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#39- AvRiL / JUin 07 le Mag mUSicAl qu’on N’AchETe PaS !
Wally EZ3kiel Erik Truffaz & Christophe Rita MitsS ouko Vadim Vernay Mick est tout seul Les Ogres de Barback
pROHOM
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Romain Humeau
39 SOMMAIRE 6 à 9
ON Y CROIT !
10 à 15
ON Y TIENT !
Volo, Florent Vintrigner, Le Petit Dernier, Antiquarks, Los Chicros, Katel, Glasnost, The Dude, Thee Stranded Horse
Après une escapade en solitaire, Romain Humeau se lance dans un nouveau tour… d'Eiffel évidemment ! Une formation renouvelée lui passe les plats sur un Tandoori épicé. Le groupe est en tournée, toutes guitares dehors, et se verra en haut de l'affiche de l'Olympia le 19 novembre prochain... www.eiffelnews.com
Pierre Wetzel
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Pablo Krantz, The Sugar Plum Fairy Pr., Sincabeza, Davis Lafore Cinq Têtes, Les Suprêmes Dindes, Florent Marchet, Wally, Amadeus Tappioka, Elzef
RENCONTRES 16 19 20 22 24 27 31
Radio Néo - 24H non stop Mick est tout seul Vadim Vernay Les Ogres de Barback Ez3kiel Erik Truffaz & Christophe Rita Mitsouko
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EN COUV Prohom
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BELGITUDE
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Les Gauff’ 39
K COMME KÉBEC Vulgaires Machins Les Robots de la Rime
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Avril - Juin 2007
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PLANÈTE ZONE LIBRE
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Alternative Loc Valli
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MARCHE OU BRÈVES FESTIVALS BRUITAGE IMAGES CA GAVE ABONNEMENT LA FICHE SIG NALEE... TOC
EDITO
J
e fais tout pour être politiquement correct, je m’accoquine à des scientifiques qui veulent bien témoigner en ma faveur, j’organise des conférences de presse pour me mettre tout le monde dans la poche, je fais même très bien la vierge effarouchée quand on m’accuse d’être un danger public ou quand on me dit que je remets en cause l’avenir de la santé mondiale. J’essaie de me faire discret, de passer incognito, mais c’est pas toujours facile ! Y’a toujours quelques grandes gueules pour manifester ou faire des actions d’éclat contre moi, juste au moment où l’inconscient collectif commence à m’accepter. Et y’a toujours un ou deux écolos de garde pour me dénicher partout
où je me planque. Et si mon nom n’est pas affiché clairement, ils me dénoncent aux autorités. La barbe ! Aux Etats-Unis au moins, ils sont moins regardants : pas obligé d’écrire la moindre composition sur les boîtes d’aliments ou les produits surgelés. Comme ça au moins, on me gobe tout cru (ou tout cuit) sans même le savoir. Ils sont cool ces Ricains ! Le Français est vraiment trop tatillon ! Allez quoi mon p’tit Frenchy, tu t’es bien acclimaté à mes copains pesticides à toutes les sauces, continue à faire l’autruche et tu finiras bien par t’accommoder à moi, ton gentil petit OGM chéri… Serge Beyer
Prochain numero le 21 juin 2007 SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDES
Directeur / Rédacteur en chef : Serge Beyer Responsables infos / com’ : Cédric Manusset, Bruno Aubin Direction artistique et conception : Cédric Manusset Responsable com’ Québec : Jean-Robert Bisaillon Distribution Québec : Local Distribution et les librairies Renaud-Bray.
Sylvain Fesson, Yann Guillou, Fred Huiban, Jacques Kasbi, Aena Léo, Sarah Lévesque, Cédric Manusset, Stéphane Martel, MarieHélène Mello, Vincent Michaud, Eric Nahon, www.longueurdondes.com Elsa Songis, Jonathan Tabib, Martin Véronneau. http://myspace.com/longueurdondes Photographes : longueurdondes@tele2.fr Patrick Auffret, Thomas Béhuret, Alain Dodeler, 100 000 EXEMPLAIRES Robert Gil (www.photosconcerts.com), Raphaël Lugassy (www.raphael-lugassy.com), Publicité : SergeBeyer@aol.com Nicolas Messyasz (www.nicographie.net), LEQUABEL EDITIONS Rédacteurs : Rafael Aragon, Bruno Aubin, Yannick Ribeaut (www.homepage.mac.com/yannickribeaut) 5 rue André Messager Philippe Noisette (www.noisette.fr), Patrick Auffret, Alain Birmann, Seb Broquet, 75018 Paris (sur RDV) Bastien Brun, Arnaud Cipriani, Béatrice Corceiro, Pierre Wetzel (www.e-photographie.net), I.S.S.N. : 1161 7292 Caroline Dall’o, Sylvain Dépée, Jean-Luc Eluard, Michel Pinault, Christel Vermaut.
BP 50 - 33883 Villenave d’Ornon Cedex Tél. 05 56 87 19 57
Couverture : Photo © Pierre Wetzel Les articles publiés engagent la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés. Imprimerie : MCC Graphics Dépôt légal : Février 2007 Remerciements : DaFont.com
Ne pas jeter sur la voie publique
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MARCHE OU BREVES Le Prix Olivier Chappe rend hommage au journaliste fondateur du site musiqualite.net, décédé l’an dernier d’un cancer à l’âge de 27 ans. Selon ses organisateurs “Il était si passionné de musique que sa famille a décidé de continuer son travail en quelque sorte.” Un jury de professionnels avec, entre autres, Eric Tong-Cuong (fondateur de Naïve, et ex-PDG de EMI France), Rodolphe Dardhalon (label manager de Roy Music / Mademoiselle K), Danièle Heymann (journaliste, romancière et chroniqueuse au “Masque et la Plume” sur France Inter), et peut-être Mathias Malzieu de Dionysos, Mickey Furnon ou Arthur H, désignera le “vainqueur” parmi 12 artistes sélectionnés sur 50 candidatures. Le prix sera remis le 14 mai pendant l’émission “La Bande Passante” sur RFI. A gagner, une ou deux dates de concerts à caler avec les partenaires : Musiqualite.net, Longueur d’Ondes, La Bande Passante, les soirées “We are the lion” à la Flèche d’Or. En contrepartie de quoi l’artiste primé s’engage à donner bénévolement un concert à l’Institut Curie. www.myspace.com/ asso_oliverchappe
Depuis 2005, le Programme Artiste Parrainés (PAP) mis en place par Le Coach, dispense à onze artistes en développement un accompagnement artistique et professionnel adapté à leur projet. En complément, ces artistes ont accès à des premières parties ou co-plateaux mis en place dans les différentes salles participant à l’opération. Ce programme répond à deux objectifs majeurs : associer formation et diffusion, et créer un espace d’échange, de travail et de diffusion profi-
Y’A 20 PIGES N°19 / Printemps 1987
Pour notre numéro du printemps 1987, nous élargissions notre vision de la chanson-rock, et, séduits par la déferlante pop qui sévissait sur la France, nous proposions un numéro “Pop’n’roll”. Outre Caroline Loeb, L’Affaire Louis Trio, Buzy ou Luna Parker (dont la chanteuse Rachel nous a hélas quitté depuis), étaient mis à l’honneur Etienne Daho (“Etre pop était encore
fait, juste comme ça…”) ou Françoise Hardy (“La chanson d’aujourd’hui et prometteuse, mais un peu malade : comparativement aux Anglais ou aux Américains, les Français ne sont pas très bon mélodistes. Au niveau des textes, je pense que l’on en fait ici de bien meilleurs qu’ailleurs, mais côté musiques, il y a très peu de gens qui arrivent à faire ce que fait un Phil Collins par exemple.”). Mais le rock n’était pas en reste : Gogol 1er était déjà là, toujours modeste (“Je suis un dieu
vivant car j’ai créé un personnage et un mythe autour de moi. Il se murmure que j’ai le don de mettre les filles en chaleur pendant mes concerts…”), tout comme Charles de Goal (“Ma musique est un jeu de construction et de raisonnement, une sorte de défi à l’intelligence.”) ou CharlElie Couture qui nous parlait peinture : “L’inspiration part de la même source ; pour moi, c’est une espèce de flux qui me donne envie de fabriquer des choses. Tantôt avec des mots, tantôt avec des vibrations ou des traits.” Etonnant, ces
mal vu il y a deux ans, fallait être rock ou variété ; on était coincé entre deux trucs à la con… De mon côté, j’écoute autant les Talking Heads que Bobby Lapointe, Syd Barrett que Jeanne Moreau. Et alors ?”), Elli Médeiros (“C’est à l’issue d’un de mes premiers concerts solo - que j’avais trouvé catastrophique - que Philippe Constantin, de Barclay, m’a dit : Toi, toi mon toit sera un six-là sont toujours dans l’actualité d’autube. Moi, j’avais dix autres titres que je jourd’hui… RDV dans 20 piges ? trouvais meilleurs que ce truc que j’avais Serge Beyer Le quatrième album de Tom Lu sortira à la rentrée chez Reshape Music. www.myspace.com/stephanelu The Wedding Soundtrack planche sur son troisième album, “affranchi, folk, disco, rock”. Le groupe prépare une série de concerts pour février et avril. www.myspace.com/theweddingsoundtrack Go Go Charlton a signé chez Asphalt Duchess. Mais attention, cette noisy pop psyché peut conduire au bad trip : s’engager dans l’Armée de Terre qui a enrôlé le single Your sun pour sa campagne de recrutement TV ! Emcique furilla, le premier album du rappeur toulousain atypique Tchad Unpoe, a
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été réédité en vinyle. En juin viendra le maxi Le poid d’une ombre et en novembre un nouvel album. www.tchad-unpoe.net Hyperclean entre en studio début mai afin de sortir un album à l’automne. www.hyperclean.net Le site www.radioblogclub.com avait fermé sur injonction de la Sacem, avant de rouvrir sur des serveurs à l’étranger. Sur ce site où il suffit de taper le nom d’un titre musical pour pouvoir l’écouter, sont désormais bannis les artistes français ! Les chercheurs de l’IRCAM ont mis au point avec Bernard Lubat un logiciel sur la modélisation de l’improvisation. Au final, l’homme et la
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MARCHE OU BREVES
Trois bureaux viennent de se libérer au Mila dans le 18ème arrondissement, à Paris. Il s’agit d’espaces de 9m2 dédiés à des entreprises musicales indépendantes et récemment créées. Les locataires bénéficient d’une salle de réunion et d’un espace de documentation. Le loyer mensuel est de 250 euros TTC. Intéressés, envoyez un dossier de candidature à : MILA, 2 rue André Messager, 75018 Paris. www.milaparis.fr
Tanger garde la foi, même momentanément sans contrat avec une maison de disques. Philippe Pigeard, son leader, le certifie : “Etre sans label a des conséquences sur l’économie du groupe, pas sur les arborescences. Cependant, nous appartenons à une génération d’artistes qui doit aussi se préoccuper de l’avenir des moyens de diffusion et
Envoyez vos infos à : newslo@cegetel.net
URBS-TICAIRE Le Jojo (peut-être bientôt plus) national attend sa naturalisation belge pour payer moins d'impôts…
Les Parisiens néo-garageux ne s’en remettront pas ! Ils liront dans “Bordeaux Rock(s)”, qu’en cette prétendue citée bourgeoise, la musique à guitares tient sa
de revenu des œuvres. Ces questions qui se réglaient avant dans la sphère politico-industrielle ont fini par investir studios et ateliers. Cela aura des conséquences sur notre travail.” Pour y remédier, rien ne vaut le bon vieux do it yourself : “Les majors ont moins de marge à consacrer à des projets qui ne sont pas immédiatement rentables. Ils se contentent de gérer l’urgence, de sauver les meubles. Eh bien soit, passons-nous d’elles ! Ce qui est remarquable c’est que parallèlement à cette déconfiture de l’industrie, il semble que la création musicale se soit libérée. La fracture est totale entre cette vitalité et l’industrie moribonde qui ressasse ses malheurs.” Après le concert en mars dernier au Triptyque, des contacts se sont noués pour une sortie d’album en automne avec “une “maison” de disques à la mesure de l’indépendance, de la liberté et des excentricités du projet”. www.myspace.com/tangerexp
machine échangent de concert : “Parfois, c’est mieux, parfois c’est pire”, selon l’intéressé. Moins réjouissant, Uzeste Musical, le festival estival qu’il dirige, est menacé suite au désengagement financier de partenaires publics. www.uzeste.org Jackslams, label rock distribué par Discograph, crée le Jack Vidéocast, podcast vidéo présentant un groupe interviewé plus quatre autres chroniqués, sélectionnés après envoi de démo et dossier. www.myspace.com/jackslams Pitch Music Center est un centre de placement de chansons au service des professionnels de la musique, mais également
des artistes et des auteurs-compositeurs non signés. www.pitchmusiccenter.com Pierre Mikaïloff sort deux ouvrages : un polar Tournée d’adieu (La Tengo Ed.) et un autre consacré à la musique, vraisemblablement appelé L’anti-dictionnaire punk pour les Editions Scali, dans la collection “Patrick Eudeline présente” Le Printemps des Ciné-Concerts, premier festival consacré aux films de l’âge d’or du muet, aura lieu du 10 mai au 8 juin à Bordeaux. Douze films illustrés en musique par notamment Sayag Jazz Machine et Jenx. www.jeanvigo.com Premier album collectif en juin chez ULM
Pour revenir à la source, aux raisons qui ont poussé des jeunes gens à former leur groupe de rock, les nouvelles écrites par Pascal Pacaly sont le fruits d’entretiens avec des formations françaises comme les Wampas, Dead Pop Club, La Ruda ou Matmatah. “Histoire(s) de mon groupe de musique” recueille toutes ces anecdotes fondatrices. Un premier volume est paru le 10 mars (Editions du Bord de l’Eau). ppacaly.free.fr
avec les conseils d’un professionnel. L’équipe, dirigée par Isabelle Chaigne, irradie sur toute la région et même au delà des frontières toutes proches, pour que les musiciens et artistes de toute la région puissent venir y travailler ou se former (sans être une école, des stages y seront organisés). www.lautrecanal.fr
André Liedet
Après deux albums et autant d’enfants, même en panne de maison de disques, Rachel des Bois n’en est pas moins productive. Un six titres circule “Mon amour, je rentre à la maison” dont le plus convainquant reste “Ne rien faire”. Bruno Maman a participé à l’affaire. Un spectacle est en place, baptisé “La famille s’agrandit”. Son personnage de fofolle s’efface au profit d’une maturité bienvenue. www.myspace.com/racheldesbois
Nancy est généralement connu pour sa place Stanislas, ou parce que c’est le club où débuta Michel Platini. Dorénavant, il faudra y rajouter L’Autre Canal, centre régional des musiques actuelles, qui va laisser couler des flots de musiques : un gros cube de béton, séparé en deux partie par un espace rue. D’un coté, deux salles de spectacle : la petite de 300 à 500 places, et la grande jusqu’à 1200. Complètement modulables, d’une acoustique dernier cri, et équipées pour être des lieux de concerts bien sûr, mais aussi multi-arts : les écrans sont là pour les projections et la grande scène peut recevoir danseurs ou acrobates puisque les musiques actuelles sont souvent champs de mixité. De l’autre coté : bureaux de l’équipe et espaces pour les associations qui vont y travailler. Plus quatre studios de répétition avec moyen d’enregistrement, un espace audiomètre pour la santé des oreilles, et un catering. La rue, elle, sert d’entrée, de bar et un plateau DJ y distille du son. Un espace information et ressources, permettra, grâce à sa bibliothèque et ses ordinateurs, d’effectuer des recherches
Alain Dodeler
cour depuis les origines. Cet ouvrage de Denis Fouquet, édité par la maison locale du Castor Astral remonte le temps : depuis les fifties en passant pas le cyclone Noir Désir pour finir en 2005. Pour son auteur, une constante : “Le rock à guitare très sixties, décliné sous différentes formes punk, garage (avant on disait “cave”). Mais il y a bien d’autres sphères (jazz, rock progressif).” Il a reconstitué une mémoire “éparpillée depuis 45 ans à travers diverses paroisses.” L’étiquette rock s’y mérite et Bordeaux mérite sa réputation critique : “Les avis corroborent cet aspect, pas de la part des artistes qui s’y sont produits, mais plutôt de ceux qui s’en sont sentis exclus. A Bordeaux, c’est la couleur punk rock qui a dominé à partir de 1980.” Le pourquoi du comment se trouve dans ces 400 pages richement illustré. www.castorastral.com
table aux artistes. La sélection PAP 2007 se compose de Romain Dudeck (chanson rock), parrainé par Longueur d’Ondes, Manu Larrouy (chanson rock) pour l’Espace Jemmapes, Robin Leduc & the Pacemakers (chanson folk) pour l’EMB, Mon (post-rock) pour Zebrock, Alexandre Kinn (chanson) pour Le Rack’Am, Gandi (soul) pour Le Plan, Moriarty (folk cabaret) pour Life Live, Damien (chanson électropop) pour Le Glaz’Art, Faut Sortir le Chien (chanson) pour Le Sentier des Halles et Ina Ich (rock metal électro) pour File7. www.lecoach.fr
Universal pour le label virtuel Black Mamba, dédié aux musiques urbaines. Une “Mamba battle” verra les internautes voter pour leur crew favori. www.blackmamba.net En mars dernier, chaque spectateur repartait du concert de Thierry Chazelle avec son disque et une enveloppe en échange d’un mail. S’il était convaincu, il envoyait un chèque, sinon le disque. www.thierrychazelle.com Après travaux, le Centre Culturel Paul Bailliart s’étend sur 2 740 m2 répartis entre une salle de spectacle de 400 à 600 places , un club de 300 places, studio, espace artiste. www.paul-bailliart.com Sébastien
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Buffet (Autour de Lucie) et Stéphane Salvi (AS Dragon) participeront à l’album de Mai prévu pour… juin, chez Nacopajaz. Actu tout schuss pour le label : Fedaden travaille depuis cet hiver à son troisième album prévu pour l’automne, et création d’un sous-label dédié à des projets électro plus expérimentaux. www.nacopajaz.fr Un accord a été signé entre la Sacem et France Webradio, l’association nationale des webradios, qui selon cette dernière “devrait permettre la régularisation de la situation des nombreuses webradios françaises visà-vis des droits des producteurs de phonogramme.” www.france-webradios.com
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Thomas Béhuret
ON Y CROIT
Alain Dodeler - La Maroquinerie, Paris 20e
“Blancs manteaux à Volo” Opera Musique / L’Autre Distrib. www.volo.fr Voilà une histoire qui démarre il y a bien longtemps, dès la naissance à vrai dire… Volo, une histoire de famille, celle des deux frangins Volovitch (Fredo et Olivier) qui commencent leur collaboration musicale au sein des Wriggles, le premier comme artiste, le second en tant que régisseur. De ce lien singulier naît l’envie de s’associer artistiquement pour monter un projet parallèle, avec un univers bien à eux. Fredo : “Le frangin avait des chansons et j’ai tout de suite adoré ce qu’il écrivait. Le style d’Oliv’ n’existait pas du tout dans les Wriggles à la base. De mon côté, j’avais déjà écrit des morceaux que je ne destinais pas obligatoirement aux Wriggles…” Avec leurs guitares sèches et leurs bons mots, les frères savent raconter la poésie du quotidien, pour nous faire rire ou nous émouvoir. Les chagrins d’amour, les joies de la paternité, les rues de Montréal, celles d’Anvers, les petits bistrots de quartier, le métro, les rendezvous ratés se mêlent aussi à des textes au propos plus politiques et engagés. Bon nombre de concerts plus tard, les Volo ont gagné un succès d’estime grâce notamment à leurs amis Tryo, les Joyeux Urbains et Bénabar pour qui ils ont assuré des premières parties. Quoi de plus naturel pour un groupe né sur scène et qui se nourrit de ça : “La passion que l’on a pour le spectacle vivant et la scène, c’est ça qui nous tient. C’est du temps loin de chez soi, mais on aime ça.” Avec déjà deux albums au compteur (un studio Bien zarbos et un live acoustique enregistré au théâtre des Blancs Manteaux), Fredo et Olivier s’apprêtent à sortir leur nouvel album studio, partageant leur emploi du temps chargé entre les deux formations. Le public ne peut que suivre… Yann Guillou
Raphaël Lugassy
Volo
Le Petit Dernier
Florent Vintrigner “T’inquiète Lazare” - L’Autre Distribution www.florentvintrigner.net L’accordéoniste de La Rue Kétanou (trio bohème mêlant théâtre et chanson) crée son tour de chant et enregistre l’album T’inquiète Lazare. On trouve Sébastien Bennett aux guitares manouche et électrique, JeanLouis Cianci à la contrebasse, au tuba et aux percussions. Florent Vintrigner, outre l’accordéon, est au chant, à la guitare, à l’harmonica… Les titres Je rentre me coucher, Quand tu te déshabilles ou Autre chose sont agrémentés des chœurs de la chanteuse hongroise Zsuzsanna Varkonyi, qui n’est autre que la femme de Florent. L’artiste s’anime quand on l’interroge au sujet de ses chansons : “J’aime parler d’amour. Etre capable de chanter “Je t’aime” n’est pas évident au départ, mais l’amour et l’amitié sont des sujets qui m’inspirent. Pour Une femme étrangère, je ne m’attendais pas du tout à écrire une chanson où j’allais parler de l’après-guerre et des problèmes de frontières, c’est venu comme ça. Ca aurait pu être seulement une chanson d’amour, mais elle a un peu dévié. Je parle de quelqu’un qui a rencontré ces problèmes-là, donc ça fait partie des choses à dire quand on parle d’amour. Dans La passerelle, chacun verra ce qu’il voudra, je n’ai pas envie de donner les clés. J’aime quand il y a une certaine pudeur, qui permet d’exprimer des choses encore plus fortes. Debout dans le désert, c’est une sensation ; en peinture, ça serait de l’impressionnisme. C’est une chanson qui laisse une liberté d’espace et de temps. Sur scène, Sébastien ne fait jamais les mêmes parties de guitare, ça peut aller plus ou moins vite selon ce qui se passe (avec le public et entre nous) à ce moment-là.” Une tournée mène actuellement les trois compères sur les routes, autant à l’aise dans les salles de concert que dans les bars. Elsa Songis 6
“Là-bas dans ma campagne” - Milaan Prod. / Prod. Spéc. - www.lepetitdernier.com Il aurait pu poursuivre la carrière toute tracée qui se profilait devant lui. C’était sans compter sur son goût particulier pour les aventures inédites. Car Timike, chanteur de feu Mister Gang, n’est pas homme à se laisser enfermer dans des carcans : créateur d’une ligne de vêtements, acteur à l’occasion, on le retrouve impliqué dans de nombreux projets et pas forcément ceux auxquels on s’attend ! Si on le savait chanteur intérimaire de K2R Riddim en 2005, après le départ des deux toasters, on ignorait par exemple son travail avec les Islandais technoïdes de Gus Gus. Une surprise qui n’en est pas une au regard de l’expérience hétéroclite du monsieur : du reggae au metal en passant par la fusion et l’acid house, Timike aime jouer de tout. Et c’est vers la “chansonnette naïve”, comme il se plaît à appeler ses nouvelles compositions, qu’il se tourne en 2004 avec la naissance de son premier projet solo : Le Petit Dernier… “Je
n’ai pas voulu que le projet porte mon nom pour pouvoir partir vraiment de zéro. Je ne voulais pas bénéficier du passé, ça aurait été à l’encontre de ms désirs. J’avais envie de tout recommencer, que les gens viennent vers moi, non pas parce que je suis l’ancien chanteur de Mister Gang, mais parce que mes chansons les touchent” explique-t-il. Après deux bonnes années à arpenter les bars et autres salles de concerts, c’est ainsi chose faite. Le moment idéal pour sortir la version officielle, remixée et retravaillée de son premier album Là-bas dans ma campagne. Une collection de douze nouvelles chansons aux orientations caribéennes composées, jouées et enregistrées par Timike lui-même. Pour ce qui est de la scène, c’est en solo, guitare en bandoulière, qu’il tournera cette année, avec un nouveau spectacle en trio prévu pour 2008. Caroline Dall’o
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Robert Gil
ON Y CROIT
Antiquarks
Katel “Raides à la ville” - Olympik Disk / Wagram www.k-a-t-e-l.net
Drella
La tentation serait de vite classer Le Moulassa dans la catégorie des OWNI, des Objets World Non Identifiés. Comme si la musique d’Antiquarks venait d’ailleurs, d’un autre univers. Or, c’est tout le contraire. Bien sûr, elle évoque les grands espaces et les danses tribales. Bien sûr, elle emporte aux temps de la flibuste ou des bergers d’Arcadie. Mais elle est avant tout branchée sur le réel ! Aux percussions et à la perruque mauve, il y a Richard Monségu, professeur de sociologie à l’université. A la vielle à roue et à la guirlande de canards, son cadet de dix ans, mais pas son disciple : Sébastien Tron. Et un patronyme commun, Antiquarks. Qui dit beaucoup sur eux. D’abord, “anti” : “contre” en grec… “On demandait un jour à John Cage pourquoi il faisait de la musique et il avait répondu : “Pour empêcher les autres d’en faire”, explique Richard. Nous, on fait de la musique contre ce qui nous dérange, contre la société. On veut sortir de la souffrance et abolir les racismes, qu’ils soient ethniques ou sociaux. On veut une musique qui rassemble.” Puis vient l’indice scientifique, “quarks”, ces indispensables composants de la matière. “Nous sommes en perpétuelle recherche, poursuit Sébastien. On part de rien. On s’enregistre pendant des heures et on se réécoute. On expérimente, on affûte, puis on valide. Et c’est pareil avec la vielle. Je ne cherche pas à transformer l’instrument, mais a en explorer les potentialités.” Antiquarks tricote ainsi ses compositionsbaobab, avec de profondes racines et de hautes branches. Comme un trait d’union entre le ciel et la terre, l’esprit et le corps, l’individu et le groupe. “Le Moulassa” se love dans cette ligne d’horizon. Indépassable et fuyante. Et ce n’est qu’un début : les deux zouaves ont deux boîtes à chaussures remplis d’enregistrements et Sébastien ne chausse rien moins que du 44 !
Robert Gil
“Le Moulassa” - Athos / Coin-Coin www.antiquarksduo.org
L’entrevue intégrale sur www.longueurdondes.com
Sylvain Dépée
Los Chicros “Sour sick soul” - Mélodie / Abeille Musique www.loschicros.com Des gros malins, des obsédés du son qui sort de l’ordinaire, des rockeurs qui se foutent des vagues actuelles, si ce n’est pour n’en retenir qu’un mot, un instrument, une partie infime qu’ils vont réutiliser à leur sauce. C’est la classe de la trempe d’un Neil Young ou d’un Robert Wyatt, des musiciens qu’ils adorent parmi tant d’autres : comme eux, avec un look et une réflexion vis-à-vis de la musique totalement antistar, ils créent pourtant le genre de disque qui reste à votre chevet. Nourri de mélodies pop, de chœurs 60’s et de revers noise, entraîné par des rythmiques soul et des envolées psychédéliques, traversé par quelques décennies de l’histoire du rock, Sour sick soul exprime avant toute chose le plaisir des sons et des sens. Los Chicros sont nés des barbus Philippe Monthaye et Mathieu Warsky, entourés d’Olivier Marguerit, Arnaud Cambraye et Victor Le Masne. On ne peut pas traduire leur nom, alors qu’il exprime tout à fait leur propre réalité. Soit des mecs qui construisent de bric et de broc et parviennent à faire des bijoux. A partir de grattes et de claviers trouvés en brocante, rachetés, taxés, trafiqués, ils explorent les possibilités, à l’affût de l’accord ou du son qui les fera vibrer. Ils s’amusent avec “un nouveau jouet, et souvent c’est là que de nouvelles chansons arrivent”. Une petite flamme s’allume pour la sonorité d’un mot comme “New Orleans”, l’excitation monte d’un cran quand ils parviennent à des techniques oulipiennes, une guitare s’effrite le temps d’une prise… “On a toujours de mauvaises surprises. Genre : le truc qui ne marche pas forcément, des réparations à faire… C’est le prix à payer mais au final c’est bien, parce que du coup, peu de gens ont ce son.” Ils sont juste eux-mêmes et c’est ce qui fait tout leur charme. Béatrice Corceiro 7
Ce qui frappe dans ce premier album c’est qu’il échappe aux “formes caricaturales du rock” alors que l’on a failli le voir ainsi (le côté “burné” du nom de l’artiste, du titre du disque). Un célèbre hebdo pop a parlé de “Noir Désir féminin et de Dominique A masculin”. Katel en rigole, il s’agit après tout d’un compliment, mais elle déplore aussi ce raccourci bizarre : “Ce n’est pas parce que l’on prend des guitares électriques et que l’on a quelque chose à dire qu’on a des couilles. L’énergie n’est pas l’apanage des hommes.” La sensibilité n’est pas non plus l’apanage des femmes. Sa musique oscille donc entre ces deux formes d’expressions artistiques, alternant “moments intériorisés et extériorisés”. Et si tout cela semble très “rock” c’est parce qu’elle n’a “jamais cru qu’il suffisait de brancher une guitare et de mettre la disto à fond pour être rock’n’roll”. Et pour cause, elle est venue au rock par le verbe, ce qui change tout. Car si la guitare s’est faite chair par le passé, ce n’est plus cas aujourd’hui, et il faut revenir aux sources, à la poésie, au risque de paraître vieux jeu. “Quand on lit Jim Morrison en 1970, dit-elle, ses poèmes ne sont pas forcément connectés à l’époque : ils vont chercher du côté de Rimbaud et de la poésie du XIXème. Pareil pour Kurt Cobain.” Pareil pour elle. Mêlant Jacques Brel et Kate Bush, ses textes sont dans ce rapport d’“extraction” à l’époque qui permet de “la regarder avec plus d’acuité”. Ni femme-enfant féerique, ni femelle rock’n’sexy, Katel ne s’attire pas vraiment les faveurs des médias. Sorti depuis six mois, son disque n’en continue pas moins sa route, raflant la mise sur scène où ses chansons charnelles prennent toute leur dimension. Le festival off du Printemps de Bourges de 2006 s’en souvient encore. Elle s’apprête à remettre ça en 2007.
Sylvain Fesson
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Nicolas Messyasz
ON Y CROIT
D.R.
The Dude “Devoted to pleasure” - Prod. Spéciales www.thedudetheband.com
Formé sur les cendres du trio Candie Prune, dont il reprend la section rythmique, The Dude joue, avec une élégance stylée, une musique garage mélodiquement très efficace. Le letmotiv est le plaisir de jouer, comme l’indique justement le titre d’un deuxième album sorti cet hiver. Dans sa campagne rennaise où il loue à l’année le Balloon farm studio et où il enregistre, le groupe ne subit pas la vague formatée des “bébés rockers” parisiens. Il propose au contraire une musique débarrassée des diktats de la mode en privilégiant l’authenticité au paraître. Du bon rock à l’anglaise, pays où, chose rare, le combo a déjà fait deux vraies tournées, notamment en assurant la première partie de The Others. Si Alex, le guitariste, s’impose comme un chanteur-leader charismatique, The Dude est surtout un véritable projet collectif où chacun donne de la voix. L’alternance vocale, masculine ou féminine, donne une véritable originalité à l’ensemble. “Nous composons et écrivons les textes tous ensemble, souligne Laureline, bassiste-chanteuse. J’ai juste écrit seule mes deux chants lead.” Le nom est une évidente référence à The big Lebowski, le très bon film des frères Cohen “qui colle bien à l’image du groupe. The Dude, c’est l’anti-héros”. Certains titres (Girl I hate to say I need you ou I want you babe) peuvent paraître légers de sens malgré leurs connotations sexuelles, mais ils renvoient à une tradition pop aussi sixties que sexy. Le terme de pop’n’roll est finalement revendiqué. Les influences sont vraiment pop pour le chant, les mélodies sont fines et accrocheuses. Et derrière, se dégage avec arrogance, une véritable énergie rock. Personne, mis à part les Hushpuppies, n’avait su le faire avec autant de brio en France depuis Les Dogs. Et c’est vrai que The Dude a du chien !
Patrick Auffret 9
Thee, Stranded Horse
L’entrevue intégrale sur www.longueurdondes.com
“Boomerang” - Jack Slams myspace.com/glasnostband Ils vous feront croire qu’ils sont des branleurs vivant d’amour et d’eau fraîche. Pourtant, nous, on a vu un groupe jouer sur scène avec tout son cœur, comme s’il n’y avait plus que ça de vrai. On a écouté les chansons : des hymnes rock aux influences indie et grunge des 90’s, des rythmes puissants, aux guitares rageuses, au chant sensible. On a bavardé avec des gars aux motivations simples et à l’esprit libre. Et qu’il pleuve ou qu’il vente, leur enthousiasme indéfectible vous frappe en pleine gueule… On a rencontré des rêveurs qui tracent leur route pour réaliser ce en quoi ils croient et qui se débrouillent pour embarquer des potes dans leurs aventures. Ca n’arrive pas tous les jours de tomber sur un tel trésor. Glasnost naît au lycée, à Saintes (17), se renforce après un road-trip de Luq (chant/guitare) et Nico (électron libre) en Australie. Un premier EP frémissait quand Dead stars est apparu. Ils ont voulu Michel Toledo, “la légende du coin”, pour enregistrer ce premier album autoproduit. Et déjà, la soif de sensations nouvelles… Ni une ni deux, direction le Black Box à Angers pour capter quatre titres et sortir… un vinyle ! Boomerang met la gomme avec des nouveaux arrangements instrumentaux et sonores qui font mouche. Le clip de Big gun est digne d’un polar de l’Amérique underground. Aux dernières nouvelles, Luq, Nico et le deuxième guitariste Rachtaïa cueillent des kiwis en Nouvelle-Zélande, jouent de la musique dans la rue ou dans les arbres en compagnie de leur ami Victor Ladybird et font danser les indie-rockeurs de là-bas. Mathieu (Headcases) à la batterie et Jérôme (Café Flesh) à la basse débarquent sur leur île en avril pour une tournée qui les mènera peut-être jusqu’en Australie et (surtout) là où l’amour les portera… Bientôt la terre ne sera plus assez grande pour eux. Béatrice Corceiro
Nicolas Messyasz
Glasnost
“Churning strides” - Talitres / Differ-ant www.myspace.com/theestrandedhorse Un disque telle une respiration apaisante, ça vous tente ? Alors Thee, Stranded Horse est pour vous. Promis, juré, on ne va pas vous vendre de la camelote new age ! Après l’électronica mélancolique d’Encre, Yann revient en solo à ses premiers amours acoustiques dans sa Normandie natale. “J’ai eu un immense ras-le-bol de ma vie parisienne voici presque deux ans et j’ai déménagé assez brutalement vers le bord de mer. Je pense que j’y ai, peut-être graduellement, laissé derrière moi tout ce qui y constituait ma vie. La transition entre Encre et Thee, Stranded Horse est assez analogue à celle qu’a connu mon quotidien.” Ressourcé, Yann a aussi oxygéné un genre en voie d’étouffement, le folk. Loin des insipidités du revival hippie, son ouvrage sensitif semble le fruit d’un long apprentissage, ou plutôt de la digestion du meilleur de la folk nation traduit en une vision personnelle. L’Afrique y apporte un grand supplément d’âme par l’emploi de la kora : “J’ai été ébloui par la kora en voyant un orchestre malien sur scène voici quelques années et je me suis intéressé à la chose de plus près. J’ai été assez fasciné par la correspondance que l’on pouvait entendre entre les jeux de kora et de guitare des bluesmen / folk singers américains. Je pense que cette prise de conscience a constitué, pas forcément sciemment à l’époque, la base de mon projet actuel. Je croyais être plus malin que les autres, mais j’ai découvert que Scorsese avait réalisé un documentaire sur la question !” Sa voix doucereuse parachève la réussite. En voici la recette : “Je me baigne beaucoup dans la mer depuis mon retour en Normandie. Lors des enregistrements, dès que je sentais une once de stress dans le jeu ou dans la voix, ou que les morceaux étaient trop hargneux, je fonçais piquer une tête afin d’évacuer tout ça et je revenais dans l’état de décontraction ad hoc pour exécuter les morceaux avec le calme et les silences de rigueur.” Vincent Michaud
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ON Y TIENT
PABLO KRANTZ
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Philippe Noisette - Café Marquises, Paris
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es yeux vous fixent bien droit quand il vous parle. Son sourire barre la moitié de son visage. Ses cheveux lui donnent un côté “Professeur Tournesol on the moon”… Et il chante à qui veut l’entendre que les chansons d’amour ont ruiné sa vie ! Pas de doute, Pablo Krantz est un garçon étrange. Venu d’Argentine, où il a déjà publié plusieurs albums, il est également écrivain. En espagnol comme en français. “J’ai commencé à le parler dès 5 ans, dans un lycée franco-argentin. Ma plus grande influence d’écriture, c’est Serge Gainsbourg, confie-t-il. Dans mon travail, le texte est important. Ca n’aurait pas eu de sens de chanter en espagnol ici.” Et, quand il appelle son recueil de nouvelles : Le saint cleptomane et la fille au vagin doré, on peut dire qu’il a le sens de la formule ! Car Pablo Krantz est un obsédé textuel, aimant les titres qui “frappent l’imagination”, fasciné par les tournures exigeantes comme un Julien Baer ou un Jérôme Attal. L’ironie distanciée en plus : “Mes chansons sont à la fois cyniques et naïves”. Et quand il chante des choses aussi faussement ingénues que “avec tes jambes de 10 000 dollars et ton sourire de 100 000 watts”, tout le monde plonge avec lui. Son univers pop-folk fait du bien. On pense à du Léonard Cohen, dans un tissage de guitares électriques et acoustiques, appuyé par une rythmique bien plus puissante. Sur scène, Pablo se connecte avec le public. Ce type est sympa, il se livre totalement, alors on l’écoute, attentivement. Le sourire au coin des lèvres. Comment fait-il ça ? “Au début j’étais très mal à l’aise sur scène. Je portais des lunettes noires ! Mais je me suis libéré de ça. J’ai senti que j’étais là pour partager quelque chose avec le public.” Il fédère, c’est comme ça. Quand on le rencontre, on a envie d’être son copain, ne serait-ce que le temps d’une chanson. Pour un gars fraîchement débarqué d’Argentine, il a réuni du beau monde sur son disque : Travis Bürki (Ü) ou Julie B. Bonnie (Cornu) sont crédités comme musiciens. Et son producteur a même monté un label juste pour qu’il puisse sortir son disque ! Oui, il se passe “un truc” avec Pablo Krantz. Jugez-en par vous-mêmes… Eric Nahon “Les chansons d’amour ont ruiné ma vie” (Attic-Prod / Codaex) - www.pablokrantz.com
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SINCABEZA
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e que je trouve intéressant dans ce projet, c’est la rencontre de Nathalie (vidéo), Sylvain (basse) et moi. On se connaît depuis très longtemps, mais on vient d’univers musicaux très différents. On peut donc partir dans plusieurs directions.” Aurélien, pianiste et voix de ce trio tourangeau, raconte les débuts du groupe, en duo, fin 2003 “aux penchants cinématographiques avec uniquement piano et vidéo”. Puis Sylvain complète la formation, apportant une dimension plus rock. Quant à l’absence de batteur, ils n’ont pas cherché à la combler à tout prix : “Plutôt que dire “il nous manque ça”, tu pars de ce que tu as et puis tu te démerdes. De ces manques, tu peux peut-être créer quelque chose d’original, qui sort des sentiers battus.” Des arrangements électro discrets se mêlent aux instruments organiques et font naître une pop habitée et vivante, où l’expression mélancolique est magnifiée par l’empreinte atmosphérique. Ce premier album joue avec les émotions et gagne en intensité sur scène. Les films de Nathalie sont projetés derrière les deux musiciens qui ont souhaité véritablement donner corps à cette configuration particulière. “On a essayé pas mal de choses, d’un écran carré on est passé à un écran ovale, on a réfléchi à comment on investissait la scène, comment Sylvain et moi on se comportait… On se pose ces questions : que se passe-t-il sur scène, qu’est-ce que c’est qu’un concert, un spectacle ?” Chez eux, cela ressemble à une féerie où l’imaginaire emporte les spectateurs : “Dans un même texte, c’est très rare que je ne parle que d’une seule chose : il peut y avoir une phrase sur une rupture amoureuse, la suivante sur mon père ou tout autre chose… Dans ma tête, ça renvoie à plusieurs niveaux d’interprétations. J’aime bien que ce soit des images ou des trucs abstraits dans lesquels chacun peut se projeter et trouver un éclairage.” La sensibilité et la profondeur de la voix accentuent encore ces mystères : “Je m’en sers plus comme d’un instrument porteur d’une mélodie que d’un message…” explique Aurélien. Aujourd’hui, l’album s’écoule et les concerts s’organisent : petit à petit, SPF conquiert les cœurs.
L’entrevue intégrale sur www.longueurdondes.com
THE SUGAR PLUM FAIRY PR.
Pierre Wetzel
© 2006 MonAmour
ON Y TIENT
Béatrice Corceiro “The Sugar Plum Fairy Pr.” - Montauk / Codaex www.thesugarplumfairypr.com
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rois hommes sans tête font des pieds et des mains depuis leur premier album éponyme en 2005 et concoctent un rock instrumental grisant. Echappés de la musique folk de Guimo, du postrock de Nuer, et de divers autres projets allant de l’ambiant à la pop, Philippe, David et Eric continuent d’évoluer sur leur deuxième album : “Les morceaux que l’on fait actuellement, hormis le côté instrumental, n’ont plus grand-chose à voir avec ceux que l’on faisait au départ… On a rajouté du clavier également pour enrichir un peu le son. On essaye aussi de se surprendre.” Toujours contourner le côté prévisible. C’est Miguel Constantino, déjà responsable des albums de Passe Montagne, Fordamage, ou encore Papier Tigre, qui a réalisé leur disque. C’est justement pour son expérience du son brut et noise que les trois Bordelais ont fait appel à lui, pour parvenir à une réalité plus proche de ce qu’ils vivent sur scène : “Disons que l’on joue un peu avec nos limites, on est toujours un peu sur la corde raide. Du coup, ça crée une tension qui doit se ressentir dans les concerts, j’imagine… On dégage aussi une certaine énergie. Et malgré le côté technique et un peu complexe de la musique, on arrive à faire quelque chose de finalement assez entraînant.” Math-rock, étiquette musicale à laquelle ils sont parfois rattachés, un fourre-tout qui ne leur correspond pas : “On préfère rock noise, ou un truc comme ça, même si ce n’est pas noise, plutôt que math-rock parce que vraiment… le seul truc qui est “math” là-dedans, c’est Philippe parce qu’il a une licence de math !” Et aussi les morceaux Je ne sais plus faire les divisions et …ni les équations, des titres en forme de blagues, pirouettes trouvées parce qu’il fallait bien donner une set-list à leurs albums. Du coup, Non, rien se retrouve comme un clin d’œil imprévu à leurs amis lyonnais de Ned (dont l’album, Rien, merci est sorti chez SK Records). Deux membres de Radikal Satan, groupe argentin exilé à Bordeaux, se greffent sur ce titre et offrent une escapade qui tangue sur un air doucement triste. Les illustrations animalières de Sophie Fougy font aussi partie intégrante de l’aventure passionnément surréaliste de Sincabeza. Béatrice Corceiro “Edit sur passage avant fin ou montée d’instrument” - Distile Records - www.sincab.com
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ON Y TIENT
DAVID LAFORE CINQ TÊTES
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Alain Dodeler
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’est marrant de voir comment l’histoire d’un artiste s’épure quand il s’approche de Paris et que l’on estime que son heure pourrait enfin venir. On le flanque d’une bio qui schématise sa vie, d’une photo qu’il n’a pas forcément choisie. On revoit ses ambitions à la hausse. On jette ses “travaux d’école”. On parle de premier “vrai” album. On rase, maquille, habille. Lafore n’échappe pas à la règle, mais en joue. Trois ans après son premier, le revoici avec un disque sobrement intitulé II, titre on ne peut plus pied de nez. D’ailleurs, s’il ne fallait pas un autre titre pour que l’album soit référencé en magasin, il l’aurait bien appelé comme le précédent : David Lafore Cinq Têtes. Car pour Lafore, les choses ne changent pas, ou peu. Il s’agit encore d’une “collection de chansons”, arrangée par ses quatre musiciens des débuts, dans ce style Dutronc-Gainsbourg qui le définit en deux coups de cuillères à pop. A peine l’auteur fait-il l’effort d’être moins pince-sans-rire, de plus chanter, d’assumer l’émotion de ses morceaux. Bonjour Tristesse. Autant dire que c’est pas gagné ; même si son nouveau single, Un baiser, une bombe, trimballe depuis peu sa “mélodie de dessin animé” sur France Inter ; même si 20 francs (le cunnilingus) pourrait enfin générer du buzz. Mais en at-il envie ? S’il s’est installé à Paris c’est pour une femme, pas pour pouvoir assurer promo et concerts à tour de bras. L’album s’ouvre sur une chanson qui ressemble “à une fin d’album” et s’achève par J’ai massacré tout un pays, 5’19” à deux de tension. Une éternité. Du grand art. Sombre. Sérieux… “Il n’y a pas d’ironie sur Laisse-moi mourir un peu, glisse-t-il, ça aurait bien été pour Piaf.” Oui, mais on regrette presque le gamin cabotin et farceur du premier album. Heureusement, on le retrouve quand il est seul sur scène. Là, tout ce qui n’est pas lisse reprend le pouvoir. Il aimerait “beaucoup moins chanter et faire plus du one man show”, comme peut le faire Katerine. “Il faut de temps en temps des débiles pour embêter ce monde de marketing”, lance-til. Mais pour l’instant, il attend que cet album fasse ses preuves. Sylvain Fesson “II” - Opéra Music / L’Autre Distribution www.davidlafore.fr
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FLORENT MARCHET
LES SUPRÊMES DINDES
Pierre Wetzel
Nicolas Messyasz
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l était une fois quatre filles, secrétaires, qui, pour faire une surprise à un collègue partant à la retraite, montèrent un groupe de rock. C’était en 1994 et l’aventure continue toujours : “On s’est prises au jeu du rock’n’roll, on ne voulait pas juste faire l’arbre de Noël et arrêter, on a continué à répéter et à jouer… Depuis peu, on a largué nos boulots pour se mettre à temps plein dans la musique.” Du groupe originel, il ne reste que Jacqueline (textes, guitare et chant). Martine, à la guitare, y joue depuis cinq ans. Anne, à la basse depuis huit ans, forme avec son frère Joseph, batteur (le dernier arrivé), une section rythmique à la force de frappe impressionnante. Les Suprêmes Dindes sortent Femmes divines, leur sixième album si l’on compte bien, en plus de Blanc de poulet et de La bûche, deux autoproductions et le live La poutine. Denis Barthe (Noir Désir) en a assuré la réalisation artistique avec l’ingénieur du son Ted Gentil. “Quand on a écouté l’album des Têtes Raides, Fragile, on a beaucoup aimé le travail de Denis. On l’a appelé, on lui a envoyé le live pour qu’il entende les derniers morceaux, et il a dit oui tout de suite.” Quant à Mike d’Inca (Sinsemilia), producteur du disque : “Il est venu nous trouver en disant qu’il pouvait nous aider, qu’il en avait les moyens financiers et l’envie. Enregistrer avec Denis, ça n’aurait pas été possible sans l’apport de Mike.” L’album (qui aurait pu s’appeler Ni Dieu nuisette ou Anus dei !) comporte 16 titres chauffés à blanc, très énergiques. On notera la présence de Didier Wampas sur Toi tu parles des filles, celle de Didier Super dans On sera mieux là, la reprise du Libertine de Mylène Farmer… On n’oublie pas les copains de la Drôme : A la recherche de l’hameçon a été écrit par le slammeur Mehdi Mihoub, les cuivres de Jazz à entubes sont ceux du Grand Chahut Collectif. Toujours rebelles, sans concessions, les Dindes tournent dès ce printemps et tout l’été. “On part avec notre ancien patron comme régisseur. Il conduit le camion et s’occupe des guitares… On adore être sur la route, c’est vraiment là où on se sent le mieux. Sur scène, on est au naturel, plus on joue et plus on est au top !” Elsa Songis “Femmes divines” - Exclaim / Warner www.supremesdindes.com
A
mateurs des tintinnabuli fantastiques et enfantins de Eels, des cordes soyeuses (John Barry) ou débridées (Final Fantasy), et de la perversité adolescente de Christophe Honoré, bienvenus à Rio Barril, lieudit niché au creux du Berry, village imaginaire, condensé de campagne française. Et surtout, nouveau terrain de jeu de Florent Marchet. Dans l’équipe, à nouveau : Erik Arnaud (avocat du diable et co-réalisateur de l’album), Frédéric Baudimant (violon et trompette) ou encore François Poggio à la guitare. Mais, aussi une nouvelle recrue : le romancier Arnaud Cathrine. “C’est l’oxygène qui me manquait. Je me sentais à l’étroit dans la chanson et dans le rôle du chanteur. Et il m’a permis d’oser, de m’autoriser des choses.” Sans oublier quelques gestes techniques furtifs de Philippe Katrine, Jasmine Végas et Dominique A. Plus qu’un simple western romanesque, Rio Barril est une chevauchée énigmatique, une plongée troublante dans l’intimité d’un narrateur. On le suit au travers de son enfance violentée, de ses espoirs et de ses désillusions. Jusqu’à un terrible fait divers qui fera l’ouverture du JT de France 3. Une histoire de flingue… L’album a été enregistré dans un studio loin de tout, dans l’Indre. Avec notamment la participation de la fanfare de Lignières, la ville natale de Florent, où ont été tournés les clips et les vidéos accompagnant les concerts. Mais, attention, Rio Barril n’est pas une auto-fiction. “C’est peut-être le négatif de ce que je pourrais être. Il y a bien sûr des parts de moi dans ces chansons ; mais ce n’est pas une auto-analyse. Je n’ai pas besoin de composer pour savoir que je suis perfectible et que j’ai mes complexes et mes nœuds à défaire.” Et par exemple, celui de la scène : “Pendant longtemps, j’avais l’impression de jouer au chanteur. Ca ne m’était pas naturel. D’autant que j’entendais tous mes défauts, tout ce que j’aurais pu faire autrement. Mais, récemment, j’ai appris à y prendre du plaisir, à jouir de l’éphémère, à apprécier l’imperfection.” Eternel insatisfait, Florent Marchet trouvera sans doute à la longue, des défauts à Rio Barril. Et pourquoi pas, ça n’ajoutera qu’un peu plus d’épaisseur humaine à cette splendeur musicale. Sylvain Dépée “Rio Barril” - Barclay www.myspace.com/florentmarchetmusic
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WALLY
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Pierre Wetzel
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’emblée, le ton est donné : humour et autodérision. “A 5 ans, je dessine sans dépasser, à 12, je m’aperçois que la filière foot est bouchée pour moi alors je prends musique, à 13, je balbutie quelques textes, à 15, je monte sur scène pour la première fois… En sortant de scène, je croise Philippe Val (je faisais sa première partie) qui me dit : tu sais où y a les toilettes ?”, explique Wally, alias Lilian Derruau, né le mercredi 1er décembre 1965 dans l’Aveyron, à Decazeville, l’ancien fameux bassin minier. Aussi drôle sur scène que dans la vie, son inspiration lui vient surtout du quotidien : il y porte un regard de biais avec une vraie poésie et un grand humanisme. “J’ai toujours aimé mélanger les genres : l’art plastique avec la chanson, ou chanter de vrais courriers de lecteurs de magazines TV. Pour le nouveau spectacle, j’innove : vidéo, danse, ou plutôt “dansouille”…”, confie-t-il avant d’entamer ses deux semaines à Paris au Jemmapes, salle conviviale qui lui ira comme un gant. Sa valeur ajoutée est éclatante car il a su créer un style généreux et personnel, entre artiste de music-hall et chansonnier. Même vu plusieurs fois, son show est toujours aussi percutant et l’on se dit que c’est très sûrement précisément ça le talent : l’effet Wally décoiffe. Excellent musicien (il compose tous ses morceaux seul), Wally (dont le pseudo fait référence au dessin animé des seventies “Wallygator”) décline son art : il crée des vêtements comme le T-shirt “Enfin un T-shirt où y a rien marqué dessus”, ou bien celui réservé aux femmes girondes : “J’ai aussi de beaux yeux”. Avec ses co-auteurs fidèles (Chraz, Bill Couffignales et Philippe Lebrun), ils sont les spécialistes de la chanson courte, qui confirme ce propos de Tchékhov : “La concision est sœur du talent”. Jusqu’à son paroxysme : à son répertoire figure un morceau dont le titre est plus long à dire que la durée effective du morceau. L’esprit de Pierre Dac, Francis Blanche, Roland Topor ou du dessinateur Chaval n’est pas très loin. Il est vraiment temps que le talent de cet énergumène touche-à-tout diablement tendre, rabelaisien et surréaliste, soit enfin reconnu à sa juste valeur. Jacques Kasbi www.wally.com.fr
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ELZEF
AMADEUS TAPPIOKA
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Alain Dodeler - Le Zic-Zinc, Paris 11e
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t dire qu’ils ont failli abandonner ce nom délicieusement relevé ! Il y a quelques mois, le groupe niçois a en effet traversé une crise : “On se sentait prisonniers de ces deux mots, qui ne sonnent pas très rock. Puis on s’est rendu compte que le public les appréciait vraiment”, explique Julien, à la basse et au chant. Mais le trio formé en 2001 a surtout dû survivre au départ de son guitariste. “Il est parti à un moment où nous n’avions plus l’énergie pour avancer. On était complètement perdu.” Jusqu’à ce que Gaëtan, un ami guitariste, propose de le remplacer. Le groupe trouve alors un nouveau souffle et rebondit. Il s’enferme dans son local pour accoucher d’un lot de dix titres poprock et exaltant, dont la sortie est fixée début mai. Le tout surprendra ceux qui avaient apprécié le rock alambiqué de leur premier album, Quai n°3, très inspiré de Muse et Radiohead. Depuis, les trois Niçois ont pris de l’assurance. Ils ont envoyé paître leurs références. “On se cachait derrière elles”, confient-ils. “Cette fois, on a fait un gros travail pour aller plus vite à l’essentiel en évitant les effets de style inutiles. On a abordé les morceaux différemment, pour aider le public à rentrer plus facilement dans notre univers.” Un effort d’épure qui a permis aux musiciens d’affiner et affirmer leur son. Décomplexés, ils piétinent d’autres styles : une pop claire et reggaïsante, des synthés sonnant presque eigthies et des riffs funky mordant sur le glam rock. Résultat ? Des mélodies savoureuses et diablement efficaces qui accrochent la tête. Les textes, eux aussi, creusent une veine moins opaque. “J’assume beaucoup plus mon rôle d’auteur, en laissant de côté les doubles sens et interprétations flottantes”, explique Julien. Sa poésie subtile et fignolée explore les turpitudes amoureuses. C’est même le fil conducteur du Quartier des amoureuses, qui évoque la perte de l’âme sœur et les façons de s’en remettre plus ou moins. Autre pépite de l’album : un duo avec Emily Loizeau, rencontrée au hasard des Chantiers des Francos. Sa voix et celle de Julien se mêlent dans une mélopée énigmatique et grondante, dévoilant une nouvelle corde à l’arc du groupe. On en redemande ! Aena Léo “Le quartier des amoureuses” - UandMe / Believe - www.amadeustappioka.com
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yé, oyé braves gens, le Elzef nouveau est arrivé ! Canaille et gouleyante, cette nouvelle cuvée baptisée Le vent se lève va ravir les amateurs de métissages et de bons mots. Marquant clairement le virage amorcé sur Mais d’où vient le vent ?, leur second opus, le sextet s’est définitivement affranchi de ses connotations fanfaronnes des débuts pour officier désormais dans la cour des groupes audacieux qui se plaisent à mélanger les genres. La valse s’y nourrit d’électronique, le hip hop rencontre la musette, la java s’électrise. Un changement moins surprenant qu’il n’y paraît comme l’explique Fabien, chanteur et guitariste : “Nous sommes venus à la fanfare pour sa simplicité. Nous avions de grandes difficultés à trouver des dates de concerts, comme beaucoup de nouveaux groupes. On a donc décidé d’aller dans la rue, avec des instruments acoustiques comme le banjo, le sax ou le soubassophone, pour pouvoir diffuser notre musique. C’est ce côté fanfare que l’on retrouvait sur notre premier disque En direct du Moulin de Lalande. Mais dès le second, en 2004, nous avons pu aller plus loin et utiliser nos instruments : la guitare, la contrebasse, le clavier, l’accordéon… Sauf que la partie était déjà jouée : nous étions devenus, pour les programmateurs et les gens du milieu, un groupe de fanfare. On s’est retrouvé pris au piège d’une étiquette !” Réalisé par Stéphane Mellino, figure imparable des Négresses Vertes et mixé par le fameux Clive Martin, Le vent se lève ne laisse subsister aucun doute. Elzef enfonce le clou et marque sa différence : des chansons aux accents parisiens comme autant de tableaux de notre quotidien sur des orchestrations savamment métissées, et surtout une réelle volonté de mettre à mal les formats et autre carcans qui asphyxient la musique. Mais reste immuablement cette envie de partir à la rencontre du public, que cela soit en formule acoustique à deux (voix, guitare, percus) ou en formation complète et amplifiée. Elzef sera ainsi en tournée nationale dès ce printemps, partageant le plateau avec Le Petit Dernier, aka Timike. Et pour les Parisiens, rendez-vous le 23 mai au Café de la Danse : la soirée promet d’être mémorable ! Caroline Dall’o “Le vent se lève” - Le Guichet Prod. / Pias www.elzef.com
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RADIO Pour son anniversaire, le vœu le plus sincère de Radio Néo est de se développer en pleine fréquence. Cette jeune radio parisienne ne veut plus se contenter des seules tranches 7-14h et 19-23h sur le 95.2 FM. Pour souffler ses cinq bougies et attirer l'attention sur son rêve, l'équipe a accueilli le 6 mars
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0h00 - Ca fait pas beaucoup ! Les Fatals Picards arrivent avec leur pote Bernard Lavilliers. L’aventure peut commencer… 1h00 - Monsieur Roux filme tout ce qui bouge et rhabille les petits rastas pour l’hiver. 2h30 - Lilli Cros, une guitare presque plus grande qu’elle, mais ses piles étaient chargées à bloc : pleine d’énergie. 3h30 - Klanguage, groupe efficace, pourquoi
la jolie chanteuse se bouche-t-elle les oreilles lorsqu’elle chante ? 4h30 - Treemouth, du trip-pop, comme ils disent, ambiance un peu planante, et qui remue parfois. 5h00 - Reza, guitare, violoncelle, batterie, ambiance Léonard Cohen, parfait pour cette heure, “Like a bird on a wire”. 8h00 - Paganella, ils viennent du sud-ouest,
13h15 - Camille Bazbaz, accompagné de sa troupe, présente un nouveau morceau…. Insatisfait de la première prestation, il décide de le rejouer illico ! 14h30 - La vérité électro-rock éclate si fort que le morceau Tu es à l’Ouest résonne encore dans les studios. Entre The Kills et Metric. L’attitude “un peu provoc” de Pravda est intéressante… surtout en radio.
15h30 - Probablement l’une des venues les plus spectaculaires et appréciées dans le studio, six artistes et quelques titres qui ont vraiment mis une ambiance de fête. Belle énergie de Maximum Kouette et sa chanteuse ! 16h00 - Des mélodies surprenantes et imparables, une instrumentation metal aux accents rock’n’roll, des compositions sensibles et brutales, font de Ed-Äke un groupe
du premier morceau s’il faut enchaîner… Oui, trois titres en semi-acoustique. Entre brisures et retenue. 19h00 - La palme de la gentillesse à l’équipe Nosfell qui salue tout le monde en entrant et en sortant du studio. Le chanteur et son violoncelliste Pierre Le Bourgeois nous donnent l’éventail de leurs prouesses en seulement 3 titres, les spectateurs répondent avec chaleur.
20h00 - A l’inverse d’Anaïs, Pauline Croze est visiblement impressionnée d’être là. Très attendue, un silence quasi-religieux s’installe dans le studio quand timidement elle entre. Le public du studio est vraiment attentif. Acclamations très vives après chaque chanson. Un franc succès. 21h00 - Quelques bouteilles de vin vidées remplacent le son du traditionnel triangle,
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24H NON STOP dernier, pendant 24 heures, une foultitude d'artistes. Trois titres en live et une interview pour chacun, en direct du studio Plus XXX. Parce que cette radio partage la même passion pour les jeunes talents de l'espace francophone, Longueur d'Ondes a suivi l'événement dès la première heure. Extraits…
et ils réveillent tout le monde par leur musique et leur gentillesse. Ils seront là jusqu’à la fermeture du bistrot… 9h00 - Le chanteur de La Blanche émoustille les auditeurs de Néo avec une chanson qui parle de “la sienne”… 9h45 - Décidément, Nadj ne fait rien comme les autres : juchée sur un tabouret, les cheveux dans les yeux, elle préfère “sans
casque, c’est plus matinal” ! 10h30 - Prohom : “Nadj, j’ai peur ! C’est la première fois que j’ai ma guitare en live. - J’savais pas que tu jouais de la guitare… - Moi non plus !” Pari réussi ! 12h10 - Kaolin a pris du retard dans ses balances à cause de quelques problèmes techniques. Tout est réglé à la dernière minute, le set peut commencer in extremis !
à l’identité sonore unique. LA bonne surprise. 17h00 - A peine est-elle arrivée dans le studio que les photographes se précipitent sur Anaïs pour ne plus la lâcher ensuite. La rançon du succès pour une chanteuse qui a parfois du mal à garder la tête froide. La cinquième balance avant de passer à l’antenne n’était pas encore la bonne ! L’ingé-son reste cool… All right !
17h30 - En direct à la radio, Stuck in the Sound joue Never on the radio… Les jeunes indie-rockeurs entraînent le public avec leur énergie communicative et font péter la corde de basse presque au bon moment ! 18h00 - Après avoir patienté dans le couloir, les quatre Eiffel arrivent, jeans déchirés, mines quelque peu fatiguées. Un peu largué, Romain Humeau semble demander dès la fin
voici les Têtes Raides et Jean Corti avec leur copine Olivia Ruiz aux applaudissements. 22h30 - No One is Innocent avec Kemar au micro qui annonce hilare “une soirée glamour” et entonne le cultissime La peau. 23h00 - Boogie Balagan entraîne tout le monde à scander “walloo walloo” du morceau Lamentation walloo si bien qu’après une centaine de walloo walloo on l’a encore
en tête le lendemain matin. 23h30 : Ina Ich, le son métal clôture ces 24h live de Radio Néo. Le reportage en intégralité sur www.longueurdondes.com Photos : Alain Dodeler, Robert Gil, Fred Huiban, Nicolas Messiasz Textes : Béatrice Corceiro, Alain Dodeler, Yann Guillou, Fred Huiban, Estelle Prime
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Mickest tout seul En parenthèse de Mickey 3D, Mickaël Furnon se la joue solo et prend la route, guitare à la main. Que penser de ce premier disque tout seul : Mick est mini ou Mick est maousse ?
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OÙ EST LA DIFFÉRENCE ENTRE MICK EST TOUT SEUL ET MICKEY 3D ? J’ai voulu sortir les chansons dans l’état où je les avais enregistrées à la maison, avec cette ambiance et cette intimité. C’est plus perso et moins généraliste que chez 3D. Les textes sont plus proches de moi. NOTAMMENT DANS “J’TE JURE” OÙ TU FAIS ALLUSION À LA MORT DE TON PÈRE ? Oui, j’ai perdu mon papa récemment. Et j’ai fait cette chanson instinctivement. Je lui dis que l’on va se revoir un de ces quatre. La vie est très courte et on sera bientôt tous ensemble.
ON A L’IMPRESSION QUE TU TENDS VERS LA SIMPLICITÉ… J’aime bien aller droit au but. On me parle toujours de mon écriture, mais j’ai une explication simple : je ne suis pas un grand littéraire. Je ne sais pas faire autre chose que du simple. Je vais à l’essentiel avec les mots que je connais. J’aime employer des expressions avec des fautes de français parce que c’est plus proche de la réalité. LE SON EST EFFECTIVEMENT BRUT DE ? Oui, des boîtes à rythmes, des samples et très peu d’effets. Je n’ai pas un matos extraordinaire et j’aime bien enregistrer très droit, quasiment sans égalisation. J’avais besoin de m’enfoncer la tête dans DÉCOFFRAGE, INSTINCTIF LUI AUSSI
Pierre Wetzel - BT59, Bègles
’est l’envie de se retrouver seul après un événement difficile qui a poussé Mickaël à se regarder droit dans les yeux. Et il a fait de très belles chansons. Il s’en dégage l’essence de ses états d’âme : son verbe est d’une simplicité intime qui touche à l’universel. Et son sens de la mélodie pop qui tue est toujours là, malgré les arrangements minimalistes.
le travail pour rester dans la vie, plutôt de ça en lui est quelqu’un de tout pourri. que de plonger dans la déprime. ET C’EST ÇA QUI, SELON TOI, ALORS, MICK EST TOUT SEUL, SÉDUIT UN PUBLIC AUSSI LARGE ? C’EST VRAIMENT MICKEY INDÉ ? J’aime bien avoir un public populaire. Là oui. J’ai ma boîte de prod, j’ai toujours Dans nos concerts, on voit des gamins de fait ce que je voulais. Au départ, je 10 ans, des gens de 55 ans, des habitués devais le sortir sur Moumkine Musique. des concerts… c’est super ! Peut-être que Virgin a demandé à l’écouter, a aimé et a chacun se reconnaît là-dedans parce que voulu le défendre. Pendant quinze ans, chacun a ça en lui. j’ai toujours été indépendant sans vivre de la musique. Aujourd’hui, je suis dans ET SUR SCÈNE, MICKAËL EST DE RETOUR ? un autre système, mais avec la liberté Oui, je pars sur la route. Tout seul avec d’avant. Je ne pourrais pas avoir une une guitare et des boucles faites à la maison pour m’accompagner. J’ai envie meilleure situation. de faire un truc très nu, différent de l’album et de ce que j’ai déjà fait sur scène. MICK EST PERDU ? Non, ce sont les chansons qui sont per- Me retrouver tout seul avec une guitare, dues. Il y a plusieurs explications, cha- face aux gens, pour avoir peur et être cun peut trouver la sienne. Dans ma tête, excité en même temps ! Je pars avec trois c’est un truc un peu flou qui peut rame- autres chanteurs : Cyrz, Amélie et ner au passé ou évoquer les chansons H.Burns. qui se perdent sans se retrouver sur disque. Le mot “perdu” évoque aussi les DERNIÈRE QUESTION FOIREUSE : APRÈS L’ALBUM SOLO, UN ALBUM DE DUOS AVEC gens ou les choses perdues… PAUL PERSONNE ? TU POURRAIS CET ALBUM, C’EST UNE PARTIE DE MICK ADO ? L’APPELER PAUL & MICK ?… (…) Dans tous les disques que j’ai faits et Je n’y avais jamais pensé ! Mais quitte à tous ceux que je ferai, il y aura toujours se faire plaisir, je préférerais le faire avec une partie d’enfance, d’adolescence, de McCartney. Ca, ça serait la classe ! nostalgie, de rapport à la mort. Tout simEric Nahon plement parce que je suis comme ça. “Les chansons perdues” Parce que je suis un homme et nous Moumkine Music / Virgin avons ça en nous. Celui qui n’a plus rien www.myspace.com/mickesttoutseul 19
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ien calé dans sa campagne picarde, Vadim Vernay démontre un caractère bien trempé doublé d’une totale décontraction dans l’art de l’expression sensible. Myosotis, son troisième opus discographique, constitue une nouvelle preuve de ce jusqu’au-boutisme achevé. D’onirisme bon ton, il s’éveillerait sans heurts sur des scènes de cinéma ou de danse contemporaine. Si cette musique s’adresse d’abord à l’esprit, elle n’oublie pas l’exercice. Ecouter Funambule au chorus féminin aérien ne fera pas de vous un équilibriste, mais vous donnera plus de légèreté qu’une bouteille d’eau minérale. A contrario, Hystérique déstabilise par sa rythmique abyssale et dévoile l’autre facette du compositeur, pas seulement dévoué à la contemplation : “Depuis mes premières créations électro, il y a toujours eu deux orientations, une “rentre dedans” qui scotche l’auditeur à son siège et une autre beaucoup plus minimaliste et sensible. Ce sont deux grandes orientations de l’électro et j’aurais l’impression d’être amputé d’une partie de moi-même si je ne devais en suivre qu’une. Myosotis est étroitement lié à la scène. La plupart des morceaux de l’album a été créée lors de la précédente tournée. Ces morceaux sont nés et ont été finalisés en studio, mais c’est sur scène, en les jouant face à un public, qu’ils ont évolué et se sont développés. Cette confrontation au public est particulièrement enrichissante. Généralement, elle intervient après la création des morceaux. Là, au contraire, elle m’a permis de concentrer mon propos, de faire des choix. Dès le début du projet, l’un des enjeux a donc été la scène. C’est surtout ça qui a déterminé l’orientation rythmique et dynamique de l’album. J’ai aussi cherché à m’éloigner de toute influence électro. Je ne voulais pas rentrer dans le jeu des styles, des prouesses techniques et autre démonstration de modernité. Je voulais quelque chose de personnel. J’ai donc ressorti de vieux disques de jazz et de musique classique. Et je reste toujours attaché aux musiques et aux atmosphères de films. Ce sont des espaces de liberté incroyables.” Bien loin des disques aux sonorités éculées et aux rythmiques aussi imaginatives qu’un défilé du 14 juillet, Vadim Vernay dénote. Ce troisième album vous assurera aussi un nombre infini d’heures d’écoute, tant le miracle de la découverte se renouvelle à chaque fois. Myosotis décline au fil de ses jolies strates plusieurs niveaux d’audition, comme des textes les niveaux de lecture. “Au fond, je crois que j’aime bien l’idée selon laquelle un morceau de musique, une rythmique, une mélodie, sont des ensembles de plein de petites choses qui peuvent se compléter, se séparer, se croiser, s’entrechoquer… Parfois, ces mélanges me surprennent moi-même et m’emmènent sur des pistes inattendues. Au final, ça donne à la musique à la fois richesse et liberté.” Aucune lourdeur, la production se fait à la fois dense et concise, une antinomie opportune là où d’autres rajoutent des couches pour dissimuler le manque d’inspiration. Les compositions de Vadim Vernay s’illustrent ainsi notamment par l’extrême soin apporté aux finitions. “Utiliser le sampling comme base de travail revient à composer un ensemble avec plein d’éléments hétérogènes. Si l’on ne
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Vadim Vernay LA FINE FLEUR DE L’ÉLECTRO En dehors des soubresauts branchés d’une électro à la recherche d’un second souffle, cet esthète abstract hip hop bâtit son propre mode.
donne pas à chaque sample une véritable existence et donc une véritable place, ça devient très vite un capharnaüm. Je cherche donc toujours à ne pas saturer la musique d’informations et à lui donner cette apparente simplicité.” Après le noir et blanc du premier opus, les couleurs parent la pochette de Myosotis, réalisée par Vadim himself. Il a employé là le “vert espérance” certes, mais dans le flou artistique et non figuratif : une manière d’affirmer la palette sans concession pour les sentiments trop facilement définis. Comme dans la musique, les sentiments simplistes ne passeront pas par là. Vadim préfère le laisser-deviner au laisser-aller du pré-mâché. “Le noir et blanc du précédent album était un travail dépouillé, entièrement réalisé à la main. C’était un moyen d’exprimer l’absence de compromis, de faux semblants, et d’aller à contre-courant de toute une production artistique où la technique prend le pas sur la sensibilité. Avec cette pochette, le parti pris est tout aussi fort, mais je voulais qu’il puisse être reçu de manière complètement instinctive et purement sensible. Dans un livre, ce qui est intéressant c’est la place qui est faite à l’imaginaire. Je voulais que la pochette ne soit que ça : un univers que chaque personne, à travers son propre imaginaire, puisse recréer.” En investissant dans ce disque, vous apporterez votre pierre à La Mais°n, label que Vadim édifie avec amour. Pas ingrat, il produit d’autres artistes soucieux de propositions musicales singulières, comme cette symphonie “d’instruments domestiques”, composée par Azerti. “En créant ce label, ma première envie a été de vouloir éviter à d’autres artistes les galères que j’ai pu connaître. La seconde était de créer une structure qui n’ait pas peur de prendre des risques artistiques dans ses choix de production, qui puisse produire le premier album d’un artiste complètement inconnu, engager un travail de développement de carrière sur trois à cinq ans juste parce que l’on a la conviction que ce projet doit exister.” L’association propose en outre des ateliers de M.A.O., pour ceux qui veulent en prendre de la graine, et elle attend vos démos… dans l’esprit de la maison, bien sûr ! Raphaël Lugassy
Vincent Michaud “Myosotis” - La Mais°n / Musicast - label-maison.org
L’entrevue intégrale sur www.longueurdondes.com
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les ogReS De barBack Forts en thème ! Avec ce dixième album, les frangins-frangines Burguière poursuivent leur évolution dans la continuité, vers plus de précision. Des thèmes forts, des engagements, des invités, des sonorités world, acoustiques et électriques… Il faudrait être sourd pour croire qu’il ne restera rien !
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MARÉE BASSE, ET OUI, C’EST BEAU, 50 ANS, CORINNA, JÉRÔME… A SON ÉCOUTE, L’ALBUM APPARAÎT SOMBRE, POURTANT LE THÈME CENTRAL EN EST L’AMOUR. Mathilde : En même temps, toutes ces histoires ne sont pas heureuses… Frédo : Nous n’aurions pas pu faire Et oui il y a encore quelques années. Aujourd’hui, on se sent prêts à rentrer plus intimement dans les sujets et même à rigoler de chose telle une rupture. Elle est un peu cynique. 50 ans, c’est le constat de quelqu’un qui fait le bilan : “Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? Des enfants et c’est déjà pas si mal !”. Avec C’est beau, on est dans la représentation de cinq ou six actions de la vie. Faire une ballade, retrouver un amour d’adolescence, raconter une histoire le soir à son enfant… c’est beau et je ne me l’explique pas ! A la fin, une autre chose est dite : lorsque je ne serai plus rien, si vous pouviez jeter mes cendres à la mer, ça sera beau aussi. Le rapport entre les chansons de l’album, c’est qu’elles finissent toutes dans l’éphémère. Dans Il ne restera rien, on le dit clairement : tout sert à quelque chose et en fait, tout ne sert à rien, car il ne restera rien… C’est pour moi la chanson la plus engagée de notre vie !
n les a en quelque sorte vus mûrir, grandir. Pas seulement en âge, mais aussi en terme artistique. Il y eut la découverte d’une fratrie multi-instrumentiste adaptant la chanson à un fonctionnement hérité de l’ère alternative, les scènes partagées avec d’autres formations, les tournées sous chapiteaux, la traversée de l’Europe, un album pour enfants, le dixième anniversaire… Enfin, un spectacle plus recentré sur eux-mêmes, la scène se vidant de son matériel au fil du concert. Un spectacle donné dans des salles assises, comme pour plus d’intimité, de précision, de simplicité. Du simple au néant franchit une étape supplémentaire. Des histoires plus ou moins dures sont contrebalancées par une idée de voyage charriée par des couleurs world. Les instruments électriques font aussi leur apparition. Le fond et la forme se rejoignent, demandant une explication de texte… MA FILLE ABORDE LA PATERNITÉ… Frédo : Avant il n’y avait que le groupe qui comptait. Et puis nous sommes devenus de jeunes parents. D’un coup les 600 heures de camion, les milliers de kilomètres, les gens rencontrés prennent une place complètement différente. C’était logique d’écrire dessus. Ma fille représente l’univers face au petit bout de deux kilos qui te change la vie…
“Tout sert à quelque chose et en fait, tout ne sert à rien, car il ne restera rien…”
BREBIS GALEUSES ET POUR TANT QU’IL Y AURA DES HOMMES PORTENT SUR LE
ON RETROUVE JÉRÔME QUE VOUS JOUIEZ EN CONCERT, CHANSON SUR L’HOMOSEXUALITÉ. AUSSI, ON NE PEUT PAS PASSER À CÔTÉ DE CE TRAITEMENT MUSICAL“ECCLÉSIASTIQUE”… Mathilde : Nous voulions la refaire dans une version un peu originale. On pensait à un orchestre, puis il y a eu cette idée d’orgue. Frédo : Jérôme a une résonance particulière auprès du public. Un jour, deux mecs m’ont dit à la fin d’un concert : “Nous, nous ne sommes pas homosexuels, juste on s’aime !”. J’ai trouvé ça vachement beau. Après, tout le monde ne la comprend pas forcément. C’est pour cela que je donne une petite explication avant. Au moment du mariage de Bègles, Libé avait diffusé les dessins reçus par Noël Mamère. Il y en a un qui m’a particulièrement choqué. Un docteur de Levallois-Perret avait écrit “Noël Mamère = PD” et dessiné une bite et un cul ! C’est dingue qu’un médecin qui a fait des études, installé dans un quartier chicos, avec à priori une clientèle aisée, puisse avoir de l’homosexualité une image aussi basse et réduite. Alors plutôt que de parler d’un couple, j’ai voulu aller plus loin. Ce n’est même plus de la tolérance, c’est un engagement. Une chanson d’amour sur des gens qui s’aiment, mais qui ne pourront pas avoir d’enfants dans cette société !
SECONDE GUERRE MONDIALE. CETTE GUERRE VOUS L’ÉVOQUIEZ DÉJÀ DANS GRAND-PÈRE. C’EST RARE CET INTÉRÊT CHEZ DES GENS DE VOTRE GÉNÉRATION. Frédo : Nous sommes moins fouillis que par le passé. Avant, on savait que l’on était dérangés par les guerres, mais pas concentrés sur une en particulier. Chanter “la guerre c’est pas bien”, ça va quand tu es adolescent, dans tes premiers textes. Maintenant on est plus sur des choses précises. Alors on va parler de trois enfants juifs et des habitants d’un village qui n’ont rien fait pour empêcher qu’ils soient emmenés… Aujourd’hui, il y a en France des enfants scolarisés, nés de parents sans papiers, qui se font reconduire en avion et on ne fait pas grand-chose ! GÉNOCIDE DU PEUPLE JUIF ET LA
DANS LE TITRE PARDON MADJID, ON SE DEMANDE SI LE RACISME N’EST PAS ANCRÉ DANS UNE TRADITION FRANÇAISE…
Frédo : C’est bien que Magyd Cherfi chante avec nous, car ce titre lui était un peu dédié. Je me suis souvent demandé pourquoi ses textes, avec Zebda, en solo, son livre, ses pièces de théâtre, revenaient toujours sur cette souffrance énorme d’une France lui jetant des pierres les vingt premières années de sa vie. Je me suis toujours senti gêné et ça me touchait. 22
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A L’ÉCOUTE DE VIEUX ET DE 50 ANS, ON SE DIT QUE VIEILLIR NE VOUS EFFRAIE PAS. LA CONSTRUCTION DE 50 ANS RENVOIE À BREL… COMMENT FAIT-ON POUR CRÉER SANS SE SENTIR ÉCRASÉ PAR CE QUI A DÉJÀ ÉTÉ FAIT ? Frédo : On a écouté Renaud pendant quinze ans. Après on a découvert des groupes comme Têtes Raides, La Tordue, puis la musique de l’est. A partir de là, ce que l’on fait ressemblera toujours à quelque chose, mais avec notre pâte. Monsieur perd ses copains (NDR : sur Terrain vague) était un hommage à Léo Férré. Sur 50 ans, on s’est franchement dit qu’on allait faire un arrangement à la Brel. C’est assumé. On est vraiment inspiré par ces artistes. Tant mieux si ça leur ressemble, c’est un honneur !
Aussi je voulais lui dire, et à travers lui à toute une communauté : “Attendez, nous on n’est pas tous les Français. On ne vous a pas jeté de pierre. Nous, on avait les bras ouverts.” Alors la chanson se termine sur cette idée : “Madjid, dis à tes frères d’être plus accueillants si cette histoire se déroulait à l’envers.” Si tous les Français allaient faire construire au Maroc, en Algérie, en Tunisie, est-ce qu’ils subiraient un racisme ? Est-ce que ce n’est pas l’Homme qui est raciste et non les Français dits d’origine française ? LE TEXTE DE NI DIEU NI DIEUE A TRAIT AUX FEMMES VICTIMES DES RELIGIONS…
Frédo : On parle de soutane, de kipa, de foulards, pour dire que tous les religieux intégristes nous débectent ! Nous ne sommes absolument pas dans la religion. On ne va rien faire contre non plus, mais on remarque combien ça nous pourrit la vie ! Parmi tous les problèmes qui nous choquent, il y en a un qui se trouve au milieu des autres : les droits de la femme. Par exemple, tu peux décider de t’intéresser à la cause palestinienne. En te penchant dessus, tu vois qu’il y a 80% de femmes battues ! A partir de là, ça m’empêche d’aller plus loin. Arrêtez de battre vos femmes, après on parlera de respect, d’amour, de religion, de territoire. Le problème des problèmes, reste de mettre tout le monde à égalité ! Et dans les religions, la femme ne peut pas prêcher la bonne parole, être guide des hommes, prêtre, imame, rabbine…
C’EST BEAU ET CORINNA MENTIONNENT LA SCÈNE ; PAS BIEN EST EN LIVE. POURQUOI CETTE VERSION ? Frédo : Faudra voir la vidéo, la surprise s’y trouve… (NDR : réponse sur le site des Ogres où chaque mois une nouvelle vidéo sera proposée) Mathilde : Et on aime cette version. Quand on la joue en concert, on se dit qu’il ne faut rien changer.
L’ALBUM SE TERMINE PAR IL NE RESTERA RIEN QUE L’ON PEUT DU SIMPLE AU NÉANT… Frédo : Il ne restera rien est à la fois une chanson positive et négative, car elle peut être prise dans plusieurs sens. On peut comprendre : “Il ne restera rien mais tout va recommencer” ou “Est-ce que tout recommencera alors qu’il ne reste rien ?”. C’est la continuité, le début, la fin… Du simple au néant est un SUR DESTIN ARTIFICIEL, IL Y A UNE AUTRE VOIX DE FEMME, CELLE DE MADINA N’DIAYE… titre un peu poétique, venu comme ça. Nous avions dédié l’alFrédo : On avait ce morceau qui, à dix jours de la fin du studio, bum Croc noces aux gens simples et qui savent le rester. ne ressemblait à rien. On avait juste un riff de guitare et l’idée Aujourd’hui ce que nous recherchons, c’est la simplicité. Du simple au néant est un peu une façon de le dire… de parler de l’émigration. Alice : Je suis partie à Bamako avec l’ordi. Du morceau, je Bruno Aubin n’avais qu’une guitare et des violons. Madina a chanté dessus. “Du simple au néant” - Irfan (le Label) On a discuté ensemble du texte, j’ai ramené la traduction en lesogres.free.fr France et Fred a écrit la suite. L’entrevue intégrale sur www.longueurdondes.com RAPPROCHER DU TITRE GÉNÉRIQUE
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Fusion de plusieurs savoir-faire, l’opus multi-supports Naphtaline dépoussière la technique du CD-ROM. Ouvert à de nombreuses participations, dont Nosfell, le combo tourangeau y poursuit un périple électro de plus en plus éloigné des rivages dub.
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ne fois n’est pas coutume, vous apprécierez de vous perdre en voyage. Musiques, images, vidéos, logiciels et tableaux interactifs, les pistes à suivre sont nombreuses sur Naphtaline, CD / DVD-ROM vidéo, œuvre d’EZ3kiel. Achevé un mois avant sa sortie, le bel ouvrage a nécessité nombre d’étapes pour arriver à bon port. Tout le monde tâtonnait, avec comme point de repère une identité musicale à bâtir sur le thème de la ritournelle poétique. Durant les trois quarts de l’année 2006, la composition a ainsi occupé Joan et Matthieu, avec le concours d’un nouveau membre, Stéphane Babiaud percussionniste et vibraphoniste. Les 13 morceaux créés suivent la piste du Lac des signes, déjà aperçu en tournée, devoir d’études de Yann. Cette vidéo fut le point de départ de la volonté d’EZ3kiel de bâtir un univers féerique, où musiques et images s’exprimeraient de concert. Tournées et enregistrements ont retardé l’ouvrage, même si les collaborations avec le combo baroque DAAU ont permis au groupe de travailler ses harmonies. Ces Belges font d’ailleurs partie de la longue liste d’invités venus enregistrer les diverses couches sonores de Naphtaline. A l’arrivée, la bande originale ne fait plus que du décorum. Joan en détaille le modus operandi : “Il a d’abord fallu virer basse et batterie, pour mieux se baser sur les arrangements.” Yann précise : “Le plus dur fut d’éviter les sentiers battus et de s’éloigner d’univers déjà connus.” La palette sonore est multiple ; At the day est un petit tube en puissance, dans la lignée trip hop du précédent album Barb4ry. Le Belge Grégory Frateur y pousse un chant plaintif rappelant celui du groupe briton Receiver. Lethal submission, composé en collaboration avec Pierre le Bourgeois et écrit par Nosfell, tranche par l’angoisse suscitée par le chant de ce dernier et les plaintes du violoncelle. Leopoldine ou Insomnie rassérènent avec un piano doucereux évoquant le compositeur Erik Satie. Les vignettes diffèrent, mais y subsiste le style : une certaine idée de la mélancolie. L’alchimie a pris entre les différents musiciens invités, notamment grâce à l’ingé son Fred Norguet, “le cinquième membre” dixit le combo touran-
Visite guidée du DVD par Yann Nguema,
Photograph3 C’est un logiciel à part entière avec possibilité de sauvegarde. Il suit le principe du scanner. On part d’une image pour en obtenir une autre, reproduite à l’infini sur un “papier peint”. Je donne là les outils qui me permettront de réaliser mes prochaines vidéo. L’avantage, c’est que l’on n’est plus dépendant des logiciels existants, on crée soi-même ses effets ! 24
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EZEkieL
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Antique électronique
quez sur un bouton et les sons partent tous ensemble pour que ça reste harmonieux. Dans les scénarios, il y a une grosse réflexion pour que les gens ne fassent pas n’importe quoi.” Au coeur du DVD, vous attendent aussi des morceaux inédits, des vidéos, ainsi que divers logiciels. Pour présenter Naphtaline, des rencontres avec le public auront lieu notamment au Printemps de Bourges ou le 10 mai au Carré des Jalles (33) en partenariat avec Médias-Cité, association multimédia qui héberge le site du groupe. EZ3kiel sortira un album à l’automne, “plus joué”, en prélude à une tournée où les technologies acquises devraient apporter un supplément d’intérêt.
geau. Autour de cette bande-son, Yann Nguema, le graphiste musicien a fabriqué un DVD-ROM, composé d’images animées, où vous pourrez interagir. Amis “gamers”, cela vous rappellera l’univers du jeu Sybéria de Benoît Sokal, peuplé lui aussi d’automates. Des visuels issus du passé, comme des Expositions Universelles du début du siècle, imposent la griffe Naphtaline : “J’ai mélangé des éléments de la mémoire collective à d’autres plus contemporains, usé d’anachronismes.” Prouesse technique, Yann a réalisé l’objet en même temps qu’il apprenait à se servir des outils, quand il ne les inventait pas ! : “J’ai utilisé Director, un logiciel complexe, ancêtre de Flash, mais plus puissant. On a fait plusieurs versions de chaque titre pour avoir une vision différente à chaque visite, même si ça reste des samples issus des morceaux. Vous cli-
Vincent Michaud “Naphtaline” - Jarring Effects / Pias www.ez3kiel.com
bassiste et graphiste d’EZ3kiel…
Premier flocon / Les jardins d’Exebeche Première animation réalisée, elle a servi d'étalon et a permis de voir ce que ça pouvait donner. Elle s'inspire de ma première vidéo “Le lac des signes”, mais ici on peut jouer avec les flocons, faire avancer les ballons. Pour créer les tableaux interactifs, j'ai détourné des objets ou gravures. J'habite une rue où un magasin sur deux est un antiquaire. Quand on s'y promène, on retrouve pas mal de l'univers d'EZ3kiel. “Les jardins d'Exebeche” fait référence au nom de l'Indien “qui parle pour ne rien dire” dans le film “Dead man” de Jim Jarmush. 25
Cycloharpe C’est un instrument expérimental : on n’obtient jamais la même chose. Ca peut être très bon ou mauvais ! Ce séquenceur crée un cycle sonore en fonction du nombre d’objets. C’est un super outil pour trouver des mélodies. Je pense que l’on pourrait faire un album entier avec.
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TRUFFAZ Parfums de nuit…*
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l est 19h et la nuit commence à tomber sur Paris. L’équipe de Longueur d’Ondes arrive en même temps qu’Erik Truffaz chez Christophe. Le trompettiste qui navigue aux confins du jazz, de l’électro et de la world, est accompagné de son bassiste et réalisateur Marcello Giuliani. 19h10, Christophe termine son petit-déjeuner. L’homme vit la nuit et pour lui, c’est le matin : “Je me lève vers 17 ou 18h et je travaille toute la nuit, je cale mes rendez-vous le soir. Et quand je pars à New York ou Montréal, je ne connais pas le décalage horaire.” Truffaz réplique goguenard : “Mais tu es toujours en décalage horaire”. Visiblement, les jazzmen connaissent déjà les lieux. Erik parcourt avec gourmandise les nombreux livres d’arts et gros bouquins sur la musique qui s’empilent : “Ici, je découvre les bouquins que je m’achète ensuite”. Le salon est hallucinant. Derrière un imposant piano, une bergère deux places rouge retapée avec une paire de bas élégamment posée sert de canapé. Des meubles anciens côtoient trois ou quatre énormes juke-box 50’s. Sur les murs, des photos de Chet Baker et d’Elvis, des pin-ups, des bouteilles d’eau design, une vierge noire dont les mains sont remplacées par des ampoules rouges clignotantes et des E.T. (oui, celui de Spielberg) rose et vert posés ça et là. Sans oublier l’imposante table de mixage et d’enregistrement. Non, ce n’est pas kitsch, c’est beau !
Si nous avons réuni ces deux monstres sacrés, c’est tout simplement que sur Arkhangelsk, le nouvel effort de Truffaz, Christophe pose sa voix sur L’un dans l’autre. Leur toute première rencontre ne manque pas de sel. Invités sur le plateau d’une émission de télé, le trompettiste demande un autographe au chanteur qui lui répond : “D’accord, mais à condition que tu acceptes de jouer avec moi un jour”. Ni une ni deux, Truffaz et sa bande invitent Christophe pour un concert-création à St Brieuc. Et quand vient l’heure d’un album un peu plus pop, c’est tout naturellement qu’Erik Truffaz pense à l’auteur des Mots bleus : “Nous avions décidé de faire un album avec des chansons et d’inviter des voix. Christophe était évident. On enregistre toujours avec des gens avec qui on a déjà collaboré sur scène. C’est dans la logique.” Le leader du quartet ne conçoit pas la musique comme un travail solitaire. Ses groupes s’enrichissent souvent de featurings aussi divers que variés : “Les collaborations sont souvent le fruit du hasard et de rencontres… Nya a été la première et c’est la personne la plus régulièrement invitée. On fait partie d’un même collectif qui mélange rap et jazz. Mais avant de jouer avec quelqu’un, j’ai besoin de le connaître.” Christophe rebondit : “Pour moi, ça se fait du jour au lendemain. Un soir, Adanowsky me demande de jouer dans son clip. J’y vais… je vis dans l’instant, je n’aime pas prévoir. Je suis d’accord avec Erik, il faut aimer la personne, sa matière sonore, ce qu’elle est humainement. Je ne peux pas collaborer avec un enfoiré.” Pas peu fier, il rajou26
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& CHRISTOPHE Pour son nouveau disque, Erik Truffaz a sollicité le talent du trop rare Christophe. L’occasion était trop belle de les réunir et de les faire causer… Et nous avons recueillis quelques infos exclusives. te : “Tu vois, j’adore Björk, eh bien demain, je dîne avec elle. Ca s’est fait dans l’instant. Le reste, c’est du showbiz et ça ne m’intéresse pas.”
Nicolas Messyasz
Bien que son nom soit assez glacé (Arkhangelsk est une ville russe proche du cercle polaire), le disque d’Erik voit le retour du quartet “historique” de Truffaz et n’a jamais sonné aussi chaud. “On a joué rock, on a joué électro ou jazz, se souvient Marcello Giuliani. Ce qui change, c’est l’apport des voix. Il fallait que l’on prépare des morceaux et qu’on les soumette à Ed Harcourt ou Christophe. Dieu merci, ça a collé au bout de quelques séances…” Sur L’un dans l’autre, la voix féline du moustachu s’imbrique totalement dans le souffle de trompette mélancolique de Truffaz. Le tout, sur un tempo d’une lenteur nocturne absolue. Marcello : “On a enregistré à partir de minuit pour s’adapter au rythme Christophe. Il nous a fait choisir entre différents textes sur son ordinateur. On s’est arrêté sur cette phrase : “Fleur d’argent qui traverse la boue”, et la cause était entendue. Au moment où il a commencé à chantonner ces mots, il a trouvé la mélodie. Christophe quand il chante, ça vient de nulle part, c’est juste beau et ça colle.” Mais que raconte ce L’un dans l’autre ? Christophe : “C’est encore une histoire d’amour. Evidemment, que voulez que ce soit ? Je ne parle que de cul dans mes chansons. On n’est pas éloigné des Mots bleus… C’est la suite.” 27
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“Que voulez-vous que ce soit ? Je ne parle que de cul dans mes chansons.” se passe bien, le tant attendu successeur de Comm’ si la Terre penchait sera terminé pour la rentrée 2007. “J’ai enregistré les parties de batteries avec le batteur de Vanilla Fudge (NDR : un combo psyché californien), c’est un groupe que j’adorais quand j’avais 20 ans. Dans le studio, ce mec était planté devant moi. Il jouait couché sur sa batterie… Extraordinaire ! Il y aura aussi Moraito, qui est pour moi le plus grand guitariste de flamenco. Pour les cordes, c’est un Brésilien qui s’appelle Deodato. C’est lui qui a fait toutes les parties de cordes de l’album Homogenic de Björk.”
Au-delà de cette chanson, les deux musiciens partagent le même amour du mélange. Chacun a fait évoluer sa musique en fonction de ses envies en se foutant totalement du cloisonnement des genres. Christophe ne s’est pas cantonné aux Marionnettes ni à Aline, mais laisse voguer ses mélodies librement avant de les polir patiemment. Erik Truffaz fait voyager son jazz dans les pays du Sud, du côté de la drum’n’bass ou de l’électro, et n’hésite pas à sortir du tout instrumental comme sur cet ébouriffant Arkhangelsk. D’ailleurs, il réplique, laconique : “La pureté m’emmerde… On aime réellement la musique dans tous ses aspects.” Christophe et Truffaz sont des chercheurs et prennent le plaisir là où il se trouve : dans les nouvelles technologies, les vieux instruments, les sons gipsy ou dans le rap. “Si tu es original et créatif, tu vas partout, n’est-ce pas Erik ? Ce sont les rencontres qui définissent la direction musicale.” Erik est d’accord à 100% : “J’ai rencontré Mounir Troudi, un joueur de bendir dans un bar en Tunisie. J’ai noté son adresse et l’ai rappelé deux ans après pour jouer sur Saloua, en 2005.” Sur Arkhangelsk, on entend aussi la voix du crooner anglais Ed Harcourt que le trompettiste a découvert au cours d’un concert hommage à Chet Baker : “Il m’a demandé si j’étais OK pour faire un morceau avec lui. Au soundcheck, c’était déjà parfait. Le concert était fabuleux. Je l’ai immédiatement rappelé au moment d’enregistrer.” C’est en se frottant à d’autres cultures, pas forcément musicales, que Truffaz se découvre. Il revient d’Inde où il s’est pris une claque. Le choc des cultures a du bon.
Pour Christophe, la vie semble assez facile… Il demande, il obtient, et Universal dit “amen” : “Pourtant je ne vends pas de kilos de disques”… Pour Erik, jazzman adulé et connu du grand public, faire un nouveau disque est une nécessité pour tourner. Les programmateurs de festivals sont friands de nouveautés. Avec le retour de son quartet “historique” et cet enregistrement formidable, ces messieurs ont toutes les bonnes raisons d’être contents. Les auditeurs vont se régaler de ces sons nocturnes, urbains et chaleureux sur lesquels les voix d’Ed Harcourt, Nya ou Christophe, subliment une trompette qui ne cherche plus, mais qui trouve le son juste. Truffaz fait sonner la note bleue dans la pop sans jamais se départir d’un groove sensuellement jazzy. Depuis dix ans et sans avoir l’air de se forcer, il n’a rien fait d’autre que d’inventer le jazz du XXIème siècle. Eric Nahon Erik Truffaz : “Arkanghelsk” - Blue Note / EMI Christophe : “Comm’ si la terre penchait” - Universal
Christophe a aussi l’âme voyageuse. Il nous confie qu’il a enregistré des gens du voyage en Espagne pour son prochain album. Ce projet le mobilise entièrement ces temps-ci… Si tout
* Parfums de nuit…, titre du dernier album d’Alain Z Kan, artiste disparu, qui faisait partie de la famille de Christophe.
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Catherine Ringer et Fred Chichin ont accepté de se prêter au jeu du “titre à titre” pour nous permettre d’explorer leur nouveau disque. Mais Catherine prévient d’emblée :
“Les chansons sont faites pour être entendues, ne comptez pas sur moi pour faire des explications de textes !”
Robert Gil - La Boule Noire, Paris 18e
Rita Mitsouko
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DO YOU COMPRENDO ? A
la première écoute, on est frappé par le classicisme des nouvelles compos. Variety baigne dans un univers pop rock. Mais au fur et à mesure que l’on plonge dans ce nouvel album studio des Rita Mitsouko, on ne peut s’empêcher de penser que les patrons du rock sont de retour. “On voulait des chansons assez courtes et bien balancées”, explique Catherine. Et jamais la “Singer Ringer” n’a semblé aussi à l’aise. Sa voix ample et chaleureuse brille sur Même si, l’un des sommets de ce disque. Impériale et puissante, elle chante, à l’égal d’un Bowie, une déclaration d’amour absolue qui vous lacère le cœur. Même dans l’écriture, dame Ringer se fait 31
plus classique. Si les histoires qu’elle nous raconte laissent toujours place à l’imagination de l’auditeur, la manière de le faire semble plus exigeante : “J’ai essayé de faire quelque chose de plus concis cette fois-ci, de plus ramassé. Il y a moins de jeux de mots, les choses y sont plus claires. Il n’y a rien de bizarroïde à comprendre.” Moins pavé dans la mare que superbe disque adulte et mature, les Rita ne sont pas assagis (il n’y a qu’à les voir sur scène ou être attentifs au clin d’œil grivois de Ding ding dong). Ils offrent de la belle musique avec un son “clair, net, précis qui s’écoute mieux quand c’est fort”. On ne peut qu’approuver cette précision de Fred.
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le besoin de rajouter quoi que ce soit… Avec Mark Plati, on a bossé de manière pro et décontractée. A mon avis, c’est quand tout baigne que l’on fait les meilleurs disques. Catherine : On n’a pas forcément besoin d’être torturés pour bien travailler ! Fred : On a beaucoup progressé sur ce sujet. Quand un morceau n’avance pas, on ne s’acharne plus, il dégage ! Et ça va beaucoup mieux comme ça. “COMMUNIQUEUR D’AMOUR” Catherine : C’est dur d’être communiqueur d’amour. C’est difficile à expliquer. C’est l’histoire de quelqu’un qui a une obsession, qui est sur la défensive et qui essaie de s’ouvrir plus aux autres. C’est peut-être la suite de Y’a d’la haine ou des Histoires d’A, allez savoir… Fred : C’est le premier single qui tourne en ce moment en radio.
Robert Gil - La Boule Noire, Paris 18e
“RÊVERIE” Fred : Les chœurs de cette chanson font très Bowie. J’aime bien la jouer en concert. D’ailleurs, en ce qui concerne la scène, on va faire pas mal de dates, mais en restant plusieurs jours au même endroit, dans des clubs comme La Boule Noire. J’ai très envie de rester quelques jours à Londres, à Berlin, et de jouer le soir. La tournée n’est pas éreintante, on est plus détendu. Ce n’est pas l’usine, on peut humer l’air du coin, rencontrer des gens… Et les concerts sont meilleurs.
“C’est la joie de l’aurore, on se réveille super tôt et on a envie de faire l’amour !” Depuis le dernier enregistrement, le groupe a changé de label pour continuer à travailler avec les mêmes personnes : “C’est un changement dans la continuité. On travaille depuis vingt ans avec Emmanuel de Buretel, il n’y a pas de raison de changer.” Enregistré en partie à la maison, en partie au studio Gang, écrit entre Londres et Paris, Variety a été produit par le grand Mark Plati (Bowie, Louise Attaque, Brazilian Girls). “Nous sommes allés vite, en trois mois, se souvient Fred. On avait 17 morceaux, on n’en a gardé que 12, sans remords. J’ai décidé de ne plus me prendre la tête. Quand ça me plait, je garde !” Ces douze chansons, belles, sereines, joyeusement rock et faussement assagies, ressemblent donc terriblement à leurs auteurs. “L’AMIE ENNEMIE” Catherine : C’est une rencontre avec quelqu’un venu du passé. Le texte est assez clair, écrit sous la forme d’une comptine moderne dans Paris. Fred : Cette chanson donne le ton du disque. On s’est accordé beaucoup de liberté, mais à l’intérieur d’un cadre classique. C’est l’un des albums les plus fluides que l’on ait fait. Tout s’est enchaîné et quand un morceau sonnait bien, je n’ai pas ressenti 32
“BERCEUSE” Catherine : C’est un genre d’ambiance à la David Lynch. Une drôle de berceuse que nous avait commandé Alfredo Arias. Finalement, il ne s’en est pas servie et nous l’avons gardée pour nous. J’aime bien chanter cette méchante mère. On alterne entre balade et metal. Fred : Cette chanson, comme le reste de Variety, est très produite. C’est quelque chose que l’on ne fait plus trop aujourd’hui dans le rock… Ou alors, on produit au mixage par économie. Nous, on s’est embêtés à trouver un son pour chaque instrument. “MÊME SI” Catherine : C’est une chanson assez classique, que l’on avait d’abord faite un peu plus grave. C’est un texte sur l’amour, je suis ravie s’il touche. Quant à sa signification, ça reste le mystère des chansons ! Fred : J’aime beaucoup la manière dont Catherine chante dessus… Catherine : En tant que musicienne, je n’ai jamais cessé de me dire qu’il fallait que je progresse. Fred me coache beaucoup. Fred : Je t’ai quand même vachement fait chanter différemment au fil du temps… Là, nous avons vraiment beaucoup travaillé les textes pour que ce soit facile à chanter. On a fait des ébauches de textes, puis on a créé les mélodies, ensuite on a finit d’écrire sur les mélodies. C’est pour ça que c’est très musical. On a également insisté sur la manière de chanter. Il fallait que ce soit très détendu pour laisser sortir la puissance. “RENDEZ-VOUS AVEC MOI-MÊME” Catherine : Là encore, j’aime le côté efficace de cette chanson. Pour notre précédent, La femme trombone (2002), nous avions fait beaucoup de morceaux avec des breaks, des instrumentaux. Là, les choses sont plus resserrées. Le texte… on va dire que c’est au cas où l’on se perde un peu de vue…
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Fred : Il y a un gros son, mais ça n’est pas noisy. Mark Plati est très bien pour ça, il sait travailler par couches. “SHE’S A CAMELEON” Catherine : J’ai toujours écrit des chansons en anglais. Il y en a toujours dans nos albums. Fred : Au départ, on devait faire un maxi en anglais. Il y a des textes que Catherine a écrit en anglais et qui ont ensuite été traduits en français… Catherine : Et vice-versa. D’ailleurs, on sort aussi une version anglaise de Variety. Quand on écrit en anglais, comme sur ce morceau, on joue plus sur le son que sur le sens des mots, c’est un exercice plaisant. Et suivant que je chante en anglais ou en français, ma voix change. On a fait écouter les deux disques à plein de jeunes et beaucoup préfèrent les versions anglo-saxonnes ! Fred : Musicalement, ils préfèrent et trouvent que ça sonne plus rock, mais pour se pencher sur les paroles, ils écoutent la VF.
“BADLUCK QUEEN (MARIE-ANTOINETTE)” Catherine : C’est une histoire de Marie-Antoinette. Une chanson sur une destinée tragique dans un monde qui change… Pas de bol, non ?! Personnellement, je trouve que ce morceau n’est bien qu’en anglais.
Robert Gil - La Boule Noire, Paris 18e
“SOIR DE PEINE” Catherine : C’est un exemple de ce que nous avons essayé de faire dans une forme d’écriture classique. Une femme attend un rendez-vous… On installe une ambiance et on joue avec. Fred : C’est vrai pour tout l’album et également en ce qui concerne le visuel. En tant qu’auditeur, j’adore quand le disque est un tout… Pour la pochette, nous avons fait appel à un artiste californien qui s’appelle Emek. Il est perdu dans le désert et difficilement joignable. On lui a envoyé le disque, des photos et des clips et ils nous a fait un dessin que j’adore. Le style me rappelle Moebius et les dessinateurs psyché des 70’s.
“A mon avis, c’est quand tout baigne que l’on fait les meilleurs disques.”
“MA VIEILLE VILLE” Catherine : J’aime chanter Paris, je ne m’en lasse pas. Ses rues, son histoire, sa beauté… En même temps, ce n’est pas si facile à vivre au quotidien, mais ça fait aussi partie de son charme. Ca parle de quelqu’un qui revient à Paris après un “TERMINAL BEAUTY” voyage et qui a cette impression qu’en même temps tout est pareil et à la fois différent. C’est le genre de sentiments que Catherine : S’il y a cinq ans, Fred vous disait qu’il aimait bien System of a Down, vous conviendrez que l’on a de la suite dans l’on peut tous avoir. les idées : cette chanson est un duo avec son chanteur, Serj Fred : Je trouve la mélodie vraiment jolie… rêveuse. Tankian. J’avais envie de chanter avec lui et on a fait ce morceau à distance. Il a été content du morceau, ça le changeait de ce “DING DING DONG (SCREAMING AT YOUR DOOR)” Fred : On a voulu faire un son années 80, très dansant. Vu le qu’il fait d’habitude ! On y parle de la maigreur des top models temps qui passe, on peut faire du 60’s, 70’s, 80’s, 90’s et sur les podiums. Je l’ai écrit il y a plus d’un an. On en parle beaucoup plus aujourd’hui. Cette maigreur est insupportable, on a 00’s ! l’impression de voir des squelettes… Catherine : Et même 50’s ! Fred : C’est le long solo de saxo qui fait vraiment 80’s. C’est Fred : Cette chanson est notre préférée. Elle est simple, mais un son que j’aime bien. On a pris un mec qui jouait avec les elle a de l’ampleur. Elle est à la fois européenne et américaine. Elle a un petit côté cabaret, Nick Cave ou Screamin’ Jay Hawkins, Rolling Stones. un rythme à la Bertolt Brecht. C’est très dramatique. Un beau Catherine : Trois fois rien ! Fred : Mark Plati le connaissait bien. Il a écouté le morceau final. C’est Johnny qui nous l’a dit (et il le tenait de Maurice et a composé et joué sa partie en deux prises. J’aime bien Chevalier) : “Il faut faire une bonne intro, une bonne fin… et entre les deux, tu te démerdes !” quand tout est fluide comme ça. Catherine : Et le texte, bucolique, tranche avec les rythmes Eric Nahon syncopés. Cette musique est extrêmement joyeuse. C’est la “Variety” - Because Music joie de l’aurore, on se réveille super tôt et on a envie de faire www.ritamitsouko.com l’amour ! 33
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pROHOM En route pour la joie Décomplexé, excité et heureux. Philippe Prohom ouvre une nouvelle fois la porte de son intérieur où il entend se nourrir des meilleures vibrations et les partager avec le public. Son troisième album, Allers retours, déroute… pour le meilleur.
L
es mots sont durs, les thèmes sensibles, l’énergie intense. Il a le don de nous donner le vertige depuis la première fois où on l’a vu sur scène. Il sait parler de choses intimes, il touche aussi à des thèmes sociaux. Ce Lyonnais s’est lancé en autoproduction en 1999 et a grandi le temps de deux albums et d’une tournée presque interminable après la parution de Peu importe en 2004. Un spectacle puissant où beaucoup d’énergie convergeait. En bout de course, l’épuisement général des troupes nécessitait une première véritable pause. Prohom s’est penché calmement sur son troisième album. Les musiciens qui l’accompagnaient jusqu’ici sont aujourd’hui occupés par d’autres projets : le guitariste Manu Praz avec Delicious, le batteur Yann Coste, fidèle à Doppler, a aussi rejoint No One is Innocent, et Damien Habouzit joue la basse chez Aston Villa. Le chanteur a donc réuni une toute nouvelle équipe autour de lui. “J’ai pu me poser un peu et faire le deuil de l’ancienne formation. Au niveau de la composition, repartir sur de nouvelles bases, sur ce qui me fait plaisir de composer sans penser à qui va le jouer… C’était super. Et puis pouvoir préparer l’album, ne pas tout faire dans l’urgence, c’était nouveau pour moi.” Ce procédé a donc participé à l’éclosion de ce disque, nouveau sous plusieurs angles. “J’aimerais donner le meilleur de moi”, chante son auteur en introduction ; une ballade emplie de tendresse et de sincérité qui 35
démarre à la guitare acoustique. Clairement, Prohom se laisse aller à l’évasion. L’intéressé explique que ce qui marque la différence avec ses deux albums précédents, c’est l’envie de choisir ses titres en fonction de ce qu’ils lui font au corps : “La première set-list était très intellectuelle, comme mes autres albums, c’est-à-dire : “Oui, c’est important de parler de ça, même si la chanson est moins bien”. J’avais fait ce choix-là dans un premier temps, puis au début de l’été 2006, quand j’ai réécouté les 18 titres, ce n’était pas sur ceux-là que je tapais du pied. Ceux qui me faisaient vibrer disaient effectivement moins de choses “impliquantes”, mais je me suis dis que c’était idiot de passer à côté. Ils avaient des textes à la con, second degré, parlant de choses plus légères. Alors je me suis décidé à faire un album centré sur les sensations qu’il me produisait. Comme Le meilleur : c’est vraiment la chanson “Nescafé”, peace & love du matin. Elle ne me ressemble pas vraiment, mais ça me fait quelque chose.” Prohom explore une nouvelle voie et à l’entendre parler, cette expérience lui a fait beaucoup de bien : “Je vais essayer d’apprendre à assumer ces titres-là, chose que je ne savais pas bien faire auparavant. Je me disais : “Putain, ça fait trop variété”. Mais en même temps, si je les kiffe et que c’est làdessus que j’ai envie de remuer mon petit corps…”
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LA CASE CERVEAU Il faudra donc apprivoiser cette approche qui tranche avec un passé où les textes étaient mis en exergue par la musique. “Quand j’écoute de la musique, étonnamment, je dissèque peu les textes… Une chanson de Pauline Croze comme T’es beau, le premier couplet me touche et m’emmène quelque part, mais je suis infoutu de chanter le reste… Et dans cet album-là, c’est plutôt ça qui se passe : les chansons m’emmènent au niveau du corps, sans passer par la case cerveau, sans l’analyse du texte… Bien sûr, la musique et les textes sont toujours liés. Des titres comme L’étiquette ou La fille du train ne sont pas engagés, ou encore dans Autour de Lucie, qui est une chanson d’amour pour une chanson, il n’y a pas de faits de société, pas de politique, pas d’écologie…” Pourtant, on entend bel et bien Prohom sur cet album. L’homme se livre : il fantasme sur une fille en face de lui dans un train, lâche des grossièretés, nous plonge dans ses tourments insomniaques. Le sens de cet album est assumé en toute franchise. En forme sous-entend le désir de se détacher d’une formule établie, l’auteur abandonne ses complexes et ses
“Ca n'est pas intellectuel du tout, ça va forcément gratter du côté de l'émotion, du sensuel. Je m'attends à me faire fusiller !” doutes (Un inconnu), A la bonne heure déclare aussi ses intentions du moment présent, “se condamner au bonheur”. “J’en avais marre… Ce n’est pas un album qui est fait pour amener à la réflexion, mais pour toucher le corps et l’imaginaire, c’est du domaine du sensuel et de la sensation. De toute façon, je n’arrivais plus à exprimer les idées politiques ou sociales, à la fin. Tous mes textes étaient forcément réducteurs et je ne pouvais pas prendre le risque d’exprimer des idées politiques en 3’30” et mal me faire comprendre. Et puis, ça ne m’intéresse plus, parce que c’est toujours pareil.” Dans cet album, les 13 titres ont la particularité d’être liés entre eux par des sons, des mots. “Je crois que c’est ce côté sensitif qui réunit l’ensemble. Pour moi, c’est un album qui va forcément gratter du côté de l’émotion. Il n’est pas dans l’intellect du tout. Ce sont des émotions simples.” MOMENTS D’INTROSPECTION Le chanteur a le mérite de ne pas avoir fait ce que l’on attendait de lui : “Je m’attends à me faire fusiller par les fans metal-hardcore de Prohom, mais c’est comme ça. Moi j’évolue et il y a des gens qui s’y retrouveront, d’autres qui s’y perdront et c’est normal. Mais je suis content de faire un album différent des autres, je suis content de prendre ce risque-là… Je suis aussi vachement excité de devoir assumer ces chansons sur scène et voir sur la longueur comment ça tient… ou pas !” Sur Internet, Philippe Prohom a mis en ligne des vidéos qu’il a filmées tout au long de la réalisation de l’album et où on peut le suivre en studio avec son équipe, de l’enregistrement jusqu’au mixage. Des moments d’introspection où on le 36
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Si je les kiffe et que c'est là-dessus que j'ai envie de remuer mon petit corps…”
pointu sur lequel il faut accepter de perdre du temps. Il faut bosser une semaine sur des samples, arriver à la fin et ne rien avoir. C’est un vrai travail artistique. J’avais eu le temps de le faire sur le premier album parce que ça s’est étalé sur trois ans et j’ai chiadé mes samples petit à petit ; je n’ai pas du tout eu le temps de le faire sur le deuxième, et pour celui-ci, on s’est partagé la tâche avec le clavier… Mais c’est quand même une base rock / pop rock, tirant sur la variété, toujours avec ce mélange de boîte à rythmes et de synthés. De toute façon, j’ai commencé la musique en écoutant du rock, mais en en faisant avec des synthés…” Le principal objectif était de réussir un album qui lui ressemble en évitant de tomber dans la redite, et pour cela, il s’est appuyé sur son expérience passée : “J’ai été vigilant sur les titres, au niveau de la compo ; ne pas m’imposer des trucs à la voix inchantables en concert tous les soirs. Je m’étais fait piéger sur Ca oublie d’aimer ou Prouvez-le moi. Là, les titres ne vont pas chercher dans des tessitures qui ne sont pas les miennes. J’apprends tous les jours…” Il se relève donc de ses deux précédents opus pour avancer dans le sens qui nourrit le mieux son essence d’homme et son âme de musicien. Cet album, ce sont “des allers-retours entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’introspection et la sensation par rapport au monde extérieur”. Prohom vit ses fantasmes en mode charnel.
découvre plutôt déconneur. Sûr que les “vrais” fans ne seront pas si perturbés par ce nouveau disque, ils tireront tout le plaisir de cette découverte des autres facettes de l’artiste. Son public l’a toujours énormément soutenu sur scène, là où justement, les émotions priment. “J’ai la chance de faire des concerts et de marcher suffisamment pour pouvoir en vivre, pour qu’il y ait des labels qui s’intéressent à moi et d’avoir des partenaires comme Myriam (Kanou, sa manageuse, NDR) avec qui je travaille depuis dix ans et des musiciens qui sont contents de jouer cette musique.” Cet amoureux de la composition, qui apprécie de se retrouver dans sa bulle, protégé dans son cocon, est aussi très impatient de retrouver les concerts, jouer les nouveaux et les anciens titres : “On va se les réapproprier avec les musiciens… Je pense qu’il faut que le public oublie ce qu’il a vu avant.” Ce sera encore une nouvelle expérience pour le protagoniste : “Je vais voir ce que c’est de tourner sans avoir à retravailler les programmations entre chaque date, parce qu’il y a un clavier qui nous a rejoints. Avant, je faisais cette partie-là et il y avait énormément de travail. Je vais enfin connaître la tournée en étant seulement chanteur ! Ca va peutêtre me laisser du temps pour d’autres choses…” Musicalement, les chansons déroutent aussi, ouvrant sur une ballade, maintenant la puissance rock traversée d’électro, et s’achevant sur une ritournelle au goût de new wave et de trip hop. “Je compose avec guitare et basse, plus qu’avec sampler et computer, mais ça reviendra… L’électro est vraiment un truc
Pierre Wetzel - Studios Plus XXX, Paris
Béatrice Corceiro “Allers retours” - At(h)ome / Wagram www.prohom.com
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BELGITUDE
les GaUfF’
D.R.
Croisement contre nature entre les Snuls (version belge des Nuls), Noël Godin et les Rolling Stones, dans la famille des “Je déconne, mais je m’amuse”, on trouve en Belgique une curieuse formation originaire de Liège, les Gauff’.
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lus proche des Charlots selon le chanteur-leader, Francis Joskin (“pour l’esprit et le sens de l’humour”) que des Sttellla et autres Frédéric François (!!!), ce quatuor de joyeux hurluberlus véhicule une image iconoclaste au travers d’un univers bariolé et totalement barré à l’image de leur musique : du bon gros rock francophone sans soucis et festif. Pas d’introspection ou de chanson à message chez Les Gauff’, mais le goût de la fête, d’une saine camaraderie et des blagues de potaches (à base de gros nénés). Pour ce groupe de joyeux lurons qui se moquent de leurs compatriotes et de ses petits travers, tout a commencé il y a bien longtemps dans le garage de la famille Joskin (pseudo emprunté à une marque de tracteur ramasseur de bouses !) où le petit Francis et le petit Paulo (qui aujourd’hui va jouer quand il veut à L.A. avec les musiciens de Toto…) s’en donnaient à cœur joie sur leur orgue Bontempi… Après trois albums et une notoriété croissante, ils deviennent les chouchous de leur belle contrée. Mais “pensant avoir fait le tour de la question”, ils décident donc de splitter en 2004. Bien décidé à offrir à ses fidèles fans éplorés un ultime feu d’artifice à base d’hectolitres de bière et d’accords furieux, le groupe offre son Let it be à lui dans une brasserie, à Jupille : “On avait tous les larmes aux yeux, on savait que c’était la fin d’une aventure…” S’en suit le prophétique Un dernier pour la route… L’été 2006 voit la reformation du groupe, la sortie d’un nouvel album live enregistré dans un ancien théâtre rococo de Liège, et surtout un single décapant, se moquant ouvertement des sons NRJ et autres Fun Radio (Tchouning, co-signé par un vrai DJ, donnant lieu à une chorégraphie décapante qui mélange West side story et Car wash dans un numéro à la Village People). Paradoxe monstrueux, ça cartonne en radio. Les voilà donc à nouveau sur scène, refusant même un pont d’or pour jouer à Disney Village ! Les projets ? “On a un concept, un peu inspiré du Beggar’s Banquet, pour un nouveau type de concert carrément interactif avec le public : les gens entreraient dans une salle, on serait déjà en train de jouer, on leur demanderait quels morceaux ils veulent entendre… Instaurer un dialogue direct.” En mai prochain, nos lascars se lancent dans une nouvelle aventure aux côtés de BTV : ils vont descendre couvrir le Festival de Cannes comme chroniqueurs de la chaîne… Les Gauff’ dans l’Enfer Cannois, ça promet bien des réjouissances ! Kevin Collette “Ca sent live” - Universal - www.lesgauff.com 38
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UN K COMME KEBEC
Les Robots de la Rime
Photos : Michel Pinault
Vulgaires Machins
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ne brise glacée flotte sur le rock francophone depuis que Noir Désir s’en est allé, laissant la porte toute grande ouverte. Ce qui manque le plus cruellement au paysage sonore laissé en friche par les Bordelais, ce sont avant tout les constats, la critique froide, la puissante déferlante sonore. Ne cherchez plus, la relève ne viendra pas de l’Hexagone, mais du Québec ! Le nouvel album des Vulgaires Machins constitue le plus beau moment de rock engagé depuis des lustres. C’est déjà un classique québécois. C’est surtout l’œuvre d’un collectif en perpétuelle recherche, remise en question, à l’écoute du monde qui l’entoure, à cent mille lieux de la rock attitude béate. L’album, complété à New York, est pourtant une décharge électrique punk-rock à la saturation la plus limite entendue récemment. Mais jamais avec les Vulgaires Machins, l’agressivité n’est gratuite. La cohérence et la précision des mots de Guillaume Beauregard pour décrire notre monde de 2007 est sans commune mesure. Là où plusieurs verseraient dans le prêchi-prêcha et l’opportunisme de toutes sortes, la plume et les musiques de Vulgaires Machins forment un amalgame personnel et singulier, aux vues remodelées, à la sincérité inspirante. Au nombre des sujets traités sur le nouvel album du groupe, soulignons celui du marché de la drogue. La chanson Légaliser l’héroïne offre plus de réflexion sur cette révoltante saga, que ne l’ont fait la majorité des tribunes d’information depuis le début de l’engagement canadien en sol Afghan : “Y a pas d’meilleur climat pour le crime que l’interdit, que l’ignorance, pas d’meilleur schéma pour la déchéance.” Non seulement les Vulgaires Machins traitent-ils sans relâche, de nos faillites émotives, écologiques et économiques, autant la puissance musicale, la cohésion et la force mélodique de ce disque sans faille, viennent au secours du propos et de l’écoute répétée. Il en émane une chimie presque magique entre la voix féminine de Marie-Ève et celle, masculine, de Guillaume ; les structures, les mélodies, leur consistance et générosité ne sont pas communes. Guillaume : “Nous aimons imaginer que nous ouvrons lentement la voie d’une certaine conscience politique chez un public qui apparemment ne s’intéressait au départ qu’au rock et aux skateboards.” Vulgaires Machins est en voie de devenir un phénomène culturel dépassant la norme habituelle.
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ssus d’une autre planète, Les Robots de la Rime ont atterri au Québec en 2005, dans la région de Saint-Hyacinthe. Vous vous êtes déjà demandé ce qu’un groupe de six automates fraîchement débarqués sur Terre penserait de nous et de notre musique ? C’est la question à laquelle Arimo-Dynamite, Nitro Glisse&Rime, King Koleko, G1/ et leurs acolytes tentent de répondre avec Attends ta balle E.P., créature hybride et fantaisiste, parfois métallique, qui fait un malheur sur les pistes de danse et dans les radios indépendantes montréalaises. Inclassable, le mini-album paru en 2006 emprunte à l’électro-hip-hop, au punk et au disco, avec une dominante rétro-kitsch explosive dont l’énergie est contagieuse.
Pour Les Robots, beats électroniques et machines ne signifient pas forcément froideur et distance. Leur musique est chaleureuse, accompagnée de paroles humoristiques qui s’inspirent de la naïveté de l’enfance et du thème de la découverte du monde. Ils ont pour la première fois été repérés par les humains dans les tavernes et chez le disquaire local : “L’arrière-boutique de Fréquences, le disquaire, est devenue notre quartier général, un lieu de rencontre important. J’y ai découvert des tonnes de vieux vinyles” raconte Arimo. Depuis, ils ont effectué un passage remarqué sur la scène hip-hop des Francofolies de Montréal et ont remporté un prix aux Francouvertes 2006 leur permettant de participer au Festival Musiques Emergentes. “Nous voulons jouer dans les régions du Québec. Il y a un réseau intéressant et une vie à l’extérieur de Montréal !” Actuellement, ils concoctent un premier album complet et nous promettent une nouvelle livraison aussi éclectique, fruit de fouilles archéologiques dans la musique des années 60 à 90 : “C’est moins rappé, plus chanté. Les nouvelles pièces sont basées sur plus de sampling, du vieux funk, du disco et des choses obscures.” On attend avec impatience la reprise en français d’une chanson punk de Minor Threat, une nouvelle compo dub et des pièces où la guitare occupera un rôle plus important. En attendant, on réécoute Sympathie pour les robots et Plastique en surveillant les festivals d’été du Québec.
Bob Liederman “Compter les corps” - MVS / Anticraft www.vulgairesmachins.org
Marie-Hélène Mello “Attends ta balle E.P.” - Indépendant / Local www.myspace.com/lesrobotsdelarime 39
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UN K COMME KEBEC
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ur la même Longueur d’Ondes existe depuis plus de vingt ans. Et ils ne sont pas pléthores, les gratuits qui parlent de la France aux Québécois… et inversement ! Si vous et moi connaissons depuis longtemps le sérieux travail de mise en valeur que fait L.O., il me semble que les acteurs responsables des politiques culturelles, des échanges économiques du disque et du spectacle de nos deux pays, n’ont pas encore vraiment remarqué cette revue ou se foutent en définitive de son existence. J’ai eu le plaisir récemment,
Diable ou au mec qui passe en 4x4 en à l’égard de leurs cultures respectives. parlant dans son portable… J’attends pour ma part L.O. avec impatience, c’est mon Kama Sutra, mon lien C’est que L.O. a déjà sollicité les aides avec la scène française, sachant que je publiques, et a dû faire la démonstration ne suis pas le seul (beaucoup de profesde son utilité, pour finalement se faire sionnels de chaque côté de la grande transbahuter de ministères en sociétés flaque partagent avec moi cette maîtresciviles, de fonds de ceci en cabinets de se passionnée et passionnante). Le precela… En fait, on nous demande à nous, mier à la lire obtient une longueur experts de la chanson et des scènes d’avance sur les autres… vivantes, de devenir les experts des officines et des coulisses. Et ce n’est pas Or, si les collaborateurs de la revue ont notre métier ! Certes, la revue tient la développé cette expertise pointue et route et parvient à boucler son budget recherchée des scènes musicales, cette
L.O. dites-vous ? On s’en fout ! d’en remettre des exemplaires à Luc Plamondon et à François Cousineau, auteur et compositeur de la chanson de la grande Diane Dufresne, qui a donné son nom et sa philosophie au magazine ; j’aurais certainement dû leur faire état du peu de considération que reçoit la revue de la part des bailleurs de fonds tant français que québécois…
sur la base de ses revenus publicitaires, mais n’oublions pas que l’industrie du disque est en crise et le marché de la publicité en transformation majeure. Or, si L.O. prend le parti de traverser l’Atlantique c’est parce qu’il le FAUT et non parce qu’elle en a les moyens. Et ne nous parlez pas du Web, on connaît depuis 1994 !
Après quinze ans d’existence régionale, la formule nationale et gratuite de L.O. s’est mise en place au printemps 1999. Je me rappelle le lancement du premier numéro à Paris, à La Maroquinerie. Je me souviens de mon passage à Bourges en avril 2003 pour le lancement du numéro 20 et son dossier Kébec-Rock. Messieurs Jack Lang et Didier Vuillecot de Cultures France (à l’époque Association Française d’Action Artistique favorisant les actions culturelles françaises à l’étranger) étaient passés à notre cocktail… Encore, lors de mon passage aux BIS de Nantes, en pleine préparation du numéro 34, un second “spécial Québec”, alors que j’arborais le T-shirt Longueur d’Ondes, mes chemins ont croisé Renaud Donnedieu de Vabres, qui me tendit une poignée de main machinale, ainsi qu’Yves Lefebvre de la Délégation générale du Québec à Paris. Au vu de leur tête, j’ai eu ce sentiment persistant : “Mon Dieu, ces gens savent-ils seulement que Longueur d’Ondes existe ?”. Autant m’adresser au
Dès le premier numéro de sa formule gratuite, qui tire, rappelons-le, à 100 000 exemplaires et emploie plus de 30 collaborateurs, journalistes et photographes, L.O. consacrait une colonne Un “K” comme Kébec à Jean Leloup, Oryzhein, Balthazar et Voïvod. Dès son troisième, c’est une page entière qui faisait le point sur la carrière de Mara Tremblay. L’espace que le magazine consacre au Québec n’a jamais cessé de se bonifier. Longueur d’Ondes est l’un des rares relais d’informations musicales qui couvre un tel pan de la francophonie. Et c’est entre 10 et 15 000 exemplaires qui sont destinés aux Québécois à chaque parution ! Au Québec, nous pourrions difficilement mettre sur pied et assurer la survie d’un tel magazine à portée internationale, gratuit de surcroît. Depuis 2003, moment de la mise en circulation de la revue au Québec, on peut affirmer qu’elle est une des sources d’informations gratuites privilégiées par laquelle passe la compréhension mutuelle des Français et des Québécois
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passion, cet engouement, on serait en droit de s’attendre à une semblable passion de la part de ceux dont le métier est de financer et de soutenir la culture, pour peu qu’ils existent… Si les journalistes de L.O. sont capables de se tenir informés, à l’affût des propositions et à la fine pointe de la création tout en touchant des salaires symboliques, on serait en droit de s’attendre à un comportement similaire de la part des acteurs institutionnels ayant pour mandat de faciliter nos échanges culturels et commerciaux, non ? Tous les beaux discours sur la francophonie et la diversité culturelle ont le devoir de se transformer en gestes réels ! Témoin de l’apathie ambiante, L.O. ne compte plus que sur ses propres ressources. A posteriori, le constat que nous faisons de l’attentisme affiché à notre égard s’avère de plus en plus systématique dans nos sociétés : les acteurs culturels et économiques qui disposent des moyens nécessaires pour être proactifs et appuyer les initiatives porteuses, préfèrent détourner le regard et attendre que les pressions de couloirs ne leur indiquent la voie la plus consensuelle. Surtout ne pas se mouiller et ne pas faire de vagues… Il serait temps que ça change, non ? Jean-Robert Bisaillon - Montréal (Fondateur de la Sopref et de Local Distribution)
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THE ARTIFICIAL SEA “City island” (Travelling Music) Amis des anti-étiquettes, cet album est pour vous. Bien sûr le vecteur électronique est l’outil qui a servi à composer cette trame sonore, pourtant il est peut-être plus juste de qualifier son compositeur, Kevin C. Smith, de plasticien et d’impressionniste. Le collage des sons, des rythmes, des ambiances parlent à l’inconscient qui en réponse, renvoie des couleurs grises, des ambiances crépusculaires, des sentiments de malaise et de claustrophobie. Dans ce huis clos ambiant, une voix papillonne, celle d’Alina Simone. Attirée par la lumière extérieure, elle ne cesse de se blesser en l’approchant, mais lutte sans relâche, sans fin. Avec City island, le duo new yorkais offre une possibilité d’expression musicale fascinante dont les écoutes répétées ne viendront pas à bout du mystère. travellingmusic.free.fr Bruno Aubin
BEXAR BEXAR “Tropism” (Own Records / Differ-ant) Comment se passer des mots et parvenir à une œuvre sensible et poétique ? Méthode minimaliste s’il en est, l’homme qui se cache derrière ce pseudo utilise une guitare acoustique et explore les sons qu’il peut en tirer. Il dessine alors des esquisses et traduit ses observations en manipulant les samples, expérimentant des étirements. L’ensemble ainsi créé et assemblé ouvre des perspectives inédites. Son esprit recherche la beauté et l’apaisement. Des échos mouvants ou immergés dans l’espace et la nature entourent imperceptiblement l’auditeur. Au cœur des émotions authentiques, ce disque parvient à une évasion bienfaisante, étonnamment touchante, et procure des découvertes infinies à chaque nouvelle écoute. myspace.com/bexarbexar Béatrice Corceiro
BLONDE REDHEAD “23” (Beggars Banquet) Après le sublime Misery is butterfly, le trio new yorkais faisait l’objet de toutes les attentes. Ce nouvel album confirme la sérénité affirmée précédemment et se montre même encore plus voluptueux… au risque de décevoir ? Le ton est donné dès 23, ambitieux morceau de coton à la mélodie resplendissante. La magie fonctionne immédiatement, il n’y a plus qu’à se laisser porter. Dr Strangelove, The dress, les titres défilent sans vraiment surprendre. Si la sensation est connue, c’est qu’elle a déjà été défrichée sur le précédent opus. Les riffs sont tendus, les déflagrations soniques bien derrière…. Mais la voix de Kazu reste irrésistible (Heroine) et les mélodies sans cesse subjugantes. Pour preuve, les envolées de SM ou encore cet inespéré Spring and by summer fall. Un album magnifique. www.brh.free.fr Patrick Auffret
THE ETERNALS “Heavy inter national” (Aesthetics / La Baleine) Electronica, punk, world, dub, jazz et hip-hop jouent ensemble dans la même boîte. On y ressent des tensions urbaines nées de rythmes et flux désarticulés, mais profondément mouvants. On sombre dans une atmosphère louche, avec des sons un peu crades, des pulsations macabres, des envoûtements hallucinés et abrasifs. La voix fait le lien dans ce mélange épatant. Pour tirer les ficelles, les mots de Damon Locks répercutent des messages peu évidents au premier abord, mais où l’on devine sans mal une peinture sociale et politique vibrante et dégourdie. Encore méconnu en France, ce groupe de Chicago confirme avec son troisième album les rumeurs de groupe inclassable et original. myspace.com/eternalsthe Béatrice Corceiro
FROM AUTUMN TO ASHES “Holding a wolf by the ears” (Vagrant / Hassle) Ces New Yorkais ont connu un succès immédiat avec Too bad you’re beautiful, premier disque paru en 2002. Ils ont très vite rejoint les références en hardcore screamo et metal. Mais ils pouvaient virer aussi à la palette emo, et ce de manière plus prononcée sur les deux albums qui ont suivi. Le quatrième effort confirme aujourd’hui la grosse machine qu’est devenu ce groupe. Le chanteur originel est parti, laissant le batteur assurer désormais toutes les parties vocales. Les nerfs à vif, des morceaux rapides et l’énergie revenue à une violence rugueuse, contrastent encore avec des parties mélodiques et claires souvent trop peu convaincantes. Les chansons les plus nerveuses leur vont nettement mieux. www.fromautumntoashes.com Béatrice Corceiro
FUJIYA & MIYAGI “Transparent things” (Gronland / Differ-ant) Comme son nom ne l’indique pas, ce trio vient de Brighton, UK. Planqué derrière son pseudo nipponisant (Miyagi était le maître d’arts martiaux dans Karaté Kid !), le groupe fausse les pistes d’emblée puisque sa production n’a rien à voir avec un quelconque soleil levant. Son inspiration, il la trouve plutôt du côté du krautrock, de l’électro kraftwerkienne et de la pop discoïde… tendance 80’s, donc. En passant tout ça dans sa moulinette, il obtient une matière sonore plutôt inédite, marquée par une basse pachydermique et des rythmes minimaux ultra efficaces. Les guitares prennent parfois une tournure funky, tandis que la voix reste camouflée, davantage susurrée que chantée. De notre côté de la Manche, c’est à Bed que l’on pense pour la comparaison ; malgré quelques nuances, ces deux formations usent de subtilités proches dans leurs quêtes mélodiques. www.fujiya-miyagi.co.uk Cédric Manusset
MATTHEW HERBER T “Scor e” (!K7 / Pias) Non pas exercice de style, mais bien le style en exercice. Herbert parvient à imposer sa griffe dans l’art de pondre des musiques de film ou de ballet. L’intérêt de Score réside aussi dans la multiplicité des genres abordés, preuve que le producteur a su se fondre dans les toiles. Les films ne sont pas des blockbusters, qu’importe l’ivresse est au bout. De l’intro classique néo-Stravinsky de Funeral au jazz big band de End, les deux pour Vida ty color de Santiago Tabernero, on entame en grande pompe cette compilation. On revisite amusé des airs de swing et de comédie musicale pour Le défi de la réalisatrice française Bianca Li. Rendezvous impose sa folie baroque le temps d’une unique collaboration avec un ballet. Décidément, quand Herbert se décide à composer des bandes originales de films, ça peut difficilement se réduire à un “bof”… www.accidentalrecords.com Vincent Michaud
THE HIGH LLAMAS “Can cladders” (Drag City / Discograph) Nouvelle œuvre pleine de couleurs et de saveurs pour le groupe londonien mené par Sean O’Hagan depuis 1991… Violon et orgue ouvrent le bal où se joignent chœurs féminins et notes glissées sur la harpe. Des interludes instrumentaux furtifs viennent ponctuer l’ensemble. Partout sur le disque, on entend les cordes de guitare acoustique et de harpe rebondir doucement sur un groove chaleureux. Des saccades de Honeytrop, à la séduction nonchalante de Can cladders, aux tendances lounge, on balance d’un pied à l’autre entre bossa, pop, jazz. Le talent de compositeur du bonhomme pour une pop orchestrée et chatoyante reste toujours excitant. Et l’on se prélasse sous le soleil, un cocktail à la main, au bras d’un partenaire à qui l’on fait les yeux doux… www.thehighllamas.com Béatrice Corceiro
P.G. SIX “Slightly sor ry” (Drag City / Discograph) C’est le quatrième album solo pour Pat Gubler, bien entouré de voix féminines et d’acolytes pour jouer quelques instruments. Ensemble, ils visitent un folk acoustique dont les brumes enivrantes renvoient à Fairport Convention et le rythme entraînant au Harvest de Neil Young. Divers claviers utilisés (orgue, mellotron, wurlitzer) ouvrent sur de jolies textures aux compositions parties d’une base country. Alors, les ambiances varient : une légèreté s’exprime parfois, puis des souffles psychédéliques traversent avec des airs mélancoliques et une beauté sombre. L’interprétation touche par sa ferveur. myspace.com/pgsixband Béatrice Corceiro
PRIESTBIRD “In your time” (Kemado Records / Discograph) Un drôle d’album, assez déroutant, émanant des trois musiciens qui avaient formé Tarantula AD. Ils ont trouvé une nouvelle façon d’aborder leur son et ont donc choisi un nouveau nom pour un résultat totalement inclassable. Les trois hommes se laissent aller au gré de leurs envies, avec des morceaux de prog-rock à la Pink Floyd époque Syd Barrett, des virées psychédéliques et heavy à la Led Zep, de troublantes escapades folkisantes, des pièces célestes au piano… Bref, on met les pieds dans un territoire inconnu, où les influences sont puisées autant dans le rock, que dans les folklores du monde ou la musique classique. La profusion d’éléments les conduit à cette façon d’envisager la musique comme un terrain d’exploration totalement libre et, au moins à première vue, dénué de sens. www.priestbird.com Béatrice Corceiro
MICHAEL J SHEEHY “Ghost on the motorw a y ” (Red Eye) Ses idoles : Elvis et Dieu. Les deux sont étrangement mêlés dans ce quatrième album solo de l’Irlandais toujours aussi torturé par ses démons : sexe, drogue et religion. Plutôt désabusé et ironique le bonhomme. Mais pas déprimant. Sheehy, c’est la tentation consommée et coupable, mais pas repentie. Il explore une veine folk sombre et illuminée, parfois traversée d’échos gospels. Ça sent le paradis, l’enfer, les grands espaces et Nick Cave. Sa voix bluesy devient dangereusement sensuelle quand il susurre la chaleur de la nouvelle Orléans. On a l’impression d’avoir affaire à un autre quand ses titres se colorent de country apaisée, presque gaie, ou du lyrisme éthéré d’un violon. L’émotion prend aux tripes et on se laisse envelopper par sa beauté noire. Diabolique. www.myspace.com/michaeljsheehy Aena Léo
PATTI SMITH “Twelve” (Columbia) Par le biais de ces covers, Patti Smith touche des territoires qui lui étaient encore étrangers. Bien sûr, on peut rechigner sur la présence de tubes faciles tel Everybody
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wants to rule the world de Tears for Fears ; roulerait-elle derrière la recherche d’un succès grand public ? Il n’empêche que la dame nous cueille à plusieurs reprises : Are you experienced ? d’Hendrix avec le violoniste Giovani Sollina, l’émouvant Helpless de Neil Young, le rugueux Gimme shelter des Stones, le folk traînant du Within you without you des Beatles, l’africanisant Boy in the bubble de Paul Simon, l’acoustique Smells like teen spirit de Nirvana avec banjo, le jazzy Pastime paradise de Stevie Wonder. Une récréation avec invités de luxe (Flea, Sam Shepard, Tom Verlaine, etc.). www.pattismith.net Bruno Aubin
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E X PLO SI O NS I N TH E SK Y “All of a sudden I miss ever yone” (Bella Union / Temp. Residence) Dans un coin du Texas, le ciel couve des reflets vraiment particuliers. Si l’on observe de plus près, les nuages absorbent les pensées tristes, les étoiles brillent si fort qu’elles renvoient un sentiment de bien-être. Puis, quand le soleil brûle, il décharge toute l’électricité latente. Voilà des trésors de plus en plus oniriques et contemplatifs, comme le suggèrent les titres de ces instrumentaux. Avec des mélodies amples, interprétées aux guitares et au piano, et rythmées dans des nuances calmes et intenses, on mise moins sur les ravages soniques. Un rock instrumental transversal, frappant de part et d’autre par sa puissance et sa délicatesse, tendre rencontre qui donne toute la saveur exaltée à la musique que produisent les quatre Américains. www.explosionsinthesky.com Béatrice Corceiro
FORGET CASSETTES “Salt” (Tangled Up / Discograph) Joli coup réussi par ce trio originaire de Nashville sur son deuxième album. Rock brut et violenté, malmené par des guitares acérées, tourmenté par une rythmique déchaînée. Et le chant de Beth Cameron, dont la voix énervée et sauvage, renvoie au souvenir des premiers PJ Harvey. Voilà une belle mixture, sincère et pleine de fraîcheur, avec des morceaux excellents, frappants par leur vivacité. Ils jouent souvent sur l’opposition de sons secs et rêches avec des parties où la guitare ou la voix s’enflamment. Ralentir, accélérer, crier, chuchoter : des réponses primaires et spontanées aux émotions colériques ou tristes qui submergent les trois acteurs. www.forgetcassettes.com Béatrice Corceiro
MARISSA NADLER “Song 3 : Bir d On The Water” (Peacefrog / Discograph) Elle chante pour la mer, les jeunes filles, les cow-boys propriétaires de ranchs, les cortèges funéraires qui passent dans la rue. L’ambiance féerique et atmosphérique de ses chansons laisse une impression d’intemporalité et de tristesse venant d’un autre monde. Marissa Nadler est comme ça. Elle a grandi dans une petite ville du Massachusetts, où les rudes hivers lui ont donné un goût prononcé pour le côté mélancolique des choses. Acclamée par la presse depuis la sortie de son premier album Ballads of living and dying” et du second The saga of Mayflower May, on avait envie d’entendre la suite. Sa musique oscille entre folk traditionnel et ballade underground. Un univers fait de rêves, de mysticisme, de chansons qui parlent de la mort, des peines, des cœurs brisés. C’est aussi une excellente guitariste qui joue dans la pure tradition blues. marissanadler.com Fred Huiban
NUM9 “The glow-wor m’s r esistance” (Acuarela / Abeille Musique) Coque Yturriaga a vécu une aventure passionnante avec Migala, groupe déterminant dans l’histoire indie-rock et séparé depuis 2005. Le musicien espagnol avait aussi initié en parallèle le projet Emak Bakia, aujourd’hui en suspens. Mais le voilà aujourd’hui pour la première fois, seul homme à bord. Devant son ordinateur, penché sur des claviers, ou suspendu aux cordes de ses guitares, il produit des petits morceaux de pop-électro sensibles et brillants. Les phrases mélodiques s’enlacent sur des boucles rythmiques assez entraînantes. Il chante des textes sur les gens et le monde qui l’entourent, faisant ressortir des sentiments de nostalgie, douleur, peur, espoir. La diversité de points de vue égaye la jolie petite virée que propose cet album. www.num9.es Béatrice Corceiro
THE SUNDAY DRIVERS “Tiny telephone” (Mushroom Pillow / Naïve) Passionnément adeptes de la pop chaleureuse et ensoleillée, les musiciens espagnols ont enregistré ce nouveau disque en Californie. Cette formation rock à guitares et claviers reste fidèle à son amour des 60’s, de la pop et du folk-électrique. La bande propose tout simplement une succession de chansons élégantes, aux rythmes élancés, aux harmonies qui tombent immédiatement dans l’oreille. Cette musique enthousiaste trouvera le bonheur parfait sur les plages cet été. Même si ces morceaux ne feront pas la différence dans le panthéon de la pop, ils ont le mérite d’être suffisamment évocateurs et efficaces pour émoustiller et mettre en joie. www.sundaydrivers.com Béatrice Corceiro
SHANNON WRIGHT “Let in the light” (Vicious Circle / Discograph) Quel est le secret de Shannon Wright pour revenir, album après album, à chaque fois plus charismatique ? Peut-être parce qu’elle n’a pas peur de se livrer toute entière, ni d’empêcher ses sentiments de prendre l’ascendant sur la composition. Pour Let in the light, sans doute son plus bel effort, elle se montre plus apaisée que jamais, lucide dans ses choix et sûre dans sa démarche. La batterie et le piano marquent un pas équestre, les guitares ont conservé leur son dru et racé, et l’ensemble scintille sous une douce et abondante lumière. Et le plus étonnant : la voix de Shannon. En parfait équilibre, définitivement domptée et même parfois méconnaissable par tant de souplesse et de… féminité ! Oui, quelque chose a changé chez Miss Wright, c’est flagrant, et cette nouvelle silhouette lui va comme un gant. www.shannonwright-music.com Cédric Manusset
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Paroles et Musiques
Vidéo-Palabre-Blog-Soundsystem
Du 5 au 12 mai 2007 - St Etienne (42) www.paroles-et-musiques.net
En tournée en avril / mai 2007 www.tntb.net
es “s” ajoutés aux mots “parole” et “musique” n’auront jamais eu autant de sens que pour cette sixième édition ! Des paroles et des musiques de chanteurs, de rappeurs, d’artistes étrangers ou encore de performers électro, viendront allumer un festival éclectique dont la ligne directrice est claire et précise : la qualité des artistes. Féru de textes coups de poing, engagés ou corrosifs, il souhaite faire réfléchir, agir, réagir, se divertir, bref, vivre ! Des noms ? Jacques Higelin, Jeanne Cherhal, Les Ogres de Barback, Mick est tout seul, Romain Didier, Jude, Abd Al Malik, Jehro, Syrano, M.A.P., etc. La grande nouveauté de cette édition 2007, sera l’implantation du Magic Mirrors sur la grande Place Chavanelle et la création, autour d’un village Paroles et Musiques où la convivialité et la réflexion seront de mise : des stands d’information sur le commerce équitable, sur les comportements à risque, une tente marocaine, des jeux pour les enfants, de la cuisine du monde, mais aussi des débats, des rencontres entre les acteurs des musiques actuelles locales et nationales, des lectures… Et toujours “Paroles et Musiques en liberté” : mission citoyenne en direction des détenus de la maison d’arrêt de St Etienne.
l’heure où les marchands de machines informatiques, de logiciels, poussent à une utilisation de plus en plus intense des outils technologiques, à l’heure où les espaces numériques deviennent des “agoras” ouverts sur le monde et à tous, le collectif d’artistes T’es In, T’es Bat interroge : quel web voulons-nous ? L’esprit participatif de ce media n’est-il pas son essence ? Le “Vidéo-Palabre-BlogSoundsystem” propose des performances pour s’approprier les espaces “libres” et redonner des dimensions d’imaginaire à nos villes et cités. A mi-chemin entre le spectacle vivant et l’atelier numérique, il donne la parole et tente une “re-poétisation”. Ses références sont Hakim Bey et les situationnistes, sa volonté : agir sur le regard, le discours de notre époque où les valeurs sont diffuses et la perte de sens, par la complexité, toujours au rendez-vous. Expérience et tentative pour faire rentrer le virtuel dans le réel et vice-versa. Programme : performance de blog en direct, projections, actions plastiques en live et autres mixes dans le cadre d’ateliers (thématique du festival : “Démocratie ? Faites-la vous-même !”), enregistrement de discours politiques décomposés et recomposés, image autour du portrait et de la posture publique, projection de vidéos, intervention de membres du Spoke Orkestra, concert d’OrniKar, Guylaine Renaud femme troubadour, performances plastiques, surprises… T’es In, T’es Bat recherche festivals et autres concerts pour accueillir sa démarche. A bon entendeur…
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oup de projecteur sur les talents émergents ! Souvenez-vous… Puppetmastaz, Idem, Kwal, Vendas Novas, Gong Gong, La Phaze, Smooth, Sergent Pepère, Sexypop, Sleeppers, Svinkels, Bell Œil, Tinariwen, Cheese, Henri Léon et les Autres, Nouvel R… Plus de 300 groupes se sont ainsi succédé, laissant leurs signatures musicales sur tous les murs de la cité Angevine depuis 1998… Toujours en quête d’éclectisme et de métissage, le festival Tour de Scènes propose un univers situé au carrefour des genres, où se côtoient aussi bien électro, hip hop, dub que rock et musiques acoustiques. Dénicheurs de talents locaux et régionaux, le festival offre l’occasion aux groupes sélectionnés de se dévoiler dans des conditions scéniques professionnelles. Entièrement gratuit, situé au cœur de la ville, il rassemble chaque année plus de 30 000 festivaliers. Un véritable cocktail musical est ainsi programmé (45 groupes) sur les trois scènes principales et dans une quinzaine de cafés-concerts. Prog : Zenzile (dub), Raoul Petite (rock fusion), Puzzle (rap), La Fanfare du Belgistan (tzigane brass band), Fanga (afrobeat), Miss Goulash (punk rock des Balkans), Sweetback (drum’n’bass’n’sax), Zmiya (électro world), Khams (électro fusion), Guns of Brixton (dub), Bionic Breath Maker (création beat box), El Barön Brissetti (électro), Errnest (rock’n’bootleg), Trafmen (pop rock), Bullitt (dub rock), One Minute Bus (électro hip hop), etc.
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e festival se déroulera en plein air, au lieu-dit “Le Peuble”, à Brétignolles-sur-Mer. L’idée est de proposer un événement culturel en dehors de la saison estivale déjà bien animée. A sa création, il a semblé naturel de donner à ce festival un nom qui rappelle l’océan tout proche, tant convoité par les surfeurs et plagistes. La 7ème Vague rend donc hommage à l’identité de Brétignolles tout en illustrant l’ampleur de l’événement. En effet, le phénomène des vagues obéirait à un cycle de sept dont la dernière est la plus puissante. Après avoir accueilli plus de 14 000 festivaliers en 2006, le festival reste fidèle à une programmation éclectique, où se côtoient des artistes d’univers musicaux différents (mêlant chanson, dub, world music ou encore reggae), de plus ou moins grande renommée, mais toujours de qualité. Soucieuse de préserver l’esprit de convivialité La 7ème Vague se donne les moyens d’accueillir convenablement les festivaliers, en limitant le site à 10 000 personnes. La prog ? Kiemsa, Marcel & son Orchestre, The Congos, Rachid Taha, Nosfell, Johnny Clegg, The Gladiators, Improvisators Dub, Mass Hysteria. En outre, le festival off (qui aura lieu dans les rues et bars de Brétignolles) est prévu le samedi en journée, permettant ainsi la rencontre entre des artistes locaux et le public du festival déjà sur place.
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www.tourdescenes.com Du 17 au 19 mai 2007 - Angers (49)
www.7vague.com Les 18 et 19 mai 2007 - Brétignolles sur Mer (85)
Tour de Scènes
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La Tour prend l’Air
Musiques à Piles
Les 1er et 2 juin 2007 www.festltpa.com
Du 1er au 3 juin 2007 - St Denis de Pile (33) www.musiquesapile.fr
rée en 1999 par un collectif de jeunes musiciens décidés à dynamiser leur ville au travers d’une manifestation culturelle annuelle, cet évènement porte sur le devant de la scène le partage, la tolérance et l’engagement citoyen. La huitième édition du festival de St Quentin propose cette année 19 formations professionnelles sur deux scènes en plein air. Son slogan : “La générosité d’un festival de province en région parisienne”. Portée par le dynamisme de la population (plus de 180 bénévoles), ce festival musical organisé par l’association Kontshasso est soutenu par la ville de Voisins-le-Bretonneux et la communauté d’agglomération. Quelques 4 000 personnes sont attendues pour ce week-end festif. Au programme : 20 heures d’intense brassage musical et la présence de Guem, Aïwa, Burning Heads, Sayag Jazz Machine, Klub des 7, Tambours du Bronx, X-Makeena, Percubaba, DJ Cam, Les Blérots de Ravel, Kiemsa, Mon Côté Punk, Sidilarsen, Punish Yourself, etc. Le festival propose également un village associatif au sein duquel les intervenants nationaux présenteront leurs activités et missions. L’association Fo Ksa Bouge viendra animer les lieux par ses déambulations de percussions africaines, art de rue ( jonglerie, échassiers, cracheurs de feu…). De même que la présence d’une tente médiévale et son espace du Maghreb… mettront de l’ambiance sur le site du festival.
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our sa dixième édition, la pile spatio-musicale MKP revient en orbite au-dessus de la Gironde et ce pour trois nuits festives au Château Bômale, à St Denis de Pile, à 10 minutes de Libourne. Nouveau départ pour les étoiles de la scène musicale française, avec notamment en passerelle d’embarquement : La Fanfare Contreband, La Machine à Pains, Eiffel, Rageous Gratoons, Percubaba, Metisolea, Les Voisins d’en Face, Edgar, Mr Martino, Sans Additif, François HadjiLazaro, Babx, Kaolin, Hot Stuff, Steve Waring, Malod’j… Entre les concerts sous les deux chapiteaux, projections de photos, souvenirs des éditions passées par Christophe Boudault et Michel Joubert. Vous rajoutez une petite bulle d’animation avec des courts-métrages sélectionnés avec soin ; “Bob” de Jean-Pierre Poirel, “Tout et rien” de Flavie Darchen… ou un karaoké pour les enfants d’Arthur de Pins, et vous avez votre ticket pour trois jours de fêtes populaires où se côtoient tous les publics dans un esprit de convivialité. Les bords de l’Isle vous invitent à la détente, à la rêverie, aux rencontres, de quoi entamer la saison estivale en grande forme ! Un festival en milieu rural qui s’inscrit dans une exception culturelle et qui s’engage aux cotés des artistes, techniciens, professionnels de la culture, qu’il convient de préserver et de défendre contre les menaces qui pèsent toujours sur le spectacle vivant.
out commence en juin 1998. L’association Atout Monde investit les rues de Saint- Chamond pour y planter le décor d’un nouvel événement : le festival La Rue des Artistes. Faire descendre les arts dans la rue, tel est le credo de l’asso. Les premières éditions mettent l’accent sur les arts plastiques. Par la suite, la musique et les spectacles de rue prennent une place plus importante et ces trois médiums d’expression artistique s’équilibrent pour donner vie au festival tel qu’il est aujourd’hui. Le but fixé ? Proposer de nouveaux spectacles originaux et répondre aux attentes du public. Et ça marche ! Les visiteurs, plus nombreux chaque année, se déplacent pour partager cet événement. En sortant l’art de son contexte, le festival réussit le pari de le rendre accessible au plus grand nombre. Renouer avec ses origines, c’est l’axe que la dixième édition : trois jours de spectacles de rue avec des compagnies venues de Bruxelles, de Suisse mais aussi des quatre coins de la France, des pauses musicales aux accents orientaux, occidentaux arrangés à la sauce électronique diffuseront leurs messages dans un lieu repeuplé par une étrange tribu de bonshommes gigantesques. Avec : R_Mo (rock folk), La Scaña del Domingo (rock cuivré / ska fanfare), Äl Jawala (balkanbigbeatz), TD+ (électro dub), La Bestiole (chanson rock), Toumast (blues funk touareg), Toure Kunda (world) Jusqualalie (chanson infernale), Lo’Jo (world), etc. Attendez-vous à être éblouis…
our sa onzième édition, le festival abolit joyeusement les frontières artistiques. Dublin, Montréal, Paris, Memphis… Musique acadienne, blues, country, folk, rock et chanson francophone… Autant d’univers artistiques à visiter, avec l’envie de se rencontrer, de s’écouter et de partager. Nos cousins de Nouvelle-France, avec Mes Aïeux (folk moderne) et Suroît (celtique rock acadien), seront plus que jamais du voyage pour réveiller les cœurs et les corps lors de leurs prestations explosives. Le maître Keith B. Brown (blues du Delta) déploiera toute la magie de sa voix chaude du Sud et de sa guitare, avant de laisser la place à Sandi Thom qui distillera son folk emprunt de soul et de pop anglaise : la belle Ecossaise a rassemblé 100 000 spectateurs en trois semaines, grâce aux vingt-et-un concerts qu’elle a filmés depuis sa propre chambre via le Net. Un buzz incroyable, relayé par “Taratata” dès l’automne dernier ! Le lendemain, Angie Palmer et Blues Power Band apporteront la preuve éclatante que la country et le blues restent des musiques vivantes, vibrantes, innovantes. Sur la Route de Tullins, c’est aussi un cercle d’auteurs-compositeurs-interprètes (pour un parterre de programmateurs pro), des rencontres et débats sur l’actualité de l’industrie du disque, un tremplin découverte, une journée dédiée au jeune public et un festival off. Rendez-vous, pendant une semaine, au cœur des noyers de l’Isère pour un formidable carrefour des cultures.
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www.atoutmonde.com Du 15 au 17 juin 2007 - St Chamond (42)
www.surlaroutedetullins.com Du 26 au 30 juin 2007 - Tullins (38)
La Rue des Artistes
Sur la Route de Tullins
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FESTIVALS
Le Bruit de Melun
Free Music
Les 30 juin et 1er juillet - Melun (77) www.lebruitdemelun.com
Les 6 et 7 juillet 2007 - Montendre (17) www.freemusic-festival.com
lus qu’un festival, c’est un art de vivre musical où des centaines d’artistes confirmés, reconnus ou en pleine ascension aiment se retrouver depuis vingt ans déjà, car l’ambiance y est magique ! Tout a commencé sur le parking de la Mairie et aujourd’hui, plus de 5 000 personnes se retrouvent sous divers chapiteaux installés au stade Paul Fischer. Chaque année l’équipe du festival travaille avec le même enthousiasme ; c’est aussi pour elle un moment de fête et d’échange artistique. Mais c’est aussi un point de rencontre pour les artistes car leurs loges sont aménagées de manière a ce qu’ils puissent s’y retrouver : pétanque, ping-pong, baby foot… bref, un vrai week-end de fête, amical et musical. Organisé par la communauté d’agglomération de Melun-Val-de-Seine, il accueillera cette année : Dondog (rock intelligent et stylé) ; Ed-Äke (la nouvelle sensation rock’n’roll française) ; Raskar Kapak (avec ses chansons grinçantes) ; Elista (le renouveau du rock français) ; Sanseverino (aux textes humoristiques délivrés sur fond de jazz) ; Grand Corps Malade (et sa poésie urbaine) ; Dajzoelski (rap positif et cuivré) ; Elejia (énergie rock mariée à la douceur mélodique) ; Myassa (dont la fougue s’exprime sur scène) ; Aaron (électro pop-rock à fleur de peau) ; Kaolin (apaisés mais toujours incisifs) ; Abd Al Malik (et son rap “militant” et réfléchi) ; Matmatah (une dynamo rock qui se recharge à chaque concert)…
our sa septième édition, le Free Music propose une affiche toujours aussi éclectique qu’explosive. Ouverture de la programmation vers l’international avec une énorme affiche électro et rock cette année : “rinôçérôse”, The Rapture, Manu le Malin, Interlope mais aussi du soleil avec le reggae dignement représenté par les légendaires Steel Pulse et les fabuleuses Dobacaracol. Deux scènes ou se côtoieront également des valeurs sûres comme Les Ogres de Barback, Percubaba et un très beau line-up DJ, pour preuve : Bobmo (Institubes), Leeroy Washington (Let Me Bang) ainsi que de belles surprises à venir. L’objectif : brasser les genres et les publics. Le festival accueillera une nouvelle fois des associations militantes (Greenpeace, No Pasaran…) et continuera d’améliorer l’accueil des festivaliers dans le site avec camping, restauration variée… Soit, deux jours de fêtes dans un cadre estival entre vacances et musique au Lac de Montendre ! Vendredi 6 juillet : Steel Pulse, Manu Le Malin, DobaCaracol, Interlope, Percubaba, La MJC Clandestine, Domb, Leeroy Washington. Samedi 7 juillet : The Rapture, Bobmo, “rinôçérôse”, Karlit & Kabok, Les Ogres De Barback… Programmation complète à venir sur le site www.freemusic-festival.com
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ontréalais et touristes envahissent chaque année le site des Francofolies, charmés par l’air empli des plus beaux airs de la francophonie, sous tous ses accents, grâce à la magie d’un millier d’artistes, de musiciens, de vedettes de la chanson et de figures montantes venues d’une douzaine de pays. La grande métropole francophone d’Amérique se fait belle pour l’occasion, fermant pendant onze jours une partie de son centre-ville à toute circulation automobile… L’édition 2007 sera à l‘image d’une musique francophone pétante de santé ! Avec sa cinquantaine de spectacles présentés en salle et ses quelque 150 concerts extérieurs gratuits, la 19ème édition affiche non seulement une programmation d’une qualité et d’une diversité réjouissantes, mais s’avère également tout à fait de son âge : curieuse de tout, ouverte sur le monde, passionnée, voire un peu folle, candide ou au contraire d’une maturité confondante, tour à tour audacieuse ou étonnamment respectueuse des traditions, parfois insolente, mais toujours attachante et vivifiante. Bref, la jeunesse dans toute son expression ! Plusieurs grands noms viendront mettre leur grain de folie dans cette grande fête rassembleuse. On attend avec impatience Pierre Lapointe, Anis, Barbara Carlotti, Grand Corps Malade, Kassav’, Malajube, Mísia, Stéphanie Lapointe et Vincent Vallières, pour n’en nommer que quelques-uns. Cet été, c’est à Montréal que l’on pourra vivre sa folie !
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asée à Vienne, dans l’Isère, l’association La Locomysic œuvre depuis dix ans pour le développement des Musiques Actuelles et des Cultures urbaines en région Rhône-Alpes, à travers diverses actions : organisation d’événements, accompagnement artistique, mise à disposition de locaux de répétitions, etc. A la rentrée 2005, La Locomysic a ouvert Le Laboratoire, un Pôle Musiques Actuelles, lieu de travail et de rencontres pour tous les musiciens et artistes du secteur. Il propose des nouveaux locaux de répétition équipés, un studio d’enregistrement, un pôle M.A.O. et un accompagnement sur certaines formations. La partie “k-fé culturel et associatif ” du Laboratoire, lieu convivial de 80 places, propose aux adhérents différentes soirées : des showcases promo, une scène slam mensuelle, du jazz, des blind-tests, des projections vidéos, des soirées carte blanche aux artistes locaux, etc. Mais La Locomysic est aussi organisatrice du Festival Les Authentiks, qui se déroule mi-juillet dans le cadre prestigieux du Théâtre Antique de Vienne. La programmation est axée sur la scène française, savant mélange entre têtes d’affiche et découvertes régionales. Cette année, la sixième édition se déroulera les 24 et 25 juillet avec notamment Groundation, Mick est tout seul, Java, Aaron, Gnawa Diffusion, Kaolin et NSK.
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www.locomysic.com Les 24 et 25 juillet 2007 - Vienne (38)
www.francofolies.com Du 26 juillet au 5 août juin 2007 - Montréal (Québec)
Les Authentiks
Les Francofolies de Montréal
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FESTIVALS Dans la Série des Inaperçus DU 6 AU 9 FÉVRIER 2007 - GLAZ’ART, PARIS 19
ÈME
AD, RG & ES
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Gecko Palace
Bijou
Charles de Goal
La petite salle, aux murs extérieurs peints en rose vif, a ouvert ses portes au festival de “la nouvelle scène indépendante”. C’est la onzième édition cette année, et la démarche est toujours la même : révéler les talents de demain au travers de groupes encore méconnus et souvent autoproduits. Si Charles de Goal et Bijou font figure de vétérans (leur programmation marque un retour à la scène et de nouveaux projets), ils y côtoient “les petits jeunes” que sont Nelson, Huck et Lazhar. Sont présents aussi les très 80’s Frustration. Une soirée CQFD met en scène Cocoon (lauréat 2007), Diving with Andy (compilation 2006) et Stuck in the Sound, qui a fait un bon bout de chemin depuis 2005. Si le rock est très présent, la chanson n’est pas oubliée : on a pu écouter Mell et son trompettiste, découvrir l’humour cynique de Boule et Caillou, vibrer sur les musiques stylées de Gecko Palace… www.les-inapercus.com Elsa Songis
ECMA 2007 DU 15 AU 18 FÉVRIER 2007 - HALIFAX (NOUVELLE-ECOSSE, CANADA) Grant W. Martin Photography
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Présentation des Owards
Devorceed
Blou
Tout à la fois festival, conférence et Prix de la musique de la côte Est (East Coast Music Awards - ECMA), cet événement trouve son point culminant au spectacle de remise des prix ECMA, sorte de Victoires de la Musique du Canada atlantique. Quatre jours de musique avec 200 vitrines, 2 000 participants et un spectacle télédiffusé et radiodiffusé auprès d’un million d’amateurs, devenu un événement annuel de 2,5 millions de dollars. Halifax vibre au rythme d’une tapisserie musicale sans pareille et des spectacles ont lieu un peu partout. Les salles et boîtes de nuit de la ville deviennent des scènes où l’on peut entendre des talents très variés (du roots-trad-celtique au rock-pop-indie, en passant par le style urbain et la musique francophone). Sans oublier les ateliers de perfectionnement et les rencontres individuelles ! Le but de l’ECMA est d’aider les artistes à réussir sur les autres marchés musicaux canadiens et internationaux. A noter que Blou a remporté le Prix de la Francofonie. www.ecma.ca Serge Beyer
Voix de Fête DU 14 AU 25 MARS 2007 - GENÈVE (SUISSE)
Serge Beyer
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Alan Côté
Roland Le Blevennec
Le Casino Théâtre
Genève était habitée une fois de plus par une frénésie de curiosité durant les douze jours de chasse au trésor musical de ce festival créé par Roland Le Blévennec, (notre photo dans les loges mythiques du Chat Noir). Plus de 60 artistes ont animé le Chat Noir donc, mais aussi le Kiosque à Musique des Bastions, le Casino Théâtre et la salle du Château Rouge d’Annemasse. La musique, l’humour, la poésie, mais aussi la réflexion étaient au rendez-vous dans une ambiance détendue, conviviale et chaleureuse. Un vrai havre de bonheur où l’on a pu applaudir, entre autres : DobaCaracol, Anis, Gilles Vigneault, K, Sarclo, Saule & les Pleureurs, Abd Al Malik, Mademoiselle K, Loïc Lantoine, Nadj, Claire Diterzi, Lili, Valérie Leulliot, Vincent Delerm, Damien Robitaille, La Crevette d’Acier, Coup d’Marron et le Chant’Appart du Gaspésien Alan Côté, venu en famille. Serge Beyer
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FESTIVALS La Bourse RIDEAU 2007
Michel Pinault
DU 11 AU 15 FÉVRIER 2007 - QUÉBEC (QUÉBEC, CANADA)
3 Gars su’l Sofa
La place du marché
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Depuis 28 ans, le Réseau Indépendant des Diffuseurs d’Evénements Artistiques Unis (RIDEAU) contribue à l’essor et au rayonnement des arts de la scène. Ses 139 membres diffuseurs au Québec (et hors Québec) ont un rendez-vous annuel depuis vingt ans : la Bourse Rideau. Elle permet à des artistes de talent d’aller à la rencontre du public, aux producteurs et agents de spectacles de découvrir des artistes d’envergure, aux diffuseurs nationaux et internationaux de porter leurs œuvres vers le public. Au programme : des vitrines éclectiques, une dynamique “place du marché” (photo), lieu incontournable des RDV professionnels, et des déjeuners-formations. C’est donc à la fois un festival, un congrès et un colloque. Cette année, les prix ont été attribués, entre autres, à : Misteur Valaire, Anacrouse, Yves Lambert et le Bébert Orchestra, Thomas Carbou, François D’Amours, Moran, DEE, au Village en Chanson de Petite-Va l l é e et au groupe 3 Gars su’l Sofa (nos favoris avec les Vulgaires Machins et le Suisse K). Ce sympathique rassemblement pro où le public est aussi invité pourrait faire des émules en France, ça nous ferait le plus grand bien ! www.rideau-inc.qc.ca Serge Beyer
Le Grand 8
Serge Beyer
DU 9 AU 14 MARS 2007 - ANNEMASSE (74)
Sylvain Deschamps
Philippe Albaret
Le concept est simple : quatre jeunes pousses de la chanson québécoise et quatre françaises sont en résidence une semaine, entourées de professionnels, pour mettre sur pied un spectacle de présentation et une tournée sur les deux continents. Confrontation des cultures, ouverture à l’autre, un vrai remue-méninges ! Cette année, après le Festival en Chanson de Petite Valée et Coup de Cœur Francophone au Québec, c’est à Annemasse, au Château Rouge, que Philippe Albaret, le grand manitou du Coach, met en scène Sylvain Deschamps, Josianne Paradis, Chloé Lacasse et Audrey-Michèle Simard pour le Québec et Noah Lagoutte, Nicolas Michel, Fabrice Bouillon Laforest et Blandine Robin, pour le côté français. Totalement différent du show présenté au Québec, le spectacle français fait se côtoyer intimisme et chaleur collective, mais c’est un défilé de fleurs d’émotions qui happe le public avec bonheur. Et pour les artistes, c’est confirmé, il y a un avant et un après Albaret ! Serge Beyer
Les Nuits Acadiennes DU 20 AU 22 MARS 2007 - LA MAROQUINERIE, PARIS 20
Robert Gil
ÈME
Jacobus et Maleco
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JP Leblanc
Ca commence toujours du côté du bar, où un groupe invité réchauffe les oreilles des premiers spectateurs. Cette sixième édition a une nouvelle fois illustré pendant trois nuits, la diversité musicale de l’Acadie, ce coin mythique et rêvé du Canada francophone. Difficile d’imaginer une programmation plus éclectique. L’occasion de découvrir le répertoire traditionnel acadien revisité par Roland Gauvin et Vishten. JP Leblanc, lui, a bluffé le public avec son blues habité et authentique, malgré des textes moins convaincants. Autre découverte : Ryan Leblanc, frappant et pinçant sa guitare tout en jouant (oui, en même temps !) harmonica, percu, voire banjo. Rien à voir avec le rap inspiré de Jacobus et Maleco, qui a réussi à faire danser une salle jusque-là un peu timide. Ou encore, avec la chanson lounge de pAn, aussi convaincant en duo acoustique guitarebasse qu’accompagné de sons électros hybrides. Passionnant. Aena Léo
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KEREN ANN
“Kara deniz”
LAURENT AVENEL
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(Fairplay / L’Autre Distribution)
“Non… mais oui”
“On ne distinguait plus les têtes”
(Dazibao)
“Le ciel est dessus de moi, le sol en dessous de mes pas, ce que je désire, l’horizon tout droit.” Le morceau s’appelle Désert. C’est folk, impressionniste. Et on s’en laisse enrubanner pour mieux se dévêtir par la suite. Avenel vient de loin. Issu de la scène rock française, sa route a croisé celles des Dogs, Noir Désir, Les Négresses Vertes, Calvin Russel. Alors il n’y va pas par quatre chemins. Tapis rouge. Tout est là. Le désert traversé le revoilà ! Portant son regard sur le monde, les autres et lui-même, il livre un bel album qui sait varier les plaisirs. On passe sans ambages d’un folk-funk joueur (Miss Hope and Mister Love) à un rock plus grave (Musc) et des ballades (Ca rime à rien). A trop squatter les bons sentiments, on frôle parfois un certain Patrick B., mais ça va, on effectue un bon voyage, bercé, nez au vent, par une gratte, des textes et une voix qui nous parlent, pas tous à la fois. Agréable. Sylvain Fesson
“Keren Ann” (Capitol / EMI)
BRUITAGE
L’ATTIRAIL
Depuis déjà quelques albums, la Lady Keren Ann lorgne vers un folk moderne et urbain. Son chant murmuré se fond dans un trip aventureux et mélodique qui fait plus penser au Velvet Underground qu’à Henri Salvador. Les neufs titres de ce disque qui porte son nom (désolé, je déteste l’adjectif “éponyme”… ah zut, je l’ai dit !) sont des terres de contrastes, ouverte sur le rock avec des trouvailles sonores ingénieuses. Ce nouveau disque a un son plus mûr et “plus terre à terre” , explique la chanteuse qui a voulu “ouvrir les fenêtres pour laisser passer la lumière”. Le songwritting est instinctif, mais la production et l’environnement sonore est plus poussé, comme sur ce It ain’t no crime, dont l’ambiance cabaret poisseux et la batterie “militaire” tranche singulièrement avec les habituelles ambiance “angéliques”. Toujours mélancolique, ce disque s’écoutera plus facilement le soir, si possible avec un petit valium. www.kerenann.com
Pas de révolution, mais grosse évolution tout de même pour ce troisième opus du duo Sylvain Chauveau / Joan Cambon : le chant fait son apparition. Si les deux premiers disques instrumentaux avaient posé les bases, la voix a désormais mots à dire. Sylvain Chauveau, poursuit ainsi sur la lancée de Down to the bone avec Ensemble Nocturne, album composé de reprises en version acoustique des morceaux de Depeche Mode. Le cheminement musical d’Arca reste le même qu’auparavant : des volutes électro acoustiques, bordées de nappes atmosphériques légères qui savent se préserver des envolées liturgiques trop souvent rencontrées dans le post rock. Arca suit ainsi sa nouvelle voie ou plutôt sa voix avec toute la légèreté qui sied. De quoi faire son petit bonhomme de chemin dans nos cervelles séduites. arcamusic.free.fr
La première fois, on est un peu désorienté. Contrairement à La bonne aventure qui comportait du chant, cet album-là (le sixième) est entièrement instrumental. A la ré-écoute, on perçoit des sons : ici du verre, la mer, là des cigales, la pluie, le moteur d’un bateau… On lit les titres à l’intérieur de la jaquette : chacun est accompagné d’un petit texte humoristique, façon tableau surréaliste. On apprend que Kara deniz signifie Mer Noire, en langue turque. Ces quelques pistes nous éclairent : on plonge alors tête la première dans ce grand bain ethnique, joyeux et folklorique. On s’approprie peu à peu les 17 titres, l’écoute se fait de plus en plus fine. Le quintette de Xavier Demerliac a encore frappé : il bouscule nos repères, fait chavirer nos a priori, nous embarque encore un peu plus loin vers l’Est. On s’invente des pays improbables, chamarrés, surannés, où l’on aime voyager, danser, se perdre. chantiers.sonores.free.fr
Eric Nahon
Vincent Michaud
Elsa Songis
(Ici d’Ailleurs)
PIERRE BAROUH
ALAIN BONNEFONT
BRATSCH
LOS CALAVERAS
“Daltonien”
“Mirabelle au réveillon”
“Plein du monde”
“Behind the door”
(Saravah)
(Autoproduit)
(EMI)
(Coming Soon / Prod. Spéciales)
Dix ans après Itchi go, itchi é (Une rencontre, une occasion), le fondateur du mythique label Saravah sort un nouvel album personnel. Il est décidément bien fidèle en amitié : l'album s'ouvre par la sublime mélodie de Dominique Cravic. Une reprise de Caussimon s'imposait : elle y est avec Les indifférentes. Naturellement, on trouve aussi une adaptation (très réussie) d'un standard brésilien Corcovado de Jobim. On croise aussi des noms familiers : Eric Guilleton, Jean-Pierre Mas, Maïa Barouh, sa fille très prometteuse. S'il fallait retenir deux titres, on opterait pour le magnifique duo Mémoire avec Claire Elzière (une interprète qui redonne ses lettres de noblesse à cet art, cf. sa remarquable revisite du répertoire de Louki) et le très émouvant autoportrait rétrospectif de ce septuagénaire si jeune… Pierrot. Enfin, il nous avertit : "Internet, c'est bien, mais si www.saravah.fr
Au début des années 90, tombait dans l’escarcelle de votre serviteur, un peu par hasard, Amaretto, premier opus d’Alain Bonnefont, premières chansons délicieuses de ce proche de Murat. Depuis cette époque, peu ou pas de nouvelles, si ce n’est aux crédits des albums de l’Auvergnat, co-signant ça et là quelques titres : Le charme, Les hérons, Le fier amant de la terre… Musicien accompli, il participa à la tournée Mustango et au projet loufoque Rancheros. C’est avec beaucoup de plaisir que l’on découvre aujourd’hui ses nouvelles et belles propositions, poétiques et mélancoliques. Puissamment mélodique, l’album possède en son sein des ritournelles ensorcelantes telles Limousine, Tout m’attire en vous, Liseron… Le chant, feutré, impose très vite son empreinte et charme. Le talentueux Denis Clavaizolles a mis son savoir-faire au service de ces chansons, les enrobant de claviers aériens. On en redemande… www.myspace.com/alainbonnefont
25 ans de musique ça se fête ! Au cours de leur carrière aussi belle qu’atypique, les musiciens yiddishotsigano-macédonio-métèquo-world-manouche de Bratsch ont eu le temps de croiser pas mal de monde tout autour du globe. C’est donc le plus naturellement du monde que Dan Gharibian et sa bande ont invité Khaled, Olivia Ruiz, Lhasa, Debout sur le Zinc, Néry ou Charles Aznavour pour pousser la chansonnette ou gratter quelques cordes sur leurs plus grands succès. La femme chocolat entonne ainsi une Almée phénomène qui lui va comme un gant, Debout sur le Zinc s’attaque au Mangeur de Lune. Entre une petite visite de Sanseverino ou Balbino Medellin, on revisite le quart de siècle que Bratsch a passé en tsiganie à mélanger les cultures dans le seul but de faire la fête et réchauffer les cœurs. Ah oui, juste un truc : Bratsch est l’un des meilleurs groupes de scène jamais vu tous genres confondus. Ne les loupez pas ! www.bratsch.com
Les héros sont connus et évidents, Iggy Pop semble être l’influence majeure. A grand coup de riffs de guitare, ce quatuor parisien, énervé mais pas trop, balance juste ce qu’il faut de rock’n’roll pour être audible et crédible. Il y a une belle ballade (Never enough) et ça groove même pas mal psyché parfois (Weird attraction). C’est surtout à travers la voix dandy (et les chansons toujours en anglais) de John Jacquin que le quatuor affirme ses penchants rock’n’roll à défaut d’une véritable originalité. Ils peuvent néanmoins sans vergogne prétendre assumer un héritage outrageusement sixties et jouer d’une manière très classique (un chanteur, un guitariste, un bassiste et un batteur) en reprenant les clichés du genre (Teenage rock girl, Cocaine addict). Pour peu que les concerts assurent, Los Calaveras trouvera naturellement sa place parmi la kyrielle de groupes à qui The Strokes à redonné espoir… www.myspace.com/loscalaveras
Jacques Kasbi
Alain Birmann
Eric Nahon
Patrick Auffret
l'on doit choisir je préfère une terre nette."
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JEAN-PATRICK CAPDEVIELLE
CELINE CAUSSIMON
LE COMTE DE FOURQUES
“Hérétique 13”
“Le moral des ménages”
“Sans me forcer”
LA CREVETTE D’ACIER
(Autoproduit)
(Chant du Monde / Harmonia Mundi)
(V2)
“A par t ç a t o u t v a b i e n ”
L’occasion nous est donnée d’apprécier le retour inespéré de “l’icône” du rock français des années 80, après un silence discographique et médiatique d’une bonne quinzaine d’années. Savourons le donc comme il convient, tant il est jubilatoire de retrouver cet artiste au meilleur de sa forme avec un album dans une veine proche de celle de ses premiers enregistrements, Les enfants des ténèbres et les anges de la rue en tête. Résolument rocks, ses nouveaux titres font oublier les dérives synthétiques de ses albums du mitan des années “frics” . Seul Vertigo, son dernier opus, au blues de belle facture, injustement demeuré confidentiel est à sauver du pilon. Que du bon sur cet Hérétique 13, des textes qui dénoncent, des musiques qui donnent le tournis. Miss démocratie, tube évident, est promis à un bel avenir si les programmateurs se donnent la peine de prêter une oreille attentive à cet album intemporel. www.jpcapdevielle.com
Après Folies ordinaires (1999) et Je marche au bord (2003), cette artiste de théâtre, de cinéma et de télévision (auteur et comédienne), revient à la chanson avec un nouveau thème de prédilection : Le moral des ménages. Céline Caussimon (fille de JeanRoger) écrit des textes drôles, joue sur le sens et les sonorités des mots. Elle puise ses sources dans le quotidien, le monde moderne et leurs absurdités. Jean-Luc Priano, aux guitares, au banjo et aux percussions, crée des arrangements musicaux tournés vers l’Afrique. On entre de plain-pied dans la réalité avec J’ai gagné quoi ?, J’fais l’amour bio, Cerveaux dispos ou Micro-ondes. Vent du soir est une adaptation de la chanson kabyle d’Idir ; La corde, au ton plus dramatique, évoque ses vils usages. Les 14 titres, servis par d’excellents musiciens (accordéon, contrebasse, clarinette, flûte traversière), s’écoutent avec plaisir et délectation. celine.caussimon.free.fr
Derrière le pseudo emprunté à un village proche de Perpignan, ce comte s’amuse à dérouter son monde avec ses petites histoires tirées du quotidien ou de faits de sociétés. L’écriture méticuleuse n’est pas vraiment “chanson”. L’ironie et le trait cinglant sont plus important que la rime dans ce monde original où l’on parle de pluies acides, de sentiments honteux ou de petits moments de bonheurs rigolos. Côté musique, le Comte a un son “live” qui sonne chaleureusement et donne de la chair à ses textes. Ni rock, ni chanson, mais bien quelque part entre les deux à l’image d’un Jean-Louis Murat qui aurait desserré les fesses. Au fur et à mesure qu’on l’écoute, ce disque passe de “très agréable” à “super bien”. Le temps de s’en rendre compte, Sans me forcer fait partie de votre vie et ça n’est pas plus mal. Si vous aimez le rock de Travis Burki ou de Tue-Loup, n’hésitez plus et faites une visite à Monsieur le Comte. www.myspace.com/lecomtedefourques
(Pygmalion Rec. / L’Autre Distrib.)
Alain Birmann
Elsa Songis
Eric Nahon
Fred Huiban
Après six ans de tournées et de dates parisiennes ce quintette mixte sort un nouvel album et un nouveau spectacle. Imaginez quatre gars et une femme, comédiens-musiciens-chanteurs avec de sacrées gueules et un charisme fou, de l’humour noir, décalé, un soupçon de nostalgie, un zeste de tendresse, un regard acéré et impitoyable sur le Monde… Une écriture brillante, une musique inventive, une interprétation déjantée, un vent de folie. Les thèmes de prédilection ? Le temps qui passe, la vie qui tousse, la mort qui tranche, le désir, les joies de l’oisiveté et tout ce qui fait de notre existence un chantier perpétuel. Des anti-héros absolus qui rêvent d’ailleurs. Mais d’ailleurs, rêvent-ils ? Ils sont tous plus ou moins frustrés, insatisfaits, inadaptés, pantins d’une réalité qui leur échappe et que le regard de La Crevette rend terriblement attachant. www.crevettedacier.com
DIRGE
ELECTRIC BAZAR CIE
ETIENNE ET MOI
JEAN GUIDONI
“Rebecca”
“Tamboo”
“Nor man Bates”
“La pointe r ouge”
(Another Record)
(Carlo Prod / Irfan le Label)
(Autoproduit)
(Wagram)
Ces trois Rouennais voués à une musique mélancolique, profondément intimiste, ont déjà défriché par le passé des terrains dits post-rock de la famille Constellation. Pourtant, avec ses sept titres en moins de trente minutes, leur deuxième album marque un désir d’éviter de longs développements. Ils s’appliquent donc à recentrer toutes les émotions. Le son en ressort avec une dimension plus fluide. Les mélodies restent simples, mais les ambiances, bien mises en place, évoluent lentement. Yann chante des sentiments d’abandon, alors que violoncelle, guitare et batterie façonnent une tristesse indélébile. Mais le groupe donne suffisamment d’envergure à ses compos pour ne jamais sombrer au fond du trou. Du violon, des cuivres apportent d’autres souffles et souvent, les arpèges de guitares aèrent et chassent doucement les nuages gris. strangesilence.free.fr
Second opus pour le quintette brestois après Retire tes doigts paru il y a deux ans. Tamboo marrie blues et rockab’ aterno-bastringue, musiques des champs et des villes, cultures du bayou et des pays de l’Est. La combinaison violon, guitare, banjo, contrebasse, accordéon, batterie, voix rauque assure des moments swings et enlevés, qui sans relâche agitent les corps, font osciller du bassin et taper du pied. L’attaque mordante et énergique des morceaux est tout aussi présente sur les titres down-tempo aux ambiances lancinantes. Si tour à tour les noms de Stray Cats, Tom Waits, Screamin’ Jay Hawkins, Arno viennent à l’esprit, cela relève davantage du cousinage bienveillant que des influences écrasantes, d’autant que lorsque l’accordéon virevolte musette, on reste bien attaché à une culture franco-française. Cerise sur le gâteau : le clip Out of the road. www.electric-bazar.net
Norman Bates : dans Psychose, c’est le barjo qui tue la fille dans la douche et se travestit en sa vieille mère. Drôle de nom, pour un album à la saveur sucrée et enfantine. Mais plus complexe qu’une écoute un peu rapide peut laisser penser. C’est le paradoxe de ce duo né en 2003, qui s’amuse avec les mots et raffole des contrastes textes /accompagnement. Daphné a une jolie p’tite voix de piaf qui habite une pop douce tendance rose bonbon, colorée d’accents folk-rock sur les deux titres interprétés en anglais. A la guitare, basse, batterie, percus, claviers, etc, Etienne la suit dans ses mélodies calibrées pour rester longtemps en tête. On se laisse dorloter par cet habillage faussement naïf. Mais on se prend une gentille claque lorsque l’on se plonge dans les textes, des histoires sombres de femmes seules, de musiciens qui galèrent, de couples pas heureux. La ficelle n’est pas neuve, mais le charme opère. www.etienneetmoi.fr
Il y a deux ans, Trapèze relançait la carrière de cet artiste d’exception, le présentant sous un jour plus sobre, plus rock aussi. Ce nouvel opus, composé par le multi-instrumentiste Nicolas Deutsch, prolonge l’enchantement. Pour l’occasion des collaborateurs prestigieux se sont frottés au projet. Ainsi Dominique A, Katerine, J. Cherhal et M. Malzieu, à un niveau ou un autre, ont apporté leur pierre à l’édifice. La chanson de Guidoni, confrontée à cet environnement créatif gagne en modernité ; plus pop et rock que jamais elle séduira assurément au delà du cercle des initiés. L’interprétation est remarquable, expressive, mais contenue, elle trouve ici son idéale mesure. L’écriture est également un atout, dense et hautement colorée, elle donne du corps aux chansons, leur assurant une réelle puissance narrative. Kerala, élégant morceau d’ouverture, donne le ton, le voyage peut débuter et il sera riche de belles rencontres. www.myspace.com/jeanguidoni
Aena Léo
Alain Birmann
Béatrice Corceiro
Bruno Aubin
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CRISTINE NUMBER ONE
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BRUITAGE
DEBORAH
“Exit #1”
“Iconography of the outlaw”
(Lee Majors Projekt)
(Odette d’Aquitaine)
Mais qui sont-ils ? Un groupe de rock-wave strasbourgeois avec d’anciens membres d’Exxon Valdez et de Dead End. Le combo sort son premier album enregistré à Marseille par Terje Refnes et masterisé à Bristol par Shawn Joseph de Therapy?. Après avoir joué avec The Rakes, Kill the Young, The Saints, Living Blue ou encore Le Tigre, le groupe est cette année en tournée en France et en Allemagne. Tantôt rêveuses ou allumeuses, leurs mélodies prennent corps dans l’ivresse stridente des guitares exaltées par des rythmiques entêtantes. Une musique froide en marge des terres lessivées de la pop-rock. Le groupe a une démarche indépendante et a déjà eu de bons retours de presse suite à ses passages sur scène. Aujourd’hui il souhaite se développer et donc s’entourer de compétences diverses. Avis aux directeurs de label, distributeurs, tourneurs. Allez les écouter sur le web ! www.myspace.com/cristinenumberone
C’est d’abord sa voix qui surprend : celle d’une fée des nuages que l’on s’attendrait plutôt à entendre la nuit, en rêve. Les couleurs sont celles d’un folk-country que l’on jurerait venu des plaines d’Arizona. C’est pourtant à Bordeaux qu’officie Deborah, jolie Américaine ayant atterri en France il y a quelques années. Après Lines en 2004, elle signe ici son deuxième album. Elle tisse en anglais des mélodies calmes portées par une guitare acoustique ou électrique, une batterie, un orgue ou quelques percus. Sa voix claire, parfois un poil dissonante, caresse nos oreilles. Des chœurs planants viennent subtilement doper ses titres de surnaturel. Jon Smith, son ami folkeux, n’est jamais loin, derrière une basse ou au chant. On s’imagine dans un saloon poussiéreux quand le piano s’énerve (Lilah) ou chevauchant dans le désert avec Camality. Passionnant, malgré quelques maladresses dans l’orchestration. www.myspace.com/jonsmithampdeborah
Fred Huiban
Aena Léo
KABBALAH
KAFKA
“Shlomo”
“O”
(La Méson)
(Vintage Corp)
A première vue, l’objet semble mystérieux. Le nom de la formation, le visuel et les infos de la jaquette n’arrangent rien. Un clic sur le net plus tard, on apprend que Kabbalah arrivent de Marseille où ils pratiquent une “new klez music”. La culture musicale juive est bien présente, mais ce serait réducteur que de résumer leur musicalité à cette seule influence. En fait, le quintette métisse à tout va, les traits d’écriture renvoyant au rock, au jazz, à la pop, au traditionnel. Dès le premier titre, la voix évoque celle de Neil Hannon (Divine Comedy). Plus loin, le spoken-world martèle les mots en anglais, avant que le chant en yiddish ne s’impose plus fortement. Sax, violon, guitare, xylophone, contrebasse, batterie, percus rivalisent de finesse, évitent épate et démonstration, parlent aux corps et aux esprits. Un album que l’on vous enviera forcément. www.kabbalah-music.net
Ces quatre Clermontois ne laissent pas indifférentes les personnes qu’ils croisent sur leur route. Leur parcours se nourrit de rencontres et de projets aux formes multiples. Sur scène pour défendre leur premier album sorti il y a deux ans, ils ont croisé Nosfell. Rencontre inspirée qui mène donc le musicien à chanter ici sur le titre [siren] et Pierre Le Bourgeois à jouer du violoncelle sur Brest. Ce nouvel album fait aussi preuve d’une plus grande maîtrise de l’enregistrement sonore. Ce groupe atypique s’éclate dans un rock instrumental où les sensations sont particulièrement prégnantes. Une vision du rock toujours hallucinée, transpercée d’envoûtements puissants. On se laisse transporter dans un univers merveilleux, ample, expressif, tour à tour fascinant et perturbant. Le plus fort, c’est qu’au-delà de la technicité, les émotions et l’imaginaire agissent durablement. kafka.act.free.fr
Bruno Aubin
Béatrice Corceiro
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BRUITAGE ALAIN KAN
DAVY KILEMBE
LANDSCAPE “With a little help fr o m m y f r i e n d s ”
“Dreuze”
(Dreyfus)
“Le petit”
(Square Dogs / Differ-ant)
(L’Eglise de la P’tite Folie)
Je vous parle d’un temps que les punks de 20 ans, ne peuvent pas connaître. En ce temps-là (les 70’s), Alain Kan affolait le bourgeois avec ses vinyles sulfureux ; le premier à cause de sa débauche sexuelle à tendance homo (Nadine, Jimmy et moi, Go go dancer), et les deux autres (retirés du marché) à cause des titres Speed my speed (composé uniquement avec des noms de médicaments), et Devine qui vient dîner ce soir ? Tonton Adolf ! Mais derrière la provoc de ce fan de Bowie qui se présentait sur scène avec un drap maculé de sang, on oubliait de voir son ingéniosité, son génie mélodique et son sens de la remise en question. Et que dire de sa reprise des Blouses blanches qui nous laisse exsangue ! Disparu il y a dix ans, Alain Z Kan mettait un putain de coup de pied dans la fourmilière variétoche ; il reste totalement d’actualité en ces temps si lisses ! Espérons que cette réédition donnera le goût à New Rose de ressortir l’excellent et quatrième album Parfums de nuit…, son testament ultime. Serge Beyer
(Autoproduit)
L’univers est acoustique, léger, dépouillé, entre chanson groovy, folk et reggae-bleus. Les textes font sourire (Demain j’arrête) ou réfléchir (Le petit, Chanson pour un plombier polonais), mais savent toujours viser juste (Valse de nuit) entre humour et poésie. Les musiques sont enjouées ; les mélodies simples et imparables trottent longtemps en tête. Les affiliations sont à faire du côté d’Anis ou de Tété, voire Magyd Cherfi. Ce Perpignanais de père zaïrois et de mère espagnole est passé par une école de jazz avant de se mettre à composer à la guitare. Avec ce deuxième CD, il se présente, décontracté, seul sur scène. On le sent dans son élément, et la connexion se fait facilement, comme naturellement. Cerise sur le gâteau de cet album, la reprise bienvenue du chef d’œuvre de Louis Chédid : Anne ma sœur Anne (“…et cette nazi nostalgie qui ressort de sa tanière, comme hier”) ! www.kilembe.com
En 2005, avec sa première œuvre intitulée One, le clavier de feu Misadventures Of… Guillaume de Chirac initiait un projet qui lui permettait de travailler avec des musiciens et chanteurs français. Epaulé par les acteurs de son premier groupe et ceux d’Overhead, il plongeait son album dans un post-rock céleste et précieux à la Sigur Rós. Ici, il réunit à nouveau un casting de rêve, avec aux voix Jonathan Morali (Syd Matters), Arman Melies, Benoît Guivarch (Carp) et Nicolas Leroux (Overhead). Plus des interprètes aux cordes et instruments à vent qui gravitent autour de la même bande… Les compos soignées évoluent lentement de complaintes épurées en passages qui s’emplissent peu à peu. Les nuages flottent partout, entre les cordes orchestrales (Someone else), les arpèges de guitare (Someday) ou les claviers omniprésents. Avec grâce et douceur, un superbe disque planant. www.landscapesound.com
Grincements quincaillers, gargarisme d’animaux en acier, glouglous aquatiques : ce disque est bourré de bruits improbables. Il faut dire que Le Gouefflec est un touche-à-tout écrivain, musicien et sincèrement gratté du cerveau, qui sort ici son cinquième album. Lui et son groupe (L’Orchestre Préhistorique) utilisent tout ce qui leur tombe sous la main (tuyau, bulles dans l’eau, synthétiseurs moog, bol tibétain, flûte de bambou…) pour tisser un rock expérimental sur lequel Arnaud pose sa poésie maléfique et drôle. Son timbre minimaliste colle parfaitement à l’humour faussement calme de ses textes. Les quatorze titres explorent des ramifications psychédéliques, tantôt pop et raisonnables, tantôt cosmiques et planantes. Ramakrishna, des choux chantant, Faust… tout y passe, et même si l’on ne suit pas l’orchestre jusqu’au bout de ses délires astraux, on passe un bon moment à se mettre la tête de traviole avec lui. www.myspace.com/arnaudlegouefflec
Serge Beyer
Béatrice Corceiro
Aena Léo
Coffret 3 CD’s
PASCALE JEANNE MORISSEAU “T’es ma branche” (Autoproduit) Le projet est ambitieux, pas commun et, autant le dire, il pourra rester hermétique pour certains : ce premier album concept d’une chanteuse-poétepeintre-photographe-auteur est l’aboutissement de quatre ans de travail. Il réunit douze morceaux inclassables, entre chanson de haut vol et rock progressif, et totalise plus d’une heure dix d’écoute. Il sera suivi sous peu d’un autre CD (en édition limitée) qui mettra en musique cinq poèmes d’Arthur Rimbaud et cinq de Patrice de la Tour du Pin. On pense parfois à un Ferré en jupons, parfois au travail de la Québécoise Claire Pelletier. Et même si l’on regrette de temps à autres les accents un peu précieux de la voix (par moments proche du lyrique ou du religieux), qui mériterait se de lâcher, on reste cependant admiratif du résultat pour le moins original. Et quand on va faire un tour sur le site de cette artiste touche-à-tout, on se dit que sur scène, ça doit fuser de partout ! www.pascalejeannemorisseau.com
ARNAUD LE GOUEFFLEC
MY SISTER KLAUS
NEW PRETORIA
ODEURS
“Château r ouge”
“The backyard’s legacy”
Coffret 4 CD’s
(Tigersushi / Discograph)
(French Toast / Believe)
(FGL Music)
Jeune homme pétri d’influences s’emploie à les utiliser au mieux, voire les dépasser. Telle pourrait être la note d’intention de Guillaume Teyssier, alias My Sister Klaus. Krautrock et new wave débridés n’ont pas de secret pour lui. De même, un Suicide mesuré teinté de D.A.F. (groupe allemand electro-pop des 80’s) habite Château rouge, tube s’il en est de l’album. Il n’y a pas mort d’homme ! Enfin, le dernier hôte Darhma mag rend hommage à la noisy pop de Jesus & Mary Chain. A ceci, Guillaume Teyssier adjoint sa touche personnelle et sensible, dont une sensualité vocale lorgnant vers Lou Reed ou Jim Morrison. Il se pare aussi de soul attitude, certes réfrigérée, mais latente. A noter que cet opus est produit par Joakim, tenancier du label Tigersushi, lui aussi “recompositeur” 80’s à ses heures et avec qui Guillaume Tessier collabore sur scène. Le même monde pas petit, quoi ! www.tigershushi.com
Une voix mâle, une musique folk rock-aux fort pouvoir de séduction, tels sont les ingrédients au menu du premier album de New Pretoria, brillant combo frenchy dont les influences sont à chercher du côté de la classieuse trilogie Tindersticks, The National et Calexico. Fort d’un premier mini-LP (No place for such a band) encensé par la presse Internet, paru en 2004, le groupe poursuit son chemin avec grâce, avec ces dix titres au spleen contagieux, particulièrement bien troussés. Longs en bouche, ils se laissent apprivoiser sans retenue, le chant de crooner de Stephan Lipiansky suscitant de subtiles émotions, la musicalité toute en souplesse et intransigeance, formant un écrin idéal. Dès Cruising, le titre d’ouverture, l’attention est captivée pour un voyage introspectif puissamment orchestré. Avec The backyard’s legacy, New Pretoria flirte avec le beau, sans jamais succomber à la tentation de la joliesse, du racolage. www.newpretoria.com
La mode est aux retours, certains plus heureux que d’autres (Stooges, Genesis, Police, Jeanne Mas… cherchez l’erreur !). Chez Ramon Pipin’s, exAu Bonheur des Dames, le come-back s’est fait sur scène, prétexte à la sortie de son intégrale de 1979 à 1983 en CD. Son équipe de zigotos (une cinquantaine de chanteurs-musiciens-acteurs) faisant la jonction entre le Big Bazar et ZZ Top a toujours oscillé entre tube entêtant (Le cri du kangourou, Je m’aime) et mauvais goût affiché (Petit caca Noël, L’amour sans les dents). Entre dérision et cynisme, leurs titres font encore mouche (…noire !) et proposent un sourire salvateur en ces temps plutôt lourdingues. Chez eux, comme dans le cochon, tout est bon ; écoutez La viande de porc ou Couscous boulettium pour vous en convaincre… Sans parler de leur reprise disco de Dominique, de celle, militaire, voire “nazi-hard”, de I want to hold your hand, ou encore l’inénarrable Vilain petit zoziau ! Leur slogan ? “Odeurs, à deux doigts du culte !” Serge Beyer
Vincent Michaud
Serge Beyer
Alain Birmann
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BRUITAGE MELATONINE MAGICRAYS
“Décembre est un samedi”
“Off the map”
(Unique Records / La Baleine)
(Gentlemen / Pias)
Le quintette lausannois ne cesse de gagner en confiance pour construire des disques de plus en plus brillants. Voilà déjà le quatrième de la bande, réalisé comme le précédent avec John Parish, et manifeste d’une collaboration fructueuse. Les musiciens et le producteur s’entendent sur un son pop où l’instrumentation est ciselée avec notamment des parties de guitares magnifiques, tout en confirmant leurs tendances rock. La voix de Raphaël Enard trouve sa place au milieu des déluges et des nuances romanesques, toute en sensibilité. Des instants précieux où joie et mélancolie s’embrassent dans un bel élan. Le temps peut s’arrêter sur 9:21, pièce maîtresse de ce disque, à la fois entraînante et grisante, douce et chaleureuse. www.magicrays.com
Nouvel album remarquable pour ce trio de rock instrumental messin, dont la puissance sonique est particulièrement éloquente en live. C’est justement un enregistrement brut et sur le vif que les trois hommes ont privilégié et superbement réussi. Par leur intelligence de jeu, des inclinaisons non répétitives, et sans sombrer dans une formule obscure et abstraite, ils collent parfaitement au sens originel du terme post-rock, celui qu’ont dessiné Slint et Tortoise au début des années 90. Ils mettent donc en branle leur machine puissante à coup de riffs bruitistes, de distortions, de notes hypnotiques, de rythmiques intenses. Des techniques sonores qui permettent d’exprimer des émotions palpitantes, rêveuses, crispées. En clôture, Eleven s’amplifie dans un étourdissement vibrant et génial. www.melatonine.net
Béatrice Corceiro
Béatrice Corceiro
PEST SOUND
PIOU
“76 kilos laughing”
“L’envolée”
(Stunt Kites Recordings)
(Lalalaprod)
Une incontestable curiosité émane de ce groupe strasbourgeois autour des compositions de l’Anglais Neil Ovey, un personnage visiblement habité par d’étranges sensations. Une musique biscornue, à l’apparence imprécise, navigue librement entre rock et jazz. Basse, batterie, piano et guitare s’exposent à des assauts imprévisibles, des chuchotements fiévreux, des hurlements hystériques. Probable résultat d’improvisations ahuries, ce mélange intense, fou et sombre doit un peu à Nick Cave et Tom Waits, sans doute à Can aussi. L’enregistrement confié aux mains infatigables de Steve Albini à Chicago répond à l’idée d’instantané. Saturations, brutalité, douceur, le groupe se transcende et offre une vision rock déstructurée et hallucinatoire. www.pestsound.com
Ce quatuor singulier a éclos à Lyon en 2003. Après Minuit 12 (2005), voici le printanier L’envolée, aux dix titres atmosphériques, envoûtants, inclassables. Vincent Eparvier en est “la tête pensante” : textes, chant, guitare, compositions, programmations. La section rythmique, précise et raffinée (Céline Quagliata à la basse, Rémi Faure à la batterie et aux percussions), donne toute latitude au saxophone d’Eric Muller, qui crée des climats légers, joyeux, chantants, jazzy. Ces drôles d’oiseaux évoluent dans un monde où le quotidien prend des allures insolites et mystérieuses. On marche derrière une femme inconnue dans A ta suite, on se demande si cet Orage qui se prépare est bien réel, la Nuit noire envahit la ville et tout devient étrange. Les yeux de l’autre, aux rythmes changeants, décrit deux danseurs sur une photo, L’été un fait divers évoque le vol insensé des deux tableaux de Munch au musée d’Oslo… www.piou-musique.com
Béatrice Corceiro
Elsa Songis
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BRUITAGE SABO
SCHYZODROME
SHARKO
SAYEM
“Il était une fois dans l’est”
“Molécule”
(RuminanCe / Pias)
“Phonogénique”
(Autoproduit)
(Bang !)
Les protagonistes de ce trio ne sont pas des inconnus. Révéler leur identité est à double tranchant. Mais comment taire la joie de ces retrouvailles supposées avec Armand Gonzalez et Virginie Peitavi, couple de Sloy (le batteur du groupe Cyril Bilbeaud s’écoutant chez Versari et Zone Libre), et Rémi Saboul, meneur de Drive Blind, soit les deux formations les plus excitantes des débuts 90’s ! Fini la stridence, l’explosion sonique et épileptique ; place aux ritournelles paisibles, nonchalantes, un brin mélancolique. Sobre, l’expression musicale s’appuie sur un duo guitare acoustique / basse, striée d’éclairs électriques (guitare ou de Fender Rhodes), tandis que le chant en français s’émancipe des vocaux si caractéristiques de Sloy. Il se dégage de ce road-movie western, une identité forte et élégante qui en fait sa qualité et son défaut, car par son approche monomaniaque, bien du monde restera sur le bord de la route. www.saboweb.com
(Pour ouvrir une parenthèse / Differ-ant)
Depuis que les valises blindées de CD’s tiennent dans des boîtes pas plus grosses qu’un paquet de clopes, les époques et les styles musicaux se croisent à toute allure dans nos oreilles, entraînant chez certains de géniaux effets secondaires. C’est le cas de Sayem, jeune Toulousain imbibé au possible par une multitude de courants qu’il fait rejaillir et lie adroitement dans une œuvre plurielle, variant du rock à l’électro, de la soul à la pop, avec un fort penchant pour le hip hop. Question rythmiques, DJ Shadow a laissé des traces, tout comme les Beastie Boys sur les samples et les scratches old school, ou encore Daft Punk dans les constructions synthétiques, et Massive Attack pour ses atmosphères 3D, et tant d’autres… Grâce à ces combinaisons logiques, mais jusqu’ici peu ou mal exploitées, Phonogénique propulse son concepteur dans la sphère des créateurs à suivre de près. www.djsayem.com
A l’écoute de ce disque, les bonnes mémoires se rappèleront les premières heures d’EZ3kiel, et notamment leur brève collaboration avec les sœurs Nid El Mourid (Lo’Jo), pour le sublime et anthologique Lo dalca. Le brassage des percussions, de l’électronique, des voix ensorcelantes et des cordes frémissantes, exalte les sens, la fusion des styles atteint des degrés insoupçonnés, des vapeurs d’orient s’évaporent dans le parfum brûlant des Balkans tandis qu’en profondeur souffle un vent glacial… Une grâce pure et mystérieuse en résulte. La particularité de ce projet est qu’il offre un panorama inédit : les nombreux musiciens qui l’animent proviennent d’univers très différents (Lab°, Sergent Garcia, Abd Al Malik, Wide Open Cage, Rona Hartner, Treponem Pal, etc.), on y compte donc autant de caractères. Chacun y dépose un peu du sien, sans pousser l’autre dans la marge, et l’édifice ainsi construit devient une merveille. www.myspace.com/schyzodrome
Tout commence d’une manière quasi incantatoire, les beats électroniques soutenant une voix rappelant Sting. Mais dès l’excellent Sweet protection, titre pop-rock enflammé qui résonne déjà comme un classique, un style bien différent s’impose. Produit par Dimitri Tikovoi (Placebo, Trash Palace,…), ce disque s’affirme très ambitieux. Motels, avec rythmique décalée et déstructurée, dévoile des climats langoureux. L’album séduit par sa diversité et ses prises de risques. Proche à la fois d’Arno et de dEUS, David Bartholomé (chanteur, bassiste et guitariste) allie mélodies pop enflammées (Sugarboy) et expérimentations électro. Avec Skish hee, I’m gonna make it , le groupe rayonne sur les sommets du rock atmosphérique avant de lorgner, avec Rock 1, du côté de la furie punk et atteint son nirvana avec un plaintif et décalé No contest. Quatre ans après III, Sharko confirme son statut d’artiste phare du plat pays. www.sharko.be
Bruno Aubin
Cédric Manusset
Cédric Manusset
Patrick Auffret
“8 saisons à l’ombr e”
THE SHOPPINGS
DIDIER SUPER
SUPERFLU
SVENSSON
“The Shoppings”
“Mieux vaut en rire que s’en foutre II” (V2) Didier nous avait joué un sale coup à nous les journaleux. Il avait envoyé un disque en plastique avec rien dessus, juste pour faire chier et pour ne pas retrouver ses nouveaux morceaux sur Internet. Alors quand on reçoit un disque avec de la musique dessus, on reste circonspect. Dans ce volume 2, Didier refait les chansons de son premier album en compagnie du “grand orchestre de Nosfell” dirigé par Pierre LeBourgeois. Il essaye même de bien chanter “pour les vieux”. Parce que les vieux, ils ont du pognon pour acheter les disques. Et bien sûr, en faisant des commentaires du genre : “Alors ça va être de la soupe comme ça
“La chance”
“Perdition”
(Top 5 / Productions Spéciales)
(SB7 Productions / Anticraft)
Didier est assez clairvoyant sur ce coup-là, encore que les arrangements sont canons. Mais bon. Rien, mais absolument RIEN, ne nous assure que le disque envoyé aux journalistes soit celui qui se retrouve dans les bacs… Alors bon… www.didiersuper.com
Le retour discographique d’un groupe ami est déjà en soi une bonne nouvelle. S’agissant des Parisiens de Superflu, leur sommeil (Tchin tchin est paru en 2000) se devait d’être studieux et leurs nouveaux signaux créer la surprise. Cela peut se vérifier aisément à l’écoute de ce nouvel opus, qui laisse à entendre une évolution musicale sans équivoque. Certes, il y est toujours question de folk-rock, sauf qu’il se présente aujourd’hui sous un aspect plus “roots” : les guitares sont plus tranchantes, le propos enclin à plus de crudité. Captés en prises live, ces douze nouvelles vignettes remplissent aisément leur office. Superflu est de retour, et n’entend pas jouer les outsiders. Le chant ami (Muratien !!!) de Nicolas Falez fait des merveilles, son talent d’auteur-compositeur, affichant une santé remarquable. La production de Christian Quermalet (Married Monk), fait sonner l’album comme La bancale le superbe premier opus de Tue-Loup. www.superflu.com
Après un premier succès certains voient grand et tombent de haut. Exemple ? Florent Marchet qui a sorti un concept album pseudo littéraire et froid d’où émergent peu de vraies chansons. Et d’émotion. Ce Toulousain fait l’inverse. Revenant à ce thème sans fond qu’est l’amour et à l’incorruptible new wave où batifolait déjà Aux jours meilleurs, il voit petit, mais touche le pactole. Parce qu’à force de tourner avec ce matériel, il a fait de ces références sa propre chair qu’il scrute et incarne avec un appétit nouveau. Nous voici donc avec un paquet de chansons dans lesquelles mordre avec passion. On a l’impression d’entendre Erik Arnaud, Luke, Murat, Jérôme Attal. Tout est plus cru, charnel et haletant qu’avant. Mais c’est bien SvenSson qui déroule un climat d’une traite, plutôt qu’une simple suite de pop-songs. Les mots, le son, tout cela nous submerge. On ne se méfiera jamais assez des albums aux pochettes sombres.
Eric Nahon
Alain Birmann
(Ici d’Ailleurs / Discograph)
Alors voilà un phénomène de mode. La musique de The Shoppings s’écoute comme on lit un recueil de nouvelles qui conte les aventures d’une jeunesse trop branchée qui dépense beaucoup d’argent pour s’habiller et sort tous les soirs. Le groupe évolue dans un genre hybride punk/rap. Au programme : humour, abus, “name dropping”, marques de luxe et jolies filles. Le groupe se compose de David Lavaysse et de Pascal Monfort. Pascal écrit et chante sur des titres que David produit. David est un multi instrumentiste (quatre albums solo parus sous le nom Dave’s Infusion, IN Fused). Pascal est quant à lui professeur d’histoire de la mode, chercheur de tendances pour une grande marque. Deux mondes se rencontrent pour un voyage dans l’enfer de la hype, décrit avec un humour brut, drôle et incisif. Rencontres avec des personnages qui se croisent, se séduisent, s’aiment et se détestent. www.theshoppings.net Fred Huiban
pendant tout le disque ? Je suis pas sûr que ça va être mieux que le premier…” Il faut l’avouer :
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Sylvain Fesson
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BRUITAGE
ALIF SOUND SYSTEM “Rimes Antipersonnelles” (Rage Tour / Mosaic Music) Nouvel album pour le gang toulousain, formé il y a déjà trois ans, mixant hip hop et ragga à l’électro et à la jungle. Epicés de sonorités orientales, les onze morceaux boostés par une guitare saturée et une basse vrombissante reflètent parfaitement l’engagement et le militantisme du groupe. Le flow est parfaitement maîtrisé, on regrette juste une rythmique un peu fantaisiste, voir parfois aléatoire… www.alifsoundsystem.net YG
AURELIEN MERLE “For words, perhaps” (Autoproduit) La mise en musique de la poésie anglosaxonne, semble ces temps-ci dans l’air du temps. A l’instar de Carla Bruni, Aurélien Merle, auteur à ce jour de deux essais remarquables, s’y est attelé avec un certain talent . Au menu de ce nouvel opus, douze textes de William Butler Yeats, poète irlandais de renom, qui s’accommodent à merveille de leur traitement. Pour l’occasion la palette musicale de l’artiste s’ouvre à des influences pop, voire jazz. www.ceciestunmerle.free.fr AB
THE FLEETS “Millionaire” (Autoproduit) Un très bel album de la part de ces trois Parisiens, sous l’influence Beatles. Douceur, entrain, transitions vers des passages rock, ballade folk avec des chœurs. Sur les 9 titres, des compositions pop à la dominante acoustique puisent des arrangements subtils et personnels. myspace.com/thefleets BC
MOLLY “Bang ! Bang ! Bang !” (Musicast) L’une des meilleures surprises du printemps. Une fille rock à la rage de Nadj, à la sensualité des Dresden Dolls et au recul poppy des Bangles. Accompagnée par un Dolly à la guitare et un Mary’s Child à la batterie, la miss assène son rock énergique avec un sourire déconcertant ! Seul bémol, sa reprise clin d’œil, mais dispensable du Bang bang de Sheila. Préférons lui le superbe Oublie ça aussi rentre-dedans que le fut Sat in your lap de Kate Bush. myspace.com/mollyonline SB
EN BREF
ANTHONY FLETCHER “Atlantique” (Autoproduit) La pop française à la Daho a fait nombre d’émules. Anthony Fletcher est de ceux-là, son premier long format en témoigne. Loin de démériter, il laisse entrevoir une véritable propension à trousser des titres mélodiquement impeccables ainsi que des textes à fort pouvoir émotionnel. Anthony Fletcher possède, en outre, une voix idéale pour ce registre musical. A découvrir… www.anthonyfletcher.com AB HELLBATS “Unleashed’n’alive” (Kicking Records / Season of Mist) Retour bienvenu de ce groupe de Montbéliard, dévoué pour l’éternité au heavy-rock et à la scène psychobilly. 11 titres violents, aux impulsions trash, avec la hargne, l’imagerie sombre et décadente. Des moments épiques où l’énergie explose bien fort. Les sensations sont bel et bien vivantes. www.hellbats.com BC KRAKEN OXEN “North asylum” (Alp / Runa Records) Le deuxième album des Tourangeaux creuse une veine indie-rock éthérée, toujours sombre et délicatement travaillée. Les diverses parties mélodiques, à la guitare, aux claviers, forment un ensemble riche et fouillé. Jouant du piano, du ukulélé ou de la mandoline, le groupe parvient à une approche brute en s’accordant avec les sonorités acoustiques. www.krakenoxen.com BC MAD RIVER “Lonely are the brave” (WPTL / Pias) Après deux mini CD, le trio parisien, mené par la chanteuse et organiste Kim Ohio Fuzz, sort son premier album 12 titres. Seuls sont les indomptés : voici un titre qui se prête bien à la musique de Mad River, qui oscille entre pop anglaise et rock garage américain. On se laisse entraîner dans les flots de cette “rivière folle”, où coulent la voix acidulée de Kim, les guitares acérées de Fabrice, la frappe franche de Damien. www.madriverparis.com ES
KIM NOVAK “Luck & accident” (Talitres / Differ-ant) Croisements d’influences pour un premier album riche, parti des brumes de la cold-wave, ajustant un beau clin d’œil au Velvet et créant véritablement de belles ambiances, sombres et capiteuses. Les Caennais manœuvrent avec des guitares électriques bruitistes et tranchantes, et continuent à semer le trouble sur des morceaux plus délicats. myspace.com/kimnovakk BC OROUNI “A matter of scale” (Autoproduit) Orouni a tiré son patronyme d’On the road de Kerouac. Adepte d’un folk dépouillé, interprété en anglais, il sévit dans la sphère musicale depuis 2004 avec un premier enregistrement remarqué. Après un séjour danois de plusieurs mois, de retour au bercail, il enregistre A matter of scale, 13 titres guitare-voix à l’élégante épure. Son chant, presque chuchoté, participe à créer une ambiance feutrée et chaleureuse. www.orouni.net AB TV GUESTS “Okay Today” (Izica Records) Deux chanteurs et multi-instrumentistes derrière ce pseudo livrent 13 titres pop dans leur premier album. Ils s’amusent à exploiter diverses variantes de compositions, versant dans la lo-fi avant de s’affirmer en version plus pêchue, voire dansante. Un peu inégal sur la longueur, on y trouve plusieurs titres attachants. www.tvgueststheband.com BC V/A ALTERNATIF DANCE FLOOR (Follow Me) Il n’y a que Undergang et X-Makeena d’inédits sur cette compilation, mais le projet de Follow Me est de synthétiser différents courant musicaux et d’offrir une carte postale audio d’une nouvelle scène musicale, reflet d’un mouvement artistique qui s’exprime dans toute sa diversité. Pour cela, sont réunis ici Le Peuple de l’Herbe, Aïwa, Zong…
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BRUITAGE TEENAGE BAD GIRL
LA THEORIE DU K.O.
THOMASI
“La Théorie du K.O.”
“Lundi dans la lune”
“CocoTTe”
TEKNIK OLD SKOOL
(Chief Inspector / Abeille Musique)
(Autoproduit)
(Citizen Records / Nocturne)
“Teknic old skool”
Evoquant un croisement entre Daft Punk, Aphex Twin, Mr Oizo et The Stooges, le duo parisien Teenage Bad Girl est le reflet de la nouvelle scène électro française, mélangeant une techno efficace et des breaks inattendus. Ils sont soutenus et joués par Chloé, Erol Alkan, Ian Pooley, John Lord Fonda, Justice, DJ Hell, Digitalism, Vitalic, Boyz Noise, Yuksek, etc. Et Teenage Bad Girl vient de remixer I don’t feel like dancing des Scissor Sisters. En 14 titres, cet album navigue entre rock et dirt électro. Aux commandes, deux Parisiens de 25 ans environ, Greg Kazubski et Guillaume Manbell. Des salles toujours pleines à craquer à chacun de leurs passages dans les clubs de la capitale laissent augurer du meilleur. Présents au Printemps de Bourges, ces deux extra-terrestres débarqueront bientôt près de chez vous. www.myspace.com/teenagebadgirl
(Such Prod. / Abeille Musique)
Osons les comparaisons de bon goût, ce disque est à rapprocher de groupes comme The Herbaliser, Roni Size, et Ursula Rucker. Such Prod est un label français qui a une approche “funkadélique”, un style résolument urbain. L’album brille de mille feux par son éclectisme et son positionnent pointu devrait lui permettre de bien tourner sur les ondes ici ou ailleurs… Appelons cela du jazz fusion. Un son tantôt drum’n’bass et parfois ouvertement Jazz, idéalement destiné à la scène et aux clubs. Belle tentative pour un label qui fait figure de pionnier dans le paysage musical français, tellement les tentatives de pompage sur des recettes déjà usées de New York à Londres paraissent insipides. A contre courant de la tendance, et précurseur de celle qui suivra, les musiciens utilisent des samples fort originaux sur des textes finement ciselés en anglais.
Outre le fait d’avoir le flow le plus caverneux du rap français, on connaît D’ de Kabal pour son engagement artistique et politique incessant, au sein de Kabal, Spoke Orchestra, ou de divers projets transversaux. En résidence à l’EMB de Sannois (95), accompagné de fidèles collaborateurs, le MC accouche ici d’un double album sombre et tendu. Présenté à juste titre comme un “Fela au goût de lame de rasoir”, ce projet mélange hip hop, afrobeat et hardcore. Trois identités musicales sans concessions, très différentes, mais liées par une même sève contestataire. Ce qui donne au disque cette cohérence, plus engageante qu’engagée, dépassant la curiosité expérimentale que pourrait susciter un tel mélange stylistique. Mais l’album s’écoute tout autant qu’il se comprend, ne délaissant jamais le son au profit du sens. Proche d’un Meï Teï Shô taillé dans le métal et non le bois, La Théorie du K.O. frappe fort et ne laisse jamais indifférent. www.d2kabal.com
Bienvenue dans l’univers gouailleur et populaire de cet auteur compositeur interprète de 32 ans, natif d’Aubervilliers. Thomasi, guitariste du trio Derrière la Cravate, mène en parallèle son projet solo, avec cet album de chansons à textes, aux musiques entraînantes, teintées de swing, de jazz manouche, de valse ou de tango. Lundi dans la lune nous donne à voir et à rêver. Nous rencontrons des personnages au destin extraordinaire, comme Clémentine, la femme à barbe, Gaspard, liftier neurasthénique ou Le chien, étrangement humain. Nous croisons Dora Maar aux Deux Magots, Cet homme à sa fenêtre énigmatique, nous sommes émus par Papillon et Lettre à mon arrière arrière petite-fille. Accompagné par le contrebassiste Hervé Verdier et le violoniste François Michaud, Thomasi joue partout où la lune se lève. L’album est en écoute intégrale sur le site Internet, paroles des chansons et accords de guitare compris ! www.thomasi.net
Fred Huiban
Fred Huiban
Rafael Aragon
Elsa Songis
TIRE-LARIGOT
OSCAR WALLAS
WE INSIST !
THE YOUNG GODS
“Penguin’s fever 1974”
“Intramur os”
“Oh ! Things are so corruptible”
“Super ready / Fragmenté”
(Autoproduit)
(Autoproduit)
(Corruptible Records / Anticraft)
(Pas Mal / Pias)
Ce combo né il y a six ans a écumé les bars et marchés de Normandie avant de s’essayer aux scènes plus grandes des festivals. Après deux démos en 2001 et 2003, Tire-Larigot signe ici un premier album prometteur qui sent bon les cuivres et la chanson de rue. En version acoustique manouche ou rockaccordéon amplifié, les huit musiciens dégagent la même énergie foldingue. Sax, clarinette, piano, flûte, guitares, basse, batterie, accordéon… Leurs titres tournent vite à la fanfare skaïsante, mais le groupe ne se limite pas au genre. Un coup de guitare électrique dissonante et voilà qu’ils donnent dans le punk-rock, une pointe de clarinette bien sentie et les accents se font jazzy, sans parler des colorations musette distillées ça et là par l’accordéon. Au chant, le phrasé écorché de Mika donne un tour presque slam aux titres qui naviguent entre coups de gueule, fous rires et poésie bourlinguée. Lauréat 2007 du Mans Cité Chansons, catégorie musiques amplifiées. www.myspace.com/tirelarigot Aena Léo
Etonnant disque. Trop éclectique pour être homogène, mais suffisamment cohérent pour ne pas apparaître dispersé. Ce groupe créé par deux anciens membres de Peulvens passe sans sourciller de la chanson à texte aux mélodies pop-rock guillerettes, sans oublier les envolées gothiques. On pourrait voir dans le lyrisme du chanteur un peu de la verve musicale de Bertrand Cantat. Mais c’est plutôt de Bashung qu’il se rapproche avec La routine. Il y a aussi ce morceau lancinant , l’ironique (?) A musical day, avec Marc A. Huyghens, le chanteur de Venus, ou encore cette intro de William Burroughs en ouverture. Chris Rouillé s’aventure sur des terrains difficiles et a les textes en conséquences. On comprend alors bien pourquoi le groupe apparaît comme un ovni franco-belge. Le résultat ? Surtout pas chanson française et pas vraiment rock non plus, Oscar Wallas se faufile en mélangeant les styles et s’affirme aussi inspiré que captivant. www.oscarwallas.com
Il paraît que le rock est mort, que la machine est à l’arrêt. Ce qui expliquerait que certains le recrachent à grand coup de “revival”. Alors que d’autres, dans l’ombre du passéisme des groupes en “The”, le digèrent et avancent, perpétuant ainsi le grand cycle de l’art. C’est le cas de ce bien nommé sextet parisien, toujours plus insistant avec ce quatrième opus. Protéiforme, ouvert, curieux, fidèle à une certaine idée de la modernité, s’inspirant et dépassant des groupes déjà inspirés et inclassables (en première ligne Queens of the Stone Age, Fugazi ou Mr Bungle). Avec comme leitmotiv une urgence toute punk, un sens théâtral de la diction et un groove furieux. Et quand les guitares laissent apparaître les cuivres, fiévreux, leur musique atteint un sommet d’efficacité rare, cotoyant l’excellence avec une humilité salvatrice. Il paraît que le rock est mort… Eux affirment le contraire. Comment ça, non ? Si, si, ils insistent ! www.weinsist.com
Hormis des projets annexes et un best of en 2005 pour les vingt ans du groupe, nos Suisses préférés n’avaient rien publié depuis 2000. Les voilà enfin de retour, au meilleur de leur forme, avec leur album le plus efficace et accessible. Que les fans se rassurent, les Young Gods n’ont cédé sur rien. Leur univers reste à mi chemin des genres électro, rock, indus, avec machines, guitares et ce jeu de batterie si caractéristique. Le petit plus ? Des compositions plus mélodiques les unes que les autres : dix brûlots tour à tour rageurs et dansants, un Stay with us planant au sitar zen et en clôture, l’atmosphérique Un point c’est tout ; expression qui ne pouvait pas mieux tomber pour qualifier la démonstration et le savoir du trio. De quoi séduire une nouvelle génération. Une autre bonne nouvelle pour finir ? Le groupe gagnera les scènes françaises en mai. L’occasion d’y constater sa maîtrise du son. www.younggods.com
Patrick Auffret
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7 QUESTIONS (Autoproduit) Ce combo a débuté en 2005 à Paris. Kitso compose et enregistre 5 titres entre sa maison et Radio Nova. Aériennes, planantes, énergiques et mélodiques, les chansons de Seven Questions puisent aussi bien dans le rock que dans des compositions à structure électro. Les guitares acoustiques et électriques se mélangent aux nappes de voix, synthé et aux batteries affirmées de Marc. Les enregistrements se sont déroulés rapidement presque sans répétitions, avec beaucoup de ressentis et peu de mauvais goût… Notons la présence de plusieurs musiciens de La Blanche ! FH
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Queens of the Stone Age sont frontalement revendiqués et confrontés. L’alchimie, portée par une voix réellement habitée, fonctionne à merveille. www.bunkerpalacehotel.tk PA
MAXIS
AUTOUR D’ELLE “Suzanne” (No Format) Ce quatuor rouennais fait ses premières armes sous le nom de Suzanne, et représente la HauteNormandie aux découvertes 2006 du Printemps de Bourges. Autour d’Elle prend le relais dans le même esprit et Suzanne devient ce maxi aux 6 titres pop, mélodiques, au son rock puissant, bien travaillé. Le chant d’Etienne, en français, prend aux tripes et touche en plein coeur, comme dans Tonne d’hommes ou En transe. On en redemande ! www.autourdelle.net ES LOLA BAÏ (Autoproduit) Chanson aux accents parfois orientaux, où le piano est roi. Beaux textes habillés d’une voix chaude et sensuelle. On a hâte de vérifier sur les planches si le plumage scénique est à la hauteur de ce charmant ramage discographique ! www.lolabai.com SB BELA “Rev. C.D. 1 & 2” (La Contrepasse) Des tensions se créent, des instants de magie s’épanouissent en toute fluidité, et les textes sont très riches sur ces deux très beaux EP. Les ambiances sont posées, intrigantes et mystérieuses, surgissant d’abord de cette voix grave, dans un décor musical qui mêle superbement cordes et cuivres avec des guitares électriques. myspace.com/belamusic BC LA BESTIOLE (Autoproduit) L’énergie brute et belle que dégagent ces six titres laisse imaginer une prestation assez bluffante sur scène. Ce duo formé fin 2005 déploie un rock sombre et impeccable, composé à quatre mains. On pense très vite à Katel : Delphine Labey a la même puissance vocale tripante. Il y a du volcanique dans leurs guitares affûtées, leurs riffs lunaires et leurs textes rageurs. Leur premier album mûrit actuellement en studio. www.myspace.com/labestiole AL
DAM FORTUNE (Autoproduit) Ces Hauts-Normands, basés à Rouen, proposent des chansons rock énergiques qui mettent en avant la trompette et les claviers. Si les compositions évoquent Noir Désir ou la Mano Negra, l’originalité se trouve dans les rythmiques ska et reggae, puis dans les textes, à auteurs multiples. Dam Fortune chante Raymond Queneau (poème Aller chercher au fond des mers), et co-écrit avec l’auteur Michel Robakowski (Dikès, Mon Côté Punk). www.damfortune.com ES DULAC (Autoproduit) Il y a Véronique qui, quand elle ne chante pas, réalise des super 8. Et Fred, qui compose et joue de la guitare. Dulac s’est formé il y a quelques mois, mais les deux musiciens lyonnais ont déjà joué ensemble dans d’autres groupes. Chaque titre résonne comme un petit film clair-obscur. Leur pop acidulée et claire fait mouche tandis que les textes, inspirés de l’écrivain Monique Apple, impressionnent par leur délicatesse. dulac.blog4ever.com AL SINDROME “Autolargue” (Neverland After Dark) Une ambiance new wave tellement “authentique” que l’on se croirait revenu une vingtaine d’années en arrière, Sindrome entête avec sa pop noire assumée aux rythmes electro binaires. Ce premier EP, moite et froid comme une sortie de boîte au petit matin, n’évite pourtant pas les clichés propres au genre, malgré des textes cyniques et ironiques (indispensable touche second degré XXIème siècle). www.sindroweb.com YG THE TELLERS (62TV / Cooperative Music) Ce jeune groupe belge a tout pour plaire avec son amour du folk, sa facilité à pondre de jolies mélodies tout en défendant des morceaux rythmés et entraînants. Ritournelles pop, voix un brin cassées sur des sonorités acoustiques : ce premier EP promet d’aussi belles choses que leurs compagnons de label, de studio et de sensibilité Girls In Hawaii. www.thetellers.be BC
YOUR HAPPY END “700 fields” (Autoproduit) Pop avec guitares, claviers et arrangements électro, ce duo havrais se découvre via quatre titres. BUNKER PALACE HOTEL Façonnée pour correspondre à des desseins atmo“Your TV’s not a friend” sphériques, rêveurs et créatifs, leur musique nous (Autoproduit) Inspiré par l’oppressant film de Bihal, ce jeune fait partager leur chemin traversé par des sons aux combo normand d’inspiration sonique réussit un pre- textures diverses. Ils invitent la voix de mier essai fort bien maîtrisé. Les 6 titres, tous en Tokyo/Overtones sur leur titre le plus aiguisé, s’ouanglais, puisent leurs inspirations entre fureurs élec- vrant au hip-hop et au shoegaze… triques et mélodies saturées. Thugs, Sonic Youth et www.yourhappyend.com BC
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COPINAGES.COM SKIPPY PRÉSIDENT ! Vous connaissez l’expression “animal politique”. Et bien en voici un vrai de vrai. Skippy le kangourou est candidat à l’élection présidentielle dans l’émission bizarro-drôlissime PolystyreneTV présentée par Monsieur Untel, mangeur de tartare de cheval s’il en est. Ce fan de ménagerie chante aussi les déboires de l’homme moderne avec son chien, des poules et des éléphants dans son super album Le bureau des affaires animales. www.polystyrenetv.com et www.myspace.com/monsieuruntel
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SEGOZY, NICOLÈNE ET LOU BAYROU inspirent les créateurs de chansons. Non, pas les artistes dont nous parlons à longueur de temps dans la revue. Mais ceux qui ont des vraies choses à dire : Les Musclés (oui, oui !) ont “composés” Nicolas et Segolène sur l’air de leur tube Nicolas et Marjolaine… www.myspace.com/nouslesmuscles “MON BULLETIN DANS TON URNE” (wow, c’est chaud !), c’est le clip k-bayrou à ne pas manquer sur dailymotion.com/video/x14ebz_k-bayrou. Le petit Nico a inspiré beaucoup de chanteur gavé de libéralisme, parmi les plus drôles : www.yazerty.net/post/2007/01/12/Chanson-pour-Nicolas-Sarkozy ou ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoaftgms.html LA DAME À LA ROSE est aussi chantée sur MySpace. Mes préférées : myspace.com/lachansonpoursegoleneroyal ou myspace.com/segolenetoutpourplaire qui dissuaderaient les plus anciens militants de gauche de voter pour elle. Le soucis avec toutes ces chansons de campagnes (encore plus mauvaises que les génériques de séries télé des années 80), c’est qu’on ne sait pas si elles sont faites pour encenser ou se foutre de la gueule des candidats ! Bon, revenons aux choses sérieuses… TÊTE À CLANQUES ! Un mail du groupe Bistanclaque “Nous voulons bien être “défrichés”, mais pas écorchés ! Dans le chronique sur Hexalive.com, je suppose qu’il fallait lire BISTANCLAQUE et pas BISTALANQUE…”. Réponse : Bon premièrement, vous n’aviez qu’à pas avoir un nom ridicule. Et moi, j’avais qu’à faire du copier-coller. Heureusement, le groupe est chouette, alors allez sonner sur bistanclaque.free.fr pour danser sur leurs chouettes chansonnettes à texte taillées pour le bal. TOP LAB. Une nouvelle télé gratuite, à la carte et aussi barrée que l’œil du cyclone ? Essayez de vous connecter à www.lelab.tv, c’est du YouTube haut de gamme, du YouPorn sans le porno, bref, c’est surtout YouPi ! HYPNO. Les Bordelais de Noria m’envoie un mail pour m’attirer sur www.myspace.com/noriabandup. C’est noise mais mélodique (Sleeppers, Unsane), rock mais totalement hypnotique. Pas mal ! ANIMAUX. www.fautsortirlechien.com, c’est une chronique surréaliste du quotidien mise en musique (chanson, folk). Leur site est une merveille de poésie. MARTINS-PÊCHEURS. Allez on finit avec des zanimaux de Saint-Nazaire. les.martins.pecheurs.free.fr, c’est une association comme on les aime qui soutient des artistes, les fait grandir pour ensuite les lâcher dans la nature. Ca, c’est une VRAIE action politique ! Néric
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Chère Adélaïde, DVD Allez, pour commencer cette missive, je t’emmène au Québec avec un groupe pas encore connu ici, mais déjà culte là-bas depuis une décennie : Mes Aïeux. A la fois festif et totalement actuel, ce collectif (sorte de Beau Dommage roots) allie intelligemment tradition et modernité, mixe les inspirations trad (dans la musique comme dans l’écriture) dans des coulées de rock qui dépotent ! Leurs morceaux ne sont pas des chansons, mais des petits films. Certains font revivre les petites gens qui ont bâti un pays, d’autres reflètent la jeunesse québécoise qui se questionne. On retrouve aussi au détour de leur CD/DVD Tire-toi une bûche (traduction : prends-toi un siège), un texte d’Hubert Reeves pour la conscientisation de la planète, une poignante Lettre à ma descendance de 1906 (“Si tu dois te battre sans relâche et sans cesse pour ta langue et ta survivance, que ta résistance se fasse dans le chant et par la danse. Chante et le Québec ne mourra pas !”) et l’excellent et émouvant constat Dégénérations. Par bonheur, leurs premiers albums sortent en France parallèlement à ce live étourdissant, et ils seront présents sur plusieurs festivals cet été : ne les rate pas ! Restons dans le festif, version ska-rock-cuivré cette fois, avec Les Voisins d’en Face, cinq Girondins énergiques qui mettent le feu à la Rock School Barbey pour un concert “pas du tout unplugged” entre attitude rebelle second degrés (Je suis un Apache) et humour déclaré (Ma femme est un macho), puis proposent un show sans public et “vachement plus unplugged”, prouvant leurs talents de musiciens et mettant davantage en valeur leurs grains de voix. C’est encore un CD/DVD, formule décidemment intéressante, mais en plus tu peux te procurer ce Phoque juste pour 5 euros sur leur site : www.voisinsdenface.fr
Pour terminer, une initiative originale de Valérie Maltaverne : Il était une fois…, 26 contes de fée complètement revisités par des auteurs de BD. Résultat : 26 films d’animations entre poésie onirique (Loustal, Franck Legail) et loufoque total (Vuillemin, Johan de Moor). Ainsi les parents du Petit Poucet, revu par Cabu, sont au chômage en fin de droit et veulent perdre leur progéniture dans un grand parc d’attraction, le Prince Charmant de Moebius retrouve sa Belle au Bois Dormant en vaisseau spacial, le Petit Chaperon Rouge de Jano est africain et danse le hip-hop dans la savane, la Cendrillon de Druillet est intergalactique, la Boucle d’Or de Ben Radis cherche le gimmick qui tue pour enregistrer avec les potes ours, Hansel et Gretel de Willem trucident leurs parents pour les faire bouffer par l’ogresse, quant au Vilain Petit Canard de Cestac, il finit monstre du Loch Ness ! Bref, un excellent moment à savourer tranquilou un dimanche aprem, les pieds en éventail. Ton DVD-vore préféré
MES AÏEUX “Tire-toi une bûche” (Disques Victoire / Socadisc) LES VOISINS D’EN FACE “Phoque” (Cheveux Longs, Idées Courtes) “IL ÉTAIT UNE FOIS…” (Goldvision / Artmalta) 61
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ZONE LIBRE ILS NE FONT PAS DE MUSIQUE, MAIS ILS EN VIVENT
Alternative Loc Dobacaracol, Eiffel, Babet, Asyl, Magyd Cherfi sont sur la route et partagent un point commun : des véhicules affrétés par Alternative Loc, une petite entreprise de service, née du do-it-yourself. ui n’a pas eu de groupe, ne connaît pas la galère du transport des musiciens et du matériel. Pourtant, l’initiative de Stéphane Giraud, gérant fondateur d’Alternative Loc, ne découle pas directement de cette expérience. Alors étudiant à Bordeaux, en passionné de musiques, il sympathise avec la scène locale. Quelques décibels plus loin, le voilà maraîcher en Charente. Doté d’un fourgon, il indique aux Sleeppers que si besoin était, il les transporterait. En route pour Toulouse et une date partagée avec Insane et Neurosis. “Ca a été un flash, le genre de moments que je voulais partager !” Ni une ni deux, notre apprenti chauffeur se dote d’un véhicule permettant de
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octobre 2000, Alternative Loc. L’ambition ? “Proposer un service adapté de location de minibus aménagés en places assises et d’une soute pour le matériel ; allier une attitude professionnelle sur un plan de la sécurité à des prestations souples.” Restait à convaincre financeurs et assureurs empêtrés dans leurs clichés sur le rock’n’roll et expliquer aux formations la nécessité de dissocier boulot et amitié… Aujourd’hui, Alternative Loc compte trois salariés et une quinzaine de véhicule. Parmi ses particularités : la livraison et la reprise à domicile (France et Europe), soit une économie pour les tourneurs. “Nous livrons le véhicule au groupe. Il fait sa tournée, sans payer les jours off, puis une fois termi-
transporter des personnes. Durant quatre ans, la demande ne cesse de croître. Mais 100 dates par an plus loin, plusieurs tours de France et deux tournées européennes avec les Rageous Gratoons, Nihil, Ez3kiel ou Impros Dub, le compte n’y est pas tout à fait. “Le chauffeur ne fait que conduire, passer du temps hors de chez lui et le soir du concert, attendre de reprendre la route…” Mais le besoin existe. De cette réflexion, naît en
née, nous récupérons le fourgon, le ramenons sur Bègles ou le nettoyons en route s’il est loué dans la foulée.” Stéphane Giraud a rendu viable une profession à priori marginale qui en fait l’égal d’un technicien son ou lumière. Modeste, il ajoute : “Les groupes ont tourné avant qu’il y ait des loueurs et tourneront après, on leur permet juste de se reposer sur nous.” Un confort apprécié.
Pierre Wetzel
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Bruno Aubin www.alternativeloc.com
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ZONE LIBRE ILS NE FONT PAS DE MUSIQUE, MAIS ILS EN VIVENT
Raphaël Lugassy
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voix et son côté primesautier, parfois ingénu. Mais une ertaines femmes A l’heure où sort un constatation s’impose : pour Valli, parisienne depuis ont des étages coffret sur son duo plus de 25 ans, de deux choses l’une, soit elle a eu le supérieurs.” mythique, Chagrin même prof de français que Jane Birkin, soit, pire, elle a Cette phrase de Bernardpris Jane Birkin comme prof ! Bien sûr, on lui pardonne Marie Koltès pourrait très d’Amour, rencontre ses quelques expressions idiomatiques traduites direcbien s’appliquer à Valli, la avec Valli, qui a su tement de l’anglais ou ses confusions entre le masculin sémillante animatrice tourner la page en se et le féminin : ça contribue aussi à son style. américaine de Système reconvertissant dans Disque sur France Inter les médias pour y Valli c’est aussi la moitié du duo Chagrin d’Amour qui depuis septembre 2002. connut un immense succès en 1982 avec Chacun fait (c’ Elle y scrute, en compa- parler de musique sous gnie de deux ou trois invi- toutes ses facettes. qui lui plait) composé par Gérad Presgurvic. Cette Américaine, née un 26 décembre à New Haven, CT, nous tés et en direct, les couraconte : “En 1980, je rencontre Philippe Bourgoin à New lisses de l’industrie musicale en faisant preuve d’un éclectisme de bon York, le parolier et l’éditeur du futur duo. J’étais alors étudiante à NYU et sur aloi quant au choix des sujets traités. Elle alter- le point d’obtenir une maîtrise de cinéma. Il m’a proposé de chanter.” A son ne entre des thèmes imposés par l’actualité du arrivée à Paris, quelques jours après la première élection de François milieu (Victoires de la Musique, Prix Mitterrand, on lui présente Gregory Ken, qui sera la moitié masculine de Constantin, Trans Musicales de Rennes) ou par Chagrin d’Amour. “Ce qui est drôle c’est que Philippe a su que ce serait lui, ses mutations (le piratage, le peer-to-peer, simplement en entendant sa voix sur son message de répondeur” précise l’autoproduction, etc.), mais elle propose aussi Valli. Le nom du duo, est un hommage au roman éponyme de Jean-Edern des séries consacrées à des labels mythiques Hallier. Inutile de dire que tout le monde connaît ce morceau : la mélodie est (Motown, Barclay, World Circuit, etc.), des excellente, les paroles originales et enfin le phrasé du chanteur allié à la voix hommes de l’ombre (paroliers, compositeurs, suave de Valli en firent un carton plein, et certains virent là le tout premier rap arrangeurs…). Par exemple, Valli a été l’une français. Un premier album chez Barclay viendra confirmer ce succès, mais le des rares à consacrer une émission au compo- second, Mon Bob et moi, paru en 1983 chez Virgin, succès d’estime, marquesiteur de musiques de films disparu François ra la fin du duo. Valli poursuivra en solo en 1986 avec une très belle reprise de Roubaix, à l’occasion des 30 ans de sa dis- de The more I see you, clippé par le photographe de mode Steve Hiett (ce clip parition tragique à presque 40 ans en faisant remporta beaucoup de prix et de distinctions) avant d’entamer une nouvelle de la plongée sous-marine. “Parmi tous mes carrière entre télé et radio dans des émissions musicales (Canal +, Arte, Paris invités, je dois dire que Dominique Blanc- Première, Ouï FM, Europe 2, etc.). On se permet une critique de l’émission de Francard et Laurent Petitgirard restent des sou- Valli : ce rendez-vous du samedi à 17h est trop court ! Pourquoi pas deux venirs fantastiques : je buvais leurs paroles.” heures ? Qui refuserait un tel RDV : un 5 à 7 virtuel avec Valli ? La convivialité, l’enthousiasme et l’intérêt de Jacques Kasbi Valli pendant son émission s’expriment par sa www.radiofrance.fr/franceinter/em/systemedisque 63
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CA GAVE HUMEUR & VITRIOL
DÉPRIMES D’ASSURANCE en panne sur le parking dont vous êtes l’archange salvateur.” “Ouais, z’êtes où ?” me fait l’archange dont le niveau lexical a beaucoup chuté depuis Gabriel. Je lui fais un descriptif sommaire du lieu auquel il me répond : “Ha, bé, je peux pas.” Je m’interloque et me récrie : “On m’a dit que”… “Il y a méprise”… “Je suis un parfait gentleman”… “C’est que, z’êtes pas sur ma zone”. Mais si ! J’assure, je tempête, lui donne l’adresse de l’IGN et, Google Earth. “Ah mais non, z’êtes à 100 mètres de ma zone.” Quand je lui demandais la raison de cette loi d’airain qui l’interdisait de franchir de 100 mètres les limites de son royaume, pensant qu’il s’agissait d’une malédiction lancée par un chaman cherokee acariâtre l’interdisant de quitter la terre de ses ancêtres, il m’asséna l’imJe batifolais joyeusement à la recherche de parable argument : “Hé bé, vous y pensez pas ? quelque objet d’intérêt personnel dans une zone Je suis pas assuré en dehors de mon parkingue et commerciale dont l’enseigne principale symbolise si y m’arrive quêque chose…” ironiquement le croisement de deux routes lorsque, maudit par les imprécations d’une pythie Hélas, trois fois hélas ! voilà donc la clé de 80% moyenâgeuse touchant mon ascendance depuis du comportement humain : on ne peut pas bou25 générations lorsqu’elle vient à s’approcher de ger, ne serait-ce que pour secourir un péquin quelque mécanique que ce soit, je tombais en dans la détresse, tant qu’on n’est pas assuré pour panne de voiture. Pour l’anecdote, Maheut ça. Le défaut d’assurance est devenu le châtiment Maurécourt de Chaude-Pisse Eluard, mon suprême, la faute absolue qui ravale l’être humain ancêtre, a renversé ladite sataniste notoire alors au niveau de la bête, le condamne à errer sans fin qu’il chassait la donzelle à cheval, d’où la malé- dans les limbes miasmatiques qui bordent diction voiturière qui me poursuit. Pour les don- l’Hadès, à prendre l’avion avec Jean-Luc Delarue zelles : je préfère jeter un voile pudique sur les ou à randonner avec Francis Heaulme. Conçues à conséquences, ça ne m’intéresse pas de passer l’origine pour rassurer leurs souscripteurs, les chez Mireille Dumas. Après avoir consulté les assurances sont désormais les gardiennes de la entrailles d’un agneau mort pour constater que ce frontière entre le possible et l’inimaginable, n’est pas comme ça que je ferai redémarrer l’im- comme s’éloigner de 100 mètres de sa zone de monde mécanique, puis le représentant d’une travail. Elles castrent toute volonté originale, brichaîne de garage toute proche m’ayant signifié ment les organisateurs de la moindre manifesta“Ah non, on peut pas vous dépanner, c’est pas tion voulant faire preuve d’imagination, créent un notre travail” (sic !), le garagiste en question, monde où tout est danger et où tout danger est cantonné dans le non-dépannage de voitures, me mesurable. Omniprésentes, omnipotentes, elles refila, telle l’adresse d’un bouge borgne aux spé- ont fini par normaliser tous les comportements cialités inavouables, le numéro de téléphone de la humains et l’on ne peut plus agir si l’on n’est pas sus-nommée enseigne supermarchétière en me auparavant assuré pour. On n’assure plus l’impréglissant, dans un souffle chaud sentant le café vu, donc on ne fait plus que ce qui est prévisible. froid et l’huile de vidange tiède : “Appelez les, ils S’il avait su, Maheut Maurécourt de Chaude-Pisse Eluard se serait assuré contre tout problème ont un service de dépannage sur leur parking.” avant d’aller trousser la gueuse : il n’aurait peutSoit, restons courtois, gardons notre sang-froid : être pas évité la malédiction, mais il aurait sans “Allo, monsieur le dépanneur de l’enseigne sus- doute souscrit une assurance contre toute desnommée ? Il se trouve que nous sommes faits cendance. pour nous entendre puisque je suis incontinent, Jean-Luc Eluard a vie s’agrémente à loisir de quelques aventures passionnantes qui ont la particularité d’alimenter mon tempérament bilieux et de me précipiter subséquemment chaque jour un peu plus vers l’ulcère qui me tend les bras et l’addition de mon intempérance. Que le récit de mes mésaventures ne fasse pas le quotidien des téléfilms estivaux n’étonnera personne car elles manquent de rebondissements et de drames familiaux (pléonasme : une famille, c’est forcément un drame), mais elles sont en revanche riches d’enseignement comme les contes de ce vieil emperruqué de La Fontaine, bestioles en moins. Allez, je vous raconte la dernière tant que TF1 n’en a pas racheté les droits.
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VADIM VERNAY “Myosotis” Album 11 titres La fine fleur de l’électronique… DVD MES AÏEUX “Tire toi une bûche” Festif, trad’ et rock’n’roll !!! COMPILATION “ZIC DE RUE” 34 titres La fanfare made in France !
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