Un sommet social à contretemps et contre-emploi

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ARGU FLASH

< 29 mai 2012

UN SOMMET SOCIAL À CONTRETEMPS ET CONTRE-EMPLOI Jean-Marc Ayrault a reçu, mardi 29 mai, les partenaires sociaux pour préparer un sommet social qui aura lieu en juillet prochain.

1/ Sur la forme, le sommet social est une pure opération de communication : le Premier ministre a convoqué les syndicats dans une réunion qui vise à fixer les thèmes, la méthode et le calendrier de négociation d’une 1ère conférence sociale qui se tiendrait à Matignon après les législatives et qui elle-même devrait confirmer la méthode et les thèmes choisis pour une 2nde conférence sociale qui devrait avoir lieu avant le 14 juillet à l’Elysée… Bref, nous sommes dans la réunion préparatoire à la réunion préparatoire de la préparation de l’ouverture des négociations avec les partenaires sociaux. On reconnaît la méthode « Hollande » appliquée 11 ans durant à la tête du PS : beaucoup d’opérations dilatoires pour éviter d’assumer des prises de positions claires. La vérité, c’est que le gouvernement veut occuper le terrain médiatique tout en évitant de prendre des décisions avant les élections législatives alors que François Hollande ne bénéficie d’aucun état de grâce. 2/ Sur le fond, le gouvernement a 2 mesures phares : il veut revenir partiellement à la retraite à 60 ans et augmenter le SMIC, deux projets hors-sujet avec la priorité n°1 aujourd’hui en France : l’emploi. Car ces deux mesures n’ont de social que l’apparence : elles consistent à renchérir le coût du travail, donc à détériorer notre compétitivité et renforcer le chômage. 3/ En ce qui concerne les retraites, François Hollande, avec son projet de réforme par décret –lui qui jurait qu’il respecterait le parlement-, ouvre la boîte de pandore : les syndicats voient une brèche s’ouvrir et sont déjà dans la surenchère pour revenir plus largement vers la retraite à 60 ans. Le coût de ce retour en arrière sur la réforme des retraites de 2010 risque de s’alourdir pour les Français. Concrètement, on parle au bas mot de 5 milliards d’euros d’augmentation des cotisations, prélevées sur les feuilles de paie chaque année pour financer cette réforme. Pour un couple gagnant 1 600€, cela représente 250€ en plus à débourser chaque année. De plus, François Hollande n’a prévu que la part de financement de l’État dans sa réforme. Qu’adviendra-t-il des régimes de retraite complémentaire ? Les deux organismes qui les gèrent, l'Agirc et l'Arrco, estiment qu’il leur faudra trouver au moins 9 milliards € d’ici à 2017. Pour y parvenir, ils n’auront que deux solutions : augmenter les cotisations ou baisser le montant des pensions. www.u-m-p.org 1


4/ Sur le SMIC, il est normal qu’il progresse quand le coût de la vie augmente, c’est ainsi que, malgré la crise, le smic mensuel brut est passé de 1280 € en 2007 à 1398 € en 2012. Alors aujourd’hui, François Hollande nous dit qu’avec lui les salaires vont augmenter considérablement… Attention, si l’on s’en tient à sa promesse de campagne (indexer en partie le SMIC sur la croissance) les Français ne seront pas gagnants : avec le mode de calcul actuel l'augmentation du Smic brut serait de 183 euros en 5 ans (de 1398 à 1591), avec le coup de pouce hollande elle serait de 255 euros (de 1398 à 1653). Par comparaison la hausse des cotisations sociales décidée pour financer le retour à la retraite à 60 ans coûtera 250 euros par an pour un couple au salaire médian (1600€)… Bref, c’est un véritable tour de passe-passe : le gain espéré par la revalorisation du SMIC (255€ en plus sur 5 ans) est à mettre en parallèle avec la hausse des cotisations sociales pour financer le retour à la retraite à 60 ans (250 €/an) ou la taxation des heures supplémentaires ! Plus largement, la hausse du SMIC a un effet bien connu et socialement dévastateur en particulier pour les classes moyennes : le tassement des salaires. Ce qu'on appelle la « smicardisation ». On arrive à des situations assez injustes où un salarié qui a 10 ans d'ancienneté est payé seulement quelques euros de plus que le petit jeune qui vient d'arriver, c’est ainsi qu’on dévalorise le travail et le mérite. La hausse du Smic a aussi un coût pour l'Etat et les comptes sociaux : il faut augmenter le traitement des fonctionnaires et les prestations de remplacements basées sur le niveau du SMIC. Ce dont l’Etat n’a vraiment pas les moyens. Enfin et surtout, une hausse de 10% du Smic détruirait environ 300 000 emplois (étude publiée par l'Insee en 2000) tout simplement parce qu'une augmentation supérieure à l'augmentation de la valeur de la richesse produite rend la hausse du coût du travail insoutenable pour les entreprises et entraîne des délocalisations. Pour l'économie, les effets sur le coût du travail seront supérieurs aux effets de relance sur la consommation. Et ce sont les emplois les plus fragiles et les moins qualifiés qui sont les plus menacés comme les emplois à domicile (nounous etc.) déjà fragilisés par le projet de François Hollande de réduire les déductions fiscales qu’ils ouvrent pour les familles. 5/ Alors, notre priorité à nous ce n’est pas d’augmenter le coût du travail, mais de le baisser pour lutter contre les délocalisations. Notre priorité, ce n’est pas de déclarer depuis Paris qu’il faut augmenter les salaires, c’est de faire en sorte que chaque entreprise puisse faire face aux variations de ses carnets de commande (accord compétitivité/emploi) et intéresser ses salariés en fonction de ses résultats (prime liée aux dividendes versés). Notre logique c’est de faire en sorte que le travail paye plus que l’assistanat (maintien des heures supplémentaires défiscalisées, revalorisation des salaires nets autour du SMIC grâce à la baisse des charges salariales). Notre logique ce n’est pas de détruire des emplois peu qualifiés, c’est d’aider les chômeurs à se former pour retrouver un emploi (droit à la formation). www.u-m-p.org 2


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