Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050 - sous la direction de L. Simonot et V. Laganier

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Éclairage et lumière

du IIIe millénaire

sous la direction de Lionel Simonot et Vincent Laganier

Éclairage et lumière du IIIe millénaire Rétrospective

2000 2050

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Éclairage et lumière du IIIe millénaire 2000 - 2050 Sous la direction de Lionel Simonot et Vincent Laganier


Sommaire

Préface

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Introduction

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Rétrospective 2000-2020

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01. Les nouveaux acteurs de l’éclairage

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Restructuration du marché de l’éclairage 02. Une lumière plus technologique

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Les LED, une révolution technologique et populaire

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Domotique et éclairage connecté

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Outils de simulation d’éclairage

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03. Une lumière moins consommatrice d’énergie

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Éclairage naturel dans les bâtiments

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Éclairage public : entre technologies, réglementations et ambiances lumineuses

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Éclairage et lumière du IIIe millénaire Préface

04. Une lumière plus humaine

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Bien-être : rythme circadien, photobiologie et fonction visuelle

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Prise en compte des nuisances lumineuses vers la smart city

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05. Une lumière plus inventive Installations et expositions Coups de cœur lumineux 2010-2020 Architecture et espaces publics Coups de cœur 2010-2020 06. Portraits d'entrepreneurs

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Bruno Charnay

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Thierry Leroux

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Prospective 2020-2050

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07. Éclairer son époque

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08. Imaginer la lumière du troisième millénaire sautdeligne

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Bibliographie

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Crédits

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L’équipe

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Préface émotion première : le noir ou la lumière ? La lumière colonise la planète depuis des centaines d’années, et depuis 20 ans elle accélère encore : elle mange la pénombre des versants de nos montagnes, la noirceur bénéfique de nos océans, la profondeur du ciel étoilé, le mystère inquiétant du fond des jardins et grignote le repos dans les chambres des enfants, fascinés par la lumière image qui se renouvelle sans fin. Jusqu’à peu, elle était un indéniable indicateur de progrès et de confort de vie (pouvoir étudier après la nuit tombée, rejoindre son travail de nuit sans accident ni crainte). En ce début de siècle, elle est partout, et est devenue un indicateur de pression sur la biodiversité. Nos yeux de citoyens du monde perçoivent à présent l’indécence des lumières sans maîtrise : absurdité énergétique, trop souvent encore démonstration vaine de puissance économique ou politique, déploiement systématique non proportionné aux usages… Le droit à la lumière rencontre le droit émergent à la pénombre. Pas une semaine sans un article appelant à préserver les ciels étoilés, à retrouver cette expérience animale de la profondeur de l’obscurité. Les réglementations d’un même mouvement se complexifient et tendent vers plus de sobriété. Tant mieux, car si « La clarté est bonne pour convaincre, elle ne vaut rien pour émouvoir » (Denis Diderot). Alors, on s’interroge : qu’est-ce qui vaut d’être vu aujourd’hui, révélé par la lumière, avec quelle intensité maximale ? Qu’est-ce qu’une lumière indispensable ? Nécessaire ? Ces questions de fond alimentent avec plus de tension les débats dans les projets lumière. L’être humain, c’est connu, n’est pas un animal uniquement rationnel, mais aussi émotif et relationnel : réduire l’idée de sobriété lumineuse à une contraction des projets autour d’un noyau minimal de lumière fonctionnelle ne répondra que mal à son besoin vital de vibrer et d’interagir avec son prochain. Si le Beau dans son histoire n’a pas toujours dit non à la démesure, le Beau dans le projet lumière raisonné doit s’épanouir en sobriété. Les praticiens de la lumière sont comme les peintres, ils observent et cherchent à comprendre l’essence de ce qu’ils voient, pour ensuite le donner à voir. L’angoisse de la page noire peut surgir quand les contraintes sont contradictoires, les besoins opposés. Comment trouver le bon dessin lumineux ? Peut-on concevoir une lumière qui plaise et réponde aux besoins de TOUS ? Elle relèverait

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Éclairage et lumière du IIIe millénaire Préface


d’une universalité croisée du Beau ET de l’Utile… On viserait le chef-d’œuvre, en somme. Mais plus quotidiennement, plus pragmatiquement, la recherche de conformité à toutes les normes et demandes est un chemin souvent direct vers le consensus mou. La musique d’ascenseur, pensée pour déplaire au plus petit nombre, ne plaît en fait à personne. Nous travaillons tous à éviter de déployer des « lumières d’ascenseur » : la sélection de réalisations remarquables de cet ouvrage atteste de la possibilité de plaire largement… en conservant une vigueur formelle. Certaines situations lumineuses inextricables peuvent trouver un compromis dans l’espace, d’autres dans le temps. Pour ces situations de frictions, nées de l’accroissement récent du niveau de complexité dans l’arbitrage entre besoins environnementaux et sociétaux, les nouvelles technologies offrent une souplesse de fonctionnement vraiment bienvenue. Car elles nous ont submergés ces 20 dernières années : les écrans, les LED, la connectivité, de la lumière sur les murs des villes, dans ma poche, de l’interaction de tous avec tout. On sait tout faire ou presque ! La limite sera comme toujours notre imagination (ça, et un budget soutenable). Que va-t-on faire de ce potentiel vertigineux ? Rêver, déjà : ce livre vous emmène dans un futur pas si lointain, au gré d’imaginaires très personnels de dessinateurs « LED et digital natives ». Certaines propositions futuristes vont toucher votre cœur, vous épater, d’autres vous faire lever un sourcil circonspect, certaines, même, vous indigner. Ce qui est formidable, c’est qu’une autre lectrice ou un autre lecteur vibrera différemment de vous. Car le rapport à la lumière est intime, culturel, lié à notre physiologie, notre psychologie, notre sensibilité esthétique. C’est pour cela que nous avons besoin de la plus grande variété possible d’expériences lumineuses dans nos vies, nos villes et nos architectures. Pour qu’elles résonnent différemment en chacun, tout en permettant l’expérience collective. Et le plaisir partagé. Virginie Nicolas Présidente de l’Association des concepteurs lumière et éclairagistes, ACE Conceptrice lumière, agence Concepto

Éclairage et lumière du IIIe millénaire Préface

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Introduction une certaine idée de la lumière Ce début du IIIe millénaire marque une mutation sans précédent de l’éclairage. Il ne s’agit pas uniquement d’une révolution technologique liée aux performances exceptionnelles des LED, c’est tout notre rapport à la lumière qui est transformé. L’objet de ce livre est d’exposer ces mutations actuelles et d’envisager celles à venir. En France et maintenant, fin 2021. Car l’appréhension de la lumière n’est en rien une expérience universelle et immuable. Elle est au contraire propre à chacun, propre à chaque société humaine. Avant le IIIe millénaire, existait-il une spécificité française dans notre façon de comprendre et de maîtriser la lumière ? Dans un pays où au règne du Roi-Soleil succède le siècle des Lumières, la réponse fait peu de doute. Mais que l’on considère les approches scientifiques, techniques, urbanistiques ou encore artistiques, ce rapport à la lumière est très divers. Pour tenter de mieux cerner cet esprit français, nous proposons un panorama historique sous forme de patchwork. Forcément subjectif.

discours sur la lumière Qu’est-ce que la lumière ? Cette question va animer des débats entre savants pendant plusieurs siècles. Par essence immatérielle, la lumière est une notion en effet bien difficile à concevoir. Avant d’être publié séparément, le célèbre Discours de la méthode (1637) de René Descartes constitue une introduction à plusieurs essais scientifiques, dont La Dioptrique. Il s’agit d’un traité sur la nature de la lumière, sur la réflexion et la réfraction par des surfaces et sur la perception visuelle. Assurément, l’approche rationnelle constitue depuis Descartes la signature d’une conception de la lumière « à la française ».

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C’est à Paris et en français que le Néerlandais Christian Huygens écrit son Traité de la lumière (1678), premier ouvrage où la nature ondulatoire de la lumière est envisagée. Il faut attendre le début du xixe siècle pour que cette hypothèse soit remise spectaculairement en avant et acceptée par la communauté scientifique. En établissant le formalisme de cette nouvelle approche, la contribution du Français Augustin Fresnel est essentielle. L’optique ondulatoire constitue depuis l’une des disciplines de la physique dite classique. Mais à l’aube du xxe siècle, les Allemands Max Planck et Albert Einstein démontrent que la lumière peut aussi se comporter comme un ensemble de corpuscules dénombrables, bientôt appelés photons. Il faut reconnaître qu’il n’y a pas beaucoup de Français parmi les pionniers de la révolution quantique. En revanche, dans la seconde moitié du xxe siècle, la France s’illustre par son excellence dans le domaine de l’optique quantique, symbolisée par le laboratoire Kastler Brossel, du nom de ses fondateurs Alfred Kastler (médaille d’or du CNRS en 1964, prix Nobel de physique en 1966) et Jean Brossel (médaille d’or du CNRS en 1984). Parmi ses membres prestigieux, citons Claude CohenTannoudji (médaille d’or du CNRS en 1996, prix Nobel de physique en 1997), Serge Haroche (médaille d’or du CNRS en 2009, prix Nobel de physique en 2012) et Jean Dalibard (médaille d’or du CNRS en 2021).

lumières électriques Si la nature de la lumière questionne les savants, la création de sources d’éclairage artificiel a des impacts bien plus concrets sur les sociétés humaines. Maîtrise du feu, lampes à huile, chandelles… les techniques d’éclairage n’évoluent toutefois guère au cours des siècles. Les choses s’accélèrent au xixe siècle avec notamment l’apparition de l’éclairage au gaz.

Éclairage et lumière du IIIe millénaire Introduction


La commercialisation des lampes à incandescence inventées par l’Américain Thomas Edison marque un tournant. L’électrification des villes et des campagnes est en route pour apporter cette nouvelle lumière dans tous les foyers. Au xxe siècle, les lumières électriques, ce sont aussi les lampes à décharge pour l’éclairage public, et les tubes fluorescents pour l’éclairage des bureaux.

C’est encore à Paris que les premières lampes à arc électrique sont utilisées, d’abord pour des essais d’éclairage de la place de la Concorde à l’aide de projecteurs conçus par le scientifique Léon Foucault et le fabricant d’instruments optiques LouisJoseph Deleuil (1844), puis pour l’éclairage pérenne de l’avenue de l’Opéra avec des bougies Jablochkoff (1878).

L’américaine General Electric, la néerlandaise Philips, l’allemande Osram : il n’y a pas d’entreprise française parmi les leaders des fabricants de lampes. Le Français Georges Claude, fondateur d’Air Liquide, a toutefois sa place dans l’histoire de l’éclairage. Cet ingénieur développe un procédé pour liquéfier et distiller l’air. Il peut en particulier séparer les gaz rares dont le néon. En 1910, il commercialise les premiers tubes néon à la couleur rouge caractéristique. Cette technologie est utilisée pour la publicité lumineuse colorée pendant près d’un siècle. Avec son neveu André Claude, il participe à la commercialisation des premiers tubes fluorescents avant de sombrer dans la collaboration pendant la seconde guerre mondiale.

Malgré ces innovations, Paris n’est pas la ville la plus éclairée à l’aube du xxe siècle. Elle utilise toutefois son aura de Ville Lumière pour assurer la promotion de son Exposition universelle en 1900. Le 31 décembre 1985 à minuit, la capitale justifie un peu plus son surnom : la tour Eiffel s’illumine par un éclairage de sa structure métallique en contre-plongée et une lumière à contre-jour. Cette réalisation de Pierre Bideau (1941-2021) marque un renouveau dans les mises en lumière patrimoniales. Le métier de concepteur lumière apparaît. Et dans ce domaine, la French Touch est mondialement reconnue.

villes lumière En termes géographiques, la lumière est avant tout un symbole urbain. C’est à Paris que sont placées les premières lanternes fixes à chandelles pour assurer la sécurité des habitants dès la fin du xviie siècle. Près de cent ans plus tard, elles sont remplacées par des réverbères, lanternes équipées d’un bec à huile et de réflecteurs métalliques, eux-mêmes adaptés au xixe siècle pour accueillir des brûleurs à gaz. Dans Le Petit Prince (deuxième livre le plus traduit dans le monde après la Bible), Saint-Exupéry fait intervenir le personnage de l’allumeur de réverbères. Poétiquement, il illustre l’absurdité qu’ont en permanence les villes à allumer et éteindre leurs lumières en opposition du cycle naturel.

Éclairage et lumière du IIIe millénaire Introduction

Dans la décennie de l’an 2000, de nouvelles figures dynamiques renouvellent la pensée de la conception lumière : Anne Bureau, Claire-Lise Bague, Sara Castagné, Virginie Nicolas, Yves Adrien, Lionel Bessières, Jérôme Donna, Marc Dumas, François Gaunand, Lucas Goy, Jean-Yves Soëtinck, Vincent Thiesson, Sylvain Bigot, Charles Vicarini… Plus récemment, une troisième génération se profile à l’horizon : Nawel Creach-Dehouche, Rozenn Le Couillard, Aurélien de Fursac, Nicolas Houel, Loïc Thiénot… Pour se distinguer de Paris, Lyon se fait appeler Ville des Lumières. Son nom latin Lugdunum pourrait bien signifier « colline de la lumière ». Mais la raison est plus récente. Elle provient du plan lumière instauré par la ville dès 1989. Celui-ci enrichit la fête traditionnelle du 8 décembre, où les Lyonnais déposent des lumignons aux rebords de leurs fenêtres. Dès lors, la ville devient la capitale de l’éclairage. En 1999, le Festival

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cathédrale notre-dame façade sud, strasbourg concepteur lumière : Jean‑Yves Soëtinck L’Acte Lumière Éclairage frisant au plus proche du patrimoine et de la pierre. Il souligne les modénatures sans lumière perdue. Le faisceau linéaire des réglettes LED est seulement de quelques degrés d’ouverture.


01.01. Restructuration du marché de l’éclairage —

Sophie Caclin Benoit Bataillou

marché couvert réinterprété expo 2015 pavillon de la france milan, italie architectes : XTU scénographie : Ateliers Adeline Rispal conception lumière : Licht Kunst Licht

Entre 2000 et 2020, le marché de l’éclairage a connu des bouleversements. Les acteurs, les marques et les métiers que l’on connaissait ne sont plus tout à fait les mêmes sans pour autant être tout à fait nouveaux. Des acteurs historiques ont disparu, d’autres se sont regroupés sous de nouveaux noms, quelques aventuriers ont tenté une percée. L’histoire de ces entreprises est directement liée à une révolution, la LED.

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Sur cette vingtaine d’années, la technologie a profondément bouleversé le monde de l’éclairage, et les enjeux économiques ont été plus importants que la pérennité des marques ou l’origine des produits. On ne peut pas parler de nouveaux acteurs, car il n’y a eu que peu de nouveaux entrants. Il est plutôt question de mutation, de modification du modèle économique des entreprises, à commencer par les fabricants de matériel.

chaîne de valeur Historiquement, la diversité des fabricants est directement liée à la chaîne de valeur du point lumineux. En éclairage conventionnel (avant la LED), chaque élément du point lumineux représente un segment de marché : lampe, luminaire, support, appareillage électrique, système de commande et services associés. Les fabricants ont investi l’un ou l’autre de ces segments. Chaque fabricant intègre le matériel de l’autre ou les éléments du point lumineux sont fournis séparément. Certains sont spécialistes d’un sous-segment : éclairage intérieur, mât bois, ballast. Seules quelques grandes marques sont présentes sur plusieurs segments.

vue d’avion sur la mer de nuages et les appels d’offres La chaîne de valeur en éclairage est devenue mondiale.

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02.02. Domotique et éclairage connecté —

Damien Joyeux Sophie Caclin

détection de présence pour l’éclairage public Passerelle de la Paix, Lyon architectes : Dietmar Feichtinger Architectes, Schlaich Bergermann Partner conception lumière : direction de l’éclairage urbain, Ville de Lyon

Au début des années 2000, l’arrivée de la LED dans l’éclairage a été une (r)évolution. Vingt ans plus tard, il n’y a presque plus un appareil d’éclairage qui n’en intègre pas, aussi bien pour des projets intérieurs qu’extérieurs.

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DMX 512 Le DMX a été développé dans le domaine du spectacle en 1986 afin de gérer un très grand nombre de paramètres (512) à travers un même câble. Compte tenu de la vitesse de transmission et de la fréquence de rafraîchissement du signal, ce protocole est parfaitement adapté pour l’éclairage architectural dynamique et scénique. C’est un signal numérique qui nécessite de respecter certains principes pour le câblage. Tous les appareils DMX sont interopérables. Il existe une version « IP » du DMX nommé ARTnet, qui permet de faire passer à travers un seul câble réseau plusieurs Univers DMX (plusieurs fois 512 paramètres).

IP (Internet Protocol) et PoE (Power over Ethernet) La solution IP est une technologie réseau qui permet le transfert d’un grand nombre d’informations. Il peut être mutualisé pour faire passer plusieurs types de protocoles. La technologie PoE combine l’alimentation électrique et le signal de commande dans un même câble réseau. Chaque luminaire compatible se connecte directement en RJ45 et s’intègre dans le réseau par son adresse IP. La mutualisation de ces éléments à travers un même câble facilite l’installation, mais les coûts pour mettre en place cette technologie sont encore assez élevés.

éclairage connecté dans des bureaux Vaudoise Assurances, Winterthur, Suisse pilotage de l'éclairage : Bluetooth Mesh

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02.03. Outils de simulation d’éclairage —

Alexandre Junca Nicolas Houel

position des matériels d’éclairage dans la scène simulée Les flèches jaunes représentent les sources de lumière et la direction de l'éclairage.

En vingt ans, les outils de simulation d’éclairage ont beaucoup évolué. Au siècle dernier, les logiciels existants étaient souvent développés par les fabricants pour un usage interne. Ils se limitaient à des calculs photométriques simples, dans des configurations dites standards.

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importation de la conception et de la structure d’un édifice maîtrise d’ouvrage : Universal Hotel and Resorts Incorporated architecte : Robinsons Land Corporation concepteur lumière : Yvonnie Tam, AJ-lightdesign Du dessin d’architecte à la vision en trois dimensions en fil de fer et en rendu des matières. - Vue de dessus - Vue isométrique filaire - Vue isométrique texturée


03.02. Éclairage public : entre technologies, réglementations et ambiances lumineuses —

Maxime Van Der Ham Jean-Yves Soëtinck

ambiance lumineuse orangée en éclairage public Lampadaires fonctionnels, Saint-Nazaire lampe : sodium haute pression

Maxime Van Der Ham est directeur général de Sarese, cabinet d’ingénierie spécialisé en éclairage extérieur et en réseaux secs. Jean-Yves Soëtinck est concepteur lumière et gérant de l'agence L'Acte Lumière. Les deux professionnels croisent leurs regards sur l’évolution de l’éclairage public ces 20 dernières années.

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de nos pratiques professionnelles, soit ! Tant qu’il ne nuit pas à la fonction première de l’éclairage public, ce n’est pas problématique. Et comme l’éclairage n’est pas systématiquement assuré par des professionnels aguerris à son calcul et sa planification, c’est plutôt positif d’en cadrer certains usages. Mais l’éclairage des espaces publics étant multiple et varié, la LED s’impose comme la meilleure solution pour pouvoir s’adapter.

qui sont les détracteurs de l’éclairage public ? Maxime Van Der Ham : les détracteurs, qui sont aussi les protagonistes de cet arrêté, tirent à boulets rouges sur la LED : lumière bleue nocive et présente en excès, aveuglement et fortes luminances, risques photo-biologiques. En arrière-plan, détracteurs et défenseurs de la profession concourent toutefois en commun à des fins de juste milieu. Jean-Yves Soëtinck : dans le sens du consensus entre les protagonistes, l’ensemble du secteur de l’éclairage public s’est adapté et s’engage. Mais peut-être qu’une grosse part des problématiques liées à l’éclairage tiennent plus de l’usage privé,

ou en tout cas hors de la planification publique, et il y a là un très gros travail de pédagogie, si ce n’est de régulation, à mener. Dans ce sens, les espaces publics gagneront à avoir un contexte et un environnement mieux maîtrisés.

quelles sont les économies d’énergie à la clé ? Maxime Van Der Ham : c’est au minimum le « facteur 2 » grâce à la LED. Le flux lumineux dispensé par un luminaire LED est plus faible, et pour autant bien plus efficace. Il en résulte un gain de puissance d’au moins 50 %. Très souvent, les premières communications autour de la LED visaient à comparer les puissances des lampes à décharge et celles des LED. Ainsi, chacun trouvait sa clé de conversion. En matière d’énergie, le gain est encore plus impressionnant. Comment ? Grâce aux capacités de modulations fines des LED. Par exemple, il est courant de pouvoir programmer trois plages de gradation avec un luminaire LED. Les gains d’énergie sont donc supérieurs à ceux de la puissance. Il est fréquemment évoqué des gains de 70 % en matière d’énergie.

scénario de variation de l’éclairage public la nuit Des économies d’énergie sont ainsi réalisées sur la consommation et la durée de vie des matériels.

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04.01. Bien-être : rythme circadien, photobiologie et fonction visuelle —

Jean-Jacques Ezrati Richard Caratti-Zarytkiewicz

ciel au coucher du soleil Le seuil de l’obscurité, entre nuages et soleil couchant. Il conditionne à la préparation de l’endormissement. La confrontation de la lumière avec la présence de l’Homme a pour conséquence la notion même d’éclairage.

De tout temps, les effets de la lumière sur l’être humain ont été envisagés et explorés, tant dans ses bienfaits que ses méfaits. Aujourd’hui, l’optique et la physiologie de l’œil sont étudiées et décrites dans le détail. Le traitement neuronal est analysé, y compris ce qui concerne la fonction visuelle et ses nombreuses implications.

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évolution du spectre et la lumière bleue Diode à flux élevé des années 2010-2020 Trois types de LED montrent l’évolution pour la réduction de la zone d’émission des radiations en dehors de la zone de sensibilité de la mélanopsine pour un éclairage du soir. La lumière bleue à haute énergie visible nocive pour l’Homme, se situe dans le spectre lumineux entre 415 et 455 nm (rectangle rouge).

Une « mauvaise hygiène lumineuse » dérègle notre horloge biologique, par exemple, si l’exposition lumineuse est excessive avant de se coucher. Depuis récemment, les fabricants de LED et d’écran réduisent l’émission de lumière dans ce domaine spectral.

soit proposé un protocole non dépendant d’un fabricant, mais commun à tous (du moins au plus grand nombre), dédié à la gestion de l’éclairage dans le domaine général. Après avoir mis du temps à se diffuser, spécialement en France, le DALI s’est à présent imposé. Il s’agit d’un système filaire, comme le DMX, qui, aujourd’hui, peut intégrer le Bluetooth dans son architecture. Ces protocoles permettent la création de programmes conditionnels (par capteurs de présence ou de luminosité, de déclenchements manuels ou autres) ou permanents (comme peut l’être un programme horaire ou basé sur le cycle circadien5).

les surfaces (la candela par m² ou cd/m², utile pour estimer l’éblouissement mais aussi les contrastes visuels entre les surfaces). Le début des années 2000 a vu apparaître également le Unified Glare Rating (ou UGR), qui nous assiste pour évaluer le potentiel d’éblouissement d’une installation d’éclairage. Au cours de ces dernières années, sur le fil des connaissances mises en avant dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler le Human Centric Lighting (ou éclairage anthropocentrique), la réflexion des concepteurs lumière, en prenant conscience de leur rôle essentiel dans l’environnement habité et, par conséquent, dans le paysage architecturé, intérieur et extérieur, a substitué l’idée de confort par une notion fondamentale pour l’humain et qui est celle du bien-être, bienêtre au sein des cycles vitaux veille/sommeil, c’està-dire du bien apprendre, du bien travailler, le bien-être du corps en mouvement dans l’espace en pleine possession de son outil visuel. Cela est d’ailleurs évoqué par le concepteur lumière William C. Lam6 lorsque, en 1982, il éprouvait le besoin d’inventorier parmi ses préoccupations « la classification attributive des stimuli visuels », « la recherche inconsciente d’une forme d’organisation de l’espace », « l’attente » émotionnelle et fonctionnelle de l’individu par rapport à son environnement, aux luminances, aux couleurs, « la composante affective de la perception ».

de la notion de confort à la notion de bien-être Depuis les premiers moments de la rationalisation des questions d’éclairage et avec la définition des unités de mesure établies par la Commission internationale de l’éclairage (CIE) à partir de 1931, la question du confort a bénéficié d’une reconnaissance sans cesse croissante. En cette première partie de xxie siècle, nous disposons de mesures pour la quantité de lumière émise dans une direction donnée (en candelas), la quantité de lumière reçue (en Lux, ou lx, que l’on définira en fonction de l’activité exercée), la quantité de lumière réémise par

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évolutions directeur artistique : Yann Nguema groupe de musique : Ez3kiel créateurs lumière : Arnaud Doucet et Gael Digne Cathédrale Saint-Jean, Lyon Fête des Lumières de Lyon 2016 Producteur : La Maison Production commissaire : Jean-François Zurawik Trophée des Lumières du public 2016 Une œuvre qui marqua le renouveau du mapping vidéo par la précision des voxels, la nouveauté de sa palette de couleurs désaturées chaudes et froides, les effets visuels innovants associant lumières dynamiques et faisceaux laser interactifs, la symbiose totale et rare

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entre images, lumières, musique originale et sound design impactant. Et puis il y a la fraîcheur de cette esthétique si singulière, si poétique et sensible, qui caractérise le travail de Yann Nguema pour EZ3kiel. Alors, le mapping vidéo devient art !

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tunnel renan, parc des expositions de la porte de versailles, paris maîtrise d’ouvrage : Viparis concepteur lumière : François Gaunand, Seulsoleil 2016 Comment la lumière redonne-t-elle au passage de Paris une identité singulière ? Des variations chromatiques colorent le verre Reglit de l’intérieur de la double peau.

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07. Éclairer son époque —

Daniel Kaplan

Planète Terre la nuit. Les lumières urbaines des villes en Europe qui brillent dans l’obscurité. Qu’en ferons-nous-demain ?

À qui désespère de l’inaction écologique, le domaine de l’éclairage apporte une première bonne surprise : voici un secteur d’activité qui, non content d’avoir basculé vers une technologie très efficiente et à longue durée de vie (les LED), travaille aussi à faire moins, c’est-à-dire réduire, espacer, parfois interrompre l’éclairage – un peu pour économiser l’énergie, surtout pour mieux respecter les rythmes circadiens des humains et des autres êtres vivants.

Éclairage et lumière du IIIe millénaire Prospective

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L’équipe Sous la direction de Lionel Simonot Vincent Laganier Avec le soutien de ELDIM, SFEL Contributeurs Benoit Bataillou Maxime Brunois Sophie Caclin Richard Caratti-Zarytkiewicz Jean-Jacques Ezrati Katia Hervouet Nicolas Houel Damien Joyeux Alexandre Junca Vincent Laganier Lionel Simonot Jean-Yves Soëtinck Maxime Van Der Ham Jean-Baptiste Wallers-Bulot Préface Virginie Nicolas Prospective Daniel Kaplan

Dessinateurs Émilie Bandon Rémi Barbier Émilie Batjom Lætitia Beauchef Virgile Bellaiche Margault Belotti Léopold Bourgier Léa Chambodut Alice Cluzeau-Tomatis Cathal Cocoman Nina Coulais Paulin Darcissac Raphaëlle Delas Bénédicte Delaune Coline Domerg Théo Donier Lilia Ducrocq Léane Foucault Guillaume Goron Thomas Grillon Lara Leblanc Clara Leroux Lucie Levoy Clément Lorentz Marie Przopiorski De Cay Lucie Sagnard Gabriel Sargent Natalia Stavrovskaja

Charte graphique, couverture Anne Denastas Mise en page, composition Alán Morestain, (etc. Relecture Laurence Chabrun Lionel Simonot Directeur éditorial et artistique Vincent Laganier Éditeur Éditions Light ZOOM Lumière Imprimeur STIPA Montreuil, France

STIPA plante des arbres avec Reforest’Action

www www.lightzoomlumiere.fr

Avertissement

« Toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (Code de la propriété intellectuelle et artistique alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorise que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », des analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration (article L. 122-5 alinéas 2 et 3).

info@lightzoomlumiere.fr light.zoom.lumiere light-zoom-lumiere @zoomlumiere LightZoomLumiere

L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’exploitation du droit de Copie : 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, tél. : 01 44 07 47 70

Crédits © 2021 Light ZOOM Lumière Lyon - France Tous droits réservés. Dépôt légal : décembre 2021 ISBN : 978-2-36925-034-0

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