Laurent Mazuy
Articulations
Catalogue imprimé à l’occasion de l’exposition Articulations présentée à la Galerie Immanence (21, avenue du Maine, 75015 Paris - 01.42.22.05.68) du 2 au 23 octobre 2004 Crédit photographique : Studio Pionnier (Pascal Foulon) Cette exposition a bénéficié du soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Centre, Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France, du Conseil Régional du Centre, du Conseil Général du Loiret, de la ville d’Orléans et de la ville de Paris. Merci à Cannelle et Frédéric 1er de couverture - Peinture, 2003 (détail) - Papier et laque glycéro sur toile, 160 x 130 cm 4e de couverture - Dessin, 2004 (détail) - Stylo à bille sur acétate, 110 x 140 cm
« Ah ! le Homard » * Christian Bonnefoi
Au cours d’une conversation, Laurent Mazuy me faisait part de la difficulté à nommer ou même désigner ce que la peinture amène au jour, à la surface, au premier plan, sous notre regard. Par là il soulignait l’énigme que la peinture véhicule depuis le fond de sa très ancienne origine, et sans relâche. Ce que nous voyons et considérons dans l’expérience esthétique n’est jamais la totalité de l’objet - une surface peinte - mais le moment particulier - celui-là même que nous sommes en train de vivre - d’une durée infinie qui ne cesse de se déployer. C’est pour cela que nous y revenons, à voir et revoir telle ou telle œuvre, sans que jamais une interprétation puisse la clore, l’achever, la fixer dans le cadre strict de ses limites spatiales. Elle est aux antipodes de l’une des plus magistrales interprétation menées par Freud, dans Un souvenir d’enfance de Léonard De Vinci : le vautour n’est pas la raison du tableau mais bien au contraire la matière dont il se nourrit pour imprégner chaque particule picturale, et y excéder le souvenir lui-même. Le tableau est l’exigence de la peinture : pour qu’il y ait tableau il faut convertir le fragment spatial (la toile tendue sur châssis) en matière temporelle, il faut que, d’une manière ou d’une autre, le temps infini excède la présence limitée de l’espace. En tant qu'objet analytique, le souvenir rassemble tout ce qui l'entoure au profit du sens étroit, limité et limitant, d'un événement achevé et circonstancié. En tant qu'objet pictural, il projette en avant, sur le mode du futur antérieur, l'infini disponibilité de son être émietté, proliférant bien au delà de sa signification, renouant par le biais de la matière picturale avec l'univers continu et indivisé, selon Bregson, des images. À l'opposé de Freud, Paulhan note ce qu'il faudrait considérer comme la position critique idéale à l'égard de l'œuvre. S'apprêtant à visiter une exposition de Braque, il se pose cette étrange question : connaissant ce que je connais de Braque, c'est à dire beaucoup, je sais que je vais voir quelque chose que je n'ai jamais vu, donc que je ne connais pas, pour la bonne raison qu'elle n'a jamais eu lieu, encore, ni pour moi ni pour les autres. Mais sa nouveauté, innommée et sans signification encore, s'adresse par le biais du regard à mon expérience et plus profondément à la langue qui la prend en charge, en la sommant de lui faire place, au besoin en se transformant. * Jean Paulhan, Braque le patron, Gallimard
D’une manière ou d’une autre : pour Laurent Mazuy, et il nous l’indique dans le diagramme de son travail, il s’est agi d’élaborer depuis 1997 un ensemble de procédures, de stratégies, de biais où les différents paramètres picturaux (distribution, ordonnancement, diaphanéité, combinaison, frontalité, poids, couture, épaisseur, agencement, texture...) sont traités individuellement afin d’atteindre au maximum de leur efficacité puis, progressivement reversés à la cause commune, le tableau où, indifférenciés cette fois, ils passent du côté du corps pictural, au service d’un savoir incorporé. Ce passage organisé en paliers, du dispositif tactique et technique à la disposition subjective Laurent Mazuy l'énonce ainsi :
Peinture, 2004 -
Papier et laque glycĂŠro sur toile, 80 x 100 cm
Peinture, 2004 -
Gouache sur toile, 150 x 150 cm
Peinture, 2004 -
Feutre et laque glycĂŠro sur toile, 116 x 92 cm
Double page précédente : Peinture, 2004 - Papier calque et laque glycéro sur toile, 250 x 170 cm Peinture, 2004 - Papier calque et laque glycéro sur toile, 250 x 170 cm
Peinture, 2004 -
Gouache et acrylique mate sur toile, 160 x 130 cm
Dessin, 2004 - Stylo Ă bille sur acĂŠtate, 110 x 140 cm
Laurent Mazuy Né en 1965, vit et travaille à Orléans Atelier, 20, rue des Curés - 45000 Orléans - 02.38.53.47.87 Expositions personnelles : 2004 - Articulations, Galerie Immanence, Paris ; Laurent Mazuy, musée des beaux arts d’Orléans, Orléans. 2003 - Sébastien Pons/Laurent Mazuy, Ateliers Oulan Bator, Orléans. 2002 Dialogues, Galerie municipale de Vierzon, Vierzon. 1999 - Diaphanes, Galerie du Haut-Pavé, Paris. 1998 - Regards, Maison de la Musiques et de la Danse, Saint-Jean de la Ruelle. 1997 Peintures, Centre Charles Péguy, Orléans. 1994 - Peintures, Galerie Utopias y Copias, Chartres. Expositions collectives : 2003 - Les 50 ans de la galerie, Galerie du Haut-pavé, Paris ; Photos d’artistes, Centre d’art contemporain, Carré Saint-Vincent, Orléans. 2002/03 - Art en dépôt, Château de Nedde (organisée par Limousin Art Contemporain et Sculptures), Haute-Vienne ; Art en dépôt, Ateliers Oulan Bator - Orléans ; Art en dépôt, dans le cadre des Mars de l’art contemporain, Dompierre sur Besbre. 2001 - Alors, notre histoire, Galerie du Haut-Pavé, Paris ; De rendez-vous en rendez-vous, Galerie du Haut-Pavé, Paris. 2000 - Morceaux de soi, Galerie Ipso-Facto, Nantes ; De rendez-vous en rendez-vous, Galerie du Haut-Pavé, Paris ; Un tour au square, Ipso-Facto, square Maurice Schowb, Nantes. 1999 - Galerie K, Paris ; Entrevue 4, Centre d’art contemporain, Carré Saint-Vincent, Orléans. 1997 - L’extra c’est exquis, Galerie Édouard Manet, Gennevilliers. 1996 Palette, Saint-Jean de la Ruelle. Bourse : 2004 - Aide à la production en arts plastiques, Conseil Régional du Centre. Bibliographie : - Christian Bonnefoi, « Ah ! le Homard », in Articulations (catalogue), 2004. - Fabrice Bothereau, Le goût de l’authentique, in Sébastien Pons/Laurent Mazuy (catalogue), 2003. - Tristan Trémeau, Sylvie Turpin, Jean Delaunay et Laurent Mazuy, Stéphane Bordarier et Christophe Cuzin, Art press n° 287, février 2003. - Tristan Trémeau, Dialogues, in Dialogues (plaquette), 2002. - Fabrice Bothereau, Peinture, in Peinture (plaquette), 1999.