Guillaume Le Vot
Naissance des crÊpuscules tièdes
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Naissance des crÊpuscules tièdes
Textes & photographies :
Guillaume Le Vot
Après toi, je quitte la ville et ses lumières hystériques. Je prends le voile humide.
J’encre ma chair du flux et du reflux des inconnus, cette empreinte autochtone qui doit effacer ton odeur. Encore sur mes lèvres l’angle des rues bichromes, les perspectives du vent, l’arche, ses graffitis et les passants de l’aube hagards.
Tes passages dévorent toujours délicatement mes paupières obstinées. Tes traces, folles fleurs, crépitent d’une flamme lente et moite.
Je t’ai perdue où disparaissent tes pas, à l’orée des collines détrempées de sueur.
Brune brume, pourtant partout. Le ciel te pleut, mais la terre refuse de t’avaler. Recuerdo.
Recuerdo les sépias opiacés. Le point de rupture, où la mémoire sombre et éclate en embruns. Le pays du paysage absolu.
Les corps suavent le temps. Ils regardent les nuages, comptent les mots, tissent les horizons. Et s’enroulent autour de l’espace nu.
Nos souvenirs sont corrompus. Feu les ic么nes. Feu les odeurs, ces peintures qui sans cesse reviennent et nous perdent.
Je prends le chemin de la montagne qui recrache le nom des enfants qu’elle mange sous forme de nuages. Je pars vers un autre.
Ici, les voix sont des plantes tropicales en quête de tuteur. Si rien n’est sûr, tout est possible.
Ici comme en toi, je dévore la naissance des crépuscules tièdes. Que demeure étranger le ciel et distante l’agonie des certitudes.
Quand disparaĂŽt le jour arrivent les nocturnes indiens. Te sais-je encore ?
Te sais-je si proche que s’écaille la soif ? Et les doigts, mimes entêtés qui ressuscitent le léger basculement de ta nuque.
Tu es l’eau. Tu es l’air. Je prends feu.
Guillaume Le Vot © Tous droits réservés Octobre 2014 www.guillaume-levot.com