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MoMu

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ÉCRANS

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Mode capitale

Une grande fête, dans toute la ville. Pour sa réouverture, après plus de trois ans de travaux, le ModeMuseum (MoMu) d’Anvers sort le grand jeu. Durant cinq mois, Mode / Engagée propose des expositions, des événements en plein air, des ateliers, balades thématiques et convie les créateurs qui ont fait la réputation de la cité flamande (et du monde). Il s’agit de présenter le nouveau musée, mais aussi les dessous d’un art en prise avec son temps, entre révolutions technologiques, stylistiques et sociétales. On ouvre la marche.

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Qui dit mode, dit Anvers. L’équation est immuable depuis près de 40 ans, et plus précisément 1986. Cette année-là, un groupe de jeunes créateurs tout juste sortis de l’Académie royale des beaux-arts de la cité portuaire gagne Londres et le British Designer Show, pour révéler ses talents à la face du monde. Ils se nomment Walter Van Beirendonck, Dirk Bikkembergs, Marina Yee, Dirk Van Saene, Ann Demeulemeester et Dries Van Noten. « On les a vite appelés les six d’Anvers, car prononcer leurs noms en néerlandais était trop difficile », précise Kaat Debo, la directrice du MoMu. Chacun a son style propre, ici haut en couleur (Walter Van Beirendonck), là pluriculturel (Dries Van Noten), rock (Ann Demeulemeester) ou même… militaire (Dirk Bikkembergs). Dans tous les cas, « ils ont attiré l’attention de la planète sur la ville, aujourd’hui devenue un véritable incubateur ». D’autres noms renforceront cette réputation : Martin Margiela, Raf Simons... et la série est loin d’être terminée.

« LA MODE A BESOIN D’UN LIEU DE RÉFLEXION CRITIQUE »

Walter Van Beirendonck. Courtesy of MoMu © Hanna Moon

Esprit d’ouverture - Fondé en 2002, le MoMu constitue le témoin de cette révolution, et le garant de sa mémoire. Installé dans un bâtiment datant du xixe siècle (la ModeNatie, qui ravit aussi les fans d’architecture), le musée renaît après plus de trois années de rénovation. Le résultat est à la hauteur : 800 m2 de surface supplémentaire comprenant un café, une boutique, un auditorium, mais aussi une salle d’exposition permanente « permettant la présentation de trois accrochages simultanément, indique la directrice. Grâce à cela nous serons ouverts, pour la première fois, en continu ». Toutefois, le MoMu dépasse le "simple" rôle de conservation. « Nous voulons être plus qu’un musée, aller au-delà des récits connus de l’histoire de la mode. Cet art a besoin d’un lieu de réflexion critique, pour analyser son passé et son avenir ».

« NOUS OBSERVONS LA RÉACTION DES CRÉATEURS FACE AUX CRISES »

Les doigts dans la crise - C’est tout le sens de ce grand rendez-vous automnal, baptisé Mode / Engagée, et imaginé comme un festival disséminé dans toute la ville. « Il prouve que la mode touche tout le monde, du grand public aux aficionados ». Il s’agit par exemple d’offrir une

Iris van Herpen, in collaboration with Philip Beesley, Glitch dress in laser-cut

fabric, Spring–Summer 2017 © Photo : Sølve Sundsbø / Art + Commerce Mylar ® style – 25

SOFT Tactile Dialogues, Wiesi Will, ‘Air Dancers’, 2018

seconde vie à ses vieux jeans lors d’ateliers "upcycling", ou encore de participer à la MoMu Fashion Walk, un parcours révélant les lieux ayant façonné la "patte" anversoise, comme ses boutiques emblématiques. Au sein même du musée, l’exposition E/MOTION, scrute la marche du monde à travers des pièces de Walter Van Beirendonck, Alexander McQueen, Martin Margiela, John Galliano, Versace… entre autres ! « Le titre est un jeu de mots associant l’émotion et le mouvement car la mode est en constante évolution, comme la planète. Nous observons ici les périodes de transformation importantes, les bouleversements et l’évolution de notre société. Comment réagissent les créateurs face à la crise financière, le 11-Septembre, une pandémie ? ».

Dans la dentelle - L’exposition P.LACE.S souligne enfin le rôle (moins connu) joué par Anvers durant des siècles dans la production et le commerce de la dentelle. Au musée Plantin-Moretus, on en découvre des archives antédiluviennes. Au MoMu, on admire un travail plus contemporain mené sur la précieuse étoffe, notamment « les expérimentations à l’impression 3D ou à la découpe laser d’Iris Van Herpen ou Azzedine Alaïa ». Ou comment tisser passé et futur, artisanat et innovation. Car ici, l’Histoire a de l’avenir. Julien Damien

MoMu / Anvers, Nationalestraat 28, mar>dim : 10h-18h, 12/8€ (gratuit -18 ans), www.momu.be

MODE 2.021 ANVERS – MODE / ENGAGÉE Anvers, 04.09 > 23.01.2022, MoMu et divers lieux en ville À LIRE / L’interview de Kaat Debo sur lm-magazine.com

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