Un confinement à Retord

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Confinement sur le Plateau de Retord


Jeudi 12 Mars 2020

Le Président de la République Emmanuel Macron annonce la fermeture des écoles à partir du lundi 16 mars, les enfants sautent de joie. L’enseignement se fera à distance, une première.

Samedi 14 Mars 2020 Les restaurants et bars doivent fermer à minuit, incroyable et inédit comme situation. Les stations de ski aussi.


Lundi 16 mars2020 Dès que j’ai senti qu’un confinement se profilait, j’ai tout de suite pensé qu’on serait mieux confiné sur le Plateau de Retord. Sophie n’était pas très emballée au début par l’idée, je commençais à être résigné puis finalement en y réfléchissant, elle a pensé qu’on serait mieux sur le Plateau de Retord. On serait vraiment isolés, les enfants feront moins d’écran. Quand on a vu qu’on arrivait à se connecter aux sites pour faire l’école à distance à partir de nos téléphones portables, cela nous a conforté dans notre décision.


Mardi 17 mars 2020 On monte sur le Plateau de Retord, c’est décidé, surtout qu’ils annoncent beau et un temps printanier pour les prochains jours. Nous sommes une famille de 5 : Sophie, les enfants Juliette (11 ans et demi), Louis (9 ans) et Victor (6 ans) et moi-même Laurent. Sophie fait les courses le matin. On quitte la départementale à 12h15 soit 15 minutes après le début officiel du confinement.

On arrive à passer une première intersection après avoir dû pelleter un reste de neige.

On ne peut pas passer par un premier chemin car un sapin est au milieu de la route, on reste bloqués un peu plus loin sur un autre chemin.


Mardi 17 mars 2020 (suite) Heureusement un voisin a un 4x4 et il nous emmène les affaires jusqu’à la maison. Nous laissons la voiture à 2km de la maison. Il nous pose les affaires devant la maison : on s’installe donc là pour 3 ou 4 semaines. On voit encore un peu de neige devant la maison et au fond du pré adjacent.


Mercredi 18mars 2020 Le temps est tellement beau que nous pouvons déjeuner dehors le midi au soleil.

La première cabane d’une longue liste est construite par les enfants dans les bois à côté.

Les premières jonquilles pointent leur nez sous des arbres. Nous allons régulièrement nous promener vers un point de vue qui permet de voir une portion d’autoroute, c’est frappant le peu de circulation qu’il y a : on compte 3 véhicules en 10 minutes alors que d’habitude, c’est un flot ininterrompu de camions et de voitures,


Jeudi 19 mars 2020 Je peux télé-travailler, le mieux est de me mettre dehors car c’est là où on capte le réseau en 4G, à l’intérieur c’est de la 3G ou du Edge probablement à cause de l’épaisseur des murs. Je vais à pied au Poizat à l’épicerie car il nous manque des choses, bien pratique ce commerce de proximité, la gérante y est très sympa.


Vendredi 20 mars 2020 Les premiers jours de l’école à distance sont laborieux car on doit récupérer les identifiants et d’utiliser les différents outils (il y a presque un outil par enseignant). Le problème est qu’on est sous équipés : nous n’avons qu’un seul ordinateur portable et c’est celui que j’utilise pour le télétravail. Nous avons oublié de monter une imprimante, elle aurait été bien utile pour imprimer les devoirs. Les enfants font essentiellement leur devoir à travers le smartphone de Sophie qui n’est pas de dernière génération et n’a pas un grand écran. Je vais couper le sapin qu’on avait repéré depuis la route, heureusement que j’avais pensé à monter la tronçonneuse. Je peux amener la voiture à la maison.

Des habitudes commencent à se mettre en place comme la petite partie de foot le soir avec les enfants.


Samedi 21 mars 2020 Je pars faire un jogging, j’avoue enfreindre la loi : je dépasse la distance (1 km) et la durée (1h) réglementaires, je ne m’attarde pas quand je dois traverser une route goudronnée.

L’herbe encore rase permet de jouer au frisbee et au boomerang car on peut facilement les localiser. C’est compliqué l’école à la maison, les enfants sont toujours venus sur le Plateau de Retord en vacances et en weekend, ils n’ont jamais ouvert le moindre cahier lors de leurs précédents séjours. Nous ne voyons personne de la journée, les gens respectent scrupuleusement le confinement.


Dimanche 22 mars 2020 Quand je cours sur le Plateau de Retord, je ne rencontre personne. Je repense souvent aux différentes histoires du livre de Damien Saboul « ‘Les houblons sauvages ».

On prend le temps de se promener et on découvre ainsi plein d’endroits autour de la maison au milieu de la forêt. Comme on sait qu’on est appelé à rester plusieurs semaines sur le Plateau de Retord et qu’on ne peut aller nulle part, on n’a pas l’impression du temps qui file, qu’il faut se dépêcher…


Lundi 23 mars 2020 Il fait tellement beau qu’en plein Sud, on a 32 degrés. Victor aime bien explorer les environs. L’école à distance est compliquée car Sophie doit gérer 3 niveaux scolaires de 3 écoles différentes (Grande Section de l’école Maternelle, CE2 de l’école Elémentaire et la 6ème du Collège). Pour la 6ème, chaque professeur a son propre moyen de communication : email, Pronote ou appli à télécharger...

Très dur de s’y retrouver. La mise en place est longue pour Juliette et dur pour elle de devenir autonome sans avoir son propre ordinateur... Les enseignants nous demandent de renvoyer les travaux par email régulièrement. En maternelle et en élémentaire, les enseignants ont mis en place une application pour rester en contact avec leur classe, partager des photos etc…


Mardi 24 mars 2020 Juliette se met aussi dehors pour faire ses visioconférences pour bénéficier d’une meilleure connexion. Les enfants font une deuxième cabane. La charge de travail scolaire n’est pas énorme, en tout cas, les enfants passent beaucoup moins d’heures à étudier que s'ils étaient en présentiel à l’école.


Mercredi 25 mars 2020 On voit beaucoup d’animaux, plus que d’habitude. On surprend même de jour un blaireau qui est pourtant un animal nocturne. Il y a moins de passage d’humains que ce soit dans un but professionnel ou récréatif. La nature reprend vite ses droits quand l’humain s’efface. Comme je suis en weekend, j’ai le temps d’aller en VTT jusqu’à la fruitière de Brénod faire le plein de fromage et de beurre. Je prends une attestation. Je passe par les chemins évitant au maximum les routes goudronnées. Même si c’est légal et je suis en règle, car après tout, le but de cette sortie VTT est d’aller faire des courses, je préfère ne pas rencontrer de gendarmes. A l’épicerie-bar, j’achète la charcuterie d’Hotonnes qui est très bonne. Les chemins sont très praticables, la neige a bien fondu et ils sont secs. Ce sont des conditions idéales pour la pratique du VTT.


Jeudi 26 mars 2020 Une chose frappant pendant le confinement est la pureté du ciel, il est certes pur sur le Plateau de retord mais cette fois ci, il est sans avion. En effet, malheureusement, Retord se situe sous un couloir aérien qui mène à l’aéroport de Genève, du coup, les avions volent bas et sont nombreux en temps normal.


Vendredi 27 mars 2020 Le rituel de l’école est maintenant bien en place, chacun y met du sien même si la motivation n’est pas toujours au rendez-vous ! les enseignants nous demandent de renvoyer les devoirs par email, pas facile sans imprimante, surtout pour les devoirs de géométrie de Juliette.


Samedi 28 mars 2020 Sophie descend tous les 15 jours à Nantua / Port pour des commissions en super marché et pour le marché du samedi matin quand il est autorisé. Elle en profite pour donner rendez-vous à son frère et le voir pendant le marché.

Elle remplit aussi aux Neyrolles les bouteilles d’eau pour boire, son record est de 70 bouteilles !! En effet, l’eau qui coule aux robinets provient du toit et est stockée dans une citerne, elle n’est donc pas potable et on doit monter toute l’eau que l’on boit.


Samedi 28 mars 2020 (suite) Ces matinées dédiées aux ravitaillements sont loin d’être sans stress, en effet il ne faut pas oublier que l’épidémie est proche du pic et personne ne porte de masques : tout le monde s’évite même dans les rayons des supermarchés on évite de se croiser encore. Autre source de stress : l’attestation à devoir présenter en cas de contrôle, Sophie est peu habituée à ce type de contrainte.

On va voir des amis qui eux aussi se confinent sur le Plateau de Retord. On reste dehors à distance de quelques mètres. Ça nous fait un grand bien de voir du monder et de discuter avec des amis.


Dimanche 29 mars 2020 Un brouillard épais a envahi le Plateau de Retord, du coup, on fait des bugnes lyonnaises. Cette recette nécessite d’être plusieurs, idéale comme activité à faire en famille par un temps maussade. On attendait ce jour de brouillard avec impatience car une journée maussade était la condition pour cette activité familiale.


Lundi 30 mars 2020 Même si on peut déjeuner et gouter dehors en se mettant au sud, les nuits restent fraiches, l’eau gèle au plus grand plaisir de Victor qui peut casser la glace avec un marteau le matin. Louis doit construire une chose avec des objets comme travail d’école en arts plastiques, on fait une superbe voiture avec les moyens du bord (brouette, balais, passoire etc...).


Lundi 30 mars 2020 (suite) Chaque soir, on fait une petite balade. Si j’arrive à me libérer suffisamment tôt de ces contraintes familiales, on emmène le gouter.

Juliette et Louis font un tour régulier à deux sur le vieux vélo qu’il y a à la maison. Il leur est trop petit et il n’y en a qu’un, de plus on a oublié de monter leurs casques. Lors du départ finalement précipité,on n’a pas pensé à prendre les vélos des enfants.


Mercredi 1er avril 2020 Le confinement n’empêche pas de fêter le 1er avril, les enfants prennent un malin plaisir à nous scotcher des poissons en papier dans le dos.

Lors de notre balade de fin d’après-midi, nous tombons sur une gouille dans les bois derrière la maison, elle semble être plus boueuse que profonde. Louis décide de la traverser en courant, malheureusement il en perd une basket. Il retourne à l’endroit où il l’a perdu et doit mettre tout son bras dans la boue froide pour la retrouver.


Jeudi 2 avril 2020

Le beau temps permet à Juliette de faire ses visios dehors dans une chaise longue. Par décence pour ses camarades de collège, je lui demande de ne pas mettre la caméra.

Les enfants prennent l’habitude de faire le gâteau du goûter, encore une chose qui n’arrive jamais en temps normal.


Jeudi 2 avril 2020 (suite) Sophie en profite pour ranger certaines parties de la maison que l’on n’a jamais le temps de faire en venant que les weekends ou en vacances.

Elle pense souvent aux anciens propriétaires de cette vieille ferme en se disant que la vie devait être autrement plus rude dans le temps.


Vendredi 3 avril 2020 Comme tous les mardis et vendredis, il faut aller au Poizat chercher le pain que l’on récupère par la tournée du boulanger Eric Saboul.

On en profite pour discuter avec des connaissances du Poizat.

Parfois, on pousse jusqu’à l’épicerie.


Jour 19 : samedi 4 avril 2020 Samedi, c’est le jour des courses à Brenod en VTT.

Je viens de quitter Brenod et Sophie m’appelle pour m’indiquer qu’il n'y a plus d’électricité depuis 10 minutes, il est 10h. Une fois rentré, je vérifie que le tableau électrique est en ordre, il y avait le matin de l’électricité quand je me suis réveillé tôt. J’appelle des voisins : eux non plus n’en n’ont plus. C’est presque rassurant, le problème ne vient pas de nous. A Noël, Lalleyriat était resté quelques jours sans électricité et avait dû être approvisionné par des générateurs.

On reçoit des SMS comme quoi il y a un souci dans un transformateur à Charix.


Jour 19 : samedi 4 avril 2020 (suite) Sophie était allée la veille en course. Sans électricité, la première chose critique est la conservation de la nourriture, on a le gaz pour cuisiner, on se couchera tôt si la fée électricité ne revient pas, on se chauffe au bois. Pour les téléphones portables, dans le pire du pire des cas, on les branchera dans la voiture pour les recharger.

La deuxième chose, qui pourrait devenir critique dans un deuxième temps, sera le pompage de l’eau de la citerne. Heureusement, c’est un samedi donc je ne travaille pas et n’est donc pas à utiliser mon ordinateur. Nous mettons toute la nourriture dans un cagibi, il fait 8 degrés environ, nous faisons de la place dans un placard afin de mettre les aliments. Finalement, l’électricité revient vers 18h. Heureusement, rien ne s’est abîmé. Sophie avait fait une soupe dès 16h quand il faisait encore jour après avoir retrouvé au fond d’un vieux placard un pressoir manuel.


Jour 19 : samedi 4 avril 2020 (suite) Nous avons de la chance que des voisins soient confinés eux aussi sur le Plateau de Retord, ils nous passent des livres : un vieux livre sur la montagne pour moi, des thrillers pour Sophie et surtout plein de BD pour les enfants, ils dévorent des Tintin et Milou.

Si on avait su qu’il y aurait autant de beau temps, on aurait monté les vélos des enfants, car le terrain est sec et l’herbe basse.


Dimanche 5 avril 2020 Alors que tous les prés sont en herbe et que la neige a pratiquement toute disparue, un pré situé à 1km de la maison est en pente d’Ouest en Est et est bordée sur son côté Sud par une forêt.

Du coup, une langue de neige de 5m descend sur ce pré entretenu car fauché l’été et permet aux enfants de se faire une descente de luge sur la neige et de remonter dans un pré sec.


Dimanche 5 avril 2020 (suite) Nous passons un agréable après-midi, le soleil généreux nous chauffe bien. Il fait tellement chaud Nous passons un agréable après-midi, le soleil généreux nous chauffe bien. Il fait tellement chaud que les garçons font des descentes en caleçons et se roulent dans la neige pour mettre à l’épreuve leur courage et virilité naissante.


Dimanche 5 avril 2020 Plus d’eau ne coule des robinets… Le voyant du compresseur de la pompe est rouge. J’ouvre le couvercle de la citerne qui récupère l’eau du toit. On voit la pompe immergée, il n’y a pas eu beaucoup de neige cet hiver et depuis le début du confinement, pas la moindre pluie n’est tombée. Malheureusement, je ne sais pas comment elle fonctionne, d’ailleurs, c’est la première fois que je vois la pompe. Avec une corde, je relève le flotteur qui arrête la pompe par sécurité car le niveau est très bas et la pompe repart mais c’est risqué car il ne faut surtout pas qu’elle prenne de l’air, je risquerais de la casser et sans eau, même si elle n’est pas potable, le confinement sur le Plateau de Retord ne pourrait pas continuer.


Lundi 6 avril 2020 Les enfants construisent leur cabane la plus aboutie.

2 enfants viennent régulièrement construire avec l’aide de leur père une cabane pas bien loin de la maison. Les enfants se croisent régulièrement mais n’osent engager une conversation. L’ambiance à la maison est détendue, l’enseignement à distance se passe de mieux en mieux et avons beaucoup de temps libre pour faire quelques bricolages. Ce qui n’est pas fait un jour sera fait le lendemain. Il n’y a pas de console vidéo ni de box internet.


Mardi 7 avril 2020 Nous mangeons notre première salade de pissenlits ramassée dans le pré, c’est succulent avec un œuf mollet et des lardons et des tartines de fromage fort de la fromagerie de Brénod.

Le Premier Ministre Edouard Philippe annonce que le confinement va durer, je prends cela comme une très très bonne nouvelle. C’est un sentiment très égoïste, j’en suis pleinement conscient, tout comme je suis conscient de la souffrance que cette pandémie a engendré pour les personnes ayant perdu des proches, que beaucoup de personnes sont dans des situations tendues comme les soignants, étudiants, les commerçants etc…


Mercredi 8 avril 2020 Comme d’habitude, un beau soleil est présent au réveil, je pars courir. Je tombe sur des cerfs, c’est la première fois que j’en vois. C’est impressionnant comme cet animal est plus grand qu’un chevreuil, on ne peut pas se tromper.

Tous les 2 jours, je vais voir le niveau d’eau dans la citerne, je sais combien de cm chaque jour la hauteur d’eau perd et je peux donc évaluer combien de temps, on peut encore tenir.


Jour 23 : mercredi 8 avril 2020 (suite) Des pluies sont annoncées certains jours mais ce ne sont que quelques gouttes qui tombent, juste de quoi mouiller le toit, cela n’arrive même pas aux chéneaux et encore moins dans la citerne. On prend moins de douches et elles sont plus brèves. L’eau est gérée par la Communauté de commune mais comme nous ne sommes pas client, elle ne peut rien faire pour nous aider. Comme souvent, c’est Sophie l’initiatrice des travaux. On va « lasurer » les portes et les volets. Ils en ont bien besoin, surtout ceux exposés plein Sud. Encore une chose que l’on doit faire et qu’on ne fait pas en temps normal par manque de temps.

C’est le jour de pleine lune donc nous allons voir le coucher de soleil et le lever de lune. Nous nous sentons bien loin de la pandémie et des ravages et des malheurs qu’elle engendre.


Jeudi 9 avril 2020 Journée de travail d’un jeudi habituel : Juliette suit ses visios dehors et moi mes appels pour mon travail, c’est le jeudi où j’ai le plus d’appels.

La tarte aux pommes au goûter est succulente et la tarte aux orties le soir tout autant.


Vendredi 10 avril 2020 Contrairement aux premières semaines où on pouvait rester plusieurs jours sans voir personne, il n’est plus rare de voir des randonneurs ou des VTTistes.


Samedi 11 avril 2020 Jour où Sophie descend faire les courses et le plein des bouteilles d’eau et surtout l’achat de short et Tshirt pour les enfants, nous n’avions pas pris . d’affaires d’été dans notre départ un peu précipité.

C’est toujours avec le même plaisir que je prends le VTT pour me rendre à Brenod, je fais le plein de Comté, de petits chèvres, de Morbier et de raclette (nous en faisons une par semaine) à la fruitière. À l’épiceriebar, j’achète en plus de la charcuterie d’Hotonnes, le Progrès (qui met en avant les dames dans chaque village qui cousent des masques) et une carte de jeux de grattage par enfants (on n’en achète jamais car on ne va jamais dans des bureaux de tabac/presse en période normale). Petit plaisir personnel et égoïste : je m’achète un pain au chocolat à la boulangerie de Brenod : ils sont énormes..


Samedi 11 avril 2020 (suite) Je roule un peu et le savoure en descendant du vélo. Avant de quitter Brénod, je bois l’eau de la fontaine de la place centrale. À l’aller, j’essaie et découvre plein de chemins marqués sur la carte mais qui sont souvent que des chemins de débardage abandonnés en fait et peu roulant, du coup, je m’égare momentanément mais ce n’est pas grave, ça reste des moments agréables.

Au retour, je vais au plus court par les chemins car je suis chargé et je ne voudrais pas que le beurre et les fromages restent trop longtemps au chaud. Je peux constater d’une semaine sur l’autre que la neige fond.

Comme il fait beau, nous partons pique-niquer à pied dans une combe à quelques kilomètres.


Dimanche 12 avril 2020 Très belle journée pour la Chasse aux œufs de Pâques. Tous les œufs cachés ont été retrouvés, il arrive souvent qu’on oublie où tous les œufs ont été cachés mais pas cette fois.

On avait pensé heureusement à prendre une tondeuse à cheveux donc on tond les garçons qui n’ont évidemment pas eu le temps d’aller chez le coiffeur avant le début du confinement.


Lundi 13 avril 2020 Le beau printemps permet de continuer de déjeuner le midi dehors plein sud. Lors de notre petite balade qui s’égare parfois hors des chemins, que découvrons-nous ? Une trace anormalement grosse d’un félin. On la trouve en dehors d’un chemin, personne ne promène un gros chien ici, surtout en période de confinement. Nous pensons et rêvons que c’est bien la trace d’un loup.

Le Président annonce la poursuite du confinement jusqu’au 11 mai !


Mardi 14 avril 2020

Nous avons des rendez-vous fixe dans la semaine : la tournée du boulanger Eric Saboul chaque mardi et chaque vendredi. Le plus souvent, c’est moi qui vais chercher les pains, ça me donne l’occasion de discuter avec les gens du Poizat, on échange sur le confinement, sur l’évolution de l’épidémie. Parfois, je passe à l’épicerie du Poizat acheter les quelques denrées qui manquent.

Nous retournons vers la trace de loup pour la mesurer avec une règle graduée transparente d’écolier.


Jeudi 16 avril 2020 J’enlève les broussailles du pré devant la maison afin que la forêt ne l’envahisse pas.


Vendredi 17 avril 2020 Ça faisait longtemps que je voulais retrouver un puit artificiel à ciel ouvert à quelques kilomètres de la maison, ce sera le but de notre balade du jour, après plusieurs minutes de recherche, on le retrouve.

On tombe sur des oeufs de batraciens dans une ornière plus loin dans la balade. Cela fait un mois que le confinement est en vigueur, nous sommes conscients de la chance que nous avons d’être sur le Plateau de Retord. Nous sommes dans une prison dorée. Nous n’avons aucun regret d’être venu nous confiner ici.


Samedi 18 avril 2020 Courses à Brenod comme chaque samedi. Je bêche l’ancien potager qui était devenu tout en herbe, ce n’est pas évident car la terre n’est pas épaisse sur le Plateau de Retord.

Les enfants du village qui ont construit une cabane avec leur Papa mettent une lettre dans la cabane de Juliette et Louis.


Dimanche 19 avril 2020 Sophie, qui aime bien gratter la terre, se met à gratter au bout d’un muret, on retrouve plein d’autres pierres ainsi que de la ferraille, des bouts de tuile et du verre, le tout était enseveli sous l’herbe. Le muret était à l’origine plus long et nous le réhabilitons.


Mardi 21 avril 2020 Ce sont les enfants qui vont chercher le pain au Poizat.

L’après-midi, on retourne au Poizat chez le fromager / primeur Jacquiot. On descend par un nouveau sentier.


Mercredi 22 avril 2020 Les pissenlits sont en fleur : je demande aux enfants d’en ramasser 180 et on va faire de la confiture. C’est très vite ramassé finalement et le résultat est succulent.


Jeudi 23 avril 2020 Sophie me pousse à lancer un nouveau chantier : la fin de l’isolation des combes, il faut faire les finitions et empêcher la fouine d’accéder à la laine de verre. Il y a plein de crottes dans les combles, c’est très sale et ragoutant. On nettoie tout, c’est très sale, cela n’avait pas été nettoyé depuis plusieurs années.

Juliette et Louis rencontrent enfin les autres enfants, ils sont très sympas. Ils passent de bons moments ensemble dans leurs cabanes respectives, même en cas de mauvais temps !


Samedi 25 avril 2020 Sophie va au Marché de Nantua. Les jours passés, plusieurs fois la météo annonçait des averses mais rien. Aujourd’hui il pleut et pour de bon. C’est même de la grêle…. Quel soulagement, la pluie va remplir la citerne. Des grêlons de 1 cm tombent.

Les choux repiqués du matin dans le potager sont très abîmés mais le plus important est que la citerne s’est remplie et donc le confinement peut continuer.


Dimanche 27 avril 2020 Je cours tous les 2 ou 3 jours, je ne passe jamais au même endroit, j’arrive toujours à avoir un but, je ne prends pas d’attestation, la longueur du parcours dépend de l’heure à laquelle je me lève, du temps que j’ai (si j’ai un appel pour le travail tôt dans la matinée, je ne peux pas y aller), c’est toujours un plaisir, jamais une contrainte.


Lundi 28 avril 2020 Une vraie journée pluvieuse. La citerne ne recueille seulement qu’un pan du toit, les enfants prennent des seaux pour les remplir depuis l’autre pan de toit puis les déverser dans le regard pour que ça aille dans la citerne. Ils en font une obsession, en plein milieu du repas, ils vont vider les seaux, ils foncent dès le réveil en pyjama vider les seaux.

La journée de pluie était aussi dédiée à une nouvelle préparation de bugnes lyonnaises, on avait décidé qu’on en referait un jour pluvieux, on les a donc enfin faites.


Mardi 29 avril 2020 Apres l’épisode de quelques jours de pluie, les paris sont pris sur la hauteur dans la citerne, je pense 1m90, les enfants pensent 2,5m, je mesure : 1m40. Enorme déception, en fait, la citerne doit avoir une fuite à cette hauteur-là. Tous les seaux versés et récoltés par les enfants furent un effort vain, ils sont très déçus et Juliette en pleure même.


Dimanche 3 mai 2020 Les chemins sont devenus boueux, les enfants jouent dans les ornières des chemins de débardage, se mouillant jusqu’au niveau de la taille, se mettant de la boue sur le visage comme maquillage camouflage.


Mardi 5 mai 2020 Nous allons chez le fromager Jacquiot.,,


Jeudi 7 mai 2020 La fin du confinement approche, nous avons notre première visite. Maman nous apporte des masques qu’elle a confectionnés. Les enfants lui montrent toutes les cabanes qu’ils ont construites.

Samedi 9 mai 2020

Ça sent vraiment l’été.


Lundi 11 mai 2020 (premier jour déconfiné) On décide de descendre à Péronnas vers Bourg voir les grands parents maintenant qu’on peut circuler, ils ont plus de 90 ans et on est au moins sûrs qu’on n’a pas le covid comme on a été isolés.


Mardi 12 mai 2020 On quitte aujourd’hui, je veux déboucher une gouttière, en fait c’est le puit perdu qui est bouché, du coup, on creuse et j’arrive à déboucher.

Je ne me suis ni rasé ni coupé les cheveux de tout le confinement. Un bouquet de jonquilles est ramassé. Les enfants sont très contents de rentrer et ont hâte de retrouver leurs copains. Je garde un super souvenir de ce confinement, vivement le prochain.

On a tellement aimé qu’on en a fait un album photo, on n’a jamais été autant dehors que pendant ce confinement.


Mai 2021 Sophie et moi gardons un très bon souvenir de notre séjour sur le Plateau de Retord pendant le confinement. Nous avions fait le bon choix, ce fut comme une parenthèse, nous courrions moins, nous avions plus de temps pour des choses simples. Nous ne sommes pas remontés pour les 2 autres confinements car l’école est restée en présentiel lors du confinement de l’automne 2020 et le temps fut maussade lors du confinement du printemps 2021. Les enfants ont certes bien aimé mais ont souffert de l’éloignement avec leurs amis et de l’absence des écrans et de la connexion à internet, malheureusement cela semble être ancré dans leur génération. Je pense qu’il y aurait eu beaucoup plus de tensions si on n’était pas monté justement à cause des écrans. Nous y remontons régulièrement faire des courts séjours mais ce n’est pas pareil car on y reste moins longtemps et on est moins isolé, moins en autarcie que pendant le confinement. Sophie et moi nous remémorons souvent avec nostalgie les nombreux bons moments.



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