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TÁR À la baguette
Acteur pour Woody Allen, Jan de Bont ou Stanley Kubrick, Todd Field avait produit et réalisé deux longs métrages au début des années 2000, In The Bedroom et Little Children, avant de disparaître de la circulation. Avec Tár, portrait d'une cheffe d'orchestre manipulatrice, il frappe un grand coup (de cymbales).
Enregistrer la tumultueuse Symphonie n°5 de Gustav Mahler avec le philharmonique de Berlin est pour Lydia Tár un nouveau défi. Brillante, la cheffe l'est certainement. Mais peu à peu, une part plus sombre remonte à la surface. Tár est aussi une stratège accomplie, capable de favoriser une jeune et séduisante violoncelliste comme de briser la carrière d'une ancienne étudiante lui ayant résisté. Le suicide de cette dernière entraînera une enquête, et bientôt la dérive de Lydia... La façon retorse dont Tár se fait alors l'écho du mouvement #MeToo tient moins à son point de vue (celui de l'accusée) qu'à un glissement discret vers le fantastique. Métronome battant la mesure au milieu de la nuit, vrombissement anormal du réfrigérateur, disparition soudaine : l'inquiétude se répand, sans que les hypothèses du délire, du cauchemar et de la machination trouvent pleinement confirmation. Plutôt qu'à un sujet de société, Todd Field s'attache à une figure insaisissable, admirablement incarnée par Cate Blanchett. Sans chercher la banale fascination pour le mal, tous deux inventent un personnage irréductible aux abus commis – car lui-même façonné par les mécanismes de pouvoir qu'il détourne. Raphaël Nieuwjaer De Todd Field, avec Cate Blanchett, Noémie Merlant, Nina Hoss, Julian Glover... En salle
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