La ferme du Douaire Ottignies-Louvain-la-Neuve
Sise au cœur de l’entité à caractère urbain et bordée par un grand centre commercial, la ferme du Douaire est une ancienne exploitation agricole développée entre le 18e et le 19e siècle à partir d’un manoir du premier tiers du 17e siècle. Aujourd’hui très restauré, cet ensemble abrite des services communaux de type socio-culturel.
La ferme du Douaire Ottignies-Louvain-la-Neuve Son histoire La ferme du Douaire, classée au patrimoine wallon, se dresse à l’extrémité sud du territoire de l’ancienne commune d’Ottignies. Elle borde la rive gauche de la Dyle et longe la route qui mène à Mousty. C’est à cet endroit que s’est formé le noyau du village primitif d’Ottignies, avec l’église Saint-Remi, le château et à partir du 15e siècle, une brasserie, une foulerie et un moulin banal. La ferme du Douaire est mentionnée la première fois en 1529 sous l’appellation « maison du Dowaire » (cense du Douwaire en 1666 ; cense du Douaire en 1793). Elle a toujours appartenu à la famille des seigneurs de Limelette mais était tenue en fief aux seigneurs d’Ottignies, dont les origines remontent au 12e siècle. La ferme telle qu’elle existe aujourd’hui trouve son origine dans l’érection d’un manoir du début du 17e siècle, complété par des bâtiments à vocation agricole durant le 18e siècle. L’existence du manoir dès le 16e siècle est bien attestée pas les sources écrites. Le bâtiment s’authentifie lui-même à partir du début du 17e siècle, avec ses millésimes « 1635 » et « 1658 ». Après la Révolution française et durant le 19e siècle, l’exploitation gagne en importance et comptabilise 123 ha de terres cultivées. Ces dernières chutent à 60 ha au milieu du 20e siècle, exploitées par le dernier fermier des lieux, Émile Goies Ferme de Mellemont - Thorembais-les-Béguines qui cesse ses activités en 1962. Laissée à l’abandon jusqu’en 1983, la ferme est ensuite classée puis restaurée en vue d’y introduire des services communaux tels qu’une bibliothèque, un Centre culturel, une salle d’exposition et de réunion, ou encore une ludothèque. Le développement de la « maison Dowaire » vers la « cense du Douaire » est représentatif d’une évolution des mentalités et des usages entre le 16e et le 18e siècle. On passe d’un usage seigneurial direct, son lieu de vie, vers une exploitation agricole tenue par un censier au compte du seigneur, puis une ferme en tant que telle.
La ferme du Douaire Ottignies-Louvain-la-Neuve Architecture La ferme du Douaire est un ensemble clôturé dominé par le logis en L et par la grange en long. Ce sont aussi ces deux volumes qui sont les plus anciens. Le Logis est très représentatif d’un logis d’une petite artistocartie à l’entame du 17e siècle. Il résulte de plusieurs phases dont la première doit se situer avant 1635. Ce noyau plus ancien prenait la forme d’un haut volume sur plan carré, percé à rue par une porte aujourd’hui disparue. Ce logis de type turriforme était doté d’une tourelle d’escalier qui devait avoir sa couverture propre. Dès la 2e moitié du 17e siècle, le volume s’agrandit vers le nord pour adopter un plan en L. Ce volume est couvert par une bâtière soulignée d’une frise dentée. Au 19e siècle, il est prolongé dans la même direction et entièrement équipé alors de fenêtres à linteau droit sur des jambages monolithes et ouvert par une porte de même facture. La petite grange en long se situe au nord du complexe et semble dater de la seconde moitié du 18e siècle. C’est un haut et large volume couvert d’une ample bâtière à faible coyau. Elle est soulignée par des trous de boulin et par une frise dentée. Les deux pignons sont aérés par trois oculi et percés par un portail en plein cintre auxquel répond un autre pour permettre l’usage du passage charretier. Le gouttereau est ouvert du côté de la cour par une unique porte piétonne permettant la sortie du cheval. À l’intérieur, la grange traversée par un couloir charretier est aménagée aujourd’hui pour recevoir des expositions ou des événements temporaires.
Mathieu Bertrand