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LA PLAINE MONTJEAN, n Lé cole natio
quand le paysage dessine la ville Léonard CATTONI Mémoire de T.F.E février 2010 Directeur de mémoire, JM Gaulier
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LA PLAINE MONTJEAN,
quand le paysage dessine la ville Membres du Jury
Président du Jury :
Jean Grelier, Paysagiste et Architecte dplg
I Directeur de mémoire :
Encadrant associé :
Personnalités extérieures :
Jean-Marc Gaulier, Paysagiste, Urbaniste et Architecte dplg. Directeur de l’agence Axp. Urbicus
Jean-Christophe Bailly, Écrivain et Philosophe
Anne Gaillard, Paysagiste dplg et Paysagiste au CAUE 94
Léonard CATTONI Mémoire de T.F.E
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PREMIERS REGARDS >> Avant-propos >> Mise en contexte >> De la surprise d’un potentiel paysager... >> ...Au territoire enclavé >> Un territoire de contrastes
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1 - UN PAYSAGE FRAGILE AUX PORTES DE LA MÉTROPOLE 1.1 > La plaine Montjean : une émergence dans les paysages de la Bièvre 1.1.1 >> l’eau, lien des paysages de la plaine Montjean à la vallée de la Bièvre 1.1.2 >> Prendre conscience du territoire 1.1.3 >> géomorphologie d’Un territoire entre plateau et vallée
1.2 > Un lien vallée / plaine rompu par les infrastructures 1.2.1 >> Axes de communications et ruptures dans les paysages 1.2.2 >> Nuisances et potentiels d’urbanisation 1.2.3 >> Un écrin de nature en marge des villes
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1.3 > raccrocher au contexte urbain 1.3.1 >> la plaine montjean, une identité enclavée 1.3.2 >> ouvrir les limites de la plaine 1.3.3 >> relier la ville, ouvrir la plaine
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2 - MUTATIONS ET PERTE D’IDENTITÉ DES PAYSAGES DE LA PLAINE 2.1 > Des entités paysagères fortes dévalorisées 2.1.1 >> Le Ru de Rungis : un vecteur de paysage 2.1.2 >> Un héritage agricole fragile 2.1.3 >> Caractère, patrimoine et confusion topographique des coteaux
2.2 > Des paysages sacrifiés 2.2.1 >> Le Ru de rungis : symbole d’une disparition de cohérence paysagère 2.2.2 >> Une agriculture intra urbaine à bout de souffle 2.2.3 >> Des paysages de coteaux valorisants
2.3 > Les paysages, vecteurs d’une identité positive pour la plaine 2.3.1 >> Le chemin de l’eau, point structurant des paysages 2.3.2 >> L’agriculture garante de l’identité de la plaine : comment évoluer vers une «campagne urbaine» ? 2.3.3 >> s’appuyer sur un potentiel paysager existant
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3 - LA PLAINE, UN POTENTIEL D’URBANISATION 3.1 > Évolution du tissu urbain et effacement de la plaine 3.1.1 >> Évolution du tissu urbain et formation d’une centralité 3.1.2 >> un contexte urbain hermétique 3.1.3 >> les lisières ville / plaine : témoins d’un enclavement
3.2 > Un site stratégique 3.2.1 >> une grande opportunité foncière aux portes de la capitale 3.2.2 >> répondre aux objectifs du Grand Paris, préparer la ville de demain 3.2.3 >> trouver une nouvelle proximité à la plaine
3.3 > Vers une interpénétration ville / Paysage 3.3.1 >> Reconsidérer les limites des trois villes 3.3.2 >> retourner la ville sur la plaine 3.3.3 >> habiter la plaine haute : une couture urbaine en balcon sur les paysages du vallon
Epilogue >> Habiter la plaine et ses paysages >> conclusion >> bibliographie >> Remerciements
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PREMIERS REGARDS
« L ‘espace n’existe plus que sous la forme de morceaux choisis. On ne voyage plus, en région parisienne. On se déplace. On saute d’un point à un autre. Ce qu’il y a entre, c’est l’espacetemps indifférencié du trajet en train ou en voiture ; un continuum gris que rien ne relie au monde extérieur. » François Maspero
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>> Avant-propos Le phénomène de l’avancée de l’étalement urbain n’a cessé de s’accroître aux cours des dernières années entraînant la division et la disparition d’espaces naturels et agricoles. Cette croissance urbaine menace le paysage. Cela se traduit notamment par des franges qui « grignotent » de manière désordonnée l’espace naturel, par des interfaces urbains/espaces naturels non qualifiés, par des entre villes difficiles à investir et à franchir. La question de ces interstices agricoles et naturels quasiment condamnés à disparaître, m’a toujours intéressée au cours de mon cursus d’études supérieures, mais aussi de manière plus empirique à travers mon vécu personnel. En effet, j’ai grandi en lisière d’un ancien grand espace maraîcher, le quartier des Murs à Pêches à Montreuil aux portes de Paris. J’ai été témoin de la qualité de ces espaces, mais aussi de leur disparition progressive avant qu’une partie de ce site ne soit classé. Réaliser mon diplôme sur ce sujet, réfléchir à cette problématique et proposer une réponse sur un site, a donc été tout naturel. Ma réflexion et mes prospections se sont portées sur ces espaces agricoles et naturels intra urbains, riches de grandes qualités aujourd’hui recherchées dans la ville telles qu’ouverture;
respiration du tissu urbain ; paysage, si rare en ville, où se rencontrent ciel et terre. Ces espaces agricoles n’ont malheureusement plus une rentabilité suffisante pour garantir leur survie face aux spéculations foncières, si la puissance publique ne s’en saisit pas. De même, sanctuariser ces espaces éparpillés comme des confettis agricoles autour de Paris serait un non sens économique et une entrave au développement de la ville. Comme j’ai pu le comprendre au fil des mes années d’études, le paysage ne peut être figé pour vivre. Il évolue avec un contexte social, économique, d’usage et doit répondre à des attentes. Comme une trace du passé, ces espaces sont garants de l’histoire agricole de Paris, de la ceinture maraîchère ayant disparu aujourd’hui, enfouie sous les routes et les habitations. Plusieurs lieux ont retenu mon attention, à commencer par mon quartier d’origine : les murs à pêches de Montreuil à l’Est de Paris, puis le clos maraîcher de Stains au Nord, la plaine maraîchère de Montesson à l’Ouest et la plaine Montjean au Sud, près de l’aéroport d’Orly. C’est finalement sur la Plaine Monjean que mon choix s’est porté. Sa diversité de paysage, sa dureté liée à la forte présence des infrastructures, ses limites avec les trois villes qui la bordent
représentent des enjeux forts caractérisant un paysage « insulaire » dans une ville dense et densifiable. Les premières vues lointaines sur l’aéroport d’Orly, la vallée de la Bièvre, et les pépinières de Paris m’ont rapidement conquis par leurs charmes et leurs ambiances. Afin de m’immerger dans ce site qui m’était étranger, j’ai adopté une démarche en deux phases, la visite à l’instinct du site et son analyse historique. J’ai été captivé par cette histoire liée à l’urbanisation du sud parisien et par des ambiances, des échelles, des proportions, un sentiment de distance, une beauté de paysages accessibles à tous et surtout à ouvrir à la ville relativement hermétique. J’ai traversé un espace austère et dévalorisé, mais non exempt d’une certaine poésie, propice à la promenade et à la réalisation de croquis.
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Un contexte territorial attractif aux portes de paris
Petite Couronne
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Grande Couronne
Paris : 105 km2 / 20 800 hab/km2 Petite Couronne : 1000 km2 / 4000 hab/km2 Grande Couronne : 11 250 km2 / 600 hab/km2
>> Mise en contexte A environ 10 km au sud de Paris, à cheval entre la première et la seconde couronne, la plaine Montjean représente près de 200 ha de terres agricoles et naturelles riches d’une diversité de paysages qui s’ouvrent sur la vallée de la Bièvre et le plateau d’Orly. Point de rencontre des limites de trois communes : Rungis, Fresnes et Wissous, fortement découpées et enclavées par les infrastructures (A6, A86, voies de chemin de fer), bordées de logements et de zones d’activité (SILIC, MIN, Orlytech, ZA Médicis) la plaine Montjean est un territoire aux enjeux forts. Situées au cœur d’une activité économique forte et insérées dans un tissu urbain dense, ces terres agricoles apparaissent comme un paradoxe. Les paysages ouverts et vastes de la plaine, au cœur de tant de flux, de transitions et d’activité semblent en marge des objectifs de développement de la métropole. La plaine Montjean est un poumon vert en bordure de moteurs économiques majeurs monofonctionnels. En revanche, cette respiration paysagère de haute qualité dans un tel milieu urbain est indispensable et doit être valorisée. Elle doit s’inscrire dans les grands enjeux de développement de la métropole en termes de logements et de transports mais aussi devenir un pôle paysager d’influence pour le sud de la métropole. C’est également un immense
potentiel qui permettrait de trouver localement un nouvel équilibre Economie / Ecologie / Cadre de vie. Le paysage est le point de départ dans ce travail de revalorisation de la plaine Montjean. L’approche de la double échelle (proximité / métropole) dans laquelle s’inscrit la plaine est également à prendre en compte dans la transformation des paysages.
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extraits de «recherches» sur calques
Après la perception des lieux, et la détermination des enjeux se pose la question de quel avenir possible pour ce site, comment développer un projet, penser aux moyens qui pourraient être mis en œuvre pour valoriser cet espace exceptionnel. Comment protéger et valoriser l’environnement, améliorer les liaisons, la mobilité, redonner du potentiel urbain en s’appuyant sur les qualités des paysages. C’est à partir d’une analyse en trois phases que se structurent ma réflexion et mes orientations de programme et de projet. La prise en compte de trois échelles permet de formuler et de fixer à chaque étape des orientations qui se fédèrent pour constituer un projet global de territoire. La plaine Montjean représente avant tout des emprises foncières importantes et remarquables aux portes de Paris. Le contexte territorial économique et géographique fait de la plaine un territoire d’enjeux très forts pour la métropole. Le développement rapide de la ville dans cette partie périphérique de la capitale a engendré des « carrefours » de nuisances (échangeurs autoroutiers, voies de chemin de fer, aéroport, lignes hautes tensions) où la plaine se situe et qui expliquent en partie sa conservation en l’état. Il est aujourd’hui possible de retourner le regard sur ces caractéristiques
urbaines qui en font sa grande force. L’analyse des paysages sous l’angle des infrastructures a permis de comprendre les coupures, les discontinuités générées et l’enclavement dans lequel la plaine se situe. La plaine est comme un coffre fort, fermé sur lui-même et cachant une grande richesse de paysages. Ces paysages sont riches d’une grande diversité d’ambiances, de compositions, de structures, de biodiversité… mais sont des paysages qui malheureusement ont connu de forts bouleversements et apparaissent aujourd’hui comme dégradés. Un « vide » au bout de la ville. Cette « réserve foncière » est pourtant une opportunité qui s’offre aux riverains comme un accès aux grands paysages de la vallée et du plateau. Ce milieu ouvert dans un contexte urbain dense fait office de respiration, de prise de recul et de lisibilité du territoire. Prendre conscience de la qualité des paysages est le point de départ de l’étude sur la revalorisation de la plaine Montjean. L’urbanisation galopante des 40 dernières années a conduit la plaine à être urbanisée de manière systématique, sans conscience du territoire. Aujourd’hui les franges de la ville sont en attente d’une continuité et dans le besoin de s’ouvrir sur ce contexte paysager pour dessiner une fin de ville et un
début de cadre de vie valorisant. Les trois communes limitrophes ont besoin de retrouver un lien, des connexions. Les objectifs de la métropole en termes de densification, de constructions de logements, de développement des axes de communications ont une place importante dans l’aménagement de la plaine. Étendre le tissu urbain sur la plaine de Montjean semble être une évidence. Retourner le regard que l’on porte sur le contexte paysager et orienter l’urbanisation sur les qualités paysagères de la plaine est un des objectifs majeurs de ce travail. Urbaniser en recréant une couture ville/paysage.
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>> De la surprise d’un potentiel paysager... Depuis Paris, les perceptions transversales au canal routier deviennent de plus en plus réduites. La vitesse prime, les regards sont furtifs et pleins de précautions. Au sortir des échangeurs routiers, la pression de la ville est intense. C’est la bonne sortie. Ouf ! Où aller ? Suivre le peloton de voitures en attendant les prochains panneaux. Des toitures se distinguent derrière quelques thuyas négligemment plantés sur les talus dominant la ville. Puis les maisons s’enchaînent. Aucune distinction à faire. Crépis frais et soigneux. Attention sortie d’école. Je laisse passer. Je redémarre.
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Le couloir pavillonnaire se dilate et laisse place à de grands espaces cultivés. Je m’y enfonce par la seule route qui y mène. Pas d’accotement, des reliefs sur ma gauche, une vallée ? L’aéroport ? Je ne le pensais pas si près. Je vais attendre de voir un avion. Aucun bruit. Puis un premier avion s’envole semblant quitter le plateau au pied du coteau. Un profond sentiment de sérénité m’envahit. Je suis bien. Au calme, personne. Un simple fond sonore telle une mélodie accompagne ce spectacle. Tout autour de moi la ville semble en ébullition, en pleine agitation. Je peux contempler ce spectacle.
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>> Un territoire de contrastes
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Espaces de qualité.
Confrontation avec l’horizon.
Le bois Montjean. Une nature attractive à proximité des lieux d’habitations. Ces espaces se dessinent dans un contexte paradoxal : identité agricole, environnement urbain. Un écrin de nature non organisée. Un bois et une fruticée où l’on «se perd». Des endroits à l’abri des vues. Mais au fond des espaces qui ne répondent pas exactement aux attentes des citadins.
Les cultures constituent le premier regard que les visiteurs portent sur la plaine. Un espace d’une rare qualité. Ciel et terre se rencontrent. Les grandes étendues délivrent des perceptions transversales et panoramiques des paysages. Ces ouvertures sont à l’origine de la réversibilité du regard qui se pose sur les limites mêmes de la ville, constitutive de l’enveloppe.
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Repli.
Depuis la plaine jusqu’aux premières maisons individuelles, deux mondes se tournent le dos. Les cultures intensives sont perçues comme un «vide à remplir». Cette notion dévalorisante cache la perception des qualités paysagères. Les habitants se replient dans des quartiers reculés et adoptent un mode de vie rendant la voiture indispensable. La ville tourne le dos à un potentiel paysager exceptionnel.
Discontinuité / Réversibilité. Les infrastructures de déplacements sont indispensables et constituent un potentiel pour l’accès au site. L’autoroute A6 traverse perpendiculairement le vallon de Rungis. En dénaturant irrémédiablement le paysage, l’autoroute devient le support de séquences paysagères. Le principe de réversibilité permet d’imaginer des changements de fonctions et d’usages des abords de telles infrastructures. S’appuyer sur les infrastructures comme vecteurs de paysage.
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Transitions.
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Les modes de vie dépendants de la voiture entraînent une perception faussée des paysages. Territoire de déplacements, paysages traversés et ignorés. La topographie, vecteur important du paysage, est mal perçue. Les regards sont orientés par le «canal routier», transformant les paysages en support de signalétique ou en couloir vert. Un espace de transition.
Epaisseur. Quelques résidus de haies bocagères permettent des transitions douces entre des parcelles cultivées. Le parcellaire devient lisible. Le paysage n’est plus aussi distant. Les épaisseurs entre la ville et la plaine représentent les enjeux majeurs pour la préservation de la plaine.
Caractère. Certains chemins ont conservé leur identité «rurale». Mais quelle ruralité peut s’inscrire durablement dans un contexte urbain ? Une ruralité contemporaine, porteuse de potentiel paysager.
I Fonctionnalité. A l’inverse d’une route qui s’adapte à une morphologie de terrain, ces aménagements routiers fonctionnels désorientent. L’échelle humaine ne trouve pas sa place dans ces paysages sans accotement. Comme le décrit François Maspéro : «un coup à gauche, un coup à droite, et on retrouve tout le temps le soleil là où on ne l’attendait pas», il est impossible de s’identifier à cette ville fonctionnelle.
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Lieux de vie. Le centre commercial est un lieu de rassemblement fonctionnant sur les mêmes principes que les réseaux. Déplacements, consommation, déplacements. Ces lieux de consommation intensive ne proposent pas, ou très peu d’espaces dédiés au confort et à la qualité de vie des visiteurs et surtout des employés. 24
I Qualité de vie.
Comment consommer du paysage? Comment ouvrir la ville sur un espace de grande qualité ? Révéler l’attractivité du paysage, est un objectif primordial afin de créer un lieu fédérateur d’attentes et d’usages.
Confrontation. Les séparations physiques constituent des lignes de confrontation très violentes qui clôturent des espaces. L’espace public se réduit à des accotements impraticables. Quelles ouvertures ? Quelles lisières proposer ?
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Economie. Deux économies se font face sur le même territoire : économie tertiaire et économie primaire. L’agriculture intensive offre une qualité d’espace et de paysage mais dans quel contexte économique ? urbain ? Quelles économies d’espaces peuvent réaliser les zones d’activité ? Quelles qualités peuvent-elles accueillir ? Ces deux mondes devraient s’épauler, se diversifier et s’ouvrir pour constituer une ville durable. 26
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Les serres de Paris
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UN PAYSAGE FRAGILE AUX PORTES DE LA MÉTROPOLE
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Photographies argentiques
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1.1 - La plaine Montjean : une émergence dans les paysages de la Bièvre 1.1.1 >> L’eau, lien des paysages, de la plaine Montjean à la vallée de la Bièvre
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Tracé de l’aqueduc Médicis et des regards depuis son origine jusqu’à l’exutoire à Paris.
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Tracé de l’aqueduc de la Vanne et du Loing qui arrive de Bourgogne.
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Le Ru de Rungis et la Bièvre recouvert et à ciel ouvert.
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Les paysages de la vallée de la Bièvre sont marqués par une histoire intimement liée à l’eau, la Bièvre et ses affluents, dont le Ru de Rungis, les aqueducs qui acheminent l’eau de certaines sources jusque Paris en sont les marques principales. L’aqueduc de Lutèce fut le premier édifié au IIe siècle ap. JC par les Romains afin d’acheminer l’eau drainée et captée des sources du plateau aux thermes de Cluny. Le carré des eaux (départ de l’aqueduc) sur situe au Sud - Est de la
Tracé de l’aqueduc de Lutèce qui suit le même tracé que l’aqueduc Médicis.
plaine Montjean. Il fut rapidement abandonné à cause des invasions barbares. Puis l’insalubrité des eaux de Paris au XVIe siècle poussa Henri IV et Marie de Médicis à entreprendre de construire un nouvel aqueduc en reprenant, à peu de choses près, le même tracé que l’aqueduc de Lutèce. L’objectif était à présent d’alimenter les fontaines du jardin du Luxembourg. On retrouve aujourd’hui les 30 regards et le pont-aqueduc d’Arcueil-Cachan disséminés
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régulièrement du plateau de Rungis aux portes de Paris. Pour terminer, l’aqueduc de la Vanne et du Loing, qui prend sa source en Bourgogne, termine sa course sur le même tracé que les aqueducs de Lutèce et de Médicis. Le pont-aqueduc d’Arcueil-Cachan supporte ces trois ouvrages et traverse magistralement la vallée de la Bièvre. C’est une longue histoire qui relie la vallée de la Bièvre au plateau de Rungis. La plaine Montjean appartient donc à un paysage construit autour de l’eau, ce qui donne à mesurer l’importance de cette ressource en plein coeur de la plaine. On retrouve de manière disséminée dans la ville, des traces d’une histoire remontant jusqu’à la plaine. Ronsard, inspiré par l’aqueduc d’Arcueil écrivait :
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Ci-dessus : photographies des regards de l’aqueduc Médicis au début du XXe siècle à aujourd’hui.
Ci-dessus : les longues allées au-dessus de l’aqueduc réinvesties en espace public à Rungis et le pont-aqueduc d’ArcueilCachan en pierre de meulière.
«Io! Je vois la vallée avalée entre deux tertres bossus et le double arc qui emmure le murmure de deux ruisselets moussus»
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Les bassins versants
4 Km Les cours d’eau busés et à ciel ouvert
La plaine Montjean se situe entre deux vallées importantes par leur géographie et leur histoire : la Seine et la Bièvre. Le Ru de Rungis est une part intégrante du système hydraulique local. La vallée de la Seine est le bassin versant le plus important. Trois bassins versants lui sont racccrochés localement : l’Yerre, la Marne et la Bièvre. La Bièvre a elle-même plusieurs bassins versants qui l’alimentent. Un des plus important est celui de Rungis où coule le Ruisseau de Rungis. Le Ru de Rungis est donc un
sous- bassin versant de la Seine. Le Ru de Rungis est alimenté par des sources locales (dont le Ru des Glaises), résurgences des couches marneuses du plateau, ou par les eaux de ruissellement du plateau qui trouvent leur exutoire naturel par la plaine. C’est un système hydraulique en «emboîtements» qui lie naturellement la plaine Montjean et la vallée de la Bièvre.
Au-delà du lien historique qui relie le plateau de Rungis et la vallée de la Bièvre, il existe un lien naturel très fort. Celui-ci n’est malheureusement plus lisible aujourd’hui dans les paysages autrefois ouverts grâce à l’occupation agricole des terres. Seules quelques séquences du Ru et de la Bièvre sont visibles dans les paysages mais il est difficile d’établir la logique hydrologique.
Blason de Rungis : «D’azur à la fontaine d’argent; jaillissant et retombant de deux vasques posées sur une terrasse du même et accompagnées en chef d’un arc en ciel au naturel. L’écu timbré de la couronne murale à trois tours crénelées d’or, maçonnée et couvertes de sable est soutenue par deux branches de chêne d’or englouties de gueule croisées en pointe en sautoir et liées d’azur.» Symbolique de la composition : «Le vaste plateau qui, au sud de Paris sépare les vallées de la Seine et de la Bièvre présente vers sa partie centrale une légère dépression. Cette sorte de cuvette où convergent les eaux des sources, est très fertile et fut le lieu choisi à une époque fort ancienne par les habitants qui furent à l’origine de la première agglomération.»
Ci-contre, le regard n° 3 de l’aqueduc, une oeuvre architecturale au coeur des réseaux.
I Iconographie et photographies du début du XXe siècle relatant l’insalubrité, le pittoresque et «l’outil» de travail que représentait la Bièvre.
La source de Montjean, une résurgence de la nappe au pied du château de Montjean.
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1.1.2 >> prendre conscience du territoire :
la topographie, vecteur de paysage
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1 - L’agriculture en place permet une vision lointaine sur le plateau d’Orly.
2 - La légère dépression du vallon de Rungis inscrit la plaine en belvédère sur le plateau d’Orly.
3 - Les abords de l’aéroport sont cultivés car inconstructibles en raison des nuisances générées par l’aéroport.
4 - La piste de décollage de l’aéroport, d’où les avions prennent leur envol toutes les 6 minutes.
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5 - Au loin le coteau de Vélizy 6 - Le parc de Sceaux domine la vallée de la bièvre
7 - La Bièvre a été canalisée au 19e siècle et réouverte sur de petites sections, notamment à Fresnes. 8 - L’autoroute ne perturbe pas la lecture des paysages depuis la plaine.
9 - La butte de Rungis culmine à 85 m et permet cette position de belvédère sur le vallon et la vallée. 10 - Le plateau d’Orly en terrasse depuis la butte de Rungis.
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Les horizons paysagers : perception territoriale et locale de la plaine
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Les horizons paysagers : une perception territoriale, entre plateau et vallÊe de la Bièvre
Les serres de Paris
Vallon de Rungis
Les «Tulipes» de Villejuif à 6 km de distance (château d’eau)
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Château d’eau de Chily Mazarin
Les vues dégagées grâce aux champs sont un moyen de lire les paysages. Elles mettent en avant les vecteurs de paysage que sont la topographie et les profondeurs de champs. La vallée de la Bièvre et le vallon de Rungis sont les deux éléments géographiques et paysagers les plus significatifs. Les champs ouvrent les vues sur ce qui constitue l’enveloppe de la plaine. Cette perception qui s’étend au-delà des limites de la plaine est un élément essentiel dans la création d’un sentiment d’appartenance et d’identification à la plaine.
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2 la légère déclivité du vallon de Rungis sépare le plateau d’Orly et de Montjean et ouvre les horizons sur le plateau Piste n° 4 de l’aéroport Aéroport d’Orly Plateau d’Orly
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Vallon de Rungis
Fin des coteaux du plateau de Saclay
Coteaux du plateau de Vélizy
Vallée de la Bièvre
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Vallée de la Bièvre
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Bois de Montjean
Barres d’habitations de Fresnes
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I Coteaux du plateau de Vélizy
Ru de Rungis
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Un regard tourné sur les franges intérieures de la plaine : une diversité de paysages et d’ambiances
coteau artificiel du parc de Montjean
Bois de Montjean
Logements sociaux à Antony
Ancienne haie bocagère de frênes
Pépinières de Paris
1
2
3
I Cellules agricoles confinées entre des haies vives
4
Un relief dans le vallon : les remblais forment des limites artificielles
Au loin le plateau le plateau d’Orly
5
6
43
L’A6 surélevée au-dessus du vallon
Passage du Ru sous le bois et l’A6
coteau artificiel du parc de Montjean
7
Les entrepôts au pied du tarmac
44
Entreprise de traitement des déchets
I
8 Orlyval sur talus. Limite physique et visuelle
9
Ancienne gare de Wissous, aujourd’hui fermée
1.1.3 >> Géomorphologie d’un territoire entre plateau et vallée
I
Parcs et Espaces publics paysagers d’importances Parcs paysagers reliés par la «promenade verte» Projet réalisé par le CG 94 La promenade verte reliant les parcs du plateau
N
La promenade de la Bièvre, reliant les espaces publics qui suivent la Bièvre
Carte topograhpique montrant la position de la plaine : entre vallée de la Seine et de la Bièvre. La plaine appartient au «réseau» vert des paysages de la vallée de la Bièvre et du plateau de Villejuif. Espace de transition morphologique entre le plateau et la vallée, la dimension territoriale de la plaine lui confère un rôle d’«articulation» des paysages.
45
46
I
N 0
500 m Calcaire de Brie et de Sannois, caillasse d’Orgemont
Carte géologique brgm
Argile verte, Glaises à Cyrènes et/ou Marnes vertes et blanches (argile verte de Romainville) Marnes supragypseuses : Marnes blanches de Pantin, Marnes bleues d’Argenteuil Alluvions récentes : limons, argiles, sables, tourbes localement Limon des plateaux Dépôts anthropiques, remblais Masses et marnes du gypse Marnes à huîtres et Argile à Corbules sables de Fontainebleau, accessoirement grès en place ou peu remaniés (versant) Calcaire de Saint-Ouen. Calcaires et marnes de Nogent-l’Artaud, calcaire d’Ambreville, calcaire de Branles Alluvions anciennes (basses terrasse de 0-10m) : sables et graviers, colluvions, alluvions et apports éoliens
La plaine Montjean se dessine en deux éléments paysagers forts : la plaine haute et basse. La plaine haute représente la fin du plateau au niveau des communes de Rungis, Wissous et Fresnes. La plaine basse est un vallon dessiné par le cours du Ru de Rungis et ses affluents. La topographie et la géologie mettent en avant cette structure. Les calcaires de Brie forment une assise perméable et constituent la pateforme structurale des plateaux de Rungis et Wissous. Les pépinières et les grandes cultures de la plaine reposent sur ce «socle» géologique. Ces calcaires sont chargés de caillasses d’Orgement, c’est-à-dire des pierres de meulières et des silex, rendant l’activité agricole mécanique contraignante. Cette couche
de calcaire de Brie représente une épaisseur d’environ 10 m. Cette nappe superficielle de l’Oligocène permet d’alimenter (par sa perméabilité) le Ru de Rungis. Elle est également très sensible aux fortes précipitations. Les terres pouvaient rapidement être gorgées mais les drainages réalisés pour capter les eaux et alimenter l’aqueduc, ainsi que les zones imperméabilisées ont réduit la recharge en eau de cette nappe. Les calcaires de Brie reposent sur une assise imperméable d’argiles vertes et de glaises à cyrènes d’une épaisseur d’environ 5 m. Les sources alimentant le ru de Rungis proviennent des zones d’affleurement de cet horizon géologique. La source de Montjean ainsi que d’autres zones
Sur cette carte, les zones de remblais rajoutées, tel que le site se présente. Dépôts anthropiques, remblais
Modification de la topographie liée aux remblais
du coteau sont des résurgences de cette nappe affleurante. Les Marnes supragypseuses sont une autre couche géologique imperméable, permettant l’écoulement de l’eau le long du coteau. Les alluvions récentes constituent les terres les plus propices aux inondations. Un drainage et une perméabilité des terres est nécessaire en amont pour rendre ces cultures praticables. Cette carte géologique permet de comprendre le lien évident et direct entre la plaine et le plateau et la Bièvre. Il est également intéressant de noter que les coteaux sont dessinés tels qu’ils étaient avant 1972 et le début des remblais qui ont fait disparaître la topographie originale des coteaux.
Le ru est enterré sous les remblais
I
47
La géomorphologie par la toponymie
1
2 3 4 5 6
48
I
7
Carte de Sceaux 1930-1934
La toponymie est un moyen de retrouver des indices sur les paysages de la plaine. Sur cette carte de Sceaux de 19301934, le nom de quelques lieux sont identifiés. Leur signification est bâtie sur des éléments bien précis. Ce sont des descriptions du territoire et de ses limites. Le vocabulaire caractérise les
sols ou décrit la végétation. Rares sont ceux réfèrent à des hommes ou animaux. Je me suis intéressé à la toponymie des lieux comme un ensemble d’indices supplémentaires retraçant une évolution, une connaissance des paysages issue d’une grande expérience.
Il est intéressant de remarquer sur cette carte le tracé du chemin de fer construit en 1886, traçant la limite sud actuelle de la plaine. L’autoroute n’est pas encore en projet et les villages de Rungis et Wissous sont encore des bourgs ruraux. Le ru n’est pas recouvert, les coteaux sont bien visibles.
1 - LES ANTES : Les Antes étaient une zone de finage, de cultures individualisées. Ce mot vient du vieux verbe « enter », c’est-à-dire « greffer ». Les Entes auraient donc été un lieu où l’on greffait de jeunes arbres pour les rendre vigoureux. Des vergers précédaient les champs ouverts et composaient les paysages anciens de ce quartier qui a vu des opérations groupées de logements individuels investir les lieux depuis le milieu des années 1960. 2 - L’ORMETEAU : Les pépinières de Paris sont installées sur l’Ormeteau depuis le 20 avril 1971. Ce nom est lié à l’Orme, arbre représentatif de la justice. Le bailli rendait justice au nom du roi sous cet arbre. L’extension du nom : « Ormeteau » fait référence au bois ou au sous-bois dense qui recouvrait les buttes peu fertiles dont la butte de Rungis. Quelques grands sujets avaient été conservés comme repères géographiques. C’était donc un repère topographique et géographique dans le paysage. 3 - Le TOURNEAU : « Santier allant à Rimorin et faisant tournaille (...) » 4 - L’EMERY : La « Mérye » était à la fois le fief de juridiction et le terme employé pour qualifier le sergent en charge de récupérer les droits dus lorsque
l’on pouvait ramasser du bois dans une forêt. 5 - RIMARIN : « Ri » = Ru = « Rivus » = ruisseau « Marin » = forte présence d’eau dans le sol. Le « marin » serait donc probablement le lieu où poussent des joncs marins, une herbe de marais. Le Rimarin a été planté de vignes jusqu’au 16e siècle, tout comme les coteaux de Fresnes, Orly et l’Haÿ les Roses. La médiocrité du vin produit, ainsi que les faibles rendements des vignes ont causé la fin de cette culture au Rimarin. Se sont ensuite succédés un verger, puis des cultures de froment (qui supportaient très mal l’humidité), d’avoine, et de blé. Les paysages du Rimarin sont aujourd’hui occupés par des cultures céréalières. Le Ru marin s’est probablement résorbé depuis le 18e siècle, mais les terres sont malgré tout toujours sensibles à l’humidité trop importante selon l’agriculteur. 6 - LES GRIZONNIERES : Entre le chemin de Wissous et le chemin de Montjean, ce chemin qualifiait un chemin où l’on pouvait s’enliser. «Griz» = grès «Onnière» = «onnes» (celte) = humide. 7 - LA VOIE DES JUMEAUX : La route de Rungis à Wissous croisait le ruisseau de Rungis qui formait dans le vallon une double
voie d’eau parrallèle. Un chemin longeait cette voie d’eau jusque Fresnes et rejoignait la route d’Yvon à Fresnes.
I
49
1.2 - Un lien vallĂŠe/plaine rompu par les infrastructures 1.2.1 >> Axes de communications et ruptures dans les paysages
50
I
Légende Espaces urbains
Située à 15 minutes du centre de Paris, la plaine Montjean bénéficie d’un emplacement stratégique renforcé par la qualité des dessertes : autoroutes A6 et A86, aéroport, RER, SNCF, Orlyval, futur Tram T7 et tracé de TVM (Trans Val de Marne). Au coeur d’un réseau de dessertes exceptionnel, la plaine est paradoxalement très mal desservie car ces réseaux ne lui sont pas destinés.
Les enjeux de développement en harmonie de Paris et sa banlieue ont conduit à l’élaboration «conflictuelle» de deux projets de construction de transports en commun : Arc Express, soutenu par le STIF (Syndicat des Transports d’Ile-de-France) et la Région et la «ligne du Grand Paris», un métro automatique soutenu par la SGP (Société du Grand Paris) et l’État.
RER : Réseau Express Régional Tramway Tramway T7 en projet Métro Gares de RER 1
Chemin d’Anthony
2
Gare désaffectée de Wissous
3
Rungis - La Fraternelle
4
Pont de Rungis - aéroport d’Orly
la Ligne du Grand Paris : C’est une ligne automatique de 140 km qui reliera les aéroports d’Orly et CDG et bordera la plaine Montjean à l’Est par une ramification du réseau. Elle connectera les différents réseaux de transports en commun existants.
Autoroute TVM : TransVal de Marne (TCSP) TVM : extension en travaux
Quelques chiffres
Tracés et correspondances du métro Arc Express J
Gennevilliers 1
Trafic
Colombes J L
J
Nanterre-
A6 : 134 614 véhicules / jour
La Folie
Stade de France
Gabriel Péri
L
Gare du Nord
J
Gare St-Lazare
L U
Bois de Boulogne
Marcel Sembat
9 Saint-Cloud
© STIF - Nov. 2010, réalisation : latitude-cartagène
L
U
N
Se
ine
Gare
2
Montparnasse Parc Mairie d’Issy des Princes N
Ile Seguin
Meudonsur-Seine 2
Châtillon-Montrouge 6 Verdun Sud
Liberté
U
Clamart
N
Maison des examens
92
Petit Bagneux
Val-de-Fontenay 1
Institut Gustave Roussy ArcueilCachan
Hôpitaux Maison-Blanche et Ville-Evrard Noisy-le-Grand Mont d’Est
Centre Cial Arcades
Bois de Vincennes
Maisons-Alfort Alfortville
Maisons-Alfort Les Juillottes Villiers-sur-Marne Le Plessis-Trévise
Vitry-sur-Seine
7
Saint-Maur Créteil
Hôpital Mondor
94 Bagneux
93
11
9
Gare de Lyon
Villejuif Louis Aragon
Issy
4
Rosny Bois Perrier
Centre Cial Rosny 2
11
Laplace
Châtillon 8 mai 1945 6
78
Église de Pantin
Gare d’Austerlitz
Vanves-Malakoff
10
92
Corniche des Forts de Romainville
Centre National de la Danse
Mairie de Montreuil
75
Issy Val de Seine
correspondance et autre arrêt
Bondy
3
Gare de l’Est ChâteletLes Halles
L U
Hippodrome de St-Cloud
Pont de Bondy 1
Cité Noisy-le-Sec Administrative 1
Pantin
J
Théâtre André Malraux
Bobigny Pablo Picasso 1
Aubervilliers Pantin Quatre Chemins
L
Grande Arche La Défense Grande Arche 2
Boulogne Pont de St-Cloud
100 RER / jour
Les Agnettes
Bois-Colombes
Théâtre des Amandiers
L U
Décollages : environ 150 / jour
Tangentielle Nord
Hôpital Avicenne Fort d’Aubervilliers
Plaine St-Denis Les Vallées
tracé proche tracé intermédiaire tracé éloigné tracé commun à au moins 2 tracés
Bobigny La Folie
Mairie d’Aubervilliers
Docks St-Ouen
Université Paris 10
Cité Administrative
A86 : 62 070 véhicules / jour échangeur A86 / A6 : 21 480 véhicules / jour
U
93
La Plaine Stade de France
La Garenne-Colombes 2 L
ne SeiPréfecture
Stade de France Saint-Denis
Carrefour Pleyel
Port de Gennevilliers
Les Courtilles 1
95
78
Les Grésillons
Les Ardoines
Les Ardoines
U Le Vert de Maisons
Université Créteil Paris 12 L’Échat
Créteil Université
Champigny
94
Arc Express : Plus proche de Paris, ce métro automatique en forme de rocade autour de Paris desservira les habitants de banlieue à banlieue. Les transports en commun (RER C ET B ainsi que le futur Tram T7) seront reliés par cette rocade ferrée. La plaine est indirectement concernée par ce réseau initié par le STIF.
I
51
Réseau de Transports du Grand Paris
52
Si aujourd’hui des accords semblent être sur le point d’aboutir concernant un tracé complémentaire et juste du réseau, le conflit entre l’État et la Région Ile de France aura duré plus de trois ans. Dans les deux tracés, la plaine Montjean se retrouve directement concernée par les connexions à établir. La «ligne du Grand Paris» prévoit de relier les grands pôles économiques autour de Paris (plateau de Saclay, Orly Rungis, Roissy Villepinte...). Le projet «Arc express» est lui, beaucoup plus proche de Paris mais permet des connexions avec les transports directement liés à la plaine (RER, TVM, Tram T7).
I
La région et l’État sont parvenus à un compromis et à un accord sur le futur tracé des transports en commun.
Article du quotidien «Le Parisien», le 27 Janvier 2011
I
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Le tracÊ de l’autoroute A6 comme rupture dans les paysages
A6
A86 RN7 54
I
3 6 SNCF
2 7
1
4
Orlyval
5
Orly
A10
0
500
1 km
1
2
3
I
4
7
5
6
55
La construction de l’A6, un «couloir» de banlieue Projet de 1950 On aperçoit nettement l’autoroute (en trait noir épais) traverser la plaine de Montjean et couper le vallon de Rungis peu avant son exutoire dans la Bièvre encore à ciel ouvert.
Cette photographie nous donne une idée des paysages qui constituaient la plaine il n’y a de cela qu’un demi-siècle.
56
I
Le plateau de Villejuif (début des années 1950). On devine la tour Eiffel dans le lointain ; à gauche l ’aqueduc d’Arcueil ; le pentagone au milieu est la Redoute des Hautes Bruyères. A droite, le terroir de Villejuif. L’autoroute doit traverser cette zone agricole, percée de carrières. Photos et légendes issues de La difficile génèse de l’Autoroute du sud (1934-1964), Jean-Luc Barbou
Le plateau d’Orly en 1933-1934. Carte SCA au 1/50 000, type 1922 (IGN)
Le plan d’extension de l’aérodrome d’Orly, Plan-masse, décembre 1954 (Aéroports de Paris)
« Le rapprochement de ces deux documents à la même échelle permet de saisir l’ampleur du projet «Orly», décidé dès la Libération, commencé en 1954 et achevé en 1960. On distingue nettement, sur la carte de 1934, les logements condamnés, ainsi que tout le réseau viaire interrompu par l’implantation du grand aérodrome, et la RN7 qui sera déviée sous l’aéroport.»
On peut remarquer : - La très nette inflexion du nouveau tracé à l’Ouest d’Orly - Le tracé sinueux de la branche RN7, rejoignant celle-ci près de Ris-Orangis - En bas à droite, la «déviation d’Essonnes»
Plan au 1/20 000 établi par les Ponts et Chaussées de Extrait du plan au 1/50 000 (SARP) (1952). Ce plan Seine-et-Oise (mars 1936). présente l’intérêt de faire figurer l’ancien tracé de 1935 (rayé de croix, comme plusieurs autres routes) et le nouveau, avec ses différentes branches (y compris en pointillé, la «branche Est»).
Le projet de construction de l’autoroute du sud est un projet lancé dans les années 1930. L’objectif est de permettre de rejoindre le sud par des voies rapides en évitant la banlieue et ses «nombreux étranglements». Abandonné sous le régime de Vichy, le projet de l’autoroute du sud laisse place à l’initiative de créer un aéroport international plus grand que le Bourget et plus près de Paris : l’aérodrome d’Orly n’est alors qu’une petite base militaire investie par les Allemands. Le plan d’extension de l’aéroport est projeté dans
les années 1950. Dans un même temps, le projet de l’autoroute du sud a repris. Il s’inscrit dans une banlieue sud dénigrée et encore très majoritairement rurale. « La traversée du rebord occidental du «plateau de Longboyau» (Villejuif), dont la plus grande partie est alors réservée pour la future extension de l’aéroport d’Orly, s’effectue à travers une zone de grande culture, sur les terres de ces villages alors exclusivement agricoles de Rungis et Wissous (23 exploitations
dans cette commune en 1957 !). Principal souci de leurs habitants et de leurs élus municipaux : la préservation des liaisons routières et des chemins d’exploitation. C’est ainsi que l’on construira 70 ouvrages d’art sur les 41 km entre Paris à Corbeil, soit presque deux par kilomètre.» La construction de l’A6, jumelée à l’extension de l’aéroport d’Orly sont deux aménagements du territoire qui ont contribué à l’enclavement de la plaine de Montjean, aujourd’hui nichée dans les «interstices» de ces infrastructures.
I
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I
Voies majeures coupées depuis 1773 Voies de desserte locale Voiries secondaires, desserte de quartier 0
500 m
1 Km
Voiries primaires, autoroutes
N
Voies ferrées
Carte des liens coupés (basée sur les cartes de Sceaux 1773, carte Etat-Major 1880, IGN 1934,IGN 1965, et IGN 2003
On remarque ici un réseau viaire relativement dense. Les autoroutes constituent le réseau primaire. Le réseau secondaire dessert les zones urbanisées. Une grande départementale traverse Rungis, la plaine puis Wissous (du nord au sud). C’est la seule voie de desserte de la plaine. Le réseau de desserte locale est assez dense
et comprend de nombreux culs de sac. Tout ce réseau a été construit en très peu de temps (des années 1970 à nos jours) et a peu à peu rompu les continuités entre les communes via des chemins d’exploitations, des routes de liaisons intercommunales... On repère ici en bleu les routes et connexions
ayant disparu aujourd’hui. On constate que les trois communes étaient intimement liées autour de l’espace agricole de la plaine. Un chemin (la voie des Jumeaux) suivait le ruisseau du fond de vallon jusqu’à la Bièvre.
1.2.2 >> Nuisances et potentiel d’urbanisation
7
3 2 5
I 4 6
0
500 m
1 Km
1
N Carte de situation des infrastructures Infrastructures surélevées Infrastructures en tranchée Infrastructures à niveau
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Infrastructures à niveau
1
2
Infrastructures surélevées
60
I
3
4
5
Infrastructures en tranchée
6
7
I
61
62
I
0
500 m
1 Km
N
Carte des nuisances urbaines liées aux infrastructures
Zo
C ne
Zo
n
eB
Zo
A ne
Zones de nuisances liées au couloir aérien : Zone C : constructible Zone B : constructible sauf habitations Zone A : couloir de nuisances maximales, inconstructible Nuisances liées aux Lignes à Haute Tension et à l’autoroute A6 : Limite d’inconstructibilité de 75 à 100 m . depuis les limites de l’ouvrage selon l’amendement Dupont. Périmètre identique pour les LHT Zone de nuisance liée à l’autoroute : 300 m depuis les limites de l’ouvrage
Amendement Dupont : «Cet article concerne la règle de recul des constructions de part et d’autre des autoroutes et des grandes routes, définie à l’article L. 111-1-4 du code de l’urbanisme. Aux termes de cet article, sont interdites les constructions ou installations en dehors des espaces urbanisés des communes dans une bande de cent mètres de part et d’autre de l’axe des autoroutes, des routes express et des déviations et de soixante-quinze mètres de part et d’autre de l’axe des autres routes classées à grande circulation. Ces règles ne s’appliquent pas si le plan local d’urbanisme contient
des règles concernant ces zones, et, en l’absence de PLU, si une étude ayant reçu l’accord de la commission départementale des sites est jointe à la demande d’autorisation du projet.» article issu du site du Sénat : http://www.senat.fr/rap/l04-138/ l04-13863.html Les équipes de maîtrise d’oeuvre du Grand Paris ainsi que de nombreux projets d’aménagement du territoire prônent l’annulation de l’amendement Dupont, afin de réinvestir un foncier «gâché». Les équipes misent sur la réduction de la vitesse et du nombre de véhicules, sur
l’augmentation des transports collectifs, et sur le développement des véhicules électriques, moins bruyants et polluants. Réinvestir ce «foncier invisible», pour reprendre l’expression de l’équipe Descartes du Grand Paris, permet d’envisager la constructibilité de ces franges ainsi que de retourner le regard et la ville sur l’A6, qui deviendrait un potentiel boulevard urbain et non plus une rupture dans la ville. La réversibilité d’une telle infrastructure demande d’envisager des travaux de grande envergure, comme le recouvrement partiel et ciblé de l’ouvrage. Réinvestir les limites «interdites» de la ville pour s’affranchir des nuisances
I
63
et recréer des liens entre les communes et les paysages. A titre d’exemples de projets, l’équipe Descartes du Grand Paris illustre par des images la réversibilité de grandes infrastructures considérées comme des fractures : l’A4 à Noisy-Le-Grand et la Francilienne. Le projet EuraLille 2, aujourd’hui terminé, a été l’occasion de réinvestir les limites de la ville majoritairement constituées d’autoroutes et échangeurs. Le projet de l’agence Ter du «Bois habité» est un exemple remarquable de constructions de logements en bordure de lourdes infrastructures. 64
I
L’agence TVK (Trévelo/VigerKohler) a elle aussi travaillé sur le potentiel de réinsertion du périphérique de Paris dans leur ouvrage No Limit. Leur analyse a mis en avant les caractéristiques dominantes de chaque tronçon traité afin d’ajuster au mieux des propositions de réintégration au tissu urbain de cette infrastructure lourde et vécue comme une frontière. J’ai choisi l’exemple de la porte d’Arcueil à la porte de Gentilly, origine de l’A6. Enfin l’équipe d’architectes barcelonais Arriola&Fiol ont réalisé un travail de réinsertion dans la ville de l’autoroute de «Les Corts». Ils n’ont pas hésité à
réinvestir en balcon les franges de l’autoroute en tranchées dans la ville. L’espace public dégagé par la réduction des nuisances est un atout incroyable pour envisager le devenir de la ville et pour recréer une couture entre quartiers «déchirés».
Groupe Descartes - Le Grand Paris
45
Ces différents exemples sont pour moi des moyens d’envisager le devenir d’une coupure aussi importante que l’A6 au niveau de la plaine. Différents scénarios se dessinent quand au devenir des franges de l’autoroute A6. En considérant la plaine comme un écrin de nature piégé dans le tissu urbain, un recouvrement pourrait trouver une logique de continuité paysagère. En revanche, un investissement massif du foncier par des activités économiques serait indispensable. Le recouvrement ne trouverait pas de justification en terme de rentabilité financière et économique par les simples arguments de continuité des paysages et des villes. Un recouvrement semble alors hors de propos et utopique. La constructibilité du foncier exposé aux nuisances est néanmoins envisageable. Une reconquête paysagère des abords de l’autoroute sera étudiée dans la phase de projet.
I A6
65
Agence Ter - EuraLille 2 - Le bois habité Autoroutes et voies ferrées
66
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Le bois habité
TVK - No Limit - Etude prospective de l’insertion urbaine du périphérique de Paris
La Cité Universitaire
Recouvrement A6
Arriola & Fiol - Via de Les Corts, Barcelone
I
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1.2.3 >> Un écrin de nature en marge des villes
Fresnes
RUNGIS
68
I
wissous 0
500 m
1 Km
N
Circulations douces sur la plaine Circulations douces en milieu urbain Chemins ruraux Routes d’accès à la plaine Centres-villes de Rungis et Fresnes Parcs et Espaces verts communaux
Carte des accessibilités
Malgré une grande proximité avec les zones urbaines des trois communes, on constate que la ville tourne le dos à la plaine. Les déplacements sont peu évidents et les accroches peu nombreuses en sont une des caractéristiques. Une des premières particularité du profil urbain est la proximité du centre-ville de Rungis. Il n’existe pas d’infrastructure rompant le lien avec la plaine. La ville est en contact direct avec la plaine contrairement à Fresnes et Wissous qui sont détachées de la plaine par l’autoroute A6 et la double voie de chemin de fer (RER et Orlyval). Wissous possède néanmoins l’avantage d’avoir une gare de RER qu’il semble opportun et logique de rouvrir et qui pourrait permettre à l’avenir de constituer un lien supplémentaire de la ville à la plaine. Fresnes ne possède que deux franchissements. Le cheminement du centre ville au pont est le plus rapide et le moins praticable. Celui au sud de la commune est une voie de desserte locale, plus calme et agréable pour les piétons et cyclistes. Si la problématique est la même pour les trois villes, les réponses aux attentes se structurent différemment. Pour Rungis, il semble important «d’étirer» les paysages de la plaine au centre ville (à seulement 300 m des limites de la plaine), coeur de vie de la petite commune.
I
69
Les accès sont simples et relativement nombreux. Le centre-ville de Wissous, coeur de vie de la ville est à environ 800 m. Le lien attendu avec les paysages de la plaine concernera donc surtout les quartiers limitrophes, qui sont majoritairement constitués de pavillons. Fresnes et son centre ville peu dynamique sont coupés de ces paysages par l’autoroute. Il sera important de renforcer et valoriser les deux passages afin de leur donner une identité et un caractère d’accès. Le franchissement au sud sera marqué par le paysage, au nord par la mixité d’usages de la voirie. 70
I
La plaine est une immense opportunité d’espace public valorisant pour les habitants des trois communes.
1.3 - raccrocher au contexte urbain 1.3.1 >> la plaine Montjean, une identité enclavée
Fresnes
A86
RUNGIS
SNCF
I
A6
ZAC en construction
0
500 m
1 Km
N
wissous Une plaine contournée, des accès limités Entrées sur la plaine Voiries traversant la plaine Accès directs : >300 m Accès indirects : 300-600 m Accès indirects : 600-800 m Accès indirects : 800-1400 m Accès piétons isolés
Des limites infranchissables Limites infranchissables Gare RER / SNCF ouverte Gare RER / SNCF fermée Une ville qui tourne le dos à la plaine
71
1.3.2 >> ouvrir les limites de la plaine
S’appuyer sur un système de transports en communs
Saint-Maur-Créteil Villejuif
Antony-gare Sncf Fresnes
Rungis
72
I
Wissous Rungis La Fraternelle
0
Athis Mons
500 m
1 Km
N
Wissous Gare RER / SNCF de Wissous aujourd’hui fermée
Projet urbain de Tram, ligne T7 et de requalification urbaine en boulevard de la N7
Gare RER / SNCF de Rungis La Fraternelle en activité
TVM : Trans Val’ de Marne : bus en site propre
Prolonger et relier les tissus urbains existants
Fresnes
RUNGIS
I
wissous
0
500 m
1 Km
Relier la ville en s’appuyant sur des liens Nord / Sud : Rungis / Wissous Créer un lien transversal secondaire synonyme d’une plus grande accessibilité de la plaine Développer des liens interquartiers plus lisibles Voirie existante secondaire sur laquelle s’appuyer
N
73
Reconsidérer les franchissements et les limites de la plaine
Fresnes
RUNGIS
74
I
0
500 m
wissous Renforcer les franchissements existants Envisager des possibilités de franchissements à niveau Envisager des possibilités de franchissements surélevés Investir les franges «oubliées» et infranchissables Reconsidérer les franges de la plaine
1 Km
N
1.3.3 >> relier la ville, ouvrir la plaine
Entrée des champs
I Entrée du coteau
Entrée du vallon
0
500 m
1 Km
Réouvrir la Gare RER / SNCF de Wissous Lieux d’ «entrée de plaine» Traverser les voies de chemin de fer à niveau
Créer des axes majeurs nord / sud et est / ouest Renforcer les liaisons existantes Prolonger les voiries existantes pour mettre en réseau
N
75
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I
Aéroport d’Orly
I
Arrêt de bus «Médicis» face à un paysage inaccessible
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I
2
MUTATIONS ET PERTE D’IDENTITÉ DES PAYSAGES DE LA PLAINE
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I
I
Photographies argentiques
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2.1 - Des entités paysagères fortes dévalorisées La carte sensible des paysages permet de mettre en évidence les trois grandes entités paysagères structurantes pour la plaine : le Ru de Rungis, l’agriculture et ses paysages ouverts et les coteaux artificialisés par les remblais.
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Les cultures ouvertes 2 1 Les coteaux boisés de la plaine
l
de e Ru
gis
Run
3
1
I
2
3
3
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Carte des paysages composites de la plaine
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Les paysages de la plaine sont remarquables par leur diversité et leur qualité dans ce contexte urbain. Leurs compositions manquent de cohérences, ce qui les rend peu accessibles malgré une grande convoitise. Le manque de pratiques et d’usages des paysages de la plaine leur confèrent une sensation générale de paysages «oubliés». Les paysages incarnent l’histoire même de la plaine. Les nombreuses ambiances qui s’en dégagent représentent une richesse à valoriser. Les terres cultivées constituent une grande qualité, introduisant lumière et horizons lointains dans les interstices de la ville. Les cultures occupent le coeur de la plaine et en font sa particularité. Un cordon boisé à l’épaisseur et aux qualités variables crée une ligne verte reliant la plaine et la ville. Ces boisements jouissent d’une reconnaissance administrative (classement ENS) et locale.
Pépinières Activités horticoles Champs Prairies et pelouses Parcs et espaces verts publics Milieux humides Boisements Fruticée des remblais Friches
Les pépinières représentent presque un tiers de la plaine sur ses points hauts.. L’activité économique qu’elles représentent et le dynamisme paysager qu’elles produisent sont un gage de richesse et d’espoir dans l’évolution future de la plaine. Dans ces paysages à la topographie fortement modifiée, les «délaissés» sont éclatés sur d’importantes surfaces au coeur de la plaine et dans sa périphérie, souvent proche des grandes infrastructures. Certaines friches sont pourtant riches de diversité végétale et inspirent un sentiment de «gâchis». Les milieux humides, à l’origine de l’histoire de la plaine et des villes de Rungis, Wissous et Fresnes, sont très peu représentés. Ils sont pourtant les plus valorisés et les plus pratiqués par les habitants des villes proches. La disparition de ces espaces ont provoqué une baisse significative de la diversité végétale et biologique. Les activités installées sur l’eau de la plaine a peu à peu obstrué la lisibilité des paysages. Les prairies et pelouses sont synonymes de lieux de détente et de rapprochement de la nature.
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2.1.1 >> Le Ru de Rungis : vecteur de paysage Wissous et de l’autoroute A6 lors de Le Ru de Rungis est un son passage sur la plaine. Le bassin élément paysager structurant. versant représente une surface Unique affluent de la Bièvre par imperméabilisée de 43 %. temps sec (avec le Ru des Godets), Le cours d’eau est aujourd’hui il alimente en permanence le circuit très sensible aux précipitations et canalisé qui s’écoule vers la Seine. Sa peut causer la surcharge du réseau longueur totale de 5,6 km dont 1,6 majoritairement busé de la Bièvre. km à ciel ouvert seulement, traverse En grande partie canalisé, il ne successivement les trois communes profite pas aux habitants des trois de Rungis, Wissous et Fresnes. Il communes. Lorsqu’il apparaît à constitue également le principal ciel ouvert il est, soit extrêmement exutoire pour l’assainissement convoité comme un lieu de pluvial de ces communes. Il est promenade et de repos (Colline l’exutoire de grands bassins Cacao à Rungis et parc social 3F d’apport d’eaux pluviales du à Fresnes), soit perçu comme un plateau comme les réseaux des fossé envahis par les herbes hautes communes de Rungis, Wissous, du et arbustes de milieux humides. sud de Fresnes ; des grandes zones Les parties busées notamment à d’activités SILIC et Villemillan à re Bi èv
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D’un point de vue paysager, le ru est un atout à reconsidérer. Au fur et à mesure de ses canalisations et disparitions sous terre, il a perdu son caractère particulier de lien entre les territoires du plateau à la vallée. Cette situation ne permet pas de renforcer le lien avec les habitants des environs. Dans ce contexte urbain nuisant et tourné autour de l’automobile, le Ru de Rungis est donc une formidable opportunité pour réconcilier les riverains avec leur paysage et de créer un cadre de vie valorisant
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Fresnes et Rungis sont considérées comme un réseau d’assainissement.
Ruisseaux busés Ruisseaux à ciel ouvert Confluences Carte d’état des cours d’eau sur la plaine jusqu’à la confluence à la Bièvre
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I 3 Le Ru de Rungis rouvert et réaménagé, un espace de promenade privilégié
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Le ru délaissé en fond de parcelle privée et la source de Montjean, résurgences de la nappe imperméable d’argiles vertes et de glaises à Cyrène. Serres de Paris
La topographie liée au cours d’eau marque une ouverture importante sur la plaine, des espaces de qualité
La plaine haute
Le Ru au pied de la colline Cacao, un espace public de qualité
Plateau de Rungis SILIC
AA’ Coupe transversale au ru de Rungis. Une topographie marquée dans les paysages
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Rive gauche
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Emprise du Ru de rungis 1,5 m
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Emprise du vallon et de la ripisylve, zone inondable en cas de fortes pluies : 20 à 30 m. de large
Cheminement piéton
Champs
I Emprise du Ru de rungis 1m
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Parkings imperméabilisés
Emprise de la ripisylve, zone inondable en cas de fortes pluies : 5 à 10 m de large
Parkings imperméabilisés
Cheminement piéton
3 Voirie automobile
Propriété privée
Emprise du Ru des Glaises 1,5 m canalisé
Coupes schématiques des trois profils du Ru à ciel ouvert
Propriété privée
Coteau de Fresnes
Un tronçon d’environ 500 m. de long a été remis à jour il y a quelques années. Depuis son exutoire dans la plaine jusqu’au premier remblais, le Ru a été revalorisé en tant qu’espace naturel important aux portes de la ville. La ripisylve a été enrichie et l’espace public étendu. Très prisé des riverains, sportifs et des salariés des entreprises les plus proches, il donne à voir un espace ouvert de qualité et un milieu humide très riche. Cette végétation des berges est un véritable support de vie animale et végétale, devenant un corridor écologique important pour la biodiversité. La végétation qui se développe dans ces «fonds de parcelles» est beaucoup plus pauvre qu’en amont. Les ronces, ailantes, robiniers, lierre, clématites vitalba, quelques saules... composent une masse végétale épaisse, peu variée, formant une clôture naturelle entre les parkings et zones d’habitations. Les parkings des logements collectifs de part et d’autre sont autant de surfaces imperméabilisées qui augmentent les risques de débordement du Ru lors des fortes pluies. Le Ru des Glaises est un affluent du Ru de Rungis. Il s’écoule sur la commune de Wissous. Suite à de graves inondations en 1997, il est remis à jour et canalisé. Un cheminement doux est crée le long du cours d’eau. C’est un facteur de lisibilité de la ville car il dégage un espace public en fond de parcelles privées, cas relativement rare dans les quartiers pavillonnaires.
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Coupes de principes page précédente
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La réouverture du Ru de Rungis, la création de berges en pentes douces et de méandres a permis de faire renaître un paysage riche d’une grande biodiversité en milieu urbain. Ce projet mené par la commune de Rungis rappelle le projet de réouverture de certains tronçons de la Bièvre. Cet espace privilégié de promenade est une réussite en terme de lisibilité des paysages. Les habitants ont pris conscience de la valeur d’un tel milieu dans un contexte urbain dense et se sont appropriés le lieu tel un nouveau quartier de ville. La diversité apportée au cours d’eau, l’enrichissement de la ripisylve et la création de zones humides sont autant de critères qualifiant cet espace à haute valeur environnementale. Fait rare dans une ville, on retrouve une grande diversité végétale. Certaines espèces ont été réintroduites afin d’enrichir
le milieu : Lysimaque, Epilobe hirsute, Salicaire commune, carex... d’autres replantées afin de soutenir les berges et d’accueillir une vie animale : Merisiers, Aulnes glutineux, Saules, Frênes communs, Charmes communs... Les milieux humides aménagés sont des zones d’expansion des crues. C’est un moyen extrêmement efficace de lutter contre les crues en amont et d’éviter des inondations en aval. Ce sont également des zones de filtrage et d’autoépuration, supports de biodiversité.
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2.1.2 >> Un héritage agricole fragile
Agriculture ouverte
Agriculture mitée par les infrastructures
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I Les champs ouverts Les paysages agricoles de la plaine sont les premières caractéristiques remarquables lorsque l’on arrive sur la plaine. L’agriculture dans un tel contexte urbain est une source lumineuse violente et une confrontation soudaine aux grands espaces. L’espace lointain délivre
des lignes d’horizon rares en ville, et permet une double perception de la plaine : territoriale et locale. C’est un vecteur d’identité extrêmement fort pour la ville qui bénéficie d’une enveloppe paysagère et géographique visible. Un tel milieu ouvert en ville est une grande opportunité.
Les terres cultivées représentent une surface d’environ 56 ha. Les cultures en place sont typiques des cultures intensives : blé, maïs l’été, colza et blé tendre l’hiver. L’agriculteur en place a conservé au «Tourneau» quelques parcelles de taille modeste où il cultive des pommes de terre et des tournesols.
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Les cultures au sud de la plaine sont situées dans le fond du vallon naturel. Ces cultures autrefois étagées sur le coteau (comme on peut le remarquer sur la photo ancienne) ont été peu à peu mitées par les réseaux, les infrastructures et les extensions urbaines. Les lignes Orlyval, SNCF et l’A6 ont découpé les grandes parcelles agricoles qui aujourd’hui sont fragmentées. Pourtant les paysages du fond de vallon sont les seuls à nous emmener jusqu’à Fresnes et la Bièvre. Ces espaces encore libres entre le coteau de Montean et Wissous ne sont pas dénués de qualité. Ils accompagnaient autrefois le ruisseau jusqu’à son exutoire et 92
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constituaient un lien entre les trois communes. Ces paysages attrayants ne sont malheureusement pas inscrits dans une réalité économique et ne répondent pas aux attentes de services urbains des citadins. Ils font office de paysages sacrifiés et mités par les infrastructures. Mais ils sont aussi préservés grâce à ces infrastructures, rendant l’urbanisation difficile. Ces cultures sont aujourd’hui une immense opportunité paysagère à saisir pour tenter de recréer ce lien naturel, physique et visuel.
arbres et arbustes sur une surface de 33 ha.
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Les pépinières de Paris Les pépinières dépendent de la Direction des parcs, jardins et espaces verts de la ville de Paris. La production horticole et arboricole annuelle de cet équipement est de trois millions de plantes. La totalité des productions végétales des pépinières de Rungis est
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1km
destinée à la capitale. Paris a également recours à un autre site de production (plus petit : 25 ha) à Achères ainsi qu’à quelques producteurs privés. Ce pôle de production horticole est composé de deux parties : - Les serres produisent les annuelles et bisannuelles sur un site de 4 ha. - Les pépinières produisent les
200 personnes travaillent sur le site : 50 pour les serres et 150 pour les pépinières. Les pépinières sont actuellement ouvertes au public sur ses limites extérieures. Les serres sont, elles, clôturées et inaccessibles. Le paysage des pépinières constitue un cadre de vie très agréable. De plus leur emplacement en bordure de l’autoroute A6, zone de nuisance inconstructible est un exemple d’occupation du sol adapté aux contraintes. Ces cultures peu communes attirent les riverains qui se promènent ou y font du sport sur l’allée extérieure. Les allées larges et fonctionnelles qui quadrillent les pépinières ne sont malheureusement pas ouvertes au public mais ne sont pas clôturées, ce qui fait de ce lieu un espace semi public très inattendu et original. Les vues dégagées à la fois sur la vallée de la Bièvre et le vallon de Rungis y sont imprenables. C’est un espace de détente paradoxalement très calme où l’on peut admirer la ville.
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On voit les avions du plateau d’Orly décoller, l’autoroute écouler ses flots de véhicules, les trains longer le vallon, les coteaux de Vélizy s’effacer au loin... C’est un formidable espace urbain en marge des nuisances. Les productions florales et arboricoles sont extrêmement consommatrices en eau. Les pépinières consomment 87000 m3 d’eau par an. L’alimentation hydraulique est partagée par le réseau d’alimentation en eau potable qui fournit 64000 m3 et un forage local fournit 23000 m3. Les mois d’été sont les plus consommateurs avec environ 94
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7000 m3 / mois. Le forage est exploité 24h / 24h à hauteur de 300 à 600 m3 / jour, soit 30 m3 / heure en moyenne. Le forage est exploité au maximum de sa capacité. Les mois d’été sont souvent une période de surexploitation, asséchant la nappe et demandant recours au réseau d’eau de ville. La très forte imperméabilisation des sols aux alentours de la plaine provoque un dysfonctionnement hydraulique important et une recharge insuffisante de la nappe. La surconsommation d’eau potable en est une conséquence directe.
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2.1.3 >> Caractère, patrimoine et confusion topographique des paysages
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La diversité des ambiances a été un élément fort de ma découverte des paysages de la plaine. Un rythme d’ouverture / fermeture, de paysages confinés ou rudes, de repères visuels et de sentiment de gravitation autour des champs cultivés de la plaine haute constituent des marques fortes du paysage auxquelles j’ai été sensible. La promenade s’est naturellement orientée le long des points hauts, confortant mon cheminement vers une destination lointaine mais visible. Malgré un espace organisé autour de lieux ouverts et aux horizons dégagés, il est difficile de s’orienter.
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Le coteau artificiel
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Des entités paysagères mitées par les infrastructures et le manque d’accès
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Bois Montjean Pépinières 0
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Cultures et végétation commensale
Fruticée de recolonisation
Mercurialis annua Capsella bursa pastoris Papaver rhoeas Avena fatua
Crataegus monogyna Rosa canina Prunus spinosa Cornus sanguinea Corylus avellana Ligustrum vulgare
Chênaie - Charmaie dégradée
Quercus robur Carpinus betulus Fraxinus excelsior Acer pseudoplatanus Robinia pseudo-acacia Euonymus japonica Cornus sanguinea Crataegus monogyna Taxus baccata Glechoma hederacea Alliaria petiolata Aesculus hippocastanum Cedrus libanii
Pépinières
Aesculus X carnea Liquidembar straciflua Liriodendron tulipifera Parotia persica Pyrus calleryana Quercus robur Quercus petraea Taxus baccata Fagus sylvatica
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A première vue, la plaine n’est qu’un simple espace agricole et paysager bien délimité. La topographie, les espaces et cheminements escarpés nous font traverser une diversité extrêmement intéressante d’ambiances et de paysages différents. La topographie particulière augmente la difficulté de cheminement dans ces paysages. Seules les infrastructures rectilignes permettent de nous guider sans détour. Franchir la topographie signifie passer d’une plaine haute dégagée et ouverte sur un corridor agricole et boisé orienté vers la vallée de la Bièvre. Les séquences paysagères traversées sont très variées : aux pépinières rigoureusement entretenues succède le bois de Montjean. Ce bois classé Espace Naturel Sensible est un écrin de nature exceptionnel. De la strate herbacée à la chênaie - charmaie dégradée, s’enchaînent les strates arbustives. Une réelle lisière permet cette transition à quelques endroits. Une belle collection d’arbres exotiques nous plonge également dans le patrimoine d’un tel parc. La topographie très douce surprend et nous guide à travers la fruticée de recolonisation. La lisière, riche d’espèces végétales diversifiées, ses longs «couloirs» d’arbustes semblent ne jamais déboucher sur une sortie. Un labyrinthe vert qui s’arrête
subitement sur une petite pente ouverte sur les champs du fond de vallon. Ce paysage imperceptible de n’importe quel point haut de la plaine est une réelle surprise. Comme l’espoir de continuer un parcours qui aboutit à une halte méritée. Ces rythmes d’ambiances et de lumière, révèlent également des paysages marqués, bouleversés, déconsidérés, abîmés et mités. La difficulté de lecture du territoire est une constante dans le cheminement à travers la plaine. On découvre des friches herbacées nitrophiles, des coteaux soudains et inattendus, les parties de boisements sénescents, des sources d’eau sans exutoire... Autant d’indices qui évoquent la brutalité de l’émergence de
ces paysages pour une grande partie artificiels. La lecture générale et l’orientation visible de la topographie interroge sur l’écoulement du cours d’eau qui part de Rungis. Les coteaux artificiels, parfois beaucoup trop irréguliers et délabrés constituent des traces de remblais que la végétation n’a pas encore cachée ou recouverte. La plaine Montjean et son vallon constituent un fort potentiel paysager entaché par des bouleversements encore lisibles.
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Le remblaiement du vallon de Rungis et la disparition de la topographie du coteau de Montjean
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I L’extension de l’aéroport d’Orly et la construction de l’autoroute A6 ont demandé de nombreux terrassements. En quelques années seulement, des millions de m3 de terre ont été transportés du plateau d’Orly ou des environs de la plaine Montjean à la centrale de tri et de traitement des déchets inertes, «Chèze», située sur la plaine Montjean. Cette même entreprise a rejetté la terre directement dans le vallon à partir du coteau de Montjean, le remblayant avec le ru et effaçant ainsi la topographie.
Ci-dessus, le remblaiement schématique du vallon de Rungis.
Un patrimoine bâti de qualité La plaine possède également un formidable potentiel de reconversion du patrimoine historique. Le château de Montjean est une magnifique demeure du début du XIXe siècle. Il servit d’hôpital miliaire pendant la Première Guerre Mondiale. Il fut ensuite occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale comme base de repos pour les militaires travaillant à l’aérodrome d’Orly tout proche. Puis le bâtiment se transforma en école de formation pour le personnel de bord de la compagnie Air France dans les années 1950. Le château est abandonné depuis une vingtaine d’années et tombe en ruine. Des travaux de réaménagement financés par la commune de Wissous, propriétaire du domaine, ont débuté l’année dernière. Le gardien du parc habite dans une aile du château. La ferme qui lui est rattachée date du début du XIXe siècle. Elle a été réinvestie par une entreprise de palettes. Cette ferme s’organise autour d’une cour intérieure, d’une grange, d’une étable et d’un puit. La qualité de construction est remarquable. Les moellons de calcaire et les silex propres au site de la plaine Montjean, ont été utilisés pour construire le corps de ferme. Les toitures en mauvais état sont en tuiles plates datant de la première moitié du XXe siècle, originaires de la «faïencerie de Choisy-de-Roi» et de la «Tuilerie de Vitry-Sur-Seine».
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2.2 - Des paysages sacrifiés
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Une agriculture intensive résiduelle sur la plaine haute Paysages valorisables Paysages «oubliés» Agriculture mitée par les infrastructures et sans cohérence Paysages valorisants au potentiel de reconversion Paysages artificiels Ru busé Ru à ciel ouvert
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2.2.1 >> Le Ru de Rungis : symbole d’une disparition de cohérence paysagère
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Le Ru est le symbole d’une disparition de cohérence des paysages et de ses usages. Lien historique à la vallée de la Bièvre, trait d’union des grandes unités de paysage que sont le plateau et la vallée, le cours d’eau a rapidement disparu sous les remblais causés en partie par la construction de l’autoroute A6. Le lien et les cheminements simples qui serpentaient jusqu’à la vallée se sont eux aussi perdus. Les remblais ont caché le ru et les habitants ont perdu ce rapport avec le cours d’eau, trait d’union des paysages. La plaine Montjean est directement touchée par ce manque de reconnaissance paysager. La
Les friches t r aver s ée s en fond de parcelle
disparition d’une topographie affirmée et de paysages sensés l’ont enfermée dans une catégorie de «zone de nuisances en partie urbanisable». Dans ce contexte son atout réside dans ses ressources foncières considérables à proximité de Paris et des grands réseaux de transports. La qualité de ses paysages doit l’inscrire dans une zone naturelle fédératrice pour les trois communes. Malgré la présence de 14 bassins de rétention sur le bassin versant du ru, celui-ci est extrêmement vulnérable aux fortes pluies. Ces bassins ont pour but de ralentir l’écoulement des eaux de
L’A6 constitue une fracture dans la lisibilité du paysage du ru. C’est paradoxalement le premier endroit où on le voit réapparaître Partiteur de l’A6
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40 m
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Points de rupture ou de révélation du Ru dans son parcours Zones inondables liées aux crues du Ru
ruissellement dont l’exutoire est le ru. Le réseau en partie busé provoque donc de nombreuses résurgences lors des trop fortes pluies. Sept zones inondables ont été relevées. Les cultures au pied de l’entreprise Cheze et à la confluence des rus de Rungis et rus des Glaises sont souvent gorgés d’eau, pénalisant l’agriculteur qui voit l’hiver comme une période de vulnérabilité pour ses rendements. Le partiteur au pied de l’A6 possède une capacité restreinte de rétention. Il permet un débit permanent du Ru à la Bièvre par temps sec de 0,5 m3/s. En cas de forte pluie il déborde et déverse trop d’eau de ruissellement dans la
Remblais du parc de Montjean. Paysages perturbés par la modification du coteau
Confluence Ru Rungis/Ru des Glaises, zone très sensible
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Carte des zones inondables
Première grande zone de remblais où s’est installée l’entreprise Cheze
Zones inondables en amont de l’entreprise Cheze
fin du parcours jusqu’à la Bièvre, engendrant une inondabilité de la confluence Rus Rungis/Bièvre. Le parc des sports de Tourvoie à Fresnes est lui aussi fréquemment inondé mais sans grandes conséquences pour les riverains. Les communes limitrophes se voient contraintes de limiter les ruissellements et donc les surfaces imperméabilisées dans les aménagements futurs. En effet, il ne sera plus possible de rejeter d’avantage d’eaux pluviales dans le réseau en aval. Les futurs aménagements verront les surfaces perméables favorisées. Les infiltrations étant bénéfiques pour le renouvellement de la nappe et l’épuration naturelle de l’eau avant le rejet dans le ru.
Coteau naturel
Exutoire du Ru de Rungis
1% Configuration du Ru de Rungis le long des paysages de la plaine. Coupe longitudinale
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Le Ru au-dessous de la déchetterie
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Décheterie
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A 106
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Une emprise de 6,2 ha est occupée par une entreprise de traitement des déchets. Cette société anonyme comprend 42 salariés. Elle traite aujourd’hui les déchets de démolition et est une plateforme de transfert des déchets industriels banals (DIB). L’entreprise Cheze s’est installée sur la commune de Wissous lors des travaux de construction de l’autoroute A6, en 1967 avec pour titre : Décharge de Déchets Industriels Banals (DIB). La décharge recevait les déblais de l’A6 et une fois traités, les rejetait dans le vallon. C’est ainsi que l’entreprise a quasiment fait disparaître le Ru de Rungis et
supprimé la topographie naturelle du vallon. Le bois de Montjean est pour sa part un paysage artificiel de remblais pour environ 50 % de sa superficie. L’entreprise s’est ellemême installée sur les remblais, au-dessus du Ru, sur la Voie des Jumeaux (en référence à l’aspect naturel du Ru qui dessinait deux bras
Remblais Ru busé
de rivières parallèles). Cette partie du vallon comprend les remblais les plus hauts avec une hauteur de 6 à 8 m au-dessus du cours d’eau. Des ordures ménagères ont, elles aussi, fait partie des traitements et des remblais, laissant planer un doute sur la pollution des sols. De plus, depuis 1995, une autre entreprise
de gestion des déchets minéraux s’est installée sur le site, laissant les eaux chargées des terreaux broyés à ciel ouvert s’infiltrer dans les sols sans traitement préalable. Les remblais épais, la qualité douteuse des sols et les nuisances liées aux poussières déposées par le flux incessant de camions sur les routes de la plaine condamnent le projet de réouverture du Ru sur cette portion du vallon. Il serait également préférable de déplacer l’entreprise de traitement qui ne se situe même pas dans le couloir de bruit de l’aéroport. Ces 6,2 ha peuvent être le support d’un travail paysager en lien avec la réouverture d’une partie du cours d’eau.
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Le Ru remblayé du parc de Montjean
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Le Ru qui est remblayé au niveau du parc Montjean est imperceptible. Aucune végétation spécifique ne s’est développée en surface et aucune micro topographie ne nous indique où passe le Ru. Or il traverse la partie remblayée du parc sur toute la longueur avant de ressurgir aux pieds de l’autoroute. Les remblais du parc de Montjean sont les moins épais mais les plus étalés. Ils ont été répandus depuis la fin du coteau naturel au nouveau coteau artificiel de 0 à 5m d’épaisseur pour une largeur variant de 175 à 375 m de large.
En retraçant la topographie naturelle et en s’appuyant sur les cartes anciennes, notamment la carte de Sceaux à la Seine de 1930-1934, j’ai pu calculer les épaisseurs des remblais recouvrant le Ru. Sur les coupes ci-dessous on remarque que les épaisseurs sont variables et que plus on se rapproche de la fin du parc à l’ouest, plus le Ru est proche de la surface.
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C’ épaisseur de remblai au-dessus du Ru de Rungis Remblais
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La lisibilité de l’eau dans les paysages
Le Ru réouvert et les fossés de rétention et drainage des champs sont des éléments forts dans les paysages et reconnaissables par leur végétation spécifique (saules, fresnes, cornouillers, peupliers)
I Dans le parc Montjean et au niveau de l’entreprise Cheze, rien ne signale la présence du cours d’eau dans le sous-sol
Passage sous l’A6 Service
technique Wissous
de
arrivée du Ru de Rungis dans le partiteur
Le ru en fond de parcelle et le partiteur ne sont pas valorisant pour le cours d’eau.
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2.2.2 >> une agriculture intra urbaine à bout de souffle découverte et des productions agricoles pourvues d’un marché de consommation local a permis depuis 2003 de valoriser les paysages agricoles du Hurepoix. Aujourd’hui l’agriculture est pourvue d’un label de qualité «Triangle Vert». La plaine Montjean est elle trop isolée pour pouvoir prétendre à la préservation de quelques parcelles agricoles dans un milieu ou la pression foncière est forte. L’agriculture intensive ne semble plus pouvoir résister à la pression urbaine. En revanche la plaine doit rester un espace aux paysages agricoles valorisants. Les cultures doivent s’adapter à une échelle plus urbaine, plus «citadine» afin de concilier développement des villes et développement durable du territoire. Paris
110
I
La plaine Montjean représente une superficie d’environ 200 ha dont la moitié cultivée, à seulement 7 km de la capitale. La carte cicontre relève la discontinuité des emprises agricoles aux portes de la métropole. La plaine Montjean est la dernière emprise agricole aussi proche de Paris. Elle est enclavée dans l’emprise urbaine dense de la première couronne. Le déclin rapide de l’agriculture à partir des années 1950 a fait disparaître le caractère agricole de la «campagne parisienne», tant convoitée par les nouveaux habitants des banlieues. La plaine Montjean représente la trace d’une histoire agricole qui a forgé ces paysages. Le Triangle Vert, association luttant pour la préservation de l’agriculture en Hurepoix, regroupe 5 communes autour de leurs caractères agricoles. Des projets d’urbanisation raisonnée, des chemins de
Plaine Montjean Plateau de Saclay
Le Triangle Vert
Situation de la plaine vis à vis de l’agriculture péri urbaine
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2010 Recul rapide de l’agriculture face à l’étalement urbain
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2.2.3 >> Des paysages de coteaux valorisants Les paysages de la plaine sont de qualité. Certains paysages sont valorisables et doivent être beaucoup plus accessibles au public. C’est le cas du bois Montjean et de la colline cacao à Rungis. Mais l’ensemble des paysages hétéroclites de la plaine sont mités par les infrastructures et semblent lointains et inaccessibles. Les relier, en faire un réseau local de paysages permettrait une continuité paysagère et environnementale de qualité.
I Au loin le coteau de Montjean lisible par ses arbres remarquables
Une percée sur Wissous par le coteau du bois
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On relève différentes entités de paysages, des topographies parfois marquées (sur la colline cacao), parfois plus douce (sur la butte de Rungis), des couloirs végétaux, des ambiances arboricoles, rurales, agricoles, artificielles, dégradées. Mais toujours emprunts d’un grand charme et d’une réelle authenticité des paysages et du contexte qu’ils exacerbent. S’appuyer sur ces entités de paysage est nécessaire afin de créer une continuité naturelle entre les trois communes. Les liens existent déjà en partie mais sont
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inaccessibles ou ont été oubliés. Révéler du potentiel urbain demande de s’appuyer sur les qualités des paysages existants.
La fruticaie délivre des cheminements agréables
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Les bosquets du parc Montjean sont de riches lisières
La prairie du château Montjean avec le Cèdre et l’érable remarquables
Le boisement du talus remblayé sert de décharge, signe de sa faible qualité paysagère
Les boisements permettent d’intégrer sur de petits tronçons les infrastructures ferroviaires
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2.3 - les paysages, vecteurs d’une identité positive pour la plaine Réservoir de la Vanne Parc Montsouris
Parc du Coteau
Parc panoramique Parc Raspail Parc des hautes bruyères
Domaine de Cherioux Parc des Lilas 116
Parc de la roseraie
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Parc de la Bièvre Parc de Sceaux
Parc petit Leroy Cimetière de Thiais
Parc du Breuil et de la Bièvre
Parc Georges Brassens N
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3 Km
Les promenades des parcs du plateau Les parcs reliés par la promenade du CG 94 Promenade des parcs de la Bièvre en projet Parcs de la Bièvre publics réouverts La plaine articulation plateau / vallée. Relier la plaine au «réseau» vert grâce à des cheminements doux existants Sentiers piétons / vélos existants Tracé du projet de tram T7. Futur boulevard urbain & paysager Rus de Rungis, des Glaises et Bièvre à ciel ouvert Rus et cours d’eau canalisés
Les paysages de la plaine Montjean constituent un maillon et une articulation entre le plateau et la vallée de la Bièvre. Certains projets ont émergé et mis en avant les qualités paysagères existants comme la promenade des parcs du CG 94 et la promenade de la Bièvre, prévue à une future réouverture. Etirer les paysages de la plaine et les relier à un «réseau vert» existant permettrait de révéler son potentiel territorial et assurer une continuité écologique en milieu urbain dense. La plaine doit être connectée à ce réseau via des cheminements doux en partie existants ou en projet. Terminer le «réseau vert» en rajoutant la plaine Montjean comme un maillon manquant.
I
117
2.3.1 >> Le chemin de l’eau, point structurant des paysages
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I
0
Recréer un système hydraulique Réouvrir le Ru dans le parc Montjean Lire l’eau dans le paysage Révéler les confluences Recréer un système d’assainissement
500 m
1 Km
N
Révéler une trame bleue
Retrouver un système hydraulique support de lisibilité du paysage de vallon
Créer une système d’assainissement pour réalimenter le Ru et éviter les surcharges du réseau
Rouvrir le Ru de Rungis sur une partie, retrouver le chemin de l’eau
La présence de l’eau sur la plaine Montjean est historique et l’extension urbaine rapide a peu à peu effacées les traces de logiques paysagères pour laisser place au règne de la voiture. De nos jours, les fortes imperméabilisations des sols, les canalisations des ruisseaux et cours d’eau, les recouvrements de sources, les modifications de la topographie naturelle ont provoqué de nombreux dysfonctionnements hydrologiques. Retrouver un système hydraulique est une nécessité pour le devenir des trois communes mais également des communes de la Bièvre aval. Recréer un système d’écoulement hydraulique, une logique de bassin versant est indispensable pour mieux gérer les crues. Un système d’assainissement sera également indispensable afin de proposer une gestion nouvelle des ressources en eau des nouveaux quartiers et pour réalimenter la nappe et le Ru. La réouverture du Ru sur une portion est elle aussi un moyen de retrouver une lisibilité des paysages et une logique naturelle valorisante pour le cadre de vie. C’est un enjeu de développement durable de considérer l’eau comme un élément qualitatif et structurant du paysage urbain.
I
119
La réouverture d’un milieu tel que la bièvre est en projet depuis les années 1990. Recouverte au milieu du XXe siècle pour des raisons de salubrité, elle était devenue illisible et n’apparaissait qu’à son exutoire, la Seine près d’Austerlitz. Plusieurs tronçons ont déjà été réouverts favorisant le paysage, intégrant villes et parcs publics. Ici le parc de la Bièvre a été réouvert en 2003 à Fresnes. Il permet notamment de gérer les eaux de ruissellement qui s’écoulent depuis les coteaux et propose un milieu humide exceptionnel en ville. S’appuyer sur ce type d’exemples permet de comprendre les réels atouts d’un tel milieu sur la plaine Montjean. La réouverture d’un milieu et un travail sur la reconstitution d’un réseau hydraulique semble être une future structure dans les paysages de la plaine.
photographie aérienne : googlemap
120
I
Le parc de la Bièvre
La Bièvre à l’Haÿ-Les-Roses
Les milieux humides sont vecteurs de diversité biologique. Une petite portion des rus de Rungis et de son affluent, le ru des glaises, ont été remis à jour il y a quelques années. Le Ru réouvert redevient un élément naturel et paysager constitutif de la ville. La Ripisylve liée aux cours d’eau apporte une grande diversité végétale. C’est un espace public qui permet de comprendre et s’approprier la ville et son territoire, un facteur de lisibilité du territoire. S’appuyer sur ces axes hydrauliques pour retrouver une orientation des paysages, une convergence vers un espace des espaces de qualité.
I
121
2.3.2 >> L’agriculture garante de l’identité de la plaine : comment évoluer vers une «campagne urbaine» ?
122
I
0
Arboriculture à conserver Agriculture réadaptée au contexte et à l’échelle urbaine Épaisseur de paysage et d’agriculture urbaine de proximité Interpénétration des deux espaces : étirer le paysage en ville
500 m
1 Km
N
Habiter une «campagne urbaine» Considérées comme des terres de cultures cycliques et peu attrayantes, chargées de préjugés sur la qualité de l’exploitation et de l’utilisation de pesticides, les terres agricoles de la plaine Montjean sont faussement jugées par beaucoup de riverains. C’est pourtant un réel potentiel qui est à portée des citadins. Il faut pouvoir changer d’agriculture sur la plaine pour mieux la dimensionner et mieux l’adapter aux attentes sociales et culturelles. Un des enjeux forts pour la plaine Montjean est de changer ce rapport à l’agriculture en valorisant les dimensions
pédagogiques, sociales, collectives et qualitatives des cultures. Mettre le foncier agricole par l’intermédiaire de cultures urbaines au centre de la ville est une manière de responsabiliser les riverains à un bien commun et précieux que représente la terre. C’est également un moyen d’aménager la ville de demain, de repenser la ville par le paysage et l’éducation à l’agriculture et à la perception de l’espace. L’agriculture doit tenir une place structurante dans le réaménagement de la plaine. Les associations de préservation de
la plaine Montjean en ont pris conscience et ont formulé de nombreuses propositions. La préservation des pépinières sur le site est un premier pas vers la possibilité de faire du paysage un potentiel urbain. Le potentiel d’un tel espace arboricole à proximité de la ville est un atout important. Le débat sur le déplacement des pépinières de Rungis et Fresnes rendrait les coûts de transport beaucoup plus importants pour la ville de Paris et favoriserait la dépendance visà-vis des pépiniéristes Allemands et Hollandais extrêmement compétitifs.
I
L’article ci-contre évoque l’ouverture des pépinières au public comme une possibilité de tourner la ville sur le paysage existant. Article du quotidien «Le Parisien», le 21 septembre 2010
123
L’agriculture intra urbaine de la plaine est fragilisée par sa dimension d’agriculture «rurale», indifférente à la proximité urbaine. Elle doit évoluer et prendre en considération les demandes alimentaires, pédagogiques, écologiques, touristiques et récréationnels afin de devenir un pôle de développement urbain. L’agriculture doit subsister sur une partie de la plaine haute et s’adapter à une nouvelle échelle. Elle doit également se diversifier et offrir une multitude de paysages à révéler : forestiers, aquatiques et agricoles. L’interpénétration ville / paysage et l’accessibilité des cultures est un outil de construction de la ville de demain.
124
I Ces deux bâtiments révèlent des potentiels de reconversion. Le château est une opportunité de développer une activité culturelle et pédagogique en lien avec l’agriculture urbaine, la découverte du patrimoine naturel... La ferme pourrait servir de centre d’activité sportive comme l’équitation ou de centre de collecte des productions agricoles locales. Ces deux bâtiments liés au patrimoine agricole et paysager de la plaine sont à reconsidérer comme un réel potentiel de reconversion.
Quelques exemples d’agriculture intra urbaines ou péri urbaines dont la prise de conscience de leur qualité a permis leur transformation et ont accentué leur influence urbaines. Un rapprochement des riverains à leur paysage est notable et une conscience d’appartenance à une identité se tisse peu à peu. J’ai pu remarquer cette caractéristique au parc des Lilas où les citadins se sont appropriés cette nouvelle forme urbaine de paysage.
Le parc des Lilas à Vitry-sur-Seine, un parc agricole sur d’anciennes carrières de gypse.
I La plaine de Montesson, un panorama sur la Défense. 450 ha de terres maraîchères.
Les maraîchers du Triangle vert et les avions d’Orly survolent les cultures.
Les maraîchers de Stains, aux portes de Paris, vestiges de la ceinture maraîchère.
125
Pépinière / parc de viveros de Coyoacan, Mexico
La pépinière de Viveros de Coyoacan est un exemple d’ouverture d’un site de production arboricole au public. Cet équipement de 50 ha est une pépinière / parc public, avec des parcours pédagogiques, des serres et des pépinières relativement compactes. photographie aérienne : googlemap
126
I
2.3.3 >> S’appuyer sur un potentiel paysager existant
I
0
Recréer une ambiance de ripisylve Répercuter les paysages à haute valeur environnementale Un maillage de cheminements doux s’étirent jusqu’aux villes
500 m
1 Km
N
127
s’appuyer sur les cheminements et les liaisons à recréer
Redonner vie à des paysages de ripisylve, coeur d’une grande diversité d’usage et de biodiversité
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I
Créer un cadre de vie aux qualités environnementales remarquables
Révéler une trame verte
Recréer un système de liaisons et cheminements
Revivre un milieu humide riche d’une diversité de paysages
Favoriser un cadre de vie proche de la nature et aux qualités environnementales
Révéler et «étendre» les paysages de la plaine aux communes limitrophes permet de rapprocher les riverains de leur cadre de vie. S’appuyer sur les qualités existantes, les révéler et prolonger les influences paysagères par les cheminements, la mise en valeur des milieux et la cohérence d’un ensemble paysager aux qualités environnementales indispensables.
I
129
Révéler et valoriser les trames paysagère
130
I
0
Une agriculture péri urbaine Révéler l’eau comme structure du paysage Créer un parc à valeur environnemental dans le vallon de Rungis
500 m
1 Km
N
I
Die Haeuser haengen (les maisons suspendues) Technique mixte : oeuf, huile, sur sable siliceux avec fond polyvinyle sur feuille d’aluminium Extrait de : Hundertwasser, Harry Rand, Taschen
Ton droit à la fenêtre, ton devoir envers l’arbre, manifeste de l’artiste autrichien Hunderwasser. Sa peinture traduit sa philosophie qui considère l’arbre comme un «locataire» du paysage, qu’il soit en ville ou dans la nature, comme un «partenaire de l’homme». L’idée de renaturer la ville est
primordiale selon l’artiste. A l’inverse des urbanisations contemporaines, ici la ville s’inscrit dans une trame paysagère, des lignes d’horizons, des crêtes plantées, une topographie marquée... créant un paysage avant même l’idée de formation d’une ville.
L’identité propre de cet espace devient le paysage. La plaine Montjean est une formidable opportunité d’exacerber et concevoir ses paysages comme une nouvelle identité habitée guidant les règles d’urbanisation.
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132
I
3
I
LA PLAINE : UN POTENTIEL D’URBANISATION
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134
I
I
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Photographies argentiques
3.1 - Évolution du tissu urbain et effacement de la plaine
136
I
1
2 5
3
4
1 Carte de l’Abbé de la Grive, 1740, extrait. Archives Départementales VDM
2 Carte État-major, 1880, extrait. IGN.
3 Carte 1934, extrait. IGN.
4 Carte 1965-1970, extrait. IGN
5 Carte 2003, extrait. IGN
I
137
138
I
Ces cartes révèlent la fragmentation des espaces et l’émiettement des paysages de la banlieue parisienne. Suite à une urbanisation rapide et fonctionnelle d’après Guerre, la ville s’est étalée rapidement dans les vallées et les plateaux agricoles, réserves alimentaires de la capitale. Les radiales convergeant vers la capitale sont autant de voies de communication qui ont méthodiquement découpé les paysages urbains, laissant ci et là quelques espaces libres. La plupart de ces «vides» urbains sont souvent de nature post industrielle comme les friches, les carrières en activité ou pas encore réinvesties ou les délaissés d’infrastructures. Au final, peu d’entre eux sont des espaces de qualité. La prise de conscience de la congestion de la ville a mené à des politiques de renouvellement urbain. La politique de densification et de revalorisation de la ville est en cours. Les parcs et jardins publics naissent sur les délaissés ou les zones inconstructibles, offrent aux riverains des zones de recul, de repos vis-à-vis de la ville bruyante et animée par les circulations incessantes des grandes infrastructures qui ont orienté les flux. Certains espaces sont considérés
comme des délaissés car trop nuisibles. La plaine répond à ce profil de «carrefour de nuisances». Elle est à une jonction de tout ce que les infrastructures peuvent générer de nuisant : lignes à haute tension, autoroutes, voies de chemin de fer, aéroport. Sa nature paysagère et agricole lui confèrent une toute autre identité. La plaine est paradoxalement une coupure dans la ville. Sa position en belvédère sur le vallon de Rungis et la vallée de la Bièvre ont fait prendre conscience de l’importance de ce territoire d’enjeux pour l’urbanisation. Le potentiel d’urbanisation de la plaine réside dans la qualité de ses paysages. Le contexte urbain dense et orienté par les circulations et les déplacements en voiture ne créent aucune proximité ou sentiment d’appartenance à une géographie. La plaine est le coeur de ces villes qui se sont développées rapidement sans prendre conscience de leur paysage. Elle devient un espoir pour la valorisation de la qualité de vie.
3.1.1 >> Évolution du tissu urbain et formation d’une centralité
I
139
Fresnes
Fresnes Rungis
Rungis
Wissous
Wissous 1740
140
I
On constate que les villages de Fresnes, Rungis et Wissous sont organisés autour de la plaine et directement liés aux ruisseaux de Rungis et des Glaises. Les bourgs de Rungis et Wissous sont des villages à pôles multiples, organisés autour de plusieurs rues alors que Fresnes est un village rue. Les voiries relient les villages et les exploitations agricoles. Avec 270 habitants en 1900, Rungis est la plus petite commune du département de la Seine. L’arrivée du chemin de fer en 1886 crée une première rupture certes pas encore trop marquée entre Rungis et Wissous. Rungis et Fresnes restent deux villages proches et connectés.
1839
Fresnes se développe rapidement dans les années 1930 autour de Bourg La Reine, et de l’axe de communication majeur qui traverse la vallée de la Bièvre dans sa longueur jusqu’à Paris. Rungis et Wissous restent des bourgs ancrés dans les paysages du vallon de Rungis. Puis dans les années 1960 avec la construction de l’autoroute A6 et A86, l’extension de l’aéroport d’Orly, la modification de la Nationale N7 à l’Est, Rungis, Fresnes et Wissous s’urbanisent jusqu’aux limites constituées par les infrastructures. Rungis est privilégiée car elle possède un contact direct à la plaine et possède une part de ces emprises pour étendre la ville. La plaine se retrouve à la rencontre
des limites communales et devient une centralité pour les trois villes.
Fresnes
Fresnes
Rungis
Rungis
Wissous
Wissous 1930
1900
0
2,5 km
I
Fresnes
Rungis
Wissous
2010 0
1 km
141
3.1.2 >> Un contexte urbain hermétique Le MIN et la SILIC constituent un pôle d’activité majeur du sud parisien générateur de beaucoup d’emplois. Profitant d’un réseau de transports dense et facile pour la communication avec l’Est, l’Ouest et le Sud, vers les autres pôles économiques.
à la fois la semaine et la journée avec les actifs et les week-ends avec les riverains Les 3 communes sont imbriquées dans ce contexte urbain dense.
Des zones d’activité clôturées et inaccessibles : MIN + SILIC En limite de ces zones un paysage de grande valeur inexploré. Des paysages qui peuvent vivre
142
I Fresnes
Rungis
Wissous
SILIC Médicis Superficie : 6,1 ha Salariés : 1800 emplois
MIN
Pépinières de Paris Superficie : 37 ha Salariés : 200 emplois
MIN (Marché d’Intérêt National) Superficie : 232 ha Salariés : 11 500 emplois Acheteurs directs quotidiens: environ 20 000
Orlytech
SILIC Rungis Superficie : 39,6 ha Salariés :11 500 emplois
SILIC
Aéroport d’Orly Superficie : 1540 ha Salariés : 26 000 emplois
Aéroport d’Orly
I
143
144
I
0
500 m
1 Km
N
Carte des typologies de quartiers en frange de la plaine Centres anciens Îlots d’habitats individuels
Bâtiments et emprises d’équipements publics
Îlots d’habitats collectifs
Secteurs d’activité autonomes
I
N 0
WISSOUS Zone mixe activité / commerces
Connexions majeures
Zone d’activité autonome
Connexions locales Réseau viaire SILIC
Limite délabrée Espaces non imperméabilisés
Accès privés
Centre ville de Rungis
Accès publics
Voies sans issues
500 m
145
146
I
La SILIC est une zone urbaine autonome, retranchée sur ses limites. La quasi totalité des surfaces sont imperméabilisées et peu d’espace est alloué aux piétons. C’est un cadre professionnel relativement hostile qui semble être un immense parkings rythmé de «boîtes» standardisées. Les voiries excessivement larges permettent les circulations de poids lourds mais pourraient également être le support d’une requalification urbaine et paysagère. La plaine est perceptible par la topographie et l’ouverture évidente qu’elle offre depuis l’axe principal traversant la SILIC. Pourtant, aucune connexion n’existe. Le potentiel paysager de la plaine doit s’ouvrir aux milliers d’employés de ces zones urbaines fermées. Un espace fonctionnel pauvre et hostile
Le coteau offre des vues sur les paysages agricoles et les horizons
Champs cultivés 0
50 m
Ru et ripisylve
Coteau
La SILIC et ses «boîtes» offrent des paysages monotones
SILIC - zone imperméabilisée La SILIC, une zone urbaine naturellement liée à la plaine
La plaine Montjean perceptible par la topographie et l’ouverture des paysages. Un écrin de nature à portée de main
I
Les «boîtes» d’activité de la SILIC et les emprises routières excessivement larges et peu praticables
147
‘Revue de presse’
148
I
article de la revue «Le Moniteur», du mardi 27 avril 2010
article du quotidien «Le Parisien», du mercredi 23 février 2011
Ces articles révèlent une certaine prise de conscience vis à vis de ces pôles économiques extrêmement enclavés. Le contexte paysager de
la plaine Montjean doit permettre une meilleure intégration de ces zones d’activités au tissu urbain. Les employés pourront bénéficier
d’un cadre de travail beaucoup plus accueillant.
I
149
Une ville repliée sur elle-même
150
I ZAC Fribouli
0
500 m
1 Km
N
Carte des époques d’évolution du tissu urbain
Centres anciens Îlots d’habitat individuel des années 1930
Îlots d’habitats collectifs des années 1960-1970 Îlots d’habitats individuels des années 1985 à aujourd’hui
Zones d’activités autonomes des années 1960 Bâtiments historiques appartenant au patrimoine de la plaine
Les centres urbains sont les coeurs de vie des trois communes. On y retrouve les commerces de proximité et l’organisation urbaine historique. Toute la vie de ces quartiers s’organisent autour de trois ou quatre rues à Rungis et Wissous et autour de la place de l’hôtel de ville à Fresnes. Un certain charme se dégage de ces centres anciens où l’on sent une certaine attractivité et en font des lieux où convergent les habitants de la commune. Le passé agricole des villes se ressent dans l’architecture. Les arrièrecours d’artisans et les auvents des fermes et des habitations qui permettaient le passage des charrues et des animaux offrent une certaine authenticité. Les îlots d’habitats individuels des années 1930 sont accolés aux noyaux anciens. Il est difficile d’établir une limite franche entre ces deux espaces urbains car la morphologie de ces habitations s’est progressivement détachée de l’aspect des centres anciens et des maisons mitoyennes. Les pavillons individuels en pierre de meulière, en brique ou en crépi offrent une grande diversité des typologies de constructions.
Les centres anciens sont très animés. Wissous possède 5 bars et restaurants en son centre, aucun dans la périphérie. Les vieux corps de ferme côtoient les villes nouvelles et les grands immeubles.
I
151
Les îlots d’habitats collectifs émergent de la ville grâce à la topographie. Ils sont groupés, et vont de 4 à 9 étages pour les plus grands, près de la plaine. Ils forment des petites enclaves dans la ville par leur regroupement et leurs clôtures.
152
I
Les îlots d’habitats individuels des trois communes sont relativement identiques. Ceux de Rungis semblent mieux entretenus qu’à Wissous. Malgré cela, ils sont tous organisés selon la trame viaire. Les impasses sont très nombreuses et malgré une superficie modeste, il est facile de s’y perdre. Ces habitats individuels sont agrémentés de jardins privés clôturés. Il n’y a pas de commerces, rendant les riverains dépendants des centres villes ou centres commerciaux non loin, mais surtout dépendants de la voiture, mode de transport quasi exclusif. Ces îlots côtoient très souvent des infrastructures ou des zones d’activités. Se crée ainsi une ville «dortoir» animée seulement le week -end. Ce mode d’habitation génère souvent des comportements de renfermement sur soi, sur son «chez soi».
I
La «Rue du bout de la ville», face à la plaine devrait devenir «Rue du début de la plaine». La ZAC de Fribouli à Wissous est un exemple de densité mais orientée vers l’intérieur de l’îlot alors qu’elle longe la plaine et devrait s’ouvrir à ces paysages. Les maisons standardisées sont toutes dotées de deux garages, symbole d’un mode de vie dépendant des voitures.
153
Ces habitations tournent le dos à la plaine. Les accroches à celleci sont rares et l’extension rapide des villes a provoqué une coupure entre les centres-villes et les paysages environnants. La plaine est ainsi devenue en un demi siècle, une arrière-cour de la ville. Une «réserve foncière», en dépit de ses qualités oubliées.
154
I
3.1.3 >> Les lisières ville / plaine : témoins d’un enclavement
I
0
Franges infranchissables Franges peu perméables Franges avec un potentiel d’accroche à la plaine
500 m
1 Km
N
155
Les franges imperméables de la SILIC
La SILIC est totalement clôturée, réduisant les accès à la zone d’activité aux entrées principales. L’accès à la plaine pour le personnel qui y travaille est très contraint, en conséquence quand on est dans l’enceinte on y reste pour la durée du temps de travail. Les clôtures franches créent une imperméabilité totale entre les paysages de la plaine et ce pôle d’activité.
156
I
Les limites attrayantes avec les serres de Paris
I Les serres représentent des paysages intéressants, un front paysager de qualité mais clôturé. Il faut passer d’une qualité de vue sur des paysages lointains et sur les serres à un espace ouvert qui soit appropriable par
tous. Des accroches depuis les quartiers urbanisés sont possibles et permettraient une plus grande perméabilité entre ces deux espaces.
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Des points de rencontre entre le front urbain et l’espace agricole ouvert
Quelques nouveaux quartiers ont été conçus avec un réseau de venelles desservant les habitations et arrivant parfois sur la plaine. Ces points de rencontre des milieux urbains et naturels constituent des transitions valorisantes pour les deux espaces.
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I
Photos ci-dessus : ‘google street view’
I
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3.2 - Un site stratégique 3.2.1 >> une grande opportunité foncière aux portes de la capitale
160
I
La plaine, une identité commune?
I Trois communes qui tournent le dos à leurs limites Une confluence naturelle des villes autour de la plaine
La plaine se situe à la rencontre des communes de Rungis, Fresnes et Wissous. Seule opportunité foncière pour ces trois communes, elle constitue une formidable opportunité d’extension urbaine. Considérée comme une limite communale, indirectement liée aux communes de par son enclavement,
la plaine est l’ «arrière-cour» oubliée des villes. Le caractère naturel unique, les qualités paysagères, le potentiel environnemental et urbain, structurent une identité commune pour les trois villes. La plaine ne peut plus être considérée comme la limite de la ville à laquelle on tourne le dos. Au contraire, sa
nature en fait un lieu de convergence de chaque identité urbaine. C’est la composante paysagère qui permet de rassembler les villes autour d’une espace commun, d’une identité partagée. La plaine Montjean est la confluence identitaire des trois communes.
161
Une réserve foncière conséquente
162
I
Tout de suite on constate que les 200 ha de la plaine représentent des emprises foncières considérables. La superficie de la plaine recouvre plus de la moitié des communes de Fresnes et Rungis. Wissous est plus étendue mais possède de nombreuses terres trop exposées aux nuisances causées par le couloir aérien pour pouvoir y étendre son urbanisation. Ceci a contraint les volontés des communes d’étendre leur urbanisation sur la plaine. Consciente de l’enjeu d’un tel espace en milieu urbain, l’Opération d’Intérêt National Seine Amont (OIN) qui comprend une partie de la plaine sur son territoire d’étude, crée un Etablissement Public d’Aménagement (EPA Orsa) qui rachète une grande partie du foncier afin de concerter et réfléchir l’aménagement urbain futur. Face à la difficulté des divergences de chaque commune et des pressions des riverains qui souhaitent conserver un espace ouvert et naturel, les trois communes décident de créer un syndicat intercommunal autour de la question du devenir de la plaine. L’enjeu est de constituer une structure de maîtrise d’ouvrage qui rende cohérente la réflexion programmatique au niveau des trois villes. Cette structure devient l’interlocuteur des sosiétés d’aménagement, comme l’EPA ORSA et à l’avenir des maîtres d’oeuvre. Crée en octobre, le
Syndicat Intercommunal de la plaine Montjean travaille actuellement à l’établissement d’un programme d’aménagement. Ces grandes emprises constituent donc un véritable territoire d’enjeux. Son ambition est de construire des réponses à trois questions essentielles à l’échelle locale, comme à celle de la métropole fancilienne. «Comment protéger et valoriser l’environnement? Comment améliorer l’offre de transport et la mobilité? Comment ne pas être un frein au développement économique répondant aux besoins de logements tout en préservant le cadre de vie?» (Extrait du cahier d’acteurs syndical de la plaine Montjean)
FRESNES, Val de Marne (94)
RUNGIS, Val de Marne (94)
WISSOUS, Essonne (91)
Comparaison de la surface de la plaine par rapport aux communes concernées
Des typologies urbaines hétérogènes Superficie : 3,58 km² (358 ha) Population : 25 575 hab. (recensement 2006) Densité : 7144 hab. / km² (environ 71 hab. / ha) Surface de la plaine sur la commune : 14,35 % (28 ha) Caractéristiques particulières : Fresnes appartient à la communauté d’agglomération du Val de Bièvre, réunissant 7 communes (Arcueil, Gentilly, Cachan, l’Haÿ les Roses, le Kremlin Bicêtre, Villejuif et Fresnes). Son étymologie proviendrait de l’arbre, le Frêne. Fresnes est connue pour sa prison. Superficie : 4,2 km² (420 ha) Population : 5644 hab. (recensement 2007) Densité : 1344 hab. / km² (environ 13 hab. / ha) Surface de la plaine sur la commune : 31,8 % (62 ha) Caractéristiques particulières : le MIN (Marché d’Intérêt National) en a fait sa réputation.
I
Superficie : 9,11 km² (911 ha) Population : 7668 hab. (recensement 2007) Densité : 561 hab. / km² (environ 8,5 hab. / ha) Surface de la plaine sur la commune : 53,85 % (105 ha) Caractéristiques particulières : Wissous appartient à la Communauté d’agglomération des Hauts de Bièvre qui regroupe 7 communes (Antony, Bourg la Reine, Chatenay Malabry, Le Plessis Robinson, Sceaux, Verrière-Le-Buisson et Wissous). Son étymologie proviendrait du latin ou du germanique «Uissous», signifiant «huit sources».
163
Bed Zed : Beddington Zero energy development Londres, Royaume-Uni Surface : 2 ha Logements : 82 Densité : 122 hab. / ha
Quartier Vauban, Fribourg, Allemagne
164
BedZed est un quartier à la densité relativement élevée sur une superficie réduite. Les 2 ha urbanisés représentent une surface infime à l’échelle de la plaine.
Surface : 38 ha Logements : 2000 Densité : 144 hab. / ha
Vauban est un quartier d’envergure et d’exception. Référence internationale des écoquartiers, Vauban allie densité urbaine, qualité paysagère et architecturale.
Surface : 70ha Logements : 3000 Densité : 125 hab. / ha
Kronsberg est un vaste éco quartier installé un ancien site industriel. Il se compose d’une grande mixité de logements : collectifs, individuels et 20 % de logements sociaux.
I
Kronsberg Hanovre, Allemagne
Comparaison des superficies d’éco quartiers de renom vis-à-vis de la plaine.
3.2.2 >> répondre aux objectifs du Grand Paris, préparer la ville de demain
Les attentes en termes de logements Les attentes du développement du Grand Paris et celle du SDRIF sur le territoire Seine amont s’orientent vers l’engagement d’opérations de remise à niveau en matière d’environnement, de transport collectif, de formation, de requalification et de développement de l’habitat. Face à la crise du logement, l’Îlede-France entend augmenter l’offre en logements à hauteur de 70000 logements par an dont une grande partie de logements sociaux. La région mène une politique de densification urbaine et de ré-harmonisation des déséquilibres sociaux. L’objectif est de privilégier les constructions sur les communes ayant moins de 20 % de logements sociaux dans les zones déjà agglomérées. Les projets de transports en commun notamment le projet Arc Express représentent des opportunités de construction près des gares et des pôles de communication. Les trois communes sont directement concernées par ces projets aux ambitions économiques et sociales. La plaine Montjean semble répondre aux critères de qualité d’espaces en termes de dessertes, d’espaces disponibles, de déséquilibre social et de
possibilité de valorisation d’un cadre environnemental de qualité. L’urbanisation de la plaine semble inévitable et doit être anticipée par une prise de conscience de la qualité de l’espace existant. Les communes limitrophes possèdent des profils et des caractéristiques différentes. L’urbanisation nécessaire de la plaine devra se faire en fonction des caractéristiques urbaines existantes.
I
Un des deux derniers grands champs d’exploitation agricole intensive de la plaine.
165
La plaine comprise dans une vision de la ville de demain Le schéma directeur de la région Île-de-France semble prendre conscience de la présence du potentiel d’un espace naturel au niveau de la plaine Montjean sans toutefois donner la priorité à la préservation de cet espace. L’urbanisation préconisée en frange de la ville est un risque de mitage encore plus prononcé pour l’agriculture et les paysages de la plaine.
Continuité agricole ou liaison verte à créer ou à renforcer Espaces verts à créer ou espace naturel à ouvrir au public
166
I
Secteur d’urbanisation préférentielle Secteur d’urbanisation conditionnelle
Source : extrait du SDRIF (Schéma Directeur de la Région Île-de-France)
Actuellement Fresnes compte 25,1 % de logements sociaux, Rungis 15,9 % et Wissous seulement 4,1 %. Au dela de la nécessité d’un important rattrapage pour Wissous, tous formalisent des besoins et la plaine peut constituer un potentiel pour répondre aux attentes et aux volontés des villes d’accroître leur offre en la matière. Cette politique s’inscrivant dans celle de la région qui souhaite accroître l’offre de logement en s’adossant aux pôles économiques et aux réseaux de transports vecteurs d’urbanisation.
Sources : http://phicarto.free.fr
Un contexte urbain à ouvrir
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500 m
1 Km
Prendre conscience de la qualité d’un tel espace passe par l’ouverture des limites, la création d’une épaisseur, d’un front paysager où ville et paysage se rencontrent.
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3.2.3 >> Trouver une nouvelle proximité à la plaine
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L’orientation de l’urbanisation et les axes de déplacement privilégiés le long de grands axes routiers mettent la plaine en marge des villes. Pourtant la plaine est réellement proche des villes et de leurs centres. Les infrastructures coupent physiquement les liens entre Fresnes, Wissous et la plaine. Les relations et les distances sont par conséquent plus longues et moins nombreuses. En revanche, Rungis possède une proximité directe avec les paysages ouverts. La plaine s’ouvre à moins de 300 m du centre ville pour les piétons ou les véhicules. C’est une opportunité qu’il convient de saisir pour envisager une future urbanisation. Rungis possède une position géographique beaucoup plus directe que les autres communes. L’urbanisation de la plaine Montjean devra favoriser la mixité des usages. En fonction des besoins il faut attirer et fixer des acteurs économiques, des habitants et implanter des services et des équipements.
Les paysages ouverts de la plaine ouverts sur la ville
Fresnes
810 m
1100 m
600 m
420 m
1450 m
450 m
RUNGIS 560 m 350 m
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680 m
420 m
750 m
wissous 0
500 m
1 Km
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Carte des déplacements et distances Entrées sur la plaine Limites infranchissables Accessibilité piétons Accessibilité véhicules Accroches éventuelles : routes prolongeables Culs de sac
Les grandes entrées de traversée de la plaine se font depuis Rungis ou Wissous. Les circulations douces sont aussi directement accessibles depuis Rungis.
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Zone urbaine de proximité directe avec la plaine
500 m
1 Km
Le front urbain de Rungis, ligne de contact hétérogène, est une opportunité pour développer une épaisseur entre la nature et la ville.
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3.3 - vers une interpénétration ville / paysage 3.3.1 >> reconsidérer les limites des trois villes
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Retrouver une proximité directe à la plaine Créer une frange ville / plaine Désenclaver les quartiers urbanisés
500 m
1 Km
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La plaine à la rencontre de trois entités urbaines distinctes. C’est cet écrin de paysage qui fédère les enjeux d’extension des trois communes. La plaine possède l’enjeu fort de révéler l’identité commune des trois villes. Ce territoire d’enjeux est à la croisée de confluences multiples : géographique, urbaine, paysagère et identitaire. Reconsidérer ces limites communales comme un nouveau lien pour les trois communes est essentiel afin de révéler un potentiel d’urbanisation fort en harmonie avec des qualités paysagères uniques, et qui facilite les jonctions vers les centres villes. 172
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3.3.2 >> retourner la ville sur la plaine
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Zone urbaine de proximitÊ directe avec la plaine S’appuyer sur le tissu urbain existant
500 m
1 Km
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Retourner la ville sur la plaine, c’est reconsidérer les lignes de contact ville / nature. Repenser ces limites intérieures qui sont des barrières visuelles et physiques. Penser l’épaisseur des franges non comme une ligne de contact mais comme une épaisseur. Un espace d’interpénétration, de mixité d’échanges et d’usages. Un espace poreux où la ville et la nature cohabitent sans interrompre leurs tissus et leurs échanges. Une épaisseur de continuité et de diversité. Cette épaisseur et cette perméabilité à travailler peuvent s’appuyer sur le prolongement d’une trame viaire existante 174
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La ville et la plaine se rencontrent le long d’une ligne de contact nette
Donner de l’épaisseur à cette frange permet une appréhension des limites
Nécessaire à la création d’une mixité des circulations, usages, des continuités ville / paysage
3.3.3 >> habiter la plaine haute : une couture urbaine en balcon sur les paysages du vallon
rungis comme centre de gravité de la nouvelle urbanisation
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0 Zones urbaines en balcon sur les paysages du vallon et pôles d’activité à créer Créer des accroches avec la ville existante notamment en tirant le réseau viaire Rungis, centre de gravité du nouveau quartier et lien direct avec les paysages
500 m
1 Km
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La proximité évidente de Rungis et son centre ville font de cette commune la plus propice à assumer une extension urbaine cohérente et harmonieuse. Instaurer un quartier sur la plaine haute permet de raccorder la ville à une trame viaire existante et de ne pas générer de coupures urbaines. Prolonger la ville tout en assurant une capacité de densité et créer un espace paysager en cohérence avec les qualités démontrées est un enjeu fort pour l’avenir de la plaine. Révéler l’identité du futur quartier grâce au potentiel paysager qui en est l’armature : Rungis et son nouveau quartier en balcon sur les paysages du vallon et du plateau d’Orly.
Mieux investir les franges de la plaine pour s’approprier les paysages
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0 Un quartier en balcon sur les paysages de la plaine Diversifier les activités urbaines et les pôles d’attraction Créer une proximité ville / paysages afin d’ «habiter la plaine»
500 m
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Epilogue
>> habiter la plaine et ses paysages La plaine Montjean s’inscrit comme un nouveau paysage habité, une ‘ville-parc’ scandé de nombreuses ambiances et milieux paysagers. Traverser la plaine c’est aller à la découverte de cette richesse de paysages. Ces images de principes guident le promeneur dans son ‘quartier-paysage’ ...
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Sortir de la ville et emprunter les chemins menant à la gare, se tourner vers la vallée de la Bièvre et les coteaux de Vélizy, faire face au plateau d’Orly ...
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... Traverser l’Ormeteau, parcourir et découvrir un parc arboricole cultivé. Au loin le coteau du Bois de Montjean se dessine et annonce la commune de Wissous ...
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... Longer le cours de l’eau, descendre doucement par le Ru de Rungis et sa ripisylve vers Fresnes et le parc d’activités ...
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... Privilégier des instants de confrontation au spectacle urbain incessant. Regarder les avions décoller, suivre les trains longer le vallon et disparaître dans le coteau, observer le canal autoroutier écouler ses flux incessants d’automobiles. Vivre la plaine.
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Conclusion
Mon intérêt et mon implication ont été grandissants au fur et à mesure de la découverte du territoire complexe et riche de la plaine de Montjean. Le devenir de la plaine a longtemps été indécis. Après avoir reconnu le poids environnemental et politique d’un tel patrimoine foncier, les communes ont finalement décidé de trouver une solution concertée pour cette limite commune, pour ce territoire partagé. Ces paysages de confluences sont aujourd’hui au coeur d’enjeux urbains et environnementaux d’importance. Si l’objectif principal est d’urbaniser, mon regard de paysagiste me conduit à considérer qu’il est nécessaire de penser la ville par le paysage afin de ne pas restreindre la plaine à une «enclave verte».
« Voir la ville autour de soi, la voir de loin, embrasser l’espace physique, c’est quelque chose d’essentiel pour se l’approprier. (…) C’est cette grandeur du territoire appréhendée à un endroit donné qui peut donner, avec un certain plaisir et sans étouffer, le sentiment du collectif. » Christian de Portzamparc
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La plaine doit se révéler et devenir un lieu que les habitants des trois communes peuvent s’approprier. Ces paysages entre plateau et vallée doivent être révélés comme un espace de nature identitaire aux portes de la capitale. Considérer la plaine Montjean seulement comme un nouvel écoquartier ou comme un espace paysager privilégié, irait à l’encontre de sa nature même de paysage de convergences et de liens. La plaine et ses paysages rares, ouverts à la fois sur le plateau et la vallée sont donc voués à évoluer vers un espace urbain nouveau. Le projet de paysage s’accordera à révéler cette identité commune comme une lisière urbaine, une frontière partagée, un espace de nature affirmée au coeur d’une effervescence urbaine complexe. Il est nécessaire d’affirmer le caractère de cet espace ouvert par le paysage pour permettre la projection urbaine future. Il faut s’appuyer sur une «boîte à outils» du paysagiste (comme les vues, les qualités intrinsèques du paysage, les ambiances, l’attractivité du végétal...) pour accompagner la transformation de la plaine, lui offrir de nouveaux usages et fonctions et garantir le nouveau visage durable de ce territoire.
Bibliographie >> Ouvrages - François Maspero, Les passagers du Roissy-Express, Editions Points. - Gilles Clément, Manifeste du Tiers paysage, Ed. Sujet/objet, 2004. - Pierre Donadieu, Campagnes urbaines, Ed. Actes Sud/ENSP, 1998. - P. Alphandéry, P. Bitoun, Y. Dupont, Ruralités, les campagnes entre terroirs et mondialisations, Problèmes politiques et sociaux, dossiers d’actualité mondiale, n° 842, La documentation française. - Toponymie Rungissoise, Société historique et archéologique de Rungis, Bulletins n° 9 & 10, 1994-1995. - Rungis jadis..., Société historique et archéologique de Rungis, 1993. - Philippe Laporte, L’aqueduc Médicis, O.C.R.A, 1998. - Xavier Lambours, Le Rungis de Lambours, Bottin Gourmand. - Augustin Berque, Michel Conan, Pierre Donadieu, Bernard Lassus, Alain Roger, Mouvance, cinquante mots pour le paysage, Editions de la Villette. - Alain Guiheux, La ville qui fait signe, Le Moniteur. - Charles Pomerol, Découverte géologique de Paris et de l’Ile-de-France, coll. Jean Ricour. - Jean-Luc France Barbou, La difficile génèse de l’autoroute du sud (1934-1964), Presses des Ponts. - J-R Trochet, J-J Péru, J-M Roy, Jardinages en région parisienne XVIIe – XXe siècle, Editions CREAPHIS. - Agnès Bataillon, Gwenaëlle Ruellan, Patrick Urbain et Catherine Virassamy, Jardins en banlieue, CAUE du Val de Marne, Edition CREAPHIS. - Agriculture et paysages, témoignages et points de vue des CAUE, CAUE-Fédération Nationale, Edition Educagri. - Pierre Lefèvre, Michel Sabard, Les écoquartiers, Edition Apogée. - David MANGIN, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, Ed. de la Villette, 2004. - Philippe Bovet, Écoquartiers en Europe, Terre vivante. - Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, L’urbanisme durable, concevoir un écoquartier, Editions Le Moniteur. - Ariella MASBOUNGI, Breda Faire la ville durable, Editions Le Moniteur. - Richard Rogers, Philippe Gumuchdjian, Des villes pour une petite planète, Editions Le Moniteur. - Ariella Masboungi, David Mangin, Agir sur les grands territoires, Editions Le Moniteur. - Densités, Les Cahiers de l’Ecole de Blois 7, mars 2009, Editions de La Villette. - L’enjeu Capital(es), Les métropoles de la grande échelle, Centre Pompidou. - Ignace Grifo, La ville en projet, Urban & Archi, Editions PC. - Intervalle Florence Mercier, ICI Interface, Green vision. - Pierre Alain Trévelo et Antoine Viger-Kohler, No Limit, TVK, étude prospective de l’insertion urbaine du périphérique de Paris, Mairie de Paris. - Espaces publics contemporains, comment les concevoir, les gérer et les rendre attractifs, printemps 2010.
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>> Sites internet - http://www.infoterre.tm.fr - http://basias.brgm.fr - http://www.debatpublic-reseau-grandparis.org/informer/base-connaissance-popup.html?rub=220 - http://www.stif.info/ - http://www.arcexpress.fr/spip.php?article35 - http://grandparis.blogs.liberation.fr/vincendon/2011/01/transports-grand-paris-avant-lissue-on-parle-dargent.html - http://www.mon-grandparis.fr/le-regard-des-architectes - http://www.legrandparis.culture.gouv.fr/ - http://www.aev-iledefrance.fr/ - http://www.iaurif.org/ - http://www.agirautrementpour-rungis.fr/21.html - http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/et-demain-la-bievre-renaitra-26-07-2010-1012495.php - http://www.scribd.com/doc/11206312/Projet-Environnement-Amenagement-de-La-Vallee-de-La-Bievre - http://www.epa-orsa.fr/ - http://www.silic.fr/
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I >> Rapports & Revues - Comment traiter les fronts urbains ?, Les Carnets pratiques de l’IAU (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme) - L’eau urbaine, Ateliers de création urbaine Ile-de-France 2030, Edition Carré. - Si l’Ile-de-France 2030 m’était contée, Futurs possibles, Services de la Région Ile-de-France. - 2010 Chiffres-clés de la région Ile-de-France, IAU (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme), INSEE Ile-deFrance, CRCI Paris-IIe-de-France. - Le bassin parisien, une méga-région ?, n° 153, février 2010, les Cahiers de l’IAU. - Traits urbains, octobre-novembre 2010 n° 42. - Revue Urbanisme dossier : Urbain/rural, septembre-octobre 2004, n° 338. - Diagonal dossier : les espaces publics de la ville durable, décembre 2010, n° 182. - Dossier : 4e assise de la vallée Scientifique de la Bièvre, Schéma de référence pour l’aménagement et le développement de la vallée Scientifique de la Bièvre, Fontenay-aux-Roses, 17 juin 2010. - Le moniteur des travaux publics et du bâtiment, numéro spécial avril 2004 ; Aménagements 2004 UrbanismePaysage-Territoires. - Diagonal, Espaces naturels : à consommer avec modération, juin 2010, n° 181. - Cahiers d’acteurs. Syndicat de la plaine Montjean. - Schéma directeur de la région Ile-de-France.
>> REmerciements Un semestre après ma découverte de la plaine Montjean, une première étape se termine avec ce mémoire de diplôme. Ces longs mois de recherche, d’implication et de travail ont été enrichis par les rencontres et les soutiens. Je tiens à remercier particulièrement ceux qui m’ont apporté leur aide, leurs conseils et leur savoir dans la réalisation de ce travail de fin d’étude.
Mes professeurs encadrants pour leurs conseils précieux :
Jean-Marc Gaulier Jean-Christophe Bailly
Les personnes investies dans le devenir de la plaine Montjean et qui m’ont aidé dans mes recherches :
Anne Gaillard, Paysagiste au CAUE du Val-de-Marne, grâce à qui j’ai découvert la plaine de Montjean Mireille Ferri, Directrice du syndicat intercommunal pour la valorisation de la plaine Montjean Jean-Jacques Bridey, Maire de Fresnes Hervé Cardinal, hydrologue chargé d’étude au SIAVB (Syndicat Intercommunal d’Assainissement de la Vallée de la Bièvre) M. Legay, agriculteur de la plaine Montjean Les membres de la bibliothèque municipale de Rungis Jean-Marc Stephan, DRIAAF Cécile Vendrot, Chargée de mission politique territoriale DADT, Seine-et-Marne, qui m’a aidé dans ma recherche de site d’étude
Et je tiens également à remercier mes proches :
Mes parents, pour leur attention et leur soutien infaillible durant ces cinq années d’étude. Margot qui m’a toujours épaulé et supporté. Merci pour ta patience. Ma famille et mes amis qui m’ont toujours entouré.
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La plaine Montjean se décline comme une scène de spectacle d’où du haut des gradins on découvre la ville en mouvement. On voit les avions décoller du plateau d’Orly, l’autoroute écouler ses flots de véhicules, les trains longer le vallon, les coteaux de Vélizy s’effacer au loin… Paradoxe d’un espace ouvert en milieu urbain, la plaine Montjean concentre une immense richesse de paysages épargnés au cœur d’une activité économique forte, de flux incessants et d’une extension urbaine massive et rapide des communes limitrophes. Les cultures agricoles intensives, les pépinières, le ruisseau de Rungis et ses remblais, le bois de Montjean… autant de paysages valorisants menacés par la pression foncière importante aux portes de la capitale. Ce territoire d’enjeux est une formidable opportunité de concevoir la ville de demain. Quelles évolutions pour ces paysages ? Sous quelles formes et de quelle manière le paysage peut dessiner la ville de demain ? Comment concilier évolution urbaine et conservation d’un espace ouvert de qualité ? Autant d’enjeux qui se sont révélés durant cette étape d’analyse paysagère de la plaine Montjean et dont le mémoire résume les principales problématiques.
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LA PLAINE MONTJEAN,
quand le paysage dessine la ville
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L école nationale supérieure de la nature et du paysage
Léonard CATTONI 1, rue Pierre Jean de Béranger 93100 Montreuil cattoni.leonard@gmail.com