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ÉCRANS

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PORTFOLIO

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© Association Atmosphères

FESTIVAL 2 CINÉMA DE VALENCIENNES

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Retour en salle

En mars 2020, la manifestation a connu le pire des scénarios, stoppée net un jour et demi après son lancement à cause d’une suspicion de cas de Covid. Le Festival 2 Cinéma de Valenciennes signe son grand retour en cette rentrée avec pléthore d’invités et d’avantpremières, sous le haut-patronage de l’immense Pierre Arditi. Alors, moteur et action !

Comme un symbole, le Nordiste Xavier Beauvois, attendu l’an passé, est accueilli dans le Hainaut en tant qu’invité "coup de cœur" (dévoilant en sus son dernier-né, Albatros) tel un pied-de-nez à la fatalité. Parmi les œuvres présentées, on compte d’ailleurs beaucoup de signatures hexagonales.

© Les Arts Mateurs Valenciennes

« Contrairement à d’autres pays, on a continué à tourner en France durant la pandémie », explique le directeur du F2V, Jean-Marc Delcambre. Notons ainsi la présentation de Si on chantait de Fabrice Maruca, avec Clovis Cornillac et Artus. Réalisé durant l’été 2020 à Quiévrechain, ce « feel good movie » dans la droite ligne de The Full Monty raconte les aventures d’ouvriers licenciés, qui décident de monter une entreprise de livraison de chansons à domicile. Voilà qui devrait plaire à Pierre Arditi, invité d’honneur de cette 11e édition et fervent défenseur d’un cinéma populaire ET qualitatif – lui aussi connaît la chanson…

On remet le son - Entre les deux compétitions officielles (l’une de fictions, l’autre de documentaires, présidée cette année par Tony Gatlif) et une myriade d’avant-premières (dont Le Loup et le lion de Gilles de Maistre) le festival met comme toujours à l’honneur un métier de l’ombre du 7e art. En l’occurrence, on attend les masterclass de l’ingénieure du son Brigitte Taillandier et du mixeur Jean-Pierre Laforce « qui collectionnent les nominations aux César ». Ave ! Julien Damien

Valenciennes, 24 > 29.09 Cinéma Gaumont & divers lieux, 1 séance : 7/4€, www.festival2valenciennes.fr

FIGRA

Gros plan sur le monde

© DR

Le Touquet, Lille, Saint-Omer et aujourd’hui Douai… En 28 éditions, le FIGRA* a vu du pays, mais reste fidèle aux Hauts-de-France. Cette nouvelle sélection nous emmène sur les très convoitées terres de l'Arctique avant de rejoindre le chaos libanais. Ce festival tend également un miroir à une profession (journaliste, donc) en pleine remise en question. En 1984, la société minière suédoise Boliden a expédié des déchets toxiques au Chili, où ils devaient être correctement traités. En réalité, une partie a été déversée à la périphérie de la ville désertique d’Arica, avec de graves conséquences sur la santé des résidents... Arica, documentaire belgo-suédois présenté en compétition, touche à l’essence du journalisme : observer, enquêter, témoigner. Ou « porter la plume dans la plaie », pour reprendre la tournure galvaudée d’Albert Londres, dont la figure et l’héritage seront évoqués lors d’une rencontre. Une fois encore, les 77 films projetés en cinq jours piquent notre curiosité (voir le docu d’Antoine Vitkine sur le prince saoudien MBS) et bousculent nos idées reçues. Tous suggèrent aussi une vigilance accrue vis-à-vis de nos démocraties (Un pays qui se tient sage, de David Dufresne, sur la violence d’État). En contrepoint de cette vitrine du journalisme, entre une enthousiasmante exposition de photographies et une soirée théâtrale prometteuse (une adaptation du Quatrième mur de l’immense de Sorj Chalandon), le FIGRA n’oublie pas d'interroger la concentration des médias (coucou Vincent Bolloré) et la menace que celle-ci fait peser sur l’information… Marine Durand

Douai, 29.09 >03.10, Cinéma Majestic, Théâtre de Douai, Musée de la Chartreuse & divers lieux, pass semaine : 45€ • pass journée : 17/12€ • tarif réduit : 10€, www.figra.fr SÉLECTION / 29.09 : Martin Boudot : Vert de rage, l’uranium de la colère • Agnès Hubschman : Arctique, la guerre du pôle // 30.09 : Cie des Asphodèles : Le Quatrième mur // 01.10 : Sabrina Van Tassel : L’État du Texas contre Melissa // 02.10 : Lars Edman et W. J. Kalén : Arica 24.09 >11.10 : Exposition : Les Droits humains, photographies de Lizzie Sadin

*Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société

CINECOMEDIES

La farce tranquille

6 Cinéma et comédie : longue histoire. Qui débute sans doute avec L'Arroseur arrosé (1895), de Louis Lumière. Bien que certains snobinards rechignent à l'accepter, il n'y a peut-être rien de plus difficile que de faire rire. Les temps changent, heureusement : la Cinémathèque parisienne offrait récemment une rétrospective au titan Louis de Funès. De son côté, CineComedies consacre au palais Rihour une exposition à Jean-Paul Belmondo, immense acteur ayant joué chez Godard et Melville comme chez Oury et de Broca… Autres invités d'honneur : Gustave Kervern et Benoît Delépine, dont les œuvres oscillent entre burlesque et mal-être - on en découvrira quelques-unes lors du "Gros soir " au théâtre Sébastopol. Parce que la comédie n'est pas uniquement franco-belge, est présentée une sélection de films québécois de ces quarante dernières années. Et, puisque le genre se conjugue au futur, c'est l'excellent Michel Leclerc (Le Nom des gens, La Lutte des classes) qui parraine le CineComedies Lab, la résidence d’écriture du Festival – les projets seront ensuite présentés aux professionnels durant le week-end. Ou comment prendre le rire au sérieux. Thibaut Allemand

Lille, 29.09 >03.10, Palais Rihour, Théâtre Sébastopol, UGC, Le Majestic & divers lieux 19€>gratuit, www.festival-cinecomedies.com SÉLECTION / 11.09 >10.10 : Exposition Belmondo // 02.10 : Le Gros soir

© JD PROD-No Money Productions-Arte France Cine © Patrice Terraz

UN TRIOMPHE

© duchili.com

Liberté inconditionnelle

Inspiré d’une histoire vraie, Un Triomphe d’Emmanuel Courcol prend comme toile de fond l’univers carcéral et la passion du théâtre. Et si cette comédie sociale survitaminée, portée par des acteurs en majesté (dont Kad Merad) était le "feel good movie" de l’année ? Peut-être bien…

D’abord scénariste (Welcome et Toutes nos envies de Philippe Lioret), Emmanuel Courcol réalise en 2017 un beau drame historique, Cessez-le-feu, incarné par Romain Duris. Avec Un Triomphe, il fait le choix de la comédie, mais ne s’éloigne pas de ses préoccupations humanistes. Pour gagner sa vie, Etienne, un acteur en galère, accepte de diriger un atelier théâtre avec des détenus. Devant la motivation et la personnalité haute en couleurs de ses élèves, il décide de les mettre en scène. En 1985, le comédien suédois Jan Jönson avait lui-même monté En attendant Godot de Samuel Beckett, dans une maison d'arrêt. Emmanuel Courcol s’inspire de cette histoire pour signer un film digne des grandes comédies sociales anglaises (The Full Monty, Les Virtuoses). Si sa réussite tient d’abord à la rigueur de son écriture, c’est bien l’alchimie entre les membres de la troupe qui emporte le morceau. Kad Merad confirme ici l’étendue de sa palette. De son côté, Pierre Lottin prouve qu’il est bien plus que le fils aîné des Tuche et Sofian Khammes (vu dans La Nuée) s’impose comme l’un des espoirs de notre cinéma. Produit par le duo improbable Dany Boon et Robert Guédiguian, Un Triomphe est une œuvre sincèrement drôle et émouvante. Grégory Marouzé

LA TERRE DES HOMMES

Après Petit Paysan et Au Nom de la Terre, c’est au tour de Naël Marandin de filmer le monde paysan. Constance (Diane Rouxel, remarquable) souhaite reprendre l’exploitation de son père avec Bruno, son fiancé. Ils doivent faire face aux grands exploitants. La jeune femme accepte néanmoins le soutien de l’un d’eux, le charismatique Sylvain (Jalil Lespert), qui tient ainsi son avenir entre ses mains. Mais ce dernier va lui imposer des rapports sexuels non consentis... De manière inédite, La Terre des hommes décrit la dureté du travail agricole à travers un regard féminin, tout en pointant un sujet tristement d’actualité : la domination masculine. Saluons le courage d’une œuvre qui refuse tout sensationnalisme, pour offrir un remarquable portrait de femme.

Grégory Marouzé

De Naël Marandin avec Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert, Olivier Gourmet… En salle

© Diligence Films © Laurent Champoussin

L’ORIGINE DU MONDE

Pour son premier film, Laurent Lafitte adapte une pièce de Sébastien Thiéry, et frappe fort. Il incarne JeanLouis. Un jour, en rentrant chez lui, ce quadragénaire constate… que son cœur s’est arrêté. Pourtant, il est bien conscient. Est-il mort ? Valérie, sa femme, l’emmène voir sa " coach de vie ", Margaux, connectée aux forces occultes. Elle trouve la solution : pour que son pouls reparte, Jean-Louis doit photographier le sexe de sa mère... Entouré de Karin Viard, Vincent Macaigne et Hélène Vincent (époustouflante), Laurent Lafitte dynamite tout : couple, famille et moult tabous ! C’est parfois drôle, mais quand est filmée la tentative d’agression sexuelle d’une vieille dame, on ne rit plus. Dans l’art de la provocation, n’est pas John Waters ou Bertrand Blier qui veut. Grégory Marouzé

De Laurent Lafitte, avec lui-même, Karin Viard, Vincent Macaigne, Hélène Vincent, Nicole Garcia… Sortie le 15.09

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