Le Plateau de Retord: Paysages et biodiversité végétale Jacky GIREL Ingenieur de recherche en Ecologie végétale, retraité du CNRS, collaborateur scientifique au Laboratoire d’Écologie Alpine (LECA, CNRS, Universités Grenoble-Alpes et Savoie-Mont-Blanc)
29 avril 2022
Quelques précisions utiles 1- La « biodiversité » (concept récent,1992) , c’est la vie dans ce qu’elle a de divers. La biodiversité = l’ensemble des êtres vivants + les interactions qu’ils ont entre eux et avec le milieu où ils vivent. Tous les niveaux d’organisation du vivant sont concernés : gène, individu, espèce, communauté, en interaction étroite avec les milieux. 2- L’espèce = niveau de compréhension le plus intuitif car les végétaux supérieurs sont à
notre portée et sont décrits par des caractères observables (fleurs, feuilles etc…) NB: à l’intérieur d’une espèce, chaque individu diffère des autres par de nombreux détails morphologiques (par exemple le nombre et la répartition des taches pourpres sur le labelle de la fleur d’une orchidée).
3- Les végétaux font partie d’associations d’êtres vivants (biocénoses) et sont adaptés à leur environnement biologique, géologique, édaphique (sol), hydrologique, climatique, humain etc. (biotope) (biocénose+biotope= écosystème; une tourbière est un écosystème caractérisé par une communauté végétale constituée d’espèces adaptées à un environnement hydrologique spécifique (anoxie de surface). La communauté végétale (= ensemble d’espèces partageant un environnement commun) = niveau de biodiversité facile à détecter et à cartographier.
4- Les communautés végétales varient dans leur distribution et leur étendue à travers une région; elles y constituent alors un « paysage » végétal c’est à dire une entité biogéographique plus large. (exemple: Le plateau de Retord est représenté par un « paysage » qu’on retrouve à l’étage montagnard du Jura)
LA VEGETATION NATURELLE DU HAUT-BUGEY ET DE RETORD Connaissance de la biodiversité végétale (En quelques dates, de la floristique à la gestion des espaces naturels) 18??-1945 : Herborisations, Inventaires et catalogues (les botanistes: Godet,1850; Gillot, SaintLager, 1876; Magnin 1890, Huteau et Sommier,1896…herborisent, déterminent, décrivent, constituent des herbiers et publient des listes de plantes).
1945-1990: plantes = habitats spécifiques où elles sont fréquentes ou seulement présentes Naissance et développement des recherches sur les « associations végétales ». 1-La phytosociologie : elle est basée sur une mesure statistique de la présence et du recouvrement de plantes caractéristiques inventaire et description de groupements végétaux organisation hiérarchique (classe, alliance, associations) vision statique . 2- L’écologie : elle s’intéresse aux relations plantes-climat-sols-activités humaines (rôle des perturbations etc…) vision dynamique (séries de végétation)
1947-1991: Un projet national, la Carte de la végétation de la France par le CNRS (éch. 1/200 000) carte de la végétation des Alpes et des massifs préalpins y compris le Bugey à échelles plus détaillées (1/100 000, 1/50 000, 1/10 000) À partir des années 1975/1980 : Mise en place de mesures de protection des milieux, des habitats et des organismes vivants: les parcs et réserves, les zones naturelles sensibles etc… , les études d’impacts, les mesures compensatoires…. A partir des années 1990 : les universités développent des recherches en écologie et forment des « ingénieurs écologues » qui interviendront au sein de divers organismes chargés du patrimoine naturel. -le CREN (Conservatoire Regional des Espaces Naturels) inventaire, restauration, gestion et protection de milieux naturels sensibles (en relation avec les parcs et réserves, la DDT et les élus INPN, « Natura 2000 » ) -le CBNA (Conservatoire Botanique National Alpin, antenne de Chambéry) biodiversité végétale de l’échelle du paysage (communautés, habitats) à celle de l’espèce (diagnostics, inventaires, préconisations pour la gestion). Parallèlement, les associations de Naturalistes alimentent les bases de données et révisent les connaissances : « Connaissance de la Flore de l’Ain » Inventaire complet de la flore de l’Ain (A.C Bolomier, 1999).
LES CARACTERISTIQUES ECOLOGIQUES DU PLATEAU DE RETORD Caractéristiques topographiques: le plateau de Retord ondule en gradins (chaînons orientés « nord-sud ») sur 9 km de long et 6 km de large.
N
https://earth.google.com/ consulté janvier 2022
TOPOGRAPHIE Nantua Le Poizat Caractéristiques topographiques: les altitudes augmentent d’ouest en est de 900/1000 m. à plus de 1300 m.
Croix de Montlhéry 1321 m.
Châtillon
Bellegarde
Brénod
Le Gd Abergement
Référence: extrait modifié de https://fr-fr.topographic-map.com/maps/daq9/Ain/ consulté janvier 2022
CLIMAT et BIOGEOGRAPHIE
Des conditions climatiques de moyenne montagne froide : Pluviométrie: entre 1400 et 1800 mm/an Température de la période froide (octobre à avril): m <1.5°C et M= <+7°C. Une moyenne de jours de gel >100 NB: Sur les bases des données enregistrées jusqu’en 1982 (à réviser en fonction du réchauffement climatique)
Les caractéristiques de l’étage montagnard des massifs préalpins calcaires -Hêtraies -Hêtraies sapinières -Sapinières sommitales, faciès à épicéas -Prairies montagnardes et pelouses diverses pâturées; -reboisement de résineux Cartes extraites de: Girel, J., 1982 - Les apports en eau dans la vallée du Ht-Rhône français; essai de synthèse cartographique par exploitation de données biogéographiques et floristiques. Revue de géographie de Lyon,1982/1, 723.
Conditions climatiques globalement uniformes avec des différences dues à l’opposition de versants ubac (à gauche) vs adret (à droite)
Cl Jacky Girel
GEOLOGIE
Terrains plissés du Jurassique moyen et supérieur: Les étages les plus répandus sont ceux de l’Oxfordien et du Kimméridgien (calcaires fins, blanc jaunâtre, très gélifs, bancs peu épais, séparés par des lits marneux.
Alluvions du quaternaire dans les dépressions anticlinales Références: Enay, R., 1982- Notice explicative et carte géologique de St-Rambert-enBugey, editions du BRGM. Mangold, C., Enay, R., 2004- Notice explicative et carte géologique de Nantua, éditions du BRGM.
LITHOLOGIE
L’empreinte glaciaire partage le Retord en « système combe » où la roche est recouverte d’un sol relativement épais et un « système crète » où le calcaire affleure presque partout bancs calcaires fins, blanc jaunâtre, très gélifs, peu épais séparés de couches marneuses; certains faciès sont « poreux », avec des altérations superficielles libérant du fer (teinte rouille). Coupe tirée de Dubois, M. et Lebeau R., 1962, extraite de « Geologie du Bugey » par Jacques Beauchamp, 2012; https://www.u-picardie.fr/beauchamp/Bugey/Geol_Bugey.html
ENVIRONNEMENT HUMAIN (impacts anthropiques) Les activités humaines anciennes ont « sélectionné » des espèces végétales (adaptation aux perturbations)
Les historiens subdivisent le Plateau de Retord en deux ensembles: 1-La « partie ouest » d’altitude moyenne 1000 m.(Combe de la Manche, sur le territoire du GrandAbergement) production de foin (fenils et granges) espace utilisé par les cultivateurs du Ht-Valromey. Références: photothèques Dominique Erster et Jean Goupil; article de Passerat, E., Reydellet, L. 1912- Pays de Retord- Annales de la Société d’Emulation de l’Ain (agriculture, lettres, sciences et arts), 45, 217-275.
2- La « partie est », plus élevée (partagée par les communes de la Michaille) des habitations permanentes en « autosuffisance » vivant de l’élevage (pâturage) et de l’exploitation de la forêt.
Références: collection Dominique Erster ; article de Passerat, E., Reydellet, L. 1912- Pays de Retord- Annales de la Société d’Emulation de l’Ain (agriculture, lettres, sciences et arts), 45, 217-275.
Evolution des usages et des paysages: Dans la « partie ouest », à partir du début du XVIII° siècle , installation d’un habitat permanent (incidence des incendies de 1707 et 1758 au village du GdAbergement); peu de déforestation (terrains de parcours étagés, cultures vivrières possibles) Dans la « partie est » , habitat permanent relativement stable. 1683: 23 feux, 160 h; 1766, 20 feux, 150 h; 1842 18 « fermes », 150 h; 1912 ,14 « fermes » 120 h. déforestations liées aux besoins de la population en foin, pâturages et bois. Références : photothèque collection Dominique Erster; article de Passerat, E., Reydellet, L. 1912- Pays de Retord- Annales de la Société d’Emulation de l’Ain (agriculture, lettres, sciences et arts), 45, 217-275.
A partir de 1800, dans les deux parties une forte augmentation de la pression anthropique défrichement pour augmenter les terrains de parcours.
A partir de 1850: 1-production de fromage (influence du Jura voisin) prairies de fauche, fertilisation. 2-Exploitation intensive de la forêt par les marchands de bois: Sapin (charpente), hêtre (charbon de bois) érosion prés-bois landes et terrain de parcours. Après la première guerre mondiale , exode rural déprise agricole, enrésinement des taillis (épicéa), arrêt de la fauche régulière, recolonisation « naturelle » des terrains de parcours.
A partir de 1970 reforestation (plantations), prairies de fauche sur les zones les plus accessibles; le pâturage (génisses) présent grâce aux groupements pastoraux et à des éleveurs de la plaine dans les grandes combes ouvertes aménagées (réservoirs, « goyas »). Références: photothèque Dominique Erster et article de Passerat, E., Reydellet, L. 1912- Pays de Retord- Annales de la Société d’Emulation de l’Ain (agriculture, lettres, sciences et arts), 45, 217-275.
LE PAYSAGE VEGETAL (Carte de la végétation de la France, CNRS, feuille n°46, Annecy, échelle 1/250 000)
LE PAYSAGE VEGETAL Carte de la végétation des Alpes, échelle 1/50 000)
Croix de Montlhéry 1321 m.
Etage montagnard 1- hêtraie enrésinée, faciès à épicéa 2-hêtraie sapinière sur support calcaire 3-hêtraie pure 4-hêtraie sèche 14- taillis clairièrés, pré-bois et landes de la hêtraie sapinière; 20- pâturages et terrains de parcours (plus ou moins fertilisés et entretenus par la fauche) 22- prairies de fauche en fond de combes et de synclinaux, amendées et fertilisées Références: Girel, J., 1974- Contribution à l'étude écologique du Jura de l'AinThèse de 3ème cycle, Biologie végétale option écologie, université de Grenoble, 100p.+ 1 carte couleur hors texte , St-Rambert et Nantua à 1/50000. - Girel, J., Vartanian, M.-C. et Vigny F.,- 1976- Carte écologique de Bourg en Bresse au 1/100 000- Essai de cartographie écologique intégrée, Documents de Cartographie écologique, 18, 11-42 + 1 carte couleur hors-texte.
LES HABITATS (représentés par des COMMUNAUTES VEGETALES) Les communautés végétales sont reconnues sur le terrain par le praticien sur la base de relevés floristiques. Elles peuvent être ensuite « nommées » selon 4 référentiels en usage : -
Le référentiel phytosociologique ou PVF (code en chiffre) Le référentiel « Natura 2000 » (code en chiffre) Le référentiel européen EUNIS (code en chiffre) Le référentiel CORINE Biotope (code en chiffre) Exemple: les prairies de fauche de montagne dominées par les graminées (=Poacées) mais avec abondance d’une grande variété de dicotylédones vivaces à floraison abondante et colorée (habitats peu impactés par les fertilisants exogènes) PVF
6.0.10.3
Triseto flavescentis Polygonion bistortae
Natura 2000
6520
Prairies de fauches de montagne
EUNIS
E2.31
Prairies de fauches montagnardes alpiennes
Corine B.
38.3 et 36.51 Prairies de fauches de montagnes et prairies subalpines
LES HABITATS NATURELS et SEMI-NATURELS DE RETORD (référentiel Natura 2000) Ils sont représentés par: 6 Habitats dominés par les espèces herbacées (pelouses et prairies) - Les pelouses écorchées sur les sols superficiels (dalles rocheuses affleurantes) (6110) - Les pelouses calcicoles « supramontagnardes) (6170) - Les pelouses calcicoles sèches + ou - xérophiles semi-naturelles (et landes buissonneuses) sur sols superficiels (6210) - Les formations herbeuses sur substrats acides montagnardes (6230) - Les prairies de fauche et pâturages montagnards (6520) - Les zones humides plus ou moins tourbeuses (sources) (7230)
3 Habitats dominés par les espèces ligneuses (forêts) - La hêtraie et la hêtraie sapinière montagnarde (Asperulo fagetum) (9130) - La hêtraie sèche calcicole thermophile (Cephalanthero fagion) (9150) - La hêtraie sapinière à épicéa (sorbiers et érables sycomores) (9140) Références: Photothèque J. Girel et publication de Gudin, D., 2010 – Document d’objectifs du site Natura 2000 FR 8201642 « Plateau de Retord et chaîne du Grand Colombier. » , DDT de l’Ain, Bourg-en-Bresse,, 68 pages.
LE TRANSECT: Un outil d’étude et de représentation de la végétation
transect un dispositif d’observation de terrain la représentation d’un espace, le long d’un tracé linéaire destiné à mettre en évidence des relations entre phénomènes.
C’est un outil de production de connaissances en écologie, utile en particulier pour l’analyse des paysages végétaux.
RELATIONS SOL-VEGETATION, UTILISATION DES TERRES ET BIODIVERSITE VEGETALE Pelouses, pâturages, et hêtraies Quelques communautés végétales le long d’un transect ouest-est Références: Doche, B., Girel, J. et Trosset, L.,- 1983
•Editeur : Ign •Série : TOP25 et Série Bleue Echelle : 1/25 000 •Date d'édition : juin 2018 •EAN : 9782758543244 •Référence catalogue : NANTUA 3230OT
Relations sol-végétation dans le Jura méridional montagnard; incidences sur la vocation des sols. Actes du 108 ème Congrès des Sociètés Savantes, 1982/2, 61-74. Manneville, O., Girel, J., Doche, B., Trosset, L., 1982Relevés floristiques et groupements végétaux sur le Plateau de Retord- Universités Grenoble-Alpes et Savoie-Mt-Blanc, document manuscrit non publié.
cl. D. Erster
cl. D. Erster
Le Tumet Grange à Lucien
https://earth.google.com/ consulté janvier 2022
pré-bois
hêtraie Hêtraie sapinière à épicéa
Combe de Retord (sud) pelouse acidophile de pente
pelouse acidophile humide
pelouse mésophile hêtraie
pelouses « écorchées »
Grange à Lucien
5 types de sols et de situations à mettre en relation avec la végétation
pelouses mésophiles reposoir
Le Tumet
REPOSOIRS
Blitum bonus-henricus [Chenopodiaceae] Chenopode bon-henri Cl: https://antropocene.it/en/2019/12/23/chenopodium-bonushenricus/ Veratrum album [Melanthiaceae; ex Liliaceae] Vératre blanc (cl. Florealpes)
Plantes nitratophiles , plantes adaptées au piétinement et plantes délaissées par les bovins (refus).
Gentiana lutea [Gentianaceae]] Grande gentiane, Gentiane jaune (Cl. D. Erster)
PELOUSES MESOPHILES
Trisetum flavescens [Poaceae] Avoine dorée, Trisète jaunâtre (cl.Botarela)
Cynosurus cristatus [Poaceae] Crételle (cl. ?)
Festuca pratensis [Poaceae] Fétuque des prés (cl. Botarela)
Phyteuma orbiculare [Campanulaceae] Raiponce orbiculaire (cl. D. Erster)
Sols bruns relativement profonds sur terrains relativement plats, bien pourvus en MO , gros cailloux, fraction minérale argileuse; marqués par l’impact humain: pression pastorale , anciennes prairies de fauche ayant été fertilisées (valeur fourragère moyenne)
PELOUSES XEROPHILES
Linum tenuifolium [Linacea] Lin à feuilles fines (cl. J. Girel) Koeleria pyramidata [Poaceae] Koelérie pyramidale (cl. Picasa)
Campanula glomerata [Campanulaceae] campanule agglomérée orbiculaire (cl. D. Erster)
Anacamptis pyramidalis [Orchidaceae] Orchis pyramidal, cl. J. Girel
Globularia bisnagarica (ex elongata) [Plantaginaceae] Globulaire vulgaire (cl. Florealpes)
Prairies et pâturages maigres sur pentes fortes des versants et buttes à sols superficiels (valeur fourragère moyenne à faible).
PELOUSES RUPICOLES CALCAIRES
Sedum album [Crassulaceae] Orpin blanc (cl. Florealpes)
cl. D. Erster
Thymus serpyllum [Lamiaceae] Thym serpollet (cl. ?, libre de droit)
Sur bancs calcaires affleurants dégagés par l’érosion, sols avec peu d’humus; milieux fortement calciques (valeur fourragère très faible)
Gypsophila repens [Caryophyllaceae] Gypsophile rampante (cl. infoflora.ch)
PELOUSES ACIDOPHILES HUMIDES (Fond de Combe)
Nardus stricta [Poaceae] (Nard dressé) Sources wikimedia
Polygonum bistorta [Polygonaceae] Renouée bistorte (cl. Emer)
Zones dépressionnaires à sols bruns profonds ou même sols argileux (gleys), taches rouilles indices d’une anoxie semipermanente, pH >7 Trollius europaeus [Ranunculaceae] Trolle d’Europe (cl. D. Erster)
PELOUSES ACIDOPHILES DE PENTE
Antennaria dioica [Asteraceae] , Antennaire dioïque, patte de chat (cl. Florealpes) Arnica montana [Asteraceae] Arnica des montagnes (cl. D. Erster)
Sols bruns lessivés sur pentes, bien drainés mais décalcifiés ; moindre influence du calcium. Gentiana kochiana ( [Gentianaceae] Gentiane de Koch (cl. D. Erster)
Pseudorchis albida( [Orchidaceae] Pseudorchis blanc (cl. Florealpes)
ZONES HUMIDES (parfois tourbeuses), SOURCES
Filipendula ulmaria [Rosaceae] reine des prés (cl. J. Girel)
Carex pauciflora [Cyperaceae] Laiche pauciflore (cl. INPN)
Tofieldia calyculata [Tofieldiaceae] Tofieldie des marais (cl. infoflora.ch)
Eriophorum angustifolium Aconitum napellus [Ranunculaceae] Aconit napel Ranunculus aconitifolius [Ranunculaceae] [Cyperaceae] Linaigrette (cl. J. Girel) Renoncule à feuille (cl. J. Girel)
PRE-BOIS et HÊTRAIES
(Cl. J. Girel)
Rosa pendulina [Rosaceae] Rosier des Alpes (cl. Florealpes)
Polygonatum verticillatum [Asparagaceae] Sceau de Salomon verticillé
Sorbus aucuparia [Rosaceae] sorbier des oiseaux (cl. treeeb)
Sorbus aria [Rosaceae] alisier blanc cl. Florealpes
Prenanthes purpurea [Asteraceae] Prénanthe pourpre
Geranium nodosum [Geraniaceae] Geranium noueux (Cl. J. Girel)
Paris quadrifolia [Melanthiaceae] Parisette (Cl. J. Girel)
Régression de la pression pastorale sur pelouses mésophile et pelouses xérophiles infiltration des espèces de la hêtraie voisine sur les zones sous pâturées puis fermeture progressive par divers arbustes.
RELATIONS SOL-VEGETATION, UTILISATION DES TERRES ET BIODIVERSITE VEGETALE Prés de fauche, pelouses, ourlets et hêtraies-sapinières à épicéa, plantations
•Editeur : Ign •Série : TOP25 et Série Bleue Echelle : 1/25 000 •Date d'édition : juin 2018 •EAN : 9782758543244 •Référence catalogue : NANTUA 3230OT
https://earth.google.com/ consulté janvier 2022
PRES DE FAUCHE (La Manche)
cl. D. Erster
cl. D. Erster
cl. D. Erster
(cl. D. Erster)
Combe de la Manche Hêtraie sapinière à épicéa
Pelouse + ou xérophile Prés de fauche
Combe de l’Arête
Creux de Trouvant
ourlet Plantation de résineux Pelouse ourlet mésophile Prés de fauche
5 types de sols (dont 4 riches en humus) à mettre en relation avec la végétation
PRES DE FAUCHE
Dactylis glomerata [Poaceae] Dactyle
Anthoxanthum odoratum [Poaceae] flouve odoratum Arrhenatherum elatius[Poaceae] Avoine élevée, fenasse
Rhinanthus alectolorophus [Orobanchaceae]Rhinanthe crête de coq Crepis biennis [Asteraceae] Crépide biannuel
Sols peu profonds et perméables (groupements mésophiles) importance des modalités d’exploitation (foin, regain, pâturage) et de fertilisation
PRES, OURLETS, LISIERES et FORETS (Creux de TROUVANT)
Photos D. Erster
OURLETS, LISIERES
Gymnadenia conopsea [Orchidaceae] Orchis moustique cl. infoflora.ch
Dactylorhiza maculata [Orchidaceae] Orchis tacheté (source wikipedia .org)
Traunsteinera globosa [Orchidaceae] Orchis globuleux (cl. Florealpes)
Dactylorhiza sambucina [Orchidaceae] Orchis sureau (cl. Florealpes)
Neotinea ustulata [Orchidaceae] Orchis brûlé (cl. Florealpes)
Combes étroites, sols superficiels et perméables , pentes peu pâturées présence de nombreux refus hébergeant notamment plusieurs orchidacées ainsi que des espèces caractéristiques des pré-bois, des pelouses et des forêts voisines.
HÊTRAIES SAPINIERES à EPICEAS Sur les sols bruns profonds des replats: association AbietiFagetum Caractérisée notamment par: Hordelymus europaeus [Poacea] Orge des bois
cl. J. Girel
Sur les rendzines humifères des pentes fortes, l’association Dentario-heptaphyllo-Fagetum Caractérisée notamment par: Cardamine heptaphylla [Brassicaceae] Cardamine à sept feuilles
cl. J. Girel
Au nord d’une ligne NW-SE, passant au niveau du Tumet et des Solives, la hêtraie pure laisse la place à la hêtraie-sapinière souvent à épicéa; l’enrésinement de nombreuses combes dans les années 1970 favorise l’extension des forêts de résineux (aspect montagnard de Retord)
LES COMBES ETROITES SOUS-PÂTUREES : RICHESSE EN ESPECES VERNALES
Particularité : la faible pression pastorale favorise le développement d’espèces appelées « vernales » (elles occupent une niche écologique temporelle). Certaines vernales peuvent être fréquentes et à fort recouvrement et d’autres sont considérées comme « rares » pour le Jura méridional.
Sommets de buttes (sol caillouteux lithocalcique) Fond de combe (sol profond) hydromorphe Pente 50%, sol Sommet de graveleux, butte caillouteuse caillouteux, sec Fond de combe Hêtraie sapinière à épicéa (sol profond) Pente 20%, sol sur sol humifère hydromorphe sec, lapiaz
Noccaea coerulescens [Brassicaceae](Thlaspi alpestre)
4 types de sols et de situations à mettre en relation avec la végétation
Gentiana verna [Gentianaceae]gentiane printanière, cl. D. Erster
Carex montana [Cyperaceae] (Laiche desmontagnes) cl. Floralpes
Pentes: sols bruns lessivés
Erythronium dens-canis [Liliaceae], Erythrone dent de chien
cl. J. Girel cl. J. Girel
cl. D. Erster
cl. J. Girel
cl. D. Erster
cl. J. Girel Narcissus pseudonarcissus [Amaryllidaceae], Jonquille Crocus sp. [Iridaceae]
cl. D. Erster
cl. D. Erster Tulipa sylvestris (T. celsiana) [Liliaceae], Tulipe de Celse
Fonds de combe sur sols à gley oxydés calciques
(clichés D. Erster)
Cardamine pratensis[Brassicaceae] Cressonnette Fritillaria meleagris [Liliaceae] Fritillaire pintade
Narcissus poeticus [Amaryllidaceae] Jeannette blanche, narcisse
LA BIODIVERSITE DANS LE CONTEXTE DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET DES CHANGEMENTS D’UTILISATION DES TERRES Evolution en cours: - Glissement des communautés végétales: les groupements collinéens et leurs espèces caractéristiques vont monter en altitude et s’installer progressivement à la place de certaines communautés et espèces végétales montagnardes (compétition). - Régression en nombre des espèces supramontagnardes/subalpines en position abyssale dans les « creux à neige » (entre le catalogue de Bouveyron 1959 et celui de Bolomier 1999 une dizaine d’espèces n’ont pas été retrouvées, des études concernant la Haute Chaîne récemment publiées montrent aussi ces changements (Références: Prunier, P., Boissezon, R., (Eds) 2017- Du Reculet aux sommets alpins: quels changements sur les crêtes?- Actes du colloque scientifique (2016), Les Cahiers de la réserve naturelle n° 1 (Gex), 172 pages). - Installation d’espèces végétales non-indigènes invasives (robinier, ailanthe etc…) Menaces: - Evolution des pratiques agricoles pâturage et production de fourrage sur des zones artificiellement fertilisées ? - Exploitation « industrielle » de certaines espèces (par exemple Arnica montana pour l’industrie pharmaceutique, narcisses pour la parfumerie) - Equipements « lourds » : impactant les milieux fragiles ; développement anarchique de retenues collinaires (neige artificielle); éoliennes etc…
BIODIVERSITE et SERVICES DES ECOSYSTEMES Les outils pour protéger et gérer la biodiversité: 1-les outils réglementaires issus de la loi définissant ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. 2-les incitations financières positives (paiements pour services) Gérer avec les agriculteurs : Constat: Diminution du nombre d’exploitations sur le plateau espaces pastoraux exploités principalement sous forme d’estives mais des parcelles sont encore fauchées (fourrage). Les surfaces des exploitations ont augmenté Exploitation des espaces par des groupements pastoraux (4 groupements sur l’ensemble Colombier Retord exploitent 1100 ha.)
Deux « instruments »: Les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) et dans les zones « Natura 2000 » les Mesures AgroEnvironnementales et Climatiques (MAEC) contrats qui visent à mettre en œuvre des pratiques favorables à l’environnement et à la biodiversité; ils rémunèrent les agriculteurs pour des actions qui contribuent à restaurer ou maintenir les services des écosystèmes dont la société tire des bénéfices (préservation de la qualité de l'eau, stockage de carbone, protection du paysage et de la biodiversité…).
Exemples de préconisations utilisées dans le massif du Jura: sur les prairies pâturées et pelouses montagnardes pas de retournement des sols, peu ou pas de fertilisants minéraux et organiques, pas de produits phytosanitaires, ouverture des milieux par élimination des ligneux envahissants et dans certains cas, mise en place de zones en défens pour faciliter la production de graines. Sur les prairies fauchées: respect de périodes d’intervention respectant la reproduction des végétaux et de la faune ; interdiction du pâturage précoce (déprimage) dans les zones humides etc… Gérer avec les « forestiers » Constat: forte politique de plantation de résineux complète fermeture de combes du plateau . Menaces: surexploitation de la forêt demande de bois de feuillus en hausse en particulier pour le chauffage. Exemples de préconisations: Limiter l’enrésinement, les coupes « à blanc-étoc », favoriser les espèces indigènes (hêtre, sapin…) plus résistantes aux pathogènes (exploitation rationnelle en relation avec l’ONF, le CNPF etc... ).
Bibliographie utilisée - Beauchamp, J. 2012- Géologie du Bugey. https://www.u-picardie.fr/beauchamp/Bugey/Geol_Bugey.html, site consulté en janvier 2022. - Bolomier, A.-C., Cattin, P., 1999- La flore du département de l’Ain. Inventaire complet , Editions « Connaissance de la Flore de l’Ain », Bourg-en-Bresse, 336 pages. - Doche, B., Girel, J. et Trosset, L.,- 1983- Relations sol-végétation dans le Jura méridional montagnard; incidences sur la vocation des sols. Actes du 108 ème Congrès des Sociètés Savantes, 1982/2, 61-74. - Enay, R., 1982- Notice explicative et carte géologique de St-Rambert-en-Bugey, editions du BRGM. - Girel, J., 1974- Contribution à l'étude écologique du Jura de l'Ain- Thèse de 3ème cycle, Biologie végétale option écologie, université de Grenoble, 100 p., 1 carte couleur h.t. - Girel, J., Vartanian, M.-C. et Vigny F.,- 1976- Carte écologique de Bourg en Bresse au 1/100 000- Essai de cartographie écologique intégrée, Documents de Cartographie écologique, 18, 11-42, 1 carte couleur h.t.. - Girel, J., 1982 - Les apports en eau dans la vallée du Ht-Rhône français; essai de synthèse cartographique par exploitation de données biogéographiques et floristiques. Revue de géographie de Lyon,1982/1, 7-23. - Girel, J., 1987- Analyse bibliographique et bilan des recherches sur la végétation du bassin versant du Haut-Rhône français. Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Lyon, 56(1), 19-32. - Gobat, J.-M, Guénat, C., 2019-Sols et paysages (Types de sols, fonctions et usages en Europe) - Presses polytechniques et universitaires romandes (PPUR), Lausanne, 562 pages. - Gudin, D., 2010 – Document d’objectifs du site Natura 2000 FR 8201642 « Plateau de Retord et chaîne du Grand Colombier. » , DDT de l’Ain, Bourg-enBresse,, 68 pages, https://carmen.application.developpementdurable.gouv.fr/IHM/metadata/RHA/Publication/docob/FR8201642_A12/A12_Docob.pdf, consulté janvier 2022 - Mangold, C., Enay, R., 2004- Notice explicative et carte géologique de Nantua, éditions du BRGM. - Manneville, O., Girel, J., Doche, B., Trosset, L., 1982- Relevés floristiques sur le Plateau de Retord- Document manuscrit non publié. - Passerat, E., Reydellet, L. 1912- Pays de Retord- Annales de la Société d’Emulation de l’Ain (agriculture, lettres, sciences et arts), 45, 217-275. - Prunier, P., Boissezon, R., (Eds) 2017- Du Reculet aux sommets alpins: quels changements sur les crêtes?- Actes du colloque scientifique (2016), Les Cahiers de la réserve naturelle n° 1 (Gex), 172 pages. - Villaret J.-Ch. et al., 2019- Guide des habitats naturels et semi-naturels des Alpes, du Jura méridional à la Hte-Provence et des bords du Rhône au MontBlanc- Naturalia publications et conservatoire Botanique Alpin, Turriers (Htes-Alpes), 639 pages.