Prise en charge pratique des patients sous rituximab
Que faire en cas d’antécédent ou d’apparition de néoplasie solide Evidence Based Medicine
Recommandations officielles
Avis des experts
Que faire avant le traitement en cas d'antécédent de néoplasie solide ? Le RCP (résumé caractéristiques produit) n’évoque pas les antécédents de cancers solides dans les contres-indications. Dans la rubrique « précautions d’emploi », il est signalé qu’il existe un risque théorique de néoplasie solide lié à l’effet immunosuppresseur, mais sans que les données disponibles ne suggèrent de risque. Il n’a pas été effectué chez l’animal d’étude pour évaluer le risque carcinogène. Actuellement, il n’y a pas de recommandation officielle, mais il est simplement proposé de ne pas traiter de patient ayant un antécédent récent (moins de 5 ans) de cancer solide. Cette proposition s’appuie sur les critères de non-inclusion des études cliniques qui avaient exclu les patients avec des antécédents de néoplasie solide. En l’absence de données complémentaires, il est recommandé d’appliquer cette mesure de « prudence » le plus souvent possible, mais un certain nombre d’arguments plaident pour un assouplissement de cette règle pour les raisons suivantes : ● Le rôle de l’immunité humorale anti-tumorale est controversé car sa capacité à « éliminer » une tumeur est limitée. ● Différents arguments suggèrent que le dépôt tissulaire d’anticorps anti-tumoraux est responsable d’une réaction inflammatoire chronique favorisant la progression de la tumeur et sa dissémination métastatique possiblement par induction d’une néoangiogenèse. ● L’importante expérience d’utilisation du rituximab dans des lymphomes (plus d’un million de malades traités) n’a pas fait apparaître de sur-risque de tumeur solide. De même, les données de pharmacovigilance dans la polyarthrite rhumatoïde, même si elles sont encore limitées, n’ont pas non plus montré d’augmentation inattendue du nombre de tumeurs solides. Parmi les 1053 patients (PR) traités dans les études cliniques et suivis en ouvert correspondant à 2 438 patients/année dont certains ont été traités par 7 cycles de rituximab, il n’y a eu que 36 affections malignes (chez 32 patients). Les cancers les plus fréquents sont cutanés (non métastasés). L’incidence de ces cancers sous rituximab est de 1,6/100 patients/année, ce qui est comparable à l’incidence dans la population générale appariée par sexe et par âge. Il ne semble pas y avoir de sur-risque, en particulier chez les patients qui ont bénéficié de plusieurs retraitements (1). ● Une étude clinique a évalué l’impact du rituximab dans des cancers coliques disséminés en s’appuyant sur l’hypothèse d’un rôle pro-tumoral de l’immunité humorale.
Décembre 2007
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