L’imposture des premiers pas de François Hollande

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ARGU FLASH

< 22 mai 2012

L’IMPOSTURE DES PREMIERS PAS DE FRANÇOIS HOLLANDE Deux semaines après son élection, il est temps de tirer un bilan des premiers pas de François Hollande. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils sont marqués par des symboles désastreux, des reniements constants, des impostures grotesques et un clanisme inquiétant. 1/ Des symboles désastreux : nous avons tous en tête les images de la place de Bastille, où chacun a pu le constater, il flottait plus de drapeaux rouges et de drapeaux étrangers que de drapeaux français… 2/ Des reniements constants : cela a commencé dès le premier soir quand le « Président normal » qui prétendait avec des trémolos dans la voix qu’il prendrait toujours le train (le 24 avril 2012 « Oui je prendrai le train » par souci « de proximité et en même temps d’économie ») s’est empressé, dès son élection, de sauter dans un jet privé pour rejoindre Paris et parler 6 minutes à la Bastille… 3 jours après nous avons eu les premiers reniements sur le fond : Michel Sapin a déclaré le 9 mai au matin sur Public Sénat que « ce n'est pas le moment de bloquer » les prix de l'essence. Cet engagement figurait pourtant en toutes lettres dans le programme du président élu (« blocage des prix des carburants pour trois mois ») et devait être appliqué entre le 6 mai et le 29 juin 2012. Idem pour l’encadrement de 1 à 20 des rémunérations dans les entreprises publiques, une mesure qui devait être votée entre le 6 mai et le 29 juin 2012… Et dont Michel Sapin, le 9 mai, a estimé que ce n’était plus une priorité : « C’est rare comme ça, en cours de contrat, de baisser le salaire des uns et des autres. On est humain ». Reniement toujours, et hautement symbolique, celui de la nomination de personnes condamnées par la justice à des postes ministériels clés, Jean-Marc Ayrault, Premier Ministre, condamné en 1997 à 6 mois de prison avec sursis pour délit de favoritisme dans une affaire d’attribution de marchés publics, et Christiane Taubira, Ministre de la Justice, condamnée en 2004 pour licenciement abusif… François Hollande avait pourtant dit : « Je n’aurai pas autour de moi à l’Elysée des personnes jugées et condamnées. » (JDD du 12 avril 2012).

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Il ne s’agit pas de s’en prendre personnellement à qui que ce soit. Il ne s’agit pas non plus de dire qu’une personne qui a été condamnée dans le passé par la justice n’aurait plus droit d’exercer aucune fonction ou responsabilité. Non ce qui est choquant c’est le double langage de François Hollande qui, en campagne nous explique que jamais, ô grand jamais, il ne pourrait s’entourer d’élus condamnés, mais une fois Président, s’empresse de faire l’inverse !

3/ Les impostures L’imposture la plus emblématique, c’est la baisse du salaire des ministres de 30%. François Hollande en avait fait la mesure symbole de son Etat exemplaire. Simplement, dans le même temps, le premier gouvernement de François Hollande compte 14 membres de plus que le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy : on passe de 15 ministres, 4 secrétaires d'Etat et 1 Haut-commissaire à 34 ministres et ministres délégués, soit une hausse de 65%. La baisse des salaires de 30% ne peut pas masquer cette réalité, le gouvernement de François Hollande va coûter beaucoup plus cher au contribuable. D'autant qu'aux 14 ministres de plus, il faut ajouter les dizaines de collaborateurs en plus, les moyens de fonctionnement des cabinets... Même le journal Le Monde l’a noté et a fait les calculs : le premier gouvernement de François Hollande coûte 58.500 euros de plus que le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy (hors coût des cabinets, qui vont creuser encore l’écart !)… Deuxième imposture : les déclarations de principe sur le bannissement des conflits d’intérêts et la déontologie… Très bien, regardons les membres de l’équipe de François Hollande à l’Elysée : Sa directrice de cabinet à l’Elysée est Sylvie Hubac est l’épouse de Philippe Crouzet, Président du directoire de Vallourec, grande entreprise au CAC 40 dont l’activité s’effectue sur les marchés de l’énergie pétrole, gaz, pétrochimie… (402 millions d'euros de bénéfices pour 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2011), et par ailleurs Président du Comité de suivi des engagements nucléaires d’EDF ! Il n’y pas si longtemps, le gauche criait au conflit d’intérêt pour moins que ça ! Même ambigüité avec Emmanuel Macron, nommé secrétaire général adjoint de l’Elysée. Emmanuel Macron, banquier d’affaire, associé gérant de la Banque Rothschild et que la Tribune considérait déjà en 2010 comme une des « étoiles montantes des banques d’affaires ». François Hollande a-t-il déjà tourné la page de ses discours enflammés dans lesquels il désignait son « adversaire, la finance ».

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4/ Le clanisme inquiétant François Hollande avait fait de la dénonciation du clanisme un de ses angles d’attaque favori contre Nicolas Sarkozy… Que n’a-t-on pas entendu pendant 5 ans : la droite était clanique, sectaire, refermée sur elle-même, et François Hollande allait changer tout cela ! Quelle imposture ! Depuis son élection, François Hollande a chaque jour montré sa volonté de servir la gauche et ses proches. 1er épisode : la cérémonie d’investiture marquée par une grossièreté inédite de François Hollande à l’endroit de Nicolas Sarkozy et des près de 17 millions de Français qui l’ont choisi (refus de le raccompagner à sa voiture, volonté de court-circuiter sa sortie officielle, discours marqué par un antisarkozysme de combat, absence d’un mot pour saluer son action depuis 2007, pas un mot pour l’opposition…). Ce clanisme, François Hollande l’a assumé le jour de son investiture, en n’invitant à déjeuner que des anciens Premiers Ministres socialistes, puis en ne conviant que des anciens ministres socialistes de l’Education nationale lors de l’hommage à Jules Ferry, comme si la République se limitait à la gauche ! 2ème épisode : la nomination d’un gouvernement de « rétrécissement » plutôt que d’ouverture. Le gouvernement de François Hollande est marqué par une logique de clan. Clan de la gauche dure : derrière quelques nouveaux visages, la part belle est faite à la gauche archaïque engoncée dans son idéologie d’un autre siècle qui n’a rien à voir avec une social-démocratie moderne. Un seul exemple, ces intitulés de ministères qui semblent tout droit sortis des années 1930 : « redressement productif », « éducation populaire », « réussite éducative »… Clan des proches de François Hollande. Après Jean-Marc Ayrault, tous les fidèles amis de François Hollande ont été généreusement servis : Michel Sapin, Jean-Yves Le Drian, Stéphane Le Foll, Jérôme Cahuzac, Bernard Cazeneuve… Pas un ami proche ne manque à l’appel.

Symboles désastreux, promesses reniées, impostures, clanismes, les deux premières semaines de François Hollande sont inquiétantes. D’évidence, il n’a pas encore quitté les habits du candidat de la gauche pour devenir le Président de tous les Français.

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