage à sa partenaire. Une promesse rarement honorée et punie très légèrement. Si la volte-face est condamnable, le coupable se

Émise par Guichard IV et comprenant 71 articles, la charte de 1260 régule de manière parfois curieuse les rapports hommes/femmes dans la cité caladoise. Ou il faisait bien meilleur être un homme, en témoignent certaines dispositions : le droit de souffleter « une femme de mauvaise vie » qui aurait injurié un bourgeois ou l’un de ses amis (article 21) ; tolérance du viol s’il est suivi d’un mariage ou si la victime est dotée suivant l’appréciation des bourgeois (article 37) ; droit de battre son épouse sans que le seigneur puisse recevoir sa plainte, sauf si mort s’en suit (article 63)… Le traitement des maris et épouses adultères est carrément humiliant, « tenus, à leur choix, de courir nus par la ville ou de racheter cette course au prix fixé arbitrairement par le sire de Beaujeu » (article 35).

L’AMOUR PERDIT-IL LES BEAUJEU ? Est-ce pour les beaux yeux d’une caladoise qu’Édouard II, dernier seigneur de Beaujeu, éteignit l’emprise de sa lignée sur leurs terres beaujolaises ? Rapportée par Claude Paradin dans ses Alliances généalogiques (1606), l’anecdote est savoureuse. En effet, Édouard II tomba amoureux la fille de Véran de la Bessée, échevin de Villefranche. Mais Isabelle de la Bessée ne se laissa guère courtiser, au point que son prétendant fini par l’enlever ! Le père de la captive en appela au roi de France qui emprisonna Edouard II. Tiré du cachot par le duc Louis de Bourbon, le dernier seigneur de Beaujeu en fit son héritier dès 1392 avant d’entériner l’accord de cession de Beaujolais le 23 juin 1400, déshéritant par ce geste deux branches cadettes des Beaujeu et sonnant le glas de l’indépendance du Beaujolais. © Musée de Cluny – Vitrail de la Bessée Visible au musée de Cluny, ce vitrail civil réalisé au XVe siècle provient de l'hôtel de la Bessée à Villefranche-sur-Saône. Il montre une partie d’échec qui est, aussi, la codification d’une joute amoureuse. La Dame semble feindre la surprise face à son soupirant distrait. Il s'agirait d'Édouard II de Beaujeu et d’Isabelle de La Bessée. Édouard déplace une pièce qui semble être une dame, déplacement qui lui donnerait la victoire - la main droite de la jeune femme semble exprimer du dépit. En même temps, la main gauche d’Isabelle de La Bessée laisse supposer que la victoire du sire ne se limitera pas à l'échiquier. La légende rapporte pourtant que, devant le refus de cette dernière, Édouard l’enleva provoquant l’ire des échevins caladois et la chute des Beaujeu sur le Beaujolais.

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valentin Corollaire d’une ville de passage résolument commerçante, la prostitution s’est installée à Villefranche sous la bienveillance intéressée des échevins et la tolérance de l’église. Tolérée, interdite puis réglementée, cette pratique a connu un âge d’or en Calade. En collaboration avec Marie-France Balandras

FILLES E I O J E D e Villefranch e et la luxur

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e premier établissement répertorié se nommait La Maison des Illusions. Les registres consulaires mentionnent ainsi la présence de ce bordeau dès le XVe siècle. Il est alors situé rue Montsec, renommée rue Chasset au début du XIXe siècle. Pourtant abolie sous Louis IX, la prostitution passe outre les mesures d’interdiction pour fleurir dans la clandestinité. Saint-Louis le constate, révoque son décret et promulgue finalement une ordonnance tolérant cette pratique. De son côté, l’Église a toujours évolué en eaux troubles sur la question, jugeant qu’il s’agit là d’un mal naturel pour éviter de plus gros pêchés. « Supprimez les prostituées, vous troublerez la société par le libertinage », prévenait déjà Saint Augustin au Ve siècle. À qui profite le crime ? Au Moyen Âge, les responsables de l’ordre public, municipalités, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques (évêques, abbés et pape), organisent progressivement la prostitution, déjà à partir du XIIe siècle, et surtout à partir du XIV e siècle, en tirant un profit financier. À Villefranche, ce sont les échevins

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Porte typique, commune à toutes les maisons closes de l’ancienne rue Chasset.

qui tirent les marrons du feu. En 1438, ils rachètent l’immeuble qui héberge le plus vieux métier du monde à Jean de la Place . Ils deviendront, en termes plus contemporains, les « bailleurs » des futures mères maquerelles (lire encadré). Au moins jusqu’en 1560 et l’ordonnance décrétant la suppression de tous les lieux de prostitution en France. La renvoyant, de fait, à une clandestinité renforcée. La révolution abolissant tous les anciens règlements, elle retrouvera pignon sur rue à la fin du XVIIIe siècle. Devant la prolifération des maladies vénériennes et l’anarchie dans la pratique de l’activité, le maire de Villefranche François-Marie Royer-Willot réglemente la prostitution dès 1854 : racolage interdit, obligations médicales… La bataille fait rage entre les maisons de tolérance, les cafés qui hébergent sur leurs terrasses les belles-de-jour et l’émergence des proxénètes en charge de rabattre le client. Un manège bruyant qui provoque l’ire des commerçants alentours, auteurs de plusieurs


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Le Mugett’Bar ou « Chez la Jeanne » au 53 de l’ancienne rue Chasset.

Second étage de la Maison du 52, chambres 3, 4 et 5. La chambre de 4 m2 est borgne et mesure 4,5 m2.

La Maison du 62, démolie en 1992.

pétitions pour faire cesser ce tapage. À la fin du XIXe siècle rue Chasset, « on pouvait dénombrer alors quatre maisons de tolérance, dix-huit meublés et onze cafés », répertorie l’académicien caladois Guy Claudey. Les quatre maisons sont sises aux numéros 52, 53, 62 et 70 de la rue. Avant la loi Marthe Richard (1946), qui sonne le glas des maisons closes, il restait encore deux établissements rue Chasset. Au 53, le célèbre Mugett’Bar, également connu sous l’appellation

« WHERE ARE THE GIRLS ? » C’est une anecdote qui nous a été rapportée de vive voix. À la Libération, lorsque le train s’arrêtait en gare de Villefranche pour quelques heures, les gamins attendaient les soldats, surtout les Américains, pour les accompagner aux bons endroits, en échange de chewinggums ou de cigarettes !

© Maison du Patrimoine – Collection Guy Claudey

La Maison du 52, démolie en 1992.

Chez La Jeanne, parle encore à certains vieux caladois. Quelques anecdotes poétiques fleurissent encore sur certains usages discrets et clandestins, qui ont perduré après la loi, aujourd’hui révolus. Notamment Mme R. installée rue de Thizy qui, pratiquant le plus vieux métier du monde, avait pour habitude de placer un pot de fleur sa fenêtre, située face à la rue de la République, pour marquer ou non sa disponibilité. « La fermeture en 1946 du

LES ÉCHEVINS ENCAISSENT En rachetant l’immeuble hébergeant La Maison des Illusions, premier bordeau de Villefranche situé rue Montsec, les échevins ont su faire fructifier leur foncier en maintenant l’activité licencieuse entre ses murs. Du légal mais pas forcément du moral, ça nous rappellerait presque un feuilleton médiatique qui fait le buzz en ce moment ! Les registres paroissiaux d’époque font l’inventaire des différentes exploitantes du lieu, « aussitôt loué 3 francs et demie à Jeannette de la Braz, picarde, puis en 1442 à la Perronette de Laiserable, de Messimy, 20 sous tournois. En 1450, les échevins louent à Marguerite la petite, au prix de 40 sous, l’institution. » Comme quoi, la problématique de l’optimisation du foncier ne date pas d’hier ! Cette prostitution qui s’institutionnalise sera finalement interdite sous toutes ses formes par une ordonnance de 1560, ce jusqu’à la Révolution Française.

Mugett’Bar et du Café des Glace smet fin aux activités typiques de la rue Chasset, à la grande satisfaction d’un grand nombre d’habitants et d’édile locaux », explique Guy Claudey. L’ensemble du tènement Chasset a fait l’objet d’une réhabilitation au début des années quatre-vingt-dix et les témoignages iconographiques de cette époque, aujourd’hui rares, sont soigneusement conservés à la Maison du Patrimoine de Villefranche. ●

PRIS LA MAIN DANS LE SAC ! L’ordonnance émise par le maire de Villefranche François-Marie RoyerWillot en 1854 ne souffrait aucune exception. Ainsi, les cafés n’étaient pas autorisés à recevoir les « femmes publiques. » M. Verny, qui mélangeait allègrement les genres, en fit l’amère expérience quand son débit de boissons de la rue Roche fut fermé. Aussi, en janvier 1879, l’agent de police Deshertaud est suspendu pendant quinze jours avec suspension de traitement « pour avoir été vu converser avec trois prostituées à 22h30, les laissant par ailleurs librement évoluer à travers la ville ».

C’EST PAS LA JOIE… Quid du quotidien des filles ? Là encore, les travaux de Guy Claudey sont précieux pour détailler la tristesse du processus et la monotonie du quotidien… « La fille qui entre commence une vie de couventine ; elle perd son nom de ville au profit d’un nom de guerre: Carmen, Manon, Brunette… Elle dort à la maison, y prend tous ses repas, y passe ses journées et ses nuits […] et dispose la plupart du temps d’un jour de liberté par semaine. » Une terrible déshumanisation, où l’aliénation de l’identité précède celle du corps. De sujet à objet… Cynisme ultime, la coutume voulait qu’on offre à chaque fille quittant une maison une robe en cadeau mais elle devenait immédiatement interdite de séjour sur le territoire de Villefranche.

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© Académie de Villefranche

© collection particulière

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LA DRAGUE EN CALADE

© Delcampe

Des bals aux discothèques

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Au XIXe siècle, l’émergence des loisirs rebat durablement les cartes de la vie sociale et consacre une nouvelle approche de la séduction. Bals, salle des fêtes, guinguettes, l’amour est partout ! Un creuset qui semble s’affranchir des classes sociales. Le temps des cerises ? Vraiment ?


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CARNET DE BAL D’UN CALADOIS « Né en 1949 à Villefranche, j’étais un adepte des bals de la Salle des Sports, l’actuel Atelier, dès mes 16 ans. Ces bals étaient organisés soit par les associations des anciens de l’Ain, les classes de conscrits, ou les anciens marins de René Poitevin. On débutait la soirée par un bal à 21 heures en attendant l’arrivée de la star vers 23 heures, dans cette salle qui pouvait contenir jusqu’à deux mille personnes. Le bal reprenait ensuite de plus belle. André Verchuren a été présent chaque année grâce à René Poitevin président des Anciens marins. Marcel Amont, Dalida, Sacha Distel, Johnny Halliday, Eddy Mitchell, Enrico Macias, Michel Torr… ou encore Adamo qui faisait salle comble plus que les autres et on refusa du monde lors de ses deux passages en calade. Je venais comme les copains, surtout pour draguer pendant la série de slows, mais nous dansions également le paso-doble, le tango et le rock si la danseuse était à la hauteur. J’en ai bien profité, papillonnant à souhait, et lorsque les belles étaient d’accord, on se prêtait la traction Citroën 15, pour fauter à l’abri des regards. Lors du bal des conscrits gratuits alors et avec simplement un grand orchestre pour la soirée, il fallait jouer des coudes tellement il y avait du monde. Beaucoup d’usines fermant le lundi, on pouvait rester jusqu’au bout de la nuit. » © Goiffon

ans sa description des « vogues » du Beaujolais, l’historien Raymond Billiard évoque « la bonne société qui ne craignait pas de s’y montrer, de se mêler aux paysans et d’y prendre du plaisir. » Avant la Révolution à Villefranche, c’est dans les salles de l’Hôtel de Ville que se déroulaient les fêtes, bals et cérémonies organisés par les échevins et les différentes confréries. À partir du XIXe, les lieux de loisirs se développent en Calade. On quitte les murs de l’Hôtel de Ville pour aller se divertir

L’ALLÉE DES VEUVES

salle de la Comédie, au Colysée, au Tivoli, au son des orchestres. À l’extérieur, la place du Promenoir héberge les grandes festivités de Pâques et de la Pentecôte. Certaines années, on frôle les 12 000 visiteurs ! Entre deux réjouissances, les théâtres ambulants, cirques et attractions foraines font la maille. Loisir rime parfois avec séduction, en témoigne la mésaventure des élèves du collège Claude Bernard, rappelés à l’ordre par leur proviseur Monsieur Stacchini pour avoir fait passer des

billets doux aux écuyères, comédiennes et danseuses du cirque Cagniac ! Parallèlement, Villefranche voit l’émergence de nombreuses sociétés musicales (Harmonie de Villefranche, Union caladoise, La Gaité, Les Trompes Caladoises et la Symphonie). La musique s’inscrit comme le support des loisirs, notamment de la danse, qui se pratique lors des bals ou sur les bords de Saône, dans les guinguettes. Certains établissements sont déjà « dansants », comme le café de M. Peillon porte

© Delcampe

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Le Bordelan est un lieu de drague à part entière à Villefranche. On murmure que certaines maisons des bords de Saône furent le théâtre de parties fines et le site est plus largement réputé pour les rencontres galantes. C’est le cas de l’allée dite « des veuves », long chemin bordé de platanes qui partait de l’actuelle Ferme de Poulet pour rejoindre la Saône voisine. Le nom donné à cette allée donne lieu à une double interprétation. La plus glauque, c’est celle des hommes qui venaient s’y pendre, laissant derrière eux une veuve éplorée. La seconde, plus joyeuse, évoque ces veuves qui venaient s’y balader dans l’espoir de rencontrer un jeune galant… On préfère la seconde explication !

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de Belleville ou l’Hôtel du Chalet situé en face de la gare. À proximité, le café La Cigale suivra le mouvement. Le tissu associatif naissant, hyper dynamique, saisit le bal au bond. Chaque association, mais également les corporations et autres confréries, organisent de nombreux événements. La musette casse le cadre trop répétitif des danses à plusieurs temps, le beaujolais fait le reste. C’est une mutation profonde de la société qui démarre, inscrivant le bal comme le lieu matrimonial par excellence. Jusqu’à la fin des années 1960, près de 25 % des couples se rencontraient dans un bal (source Ined). Symbolisée par La Jeune Garde, cette émulation des corps passe également par la naissance de nombreuses sociétés sportives et gymniques. Qu’ils se musclent dans l’effort ou s’harmonisent dans une chorégraphie savamment exécutée, les corps sont désormais admirés par tous. Certes, ils supportent toujours le labeur ouvrier et paysan mais la République

bichonne désormais cet outil de travail. Les congés payés de 1936 symbolisent bien cette nouvelle approche qui doit toucher tous les âges de la vie, notamment les plus jeunes avec l’émergence des colonies de vacances. Une période d’insouciance qui prendra fin avec l’embrasement mondial mais qui aura donné l’impression que le creuset des loisirs pouvait gommer, le temps d’une danse ou d’un baiser, les différences sociales, portant en creux le rêve d’égalité et de fraternité républicaines.

Fin de la parenthèse enchantée et lutte des classes

© collection particulière

Bien sûr, les jeux d’influence parentaux et la prééminence des classes sociales n’ont jamais vraiment disparu. Ils sont seulement renforcés au sortir de la guerre. La République avait, certes, élargi le cadre des loisirs, mais les parents ont toujours le dernier mot sur la bienséance des relations de leur progéniture. « Je suis né en 1946 et mes parents étaient commerçants rue Nationale. Une catégorie sociale très marquée à Villefranche pendant les Trentes Glorieuses et qui jouissait d’une certaine forme de notabilité. Je me souviens, par exemple, que mes parents m’interdisaient de fréquenter le Café du Rhône, qui avait mauvaise réputation. Quant aux bals, ce n’était même pas la peine d’y penser », nous glisse ce septuagénaire caladois dont le témoignage à valeur d’aveu. Pas le plus mal loti toutefois ! La société rurale était d’ailleurs exclue des « boums » naissante.

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© collection particulière

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Une fracture qu’a constatée Paul Fourrichon, président des Compagnons du Beaujolais, lors de son entrée au lycée Claude Bernard en 1962. « Nous étions quelques-uns à débarquer de l’école communale de Lachassagne et le choc fut brutal. » Interdite de fréquenter les lieux de « débauche », la jeunesse dorée de la Calade des Trente Glorieuses prend du bon temps directement chez papa et maman. Les boums permettent aux dépositaires de l’autorité d’avoir un œil sur les fréquentations et un avis délibératif sur la liste des invités ! La Calade se divise alors en trois classes sociales très marquées : les industriels, qui composent à eux seuls une caste inexpugnable ; les commerçants et les fonctionnaires, qui jouissent d’une notabilité avérée ; les ouvriers et paysans, qui fréquentent les bals populaires et les cafés. De fait, le bal ne cristallise plus la rencontre et son influence décline au profit des soirées entre amis ou du lieu d’études. « Tout était écrit et nous n’avions pas le stylo en main, explique cette caladoise. Nous rencontrions notre futur époux dans un cadre borné, nous nous fréquentions quelque temps, sans vivre ensemble, avant de se marier, le plus


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er Nous l’avons vu dans le précédent article, la musique aura contribué à transform qui radicalement les rencontres en calade. Le bal devient populaire au son de la musette la plus casse les codes des danses de salon en trois temps. Finie la valse à la papa ! Mais anglogrosse révolution musicale interviendra après 1945, avec l’arrivée des musiques ll Rock’n’Ro du bases les pose consort et Domino Fats saxonne. Le Rythm’n’Blues des variété émergent, qui se taillera la part du lion à la fin des années soixante. Pour autant, la sont de n’est pas « ringardisée » comme elle peut l’être aujourd’hui. Les chanteurs le véritables stars, adulées, qui n’hésitent pas à jouer de leur superbe. Ainsi, lorsque aux l’adjoint de fille la à propose ) ci-contre ( Broussole compagnon de la Chanson Jean concert Sports, Jean Le Mouton, une invitation à dîner avec toute la troupe au sortir de leur slow Le x. vingt-deu ses dans renvoyé ement à Beauregard en 1965, il est immédiat fin des s’impose comme la danse en vogue pour favoriser les amours naissantes… À la ont une années soixante-dix, des groupes locaux émergent. À Villefranche, les Rotters en finale réelle notoriété. Autour de Jacques Mercier et de Michel Moine, ils arrivent même gum. En du concours à l’Olympia, organisé par RTL sponsorisé par Hollywood ChewingFlipper, 1978, ils sortent un 45 tours avec deux titres originaux, Synthemar et Faut Pas , Beaujolais Cep l’actuel de au-dessus Situé . Tard Trop et plus deux titres inédits, Tout Oublié Rotters, le « Manas Club » voit le jour chez les parents de Pascal Manasses, membre des version et devient le lieu de réunion des « groupies » des Rotters. Hélène et les Garçons, sauvage !

© 45 Vinyl VidiVici

© collection particulière

QUAND LA MUSIQUE LIBÈRE LES MŒURS

souvent sans être passé à l’acte. » Cette génération sera la dernière à obéir à l’impératif familial avant la libération de mai 1968.

Libération des mœurs et naissance des discothèques Les années soixante-dix seront celles du punk et du disco, avec une jeunesse à l’unisson. Au diable les parents, l’émancipation est partout, il est interdit d’interdire ! On se passe volontiers

de leur autorisation pour aller taper un baby au bar de l’Hôtel de l’Europe ou s’offrir une mousse au Tonneau ou à L’Écu de France. Au son métallique des amplificateurs, les premiers groupes de rock caladois font chavirer les jeunes filles. C’est l’eldorado des bad boy autour du mythe des blousons noirs ! Les grandes avancées sociétales, comme la légalisation de la pilule contraceptive, offrent un cadre rêvé à l’amour. Qui n’aura qu’un temps… Thanatos

remplace Éros. Les années quatre-vingt seront marquées par le fléau du sida. La décennie verra la naissance de nombreux établissements de nuit, baptisés discothèques. À Villefranche, Le Freeway fait souffler un vent nouveau sur la jeunesse caladoise, suivi par Le Radeau de la Méduse et Le Lagon Bleu. L’Arc en Ciel s’implante, lui, à Quincié-en-Beaujolais quand Le Pressoir pousse en haut du col de la Croix Rozier, au Perréon. ●

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LÉGENDES & ANECDOTES AUTOUR DE L’AMOUR

LA BONNE DU CURÉ E

n Beaujolais, un curé recherchait d’urgence une nouvelle servante, si bien qu’il en fit l’annonce à la fin de l’office dominicale. Un paroissien, le vieux Louis, lui proposa les services de sa fille Angélique, âgée de 16 ans. La jeune fille au corsage voluptueux et aux formes gourmandes fit le bonheur des yeux du curé, qui lui demanda toutefois si elle savait tenir une maison. Aussi, ce dernier ayant besoin d’un peu d’aide pour le catéchisme, il lui demanda si elle aimait les enfants. « Oh oui, mais je préférerais que monsieur le curé fasse attention », lui aurait-elle répondu. ● L’histoire est rapportée dans un petit fascicule édité en 1946, dont on attribue la paternité au Dr Maurice Bonnet, qui fut maire de Tarare de 1944 à 1947.

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LE BOUC ET LA NONNE C

onstruite au XVIe siècle à l’initiative de Pierre et Anne de Beaujeu, la collégiale Notre Dame des Marais présente une gargouille plutôt coquine sur sa façade nord. Baptisée Le Bouc et la nonne, la sculpture met en scène la diabolique bête à cornes chevauchant une femme d’église. Une allégorie grivoise de la luxure, qui compte parmi les 7 pêchés capitaux de l’église catholique. ●

MA FILLE MA BATAILLE G

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aspard de Mornieu aurait sans doute mérité un autre comité d’accueil. Après une campagne guerrière de deux ans, cet officier des armées de Louis XIV revint en son château de Prony (Oingt-enBeaujolais) pour retrouver son épouse Claire de Saillans. Mais pendant l’absence de son époux, cette dernière s’était consolée dans les bras de Jean Curtil. De cette adultère est née une petite fille, immédiatement confiée à une nourrice qui quitta le pays. Réfugiée chez son frère, au château de la Garde à Saint-Vérand, Claire de Saillans fut emprisonnée à Roanne avant de séjourner deux ans au couvent des filles pénitentes de Lyon. Réconciliée avec son mari, elle quitta finalement le couvent pour s’installer avec lui au château de Courbeville, à Chessy, où elle mourut sans jamais revoir son enfant. Hantée par le souvenir de sa fille, Claire de Saillans continue-t-elle à la chercher depuis l’autre monde ? Certains disent avoir vu une Dame Blanche flotter sur les contreforts du château de Courbeville ; d’autres assurent qu’au château de la Garde, la Dame Blanche soupire si fort qu’elle éteignait les bougies ; certains, enfin, rapportent le cliquetis des chaînes secouées par la Dame Blanche du château de Prony les soirs de tempête. Brrrr ! ● L’histoire est basée sur un texte inédit de Pierre Dupoizat, alors maire de Châtillon d’Azergues, daté du 30 août 1984

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BEAUX ET BELLES GOSSES EN BEAUJOLAIS ? P

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rofesseur au collège Claude Bernard, Albin Delpeuch s’est essayé à la description physique de l’homme et de la femme du Beaujolais, dans une planche présentée à l’Académie de Villefranche en 1910. L’homme du pays ? « Il est grand, sa charpente est solide et bien musclée, ses angles sont arrondis. Sa démarche n’est ni vive, ni molle ; elle est calme et assurée. Il a le teint généralement brun, une tête ronde, plus souvent longue sur des épaules larges et des yeux noirs et petits, rarement bien fendus mais toujours malicieux et rieurs et laissant voir, derrière leur écran mobile, une sereine mentalité. L’homme est ici le produit du sol qu’il foule et qui s’est identifié avec lui. » La femme beaujolaise semble, elle, tout droit sortie d’un village corse ! « La femme, plus nerveuse, a résisté davantage à l’influence matérielle du milieu. Elle est assez souvent grande, légèrement brune, forte et assez bien cambrée. L’ovale de son visage et le noir profond de ses yeux rappellent, on ne sait pourquoi, les Italiennes de l’Ombrie. » Après avoir décrit la Latine par excellence, Albin Delpeuch assure opportunément que la femme beaujolaise peut également être « petite et blonde ». Et les rousses alors ! ●

FONTAINES ET PIERRES MAGIQUES T

u Moyen-Âge, en 1364, un saltimbanque déguisé en ours, Théodore Sautefort, divertit les badauds sur la place du village à Chazay, lorsqu’un important incendie se déclare à la tour du château et encercle une femme et une petite fille. Le saltimbanque sauve la petite fille puis, mouillant sa peau de bête, retourne chercher la châtelaine. Le seigneur lui donna la main de sa nièce, le fit armer chevalier et annonça la bonne nouvelle à travers tout le pays. Depuis ce jour, le Baboin (surnommé ainsi pour son agilité ressemblant à un singe) est devenu le protecteur de Chazay, sa statue orne une des portes du village et un vieil adage dit « Fille qui n’a vu le Baboin, oncques mari ne trouve point » car à l’époque, les filles qui n’avaient pas de dot pour se marier demandaient de l’aide au Baboin ! ●

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LA LÉGENDE DU BABOUIN A

radition héritée du paganisme, on prête aux fontaines et à certaines pierres plates du Beaujolais des pouvoirs magiques. Chaque fontaine ou pierre guérie d’un mal bien particulier. La plus célèbre est la source du Mont Saint-Rigaud, point culminant du Beaujolais. Celles qui s’y abreuvaient étaient censées retrouver la fertilité. La Font de Nême de Brouilly à Odenas était aussi réputée pour aider la fécondité des femmes. Les époux ou femmes adultères se rendaient, eux, à la source Sainte Madeleine de Soubran à Marchampt pour se laver de leurs pêchés. Aussi, les fontaines de mariage devaient favoriser les unions dans l’année. En accord avec les travaux de l’historien Philippe Branche, nous pouvons citer pêle-mêle l’eau de la cuvette de la Roche des Fées à la Chapelle de Mardore, la fontaine Saint Roch à Saint Vincent de Reins, le Font Saint Abram à Ville sur Jarnioux et La Font Saint Roch à Mardore. Des pratiques qui sont loin d’être marginale. Ainsi, à la fin du XVIe siècle, on comptabilise près de 15 000 personnes pour le pèlerinage du 15 août au mont SaintRigaud ! ●

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LA PLACE AUX FILLES U

n dimanche à Quincié, alors que trois bergères dansaient leur ronde avec entrain, le clocher de l’église du village sonna l’Angélus. Génuflexion obligatoire pour les danseuses, à l’exception d’une seule, la plus belle de toutes, qui continua à valser. Le sol se déroba alors sous ses pieds et cette dernière fut engloutie par les profondeurs de la terre. Un bien funeste destin ? À en croire les anciens, la jeune fille ne fut pourtant jamais ensevelie. Elle profita plutôt de la dévotion des bergères pour rejoindre un preux chevalier, qui l’attendait derrière les fourrés, et fuir sur son destrier. Convolant en justes noces, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. ●

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N | PHOTOS ■ gastronomie Le Salon international de la restauration, de l'hôtellerie et de l'alimentation (Sirha) s’est déroulé du 21 au 25 janvier à Eurexpo Lyon. Cette année encore, le Beaujolais et ses représentants occupaient les places de choix à la grand messe mondiale de la gastronomie !

SIRHA 2017 Le Beaujolais en force ! © DR

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Le clou du spectacle de chaque Sirha, c’est le Bocuse d’Or. Un grand concours de cuisine où les meilleures nations du monde s’affrontent pour décrocher la timbale. Pour cette 30e édition, c’est l’américain Mathew Peters, deux ans après avoir décroché l’argent, qui a remporté le Bocuse d’Or. Le podium est complété par le Norvégien Christopher Davidsen et l’équipe islandaise dirigée par Viktor Andrésson. La France s’est consolée avec le prix de la meilleure assiette végétale et Benjamin Vakanas a été élu meilleur commis du concours. Dans une ambiance de stade en fusion, drapeaux et chants, le cuisiniste ansois Arnaud Bernollin (Cuisines) et le chef spinozien Frédéric Cote (Au Colombier) n’ont pas boudé leur plaisir ! Vous le saurez pour les prochaines éditions, mais au Sirha, tout se passe sur le stand des Toques Blanches lyonnaises. Sous la férule du boss Christophe Marguin (Restaurant Marguin – Les Échets), l’espace n’a pas désempli pendant toute la durée du salon. Ici, la célèbre pâtissière Mercotte passe claquer une bise à Olivier Degand , le chef de l’Hostellerie La ferme du Poulet (Villefranche). Là, le chef caladois Fabrice Roche, Le Juliénas, se met en place pour une démonstration live autour du poisson. Derrière l’amitié et la bonne humeur, c’est surtout le savoir-faire gastronomique de notre pays que portent fièrement les Toques Blanches lyonnaises.

Pour célébrer les 30 ans du Bocuse d’Or, ce sont 1 500 convives qui ont participé au dîner de gala donné à La Sucrière. Une agape exceptionnelle préparée par les champions des éditions précédentes, Philippe Tessier (2015), Noriyuki Hamada (2013) et Philippe Mille (2009) avec la complicité exécutive de Jean-Paul Pignol et Guy Lassausaie . Parmi les invités, nous avons repéré le délégué général d’InterBeaujolais, Jean Bourjade , ici aux côtés de Dominique Vavro. À n’en pas douter, le Beaujolais est toujours dans les bons coups (et sur les bonnes tables) !

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Pour sa 15e édition, la Coupe du Monde de la Pâtisserie créée en 1989 par Gabriel Paillasson, célèbre pâtissier lyonnais, mettait en compétition 22 équipes nationales, dont trois nouvelles nations : l’Indonésie, le Chili et l’Inde. Chaque équipe devait réaliser 3 entremets au chocolat, 3 entremets glacés aux fruits, 15 desserts à l’assiette et une pièce artistique en sucre, une en chocolat, le tout agrémenté d’une sculpture en glace. Le jury composé de professionnels, dont le pâtissier ansois, Philippe Brétignière, a dû examiner le savoir-faire et la créativité de chaque équipe. Après dix heures d’épreuves, l’équipe française composée d’Étienne Leroy, de Bastien Girard et de JeanThomas Schneider a remporté le titre de championne du monde de pâtisserie. Chapeau !


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Une équipe professionnelle à votre écoute, souriante et disponible, qui s'appuie sur les traditions de l'art de la table et de la gastronomie pour faire de votre mariage un événement cousu main. Cocktail, décoration des tables, goûts et saveurs des mets proposés, sélection des vins, ARTHUR TRAITEUR régalera vos convives par son savoir-faire et sa créativité.


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N | PORTRAIT ■ anniversaire

MICK MICHEYL © Lyon People

95 bougies et mille vies !

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Le 8 février 2017, Mick Micheyl a fêté ses 95 printemps. Passée à la postérité musicale avec son Gamin de Paris, la montmerloise aux mille vies a toujours tenu la promesse artistique faite à son grand-père. Celle de ne jamais quitter ses pinceaux. Portrait. Par Marie-France Balandras

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décorer les vitrines de la rue de la Ré’, dont les passants deviennent vite friands. Comme souvent, musique et dessins font cause commune et Mick, qui chante du soir au matin en s’accompagnant à l’accordéon, se fera remarquer en gagnant un concours de chant et en obtenant un enregistrement avec Pathé Marconi. C’est le début de la gloire avec Le Marchand de Poésies, Ni toi ni moi, Je t’aime encore plus, Ma maman… puis son tube international Le gamin de Paris.

Une artiste totale Montée à Paris en 1950 avec ses dessins sous le bras, refusés de partout, la chanteuse a gardé un atelier de peinture pour ne pas faillir à la promesse faite à son grand-père de ne jamais quitter ses pinceaux. Elle devient meneuse de revue au Casino de Paris en 1961. Toutes ces années, Mick accumulera les défis les plus fous, sollicitant d’avoir un atelier sous-marin au milieu des poissons à Juan les Pins, entrant dans une cage aux lions pour une émission de télé sans préparation, ou descendant en hélicoptère, attachée par le poignet au-dessus de la chapelle de Brouilly, un de ses plus beaux souvenirs. Parallèlement, elle n’hésite pas à prendre des cours d’acrobatie, de trampoline, de judo, de danse… Sa nouvelle inspiration va lui venir d’un carrossier qui, alors qu’elle est dans le Vaucluse, travaille avec sa ponceuse ! Ce geste sera pour elle une illumination : l’artiste dessinera avec la lumière ! Elle se teste par quelques réalisations, fin 1974. Elle entrera en 1975 dans la plus grande galerie du monde, alors qu’elle est en pleine gloire en tant que productrice télé depuis

cinq ans, qu’elle a lancé de nouveaux chanteurs et a sorti des tubes fredonnés sur toutes les lèvres. Marchand d’art et collectionneur pointu, Paul Pétridès regarde ses petits bouts d’acier et lui propose de préparer illico une exposition : il est totalement séduit. Il faut réagir d’emblée, tout abandonner pour préparer cette exposition faute de rater le coche, choix qu’elle ne va jamais regretter… pas plus que de devoir soulever chaque jour cent kilos d’acier ni de s’abîmer les yeux au fil des ans. Mick a gardé un faible pour les journalistes qui l’ont soutenue à la hauteur de ses multiples talents et s’est sans cesse pliée à leurs bonnes grâces, en les invitant régulièrement à sa table ! Ces dernières années, la maison de Montmerle a fermé ses portes, et Mick passe des jours paisibles, très entourée à la maison de retraite de Montmerle. ●

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ille unique de parents industriels et petite fille du commandant Jean-Baptiste Tournassoud de Montmerle-sur-Saône, créateur et chef photographique des armées durant la guerre de 14-18, Mick Micheyl était une belle jeune fille déjà bien en avance sur son époque. Sa première passion ? Grimper aux arbres pour rédiger ses cours mais également pour dessiner afin de préparer les beaux-arts où elle étudiera de 1939 à 1944 ! Ses croquis magnifiques, dont elle fit profiter ses voisins en emménageant à Lyon, rue René Leynaud, n’ont pourtant pas séduit les parisiens. Entre Saône et Rhône, Mick Micheyl est pourtant l’une des premières à proposer de

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MÂCON 766 Rue des combes/ VARENNES-LÈS-MÂCON................................................. T 03 85 34 96 00 BOURG-EN-BRESSE Z. I. de Noirefontaine R. N. 75/ MONTAGNAT................. T 04 74 23 93 30

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Et si le plus beau jour de votre vie était aussi le plus gourmand ?

WEDDING CAKE À LA FRANÇAISE|PIÈCES MONTÉES|ENTREMETS FESTIFS

45, rue Boiron – 69 400 Villefranche‐sur‐Saône | desmoulinshenri@gmail.com | 06 80 04 29 40 Retrouvez nous également sur


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