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PHALLUS. NORME & FORME Masculin

Pluriel

Inauguré en octobre 2020 au cœur du Jardin botanique de Gand, à deux pas du S.M.A.K., le Ghent University Museum (GUM) se veut un lieu dédié à la recherche et à la pensée critique. À l’occasion de sa toute première exposition temporaire, il frappe fort : sous la ceinture ! Mêlant science et art, ce parcours ausculte le phallus sous toutes ses formes, et remet en question bien des normes. Pourquoi place-t-on cet organe sur un piédestal ? De quoi est-il le symbole ? Fait-il seulement l’homme ? Ou comment baisser le regard pour élever la réflexion. •••

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Il se dresse au centre de la pièce, et résume à lui seul le propos. Constitué de papier mâché, datant du xix e siècle et œuvre du médecin Louis Auzoux, ce modèle anatomique d'un homme a le regard fixé sur son pénis en érection – un phallus, donc. Est-il fier de ses attributs ou en plein doute ? « Ce que vous avez entre les jambes ne doit pas vous définir », lui répondrait Lyvia Diser, collaboratrice scientifique de cette exposition, dont le but est de briser les stéréotypes associés au membre viril, à la masculinité et à une vision binaire de l’identité sexuelle. Ces représentations en cire de personnes situées entre les deux sexes remettent en question l'idée même de norme. Ici, un vagin surmonté d'un pénis, là un gros clitoris avec des testicules… en tout cas des particularités physiques rendant impossible toute "classification". D’ailleurs, 1,7 % de la population mondiale serait intersexuelle, « ce qui est comparable au nombre d'enfants naissant avec des cheveux roux ».

Question de taille Bien plus qu’un organe génital, le phallus est également un symbole, de pouvoir, de puissance, sans que cela soit toujours justifié. Ce n’est pas le lion qui dira le contraire : le roi de la jungle possède un tout petit zizi !

Oh, ce n’est pas la taille qui compte. Nombre d’études ont été menées sur cette obsession.

« Aujourd'hui encore, la forme du clitoris fait débat »

On se rassure, selon les scientifiques, la moyenne (allez, disons 15 centimètres) correspondrait au format idéal attendu par les femmes hétérosexuelles. « Notez que cette question se focalise encore sur la pénétration, comme si seule cette pratique comptait pour la recherche… », remarque Lyvia Diser.

Sous les jupes des filles

À bien y regarder, nos savants (longtemps des hommes) ont eu tendance à dénigrer l’anatomie des filles – symptôme d’une société phallocentrique. Et c’est seulement en 2005 que l’urologue australienne Helen O'Connell découvre que le clitoris est plus complexe qu’un simple petit bouton, et qu'il ressemble beaucoup à un phallus.

« Mais aujourd’hui encore, cette forme est l’objet de débats ». Au fait, savez-vous seulement dessiner un sexe féminin ? Si l’être humain voit des pénis en érection partout (dans un gratte-ciel, une banane), il a aussi pris l’habitude d’en recouvrir les murs. Au GUM, de fausses toilettes ont été mises à disposition pour tester les talents de chacun et chacune – histoire de retrouver la vulve. Julien Damien Gand, jusqu'au 16.04, GUM lun, mar jeu & ven : 9h30-17h30 • sam & dim : 10h-18h, 8 > 2€ (gratuit -18 ans), gum.gent

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