Biopolitique °
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Dans son essai Surveiller et punir (1975), Michel Foucault étudie l’évolution des représentations de la gestion des épidémies. À partir du XVII e siècle, les épidémies sont prises en charge par une mise sous surveillance de la population : confinements, recensements, quarantaines. Michel Foucault invente le mot « biopolitique » pour décrire cette forme d’exercice du pouvoir sur la vie et les corps. Une discipline des corps que l’on retrouve dans l’œuvre de Nile Koetting, Remain Calm [Restez Calmes], qui interroge les normes de sécurité pour faire face aux menaces invisibles, mais aussi dans l’œuvre de Florence Jung : en faisant habiter dans le Palais de Tokyo une personne qui déclare « aller bien », elle interroge l’injonction au bien-être des sociétés capitalistes.
Foyer ° Le foyer est un lieu de rassemblement ou de concentration où l’on allume un feu pour se réconforter et partager des histoires. Chez Koki Tanaka, le foyer est un espace de sécurité, où la parole intime se libère, et qui permet de faire d’un groupe une famille. Chez Emily Jones, il est un refuge, accueillant les voix de celles et ceux qui ont besoin de s’exprimer. Le foyer concentre également les tensions et les troubles. C’est là que brûle le combustible et que peut exploser la colère. Chez Tala Madani comme chez Jackie Wang, le foyer prend une forme liquide : l’utérus ou l’océan. Mais c’est aussi ici le foyer infectieux, celui que l’on cherche à contrôler pour stopper la propagation d’une maladie. Il peut prendre la forme d’un groupe de cellules dans un corps ou d’un groupe d’individus grouillant dans une habitation, une ville ou un pays.