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Transition écologique : l’hydrogène cherche sa voie dans les territoires

Transition écologique : l’hydrogène cherche sa voie dans les territoires

Tribune de Christophe Clergeau - publiée le 14.04.2021

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Christophe CLERGEAU et Arthur MOINET

Consultants du cabinet C2Stratégies

En décembre 2015, lors du dernier renouvellement des assemblées régionales, le développement de l’hydrogène vert était encore encore loin de figurer parmi les priorités des nouveaux élus. Cinq ans plus tard, à quelques mois des élections régionales prévues en juin, cette technologie apparaît désormais comme un enjeu essentiel pour l’ensemble des régions de France, afin de contribuer à la transition écologique, et de faciliter l’atteinte de leurs objectifs énergétiques et environnementaux.

La plupart des Conseils régionaux ont ainsi publié des feuilles de route pour le développement l’hydrogène vert ces derniers mois. En France métropolitaine, 11 régions sur 13 disposent désormais d’un document d’orientation.

Néanmoins, malgré leur parution relativement synchrone, plusieurs différences d’approche peuvent être relevées au sein de ces derniers.

Des approches différentes

Certaines régions orientent prioritairement leurs dispositifs d’intervention vers l’appui aux porteurs de projets privés cherchant à structurer des écosystèmes combinant usages et production.

La région Bretagne, par exemple, concentre son soutien sur les initiatives qu’elle sélectionnera dans le cadre d’appels à projets, qu’elle pourra co-financer jusqu’à hauteur de 60%, et accompagne le dépôt des demandes de subventions européennes.

La région Hauts-de-France vise quant-à-elle un soutien direct aux acteurs économiques, notamment à travers la mobilisation de son fonds régional d’amplification de la 3ème Révolution industrielle ainsi que des prises de participations et subventions.

D’autres mettent en avant leur soutien à des projets collectifs innovants et structurants. C’est le cas du Conseil régional des Pays de la Loire, qui réaffirme, dans sa feuille de route adoptée en juillet 2020, son engagement particulièrement fort en faveur des deux grands projets H2 Loire Vallée et H2Ouest (notamment porté par la start-up Lhyfe). Sa SEM « Croissance verte » est par ailleurs disposée prendre des participations au capital des sociétés de projets industriels.

La région Bourgogne-Franche-Comté, qui a publié dès 2019 sa stratégie, se distingue également par son fort engagement pour la recherche et l’innovation. Ainsi, le Conseil régional soutient déjà de nombreux laboratoires et souhaite encourager la création de cursus innovants. La région Nouvelle-Aquitaine se distingue également par sa volonté d’associer les différents acteurs à la gouvernance de sa stratégie, notamment au sein d’un comité de pilotage et d’un comité technique. En créant une marque H2 régionale, en menant des actions d’animation de la filière et en mobilisant ses sociétés « Nouvelle Aquitaine Co-Investissement » et « Nouvelle Aquitaine Capital investissement », la stratégie adoptée démontre clairement une volonté forte pour soutenir les projets innovants.

Plusieurs régions affichent comme priorité le développement de la mobilité hydrogène

C’est notamment le cas de la région Occitanie, pionnière dans le domaine, qui ambitionne d’ici 2024 d’acquérir 3 rames à hydrogène, de mettre en place 20 stations de production/ distribution, de soutenir l’achat de 600 véhicules lourds ou légers et enfin de soutenir fortement la recherche, notamment en faveur de l’usage aérien de l’hydrogène vert.

La région Normandie étudie quant à elle le développement à l’horizon 2030 d’un TER hydrogène-électrique, fonctionnant sur la ligne Caen-Le Mans-Tours, en lien avec les régions concernées. Par ailleurs, son réseau régional « EAS-HyMob » propose aujourd’hui un maillage territorial efficace avec 9 stations de recharge déjà en service.

« La région Auvergne-RhôneAlpes concentre son soutien sur l’émergence de la « Zero Emission Valley » et l’acquisition de véhicules hydrogène »

Enfin, la région Auvergne-Rhône-Alpes concentre son soutien sur l’émergence de la « Zero Emission Valley » et l’acquisition de véhicules hydrogène autour des stations installées dans ce cadre.

Bien sûr, ces trois dominantes de l’action régionale se combinent souvent au sein des politiques régionales et classer une région dans l’une de ces trois catégories comporte une part d’arbitraire. Il existe néanmoins des histoires, des réalités territoriales, et des choix politiques qui induisent des dominantes différentes dans l’action publique.

Prudence de mise

En outre, il convient de rester prudent dans l’analyse car dans la plupart des régions ces politiques de soutien à l’hydrogène sont récentes et en phase de déploiement.

Les chaînes de valeur sont donc encore fragiles et de nombreuses régions s’attachent d’ailleurs à positionner leurs PME sur cette technologie et son sourcing industriel.

Le développement de la mobilité H2 reste émergent et freiné par les contraintes financières des collectivités. La réflexion sur la production d’H2 vert est encore balbutiante, l’approvisionnement en électricité verte restant le plus souvent basée sur une électricité issue du réseau et bénéficiant de certificats d’origine.

Néanmoins, toutes les régions sont désormais engagées dans le développement de cette filière qui suscite un très grand intérêt auprès des élus.

Entre « effet de mode » et montée en puissance effective, l’hydrogène comme vecteur de la transition écologique cherche encore sa voie dans les territoires.

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