Numéro 5 - Septembre 2013
Le Petit Pâté Illustré
Matin Plaisir 1
Il était un temps -que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, et où ce bon vieux George jouait le pilote de ligne dans un spot pour du jus d’orange et expliquait sa vocation par le fait qu’il pouvait ainsi aller toujours plus à l’est, pour prendre son petit-déjeuner.
Certes, les publicités sont parfois, et même souvent, mensongères, et il n’est d’ailleurs pas sûr qu’aller vers l’est soit la bonne solution pour prendre plusieurs petits-déjeuners dans la même journée. Quoiqu’il en soit, un jour -un matin d’ailleurs, Maria me confia le même secret.
Une des choses qui lui plaisait le plus, dans son métier d’hôtesse, était le petit-déjeuner équipage. Et moi, qui regrettais, que durant ma jeunesse, mes parents ne nous emmènent pas plus souvent à l’hôtel, mon frère et moi, tellement les moulins à céréales qui distribuaient deux voire trois types de pétales de maïs me faisaient rêver, je ne pouvais que la comprendre.
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Le petit-déjeuner équipage, c’était la même chose, mais en mieux, la version complète pour adultes, en somme. Des nappes blanches éclatantes, de la porcelaine douce à foison, et bien sûr, des jus de toutes les couleurs, des fruits mystérieux, des pâtisseries exotiques, et des corbeilles de croissants.
Sans compter qu’à cette débauche de couleurs et de saveurs, il y avait le piment de l’équipage, précisément. Voir naviguer le personnel entre les tables du restaurant, les yeux encore emplis de nuages, sans fard, ou presque, était délectable. Repérer qui arrivait avec qui. Ou qui n’arrivait pas. Ecouter les rumeurs, et participer à leur création.
Il paraît que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Je ne sais pas si c’est vrai, mais indéniablement, l’écriture de l’Histoire revient à ceux s’y attablent les premiers. Et lorsque je compris cela, siroter mon lait, derrière ma boîte de céréales, d’où je pouvais épier mes semblables, devint encore plus savoureux.
Texte
Pauline Souris de M adouchka
de
I llustrations
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Sommaire Nouvelle illustrée : La rentrée de la jupe Texte de Mélissa Illustrations de Jane dans la Jungle
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6-11
Nouvelle illustrée : Le petit-déjeuner des champions Texte de Hugo d’Arbois de Jubainville Illustrations de Line Hachem
12-19
Nouvelle illustrée : L’Esthète Texte de Lou Feinterime Illustrations d’Elléa Bird
20-23
Poème illustré : POÈMES Texte de Mélanie Verdino Illustrations inspirées de Pauline Souris
24-25
Nouvelle illustrée : La Lettre des Trois Regrets Texte de Franck Conroy Illustration de Mireben
26-33
Bande-Dessinée Narrée Illustration d’Adrien Brégeot Texte d’Zacharie Boubli
34-35
nouvelle illustrée : Matin Plaisir Texte de Melo mapo Illustrations de Léa Murawiec
36-41
Nouvelle illustrée : sillage Texte de Willem Hardouin Illustration d’Adrien Brégeot
42-47
Nouvelle illustrée : IL ÉTAIT TEMPS ! Texte de Yelena Faro Illustrations de wilfryed
48-53
Présentation des artistes
54-61
Participer
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Prochain numéro
63
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La rentrĂŠe de la jupe
Texte de MĂŠlissa Illustrations de Jane dans la Jungle
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Devant la glace, je déboutonne puis reboutonne nerveusement les deux boutons de mon col. Il fait chaud, pour un jour de rentrée, mais lorsque mon chemisier est déboutonné, ma poitrine en profite pour ressortir. Je n’arrive pas à me décider si je dois arriver avec l’air de sortir de la piscine, ou bien d’une pub pour prothèses mammaires. La tête de Ben apparaît dans le reflet, et je vois ses yeux scruter ma tenue. « Si j’étais toi, je porterais quelque chose de plus adapté. - Adapté à quoi ? dis-je en reboutonnant mon chemisier, cette tenue est tout à fait sérieuse. » Il s’approche de moi en remontant son pyjama, et pose une main encore marquée par les plis de l’oreiller sur mon épaule. « Tu vas bien rentrer à ton premier cours de l’année, qui comme tu me l’as dit hier, est sur le genre et la société, non ?
- Oui, et alors ? Je veux faire bonne impression ! - Mais tu fais une erreur tactique, voyons ! La moitié des personnes dans ton amphi vont être totalement férus du genre, des questions de féminité, de contrainte sociale, et j’en passe ! Et toi, tu te présentes comme à un entretien d’embauche ! Si tu avais mis une robe, on t’aurait trouvée trop féminine bien sûr, et on aurait parié sur ta sensibilité, j’approuve donc ce non-choix. Avec ton pantalon, on n’aurait peut-être rien dit, après tout, un jean pour femmes, c’est normal ! Mais là, ton chemisier prouve que tu es une nonne, ou que tu sors d’un bordel. Honnêtement, si j’étais toi, j’irais nue. - Mais, j’ai choisi ces habits parce qu’ils me plaisent, pas parce que je veux passer pour… une femme normale ! je m’exclame, indignée.
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- Que tu dis ! rétorque-t-il avec un sourire. Tu crois que tu choisis ça, mais encore une fois, c’est une erreur ! Ta mémoire t’a déjà conditionnée à vouloir être féminine, et ne pas te faire trop remarquer, sinon, tu serais déviante. Et si tu ne fais qu’exprimer ton idée de libre-choix avec tes futurs camarades, je sens que le débat tournera en ta défaveur… » Agacée, je jette mon chemisier par terre et enfile une tunique, à peine décolletée. Ben regarde mon petit manège l’air sournois, et je finis par éclater. « Ça commence à bien faire tes histoires, tu vas aussi me faire la morale sur le maquillage ? Oui, je vais mettre un peu de vert, là, au-dessus des yeux, parce que ça les fait ressortir, et que mon visage est plus joli. Et puis quoi encore ? Cela voudra dire que je perds mon temps dans les choses futiles ? - Cela voudra juste dire que tu cherches à séduire… ou que tu 8
es mal dans ta peau. Tu ne te sens pas jolie ? reprend-il en se rapprochant de moi. » Je soupire et m’éloigne de lui, attrapant au passage mes sandales. Je savais que je n’aurais pas dû lui parler de ce cours, Ben est tellement… Je ne sais même pas comment le définir. Intellectuel et sociologue, déviant mais tout à fait normal, et puis, en même temps, un brin machiste. Depuis qu’il s’est engagé dans quelques cercles d’intellectuels avant-gardistes qui refusent l’étiquette de féministes, il me rabâche à longueur de journée sur sa science. En attrapant ma tranche de rillettes, je repasse dans ma tête les vêtements que j’aurais pu porter, la coiffure que j’aurais pu faire, et finalement, j’en conclus que cela n’a pas d’importance. Peu importe ce que je porte, mes idées sont dans ma tête, et elle n’a pas encore été touchée par la mode. Un peu plus détendue, je peux tremper ma tartine dans mon Earl Grey, bien sucré, tandis que Ben fait couler l’eau de la douche.
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« Dis, Al, si ça t’ennuie tant que ça, tu peux louper ton cours et rester avec moi… La première journée, de toute façon, c’est qu’une introduction, et je peux toujours te la faire ! - Louper ma première journée ? Je veux quand même être diplômée à la fin de l’année ! Si je commence comme ça, c’est la porte ouverte à toutes les catastrophes ! » Je rejoins Ben dans la salle de bain, mon sac en bandoulière rempli de feuilles vierges, et me brosse les dents en vitesse. Ben en profite pour m’asperger d’eau froide et je lève les yeux au ciel. « Allez, dit-il d’un ton enjôleur, tu as le temps de te rafraîchir un peu, par cette chaleur in-sou-te-nable ! Rejoins-moi et tu pourras arriver à l’heure pour ton cours d’après ! » Je fais mine de m’en aller et me prend un autre jet d’eau, qui sera sûrement sec dès que j’aurais mis les pieds dehors. C’est vrai que cette journée va être épuisante avec un temps pareil, j’aurais presque préféré être en train de cauchemarder et me réveiller avec une bonne averse parisienne. Enfin, je vais être en retard et il faut que je quitte l’appartement au plus vite. Je jette un dernier coup d’œil à mon reflet dans le miroir, tandis que Ben essaye de m’attirer à lui avec des tentatives de séduction. En passant la porte, je lui lance en guise d’au revoir : « Pour quelqu’un qui se plaint des normes à longueur de journée, tu t’arranges pas mal de celles sur la pratique masculine de la sexualité…
Je te laisse toute la mâtinée pour y méditer ! » 11
Le petit-dÊjeuner des champions Texte de H ugo d ’A rbois
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de
J ubainville - Illustrations de L ine H achem
Quand j’ouvre les yeux, je suis en déjà en nage. Je m’extirpe tant bien que mal du sac de couchage — la chaleur et la transpiration l’ont transformé en un cocon moite et gluant. Après une longue minute passée à tâtonner dans l’imbroglio de vêtements sales et de conserves, je trouve enfin ma montre. « Pute borgne, je marmonne. Neuf heures et on crève de chaud dans cette tente… » J’enlève mon pyjama — il est trempé et colle à ma peau — , le fourre-tout au fond du sac de couchage, dans cette intimité de fortune, à l’abri des regards. Personne ne doit savoir que je dors en pyjama, et encore moins que celui-ci est brodés de petits oursons. Oursons qui portent eux-mêmes des pyjamas et des bonnets de nuit. J’enfile un caleçon propre et des chaussettes encore intactes — c’est mon seul luxe quotidien —, un vieux short élimé et des baskets couvertes de boue séchée, qui forme une gangue craquelée. J’imagine déjà la horde de mes semblables aux souliers crottés, relâchant des tourbillons de poussière à chacun de leurs pas. « Vous qui entrez ici, je songe en sortant, perdez tout espoir de propreté. » Dehors, la température est plus supportable, presque fraîche. Le campement est encore calme, les seuls signes de vie se résumant à quelques ronflements. Rien à voir avec l’agitation d’hier soir. Il n’en reste d’ailleurs que les vestiges : cadavres de bouteilles, canettes écrasées, totems de fûts, plastiques et cartons d’emballage, conserves éventrées, et partout des mégots, de toutes les formes et de toutes les couleurs, comme autant d’insectes desséchés. Je profite de cet instant de répit, me félicitant de n’avoir pas — trop — bu hier soir. Je m’étire, gratte mon torse velu où la sueur s’est transformée en une fine pellicule musquée. Et je pars en quête d’un arbre.
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L’orée des bois. C’est ici que je m’arrête, à l’instar d’autres gars qui soulagent leurs besoins pressants. D’autres, plus courageux, et aussi quelques filles parce qu’elles n’ont simplement pas le choix, s’enfoncent entre les arbres. Avec, pour seul arme, un rouleau de papier toilette. Quelques jours plus tôt, je me suis promené dans ces bois avec Zephyrinus. On a longuement marché, au mépris du silence sylvestre, dans ce petit nulle part, jusqu’à ce que l’on découvre un vieux pont enjambant un ruisseau. Le genre de ruisseau qui n’existe que dans les contes de fées, et pourtant il était bien là, tranquille et glougloutant. On s’est assis là, le temps de partager quelques bouffées philosophales. Mais c’était avant. Avant que la foule n’arrive. Aujourd’hui, la forêt est un champ de ruines, de mines : roses, blanches, triple épaisseur, parfois décorées de fleurs et de petits animaux. S’aventurer là-bas est devenu un parcours du combattant, une véritable épreuve pour les sinus et le sens de l’équilibre. Et je n’ose pas imaginer ce qu’il est advenu du ruisseau. J’urine la tête rejetée en arrière, les yeux fermés, mes cinq sens sublimés par ce petit plaisir matinal. Ici, l’air est encore respirable, supportable, et même enivrant — ça sent l’humus, la résine, l’origan. Puis je retourne au campement, loin de la forêt et de ses indésirables mystères. Entretemps, Zephyrinus s’est levé. Vêtu d’un maillot de bain à fleurs et d’une paire de tatanes, une cigarette à la commissure des lèvres, il se gratte allègrement l’entrejambe. Son regard alerte se perd dans les rangées de tentes — c’est un conquérant, il sonde ce nouveau monde immense, aux merveilles insoupçonnées dont il regorge. 14
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On se salue en silence — les mots ne servent à rien, ils auraient sans doute gâché l’aura quasi-magique dans laquelle baigne le campement. Je marche vers la plus grosse tente, où Arnaldur et Hermolaos ronflent bruyamment. J’ouvre la fermeture-éclair sans un bruit, furette quelques instants sous les pieds nus et odorants, saisis deux bouteilles et m’éclipse. J’en envoie une à Zephyrinus, qui l’attrape au vol. Et je vide la mienne, comme ça, d’un trait — elle est chaude, brûlante, mais encore délicieuse —, avant de la jeter au milieu des autres cadavres. « Ouaip, déclare Zephyrinus. C’est le petit-déjeuner des champions. » J’approuve vivement. Dans ces moments-là, rien, absolument rien ne vaut la bière. Les viennoiseries perdent toute leur saveur face à l’orge et au houblon. Et pourquoi s’entêter à boire du jus d’orange, comme tout un chacun, quand on peut agrémenter sa pinte d’une rasade de Picon ?
Je m’apprête à prendre d’autres bouteilles lorsque Arnaldur et Hermolaos sortent de leur tente, baillant comme des grangousiers sortis des abysses. Pour l’occasion, le géant blond s’est coiffé de son fidèle chapeau en cuir. Il porte d’épaisses lunettes noires qui, surmontées par ses sourcils touffus, lui donnent un air de guerrier d’après l’apocalypse.
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« Alors, jeunes freluquets ! rugit-il. C’est quoi le programme aujourd’hui ? — Ben, je dis, il y a Ultra Mothertrucker Decapitation sur la main stage, dans une heure. — Suivi de Nekro Kannibal Karnage 666, renchérit Zephyrinus. — Ouais ! tonne Arnaldur en frappant sa bedaine à deux mains. Ouais, c’est un bon programme. »
Il va ensuite secouer les autres tentes, d’où jaillissent quelques insultes et autres grognements d’exaspération. Jormulgar, qui n’a pratiquement pas dormi de la nuit, est particulièrement volubile. « Allez, bandes de limaces, réveillez-vous ! La Fête de l’Enfer n’attend pas ! » Et il prend une bouteille de bière.
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En route vers les scènes endormies, on passe plusieurs fois devant des gogues nauséabonds. La foule attend, trépigne, constipée, grimaçante. « Hé bé, leur lance Jormulgar à la voix cassée mais en pleine forme, on va pas dans les bois ? On a peur du grand méchant loup ? » On reprend la pique à l’unisson, et la foule nous offre en retour quelques regards noirs et de nombreux majeurs dressés. Je ris de bon cœur, moi qui dors pourtant en pyjama et n’ose pas pénétrer ni dans les bois souillés, ni dans les gogues dont les relents retournent les tripes. « The pee river ! gueule Arnaldur. The pee river ! Nouveaux regards, nouveaux majeurs, mais aussi quelques rires, par-ci, par-là. « La rivière de pisse ? demande Zephyrinus en se penchant vers moi. — Ouais, je lui réponds, ouais, parfaitement. La rivière de pisse. On était en Allemagne, et il y avait une petite tranchée qui traversait une partie du campement. A la fin du week-end, elle débordait, et je peux te dire qu’il n’avait pas tellement plu du week-end. » Zephyrinus éclate de rire. « The pee river ! scande-t-il joyeusement. The pee river ! » On finit par se hâter, car les haut-parleurs au loin résonnent déjà. La Fête de l’Enfer n’attend pas. Et puis, quand même, Ultra Mothertrucker Decapitation, quoi !
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L’Esthète Texte de Lou Feinterime
Illustrations d’Elléa Bird
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Les gens normaux ont tous ce qu'ils appellent un passe-temps, un « hobby », un péché-mignon, un petit plaisir. Ils se promènent, épient leurs voisins, font du vélo ou apprennent la guitare. Ces passe-temps, comme leur nom l'indique, sont là pour combler le vide de l'ennui et les empêcher de trop penser. Ils ont peur de la pensée, et ils ont raison, car ils ne la contrôlent pas, et à trop penser dans le vide on perd la notion de la réalité et on s'enlise comme dans des sables mouvants.
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Mais il existe aussi des gens qui n'en n'ont pas, parce que de toute façon ils ne savent plus penser, comme Pierre. Pierre n'a pas peur du vide. Il est vide. Il s'est laissé vider de sa substance par la répétition d'une même journée, durant toute sa vie. Pierre a un petit travail dans l'administration. Il se lève le matin, met le même costume depuis tant d'années, qui tombe comme un survêtement et qui fut noir un jour, descend prendre un café dans le bar en bas de son immeuble où tous les matins les mêmes personnes boivent le même café à la même table, puis il prend le bus jusqu'à son travail et il trie des papiers, toujours dans les mêmes bacs, jusqu'au soir, ensuite il rentre avec le même bus et mange un plat tout prêt qu'il a acheté le dimanche précédent. Ce cycle court et régulier a peu à peu annihilé sa capacité à penser, mais aussi à ressentir, à éprouver quoi que ce soit. De jour en jour, sans vraiment s'en rendre compte, il a oublié ce que veut dire « être humain ». Maintenant il est gris et vide, presque déjà mort, car la vie ce n'est pas seulement maintenir son corps en état de marche ; la vie c'est aussi entretenir son âme.
Ce soir-là quand Pierre passe dans le hall de l'immeuble, un jeune homme est là, debout et immobile dans un coin, et ses yeux suivent Pierre quand il passe, mais celui-ci ne le voit pas. Ce jeune homme s'appelle Louis, il vit quelques étages plus haut. Il existe une troisième catégorie ; ce sont les passionnés. Ceux-là aiment, vivent, ressentent. Ils sont pleins de couleurs vives car ils amplifient tout, les ressentis, les émotions, les impressions et les sentiments. Tout cela est plus intense pour eux, et nourrit leur intérieur. Cette passion peut les grandir autant que les détruire ; mais eux au moins, ils vivent. Louis est de ceux-là. Louis aime être dans les lieux publics, les cafés et les transports en commun. On ne le remarque pas. Il est là, quelque part, et il regarde. Il ouvre grand les yeux car il veut tout voir et tout saisir, même ce qui ne se voit pas. Mais il ne se contente pas d'observation passive, car sinon il appartiendrait à la catégorie des gens normaux. Louis cherche la beauté, car il sait qu'elle est partout. Il cherche la beauté dans ce qu'il voit comme d'autres cherchent la richesse dans les rivières. Il cueille des mots, des voix, des expressions, des couleurs, des mouvements, des bruits, des ambiances, des parfums, des images, toutes sortes de choses. Il les met dans sa tête et les ajoute à sa collection, comme un chasseur de papillons.
Louis traverse la vie et récolte la beauté car il a le pouvoir de la trouver dans ce que les autres ne voient même pas. En vérité, c'est un poète car seuls le Poète et l'Enfant savent s'émerveiller, et il faut savoir s'émerveiller pour trouver la beauté, pour voir que chaque lieu à chaque moment est unique et beau. Louis se lève et voit la beauté dans les rayons de lumière pâle qui traversent ses volets. Il entend la beauté dans les cris du voisinage qu'il ne comprend pas, il la surprend même dans les reflets de l'assiette sale laissée sur le rebord de l'évier, dans la forme d'une tâche sur le vieux papier peint, dans le vrombissement sourd du frigo, dans une porte de placard qui bâille, dans une chemise froissée échouée sur le dossier d'une chaise, dans les quelques miettes sur la table qu'il n'a pas essuyée, dans la pénombre poussiéreuse de sa cuisine et dans le silence lourd du matin. Et il s'émerveille. 23
Ondoiement des courbes FrĂŠmissement d'un souffle Matin plaisir.
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Texte de mĂŠlanie Verdino Illustrations inspirĂŠes de Pauline Souris
Le soleil, le vent, la mer Ce doux appel, cette caresse Eveil des sens
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La lettre des trois regrets Texte de Franck Conroy Illustration de Mireben
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Au matin de son exécution, le suicide de Mario Mariano s’était déroulé avec succès. Le cartel mexicain qui l’employait lui avait gracieusement procuré une pilule de cyanure, en récompense de ses bons et loyaux services de tueur à gage de second ordre. Mario Mariano avait été condamné à mort dans l’Etat d’Oklahoma pour une série d’assassinats de repentis et d’immigrés endettés auprès des gangs et qui n’avaient pas fui assez loin. Ce matin-là, deux gardes devaient lui faire traverser le couloir de la mort. Au lieu de cela, ils retrouvèrent sa bouche écumant contre le sol de sa cellule et le service de son dernier repas. Deux tasses, deux coupes ; un éclair d’horreur frappa le garde qui avait fait parvenir ses volontés. Talonné par son collègue, il fonça lire la lettre où reposaient désormais ses dernières paroles.
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« Mercredi, les derniers jours, mars 2013 Messieurs les gardiens de prison, L’heure de ma mort m’a été annoncée. L’injection létale doit m’être prodiguée à 10:52 AM, dans deux jours à compter de la date de cette lettre. L’aiguille est ponctuelle comme un train sur les rails duquel on m’aurait attaché, et c’est une équipe médicale qui s’en chargera. Sortir de ce monde comme on y est entré, entre les gants en caoutchouc d’une aide soignante, c’est trop théâtral pour moi. Je n’étais au fond qu’un maître d’école avec de bons restes du service militaire et un certain goût pour l’argent. Ma mort est méritée, sans doute, mais ce n’est certainement pas une mort d’homme qu’on m’inflige. Je vais donc faire appel aux vestiges de respect qui entouraient les condamnés, que la tradition miséricordieuse fait encore tenir debout. Cette lettre est une simple demande. En ai-je le droit ? Vous ne me devez rien après tout. Alors que je m’apprête à quitter cette vie plus tôt que vous, nous aurons pourtant à partager, à la même heure que tous les hommes sur cette face-ci de la Terre, un petit-déjeuner. Il se trouve que ce serait mon dernier, c’est pourquoi je m’adresse à vous, fraternellement, en tant qu’homme. Veuillez, s’il vous plaît, accéder à ma demande La coutume veut en effet qu’on m’offre le dernier repas de mon choix. Or le mien ne peut qu’à peine être qualifié de repas. Par prudence, je préfère donc justifier mon choix particulier par cette longue lettre, au cas où l’Etat d’Oklahoma me refuserait encore la parole. De fait, ce n’est pas un plat que je veux. On me quitte la dignité d’homme en me tuant comme un chien. Je souhaite au moins mourir propre et que mon dernier repas ne souille pas mes habits quand je rendrai souffle. Il ne se composera donc que de mes quatre boissons sur Terre, qui ont accompagné mes journées, mes années et mes actes. 28
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Je demande aussi qu’on me laisse le temps entrechaque boisson de les boire à mon rythme, et qu’elles soient de bonne qualité. Je me lèverai tôt afin d’avoir le temps de les savourer avant mon heure. Me donneriez-vous une tasse de café, Messieurs les gardiens ? Elle sera la première boisson de mon dernier jour. Le café m’a accompagné les matins de turbine, tous les matins de ma vie, car il tranche dans la mollesse des draps et débarrasse les yeux du sommeil. L’amertume brûlante endurcit l’esprit contre les heures de travail à venir. Pour tous, le café est un coup de sifflet. Pour moi, il me rappelait également le sang que je devais verser. Le goût dans ma bouche pesait comme le poids de l’acte grave que je projetais de commettre. Il m’est arrivé de laisser une cible terminer son café, afin de pouvoir tous les deux affronter la mort les yeux ouverts. Je souhaiterais de ce dernier café qu’il se découvre une dernière fois amer pour me rappeler un métier dont je ne rougis pas. Que sa chaleur chasse mon appréhension. Vous me l’apporterez dans une tasse de porcelaine, avec un verre d’eau. Vous attendrez ensuite une heure. J’aurai bu l’eau, peut-être me serai-je lavé la bouche du goût, pour faire place à la prochaine boisson. Lorsque l’heure sera écoulée, apportez du thé vert dans une théière, et une tasse, les deux en porcelaine. D’autres auraient précédé le café du thé. Mon thé ne se buvait pas au petit matin, à l’heure de partir. Il se buvait assis, à l’accalmie de la journée. De longues lumières accompagnaient mon thé, les après-midis, les crépuscules. J’aimais le thé pour sa patiente discrétion. Il ne doit pas être pressé ou son goût s’efface dans l’eau chaude engloutie.
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Le thé fleurit lentement dans la bouche, il se laisse apprécier mais il peut aussi ne faire qu’accompagner l’esprit dans la réflexion. Une amertume tranquille ordonne les émotions, en ce qu’elle oblige à débusquer les nuances du dégradé de saveurs libéré par l’infusion des feuilles. La chaleur de l’eau est là pour nous ralentir alors que nous le buvons. Bouillante, elle tuerait le goût se faisant trop agressive à la langue et présente au palais. Froide, les saveurs se déforment, le thé ne soutient plus l’équilibre du corps et de l’âme. Je boirai mon dernier thé en silence pour communier avec le souvenir de ma chère famille et des miens. Attendez une heure encore, Messieurs les gardiens, je vous en prie. A la fin de cette heure, je voudrais trinquer aux dernières heures de ma vie. Apportez moi une coupe de vin rouge, un bon vin de Californie. J’aurai laissé mes beaux souvenirs en paix. Il me faudra alors me rappeler les joyeux moments de licence que tout homme doit pouvoir vivre puis garder cachés comme un butin au fond de lui-même. Je trinquerai au sang, son camarade dans les métaphores, à l’argent que j’en ai tiré, et à la débauche où les trois m’ont mené. Le vin épaule tous les excès sans jamais se trahir. C’est un ami cultivé qui est toujours le mieux habillé des invités. Mille saveurs derrière lesquelles il cogne et caresse. Il est âpre la première fois mais nous offre tout de même des fruits et des fleurs à la deuxième gorgée. J’irai à la mort après avoir fait mes adieux à mon ami. N’attendez pas une heure, apportez un verre d’eau et une coupe seule de tequila blanc. »
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Le gardien reposa la lettre sur la table. Son collègue lui dit, interloqué : « Mais pourquoi du tequila ? Le gardien prit une chaise, visiblement remué par sa seconde lecture de la lettre. Il regarda son collègue dans les yeux et répéta les derniers mots de Mario Mariano : — Pour le courage ! »
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BD d’Adrien Brégeot Texte d’Zacharie Boubli 35
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“ Wiz Matin plaisir, no more siz and teers at the brakfast tabel! Our new recip maksse for a delissious and nutritiousse hot shocolate! Loved by all, it only costs… ” The announcer French accent was so terribly fake Vivian woke up cringing. She punched the alarm clock violently and the radio went silent. The insomnia was back and it was not pretty. She ad not been able to fall asleep before the first lights of dawn and knew that for the next days or weeks she wouldn’t get much more than two or three hours of sleep per night. She got ready for class, made herself a coffee so black her Mom would have called it a quadruple espresso and left her dorm for the 9am chemistry class. It was going to be a long day.
MATIN
PLAISIR Texte de Melo Mapo Illustrations de Léa Murawiec
“ Wiz Matin plaisir, no more siz and teers at the brakfast tabel! Our new recip maksse for a delissious… ” Vivian jumped out of her bed,half-furious and half bewildered. It was the fifth day in a row that the alarm clock would get off exactly at the beginning of the stupid ad. After the third morning she had slightly changed the hour of the alarm but be it 7:55 or 8:03, every time the damn announcer would enthusiastically start yelling in her ear. Maybe it was a sign she should skype her Mom, who lived in Lyon, more often. Or maybe she was beginning to have auditory hallucinations from sleep deprivation. She only had experienced double vision before, at the end of a three-weeks strike of insomnia, but she had read about hallucinations as an insomnia symptom on Internet. 37
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When the night came, and after setting her alarm clock to 8:07, Vivian lay down and tried to sleep. She was exhausted, but rest fled her once more. She starred at the ceiling, and then read a bit. Finally unable to bear the immobility and the summer heat longer, she got up and went to the only shop near campus that would have AC and still be open: Stop Affairs. The 24/7 supermarket had an eerie feeling to itself in the middle of the night. A few lost souls were wandering the aisles, mechanically pushing their carts, under the patient watch of a reduced staff silently attending petty tasks such as turning all the wine bottles so that the label would face the client. Vivian had gone to the farmer’s market a few days prior and didn’t really need anything but she enjoyed the bright colors. She seldom shopped out of the organic aisle but without anything else to do to pass time she started some roaming of her own. A few turns later, she was facing a cardboard display where a hearty
cacao-colored liquid was splashing into a golden mug. The splashes had even been made in relief for a better effect. Perfectly aligned on the shelves, boxes of Matin Plaisir were waiting for her. On an impulse, Vivian grabbed one and went home. “ Wiz Matin plaisir, no more siz and teers at the brakfast… ” Vivian seized the alarm clock and aimed for the open window but it bounced on the screen and fell on the soft carpeted floor where the ad went on, muffled, before she turned it off. Reproachingly looking at the cylindrical box she had left on the counter, she left without touching it to get coffee at the nearest Dunkin’ Donuts. She was too tired to even brew some of her own this morning. The day had been very, very, very long, the classes interminable but the night promised to be longer still. Vivian’s Dad had called her earlier and had
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heard in her voice that the insomnia was back. “ If it lasts more than a week, you know you’ll have to take your medication again ” he had said, and she had lied on the number of days it had already been keeping her up. Dropping her backpack on the floor, she poured herself a glass of water and sat at the kitchen counter. The bow was still there, expectingly turned front first towards her. It was a metal box, kind of fancy, with a reproduction of Gaugin’s Sunflowers on the lid. She read the instructions but carefully avoided reading the list of ingredients as these tended to contain more chemicals than her textbooks and she had decided to try it out after dinner, when the insomnia would act up once more. As planned the insomnia, she couldn’t sleep. Vivian turned the lamp back on, went to the kitchen to prepare some “Matin Plaisir” and went back to bed with her mug and Dance with Dragons, the book she had started reading a week ago. She settled on the pillows and drank a few gulps. The stuff tasted exactly like the hot chocolate her French grandma, used to make for her and her brothers. Mamie Yvette would buy a box of Nesquik and one of Poulainc and pour a mix of the two in the copper saucepan full of simmering whole milk until she had reached the perfect balance between sweetness and bitterness. Vivian finished her mug, sighed with ease and started reading. She was asleep before the end of the chapter. 40
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SILLAGE Texte de Willem Hardouin Illustrations d’Adrien Brégeot
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Ouvrir les yeux. Reconnaître le plafond. Soupirer. Profondément. Faire rentrer son (esprit/conscience/âme) dans chaque cellule : la tête, c’est fait. Faire glisser l’(esprit/conscience/âme) dans le cou, l’avaler comme du thé qui brûle, du café qui bout. Le (la ?) couper en trois. Les deux fils plus fins, dans les épaules, bras, coudes, avant-bras, mains, phalanges, phalangines, phalangettes. Le plus épais, dans le buste, le long de la colonne vertébrale, retrouver les poumons, puis le cœur (silence), l’estomac (grzlllgrzlll ?), les intestins… En deux : le bassin, les cuisses, genoux, jambes, pieds, orteils. Voilà. Prendre conscience de soi à nouveau. Si possible. Je cligne des yeux. Je regarde le plafond et soupire. Soudain, à l’oreille, j’entends une autre respiration. Je me fige. L’autre souffle fort : est-ce pour indiquer son réveil ? Par prudence, je ferme les yeux. Imite le sommeil ; je simule l’endormissement. Je retrace la soirée d’hier. Où étais-je ? L’anniversaire de Ben, peut-être. Oui, c’était ça. L’anniversaire de Ben, on y est allé avec Élie et Matthias, on a acheté sur le chemin des chips et du cola, rien de bien spectaculaire. Dans mon sac, j’avais un cadeau très original, par contre. On a dansé, musique. Au bout de six vodka-pomme, ma mémoire se brouille. Pénibles, mes souvenirs peinent à revenir, et de toute façon sa main me caresse… Sa main me caresse ! Que faire ? Ses doigts remontent le long de ma jambe, frôlent mon bassin, puis s’appliquent sur mon bras… J’en frissonne. J’en frissonne de plaisir et de peur : qui donc est dans mon lit ? Avec moi ? Pas le choix, il va falloir que je regarde (ces doigts qui à présent redescendent, effleurent mon ventre, et ce souffle qui se colle à mes cheveux…). Je fais semblant de me réveiller : je bâille un peu – de façon sexy tout de même. La grossièreté pourrait me faire passer à côté du coup du siècle –, étire mes membres en une contorsion sensuelle, façon serpent de Salammbô. Je tombe œil à œil avec un regard d’un bleu froid. Nez retroussé, cheveux blonds cendrés. Peau tamisée, et cette nuisette beige… la même que la mienne. Je recule brusquement, et je vois ces bras
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délicats, ce corbeau que je me suis fait tatouer à dix-huit ans… Ce vernis rose que j’ai mis hier, spécialement pour Ben – il me l’avait offert à mon propre anniversaire –… Et ce regard bleu, qui me scrute, qui dévore ma stupéfaction, ma crainte… Mon regard ! Le bord du lit est à côté et je bascule. Empêtrée dans les draps, je me retrouve sur le plancher. Sonnée. Peut-être ai-je rêvé. Peut-être un cauchemar m’a-t-il poussée hors de ce lit. Tremblante, je me redresse sur un coude. Je m’accroche au bord du lit. Allez, courage ma vieille, ce n’était qu’un rêve… En fait non. De retour sur le matelas, je me revois. Séduisante, belle, mais le regard si froid, si mort… Elle (je ?) m’enlace, m’attire sur le matelas. Je ne sais pas quoi faire elle (je ?) m’embrasse, je (elle ?) caresse ses (mes) seins… Elle (je) me (se) sert dans les bras et fait glisser ma (sa) main vers mes fesses, que je caresse avec douceur, et je me déshabille rapidement, prise pas un désir subit. Je me lèche les tétons, qui pointent, titille le creux de mes reins, qui frémis, écarte mes jambes pour laisser passer ma langue. 44
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Je me serre contre moi, soupire et m’embrasse, c’est bon, c’est délice. Mes bras contre mes mains, et mon souffle dans mon cou, et mes lèvres sur mes lèvres ! Un double long gémissement de plaisir naît dans ma gorge et remonte jusque dans mon crâne, pour réveiller toute la maison, tout le voisinage, le monde entier peut-être. Le plaisir me hisse jusque quelque part, je ne sais pas où c’est mais c’est très haut. Le ciel y est clair et pâle, une envolée d’étourneaux me couronne, le soleil est à mes pieds et les étoiles font un cortège que mes cheveux, crinière sauvage, domptent sans problème. Des ibis me font un trône, des flamants une cape, des colibris une culotte en dentelle irisée. À mes oreilles pendent quelques colombes égorgées, et un large rouge-gorge ceint ma poitrine. Puis les oiseaux se dispersent et je retombe, mais doucement. Un souffle me caresse, le vent m’enlace et me disperse (odeur de vodka forte), je soupire d’aise, et lentement sur mon matelas… Ne plus ouvrir les yeux. Reconnaître le fond. Expirer. Profondément. Faire rentrer son (corps/organisme/cadavre) dans chaque pensée.
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Il ĂŠtait temps !
Texte de Yelena Faro Illustrations de wilfryed
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Elle attendait avec angoisse chaque fin de journée, depuis le début de sa courte vie. Le soleil descendait doucement de son zénith et son jaune éclatant commençait à changer. Sous ses yeux impuissants, un rouge flamboyant gagna peu à peu du terrain. L'homme allait venir, comme chaque nuit, les enfermer elle et ses amies. Elles allaient être barricadées une nuit entière, pour leur bien selon lui. Elle était la seule que cela révoltait, qui rêvait d'une liberté enivrante au-delà de leur prison. Elle n'arrivait pas à s'y faire, à se dire comme les autres qu'elle était mieux enfermée en sécurité que libre et en danger. En vérité, elle n'avait pas le courage de s'échapper. Il ne viendrait les libérer qu'au petit matin, fier comme un coq de récupérer les trésors préparés pendant la nuit. Elle haïssait les fins de journées, annonciatrices de lendemains, alors que lui savourait ces instants de crépuscule. Des bruits de pas résonnèrent soudain. Il arrivait. Les filles piaillaient de plaisir, ravies de pouvoir le contempler avant d'aller se lover dans les bras de Morphée. Il entra alors dans le jardin, avec ses habits recouverts de terre et de feuilles. Bon prince, il distribua des paroles caressantes et autres sourires. « Allez mes jolies, il faut dormir maintenant. J'ai hâte que le soleil se lève pour vous revoir. »
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Après une dernière œillade satisfaite, elles rentrèrent docilement dans le bâtiment, songeant à ce qu'elles pourraient lui offrir le lendemain. Elle n'avait pas bougé. « Qu'est-ce que tu fais encore là toi, à me fixer stupidement ? Sois une bonne fille et rentre, sinon … » Ses mots avaient perdu de leur douceur et sa main levée l'affola. Elle obtempéra. Elle ne se souvenait que trop des coups qu'elle avait déjà pris quand elle lui tenait tête à son arrivée. Toutefois, il avait été plus fort qu'elle et sa détermination lui avait coupé les ailes. Elle se retrouva au fond de sa couchette, détestant ce rituel auquel elle ne pouvait échapper. Autour d'elle, les filles caressaient leur ventre. « Demain peut-être ! », soupiraient-elles avec espoir. Folles qu'elles étaient ! Jamais elles ne gagneraient à ce jeu.
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Ce furent ses mains calleuses qui la réveillèrent. Elles fouillaient impatiemment sa couche, insensibles à sa présence. Son cri de joie la glaça. Elle voulut gémir mais l'horreur la tétanisait. Son corps venait d'annoncer au monde qu'elle était prête alors que tout son être s'y refusait. Les mains haïes s'éloignèrent, serrant bien fort le beau trésor convoité. Elle sentit son cœur se briser, peu préparée à affronter cet événement. Elle n'entendait pas les mots de réconfort des filles qui lui disaient que tout cela était normal, qu'il fallait l'accepter, même si c'était dur la première fois, et qu'elle devait s'attacher à penser à l'allégresse quotidienne que cela procurait au maître. Révoltée, elle suivit l'homme qui s'éloignait, nullement perturbé. Elle s'imaginait le transpercer de milliers de coups acérés. Toute perdue dans sa colère, elle en avait oublié ses entraves. Ce ne fut qu'en se heurtant aux limites de son monde qu'elle reprit conscience. « Ben alors ma jolie, attention ! Tu étais à ce point impatiente de venir saluer ce radieux matin avec moi ? Tu as bien raison, c'est un grand jour aujourd'hui … Ton premier œuf. Quel plaisir, enfin ! À ce soir ! » Prise au piège et impuissante, la poule regarda s'éloigner l'homme. Il chantonnait sur le chemin de terre, s'autorisant même un petit sautillement. Il n'eut pas un regard en arrière. Elle secoua ses plumes de dépit et tourna son bec vers le soleil, anxieuse à l'idée de contempler sa course inexorable. Et demain matin, que se passerait-il ?
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Présentation des artistes Adrien Brégeot – Illustrateur/Auteur BD 3reg@live.fr “ Étudiant en graphisme, je dessine depuis aussi loin que je me souvienne. Bercé par la bonne vieille bédé franco-belge bien de chez nous, j’ai décidé de suivre les pas de leurs illustres auteurs. Fan inconditionnel de Philip K.Dick, j’adore raconter des histoires où le réel se pète la figure et où je tente de balancer une grosse dose de métaphysique (un peu bancale) à la face du spectateur. Un beau jour, flânant sur le grand réseau mondial, je suis tombé sur le petit pâté illustré. J’ai cliqué sur les petites tartines avec des numéros, et j’ai kiffé, comme qu’ils disent… ” Retrouvez son travail sur : http://abregien.wix.com/brainmapping#!
Alice Des – Illustratrice alicedestombe@gmail.com “ Etudiante à Paris d’origine Wimilloise, monitrice de voile, mangeuse de pâté, illustratrice, brosseuse d’éléphants et auteure de bandes-dessinées, ex-expatriée à Montréal, sévèrement dépendante aux Maltesers, au caramel et aux gens qui me tombent dessus. Beau programme. Somme toute, je veux être multitâche, remplir tous les vides, savoir tout faire à peu près, apprendre à tout peindre, tout illustrer, tout raconter. Je veux être drôle et philosophe, sérieuse et absurde, avoir l’imagination d’un enfant et l’ambition d’une Sciences-piste. ” Retrouvez son travail sur : http://www.alicedes.com
Bourby – Illustratrice bourboulonlucie@gmail.com “ À ma gauche il y a trois paires de chaussures par terre, à ma droite deux livres pour enfants posés sur le lit et devant moi il y a mon ordinateur, la tablette graphique et quelques carnets qui traînent. Et j’ai 22 ans. Diplômée de graphisme et souhaite travailler sur des livres pour enfants ” Retrouvez son travail sur : http://luciebourboulon.tumblr.com/
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Elléa Bird – Illustratrice ellea.bird@gmail.com “ Étudiante à l’école Emile Cohl, mon repas quotidien se compose de gouache et de mine de plomb. J’aime les oiseaux dodus, les romans de Troyat, les fœtus dans des bocaux, Wes Anderson, les vieux vinyles, les Daleks, les hiboux, Terry Gilliam, Tom Ripley, Arsène Lupin, et les cabinets de curiosités. Je considère le Rotring comme une arme létale. ” Retrouvez son travail sur : persephonographe.illustrateur.org
Franck Conroy – Ecrivain franck.n.conroy@gmail.com “ Si l’on devait établir un culte autour de mon ascension à la divinité, voici les rites à suivre : Concernant l’idolâtrie, elle est autorisée. Les drapeaux français, argentin, étatsunien et dauphinois garderont la porte monumentale de mon temple. Ils seront bénis par le sacrifice cérémoniel de liqueurs, de viandes et de fromages. Les sermons consisteront en l’écoute de l’émission les Chroniques Martiennes. Allez écouter les Chroniques Martiennes. Des cierges pourront être allumés à l’intention de ma réussite en Affaires Publiques. Et les dévots seront accueillis par cette inscription sur le fronton de la porte : « Ce dieu est ripailleur et bienveillant. Parlez ami et entrez. ” Retrouvez son travail sur : http://www.rsp.fm/emissions/chroniques-martiennes-n3-wtf-is-lespacetemps/
Hugo d’Arbois de Jubainville – Ecrivain hugo.darboisdejubainville@gmail.com “ Ce sont les grosses bestioles à tentacules qui m’ont donné envie d’écrire: le calamar géant qui attaque le Nautilus, les poulpes mutants qui menacent la tribu de l’enfant noir, le poulpe alien qui se la coule douce dans sa piaule de R’lyeh… Mais pour le pâté, rien ne vaut le sanglier, avec les petits bouts d’os qui craquent sous la dent. Quoique poulpe et sanglier en daube, c’est délicieux. ” Retrouvez son travail sur : http://saladedepoulpes.wordpress.com/
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Jane dans la Jungle – Illustratrice jennifer.bevillon@gmail.com “ Illustratrice Freelance, sort tout juste de ses études en création numérique et fait des illustrations 100% traditionnelles pour se venger. Sinon je vis actuellement en pleine jungle, et j’essaye d’organiser le tout pour y voir plus clair, et ma solution est de plaquer tout cela sur une feuille et d’arroser le tout de jus d’aquarelle. Peut-être que ça finira par pousser ?” Retrouvez son travail sur : http://janedanslajungle.tumblr.com/
Léa murawiec – Ecrivain lea.medina@free.fr “ Salut, j’ai 19 ans et je commence un BTS Com Print pour faire de la bédé. Dans la vie, je sauve des escargots sur les trottoirs et je dessine des chats, mais je crois qu’ils n’aiment pas ça. J’aime me moquer des autres mais je détestent quand ils se moquent de moi. J’ai horreur du Comic Sans et je compose de la musique mais personne ne veut l’écouter. Mon but ultime est de connaître mes arrières-petits-enfants. Ah, et mes cheveux font peur. Love. ”
Line Hachem – Illustratrice linehm@hotmail.fr “ Huts ! Je m’appelle Line Hachem ou Lune, comme vous préférez. Dans la vie j’ai deux grande passions : la musique et le dessin. Fervente adoratrice de folk metal, en particulier s’il vient de Finlande, je joue du violon et de la guitare électrique. J’aime dessiner des chevelus aux côtes saillantes, j’aime les vikings, les héros oubliés, les forêts mystérieuses, les mythes païens, les lieux désaffectés recouverts de graffs et les tombes en ruines du cimetière du père Lachaise. Plus tard je voudrais être Tony Sandoval. Voilà. ” Retrouvez son travail sur : http://il-etait-lune-fois.over-blog.com/
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Lou Feinterime – Ecrivain edufourn@orange.fr “ Moi c’est Lou Feinterime (bien que j’aie beaucoup d’autres pseudos), je dessine et j’écris un peu. Je suis élève en Terminale Littéraire et plus tard j’aimerais faire une école d’art et ensuite je voudrais avoir une vie bien remplie comme ça j’aurai plein de souvenirs encore plus tard. Je suis bordélique, inadaptée socialement, et je me pose toujours trop de questions. J’aime les parenthèses, les villes, les êtres humains - mais de loin, les carnets, les livres, la musique, les voyages, et les coïncidences et les rencontres, la vie et le ciel. Tout ce qui est impalpable, indicible ou invisible m’intéresse. ” Retrouvez son travail sur : the-circle-married-the-line.blogspot.com
Madouchka – Illustratrice camadouchka@gmail.com “ Etudiante parisienne en marqueterie le jour, la nuit Madouchka tente de dessiner, d’illustrer, et de raconter tout ce qu’elle peut. Tout ça dans le but de devenir un jour (ou plutôt, une nuit…) illustratrice. ” Retrouvez son travail sur : http://madouchka.illustrateur.org
Mélanie Verdino – Ecrivain melver@hotmail.fr “ Que veux-tu faire quand tu seras grande ? –écrivain. » Conclusion : j’ai 18 ans, et me voici en 2ème année de classe préparatoire scientifique. Avec seulement deux heures de français/philo par semaine, je m’en trouve insatisfaite. Déjà que je n’ai quasiment pas le temps de lire un livre pour mon plaisir, comment alors trouver la force, le temps, l’inspiration et la motivation pour produire à mon tour ? Et puis, le Petit Pâté illustré est arrivé. Il est temps de me dérouiller un peu la plume. ”
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Mélissa – Ecrivain melissa.allaisgautier@gmail.com “ Je m’appelle Mélissa, et j’ai passé mon enfance dans les livres, grandissant en même temps que ces héros dont les noms résonnent aujourd’hui agréablement à nos oreilles. Ayant toujours la tête dans la Lune, mes histoires se déroulent rarement sur Terre… J’écris des nouvelles pour le plaisir, je commence beaucoup de romans sans jamais les finir, mais je suis bien décidée à mener une thèse… dans cette réalité-là… ou dans une autre. ” Retrouvez son travail sur : http://fivepastfive.wordpress.com/
Melo Mapo – Ecrivain melomapo@gmail.com “ Pâtissière et auteure de science-fiction, grande amatrice de pâté devant l’éternel, je suis également sciences-piste à mes heures perdues. ” Retrouvez son travail sur : http://thebergamote.net
Mireben – Illustratrice nem_passy@yahoo.fr “ J’adore regarder des images. Depuis longtemps donc, j’ai entrepris d’en construire moi-même. Je dis construire car les images sont des mondes. La Bédé est mon moyen d’expression favori. Je travaille avec passion. C’est parfois fatiguant mais toujours utile. J’étais en Manaa à Estienne cette année et en octobre j’entre aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Je m’appelle Mireben, j’ai 18 ans et je vous souhaite une bonne lecture! ” Retrouvez son travail sur : http://mireben-draws.blogspot.fr/
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Pauline Souris – Illustratrice/Écrivain msmousemailbox@rocketmail.com « I am blue-eyed, my passport said. I would rather say I have short-sighted weird greyish eyes. Anyway. Pretty little things, and sprinkles that sparkle on top of delicious iced-cakes, that make you diabetic just by looking at them, enlighten my greyish eyes. Or to make long story short, I love food, I love cooking it, eating it, and taking pictures of it, before it’s gone. And sometimes, I draw, as well. » Retrouvez son travail sur : http://msmousestacks.tumblr.com/
wilfryed – Illustrateur wilfryed@hotmail.com “ Yup! Moi c’est wilfryed. Je touche à tout ce qui me permet de rendre concret ce qui me passe par la tête, le dessin, le streetart, la pyrogravure, l’écriture et maintenant le pâté. ” Retrouvez son travail sur : http://wilfryednoctambule.com/
Willem Hardouin - Ecrivain “ Willem Hardouin est tombé amoureux des mots en 1996. Il décide d’encrer les siens dès 2003. Sérieux biffeur, tournant sept fois sa plume avant d’écrire, il publie son premier recueil en 2009 : Les Chemins du Fantastique aux éditions Baudelaire. ” Retrouvez son travail sur : http://whardouin.wordpress.com/
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Yelena Faro - Ecrivain yelenafaro@hotmail.com “ La présentation de soi est difficile car exige d’être clair, concis et drôle. Problème : je ne suis jamais claire, encore moins concise. Pour ce qui est de l’humour, on dira que tout les goûts sont dans la nature. Donc. Je suis passionnée de littérature depuis que je sais lire, j’ai un rapport vraiment passionnel avec les livres, les mots et les histoires. Il paraît que je suis droguée. Je préfère dire que je sais ce qui me rend heureuse. Dans la vie, je suis en formation pour devenir assistante de service social dans un but, peut-être idéaliste, de pouvoir porter la voix de ceux qui ne peuvent le faire. ” Retrouvez son travail sur : http:// laracinedesmots.wordpress.com
Zacharie Boubli - Ecrivain zacharie.boubli@free.fr “ Fils illégitime d’une gynoïde de Castelsarrasin, Zacharie Boubli (dit Za. B.) envisage de prendre le pouvoir à l’issue d’études brillantes à SciencesPo. Amoureux des histoires et de l’Histoire, il se permet de délaisser ses travaux de physique nucléaire de temps à autres pour le plus grand plaisir du Petit Pâté Illustré. Des rumeurs évoquent son nom pour le prochain Nobel, mais lui préfère la tranquillité des îles, à l’abri du monde et de son vacarme. Il négocie actuellement une version du Petit Pâté Illustré en Pléiade, avec exposition des illustrations au Louvre. Ses passions sont la lecture, l’écriture, la culture et les poivrons en saumure. ”
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Merci ! Le Petit Pâté Illustré est un magazine en ligne créatif, gratuit, alliant les arts littéraires et graphiques. L’objectif? Promouvoir la collaboration entre artistes de talents, styles et genres variés, afin de créer un recueil bourré de talents, et toujours suprenant. Grâce aux contributions bénévoles de plus en plus nombreuses, les numéros se succèdent, tous plus beaux et plus développés les uns que les autres. Le meilleur? Tout le monde peut participer ! Tu as un talent graphique, ou une plume créative? Eh bien rejoins l’équipe ! Il suffit pour cela d’envoyer un mail indiquant ton talent et tes envies, ainsi que d’un lien vers ton travail (site web, blog, portfolio) à cette adresse : lepetitpateillustre@gmail. com Comment ça fonctionne? C’est très simple, nous répondrons à ton mail en te donnant le thème du numéro sur lequel travailler, et vous aurez plusieurs choix de rubriques : - les écrits illustrés : les écrivains nous envoient leurs écrits sur le thème, et nous trouvons des illustrateurs pour les illustrer. - les illustrations narrées : les illustrateurs nous envoient leurs illustrations et nous trouvons des auteurs pour écrire une histoire autour (prévenez-nous à l’avance si cette rubrique vous intéresse) - les BD : les auteurs écrivent le scénario, les illustrateurs l’adaptent à leur manière. Vous pourrez participer aux numéros que vous souhaitez, et même pour le blog. A vous la gloire et les rillettes !
Merci à tous les artistes qui ont contribué à ce numéro, comme aux précédents, mais aussi à tous nos lecteurs et ceux qui soutiennent le projet depuis ces débuts. Grâce à vous le Pâté est aujourd’hui plein de bonnes choses, et il va continuer sur sa lancée. Des poutous, Le PPI 61
Prochain numéro : Novembre 2013 Thème : “Marshmallow lasers and cupcakes trolls”
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