DESRACINES RAVI Prix de la création bulletin des musées de la Ville de Liège hors série n° 28 24 25 décembre juillet juin 2014 20142014
Résidences Ateliers Vivegnis International Présentation des nominés Catalogue 2013 2014- 2014
Cette publication constitue le catalogue des travaux sélectionnés par le jury du Prix de la Création 2014.
Sommaire Introduction...................................................................... 7 Les lauréats précédents.................................................... 8 Les nominés 2014............................................................ 9 Sheila de la Calle Pèrez........................................................ 10 éric Deprez.......................................................................... 14 Thierry Falisse...................................................................... 18 Thierry Grootaers................................................................. 22 Sophie Legros..................................................................... 26 Mon Colonel et SPIT............................................................ 30 Michael Nicolaï..................................................................... 34 Fabian Rouwette.................................................................. 38 Vincent Ubags..................................................................... 42 Sophie Vangor..................................................................... 46 David Widart........................................................................ 50
Informations pratiques.................................................... 54
Liège•museum Hors série du bulletin des musées de la Ville de Liège. Éditeur responsable : Jean Pierre Hupkens. 92, Féronstrée, be-4000 Liège. museum@liege.be Imprimé à 500 exemplaires sur papier recyclé, sans chlore,
Photo de couverture :
par l’Imprimerie de la Ville de Liège.
Prix de la Création 2011, exposition des travaux sélectionnés à la Galerie Les Drapiers.
Les textes et images illustrant le travail des artistes sont
4e de couverture :
reproduits sous la seule responsabilité de ces derniers.
Alves Pereira, installation. Prix de la Création 2011, Galerie Les Drapiers
Liège, décembre 2014.
Prises de vue : Marc Verpoorten
Prix de la création
Présentation des nominés Catalogue 2014 Prix de la Création 2014
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Soutien à la création et à la diffusion Lancé en 2009 par la Ville de Liège, le “ Prix de la Création liégeoise dans le domaine des arts plastiques ” a pour vocation de découvrir, d’encourager et de soutenir un jeune talent liégeois dans les diverses formes d’expression de l’art contemporain. Le premier prix est doté de 6.000 euros, le deuxième prix de 4.000 euros. Un jury composé de représentants de la ville et de centres d’art procède à la sélection des projets. Le sujet proposé par l’artiste est libre. Les projets novateurs et originaux tant au niveau du contenu que de la forme sont considérés comme un atout. Cette action s’est installée dans l’agenda culturel comme un rendez-vous désormais incontournable pour la promotion des arts plastiques. L’occasion était belle de proposer au public deux manières d’appréhender l’intérêt de la démarche initiée par la Ville de Liège. D’abord, une exposition s’installe dans le musée d’Ansembourg pour témoigner mieux de la richesse du terreau liégeois en arts plastiques. Ainsi, les deux lauréats de cette édition seront rejoints par neuf autres candidatures que le jury a voulu également distinguer. Ensuite, un numéro spécial de « LiegeMuseum », que vous tenez en mains, est réalisé pour prolonger la vie de cette galerie de talents plus loin encore. De la sorte, nous nous acquittons de notre volonté d’installer dans le temps un soutien réel à la création et à la diffusion du travail des plasticiens. Ce projet vient s’ajouter à « Espace Jeunes artistes » et à celui des résidences-ateliers d’artistes sur le site de Vivegnis (RAVI).
Jean Pierre Hupkens Échevin de la Culture, de l’Urbanisme et des Relations interculturelles
Prix de la Création 2014
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Page de droite Cathy Alvarez, œuvre sélectionnée dans le cadre du Prix de la Création 2011. Prix de la Création 2014
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Introduction
Le jury du Prix de la création de la Ville de Liège 2014 s’est réuni le lundi 13 octobre au RAVI (Résidences Ateliers Vivegnis International) pour examiner les candidatures et procéder à la sélection des deux lauréats du prix. 55 dossiers ont été déposés à l’Echevinat de la Culture. Onze artistes ont été retenus par le jury pour montrer leurs travaux (et parmi ceux-ci les deux lauréats) par le bias d’une exposition au Musée d’Ansembourg du 5 décembre 2014 au 25 janvier 2015. Ce sont également les œuvres de ces onze artistes qui sont présentées dans ce catalogue. La remise des prix aux lauréats aura lieu le jeudi 4 décembre 2014 à 18h, lors du vernissage.
Prix de la Création 2014
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Les lauréats précédents 2013 Premier prix : Cathy Alvarez Deuxième prix : Marc Wendelski 2012 Premier prix : Atelier Pica Pica Deuxième prix : Jonathan De Winter 2011 Premier prix : Aurélie William Levaux Deuxième prix : Laurent Impéduglia 2010 Premier prix : Frédéric Platéus Deuxième prix : Sophie Langohr 2009 Premier prix : Benjamin Monti Deuxième prix : Selçuk Mutlu
Atelier Pica Pica, lauréat du Prix de la Création 2012 Prix de la Création 2014
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Prix de la création Nominés 2014
Les textes et images repris dans cette brochure nous ont été directement transmis par les artistes.
Prix de la Création 2014
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Sheila de la Calle Pèrez Née en 1991 à Ponferrada, León, España. Rue de la Régence, 36 à 4000 Liège
Portrait réalisé par Jamel Barbach
C’est le quotidien qui conforme ma peinture de la même façon où il me conforme moi-même. Des bouts de rien, des morceaux de vivre qui finissent par faire une cohérence. La cohérence absurde de l’absurdité merveilleuse de la vie. La question n’est pas quoi ni comment ni pourquoi ni dans quel genre, ni sous quel forme ; et même, il n’y a pas de question, il y a juste des réponses, des réponses qui prend parfois la forme d’une question. L’absurde de la vie ressemble moins absurde quand on l’admet. C’est un boucle où mon quotidien apporte autant à ma peinture que ma peintuer à mon quotidien. Avec mes peintures un morceau de moi s’epangle dans le mur. C’est comme faire la liste des courses, une fois tu as déjà tout noté alors tu la regardes avec une certaine despreocupation. La peinture se mélange avec le mot du quotidien, des fautes d’orthographe “gratuites” ou qui mènent vers un jeu de mots et qui donnent comme résultat une certaine poésie. L’ironie, l’autodérision, l’humeur noir, l’absurde ou le ridicule sont des outils dans mon quotidien et ma peinture qui dépassent et assument tout avec un certaine joie. Jacinto Benavente décrit l’ironie comme “une tristesse qui ne sais pas pleurer et donc elle sourit.” Mon travail “pas très travaillé” donne un aspect paresseux, qui amène en soi de la spontanéité. La paresse respire la vie, et je ne me réfère pas a cette paresse de canapé, si non à la paresse de laisser que la vie te bouge, de la laisser s’intégrer en toi, comme un parasite qui reste dans des corps pas méfiés. Cette paresse ou cette spontanéité me laissent carrément le temps de me laisser pénétrer par la vie et donc pouvoir avoir quelque chose à raconter, pas quelque chose d’exceptionnel, mais quelque chose comme même. Prix de la Création 2014
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Dans l’atelier Académie Royale des Beaux-Arts de Liège 2013-2014
Installation pour les « Portes ouvertes 2013-2014 ». Sale 7 Académie Royale des Beaux-Arts de Liège
Installation pour le jury de fin d’année au RAVI 2013-2014 Prix de la Création 2014
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« Toi et moi » Peinture a l’huile et crayon sur papier. 13 x 10.5 cm
«Pelouse portable » bois, pelouse, scotch et crayon. 16.5 x 13.5 x 4.5 cm « Souvenir de pelouse » bois, plâtre, scotch et crayon. 16.5 x 13.5 x 4.5 cm
Petits formats Peinture à l’huile et crayon sur papier 13 x 10.5 cm
Prix de la Création 2014
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« Pelouse pas portable » Installation au RAVI. Scotch et crayon sur fenêtre. « Petite baladeintellectuel avec un morceau de realité » ou «Pelouse à balader » bois. Pelouse, corde, scotch et crayon. 21 x 16.5 x4.5 cm.
Prix de la Création 2014
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éric Deprez
Né à Liège le 10/01/1972 Bd de la Constitution, 48 à 4020 Liège (B) Site en construction
Mon travail est avant tout un travail d’atelier, où la peinture est expérimentée sous différents angles. La matière, principalement les pigments, est à la base de toutes mes peintures. Celles-ci sont le fruit prématuré ou avarié de mes émotions et de mon acharnement à modeler la matière huileuse, grasse qui s’étend parfois sur plusieurs toiles en même temps… Les taches deviennent aussi importantes qu’une forme préméditée « finie », les accidents sont aussi déterminants que le reste, cette unité évolue pour former un point de départ ou une finalité. Dernièrement, j’ai beaucoup travaillé la toile de jute, d’abord foulée au sol, triturée, marquée de traces de pas. Les éclaboussures et les « restes » de pinceaux s’y inscrivent, la peinture prend alors une autre dimension, j’y trouve un commencement ou un aboutissement. Ses marques sont aussi celles de l’inconscient, celles qui nourrissent le support, celles qui ne trichent pas, celles qui réapparaissent au verso. Parfois, il suffit de simplement regarder l’arrière d’une toile, les quelques coups de pinceaux, les quelques traces de mains, pour se rendre compte que le hasard est l’imprévu tant recherché. Le châssis épais et la toile se répondent enfin l’un à l’autre, il m’arrive souvent de désentoiler et rentoiler à l’envers. Le recto et le verso, le châssis et les tranches deviennent alors un « objet » en trois dimensions. Je travaille aussi sur des supports de récupérations souvent en bois, ils ont une histoire, ils ont été manipulés par d’autres personnes et en portent les signes. J’ai besoin de pressentir quelque chose dans mon travail de peintre. Un moment, souvent aussi furtif qu’une ombre ou qu’une lumière venant se poser quelque part, au hasard de l’atelier. La présentation de mes travaux demande des combinaisons. La mise en place des pièces n’est quant à elle pas le fruit du hasard, c’est pour moi un travail à part entière, il m’importe beaucoup de travailler dans un lieu, où je puisse tenter de mettre en correspondances mes travaux, saisir les rapports juste entre espace vide et espace plein, où je puisse arriver à établir un ensemble qui fait sens, où la peinture n’est plus une œuvre isolée mais en rapport au monde. é.D Prix de la Création 2014
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Diptyque1, huile sur toile 2x90x81cm - 2013
Prix de la CrĂŠation 2014
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Sans titre, huile sur toile, 160x140 cm - 2014
Sans titre, fusain sur panneau de bois, 200x100 cm - 2014
Prix de la CrĂŠation 2014
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Sans titre, huile sur toile 150x150 cm - 2014
Prix de la CrĂŠation 2014
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Thierry Falisse Né à Liège le 02/02/1973 Rue de Sluse, 7 à 4000 Liège www.thierryfalisse.com
Depuis plusieurs années, Thierry Falisse explore au travers des images qu’il fabrique le sujet de la mémoire et du souvenir qui s’altère, s’étiole au fil du temps. A l’époque, il s’est spontanément intéressé à cette thématique parce qu’il s’agissait d’un sujet qui d’une part lui parlait intimement et d’autre part, faisait appel au vécu de tout un chacun. Des images parfois peintes, collées ou dessinées, des vidéos empruntes de souvenirs, des personnages confus qui tendent à disparaître, des paysages vides, des photos personnels, voire intimes, des souvenirs de famille ou encore, des clichés récupérés dans des vides-grenier, instantanés de personnes disparues...
Prix de la Création 2014
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Memory 07 Techniques mixtes sur bois - 10,5 x 7 x 4 cm
Prix de la CrĂŠation 2014
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Memory 08 Techniques mixtes sur bois - 14 x 11 x 6 cm
Prix de la CrĂŠation 2014
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Memory 6 Techniques mixtes sur bois - 14 x 11 x 6 cm
Prix de la CrĂŠation 2014
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Thierry Grootaers Né en 1974, à Bilzen (B) Rue des Bannes, 7A à 4690 Roclenge www.thierrygrootaers.com
Qu’on ne s’y trompe pas, si les résonances Broodthartiennes dans son nom nous chatouillent l’oreille, elles n’ont rien à voir avec l’approche artistique du grand Marcel. Thierry Grootaers n’a rien d’un conceptuel pur et dur. Le métier, lui, il connait. Il sait dessiner, il manie le pinceau et les couleurs sans complexe pour en extraire des compositions élaborées. L’effacement et l’ajout sont clairement revendiqués et font partie intégrante de son processus pictural. Son terrain de chasse privilégié c’est son quotidien, c’est là qu’il décline le mieux sa poétique. En bon chroniqueur de surface, il endosse l’habit de l’anthropologue pour mieux s’attarder à décrypter, non sans humour, nos us et coutumes journaliers. L’artiste habite Roclenge, un petit village de campagne proche de Liège, un véritable microcosme, centre du monde ou tout converge. Il suffit, m’avoue-t-il, de sortir de chez moi et de regarder les gens, j’aime voir comment ils se parlent, comment ils promènent leur chien, comment poussent, comme des champignons, les maisons clefs sur porte et leur architecture si particulière où il est possible d’imaginer les petits intérieurs proprets des gens qui y vivent… Tous les jours, c’est comme un rituel, il consacre une partie de son temps à archiver ses arpentages dans son journal intime. La peinture et le dessin deviennent les supports de prédilection pour marquer ce territoire qu’il observe sans complaisance. Roclenge, c’est un peu Perpignan sur Meuse : le centre d’un monde en devenir… Dans son travail, les jeux de mise en relation fonctionnent tout aussi bien au niveau humain qu’au niveau des objets. De la télécommande au mobilier, en passant par la bagnole, pas de hiérarchie particulière au niveau des signes. Les visages, les silhouettes des personnages, repris de vieux magazines, sont traités dans sa palette chromatique comme les objets familiers qui les entourent. Des grands champs colorés qui ne s’animent qu’au niveau d’une ambiance ou d’une posture particulière. L’ensemble fait penser à une mosaïque de couleurs qui nous plonge directement au cœur d’une réalité. Une constante, la posture dans l’attitude. Le geste banal, les stéréotypes véhiculés par l’humain sont bien mis en avant scène. Au delà du bien et du mal, le jeu de l’imposture n’est pas absent. Il fait aussi partie de notre monde, comme dans cette petite toile ou l’on reconnait un officier nazi tendant une main amicale à un petit enfant. L’uniforme du soldat est volontairement peint en bleu, d’une manière singulière pour brouiller les pistes.
Lino Polegato Prix de la Création 2014
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Sans titre acrylique sur toile 143x148 - 2014
Prix de la CrĂŠation 2014
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Sans titre, acrylique sur toile, 180x200 - 2014 Prix de la CrĂŠation 2014
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Prix de la CrĂŠation 2014
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Sophie Legros Née en 1976 à Huy (B) Rue Fond Pirette, 182 à 4000 Liège
« Je suis dans mon atelier, me dirige vers l’armoire. Avant cela, je sortais de mon studio, une main ouvrait une porte, des pieds, au rythme des jambes descendaient l’escalier; je fais tous les gestes qu’il faut, ma tête est ailleurs. Je rentre dans mon atelier, j’atterris, doucement, je ne sais pas ce que je vais faire, je cultive cette ignorance et la nonchalance du geste, je ne veux pas rompre la dynamique naturelle...je prends le projecteur, je trébuche sur un morceau de bois, il s’accroche à moi, réclame mon attention, j’enregistre. J’amène le projecteur dans la petite pièce noire, celle que je peux chauffer. Je ne sais pas pourquoi je fais tout ça. J’allume le chauffage, je sors un moment pour éviter l’odeur du pétrole au départ de l’allumage. Je vois un crayon sur la table, je le prends, je m’assieds et vois un vieux dessin, je me charge d’accidents, je ne sais toujours rien, je prendrai la première toile venue, l’imprimerai de lumière, celle du projecteur, tout, ce tout/rien me mène vers quelque chose, ce peut être n’importe quoi, le rien me parle, une planche de bois s’accroche à moi, elle reste présente et je n’ai rien à faire de cette lumière artificielle. Elle m’a projeté au cinéma de l’imaginaire, je suis réaliste! Je place un reste de planche découpée sur celle qui m’appelait, je dessine son contour à la peinture rouge, transparence, me dévoile les veines du bois. J’enlève la seconde planche, je n’en vois plus que son dessin, c’est parti...Mais je m’égare, ça ne me plaît pas, je suis vide. Alors j’ouvre une grande toile, mal marouflée mais qui me servira, tout me sert, besoin d’une gestuelle, un pinceau, de l’acrylique noir, j’y vais, j’en avais besoin, je redécouvre la peinture, l’instant, le silence, la conscience, je suis avec d’autres peintres, des étudiants aussi, mais je reste avec moi, c’est bon. Je vais terminer ce travail, je ne sais toujours pas ce que c’est. Mon attitude est ma cohérence. Tout participe à tout. »
Janvier 2014
Prix de la Création 2014
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« Composition…», juin 2014 Huile sur toile de lin et sur toile de coton marouflée ; acrylique sur coton, sur toile de jute et sur papier ; branche d’arbre +/-475x450cm.
Prix de la Création 2014
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Prix de la CrĂŠation 2014
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« Elle s’échappe du support et je ne sais pas pourquoi… », juillet 2014 Acrylique et brou de noix sur toile, acrylique sur panneau préparé, toile de jute +/-70x235x230 cm
Prix de la Création 2014
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Mon Colonel et SPIT éric Bassleer Né en 1974, à Chénée (B) Thomas Stiernon Né en 1977, à Rue En-Bois, 6/3 à 4000 Liège
© Goldo
Dessins colorés et textes se mêlent. Jeu graphique entre les éléments dessinés ou écrits, essais typographiques, phrases choc ou drôles. Entassement désordonné, rayures, flèches, pointillés, rythme saccadé. C’est un fameux bazar sur les pages recouvertes d’écriture automatique de Colonel et Spit. Les deux artistes de ce duo (1974 et 1977) vivent et travaillent à Liège. Connu dans le milieu underground liégeois, Le duo dessine, fait de la musique… Ici, ils composent avec jubilation des images très graphiques qui mélangent images et textes. C’est avec humour qu’ils manient les mots, à la manière de Jean-Pierre Marquet . Comme lui, ils choisissent d’utiliser la page planche comme réceptacle de leurs émotions et de leurs humeurs. Leurs questionnements sont un peu cyniques, un peu trash : « Tu n’as rien vu venir ? », « Concept de panique », « toujours ce sentiment de pré apocalypse », « Les loups sont de retour », ou le très drôle « va parler street art avec les dauphins ! ». Surfant sur leurs expérimentations quotidiennes, ils déploient un graphisme spontané, non pensé, qui infuse les problèmes de société, les angoisses de notre temps, les peurs dites ou tues. « Voir tout et ne rien savoir ».
Muriel de Crayencour juin 2014
Prix de la Création 2014
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Tourcoing octobre 2011 / mixed média
© Kleinefenn Prix de la Création 2014
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© Kleinefenn
Cabane intérieure
Prix de la Création 2014
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© Kleinefenn
Tourcoing octobre 2011
Prix de la Création 2014
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Michael Nicolaï Né en 1976, à Liège Rue Jacquet,12 à 4000 Liège www.theleatherheads.be
Longtemps inscrit dans la communauté du graph, Michaël Nicolaï atteste par sa pratique picturale d’une perméabilité gestuelle et visuelle d’un champ d’application à l’autre. Au-delà de l’hermétisme pour le non initié, le monde du graph et du tag, défini par l’esthétique du « signe-signature », dégage un vocabulaire et un système de références, où sont partagés des langages, des goûts musicaux voire la fréquentation de lieux, déterminant ou non l’appartenance au milieu, à la façon des codes de lecture en art et, par extension, des règles sociales, qui régulent notre conduite : celui qui les détient, se repère, signifie, envoie/reçoit la trace du passage, bref, existe, fait montre de sa présence sur le territoire. Amateur de musique électrominimaliste, Michaël Nicolaï évolue dans un univers musical post punk, dont « Tuxedomoon » (San Francisco, 1977), « Crash Course in Science » (Philadelphie, 1979), « Red Zebra » (Bruges, fin des années 70) ou encore « Nitzer Ebb » (Essex, 1982) sont autant de références. Aussi, n’est-il sans doute pas inintéressant de connaître l’origine du pseudonyme de l’artiste « The leather heads » choisi en référence au titre « Warm Leatherette » (qui renvoie lui-même à la nouvelle « Crash » de l’écrivain J.G. Ballard), produit par Daniel Miller, fondateur du label Mute Records.
© Olivier Leidgens
Attiré par la mélancolie de lieux délaissés, naturels ou industriels, Michaël Nicolaï aime se laisser porter par la nostalgie qu’ils dégagent. Il représente notamment les usines, pensant qu’elles seront amenées à disparaître. Se remémorant les histoires d’anciens ouvriers retraités lorsqu’il allait pêcher enfant le long de la Meuse avec son grand-père italien, Michaël Nicolaï campe le décor de machines laborieuses, les inscrit en aplats, esseulées sur une toile dont la palette se réduit à quelques tons uniques (« Ougrée n°1 & 2 », 2008). Stylisation, formes contours, produisent l’effet d’un collage vinyle, à mi-chemin entre le tatouage et la décalcomanie, où la peinture acrylique n’est pas sans contribuer à l’effet policé. S’inscrivant dans la lignée d’une image pop renouvelée par les apports de la pub et du graphisme contemporains, la peinture de Michaël Nicolaï produit des images archétypales puissamment signalétiques (« Kljuc », 2008).
Prix de la Création 2014
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Les tableaux expriment un regard social rendant compte de la réalité ouvrière dans le monde actuel, qui, à l’aide de slogans bien-pensants, globalise mais se déshumanise. Représentant un haut-fourneau tel qu’il pouvait le voir depuis le bus emprunté lors de visites chez ses grands-parents à Ramioul, « HF6 » (2009) propose un chassé-croisé hautement significatif entre le slogan des grands patrons, « L’audace change tout », repris par des ouvriers manifestant contre la fermeture de leur outil de travail. Ailleurs, « No title » (2009) montre un autre haut-fourneau, qui « s’humanise » – ses conduits paraissent semblables à de longs bras, le piètement semblable à de courtes jambes –. Aussi, par son traitement idéaliste, Michaël Nicolaï redimensionne la réalité de l’espace industriel, lui conférant la beauté d’un paysage fantasmé. Texte de Cécilia Bezzan.
HF6#5 100X150 cm acrylique et laque sur toile 2013
Prix de la Création 2014
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Sans titre - 2014
Prix de la CrĂŠation 2014
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Sans titre - 2014
Prix de la CrĂŠation 2014
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Fabian Rouwette Né en 1974 Rue des Vennes, 281 à 4020 Liège
Les sujets de tes photographies arborent-ils une commune spécificité, si non leur abandon et leur dégradation ? Qu’est-ce qui te les rend attrayants ? Tous ces lieux que j’ai cherchés, photographiés puis sélectionnés pour cette exposition sont des bâtiments ‘publics’. Je ne veux pas dire par là qu’ils appartenaient au domaine public, mais qu’ils avaient pour fonction d’accueillir des publics de toutes sortes et qu’ils étaient donc – et le sont peut-être toujours – imprégnés d’une mémoire collective. Ce fut des restaurants, des lieux de culte, des écoles, des casernes, des hôtels, des auditoires... Devenus hors contrôle, ‘hors service’, ils me fascinent en oscillant sur le paradoxe accessibilité-inaccessibilité. A la fois, ils sont comme ‘à ciel ouvert’, vidés de leur substance, libres de droit et bordant notre vie quotidienne ; mais ce sont aussi des lieux comme ‘exclus’, enclavés, sans fonction et n’étant plus relié à l’activité du monde. Des no man’s land au fond, des ‘non-lieux’ disent certains sociologues, des aires entre réalité et imaginaire, des zones indéterminées. Comment les photographier dès lors ? Pour moi – et je reprends une métaphore d’éric Poitevin – les photographies sont comme des lettres, dessinées patiemment et une à une, elles commenceront à peut-être former des mots à un certain moment. Mes photographies se situent quant à elle dans une zone de silence, juste avant les mots. Images ‘silencieuses’. Images qui ne sont donc pas explicitement liées à une trame narrative ? Est-ce l’idée de l’image avant toute chose qui est développée ? L’image primordiale ? Les images exposées nous plongent dans une réalité, visible et concrète. En même temps, le sujet photographié n’est pas vraiment identifiable, il a perdu ses repères de temps et de localisation géographique, sa fonction originale est indéfinie. C’est un sujet sans référence, hors contexte. Un sujet dont la réalité peut être relativisée et réappropriée par l’imaginaire. (…) La question fondamentale est : « qu’est-ce qu’on y voit ? ».
Entretien avec Brigitte Van den Bossche (extrait)
Prix de la Création 2014
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n°43, Amphithéâtre
Prix de la Création 2014
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n°136, Couloir rose
Prix de la Création 2014
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n° 20, All-over
Prix de la Création 2014
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Vincent Ubags Né en 1982, à Liège (B) Impasse Le suisse, 5 à 4020 Liège www.vincentubags.wix.com/vincentubags
«Tel un carnet de notes, mes peintures retracent l’itinéraire de mes voyages virtuels. Chaque travail que je réalise est comparable à une question que je pose à l’univers. Chaque toile vierge tendue sur le mur est comme une fenêtre qui s’ouvre. De ces fenêtres émergent des mondes parallèles, des visions, des rêves, qui tentent de nous communiquer un message, un aperçu d’un autre monde, en apparence inaccessible, si ce n’est à l’imagination. L’exploration de l’inconscient collectif et de ses représentations archétypiques me permettent d’exploiter toute la richesse disponible dans la vie quotidienne. La découverte des mécanismes et des rouages qui organisent la réalité qui nous entoure me fascinent d’autant plus qu’une fois toutes les pièces du puzzle reliées entre elles, la grande image apparait telle une grande horlogerie où chaque élément trouve sa place telle une symphonie cosmique vibrant à l’unisson. Ces travaux peuvent ensuite être utilisés comme des plateformes contemplatives aux travers desquelles la conscience peut prendre une dimension exponentielle afin d’embrasser le caractère universel inhérent à notre nature. A la fin, la vrai question est de savoir où s’arrête la réalité et où commence l’imaginaire? »
Prix de la Création 2014
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Pandora box, huile sur toile 180 x 140 cm - 2014
Prix de la CrĂŠation 2014
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Corcodilopolis, acrylique sur toile, 200 x 200 cm - 2014
Page de droite : Mother earth, huile sur toile, 200 x 200 cm - 2013 Installation de Jean Delvoie
Prix de la CrĂŠation 2014
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Prix de la CrĂŠation 2014
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Sophie Vangor Née en 1981 à Bruxelles Rue Molinvaux, 9/0001 à 4000 Liège sophievangor.blogpost.com
…. Sofie Vangor est une artiste engagée. Dans le sens d’une intense implication personnelle qui dépasse toute idée de transe personnelle égotique pour préférer toucher au monde « transpersonnel ». En effet, son travail autobiographique transmue ses virages de vie ou de mort en de fulgurantes percées artistiques qui ébranlent toutes les illusions de maîtrise de sa destinée. Son parcours personnel émaillé de pertes d’êtres chers et de traversées du manque d’autrui, loin de l’avoir abîmée lui a fourni l’occasion de rebondir. Grâce à sa ferveur artistique Sofie Vangor a toujours déjoué trauma, impasse et désespoir. Optant pour la gravure, la peinture, le textile ou l’écriture, elle poétise le grave comme elle aime l’exprimer. ….
Extrait du texte 90 JOURS, Judith Kazmierczak, 2014
Page de droite Huis van de zusters, broderie, textile (robe), 145 x 47cm - 2014 Prix de la Création 2014
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Prix de la CrĂŠation 2014
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Installation Couveuses + poses-pieds
Prix de la CrĂŠation 2014
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Vertige, broderie, textile, dimension variable - 2014
Prix de la CrĂŠation 2014
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David Widart Née en 1982, à Verviers (B) info@davidwidart.be www.davidwidart.tumblr.com
Marcher, être en mouvement, constamment, errer, déambuler, tout voir, marcher dans les villes, dans les déserts, grimper sur les dunes, poser son regard d’en haut, photographier, puis redescendre très bas, regarder de face, photographier, se rapprocher, aller vite, être là, voir de très près, voir les cicatrices, les défauts, les rebuts, sentir très fort, descendre plus bas, un peu plus bas pour voir, photographier, photographier quand la lumière se pose sur ce qui était caché dans l’obscurité.
© Bettina Genten
Rouler à vélo sur un fil très fin en essayant de rester en équilibre avec un appareil photo argentique, tomber, se faire mal, remonter sur le vélo, recommencer avec une roue voilée, photographier. Regarder, photographier, faire des images d’images d’images de souvenir. Manipuler ces images, les classer, les ordonner puis les désordonner, changer l’ordre, la série, les scanner, les imprimer en petit et en très très grand pour constater qu’elles restent bien toujours des images, les photographies. Les classer, les réimprimer dans un livre. Essayer de faire un livre, de photographier pour faire des livres. Des livres pour raconter des histoires. Pour raconter quelque chose, raconter les souvenirs des images de la lumière quand elle s’est posée sur ce qui était dans le noir. Puis remonter, grimper, aller haut, se rapprocher du soleil, se brûler pour photographier des êtres surexposés, aveuglés par une éblouissante clarté.
Pierre-Philippe Duchâtelet
Prix de la Création 2014
50
n°75_mini
Prix de la Création 2014
51
n°7525 Prix de la Création 2014
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Prix de la CrĂŠation 2014
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Informations pratiques Prix de la Création 2014 Exposition des travaux sélectionnés par le jury Du 5 décembre 2014 au 25 janvier 2015 Musée d’Ansembourg Féronstrée 114 - 4000 Liège
Contact Chantal Olivier 00 32 (0)4 221 91 53 chantal.olivier@liege.be
Le jury Le jury est composé de représentants de la Ville de Liège et de centres d’art contemporain : Denise Biernaux, directrice, Galerie d’art contemporain Les Drapiers Pauline Bovy, conservatrice, Musées de la Ville de Liège Alain Delaunois, journaliste RTBF Pierre Henrion, professeur d’histoire et actualité des arts à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège Laurent Jacob, directeur Espace 251 Nord Régine Rémon, première conservatrice du BAL (Musée des Beaux-Arts de Liège) Françoise Safin,conservatrice, Musées de Liège-pôle expositions Anne-Françoise Lessuise, coordinatrice Biennale Internationale de la Photographie, Centre Culturel des Chiroux Pierre Muyle, directeur du Madmusée
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Liège•museum hors série n° 28, décembre 2014