Renforcer le rôle de la Banque Centrale Européenne (BCE) en matière de croissance

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< 16 avril 2012

RENFORCER LE RÔLE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE EN MATIÈRE DE CROISSANCE Dans son discours de la Concorde le dimanche 15 avril, devant plus de 120 000 personnes, Nicolas Sarkozy a indiqué que, s’il était réélu, il poserait la question du rôle de la Banque Centrale Européenne (BCE) en faveur de la croissance.

1. Renforcer le rôle de la BCE en termes de croissance, de quoi s’agit-il ? a. La BCE, créée en 1998, est la banque centrale responsable de la zone euro. Aujourd’hui la principale mission de la BCE consiste à maintenir le pouvoir d’achat en euros, et donc la stabilité des prix, dans la zone euro. La BCE consacre ainsi l’essentiel de sa politique à lutter contre l’inflation, c’est-à-dire l’augmentation du coût de la vie. Mais le traité qui régit la BCE précise aussi qu’elle doit tenir compte de l’objectif de croissance. b. Nicolas Sarkozy demande donc qu’une discussion s’engage entre le gouvernement économique de la zone euro et la BCE pour un meilleur équilibre entre ces deux objectifs (inflation/croissance) dans la politique de la banque centrale. Ceci est parfaitement compatible avec les traités dans leur rédaction actuelle et en respectant l’indépendance de la BCE. c. Concrètement, il s’agirait surtout pour la BCE de faire en sorte que le taux de change de l’euro soit plus compétitif pour encourager les exportations européennes. En effet, quand le cours de l’euro (autrement dit son taux de change) est trop élevé par rapport aux autres monnaies (dollar, yuan...), les produits européens vendus à l’international sont plus chers que les produits américains ou chinois, ce qui les pénalise par rapport à la concurrence. L’idée est que la BCE agisse pour faire baisser le taux de change de l’euro afin que nos exportations regagnent en compétitivité. Une Europe forte, qui défend ses intérêts dans la mondialisation, voilà la stratégie de Nicolas Sarkozy.

2. Nicolas Sarkozy propose une politique de croissance en Europe, cohérente et crédible, qui repose sur trois piliers : a. Redressement des finances publiques pour sortir de la dépendance des marchés financiers. b. Une Europe qui protège ses frontières économiques par une politique commerciale moins naïve (réserver une partie des commandes publiques aux PME européennes ; conditionner l’accès à nos marchés publics à la réciprocité de la part des autres pays.) c. Des exportations européennes dopées grâce à un taux de change plus favorable.

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3. Cette proposition de Nicolas Sarkozy est crédible car elle s’inscrit à la suite d’une série continue d’actions cohérentes et réussies en Europe : a. Nicolas Sarkozy a obtenu la création du gouvernement économique de la zone euro. b. Nicolas Sarkozy a obtenu la convergence des politiques fiscales et sociales. c. Nicolas Sarkozy a obtenu de la BCE certaines interventions dites non conventionnelles au plus fort de la crise pour soutenir les Etats de la zone euro, qui étaient menacés, ainsi que le système financier européen (rachats de titres de dettes publiques ; fourniture de liquidités aux banques). d. Nicolas Sarkozy vient d’obtenir la reconnaissance du principe de réciprocité de l’ouverture des marchés publics par la Commission européenne.

4. Il ne s’agit nullement de s’aligner sur les propositions de François Hollande : a. François Hollande veut renégocier le traité de stabilité, de coordination et de gouvernance du 2 mars 2012 pour y introduire un volet sur la « croissance ». Cela n’a pas de sens : l’objectif de croissance y figure déjà plusieurs fois, noir sur blanc ; ce n’est pas avec un mot qu’on fait une politique ; cette renégociation n’a aucune chance d’aboutir parce que le traité vient juste d’être négocié et signé par 25 Etat européens sur 27 ; enfin, ce que propose M. Hollande, en particulier un grand emprunt européen pour financer des investissements, n’a aucune chance d’être accepté par nos partenaires. b. François Hollande veut en réalité utiliser le thème de croissance comme un prétexte pour abandonner celui de la maîtrise des déficits. Comme François Hollande ne propose aucune économie et multiplie les dépenses publiques, il sait qu’il ne pourra pas tenir l’engagement de la France de revenir à zéro déficit en 2016. Il lui manque pour cela près de 70 milliards €. Il dit donc aux Français : « je ferai une politique de croissance en Europe et vous n’aurez pas besoin de faire des efforts de maîtrise des finances publiques. » C’est un discours de facilité et de pure démagogie.

5. La position de Nicolas Sarkozy n’a rien à voir avec l’irresponsabilité de François Hollande : a. Nicolas Sarkozy confirme l’ardente nécessité de rétablissement des finances publiques de chaque Etat de la zone euro. Pour une raison simple : tout relâchement dans la ligne de réduction des déficits entraîne une pression à la hausse des taux d’intérêt. Cela oblige les Etats à emprunter à des taux rédhibitoires et à devoir couper plus drastiquement dans leurs dépenses, en baissant les retraites, les prestations sociales et les salaires des fonctionnaires. S’engage alors le cercle vicieux de la récession : de moins en moins de croissance, de moins en moins de recettes publiques, de plus en plus de déficit, de plus en plus de dette, de plus en plus de charges d’intérêt. C’est le scénario grec ou espagnol, auquel Nicolas Sarkozy a fait échapper la France : d’abord par des mesures de réforme (RGPP, réforme des retraites), ensuite par une politique de réduction crédible et progressive des déficits publics devant conduire la France à l’équilibre budgétaire en 2016. Pour Nicolas Sarkozy, la politique de croissance n’est pas contradictoire avec la politique de rétablissement de finances publiques saines. Ces deux politiques sont complémentaires. b. Ce que propose Nicolas Sarkozy ne suppose la modification d’aucun traité, ni celui de mars 2012, ni celui de Maastricht. www.u-m-p.org 2


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