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LE VAISSEAU FANTÔME

Remise à flot

Prêts à embarquer à bord du Vaisseau fantôme ? Dirigés par FrançoisXavier Roth, Les Siècles rejouent à Tourcoing l’opéra le plus populaire de Richard Wagner, tel qu'il fut entendu il y a près de 200 ans, avec des instruments d'époque.

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Retour aux sources pour François-Xavier Roth. Le Vaisseau fantôme est en effet le premier opéra de Wagner qu’il dirigea avec Les Siècles, en 2015. Désormais directeur artistique de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, le chef d'orchestre renoue avec un plaisir rare : celui de jouer cette partition avec des instruments d’époque, en l'occurrence datant des années 1850. Une belle façon de rendre grâce à cette œuvre. La facture de ces instruments est en effet très différente de celle d'aujourd'hui - notamment au niveau des vents et des cordes, en boyau. « Cela donne un élan et un souffle à cette musique, aux antipodes du Wagner lourd et pompeux qu'on a l’habitude d’entendre ».

Eaux profondes

Composé à Meudon au tout début des années 1840 par un Richard Wagner de 27 ans, Le Vaisseau fantôme est, comparativement aux monuments qui suivront, presqu'un opéra de poche. Peut-être le plus important, aussi. C’est en effet dans cette œuvre fondatrice que le génie allemand jeta les bases de sa conception du drame musical, et fit de l’orchestre un personnage à part entière. Ici mise en espace par Benjamin Lazar et soutenue, entre autres, par le prestigieux Chœur de l'Opéra de Cologne, l’histoire de ce maudit marin réunit tous les ingrédients d’un drame romantique à souhait. L’amour se mêle à la mort, la passion à la terreur et la pureté aux sentiments les plus sombres. Forte et violente, cette musique prend aux tripes et laisse l’auditeur sur le sable, épuisé par la tempête qui se déchaîne... Françoise Objois

Futur Proche

Regarde le monde flancher

La Terre se réchauffe, les ressources s’amenuisent, les pandémies ne relèvent plus de la science-fiction. Face à la réalité du dérèglement de notre planète, les artistes s’interrogent. Jan Martens ne fait pas exception. Futur proche, sa dernière création avec les danseurs de l’Opera Ballet Vlaanderen, aborde ce défi d'envergure, sur les notes étonnamment modernes d’un clavecin.

Dans un spectacle de danse, la musique est parfois relayée au second plan. Pas dans Futur proche, qui a enflammé l’été dernier la Cour d’honneur du Palais des papes, à Avignon. Jan Martens a placé l’instrument phare du répertoire baroque au centre du plateau, et confié à la claveciniste polonaise Goska Isphording la mission de donner un cadre, une ligne directrice et un tempo aux 17 interprètes – 15 adultes, deux ados. Ces derniers, en tenues bigarrées, vont d’ailleurs évoluer au fil de la pièce. Ils passent progressivement d’une gestuelle joyeuse faite de sauts, de pirouettes, de jetés et d’amples diagonales, à un vocabulaire plus ramassé et une quasi-immobilité. Comme pétrifiés par cet avenir sombre, qui est déjà un peu notre présent. Le chorégraphe flamand use d’images saisissantes : il projette les visages de ses danseurs, immenses, en fond de scène, ou les livre à un rituel baptismal. Pour laver nos péchés, rappeler que l’eau est un bien rare ? Martens laisse les interprétations ouvertes, mais revendique un final ambigu, « ni trop optimiste, ni trop pessimiste. Une possibilité de recommencement ». Marine Durand

Bruges, 10.05, Concertgebouw, 20h, 44 > 7€, concertgebouw.be

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