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MARCO BELTRAMI

l’arrivée du sixième Frissons, le moment ne pourrait pas être mieux choisi pour parler de son œuvre. Et là-dessus, Ghostface serait d’accord : il est grand temps que l’on souligne la carrière du prolifique musicien qui a accompagné, entre autres, tous les élans sanguinaires du tueur masqué.

Un mentor en or Né en 1966 à Long Island aux États-Unis, Marco Beltrami a, comme de nombreux compositeurs avant lui, démontré un intérêt marqué pour la musique, à un très jeune âge. Doué pour le piano, il prenait particulièrement plaisir à réarranger les partitions plutôt qu’à les interpréter. Il aimait le cinéma, particulièrement les westerns spaghettis et la musique d’Ennio Morricone, mais il n’était pas attiré par l’horreur. Pour vous donner un indice, il dit avoir été profondément troublé dans sa jeunesse par le film Dumbo de Disney.

Lorsque Marco Beltrami a décidé, une fois pour toutes, après quelques tentatives d’études dans divers domaines tels que l’aménagement urbain, de se consacrer à la musique de film, il n’a pas hésité à saisir les occasions qui se sont présentées à lui. Il s’est alors inscrit en composition et il a pu profiter d’une année de stage avec nul autre que le compositeur réputé Jerry Goldsmith (Chinatown et La Planète des singes). En entrevue, lorsqu’on lui demande ce qu’il retient de cette expérience avec Jerry Goldsmith, Marco Beltrami revient sur l’importance que ce dernier accordait aux mélodies et à l’économie de moyens. Il faut faire confiance à son instinct, aller à l’essentiel et ne pas compliquer un processus qui se doit d’être plus émotif que cérébral.

Une rencontre inattendue

C’est le fruit du hasard si la démo de Marco Beltrami est tombée entre les mains de Wes Craven qui cherchait activement un compositeur pour son film Frissons. Impressionné par le jeune compositeur, il décida de le rencontrer malgré le fait que Marco Beltrami n’avait jamais écouté un film d’horreur. Cependant, à sa grande surprise, c’est exactement ce qui a plu au réalisateur. Bien que Wes Craven aurait bien aimé l’engager sur-le-champ, la décision ne lui revenait pas totalement… Il lui a alors proposé de quitter cette première rencontre avec la fameuse séquence d’ouverture du film, celle mettant en vedette Drew Barrymore comme première victime de Ghostface. S’il parvenait, en un week-end, à écrire une partition de treize minutes pour cette scène précise, Wes Craven la présenterait à son équipe de production qui trancherait. Sans trop savoir dans quoi il s’embarquait, Marco Beltrami a accepté et s’est empressé d’emprunter le studio d’un ami pour relever ce défi.

Une semaine plus tard, le contrat lui était donné et sa carrière prenait son envol. Il a ainsi signé la partition musicale des quatre premiers volets de la série, puis de trois autres films de Wes Craven. Malgré son inconfort face aux films d’horreur, il ne peut désormais absolument pas nier l’impact que ces films ont eu sur sa carrière. Avec le temps, il est devenu malgré lui une référence dans le genre. Il faut dire que sa musique est parfaitement incisive, très percussive et, disons-le, ne joue pas dans la subtilité, se prêtant ainsi fort bien à l’intensité des propositions de Craven.

Soulignons enfin que Beltrami a composé de la musique pour presque tous les genres cinématographiques : du film de guerre (Le Démineur) au western (3 h 10 pour Yuma). Ces deux bandes sonores lui ont d’ailleurs valu des nominations aux Oscars. Et maintenant… S’il y a un genre que Marco Beltrami a boudé jusqu’à présent, c’est celui de la comédie romantique. Même si cela est difficile à concevoir, on aurait presque envie de dire à Marco Beltrami : « Il ne faut jamais dire jamais... » ! |

Depuis que le grand public a fait sa connaissance dans la série Dix pour cent, réintitulée au Québec Appelez mon agent, la comédienne française Laure Calamy ne cesse d’enchaîner les projets de longs métrages et est littéralement devenue la coqueluche du cinéma français. Vue notamment dans la comédie Antoinette dans les Cévennes et dans le drame À plein temps, Laure Calamy connaît un gros début d’année puisque son nom est en tête d’affiche des films L’Origine du mal et Annie Colère. Et voilà qu’on la retrouve en plus au générique de la comédie Les Cyclades, une œuvre qui nous permet d’admirer tout autant son talent que les paysages paradisiaques des îles grecques qui ont servi de décors au film réalisé par Marc Fitoussi. L’histoire des Cyclades relate les retrouvailles de deux anciennes copines, totalement à l’opposé l’une de l’autre côté personnalité, entamant un voyage qui ravivera plusieurs tensions oubliées. Le cinéaste, aussi à l’origine du scénario, revient sur les dessous d’un tournage qui, malgré sa facture ensoleillée, n’a pas été de tout repos.

Marc, votre nouveau film a pris l’affiche en France en janvier dernier et a connu un fort beau succès. Est-ce juste de dire que la comédie est le propre de toutes vos réalisations jusqu’ici comme Copacabana et La Ritournelle (toutes deux avec Isabelle Huppert)?

Oui, de façon générale, c’est vrai. Même si plusieurs journalistes estiment que le contexte de mes films change chaque fois – et c’est tant mieux – j’ai quand même l’impression de creuser le même sillon de fois en fois et d’aimer apposer un côté… disons mordant, dans tout ce que j’ai envie de raconter.

Ce septième long métrage vous permet de retrouver Laure Calamy qui est omniprésente au grand écran actuellement. C’est drôle, car dans votre film précédent, Les Apparences, Karin Viard était la vedette et je trouve que ces deux actrices ont la même énergie et la même capacité d’alterner avec aisance les drames et les comédies.

Complètement! D’ailleurs, une amie actrice me disait récemment qu’en regardant Les Cyclades, tout au long, elle voyait Karin Viard. Elles ont le même nez un peu retroussé et des yeux qui parlent. Il faut vraiment qu’elles jouent des sœurs dans un film. Je rêve de ce duo de sœurs fâchées parce que je pense qu’elles ont l’énergie qu’il faut pour s’affronter et pour ne pas se voler la vedette. Dans La Nouvelle Ève qui marqua le début de carrière de Karin, elle tenait un rôle qui me rappelle beaucoup celui de Magalie, le personnage qu’interprète Laure dans Les Cyclades, c’est-à-dire une femme fatigante d’énergie, exaspérante d’enthousiasme.

Dans Antoinette dans les Cévennes, Laure partageait l’écran avec Olivia Côte qui, ici, joue son amie Blandine, une femme qui tente de se remettre d’une douloureuse séparation, alors que Magalie, elle, ne voit toujours que le bon côté des choses de la vie.

Oui, c’est à la suggestion de Laure que j’ai rencontré Olivia pour ce rôle. Il faut également savoir qu’Olivia, dans la vie, est à l’opposé de son personnage. Elle a dû user de beaucoup de retenue dans ce contre-emploi de femme vaincue, résignée. Tout le contraire de Magalie jouée par Laure, car c’est le moteur d’une comédie de mettre en scène deux êtres totalement différents de par leur nature, mais liés par une réelle amitié. Ça prend la forme d’un buddy movie au féminin.

Vos personnages sont en voyage et ils se déplacent continuellement, d’une île à l’autre, d’un hôtel ou d’un restaurant à un autre, ça en devient presque un road movie, non?

Oui et en voyant le film et ses images de la Grèce qui font rêver, là où a été tourné Le Grand Bleu, on se dit que le tournage automnal a dû être une partie de plaisir. Je passe pour un râleur, mais je dois vous confier que les dieux grecs n’étaient pas de notre côté. Il y a eu la grève des ferries (traversiers), un vent d’été appelé le Meltem, inopiné pour cette saison. Il a soufflé tellement fort qu’il emportait les chaises de notre hôtel et il faisait tanguer notre bateau qui devait demeurer amarré par sécurité. Et le jour où Olivia et Laure devaient se baigner, il y avait trop de méduses. On doit alors improviser et modifier la mise en scène. Il faut savoir rebondir en permanence.

Le cinéma français, depuis des lustres, démontre une réelle expertise dans la prise de son directe. Malgré le vent, votre film, du point de vue du son, m’apparaît fort réussi. On accompagne vos personnages dans toutes les scènes comme si nous étions sur place avec elles.

Merci et pourtant, ça a été un réel enjeu. Mon preneur de son et mon perchiste nous ont sauvé la vie. Il y a tellement de dialogues et de déplacements dans le scénario, en bougeant, mes personnages donnent du rythme aux textes. Hormis le vent, on n’avait pas non plus prévu le bruit que font les roulettes des valises (rire)!

Entrevue Marc Fitoussi

Les Cyclades prouve à nouveau que vous aimez, principalement, mettre en scène des personnages féminins au grand écran. C’est votre marque de commerce.

Ce n’est pas une volonté réelle, mais une préférence. Ma culture cinéphilique s’est forgée avec Belle de jour de Buñuel, Adèle H de Truffaut, Le Sauvage avec Deneuve et Tout feu, tout flamme avec Adjani, ou encore les comédies de De Broca avec Annie Girardot. Ce sont ces films que j’ai aimés. Puis, en exerçant le métier de réalisateur, j’ai remarqué chez les actrices un grand sens de l’autodérision et la capacité d’ajouter de la fantaisie dans leur jeu. Je les trouve libres, audacieuses. En travaillant sur la série Dix pour cent, j’ai été témoin du talent de Monica Bellucci, Sigourney Weaver et Isabelle Huppert pour jouer avec le scénario et ajouter des éléments surprenants. Au contraire des acteurs, elles s’en donnaient à cœur joie. Exemple : Charlotte Gainsbourg, je lui disais qu’elle avait une toute petite voix dans tous ses films et elle a aussitôt accepté de rire de ça dans l’épisode et c’est une chose qui fait très plaisir à un réalisateur. |

CINÉMA : MODE D’EMPLOI

Le Cin Ma Et Ses M Tiers

Directeur Artistique En Animation 3d

Connaissez-vous Gertie le dinosaure? C’est un film d’animation qui a fasciné les foules à sa sortie en 1914. D’une durée d’environ 13 minutes, le film montre les prouesses d’un brontosaure dressé qui obéit plus ou moins aux ordres de son maître, ici interprété par son dessinateur, l’illustre auteur de bande dessinée Winsor McKay. Loin d’être le premier film d’animation, Gertie le dinosaure a toutefois marqué les esprits en raison de sa personnalité unique. À l’époque, on se contentait surtout d’explorer les possibilités de l’animation comme une potentielle forme d’art. Gertie offre quant à lui l’exemple d’un premier personnage animé dont la création n’avait pour unique but que celui de conquérir le cœur du public.

Aujourd’hui, plus de 100 ans plus tard, il serait difficile de produire un inventaire complet des personnages animés qui ont vu le jour depuis. Ils sont tellement nombreux que vouloir en dresser la liste serait téméraire. Parmi eux, nous affectionnons tout particulièrement ceux avec lesquels nous avons grandi. De Mickey Mouse à Bugs Bunny, de ScoobyDoo à Snoopy, d’Astérix à Garfield, de la Mariée cadavérique à Wall-E (et nous en passons), chaque génération possède ses propres héros animés…

Avec la sortie en salle du film d’animation 3D Katak, le brave béluga, les jeunes cinéphiles d’ici (et d’ailleurs) auront l’occasion de tomber sous le charme d’un nouveau héros dessiné au Québec par des artisans d’ici. C’est aussi une invitation à vivre une aventure sous-marine dans les eaux majestueuses du fleuve Saint-Laurent. Les films d’animation ont justement ce pouvoir-là, celui de nous propulser dans des environnements difficiles, voire impossibles à explorer autrement.

Si nous prenons aujourd’hui la succession de films d’animation 3D en salle pour acquis, force est d’admettre qu’ils appartiennent à une industrie relativement jeune. Le premier long métrage en images de synthèse, Histoire de jouets, n’est arrivé sur les écrans qu’en 1996, il y a un peu moins de 30 ans. L’apparition d’outils informatiques puissants a néanmoins donné naissance à plusieurs nouveaux métiers techniques. À côté du cinéma, les animateurs 3D travaillent désormais pour la télévision, pour l’industrie des jeux vidéo (particulièrement florissante au Québec), voire pour n’importe quel organisme ou entreprise qui a besoin de contenu animé audiovisuel.

Le film Katak, le brave béluga a été produit par 10e Ave Productions, une maison de production québécoise à qui l’on doit La Légende de Sarila, le tout premier long métrage d’animation 3D réalisé au Canada. Sorti en février 2013, ce film a tout récemment célébré son dixième anniversaire. Dix ans, ça se souligne! Le magazine MonCiné s’est donc entretenu avec Philippe Arseneau Bussières, directeur artistique pour La Légende de Sarila qui est de retour dans ce rôle central pour Katak, le brave béluga. Sa filmographie inclut également La guerre des tuques 3D et Nelly et Simon : mission Yéti.

Avant tout illustrateur, c’est par le fruit du hasard que Philippe Arseneau Bussières est devenu directeur artistique en cinéma d’animation 3D. Cependant, des études en graphisme, diverses formations sur des logiciels spécialisés et un emploi chez Ubisoft lui ont certainement permis de migrer lentement vers ses nouvelles fonctions. S’il reconnaît que son métier est moins technique que celui des animateurs qui passent de longues heures derrière les écrans d’ordinateur, il ne manque pas de souligner que ses études lui ont été essentielles. « En tant que directeur artistique, précise-t-il, je dois savoir de quoi on me parle. Je dois avoir un regard global sur l’ensemble des paramètres et être conscient des limites du 3D. »

La créativité et la liberté propres aux fonctions de directeur artistique en animation 3D sont précisément les aspects qui plaisent le plus à Philippe Arseneau Bussières. Il apprécie beaucoup, également, que son métier lui permette de participer à toutes les étapes de la pro duction d’une œuvre : des premières esquisses jusqu’à la préparation des documents promotionnels, puisque celui-ci est LE responsable, de a à z donc, de l’identité visuelle du film. Un directeur artistique en animation 3D ne doit absolument pas être intimidé par aucun des aspects propres à l’animation, ni par l’éclairage, le maquillage, les costumes, les décors ou la colorisation. Comme le résume si bien Philippe Arseneau Bussières : « [u]n directeur artistique en animation 3D ne doit pas nécessairement exceller dans une chose, mais doit être bon dans tout et porter plusieurs chapeaux ».

Toutes les décisions prises par le directeur artistique viennent certes avec une grande part de responsabilité, puisqu’il y a un réel danger de s’égarer en chemin. Il doit mûrir longuement chacune de ses décisions puisqu’au final, le but ultime est de créer un produit unique, qui se tient et qui possède une cohésion interne. Ici, c’est exactement le même principe que celui qui prévaut dans la production d’un film comprenant des images réelles qui s’applique : si les différents volets de la réalisation ne communiquent pas entre eux, le résultat risque d’être douteux à l’écran. À cet égard, le rôle du directeur artistique en animation 3D n’est pas si différent de celui du directeur artistique d’un film traditionnel.

La bonne nouvelle, selon Philippe Arseneau Bussières, est que ceux et celles qui aspirent à travailler dans le domaine de l’animation 3D ne manqueront pas d’occasions de travail. Mais attention, cette industrie peut s’avérer très compétitive. « Souvent, les talents sont “spottés” lorsqu’ils sont encore à l’école, dit-il. Quand vient le temps pour les étudiants finissants en animation de montrer leurs projets, les gens de l’industrie sont déjà là! » Votre CV est-il prêt? |

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