Stéphanie Dupays
COMME ELLE L’IMAGINE ROMAN
MERCVRE DE FRANCE
à Hélène Perrin
« Aimer est un mauvais sort comme ceux qu’il y a dans les contes contre quoi on ne peut rien jusqu’à ce que l’enchantement ait cessé. » MARCEL PROUST,
Le temps retrouvé
« Comment ! j’aime à vous écrire : c’est donc signe que j’aime votre absence. » MME DE SÉVIGNÉ,
Lettres
« Elle est tombée amoureuse comme tombent amoureuses toutes les femmes intelligentes : comme une idiote. » ANGELES MASTRETTA,
Mujeres de ojos grandes
1 Dans trois heures, elle serait avec lui. Laure relisait son message dans le bus bondé où l’énervement commençait à monter. Certains jours, il suffisait d’un rien, heurt de poussette, valise encombrante, parole mal interprétée, pour qu’une querelle éclate. À côté d’elle, deux femmes se disputaient une place assise réservée aux handicapés. « Il ne faut pas juger les gens, c’est comme ça que les guerres arrivent ! Connasse ! » Les deux passagères se tenaient face à face, menton relevé, regard de défi, et se hurlaient dessus. Debout, appuyée contre la barre dans un douloureux mouvement de torsion de la hanche, une main sciée par les poignées du sac contenant son ordinateur, ses dossiers, trop de livres, l’autre main tenant fermement son téléphone, Laure détourna la tête pour oublier le combat verbal se déchaînant à côté d’elle. Elle pensait à ce soir. Et cette pensée la protégeait de la chaleur du bus, de cette sensation d’étouffer qui commençait à la gagner, de l’odeur de gel douche à la vanille mêlée de transpiration de l’homme devant elle, des injures rendant l’air encore plus pesant, des à-coups du chauffeur dont on sentait la fatigue jusque dans les freinages brutaux. « La paix ! », « fermezla ! ». Des passagers prirent part à la querelle, gesticulant, criant, et la mauvaise humeur se répandit dans le bus, contaminant tout le monde de proche en proche, comme un virus très contagieux. Les cris s’accentuaient, mais Laure était dans une bulle que seuls les messages de Vincent parvenaient à percer. Au milieu des éclats de voix, elle se tenait droite, souveraine, imperméable à l’environnement car une autre histoire se déroulait dans sa tête. Une histoire d’une douceur infinie. « Mouton-Duvernet. » Enfin ! Laure se fraya un chemin vers la sortie, descendit, et emplissant ses poumons d’air frais marcha d’un pas alerte vers
l’appartement, un deux-pièces au troisième étage d’un immeuble de pierre face à une école primaire. Elle l’avait acheté avant la flambée des prix parisiens, quand le XIVe arrondissement était encore abordable pour une maîtresse de conférences sans enfant acceptant de sacrifier quelques mètres carrés à la volonté impérative qu’affichaient souvent les provinciaux montés à la capitale de vivre intra-muros. Quand elle avait visité l’appartement pour la première fois, la clameur des enfants en récréation donnait un côté joyeux à cette rue calme. Cette sérénité allègre lui avait paru fournir un contrepoint agréable à la solitude qu’exigeait le travail universitaire. Laure franchit le seuil. L’odeur de cannelle parfumant la compote préparée la veille embaumait dès l’entrée. Elle dîna à la hâte, rangea la vaisselle et prit une douche. Il était vingt-deux heures, Vincent était là. — Bonne journée, ma rêveuse ? — Surprenante. J’ai rencontré le fantôme de mes dix-sept ans. — Pas mal, raconte ! — Bon, la semaine dernière j’ai fait un TD sur un poème que Baudelaire a consacré à l’un de ses grands amours et, dans la discussion, un étudiant, JeanBaptiste, a dit quelque chose comme « Toutes les femmes devraient avoir un poème qui leur est dédié ». — Il a tout compris lui, il sait parler aux filles ! — Oui, c’est vrai, dans un cours où les trois quarts des étudiants sont des filles, c’est un peu démago ! Ça m’a quand même fait penser aux mots de Brautigan « toutes les filles devraient avoir un poème écrit rien que pour elles ». — Belle phrase, je la ressortirai à l’occasion ! Et ? — J’ai dû mentionner le nom de Brautigan au passage, rapidement, car ce n’était pas le sujet. Et ce matin j’ai vu Jean-Baptiste à la bibli avec l’un de ses recueils entre les mains, j’ai fait une remarque sur la rapidité de l’acquisition. — Démago ET fayot ! — Mais non, écoute un peu ce qu’il m’a répondu : « J’ai des urgences émotives. » — J’adore !
— C’était moi à dix-sept ans, cette avidité à déchiffrer le monde dans les livres, et l’expression « urgence émotive », c’est beau, non ? — D’accord avec toi, j’aime beaucoup cette alliance de mots, j’aurais aimé la trouver... — Ah, tu vois ! Ce n’était rien, une anecdote du quotidien, un frémissement qu’aucun sismographe n’enregistrerait jamais, mais Laure aimait savoir qu’il existait un être sensible aux mêmes choses qu’elle, quelqu’un à qui elle pouvait faire part de l’écho qu’un vers suscitait en elle, d’une parole marquante, de la forme d’un nuage, de tous ces éclats de poésie qui émaillent la trame des jours. Ensuite, Vincent lui raconta sa journée, puis il lui demanda si son mal de gorge allait mieux. Cette question si quotidienne la bouleversa. Sa banalité faisait couple, vieux couple même. L’expression n’avait rien de péjoratif pour Laure, au contraire. Dans la rue, dans les cafés, les vieux couples la fascinaient. Même si, au fond, la promiscuité de la cohabitation l’effrayait, elle ne pouvait s’empêcher d’observer avec un mélange de curiosité et d’envie ceux qui avaient su faire triompher le sentiment du temps, de l’habitude, du désir de nouveauté. Comme cet homme ridé et cette femme au fichu fleuri, à rebours des modes parisiennes, qu’elle avait croisés pendant des années entre la gare de Lyon et le carrefour Vavin dans le bus 91, assis, un grand cabas entre les jambes, s’effleurant la main, et qui un jour, avaient disparu, rejoignant peut-être les pages du vieux conte russe d’où ils semblaient sortis. « Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid », elle pensa à cette chanson de Ferré qui l’émouvait aux larmes. Vincent était épuisé, il alla se coucher. Laure ne pouvait détacher ses yeux de lui. Elle aurait voulu attraper son visage, respirer ses cheveux, coller sa bouche contre la sienne. C’était si rare de se sentir proche de quelqu’un. De partager les mêmes admirations et les mêmes colères. De voir les choses de la même façon. À ce point. Et si vite. Peut-être qu’une fois dans sa vie elle pourrait avoir de la chance, que ça pourrait lui arriver à elle, que le hasard pourrait lui être favorable. La pastille verte indiquant que Vincent était connecté disparut.
Laure resta là, hypnotisée par l’écran.
2 Laure consulta son téléphone. C’était la première chose qu’elle faisait le matin avant de passer à la salle de bains et de se préparer un thé brûlant. Un message de Vincent : — T’as vu, Jean Rochefort est mort, encore un morceau d’enfance qui s’en va ! La messagerie et les photos abolissaient les kilomètres, donnant l’illusion de partager le quotidien. Elle renchérit : — Un morceau d’élégance, de dérision aussi. En croquant dans sa tartine, elle fit un tour sur le Web déjà saturé d’images de l’acteur. L’amour, la mort, les deux choses qui font marcher le monde font aussi tourner les réseaux sociaux. La prolifération de mentions « RIP » transformait les murs Facebook en inscriptions funéraires. — La nouvelle m’attriste mais c’est dingue, on dirait qu’ils ont perdu un proche, je n’aime pas cette folie du RIP. Quand elle revint de la cuisine, un bol de thé à la main, Vincent avait répondu : — Oui, il y a une émotion malsaine, un plaisir à se sentir triste sans éprouver la douleur d’un deuil véritable. Laure savoura sa gorgée de thé tout autant que cette complicité féroce dans les adorations et les détestations. — Exactement, on mime l’affliction, on communie alors que la perte ne nous touche pas vraiment. Elle aurait voulu poursuivre la discussion, mais Vincent envoya une photo de son bureau assortie d’un commentaire : « Je te laisse, mon intransigeante, je vais bosser ! » Sur l’image, figuraient un ordinateur, des carnets beiges à spirale, un pot à
crayons et une tasse en grès. Au fond de la pièce se dressait une bibliothèque Ikea remplie de livres parfaitement alignés, à l’exception d’une étagère sur laquelle reposait seulement une image cubiste et colorée. Laure recueillait tous ces petits détails avec une attention extrême car, pour elle, dans des choses aussi infimes que le choix d’une étoffe, d’une matière, d’un objet, se situait le tremblement d’un être, sa singularité. « Comme je l’imagine il sourit d’un rien/ Comme je l’imagine il pense bien/ Comme je l’imagine il pourrait même/ Être celui qui sera l’homme que j’aime. » En descendant la rue Brézin, Laure fredonnait une chanson de son adolescence. Pour elle, l’état amoureux était inextricablement lié à la musique. Aux chansons surtout ; plus elles étaient simples, plus elles la touchaient. Quand on était une universitaire spécialiste de Flaubert, revendiquer ce goût était peu commun, mais Laure se fichait d’être dans la norme et se faisait un plaisir de défier les déterminismes sociologiques. Entre la pop des années 1980 et les auteurs au programme, elle ne voulait pas choisir. Ce plaisir de fredonner, elle l’avait perdu après sa rupture avec Olivier. Ils s’étaient embrassés la première fois sur A Perfect Day de Lou Reed, elle se souvenait encore avec précision de son visage s’approchant du sien et de sa langue chaude, douce, dans sa bouche. Elle ne s’y attendait pas, c’était une réelle surprise. Après leur première nuit passée ensemble il avait mis Les Noces de Figaro au matin, en lui préparant des tartines nappées de confiture d’oranges amères. Et quand il lui avait donné un double des clés de l’appartement de la rue des Lyonnais, Leonard Cohen chantait Take This Waltz. Elle aurait pu faire une chronique de leur histoire en musique. Depuis leur séparation un an auparavant, le monde était devenu silencieux. Puis il y avait eu Vincent et Laure avait recommencé à chanter. Elle monta dans le bus, observa les gens, à l’affût du détail drôle, bizarre ou tendre. Elle scrutait la ville pour la montrer à Vincent. Le ciel ? Il n’avait rien de particulier à ce moment. La rue ? Non, rien n’accrochait son regard. Il y avait encore quelques semaines, Laure se moquait de cette manie de se prendre en photo à tout bout de champ au lieu de simplement regarder. Ce jour-là, une part d’elle-même continuait de se moquer tandis qu’une autre cherchait quelque chose à photographier. Son œil s’arrêta sur des ballerines à oreilles de souris. Ridicules. Elle pourrait sous-titrer la photo « chic parisien ». Mais ce n’était
pas très drôle et la porteuse de ballerines, se sentant observée, la dévisageait. Impossible de voler un cliché. Laure avait beau examiner les rues, les gens par la fenêtre, rien ne l’inspirait. Elle descendit à l’arrêt Les Écoles. Place Paul-Painlevé, elle revint sur ses pas. Le bronze de Montaigne ! Le philosophe assis découvrait ses jambes dans une pose décontractée. Selon une légende, frotter le pied droit de la statue portait bonheur aux étudiants. Et aux amoureux ? Laure jeta un œil à la ronde pour vérifier qu’aucun étudiant ne l’observait. Elle avait tellement bataillé pour les obliger à éteindre leur portable en cours qu’elle ne voulait pas être prise en flagrant délit d’addiction au smartphone. — Un porte-bonheur pour une belle journée !, commenta-t-elle, et elle ajouta entre parenthèses, comme pour s’excuser : tu vois, moi aussi je sacrifie au pire travers de l’époque : le selfie. Montaigne, l’un de ses auteurs de prédilection qui lui avait assuré l’admission à l’agrégation, venait au secours de la parade amoureuse et se trouvait transformé en accessoire à selfie. Tu deviens complètement idiote ma pauvre fille, se dit-elle en cliquant sur « envoyer ». Laure avait cours avec les première année. Elle tira ses notes de son sac, posa son téléphone sur le bureau. Habituellement, elle le rangeait pendant les cours et coupait le son. Elle hésita, attrapa l’appareil, le mit sur vibreur et le glissa dans son sac après lui avoir jeté un dernier regard. — La lettre relie malgré la distance. Flaubert en voyage en Égypte dit vouloir, par sa correspondance, faire un pont depuis Le Caire jusqu’à Rouen. Dès qu’elle montait sur l’estrade, Laure devenait une actrice. Elle aimait la dimension théâtrale de l’enseignement : capter l’attention, surprendre, baisser la voix quand l’auditoire était suspendu à ses lèvres pour créer un effet de suspense. Elle savourait plus que tout ce moment où un visage qui s’éclairait ou une question pertinente signalaient que, par-delà les siècles, un Flaubert ou un Montaigne avaient touché ces adultes en devenir. — Et si la lettre est intimement liée à la perte et à l’absence – la plainte contre l’éloignement est un thème commun à beaucoup de correspondances –, les épistoliers y gagnent aussi quelque chose.
Laure sentit le vibreur de son téléphone faire frémir le cuir de son sac. Elle feignit de ne pas l’entendre. — « Avoir votre conversation tandis que je suis à cent lieues de vous, c’est s’enrichir de mes pertes », écrivait un épistolier oublié. Tout en parlant, Laure cherchait un prétexte pour vérifier qui était l’auteur du message qui venait d’arriver. Elle invita ses étudiants à lire un texte dans leur fascicule de cours, et, pendant qu’ils s’absorbaient dans la lecture, elle prit son sac, attrapa un paquet de Kleenex et regarda l’écran. Le nom de Vincent s’affichait ainsi que les premiers mots « Parce que ». Elle n’en saurait pas plus, ferma son sac et le reposa par terre, contre le bureau, le sourire aux lèvres. Elle croisa le regard de JeanBaptiste au fond de la classe, c’était son étudiant le plus attentif, il avait certainement compris sa fébrilité. Elle rougit. Laure retrouvait cette angoisse délicieuse de l’attente. Mais depuis sa rencontre avec Olivier dix ans auparavant, le numérique avait bouleversé les règles de ce jeu délicat qu’est le flirt. On ne fixait plus le téléphone dans l’espoir de le faire sonner, on n’ouvrait plus fébrilement sa boîte aux lettres. La technologie avait instauré une nouvelle temporalité. L’attente ne se mesurait plus en jours et en semaines mais en secondes ou minutes : dès l’envoi du message, l’amoureux plongeait dans l’incertitude. Avec la messagerie, l’autre était à portée de téléphone : à tout moment on savait s’il était en ligne ou pas, et ce savoir, au lieu de rassurer, emplissait chaque seconde de « Mais pourquoi ne répond-il pas ? ». Et, à côté des messages privés, les signes se multipliaient : Internet délivrait une avalanche d’informations sur l’être rêvé. Facebook permettait de se façonner une image à coups de photos séduisantes et de billets enlevés pour un public plus ou moins nombreux. On pouvait tour à tour y apparaître subtil, drôle, sensible. Si pour l’amoureux l’ambiguïté fondamentale du signe avait toujours été un supplice, le virtuel amplifiait l’incertitude car les gestes, les regards, le ton de la voix, tous ces indices participant à la bonne compréhension du message étaient absents. Même le destinataire était incertain : à qui s’adressait-on vraiment en postant ses états d’âme sur son mur Facebook ? Laure scrutait le sens caché de chaque image, de chaque texte mis en ligne par Vincent, à la recherche d’un clin d’œil, d’un message codé, d’une
complicité. Car rien n’empêchait Laure de penser que tous ces signes lui étaient secrètement destinés. Le cours terminé, elle devait enchaîner avec une heure de TD puis elle pourrait parler avec Vincent. Parler était le mot que Laure employait, comme tous les adeptes de la messagerie instantanée, même si elle et Vincent ne communiquaient que par écrit. Il n’avait jamais proposé de l’appeler, et elle non plus. Elle n’aimait pas le téléphone. Entendre sans voir lui laissait un goût d’inachevé. Après son TD, Laure déclina l’invitation de Nico à déjeuner, elle voulait être seule pour répondre à Vincent. Elle choisit d’aller au salon de thé au-dessus du cinéma du Panthéon. C’était un lieu idéal pour la rêverie : de vieux fauteuils moelleux où s’abandonner aux divagations, une lumière douce, des plantes extravagantes donnant l’impression d’être dans le jardin d’hiver d’un hôtel anglais chic. En remontant la rue Victor-Cousin, Laure touchait son téléphone dans la poche de son manteau, comme un talisman, mais elle résista à la tentation de lire le message pour prolonger cette délicieuse attente. Elle savait que Vincent avait répondu et elle savourait cette certitude. Laure s’installa près de la bibliothèque. Même si elle n’ignorait pas qu’ici les livres relevaient davantage du concept commercial que de l’invitation à la lecture, elle aimait être entourée de leur présence silencieuse. À côté d’elle, deux adolescentes étaient penchées sur un smartphone. « Il écrit Biz avec un seul z, tu crois que c’est mort ? » Laure leur lança un regard amical : quels que soit l’âge ou la classe sociale, l’état amoureux transformait n’importe quelle femme en linguiste méticuleuse et le moindre message en énoncé à interpréter. Laure commanda une omelette et un thé. Elle déverrouilla son téléphone et vit la réponse de Vincent : « Parce que c’était moi, parce que c’était toi. » Le cœur de Laure battait la chamade. Était-ce juste un clin d’œil culturel destiné à indiquer qu’il avait reconnu la statue de Montaigne ? La citation s’appliquait à l’amitié de l’auteur pour La Boétie et ne relevait pas du registre amoureux. Pourtant, l’évidence échappant à toute explication évoquait aussi le coup de foudre. Vincent voulait-il lui dire que, comme elle, il avait ressenti cette connivence qui rend un inconnu instantanément proche ? Ou bien était-ce du second degré ? Laure avait beau être l’auteur de L’ambiguïté dans la correspondance de Flaubert : du fait de langue aux
stratégies interlocutives, un long article truffé de notes de bas de page ayant suscité l’admiration de la micro-communauté de ses pairs, elle ne savait pas, plus que les deux adolescentes au leur, quel sens attribuer à ce SMS. Elle choisit de renvoyer la balle avec une citation du même Montaigne : « Nous nous cherchions avant que de nous être vus. »
3 Comment Laure avait-elle rencontré Vincent ? S’il fallait l’exprimer sous forme d’un titre de roman, elle répondrait La nuit et le moment. Laure souffrait d’une déformation professionnelle : elle voyait le réel à travers les livres. Enfin, plus exactement, elle n’en souffrait pas. Elle avait besoin des mots des autres pour décoder les êtres et les choses ; interposer la littérature entre elle et le monde la protégeait. Elle n’aurait su dire de quoi. […]
Š Mercure de France, 2019.
Stéphanie Dupays Comme elle l’imagine Laure avait des mots d’amour mais pas les preuves : Vincent n’évoquait jamais de date pour une prochaine rencontre. Et ce décalage entre les paroles et les actes la perturbait. Les messages maintenaient un lien entre eux, mais ils rendaient aussi la distance plus palpable et transformaient Vincent en une divinité inaccessible. Laure est tombée amoureuse de Vincent en discutant avec lui sur Facebook. Depuis des mois, ils échangent aussi des SMS à longueur de journée. Elle sait tout de lui, de ses goûts, de ses habitudes mais tout reste virtuel. Si Vincent tarde à lui répondre, l’imagination de Laure prend le pouvoir et remplit le vide, elle s’inquiète, s’agace, glisse de l’incertitude à l’obsession. Quand une rencontre réelle se profile, Laure est fébrile : est-ce le début d’une histoire d’amour ou bien une illusion qui se brise ? Subtile analyste du sentiment amoureux, Stéphanie Dupays interroge notre époque et les nouvelles manières d’aimer et signe aussi un roman d’amour intemporel sur l’éveil du désir, l’attente, le doute, le ravissement. Stéphanie Dupays est l’auteur d’un premier roman très remarqué, Brillante.
DU MÊME AUTEUR BRILLANTE, Mercure de France, 2016 (J’ai Lu, 2017, no 11927)
Cette édition électronique du livre Comme elle l’imagine de Stéphanie Dupays a été réalisée le 8 février 2019 par les Éditions Mercure de France. Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage (ISBN : 9782715249882 - Numéro d’édition : 347195) Code Sodis : U23477 - ISBN : 9782715249905. Numéro d’édition : 347197 Le format ePub a été préparé par PCA, Rezé.