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PORTFOLIO
DOMAGOJ ŠOKČEVIĆ
Dans le rétro
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Petit-fils de peintre, Domagoj Šokčević a toujours « baigné dans l'art », dit-il. Design textile, vidéo, photographie... le Croate s'est essayé à de nombreuses disciplines, avant d'opter pour l'illustration. « Probablement ma meilleure décision », assure ce jeune homme de 23 ans. On ne peut que lui donner raison. Minimalistes, « relevées d'une légère touche de style Art Déco », ses créations ne passent pas inaperçues. Celles-ci se caractérisent par des lignes épurées, un savant équilibre entre l'ombre et la lumière, une palette de couleurs douces et des cadrages très cinématographiques – ce jeu de regards, ce visage qui se reflète dans les lunettes de soleil de la fumeuse. « Mes images racontent toujours une histoire », confirme l'artiste - à chacun de se faire son propre film, donc. L'ensemble est formulé dans un esprit délicieusement vintage, soutenu par un aspect parfois granuleux, à l'instar de ces jeunes gens plongeant dans un lac, à l'orée d'un crépuscule chaud et rougeâtre. Il émane ainsi de ces compositions une certaine mélancolie, voire une nostalgie. « C'est vrai, j'ai toujours eu quelque chose de rétro en moi », confie l'illustrateur, qui ne cherche pas tant à magnifier un passé révolu. Plutôt à capturer l'instant présent, par essence éphémère, et mieux l'immortaliser. « Pour tout dire, durant mon parcours universitaire, j'ai mené une vie trépidante, jusqu'à oublier des petits moments suspendus. D'une certaine manière, c'est cela que j'essaie de figer à travers mes œuvres », explique Domagoj Šokčević, ajoutant, avec une indéniable sagesse : « parfois, nous devrions mieux accueillir ces parenthèses de l'existence, et prêter un peu plus d'attention aux personnes qui nous entourent ». Pas mieux. Julien Damien
« J'essaie de figer l'instant présent »
Otoño
DOSSIER
FestivalsJuin 2022 - Part 1 SPÉCIAL
Wazemmes l’accordéon
Jusqu’au 01.07, Lille, p.40
Prise directe
Jusqu’au 19.06, Hauts-deFrance, p.40
Festival international de jardins
Jusqu’au 16.10, Amiens, p.38
La Constellation imaginaire
Jusqu’au 04.06, Bassin minier du Pas-de-Calais, p.40
Gestival
03 > 05.06, Arras, p.36
Extrema Outdoor
03 > 05.06, HouthalenHelchteren, p.42
Rendez-vous de la bande dessinée d'Amiens
04 > 26.06, Amiens, p.34
OLT Rivierenhof
04 > 10.09, Deurne (Anvers), p.42
Latitudes contemporaines
08 > 28.06, Lille, p.44
Minuit avant la nuit
09 > 12.06, Amiens, p.46
Lille Piano(s) Festival
10 > 12.06, Lille, p.48
Best Kept Secret
10 > 12.06, Beeske Bergen, p.50
URBX Festival
15 > 26.06, Roubaix, p.52
Graspop Metal Meeting
16 > 19.06, Dessel, p.50
Didouda Arras Festival
17 > 21.06, Arras, p.54
Refugee Food Festival
17 > 25.06, Lille & Calais, p.56
Le Dragon de Calais - Solstice d'été
18 & 19.06, Calais, p.54
The Kings of Disco Funk
23.06, Lille, p.58
Les Rutilants
24 & 25.06, Oignies, p.68
Solid’art
24 > 26.06, Lille, p.58
Retro C Trop
24 > 26.06, Tilloloy, p.60
Couleur Café
24 > 26.06, Bruxelles, p.64
TW Classic
25.06, Werchter, p.64
La Bonne aventure
25 & 26.06, Dunkerque, p.66
Main Square Festival
30.06 > 03.07, Arras, p.70
Rock Werchter
30.06 > 03.07, Werchter, p.74
Roots Reggae Festival
01 > 03.07, Hensies, p.80
Paradisiac Field
01 > 3.07, Landrecies, p.78
Paradise City
01 > 03.07, Perk, p.78
Ukulele to Heaven
01 > 03.07, St-André, p.76
Festival au Carré
01 > 10.07, Mons, p.72
Bruxelles fait son cinéma
01 > 15.07, Bruxelles, p.80
Jamaican Docks Day
02 & 03.07, Dunkerque, p.80
Les Nuits d’été
07 & 08.07, Lille, p.86
Les Ardentes
07 > 10.07, Liège, p.82
Gent Jazz Festival
07 > 16.07, Gand, p.84
Cactus Festival
08 > 10.07, Bruges, p.88
En Nord Beat
08 > 10.07, Bailleul, p.88
Festival du conte de Chiny
08 > 10.07, Chiny, p.93
Pile au RDV
08 > 24.07, Roubaix, p.86
Dour Festival
13 > 17.07, Dour, p.90
Les Nuits secrètes
22 > 24.07, Auln.-Aymeries, p.92
Rock en stock
29 & 30.07, Étaples-sur-Mer, p.93
Cabaret Vert
17 > 21.08, Ch.-Mézières p.93
Arts visuels
RENDEZ-VOUS DE LA BANDE DESSINÉE d'Amiens
Rendez-vous majeur des amoureux de la BD en France, le festival amiénois ne cesse de se réinventer. Désormais gratuite (mais sans proposer une affiche au rabais), cette 26e édition se déroule durant chaque samedi et dimanche de juin. La programmation est rythmée par deux temps forts : un week-end d’ouverture (les 4 et 5) et de fermeture (25 et 26) qui concentrent conférences, battles de dessin ou rencontres avec les auteurs. Des noms ? David Vandermeulen et Daniel Casanave (Sapiens), Lewis Trondheim ou encore Denis Bajram, l'homme qui a ressuscité Goldorak. La Maison de la Culture révèle en grand format les planches de cet album événement et leurs secrets de fabrication. Au rayon manga, on ne ratera pas non plus l'accrochage dédié à Sakamoto Days de Yuto Suzuki, nouveau phénomène littéraire au Japon. À la halle Freyssinet sont présentés les deux premiers tomes de ce shonen… dans un décor de supérette : celle qu'a rachetée l'assassin Sakamoto (le héros)… Après un plongeon dans La Fabrique de la bande dessinée, où l'on découvre les affres de la création, accompagnés par des scénaristes et dessinateurs, on perce littéralement l'esprit de Rob Guillory. Double lauréat du prix Eisner pour la série de comics Chew, l'Américain est l'objet d'une exposition immersive (L’École du crayon d’argent), soit six espaces thématiques reflétant les ambiances de ses récits, entre horreur et burlesque.
Julien Damien
Amiens, 04 > 26.06, Halle Freyssinet, Maison de la Culture, Safran et divers lieux sam & dim : 10h-18h, gratuit, rdvbdamiens.com
Sélection / Yuto Suzuki - Sakamoto Days, Jean-Christophe Chauzy - Le Reste du Monde, Sciences & BD : les rencontres improbables, Rob Guillory - L’École du crayon d’argent, José-Luis Munuera - Z comme Munuera // 02.06 > 02.10 : De Goldorak à Goldorak, à la Maison de la Culture d'Amiens…
Hardoc - Pascal M é riaux © DR
Pluridisciplinaire
GESTIVAL
Cie Propos © Julie Cherki
Ils sont deux naufragés, coincés dans les quatre m2 d’un ascenseur en panne. Une petite discussion ferait bien passer le temps, mais voilà, l’un n’entend pas, l’autre ne sait pas signer. Qu’à cela ne tienne, ces deux hommes, pareillement bavards, se lancent dans une joute burlesque où le français et la langue des signes composent deux one-man-shows parfaitement coordonnés. Présenté pour la soirée d’ouverture du Gestival, On ne parle pas avec des moufles, du comédien sourd Anthony Guyon et du « danseur entendant » Denis Plassard, incarne parfaitement l’esprit du rendez-vous : « révéler au grand public "le monde sourd" et permettre une accessibilité à la culture majoritaire pour la "communauté signante" », décrit Frédéric Flament, trésorier de l’association arrageoise Trèfle, qui orchestre la manifestation. Unique sur le territoire français, le Gestival invite tous les deux ans les publics sourds et entendants à se retrouver autour de conférences, d'ateliers et de propositions artistiques bilingues – en français et en langue des signes. Théâtre, courts-métrages et même concerts en chansigne, une discipline consistant à interpréter une chanson, en rythme, en langue des signes… Soit trois jours pour prendre conscience que "les sourds existent !", comme l’affirme le spectacle de la compagnie Rouge Vivier, qui ne demande qu’à se faire entendre. M. Durand
Arras, 03 > 05.06, divers lieux, 1 spectacle : 22€ > gratuit, www.trefle.org
Sélection / 03.06 : Joël Chalude - Faking a Living, Barbaque Compagnie - La princesse qui n’aimait pas…, Cie Propos - On ne parle pas avec des moufles // 04.06 : Simon Attia et Estelle Aubriot - Les sourds existent !, Cie La Bobêche - Du balai ! // 05.06 : Conférence de Victor Abbou - Une clé sur le monde, Simon Attia et Estelle Aubriot - Contes sur l’or, Théâtre des silences - Sedruos
K. F. Makouvia, A&J I HDF © Yann Monel
FESTIVAL INTERNATIONAL DE JARDINS Arts & jardins AmiensHORTILLONNAGES
Le festival international de jardins, ou le mariage réussi entre l'art et la nature. Formés il y a des siècles, les hortillonnages d'Amiens accueillent un événement pas tout à fait comme les autres. Pour cause, celui-ci réunit plasticiens, architectes et paysagistes au sein d'un site exceptionnel de 300 hectares, constitué de 65 km de canaux enserrant des îles, aux portes de la cité de Jules Verne. Depuis 2010, 182 œuvres ont ainsi pu y être admirées. Cette balade éminemment poétique peut s'exécuter à pied, mais le "must" reste la déambulation à bord d'une barque en bois. Cette 13e édition dévoile neuf nouvelles productions : quatre jardins et cinq installations. Glissant au fil de l'eau, on croise par exemple Laocoon, de Vincent Mauger, soit une sculpture flottante et d'aspect organique jouant avec les reflets aquatiques - et notre perception. Plus loin, on accoste sur l'île de La Fascinatrice des hortillonnages. L'association Vergers urbains y a façonné un espace mystérieux, habité d'une entité faite de saules tressés. Ici un bras semble longer la berge, là un pied émerge du sol... Vous avez dit "surnaturel" ? J.D.
Amiens, jusqu'au 16.10, Hortillonnages, www.artetjardins-hdf.com À pied / Accès depuis le Pont de Beauvillé à l’Île aux Fagots mer > dim : 12h30 -19h (en juillet-août : lun > dim : 12h30-19h), gratuit En barque (parcours de 2h30) / Accueil au Port à fumier : mer, jeu & ven : 13h-19 h sam & dim : 10h-19h (en juillet-août : lun > ven : 13h-19h • sam & dim : 10h-19h), 20€ (1/2 pers.) 25€ (3/4 pers.), 30€ (5/6 pers.), gratuit -3 ans, rens. : +33 6 78 53 55 92
WAZEMMES
L'ACCORDÉON
Ceci n'est pas un festival, plutôt un "festoche". La nuance tient à peu de choses : la chaleur humaine et la convivialité, ici symbolisées par un instrument qui se plisse de rire : l'accordéon ! Le temps d'un bal ou d'un barbecue, on nous invite ici à danser la java ou revisiter un répertoire de chansons culte en dansant jusqu'au bout de la nuit.
Lille & métropole, jusqu'au 01.07
maison Folie Wazemmes, Le Grand Sud, Gare Saint-Sauveur & divers lieux gratuit, flonflons.eu
Sélection / 04.06 : Le Bal des Zazous, Karaoké Orchestar, La Bande à Paulo... 05.06 : Sidi Wacho, HK... // 14.06 : Récital pour l'Ukraine // 18.06 : Radio Loukoum 01.07 : Rest'la case
LA CONSTELLATION IMAGINAIRE
L'aventure est au coin de la rue, dit l'adage. Ce festival itinérant le confirme chaque année davantage. Durant cinq jours, une dizaine de compagnies réenchante le bassin minier du Pas-de-Calais. À l'instar du BlÖffique théâtre, qui révèle la ville de Lens à travers le regard d'un chat, équipé d'une petite caméra - pour une balade au poil.
Houchin, Calonne-Ricouart, Haisnes et
Lens, 31.05 > 04.06, divers lieux, gratuit www.culturecommune.fr
Sélection / 31.05 > 04.06 : Cie Jusqu’ici tout va bien – Mascotte // 01.06 : Cie LuZ – Capuche // 03.06 : Cie Mycélium – Croûtes // 04.06 : BlÖffique théâtre - La Ville du chat obstiné, L’Amicale de production - Big Data Yoyo...
rôme Raphose é Cie Née d’un doute © J
PRISE DIRECTE
Tous les deux ans, ce festival itinérant se déploie dans la métropole pour proposer des lectures théâtralisées. Organisée dans le cadre d'Utopia, cette édition s'annonce singulière. Cette fois, les spectacles ont lieu en plein air. D'excursions littéraires en promenades poétiques, on vogue notamment dans les hortillonnages d'Amiens, lors d'une grande bouffée d'art.
Lille, Roncq, Amiens, Seclin, Villeneuve d'Ascq, Seclin
jusqu'au 19.06, divers lieux, gratuit (sauf hortillonnages d'Amiens : 10/7€), www.prisedirecte-festival.fr
DJ Shadow © Derick Daily Musique
OLTRivierenhof
Le décor ? Une enluminure médiévale – châteaux, bois, étangs et petits oiseaux. Les agapes durent tout l’été mais dès juin se pressent quelques légendes, dont DJ Shadow, parrain de l’abstract hip-hop, Elvis Costello, teigne invraisemblable et chaînon manquant entre le punk-rock londonien et… Burt Bacharach ! Enfin, la gent féminine n’est pas oubliée, avec Lianne La Havas et l’immense Marisa Monte, dont le syncrétisme brésilien a séduit notamment Philip Glass et Gilberto Gil. Bref, une affiche royale. T.A.
Deurne, 04.06 > 10.09, Domaine provincial de Rivierenhof, 1 concert : 56,50€ > gratuit www.oltrivierenhof.be
Sélection / 10.06 : DJ Shadow // 11.06 : Chet Faker // 13.06 : Earl Sweatshirt 21.06 : Marisa Monte // 25.06 : Cat Power // 26 & 27.06 : Elvis Costello & The Imposters // 29.06 : Lianne La Havas…
Musique Maceo Plex © Chin Photo
EXTREMAOutdoor
Une centaine d’artistes, sept plateaux, et pourtant, le cousin belge de l’Extrema Outdoor hollandais est peut-être le plus bucolique des festivals techno. Trois jours de musique non-stop, les pieds dans l’eau – il y a même une scène sur la plage du lac ! Pas un hasard si un vieux de la vieille tel Manu le Malin, à la bonne humeur brutale, fait le déplacement. Un chouïa moins tapageurs, citons Jennifer Cardini, Art Department ou le dandy Todd Terje, sans oublier les têtes pensantes du précieux label Innervisions, Âme et Dixon. T.A.
Houthalen-Helchteren, 03 > 05.06
jeu : 16h • ven > dim : 12h, 1 jour : 72€ pass 3 jours : 147€, www.extrema.be
Sélection / 03.06 : Maceo Plex, DJ Tennis, Tale of Us… // 04.06 : Jennifer Cardini, Manu le Malin, Todd Terje… // 05.06 : Âme & Dixon, Amelie Lens, Art Department…
Alain Platel - C(h)oeurs © Filip-Van-Roe
contemporainesLATITUDES
Des crises migratoires à la diversité dans la culture, peu de festivals épousent les pulsations de notre société comme les Latitudes contemporaines. Pluridisciplinaire et indiscipliné, le temps fort de la création artistique dans la métropole lilloise fête sa 20e édition. Happy birthday ?
D’aucuns auraient sorti les cotillons pour célébrer deux décennies d’audace scénique. Pas Maria-Carmela Mini. La directrice des Latitudes observe toutefois le passé avec sérénité, assumant totalement la dimension politique, au sens premier, du festival. « Peu importe le médium, ce qui m’intéresse, c’est ce que l’on dit sur les plateaux ». Ça tombe bien, la vingtaine de compagnies programmées ce mois de juin ne manque pas de sujets.
Premiers de cordée - Il est d'abord question de vivre-ensemble. La Croate Ivana Müller utilise par exemple l’image de la cordée (chère à vous-savezqui) pour décrypter notre besoin de collectif, interroger la force du groupe face à l’épreuve mais aussi en rire (Forces de la nature). Évidemment, on se préoccupe du péril écologique en cours. Tel un lanceur d’alerte, le metteur en scène François Gremaud déplace au théâtre le discours choc de l’astrophysicien Aurélien Barrau sur l’extermination du vivant (Auréliens). La performance Mount Average, de Julian Hetzel, ausculte enfin les rapports de domination. Le Néerlandais nous invite à mettre la main à la pâte, réduisant en poussière les statues de dictateurs pour leur donner un sens nouveau, nous incitant à ne pas rester spectateur devant les injustices de l'Histoire. Trois fils rouges, vingt bougies, et un festival plus contemporain
que jamais. Marine Durand
Lille & Eurométropole, 08 > 28.06, divers lieux, 1 spectacle : 14 > 5€, pass Latitudes : 50€ latitudescontemporaines.com
Sélection / 08.06 : Meg Stuart - Cascade // 09.06 : Ivana Müller - Forces de la nature 10.06 : Kubra Khademi - Les Héroïnes d'aujourd'hui // 10 > 12.06 : Kate McIntosh - Worktable 11.06 : François Chaignaud - Récital Isadora Duncan // 11, 13 & 14.06 : Alain Platel - C(h)oeurs 14 & 15.06 : François Gremaud - Auréliens // 15.06 : Ana Pi - Le Tour du monde des danses urbaines en 10 villes // 23 & 24.06 : Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle, Jérôme Marin - Music All // 25 & 26.06 : Julian Hetzel - Mount Average…
Musique MINUITavant la nuit
Bagarre © Pierre Emmanuel Testard. Feu! Chatterton © Antoine Henault
Des concerts hors des sentiers battus, « entre herbe et eau ». Telle est la promesse de ce festival organisé par la Lune des Pirates, et qui se déploie dans le joli parc Saint-Pierre d'Amiens. Le spot idéal pour se poser, à la fraîche, devant quelques flibustiers de la scène hexagonale, à commencer par Feu! Chatterton. Emmené par Arthur Teboul et sa voix de prédicateur, le combo parisien a le chic pour offrir une dimension épique à chacun de ses morceaux, entre rock lettré et nappes électroniques. Tandis que Juliette Armanet se réincarne en diva disco, soufflant le chaud et le froid sur la variété française, les fous furieux de Bagarre mettent le feu à la soirée. Le quintette inaugure sa formule "club", soit un cocktail (molotov) de funk et d'electroclash, pour un grand moment de lâcher-prise à ciel ouvert. Et ce n'est pas tout… Pour sa troisième édition, Minuit avant la nuit part à l'abordage des hortillonnages ! En sus de balades musicales en barque, on attend ainsi sur l'île aux fagots, c'est-à-dire en plein cœur de ce dédale de jardins flottants, le duo belge le plus excitant du moment : Charlotte Adigéry et Bolis Pupul. Les Gantois étrennent (enfin !) leur premier album, Topical Dancer, mélange de house à la sauce Magritte (Ceci n'est pas un cliché) et de musiques caribéennes... entre autres pirateries. Julien Damien
Amiens, 09 > 12.06, Parc Saint-Pierre, L'île aux fagots & hortillonnages, divers horaires 1 jour : 30 > 15€ (gratuit le dimanche), balades en barque :10/7€ www.minuitavantlanuit.fr
Sélection / 10.06 : Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, Okala // 11.06 : Juliette Armanet, Selah Sue, Bagarre (club), Feu! Chatterton, Squidji, Folly Group, Minuit Express… // 12.06 : Ottis Coeur, Kamelectric, La Chorale Rock…
Musique LILLE PIANO(S) Festival
On ne va pas citer Michel Berger, mais reconnaissons que Lille Piano(s) Festival se tient toujours debout et pour nous, ça veut dire beaucoup. Après une treizième édition qui, en 2016, faillit ne jamais voir le jour et deux années dans la tourmente du virus (où l’événement eut tout de même lieu !) on imagine ce festival insubmersible. Qui plus est lorsque l'invité d’honneur est l’illustre François-Xavier Roth. La particularité de son orchestre, Les Siècles ? Mettre en perspective des œuvres du xviie siècle à aujourd'hui en les jouant avec des instruments d'époque. Ainsi, en compagnie du pianiste Bertrand Chamayou, la partition de César Franck sera honorée lors d’une clôture d’ores et déjà anthologique. Mais avant cela, entre autres concerts d’orgue, de rap (Eesah Yasuke) ou d’electrojazz (Chamberlain), on aura savouré le prodige britannique Benjamin Grosvenor revisitant, lui aussi, Franck, mais également Ravel ou Albéniz. Enfin, ne négligeons pas les embellies vocales de la pétillante Camille Bertault, ici accompagnée de David Helbock ou les baguenaudes électroniques d’Acid Jazz Machine, preuve s’il en fallait de l’esprit d’ouverture d’un rendez-vous célébrant tous les claviers. T.A.
Eesah Yasuke © Antoine Duchenne Guillaume Coppola © DR Billaut & Herv é
Lille, 10 > 12.06, Nouveau Siècle & divers lieux, 1 concert : 25€ > gratuit, pass : 10€ www.lillepianosfestival.fr
Sélection / 10.06 : Ouverture : Alice Sara Ott & Alexandre Bloch (Dir. ONL), Eesah Yasuke & Youssef Swatt's… // 11.06 : Camille Bertault & David Helbock, Benjamin Grosvenor, François Chaignaud danse Isadora Duncan, Marie-Ange Nguci, Judith Jáuregui de Falla & Jean-Claude Casadesus (Dir. ONL), Chamberlain… // 12.06 : Acid Machine Jazz, Clôture : Bertrand Chamayou & François-Xavier Roth (Dir. Les Siècles)…
Musique
BEST KEPT Secret Bah ça alors, quel nom bien choisi ! On n’avait jamais entendu parler de ce festival. Quelle surprise ! Oui, bon… on a essayé de varier, d’aborder autrement le nom de ce rendezvous – et c’est assez laborieux. Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est cette affiche insensée : de la soul pour toutes les générations (Leon Bridges, Mavis Staples), une statue du Commandeur (Nick Cave), de l’electropop défiscalisée (Mura Masa), des familles dysfonctionnelles (The Strokes, Big Thief)… Un sans-faute qui fera du bruit. T.A.
Hilvarenbeek, 10 > 12.06, Safaripark Beekse Bergen, ven : 14h • sam & dim : 12h 1 jour : 109€, 3 jours : 230/215€ www.bestkeptsecret.nl
Sélection / 10.06 : Jamie XX, Leon Bridges, Jessie Ware, Altin Gün, Mavis Staples… 11.06 : The Strokes, Big Thief, Metronomy 12.06 : Nick Cave, Mura Masa, Soulwax…
Musique Alice Cooper, Detroit Stories © earMUSIC © Jenny Risher
Meeting GRASPOP METAL Après deux ans d’absence, le Graspop a fait peau neuve (scènes déplacées et autres surprises) mais conserve l’essentiel : des orchestres qui jouent un tantinet fort. C’est donc avec les potards à dix, voire onze, que débarquent des légendes des roaring 80’s : citons Megadeth (rivaux de Metallica), Scorpions (en tournée d’adieu). Au rayon des étrangetés, on se demande à quoi ressemblent désormais les ados vieillissants Korn et, plus surprenant, Sepultura, dont le seul survivant est le bassiste. T.A.
Dessel, 16 > 19.06, en ville, complet ! www.graspop.be
Sélection / 16.06 : Iron Maiden, Suicidal Tendencies… // 17.06 : Megadeth, Scorpions, Whitesnake, Within Temptation… 18.06 : Judas Priest, Korn, Saxon… 19.06 : Alice Cooper, Deep Purple, Sepultura, The Offspring…
Alonzo © Fifou
IAM © Didier D Daarwin - Tous des K Model : Yattsukeru - Photo : Kuroh - Stylisme : Sirine Mehalli
Exit Expériences urbaines, place à URBX. Roubaix offre plus d'ampleur à ce festival. D'ambition, aussi. Jadis capitale mondiale du textile, l'ancienne cité industrielle se rêve désormais en place forte internationale des cultures urbaines. Il faut dire que sa "street credibility" n'est plus à démontrer.
PluridiscipliniareURBXFestival
Aux clichés réduisant encore Roubaix à une cité pauvre et désindustrialisée répond aujourd'hui une indéniable ferveur artistique. Street-art, danse, rap, sports urbains ou mode ont depuis belle lurette inscrit la ville du Nord sur la carte du monde. URBX s'en veut la rutilante vitrine. « Il s'agit de révéler tout ce que Roubaix a de beau », confirme Bénédicte Froidure, coordinatrice de l'association Cultures Urbaines, spécialement créée pour piloter le projet et rassemblant les acteurs locaux incontournables - comme la Cave aux Poètes, la Condition Publique ou le Gymnase, pour n'en citer que trois.
Affiche aiguisée - Cette programmation s'article ainsi entre noms mondialement reconnus et roubaisiens… qui sont parfois les mêmes. À l'instar de Brahim Bouchelaghem, qui ouvre le festival en compagnie du Ballet du Nord, pour une déambulation chorégraphique et participative. Tandis que LEM (le graffeur qui recouvre les murs de la métropole de bonshommes tout ronds) nous convie à une fresque "participartive", l'ancienne Banque de France accueille la Banksy Humanity Collection, dotée de quelques chefs-d'œuvre du plus illustre des inconnus. Pendant ce tempslà, sur la Grand'Place, la Roubaisienne Eesah Yasuke en remontre à IAM ou Kob LaD, telle une samouraï du rap, bien décidée à retourner les clichés.
Julien Damien
Roubaix et métropole lilloise, 15 > 26.06, divers lieux, 1 spectacle : 59€ > grat, urbxfestival.com
Sélection / 15.06 : Ballet du Nord CCN & Vous ! et la Cie Zahrbat, Fresque "participartive" LEM... // 16 > 26.06 : Exposition Banksy - Humanity Collection // 16.06 : Ausgang, Loraine Dambermont - Toujours de ¾ face... // 17.06 : Art Point M - Foule Power… // 18.06 : Ousmane Sy - Queen Blood, - Défilé Anti_Fashion Project // 21.06 : Défilé ESMOD // 23.06 : Concerts gratuits : Hatik, Blaiz Fayah, James BKS, A2H // 24.06 : IAM, Alonzo, Leto, Tsew The Kid, Lefa, Vicky R, Bianca Costa, Cie Hervé Koubi - Boys Don’t Cry, Quatuor Debussy & Primat // 25.06 : Koba LaD, Luidji, Da Uzi, 47ter, Green Montana, Nemir, Edge, Isha, Eesah Yasuke…
Charlélie Couture © Shaan C. Musique
DIDOUDA ARRASFestival Derrière cette onomatopée chère à Jane Birkin, on trouve des amoureux de la chanson française. Autrefois nommé Faites de la Chanson, ce festival fait la part belle à d'illustres ambassadeurs de la langue de Molière. Pas un hasard, donc, de retrouver ici Mathieu Boogaerts, qui marie comme peu d'autres beau verbe et sens du rythme. Enzo Enzo, inoubliable interprète de Juste quelqu'un de bien, présente son nouvel album, concentré de douceur et de classe, sous le regard avisé du poète rock CharlElie Couture. J.D.
Arras, 17 > 21.06
Théâtre, Casino & cour de l'Hôtel de Guînes 1 concert : 30€ > gratuit, www.didouda.net
Sélection / 17.06 : Enzo Enzo… // 18.06 : CharlElie Couture… // 19.06 : Mathieu Boogaerts… // 20.06 : Jef Kino, Mes Souliers sont rouges…
Pluridisciplinaire © Stéphane Ribeiro Da Ascencao
LE DRAGON DE CALAIS : solstice d'été
À Calais, on célèbre l'arrivée de l'été comme il se doit : en musique et… à dos de dragon, bien sûr ! Samedi matin, la gigantesque créature inventée par François Delarozière est réveillée par un orchestre sous la baguette de Mino Malan, compositeur de la compagnie La Machine. Pas rancunière, la bête poursuit ses voyages toute la journée le long de la digue. Elle nous convie même à un grand barbecue, avant d'être bercée en soirée et de replonger dans son sommeil. Mais pour nous, la fête continue… J.D.
Calais, 18 & 19.06
Cité du Dragon concerts du réveil : sam : 10h & 14h • dim : 10h concert d'endormissement : sam : 19h, grat. 1 voyage : 9,50/6,50€ (gratuit -4 ans) www.compagniedudragon.com
Gastronomie REFUGEE FOODFestival
C'est un festival pas tout à fait comme les autres. Un rendez-vous gourmand et solidaire qui rend grâce au pouvoir fédérateur de la cuisine. Celui-ci a été créé en 2016 par Marine Mandrila et Louis Martin, deux globe-trotters amateurs de bonne chère. Ce couple en a eu l'idée après un tour du monde plutôt particulier, lors duquel il s'invitait à cuisiner et à manger chez l’habitant. Durant leurs voyages, disent-ils, « les moments les plus forts furent toujours ceux liés à la nourriture, aux rencontres autour des repas ». De cette expérience singulière naquit un livre, Very Food Trip, puis le Refugee Food festival. Le principe est aussi simple que noble : durant une semaine, des restaurateurs invitent des réfugiés (chefs professionnels ou non) à concocter le menu de leur choix. Il s'agit là de changer le regard sur ces populations, de favoriser leur insertion professionnelle tout en découvrant des cuisines du monde - du Surinam à la Syrie. D’abord cantonné à Paris et Strasbourg, cet événement s’est déployé partout en Europe. Pour cette 7e édition, 11 villes en France et en Suisse jouent le jeu, dont Lille et, pour la première fois, Calais - cité ô combien symbolique. Cette année, l'association Selo, qui soutient les réfugies ukrainiens, investit la Grande Scène, nouveau temple du streetfood lillois, et éphémère lieu de partage. J.D.
al, Abdelnasir Muhanna é L'Id bastien Jarry é © S
Kool and the Gang © DR Musique
THE KINGS OFdisco funk
Ici, on replonge dans les seventies, en pleine ère du funk et du disco, guidés par trois légendes. Alors oui, ces formations ont un peu évolué. Kool & the Gang trace désormais sa route sans "Dee Tee" ou Ronald Bell, mais peut compter sur Robert "Kool" Bell pour assurer la bonne tenue de standards comme Fresh ou Celebration. Tito, Jermaine et les autres perpétuent l'héritage des Jackson Five tandis qu'Al McKay, fâché avec ses comparses pailletés d'Earth, Wind and Fire, la joue solo pour rendre grâce à un répertoire (lui) bien immortel. So... let's groove tonight ! J.D.
Lille, 23.06, Zénith, 19h, 118 > 70€ www.zenithdelille.com
Programme / Kool & the Gang, The Jacksons, Earth, Wind & Fire Experience feat. Al Mckay
Arts visuels Kelu Abstract © DR
SOLID' art
Une œuvre achetée, un enfant qui part en vacances. Tel est le principe de cet événement organisé par le Secours populaire français. Durant trois jours, 120 artistes bien choisis (par un comité présidé par Bruno Gaudichon, le conservateur de La Piscine de Roubaix), exposent et vendent leurs créations inédites à l'Hôtel de Ville, sous le patronage de Speedy Graphito, parrain de cette 8e édition. Dans cet espace de 2 500 m2, on trouve ainsi des créations signées Gilles Defacque ou le street artiste Mimi The Clown. J.D.
Lille, 24 > 26.06, Hôtel de ville ven : 14h • sam & dim : 10h, gratuit, solidart.fr
Musique
RETRO CTrop
Né en 2016, ce festival annonce la couleur : on n’est pas exactement là pour découvrir les talents de demain. En revanche, ceux d’hier et d’avanthier, qui prennent (et tiennent) encore la route, sont tous présents. Alors, musicalement, les grands écarts sont nombreux mais reconnaissons que l’affiche rétromaniaque fait envie. Au programme, le formidable Alice Cooper, chantre d’un shock-rock qui ne fait plus peur à personne, surtout lorsque l’on sait que Vincent Furnier (de son vrai nom) taquine davantage les clubs de golf que les cercles satanistes. Suggs et sa bande (Madness) restent eux injustement sous-estimés. Pourtant, cet honnête groupe de ska est surtout une formidable formation pop, dans la tradition des Kinks (si si!). Ce ne sont pas les seules gloires 80’s : OMD et sa valse de tubes post-kraftwerkiens, ou Simple Minds et son rock de stade. Ah, et pour le clin d’œil, citons From The Jam : un tribute band, forcément, l’élégant Paul Weller ayant toujours refusé une reformation. Sur ce, portez-vous bien, et à l’année dernière ! T.A.
Madness © Martin Parr
Tilloloy, 24 > 26.06, Château de Tilloloy ven : 18h • sam & dim : 13h, ven : 44/15€ (enfant -12 ans), sam ou dim : 85/55/15€ (- 12 ans) pass 2 jours : 154/95/30€ (-12 ans), pass 3 jours : 199/130/45€ (-12 ans), www.retroctrop.fr
Sélection / 24.06 : Tryo, La Rue Kétanou, Samarabalouf, Dirty Honey 25.06 : Alice Cooper, Rival Sons, Status Quo, Seasick Steve 26.06 : Simple Minds, Madness, OMD, The Undertones, From The Jam
Lee Fields & The Expressions © Vanessa Rasschaert Musique
COULEURCafé
Vitrine alléchante du cosmopolitisme bruxellois, Couleur café défend, depuis 30 ans, le métissage culturel en brassant tous styles de musique. Rap, soul, jazz, reggae, hip-hop, techno et dérivés se carambolent au pied de l’Atomium. Cette année, on citera quelques fidèles de cette institution – dont la légende Youssou N’Dour, le maître Carl Craig ou le passeur Gilles Peterson. Et l’on fera un grand écart entre la soul vintage de Lee Fields et les DJ-sets dubs inspirés de Stand High Patrol. T.A.
Bruxelles, 24 > 26.06, Square de l'Atomium ven : 16h • sam & dim : 15h, 1 jour : 48€, pass 3 jours : 109/95€, www.couleurcafe.be
Sélection / 24.06 : Caballero & JeanJass, Zwangere Guy, Stand High Patrol... 25.06 : Youssou N'Dour, Lee Fields, Carl Craig... // 26.06 : Gilles Peterson, BCUC...
Musique The Smile © Alex Lake, Two Short Days
TW Classic
Juste avant Rock Werchter, le Festivalpark vibre avec quelques légendes, au premier rang desquelles on trouve Nick Cave. Le pape gothique du blues-rock vient jouer des morceaux de Carnage, son dernier album, mais on attend toujours de lui son interprétation magistrale de The Mercy Seat. Au rayon des comebacks improbables, citons Placebo, jamais vraiment remis de sa crise d’ado ou The Smile, soit l’énième side-project de Thom Yorke, pas franchement plus souriant que d’habitude, mais toujours aussi hypnotique. J.D.
Werchter, 25.06, Festivalpark, 12h, 96€ www.twclassic.be
Sélection / Nick Cave & The Bad Seeds, Placebo, Sleaford Mods, Whispering Sons, The Smile, Courtney Barnett
Clara Luciani © Alice Moitié
aventureLA BONNE Musique
Besoin de prendre le large ? Alors cap sur Dunkerque et la Bonne aventure. Créé en 2017, le "petit frère des Nuits secrètes" fait souffler un air de vacances sur la côte - et dans la tête. Il faut dire que ce beach festival (gratuit) ne manque pas de sel. La preuve...
De la bonne musique, face à la mer et les pieds dans le sable de Malo-lesBains - soit l'une des plus belles plages du pays... Voilà ce qui fait tout le charme de la Bonne aventure. « Oui, c'est une bonne façon de démarrer l'été », se réjouit Olivier Connan. Au programme ? Concerts, DJ sets, parcours secrets et, surtout, ce petit grain de folie si particulier, ici apporté (entre autres) par le génial Dom Whiting. Notre homme s'est révélé durant le confinement, en mixant de la drum & bass tout en pédalant dans les villes d’Angleterre sur son vélo cargo, équipé d’une enceinte et de platines. Dans la cité du carnaval, ses promenades devraient faire leur petit effet... « Cette année, on a d'ailleurs multiplié les projets déambulatoires », souligne le directeur du festival. Histoire de prendre une grande bouffée d'air.
Nouveaux horizons
Outre les arts de la plage et randonnées surprises, le gros du festival se déroule évidemment sur la grande scène, qui accueille des artistes ayant le vent en poupe. Citons Gaël Faye, Clara Luciani ou Roméo Elvis, venu étrenner son dernier album, le bien nommé Tout peut arriver. Au milieu de ce line-up tourneboulant, on découvre aussi des noms moins connus mais pareillement excitants, comme la Franco-Américaine Crystal Murray. Là aussi, ce cocktail lascif de funk, d'electro et de trap ne laissera pas grandmonde indifférent - on prend les paris. Julien Damien
Dunkerque, 25 & 26.06, Plage de Malo-les-Bains, front de mer, Place du Centenaire et Kursaal gratuit, www.labonneaventurefestival.com
Sélection / 25.06 : Roméo Elvis, Thylacine, Lilly Wood and The Prick, Arnaud Rebotini, The Murder Capital, Poupie, Johnny et Wallace // 26.06 : Clara Luciani, Gaël Faye, Crystal Murray, You Man, Johnny et Wallace + Parcours secrets & Arts de la plage
LesRutilants
Pluridisciplinaire KermesZ à l'Est © DR
C’est devenu une tradition. Avec les Rutilants, l’été commence en fanfare sur l’ancien site minier du 9-9 bis. Le temps d'une soirée et d’une fourmillante après-midi, saxos, trompettes et plus largement musiciens nomades surgissent au pied du terril de Oignies, dans le Pas-de-Calais. Le tout entièrement gratuit. En "before", le Métaphone accueille dès vendredi soir un concert singulier : Happy ends, la chanson fait son cinéma. Soit un medley de musiques et de dialogues de films qui composent une nouvelle histoire. Le lendemain, dès 15h, sept formations de cuivres se succèdent sur le parvis dans tous les styles : jazz, musique créole ou des Balkans (les fous furieux de KermesZ à l'Est), mais aussi... dance et house (!), à l'instar d'Electrochic. Cette fanfare donne du souffle aux hits de David Guetta, Calvin Harris ou Bob Sinclar. À la nuit tombante, les sonorités béninoises se mêlent à Nougaro le temps d’Une valse à Cotonou, puis c’est le beatbox qui croise les cuivres avec le brass band Bat Fat et le rappeur Napoleon Maddox. Et parce qu’à Oignies, le métissage n’a pas de limites, on se met à la "potato-dance", ou comment éplucher des patates et croquer une frite sur le beat de DJ FrietMachine. Alléchant, n'est-ce pas ? Madeleine Bourgois
Oignies, 24 & 25.06, 9-9bis, ven : 20h30 • sam : 15h, gratuit, 9-9bis.com
Sélection / 24.06 : Chloé Lacan, Thibaud Defever & l’Harmonie municipale de Montignyen-Gohelle - Happy ends, la chanson fait son cinéma… // 25.06 : Radio Kaizman - Block Party, La Fanfare Eyo’nlé - Une Valse à Cotonou, Les Frères Scopitone - Caravane Juk'Box, Superhallo - DJ FrietMachine, Electrochic, KermesZ à l'Est, Bad Fat feat. Napoleon Maddox…
me Pouille / Live Nation France Festivals © Jér ô Angèle © Manuel Obadia-Wills // Vald © Libitum // Declan Mckenna © Steve Whittaker
FestivalMAIN SQUARE
Certes, c'est le plus gros festival des Hauts-de-France, mais la taille ne compte pas vraiment, n'est-ce pas ? En tout cas, le bébé de Live Nation a encore pris du poids, s'étalant désormais sur quatre jours (au lieu de trois) pour accueillir quelque 65 artistes. Pas les plus vilains...
Jamais assiégée au cours de son histoire (d'où son surnom, "la belle inutile"), la Citadelle d'Arras voit déferler une palanquée de grands noms, avides d'en découdre avec la scène après deux années de disette. Quelques légendes d’hier (Black Eyed Peas, Sum 41), voire d’avant-hier (Sting, Pixies) partagent l’affiche avec des pointures bien d’aujourd’hui (la nouvelle sensation du rock anglais Declan Mckenna) et pour certaines déjà passées par Arras. Tenez, Twenty One Pilots. Programmés en 2014, les Américains ont depuis changé de statut, et passent de la petite à la grande scène pour y mettre le feu avec leur mythique Stressed Out. Parmi les autres habitués des lieux et "machines à tubes", Angèle est attendue pour renouveler ce moment de grâce de 2019, où l'on chantera avec elle notre amour pour Bruxelles.
French flair - Tandis que La Femme et Feu ! Chatterton se disputent toujours le titre de meilleur groupe français (dans des styles différents mais avec un même sens de la fête), le rap francophone est aussi largement à l’honneur. À la trap-zouk de Niska répond ainsi le flow mitraillette de Vald (qui étrenne l’ébouriffant V) sous le regard avisé de DJ Snake. Le compositeur du Val d’Oise n’en finit plus d’élargir son spectre musical, entre EDM, hip-hop ou house, et débarque à Arras en taille patron. J. Damien
Arras, 30.06 > 03.07, La Citadelle, jeu & ven : 15h30 • sam : 13h30 • dim : 12h30 1 jour : 54€, pass 3 jours : 129€, www.mainsquarefestival.fr
Sélection / 30.06 : Angèle, Dj Snake, Louane, SCH, Bekar… // 01.07 : Feu! Chatterton, LP, Sting, Niska, Marcel et son orchestre… // 02.07 : Pixies, Vald, – M –, Black Eyed Peas, Declan Mckenna, La Femme, Madeon… // 03.07 : Skip the Use, George Ezra, Sum 41, Twenty One Pilots, Tones And I, Caballero VS Jeanjass, Purple Disco Machine…
Festivalau Carré
Pluridisciplinaire © David Bormans
Après une pause légitime, le Festival au Carré revient dans une version augmentée. Le rendez-vous pluridisciplinaire de Mons Arts de la scène s'échappe du Carré des Arts pour investir le Théâtre le Manège, l'Arsonic, mais aussi les parcs, jardins et espaces publics dans toute la ville. Le sous-titre de cette édition, "la vie est une fête", donne le ton d'une programmation foisonnante. La fête justement, nous la ferons de bien des façons : en musique avec le duo culte de la pop africaine, Amadou et Mariam, et le maestro electro Arnaud Rebotini, ou devant des spectacles détonants. Par exemple en se tordant de rire devant les prouesses tout en blagues des acrobates de la compagnie Soif totale, qui explorent avec énergie (et une certaine dispersion), le Prologue à toute création. Vous en voulez encore ? Une "blind test party", une soirée seventies avec boule à facettes, vinyles et décoration rétro, une balade au Parc de la cascade d’Hyon en compagnie de marionnettes à taille humaine et de funambules... Soit plus d'une trentaine de propositions qui remettent enfin les choses dans le bon sens : à l'envers. Marine Durand
Mons, 01 > 10.07, divers lieux en ville, 1 spectacle : 25€ > gratuit, surmars.be
Sélection / 01.07 : Soirée d'ouverture, apéro avec La Drache, Kokoko ! // 02.07 : Tim Dup Compagnie BVZK - Janis, Soirée About 70’s // 03.07 : Triggerfinger, Casimir Liberski 04.07 : René Laloux par Süb and The Fantastic Planet // 05.07 : Amadou & Mariam 06.07 : Arnaud Rebotini, La Jungle, Cie Soif totale - Prologue // 06 & 07.07 : Cie Okidok - In Petto // 08.07 : Blind Test Party // 08 & 09.07 : Cie Thor - Summertime // 09.07 : Soirée de clôture // 09 & 10.07 : Jean-Christophe Meurisse - Les Chiens de Navarre...
ROCKWerchter
Musique © Olof Grind
On pourrait, comme à pas mal de festivals estivaux, reprocher beaucoup de choses à Rock Werchter : son gigantisme, la profusion de son affiche, qui conduit à des choix et donc à des renoncements… Mais ce dont on lui saura toujours gré, c’est son éclectisme et ses choix toujours justes. En témoigne ce petit échantillon. Thibaut Allemand
PHOEBE BRIDGERS
Inclassable car plurielle, Phoebe Bridgers incarne, à 27 ans, l’avenir d’une certaine idée de la pop. À l’instar de Billie Eilish, cette Californienne manie les références sans se soucier de la bienséance, plaçant au même niveau My Chemical Romance ou Jeff Buckley. Complice de Conor Oberst, elle a signé deux albums importants dont le dernier, Punisher, la voit mêler cordes, cuivres, samples et nappes avec le même bonheur. Le résultat ? Une pop lunaire, intense, naviguant à vue entre grandiloquence et intimisme. Sur scène, Bridgers donne vie à ses chansons cyclothymiques avec une passion qui fait tomber nos dernières (maigres) réserves.
© DR JAMIE XX HAIM
De The XX, on n’espère plus vraiment un album de la trempe de son tout premier, sommet intemporel dont la mélancolie évanescente fait toujours effet, près de quinze ans plus tard. Si on regrette ? Non, c’est ainsi. Après tout, son concepteur principal, Jamie Smith, alias Jamie xx, a changé. Dès son premier essai solo, In Colour (2015), il annonçait la… couleur et rompait avec son passé blafard. Depuis, entre remixes inspirés et DJ-sets enchantés, le Britannique s’est imposé comme un orfèvre électronique de premier ordre. Légères et sans lendemain : telles semblent être les chansons de Haim. Nourris au folk du Laurel Canyon (ces harmonies vocales), à la pop, au funk, ces morceaux pourraient ne pas durer. Pourtant, voici bientôt dix ans que ces frangines traînent leurs guêtres dans les arcanes du cool californien, s'invitant chez Taylor Swift, frayant avec Calvin Harris, partant en tournée avec Phoenix… et jouant dans l’excellent Licorice Pizza (2021) de Paul Thomas Anderson. Un tel CV ne saurait mentir. Il y a un peu de profondeur au fond de cette légèreté...
© Olivia Rose MICHAEL KIWANUKA
Né en Ouganda mais grandi dans le quartier de Muswell Hill au nord de Londres (oui, le coin des Kinks), Michael Kiwanuka s’est imposé, en une décennie et trois réussites, comme un grand nom de la soul d’aujourd’hui. Son timbre et ses morceaux trempés dans la soul, le jazz et le blues, évoquent Bill Withers ou Terry Callier. Mais la production, signée Danger Mouse (qu’on ne présente plus) ou le Londonien Inflo (Adele, Little Simz…) propulse une soul millésimée, fruit de temps troublés, dans notre présent incertain.
Werchter, 30.06 > 03.07, Festivalpark, complet !, www.rockwerchter.be
Sélection / 30.06 : Pearl Jam, The War On Drugs, Pixies, Rag’n’Bone Man, Haim, Fontaines D.C., Beck, Lianne La Havas, Black Pumas, Altın Gün… // 01.07 : Metallica, Idles, Miles Kane, Moderat, Alt-J, Parcels… // 02.07 : Imagine Dragons, Twenty One Pilots, Jamie xx, Jorja Smith, LP, Phoebe Bridgers, Bicep, Leon Bridges, Clairo… // 03.07 : Red Hot Chili Peppers, The Killers, Sum 41, Disclosure, Michael Kiwanuka, Meute, Moses Sumney…
Musique
UKULELEto Heaven C'est un petit instrument aux notes rieuses. Un objet dont la taille est inversement proportionnelle à son capital sympathie : immense ! Arrivé à Hawaï avec les colons portugais à la fin du xixe siècle, le ukulélé fait depuis figure de star internationale - Billie Eilish l'adore. Pour sûr, il méritait bien son festival dans les Hauts-de-France. Celui-ci a vu le jour sous l'impulsion d'Alexandre Humbert, aka Sancho des Ukuleleboboys, duo connu pour ses reprises acoustiques et un brin décalées - de Dalida à Led Zeppelin ! Et le Lillois (parfois Mexicain) ne tarit pas d'éloge sur son compagnon de jeu à quatre cordes. « On peut l'emmener partout, il est accessible, ludique, modeste… c'est le meilleur instrument du monde ! ». De concerts en festivals, il a aussi découvert autre chose derrière cette pratique : une philosophie de vie, bâtie sur des valeurs comme la convivialité et le partage. C'est justement dans cet esprit qu'a été conçu Ukulele to Heaven, soit « une expérience collective où le public est partie prenante de l’événement », notamment grâce à des masterclass et des scènes ouvertes. Côté line-up, on découvre des ukulelistes venus du monde entier, et des potentialités insoupçonnés, du jazz swing années 1930 des Allemands de The Bad Mouse Orchestra au blues du Canadien Manitoba Hal, en passant par la pop rock des Polonais de PPNOU… Petit, mais costaud !
Julien Damien Ukuleleboboys © Aurélie De Parmentier
Saint-André-lez-Lille, 01 > 03.07, Le Zeppelin, 10h, ven : 19h • sam : 16h • dim : 14h, ven : 10€ sam ou dim : 20€, pass 3 jours : 30€ (gratuit -12 ans), www.ukuleletoheaven.com
Sélection / 01.07 : The Bad Mouse Orchestra, Galapiat Cirque // 02.07 : Ukuleleboboys, Dead Mans Uke, Manitoba Hal, Les Cousines Machines // 03.07 : Professor Peter and
the Tubaman, Moon Berries, PPNOU, Ukulelezaza festivals – 76
© Anouchka Musique
PARADISIACField Niché au cœur de l'Avesnois, ce festival prend des allures de paradis champêtre ET artistique. Pour cause, il accueille neuf troupes de théâtre et 24 groupes, aux noms parfois fleuris - précisons qu'on n'a rien contre UltraMoule, trio "punk à chatte" dézinguant le sexisme à coups de violons. Dans le genre éclectique, difficile de faire mieux, entre la fusion rock-rap d'Ausgang, la musique électronique de chambre de Chapelier fou Ensemb7e ou le reggae roots du (légendaire) Jamaïcain Jah Observer. J.D.
Landrecies, 01 > 03.07, La Gadelière, 17h pass 1 jour : 25 > 17€ • pass 3 jours : 50 > 30€ (gratuit -12 ans), collectif-parasites.com
Sélection / 01.07 : Ausgang… // 02.07 : Eesah Yasuke, UltraMoule… // 03.07 : Chapelier fou Ensemb7e, La Jungle, l'Orchestre du Vetex… // 02 & 03.07 : TOF Théâtre, Madam'Kanibal, Cie Chamane…
Musique Myd © Alice Moitié
PARADISECity Né en 2015, au pied d’un château du xve siècle entre forêts et étangs, ce festival n’a rien d’une forteresse et sait se montrer accueillant. Jugez plutôt : une performance atomique du frappadingue Axel Boman (qui d’autres a composé avec des physiciens nucléaires ?!), le come-back de Kittin & The Hacker, tandem pourvoyeur d’une new wave aussi froide que pince-sans-rire depuis plus de 20 ans, les tracks lumineux de Myd, alias le « Benny Hill de l’electro ». Sans oublier un set forcément gagnant de DJ Tennis ! T.A.
Perk, 01 > 03.07, Château de Ribaucourt ven : 14h • sam & dim : 12h, ven ou dim : 69€ sam : 74€, pass 3 jours : 159/139€ www.paradisecity.be
Sélection / 01.07 : Dixon, DJ Tennis, John Talabot B2B Jane Fitz, Peach // 02.07 : Axel Boman, Kittin & The Hacker, Weval 03.07 : Kerri Chandler, Myd…
BRUXELLES
FAIT SON CINÉMA
Chaque été depuis 22 ans, Bruxelles fait son cinéma. D'Anderlecht à Uccle, on se pose sur des transats, en plein air, pour profiter de séances très spéciales, façon "cinéma de quartier". Pas d'avant-premières ici. Il s'agit surtout de se rassembler devant un grand écran et des films fédérateurs. Si vous avez raté Adieu les cons de Dupontel, c'est l'occasion rêvée de vous rattraper.
Bruxelles, 01 > 15.07, divers lieux, gratuit bruxellesfaitsoncinema.be
Sélection / 01.07 : Presque de Bernard Campan & Alexandre Jollien (Ganshoren) 06.07 : Adieu les cons d'Albert Dupontel (Anderlecht) // 12.07 : Nos plus belles années de Gabriele Muccino (Woluwe-Saint-Pierre)
ROOTS REGGAE FESTIVAL
À la ferme Bériot, l'herbe est forcément plus verte qu'ailleurs. En tout cas le temps de cet événement dédié à la musique de Jah, et pas exclusivement tourné vers le courant "roots" - il sera aussi question de dancehall ou d'afrobeat. Parmi tout ce beau monde à dreadlocks, on a repéré le vénérable Max Romeo, à qui l'on doit l'inusable War Ina Babylon.
Hensies, 01 > 03.07, Ferme Bériot ven : 16h • sam & dim : 10h, 1 jour : 30 / 20€ pass 3 jrs : 60 / 50€, rootsreggaefestival.be
Sélection / 01.07 : General Lion I, Natty Roots... // 02.07 : Al Campbell, Omar Perry & The Wah Wah Band... // 03.07 : Max Romeo, Marcus Gad...
Max Romeo © Valentin Campagnie
Max'1 and the Rootsmaker © DR JAMAICAN DOCKS DAY
De Dunkerque aux ruelles enfiévrées de Kingston, il n’y a qu’un pas. L’îlot des 4Ecluses accueille d’éminents ambassadeurs du reggae, mais aussi du ska ou du dub - tel le Britannique Dub Judah, auteur du légendaire Babylon is a Trap. Entre autres curiosités, les Espagnoles de Chalart58 & Woman Solider nous apprennent à rouler les "r" en dansant sur le rub-a-dub.
Dunkerque, 02 & 03.07, Les 4Ecluses, sam : 18h • dim : 11h 15/10€ (dim : gratuit), 4ecluses.com
Sélection / 02.07 : Dub Judah, Chalart58 & Woman Soldier, Two Tone Club, Max’1 & The Rootsmaker, Chalice Sound System, Rudy Roots, Tonton Addi …
LesArdentes
Musique © DR
En une vingtaine d’années, le rap est devenu le genre musical dominant sur… à peu près toute la planète. Ceci explique sans doute le parti pris quasi exclusivement hip-hop visé par les Ardentes - festival qui étrenne son nouveau lieu d'accueil à Rocourt, après avoir été délogé du parc Astrid. Où se succèdent, trois jours durant, tout ce que les USA ont fourni de meilleur en matière de rap, épaulés par quelques cadors francophones. La preuve par quatre. Thibaut Allemand
ANDERSON. PAAK
Gueule d’ange et sourire XXL, Anderson. Paak cultive le goût du mélange entre hip-hop, soul seventies et basses girondes. Chez le Californien à la voix éraillée, tout est affaire de traits d’union : révélé par Dr. Dre (qui a décidément le nez creux) ses disques ont vu défiler les invités prestigieux, de la vieille école (Snoop Dogg, André 3000 ou… Smokey Robinson) comme de la nouvelle (Kendrick Lamar, l’immense Kadhja Bonet). Récemment, il s’est acoquiné avec Bruno Mars. On craignait le pire mais, à l’écoute de Love’s Train, soul suave et chromée évoquant la sophistication du Philly Sound, on dépose les armes. Anderson. Paak réussit un sans-faute.
© Luis ‘Panch’ Perez Columbia Records TYLER, THE CREATOR
Il y a dix ans, encensés par à peu près tout le monde (jeunesse bouillonnante et critiques middle-age ne voulant surtout pas rater la "next big thing") le crew Odd Future et son leader, Tyler, The Creator, auraient pu exploser en vol, dévastés par la pression mise sur leurs épaules. Eh bien, pas du tout : ce Créateur là n’aura pas plié l’affaire en sept jours. Il a plutôt pris son temps, poursuivi son travail et signé six albums aussi personnels qu’étranges, poussant loin le hip-hop et l’introspection.
DAMSO
En une poignée d’années, quatre albums et des featurings en pagaille, Damso s’est imposé comme une valeur sûre du rap. Il a signé des incontournables (Débrouillard ou Bruxelles vie), fait le grand écart entre Booba et Angèle (il apparaît sur son dernier LP). Derrière les oripeaux trap et les saillies bravaches, le Belgo-Congolais ouvre parfois la porte à la mélodie et à la mélancolie. Une certaine froideur qui donne de la profondeur à l’ensemble. Ici, Damso joue à domicile, et a un rang à tenir. Soyez prévenus.
© DR SCH
« S’lever pour 1 200 c’est insultant ». Cette punchline, on l’a vue sur les banderoles lors des manifestations contre la loi Travail, en 2016. Attention : SCH n’est pas un rappeur militant, "conscient", bref, fatigant. Membre des projets 13’Organisé et Le Classico organisé, initiés par Jul, le Marseillais a signé cinq albums contant des histoires de crimes, de pauvreté, de mafia… sur fond de trap et de cloud rap – on entend déjà les belles âmes crier au scandale. Mais n’est-ce pas ce que fait Martin Scorsese depuis 50 ans ?
Liège, 07 > 10.07, Rocourt, 12h30, 1 jour : 80/25€ ( -12 ans), 4 jours : 217/187€, www.lesardentes.be
Sélection / 07.07 : Anderson. Paak & The Free Nationals, Green Montana, Ichon, Koba LaD, Leto, Megan The Stallion, Niro, Ronisia, SCH, Sexion d'Assaut, Soso Maness… 08.07 : Damso, Hamza, Hatik, Kaaris x Kalash Criminel, Lujipeka, PLK, Todiefor, Tyler The Creator… // 09.07 : Bekar, Geeeko, Jok'Air, Naps, Ninho, PNL, Prince Waly, Zola… 10.07 : 47ter, ASAP Rocky, Da Uzi, Freeze Corleone, Gambi, Orelsan, Stromae…
GENT JAZZ Festival
Musique
Rendez-vous immanquable des amoureux de la note bleue comme des amateurs de Petite fleur et de vieilles pierres (ce festival émerge dans les jardins d’une ancienne abbaye du xiiie siècle), le Gent Jazz parvient à se renouveler chaque année. En conviant des chefs-d’œuvre absolument pas en péril – citons Archie Shepp, intime de John Coltrane et figure du Black Arts Movement, dont le saxophone traversa des décennies de jazz comme de rap. Ou le barde irlandais Van Morrison qui, non content d’avoir signé un standard avec Them (Gloria, évidemment) et une poignée de disques inusables (dont l’insurpassable Astral Weeks), a collaboré avec une palanquée de légendes. On ne manquera pas la rencontre au sommet entre le sax de Charles Lloyd et la six-cordes de Bill Frisell, et on se posera pour goûter aux douceurs de Melody Gardot et Agnes Obel, avant de se laisser emporter par les tornades poétiques de Kae Tempest… T.A.
Gand, 07.07 > 16.07, site de la Bijloke, 1 jour : 62 > 8€, pass 2 jours : 59 / 49€, pass 3 jours : 88/73€, pass 4 jours : 117/97€, www.gentjazz.com
Sélection / 07.07 : Ibrahim Maalouf… // 09.07 : Archie Shepp & Jason Moran feat. Marion Rampal, Charles Lloyd with Bill Frisell… // 10.07 : Van Morrison… // 12.07 : Melody Gardot, Gabriel Rios… // 13.07 : Sting… // 14.07 : Agnes Obel… // 15.07 : Kae Tempest… 16.07 : Avishai Cohen Trio, Youn Sun Nah...
Van Morrisson © Gérard Drouot Prod.
Melody Gardot © DR
Maya Hayuk © Julien Pitinome Pluridisciplinaire
PILE AURDV
Créé avec les habitants du quartier du Pile, à Roubaix, ce festival rayonne cette année durant deux semaines. Après l'Afrique, il se met à l'heure du street art. Entre concerts et spectacles, on admire les créations in situ d'artistes découverts lors de l'exposition Urbain.es, à la Condition Publique. Les fresques psychédéliques de l'Américaine Maya Hayuk ou les poèmes muraux de l'Écossais Robert Montgomery (aka le "Banksy des mots") donnent aux bords du canal des allures de musée à ciel ouvert. J.D.
Roubaix, 08 > 24.07
La Condition Publique Quartier du Pile & Canal de Roubaix gratuit, laconditionpublique.com Musique ONL © Ugo Ponte -
LES NUITSd'été
Après avoir conduit le Carnaval des animaux, l’an passé, Alex Vizorek se glisse à nouveau dans la peau du récitant. Bien accompagné par l’ONL, mais aussi quatre grands interprètes français et le Jeune Chœur des Hauts-de-France, le plus érudit des humoristes nous raconte une "petite histoire de l’opéra". Du Don Giovanni de Mozart au Candide de Bernstein, le compagnon de jeu de Charline Vanhœnacker se laisse aussi aller à quelques anecdotes sur chaque œuvre avec la verve qu’on lui connaît. J.D.
Lille, 07 & 08.07
Nouveau Siècle, 20h, 55 > 6€ www.onlille.com
© David McClister Alison Krauss, Robert Plant Musique Musique Arnaud Rebotini © Jacob Khrist
CACTUSfestival
On retrouve ici des habitués de très grandes scènes (voire de stades) dans l’intimité du Minnewater Park. Franchement, auriez-vous osé espérer applaudir Robert Plant à l’ombre d'arbres centenaires ? En compagnie de la violoniste Alison Krauss, l’ex-leader de Led Zeppelin revisite la country et le bluegrass. Ailleurs, le Cactus a concocté un best-of de la scène britannique des 25 dernières années (Supergrass, Belle & Sebastian, Franz Ferdinand…). Le tout en famille, ou presque. T.A.
Bruges, 08 > 10.07, Minnewater Park jeu : 16h • ven & sam : 14h, 1 jour : 75/62€ pass 2 jrs : 130/104€, pass 3 jrs : 160/135€ www.cactusfestival.be
Sélection / 08.07 : Robert Plant & Alison Krauss, Belle and Sebastian… // 09.07 : Franz Ferdinand, Ben Harper & The Innocent Criminals… // 10.07 : Balthazar, Richard Hawley, Supergrass…
EN NORDBeat
Ce jeune festival (né en 2015) aurait pu disparaître pour les raisons sanitaires que l’on sait. Or, il a survécu et s’étale désormais sur trois journées ! Bigarré, mais pas égaré, le line-up démontre une rare cohérence. Ainsi, au niveau électronique, on retrouve le boss analogique Arnaud Rebotini, le génie des platines DJ Pone, la techno carrée de DDDXIE (ex-batteur de Gommm et de Cercueil) ou encore Carpenter Brut, entre synthwave, imagerie metal et films d’horreur. Quelle galaxie ! T.A.
Bailleul, 08 > 10.07, Parc Legrand-Grubbe ven : 16h30 • sam & dim : 14h, 1 jour : 30 > 20€ pass 3 jours : 80/65€, www.ennordbeat.fr
Sélection / 08.07 : Arnaud Rebotini, Georgio… // 09.07 : Carpenter Brut, Sopico, DJ Pone, DDDXIE… // 10.07 : Chinese Man + Scratch Bandit Crew, L'Or du Commun…
Musique
DOURFestival
© Faris Sher
De petite soirée créée en 1989 par quelques étudiants afin de donner un coup de fouet à leur coin, le festival de Dour s’est transformé en redoutable machine de guerre. Un rendez-vous à la programmation un peu folle, mais où le grand public comme les spécialistes trouvent leur bonheur. Ils ne verront pas plus de 5 % des noms à l’affiche, mais qu’importe ! Rassemblement majeur de la saison, Dour attire les sponsors. Manque tout de même un co-branding avec Le Robert, dont le dictionnaire des superlatifs est toujours utile lorsqu’on veut décrire cet événement, qui prévoit un warm-up de… trois jours, dès le 11 juillet (le Dour CampFest) ! Le line-up s'étend d’Angèle à Parcels, des remuants Charlotte Adigéry et Bolis Pupul au sensible Rone, du parrain Laurent Garnier à la jeune Lala &ce, sans oublier la pop gracile de Metronomy ou encore l’ingérable Booba – avec qui va-t-il se prendre la tête, ce p’tit bonhomme ? Bref, les survivants connaissent. Les néophytes découvriront. Cela relève autant du rite de passage que d'un sommet pour mélomane mais hé, depuis la fin des 60’s, c’est aussi ça, un festival, non ? T.A.
Dour, 13 > 17.07, Parc éolien, mer : 19h • jeu& ven : 14h30 • sam & dim : 13h30 1 jour : 180/ 88€, 5 jours : 330 > 195€, www.dourfestival.eu + Dour CampFest : 11 > 13.07
Sélection / 13.07 : Carl Cox, Parcels, Caballero & JeanJass, Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, Monika Kruse… // 14.07 : Amelie Lens, Booba, OBOY, Sven Väth… // 15.07 : Ben Klock, Dinos, Laylow, Black Country New Road, Erika de Casier… // 16.07 : Angèle, The Blessed Madonna, Hamza, Laurent Garnier, Metronomy, Niska, Princess Nokia, Lala &ce, Yves Tumor, Benjamin Epps… // 17.07 : DJ Koze, Flume, GoldLink, Roméo Elvis, Rone, Vald, Josman, Loyle Carner, Mansfield.TYA, Mezerg, Sleaford Mods, Vladimir Cauchemar, Los Bitchos, Mad Professor, Warmduscher…
© Sarah Bastin
ÀSuivre Juillet - Août - Part 2 Juin donne le ton d'un été de festivals revigoré. Les mois de juillet et août s'annoncent de la même trempe. En attendant notre prochaine sélection de rendez-vous incontournables, voilà déjà quatre bonnes raisons de rester dans le coin, et de décaler vos vacances au mois de septembre. J.D.
LES NUITS SECRÈTES
Voilà ce qu'on appelle un retour en force. Après deux années à toussoter, le festival célèbre ses 20 ans avec une programmation de circonstance (PNL, Damso, Orelsan, Charlotte de Witte, Vitalic… entre autres !) et agrandit son terrain de jeu pour s'étendre sur neuf hectares. À Aulnoye-Aymeries, entre ville et bocage, on découvre de nouvelles scènes comme l'Oasis ou la Plaine, les pieds dans l'herbe et la tête dans les étoiles. Autre nouveauté : les Parcours secrets sont programmés le week-end précédent, soit deux fois plus de raisons de s'échapper dans l'Avesnois !
Aulnoye-Aymeries, 22 > 24.07
En ville, 1 jour : 50 > 40€ pass 3 jours : 120 > 90€ (gratuit-10 ans) lesnuitssecretes.com
Sélection / 22.07 : Damso, Charlotte de Witte, Rone… // 23.07 : PNL, Jamie xx, Vitalic, Ibeyi, Rodrigo y Gabriela… 24.07 : Orelsan, Juliette Armanet, Oboy… (+ Parcours secrets : 16 & 17.07)
© Yann Rabanier ROCK EN STOCK CONTE DE CHINY
Changement de cap à Étaples-surMer, où le rock laisse place à un line-up plus éclectique. L'esprit, lui, reste inchangé : un festival à taille humaine, un sens de la fête qui ne se dément pas et une programmation maousse. Sur les rives de la Canche, on attend le rappeur Roméo Elvis (qu'on présente désormais comme "le grand frère d'Angèle"), mais aussi La Femme, Odezenne, Balthazar ou les moustachus déjantés de Deluxe - pour une affiche au poil, forcément.
Étaples-sur-Mer, 29 & 30.07, Boulevard du Valigot, 13h, 1 jr : 35/30€, pass 2 jrs : 57/50€ (gratuit -12 ans), www.rockenstock.fr
Sélection / 29.07 : Roméo Elvis, Deluxe… 30.07 : La Femme, Odezenne, Balthazar, Sopico…
Trente-troisième édition, déjà, pour ce festival qui compte peu d'équivalents. Jugez plutôt : à Chiny, petite ville médiévale, des conteurs investissent places verdoyantes ou chemins boisés, glissant à l'occasion en barque sur les eaux de la Semois. Des balades sauvages de Christian Schaubroeck aux détournements azimutés de Monsieur Mouch (qui dresse le procès du Grand Méchant Loup), ces magiciens du verbe ont le chic pour raviver notre appétit ancestral pour les histoires. Parole !
Chiny, 08 > 10.07, en ville, www.conte.be
Sélection / Kyung Wilputte, Christian Schaubroeck, Ummée Shah, Aline la Sardine, Monsieur Mouch Jacky Druaux, Bernadette Bidaude, Myriam Pellicane…
Little Simz © Nick Dale CABARET
VERT
Dans la patrie de Rimbaud, l'échappée belle n'est pas une vaine expression. Au cœur des Ardennes, ce cabaret accompagne les derniers jours des grandes vacances avec cinq jours de musique au zénith. Mais ne parlez pas d'"oasis" de verdure, ça risquerait de fâcher Liam Gallagher, affranchi de son frangin mais toujours pas assagi - tant mieux ! Autre sensation venue de Manchester, le génial Working Men's Club réveillera-t-il la punk qui sommeille en Véronique Sanson ? C'est bien possible...
Charleville-Mézières, 17 > 21.08, Square Bayart, mer : 18h • jeu : 16h30 • ven & sam : 15h • dim : 14h, 1 jr : 55/49€ (dim : 19€, grat-12 ans) cabaretvert.com
Sélection / 17.08 : Stromae, Vald, Working Men's Club… 19.08 : Orelsan, SCH, Little Simz… // 20.08 : Fontaines D.C., Vitalic, Liam Gallagher… // 21.08 : Véronique Sanson…
© Maneki Films
PETITE FLEUR
Petits meurtres entre amis
Premier film réalisé en France par Santiago Mitre (El Presidente), Petite fleur est un objet filmique non identifié. Quelque part entre la comédie et le thriller surréaliste, le cinéaste argentin raconte l’histoire d’un meurtre qui se répète jusqu’à l'absurde, pour s'inscrire dans une routine infernale… Parés pour le décalage ?
Santiago Mitre fait partie, avec son ami Mariano Llinás (La Flor) de la nouvelle vague du cinéma argentin. Ceux qui ont vu Paulina et El Presidente savent que le réalisateur aborde volontiers les sujets de société par le prisme du cinéma de genre. Petite fleur, adapté d’un roman de Iosi Havilio, ne déroge pas à la règle. Mitre signe une fable corrosive sur le couple, le déracinement et l’amitié, proche des œuvres surréalistes de Raoul Ruiz (Melvil Poupaud, acteur fétiche du cinéaste chilien, n’est pas là par hasard) et de Luis Buñuel. Jugez plutôt...
En gore et en gore
José (Daniel Hendler), un Argentin récemment installé en France, et sa compagne Lucie (Vimala Pons), parents d’un premier enfant, viennent d’emménager à Clermont-Ferrand. Un jour, le Sud-Américain rencontre son voisin (Melvil Poupaud), amateur de vin et de jazz (le titre Petite fleur fait référence au standard de Sidney Bechet). Sans raison, José assassine son nouvel ami à coups de pelle. Le lendemain, stupeur : la victime réapparaît, bien vivante. Il va falloir recommencer… Ne dévoilons pas davantage cette histoire pour laquelle il est prié d’abandonner tout esprit cartésien. À la fois comédie noire, film gore ou critique des mouvements sectaires (Sergi López est truculent en pseudo-gourou), Petite fleur pèche toutefois par un rythme assez lent. Pour autant, le film ne ressemble à aucun autre et mérite qu’on s’y intéresse - au moins une fois. Grégory Marouzé
De Santiago Mitre, avec Daniel Hendler, Vimala Pons, Melvil Poupaud, Sergi López… Sortie le 08.06
© JHR Films
BOUM BOUM
Cœurs vaillants
Dans la succession de films sur les Gilets jaunes, le premier long métrage de Laurie Lassalle s'affirme comme un objet résolument singulier. Nourri par la ferveur des manifestations parisiennes, Boum Boum porte la politique et l'intime à leur point de fusion.
La valeur d'un documentaire peut se mesurer à la force des rencontres qu'il saisit ou encourage. En tournant Boum Boum, Laurie Lassalle s'est laissée déborder par un double événement : une révolte populaire ample et inventive… et un bouleversement amoureux. La rencontre avec Pierrot, relatée en voix-off par la cinéaste, est indissociable de l'intensité de ce moment où la rue bruisse de mille voix. La beauté de l'œuvre tient ainsi à la façon dont la relation s'épanouit au contact des autres. Les discussions et la fabrication du film lui-même renforcent le projet commun des amants. Boum Boum est traversé de dialogues proprement inouïs, témoignant autant de l'hétérogénéité idéologique du "mouvement" que de ce fait politique majeur. Un gauchiste, un royaliste complotiste ou un grand bourgeois du xvie arrondissement ont soudain pu confronter leurs visions des rapports sociaux. Avec un courage évident au regard de la répression policière, Lassalle s'emploie à réduire au maximum l'écart entre filmer et manifester, témoigner et agir. Attentive aux chairs meurtries, elle fait aussi place aux soins et à la solidarité. Là encore, Boum Boum est un grand moment sur la puissance des corps désirants. Raphaël Nieuwjaer
LES TRAVAUX ET LES JOURS
Avec sa réalisation étalée sur dix ans et sa durée peu commune (8h38, découpées en trois parties), Les Travaux et les jours a l'allure d'un monument écrasant. C'est pourtant un film des plus accueillants. Héritiers du poète Virgile, C.W. Winter et Anders Edström racontent le quotidien d'une agricultrice dans un village de montagne. Ils montrent le travail de la terre, le quotidien et les rites. Cette vallée de la région de Kyoto n'est pas saisie comme un paysage, mais dans toute sa richesse organique. Le spectateur devient à la fois un proche de la famille de Tayoko Shiojiri, et un observateur attentif des transformations de l'environnement au fil des saisons. L’œuvre s'appréhende ainsi comme une vaste respiration.
Raphaël Nieuwjaer
De C.W. Winter et Anders Edström. Avec Tayoko Shiojiri, Hiroharu Shikata, Ryô Kase… Sortie le 22.06
© Capricci Films © Thibault Grabherr - Curiosa Films
HOMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS
On adore la comédienne Audrey Dana. Moins la réalisatrice. Ses deux premiers films, Sous les jupes des filles et Si j’étais un homme, s’abîmaient dans la vulgarité. Avec Hommes au bord de la crise de nerfs, elle corrige le tir. Cette comédie douce-amère suit sept hommes âgés de 17 à 70 ans, mais tous pareillement paumés. Les voici embarqués dans une thérapie de groupe menée par une coach énergique (Marina Hands), en pleine nature. Évitant (cette fois) l'écueil de la grivoiserie et plutôt bien écrit, le film est une déclaration d’amour à la gent masculine. Pour autant, il vaut surtout pour la performance de ses acteurs (Thierry Lhermitte, Ramzy Bedia, François-Xavier Demaison…). Un divertissement certes un peu trop calibré, mais qui ne laisse pas
indifférent. Grégory Marouzé
Yann Tiersen 11 5 18 2 5 18
(Mute / PIAS)
Souvent, Yann Tiersen ronchonne lorsque lui sont rappelés ses débuts et, surtout, le matraquage des ritournelles d'Amélie Poulain. On le comprend : au vu de son parcours, sinueux et loin des foules, aux confins de la noise, de l’épure et de l’électronique depuis plus de dix ans déjà, il est fatigant d’être toujours ramené à cela. Cependant, à l’indépendance d’esprit, cette opportunité montmartroise a ajouté une indépendance financière lui permettant de creuser son sillon depuis sa base arrière d’Ouessant… et chez le prestigieux label Mute. Quelques mois seulement après Kerber (2021), Yann Tiersen publie un nouvel album – son 12e depuis 1995. Pour ce disque titré comme une donnée cartographique, Tiersen a échantillonné le précité Kerber et Dust Lane (2010). Des samples souvent méconnaissables : à peine repère-t-on une bribe kraftwerkienne d’Ar Maner Kozh ici, une nappe ailleurs. De ces prélèvements, le multi-instrumentiste, féru de synthés modulaires, extrait une matière sonore qu’il malaxe à souhait, transformant l’ensemble en une techno analogique et remuante, intransigeante et aux forts relents krautrock, quelque part entre Cluster, Eliane Radigue et Perc – pour le dire très vite. Thibaut Allemand
Compilation Studio One Women Vol.2
(Soul Jazz Records) Dix-sept ans après un premier volume, Soul Jazz publie enfin ce deuxième florilège mettant en valeur les femmes qui firent les belles heures du reggae – et affiliés. Ces 18 morceaux, parus entre 1965 et 1999, balaient un large spectre musical, du ska au rocksteady, en passant par le roots reggae, le lovers rock… Les grands noms défilent comme à la parade (Marcia Griffiths, Rita Marley, Hortense Ellis…), mais on citera, entre autres, Buck Town Corner des Jay-Tees, le joyau soul Sleeping Trees par Nina Soul, ou la mirifique version rub-a-dub d’un tube des Byrds, Turn! Turn! Turn!, par Jennifer Lara. À l’arrière, on retrouve les cadors de la maison (des Skatalites à Brentford All Stars) tandis que Sir "Coxsone" Dodd appose son sceau sur chacune de ces pistes. Irréprochable. Thibaut Allemand
Florent Marchet Garden Party
(Labréa Music) Depuis presque 20 ans, Florent Marchet marie chanson française et littérature avec bonheur. De Gargilesse à Courchevel, en passant par Rio Baril et Bambi Galaxy, il creuse un sillon très personnel. Ici encore le soin accordé aux textes n'éclipse pas les mélodies - citons Loin Montréal, en duo avec PR2B, ou le conclusif Le Dakota. Fidèle à lui-même, le quadragénaire brasse des thèmes qui lui sont chers : les sentiments, le temps qui passe, la paternité, l’amitié et surtout, les chemins de vie qui se croisent ou se séparent. Ainsi du sommet Freddie Mercury, pièce importante, chronique amère et floue d’une destinée... soit une histoire pas si éloignée de celles du romancier Nicolas Mathieu. Thibaut Allemand
Kevin Morby This is a Photograph
(Dead Oceans / Modulor) Le temps passe, et la patine va bien au teint des chansons de Kevin Morby, surgi avec l’enchanteur Harlem River (2013). Entretemps, le natif de Kansas City (Missouri) a effectué quelques détours, dont le newyorkais pur jus City Music (2017), hommage inspiré à la Grosse Pomme, du Velvet aux Ramones. Il signe aujourd'hui un septième album très intime et peu porté sur la gaudriole : l'Américain y conte l’attaque cardiaque de son père, arpente les rives où mourut Buckley fils, visite Graceland… "Morbyde", le Kevin ? Pas du tout ! Ce baladin signe un disque obsédé par le passé et ses répercussions dans le présent mais aux arrangements lumineux : piano, guitare, banjo, saxo, harpe et flûte embellissent des compositions ancrées dans l’Americana. T. A.
Pusha T It’s Almost Dry
(G.O.O.D. Music/Def Jam) Pusha T consacre un album entier à son passé de dealer. Soit une véritable recherche du temps perdu sur les trottoirs du Bronx - Dreaming of the Past, reconnaît d'ailleurs l’un des plus beaux titres de cet album. Sample lenonnien versant soul et la présence de Kanye West aux côtés du prodige : toute résistance est inutile. Si Ye signe ici quelques productions du meilleur cru (dans la lignée de son travail sur Daytona, le précédent Pusha T), c’est à Pharrell Williams qu’on doit l’essentiel de l’architecture du disque. Lui non plus n’avait pas atteint ce niveau depuis longtemps, et les étoiles se sont décidément alignées pour se pencher sur le berceau de la mauvaise graine. Le rappeur nous offre, sur un plateau d’argent, un pur classique instantané à s’envoyer sans paille. Rémi Boiteux
Fanny Parise Les Enfants gâtés
(Payot) Quel est le terrain de jeu de l’anthropologue ? La forêt amazonienne, au chevet d’une ethnie amérindienne ? Dans l’imaginaire collectif, du moins. L’étude de Fanny Parise débute elle dans le hall du Mama Shelter, chaîne d’hôtels-restaurants proclamée temple du cool, et les peuplades examinées portent des Stan Smith, travaillent dans la com’ ou sont à la tête de start-ups. Ce qui fait écrire à l’autrice, jamais avare d’un bon mot dans cet essai pointu de 300 pages, qu’elle est « la Jane Goodall non pas des bonobos mais des bobos ». Ces « nouveaux sauvages », premier groupe étudié dans l’ouvrage, ont pour point commun une volonté de changer leurs habitudes de consommation. Mais a-t-on vraiment besoin d’acheter une gourde en verre, quand on en possède déjà une en plastique ? En face, l’anthropologue définit le groupe des « enfants gâtés » , qui préfère réclamer des mesures aux puissants plutôt que produire le moindre effort pour changer son mode de vie. Le capitalisme responsable reste un capitalisme, tacle Fanny Parise, qui déconstruit le mythe du "consommer mieux". Le reflet qu’elle nous tend n’est pas toujours flatteur, mais cette lecture choc devrait, lentement mais sûrement, trouver son chemin. 320 p., 19€. Marine Durand
Maya Gonzales & Jeanne Neton Logique du genre
(Éditions Sans soleil) Quel est l’impact du capitalisme sur nos vies privées, et plus particulièrement sur la notion de genre ? Cette vaste question a souvent été abordée en littérature : Beauvoir, Ernaux… Ici, deux contributrices de la précieuse revue anglo-américaine Endnotes voient pour la première fois leurs écrits traduits en français. S’appuyant sur les recherches des sociologues Mariarosa Dalla Costa et Leopoldina Fortunati, citant aussi Silvia Federici, le duo analyse la division du travail, les violences de genre et l’idée même de salariat. Ailleurs, ces féministes se penchent sur la notion de la valeur ajoutée chez Marx à l’aune des tâches domestiques – ce travail invisible et gratuit. Une lecture dense, pas toujours facile d’approche mais ô combien stimulante ! 112 p., 10€. Thibaut Allemand
Juliette Volcler L'orchestration du quotidien
(La Découverte) Le travail de Juliette Volcler est précieux car il interroge un champ de perception largement négligé. Les mots viennent en effet vite à manquer dès lors qu'il est question d'écoute. Dans L'orchestration du quotidien, elle propose une lecture historique et critique d'une notion souvent dévoyée : celle de notre environnement sonore. Dans sa version marketing, le design consiste par exemple à façonner le "ploc" d'un tube de mascara pour offrir une expérience incomparable aux consommateurs. Multipliant les approches (cinéma, urbanisme, art, industrie...), la chercheuse dépasse l'anecdote pour faire de l'écoute « une question écologique et politique ». C'est alors la fabrication de l'espace public qui est interrogée. De quoi évidemment tendre l'oreille.
184 p. 18€. Raphaël Nieuwjaer
Émile Bravo Spirou, l’espoir malgré tout, vol 4.
(Dupuis) Ainsi s’achève l’épopée (le mot n’est pas trop fort) initié en 2008 par Émile Bravo, avec Le Journal d’un ingénu, et contant les aventures de Spirou durant la Seconde Guerre mondiale. Tout simplement la plus belle des relectures récentes du groom. Un travail éminemment personnel, précis et documenté. Une œuvre respectueuse, aussi, de ce que fut le petit héros et de ce qu’il deviendra dans les années suivantes. Chaque personnage possède une âme – bien torturée, parfois. Cette fresque peut être lue pour le plaisir (des yeux, de l’esprit) comme confiée à un môme de dix ans, afin d’évoquer ce que fut le fascisme. Enfin, cette lecture à plusieurs niveaux n’est jamais ostentatoire. Aucune esbroufe. Juste l’amour d’un travail bien pesé, bien pensé, bien fait. Chapeau !
48 p., 13,50€. Thibaut Allemand
Nicolas Pegon Hound Dog
(Denoël) Loser pas vraiment magnifique, César se réveille un matin affublé d'un chien, dont il ignore la provenance. Aidé par son voisin, ce quinquagénaire sans travail se met en tête de retrouver le propriétaire dudit canidé... pour découvrir qu'il est mort brutalement. Suicide ? Meurtre ? Débute alors une drôle d'enquête au sein de la petite ville américaine où il (sur)vit, entre ironie burlesque et apparitions improbables - le King himself s'invitant dans ses rêves. Au fil d'un découpage très cinématographique, les aplats bruns ou ocres restituent parfaitement l'atmosphère poisseuse du récit - celle d'un monde fatigué de lui-même. Les frères Cohen ne sont pas loin. David Lynch non plus. Nicolas Pegon, qui signe là son deuxième roman graphique, est assurément un nom à retenir. 196 p., 24,90€. Julien Damien