le Mag mUSicAl #43 - fev. / AvR. 08 qu’ on N’ AchETe PaS !
CALI . K . EZ3KIEL . LOUIS HOPPER . ONB . SYD MATTERS KEBOUS . KOHANN . MISSILL FRED . ARIANE MOFFATT
Watcha Clan
Raoul Petite
43 SOMMAIRE ON Y CROIT !
Arcahuetas, Les Doigts de l’Homme, Ma Valise, Fada, Annecardona, Tom Poisson
8 ON Y TIENT ! à Syd Matters, Fred, The Married 17 Monk, Claire Diterzi, Travis
P. Wetzel
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Plus de 25 ans de carrière et toujours autoproduit, le bout en train Carton et sa bande de timbrés Raoul Petite sillonnent les routes jusqu’en juin pour présenter leur dernier show, sur scène ou sur DVD. Terriblement visuel et musicalement très abouti, chaque morceau réserve son lot de surprise. Grisant ! www.raoulpetite.com
Burki, Scenario Rock, Kebous, MGM, Beat Assaillant, Yoanna, Kohann, Missill
RENCONTRES 18 21 22 24 26 28 31
Hopper L’Orchestre National de Barbès Louis K EZ3kiel Cali WATCHA CLAN
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K COMME KÉBEC 4
Ariane Moffatt en studio 36
Février - Avril 2008
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PLANÈTE ZONE LIBRE
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Alain Pilot La Fanfare Pourpour fait son Carnaval
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EDITO
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TOUS
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LES
A l’occasion des Nuits Acadiennes (du 13 au 15 mars à Paris), réponse à la question “Mais c’est quoi l’Acadie au juste ?” en une chanson : Grand pré. Extraits… Grand Pré, c’est là que tout a commencé / C’est là que nous avions rêvé / De bâtir un monde nouveau / A l’abri des tempêtes, au bord de l’eau. / Grand Pré, c’était un peu le paradis / Les Indiens, c’étaient nos amis / A l’abri des arbres géants / A l’origine du nouveau continent. / Non, ils sont pas venus, les soldats, c’est pas vrai / Car dans la petite église, tous les hommes priaient / Les femmes à la maison préparaient le fricot / Les enfants dans les champs surveillaient
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BP 50 - 33883 Villenave d’Ornon Cedex Tél. 05 56 87 19 57 www.longueurdondes.com http://myspace.com/longueurdondes longueurdondes@tele2.fr
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ACADIENNES…
Directeur / Rédacteur en chef : Serge Beyer Responsables infos / com’ : Cédric Manusset, Bruno Aubin Direction artistique et conception : Cédric Manusset Responsable com’ Québec : Jean-Robert Bisaillon Distribution Québec : Local Distribution et les librairies Renaud-Bray.
ne peux pas oublier / Que mes ancêtres étaient français / Et tout ce qu’ils voulaient c’est vivre en paix. / Grand Pré, nous n’étions que quelques milliers / Nous n’avons pas abandonné / Aujourd’hui nous pouvons rêver / Trois millions d’Acadiens et d’Acadiennes continuent à chanter. / Nous avons survécu, nous sommes les invaincus / Nous nous sommes relevés, nous avons triomphé. / Nous n’avons ni frontière, ni haine, ni regard en arrière / Nous marchons droit devant, vers le soleil levant. / Enfants de l’Acadie, notre histoire nous a grandi / Notre histoire n’est pas finie !
Angèle Arsenault
Pour toute demande d’abonnement, veuillez consulter notre site Internet : www.longueurdondes.com
Prochain numero le 13 avril 2008 SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDES
TOUTES LES
les troupeaux. / Non, elle n’est pas venue, la si terrible guerre / Qui déchire les familles et crée tant de frontières / Si c’est ça mon histoire, je refuse d’y croire / Je préfère oublier ce qui est arrivé. / Grand Pré, tout un peuple qu’on a déporté / Une page d’histoire qu’on a déchirée / Les maisons, les fermes, brûlées / Tout c’qu’on avait bâti s’est effondré/ Comment faire pour garder l’espoir / Comment savoir où se trouve l’Acadie ? / On les a bien nommés, les piétons de l’Atlantique / Ces braves paysans qui venaient du Poitou / Du Berry, d’la Touraine, d’la Bretagne, de l’Anjou / Ils avaient tout quitté pour un peu d’liberté / On les a condamnés à vivre en exilés. / Grand Pré, je
Degasne, Sylvain Dépée, Julien Deverre, Jean Luc Eluard, Benoit G. Gerbet, Yann Guillou, François Justamente, Jacques Kasbi, Isabelle Leclercq, Yann Lecommandeur, Aena Léo, Sarah Lévesque, Ludochem, Cédric Manusset, Vincent Michaud, Eric Nahon, Elsa Songis, Johanna Turpeau.
Les articles publiés engagent la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés. Imprimerie : MCC Graphics Dépôt légal : Février 2008
Photographes : Patrick Auffret, Thomas Béhuret, Xavier Cantat, Remerciements : Marie Delagnes, Alain Dodeler, Robert Gil, DaFont.com Nicolas Messyasz, Michel Pinault, Pierre Wetzel.
Ont participé à ce numéro : Rafael Aragon, Bruno Aubin, Patrick Auffret, Alain Birmann, Jean-Luc Boisseau, Arnaud Cipriani, Couverture : Photo © Thomas Béhuret Béatrice Corceiro, Caroline Dall’o, Samuel
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Magazine gratuit - NE PEUT ETRE VENDU Ne pas jeter sur la voie publique
MARCHE OU BREVES ON MY RADIO ! Sur www.radionomy.com, on crée sa radio en ligne. A disposition, nombre d’outils pros pour se faire la main ou bloguer créatif, sans prendre la tête aux internautes avec son ego. Service gratuit promis avec 4 minutes de pub maxi par heure. Signalons aussi la naissance d’une nouvelle webradio : RKST.org (prononcer “aircast”). Similaire à d’autres radios / players / bibliothèques musicales tels que Pandora ou Last FM, RKST offre à ses utilisateurs la possibilité de créer son espace personnalisé avec ses goûts musicaux, les artistes similaires ou encore les réseaux des “amis” (entendez les internautes aux goûts semblables) et tout cela dans le cadre légal du partage musical. Le plus de ce média : permettre aux utilisateurs de créer leurs propres “émissions” audio et vidéo. Des vidéos du site feront également la promotion d’artistes qui
montent avec des “sessions acoustiques”. Curieux ? Allez taquiner le mulot sur www.rkst.org.
SAMMY DECOSTER EN STUDIO En marge de son groupe Tornado (folk rock US), Sammy Decoster écrit des chansons en français qu’il joue seul sur scène à la guitare. Un blues romantique et sauvage, qui a séduit Barclay : l’album, en cours de réalisation, sortira probablement en septembre 2008. En attendant, nombreux concerts en prévision. myspace.com/sammydecoster
SONIC AU THÉÂTRE La chanson “La loi des pauvres gens”, composée par Dominic Sonic en 1989, est devenue une pièce de théâtre qui a été jouée durant dix jours au Lieu Unique (Nantes) en janvier dernier. Sur une idée originale de Sylvain Chantal, ce projet dirigé par Hervé Guilloteau rassemble sur scène Jackie Berroyer, Bertrand Ducher, Dominic Sonic et… une fée ! Il s’agit d’une épopée de bas étage sur les errances souterraines d’Anatole, à la recherche de sa femme perdue dans un hypermarché cinq ans plus tôt. Un musicien, Dominic, l’accompagne dans ses soliloques. dominicsonic.free.fr
NEW YORK AVEC TOI
A L’ABORDAGE !
Zaploop, nouvelle plateforme d’échange musicale, organise un concours avec La Grosse Radio (web radio : www.lagrosseradio.com) et Roy Music (label de rock indépendant) intitulé “Live on stage” et qui a pour but de soutenir les artistes indés. Le gagnant, jugé par un jury de professionnels, enregistrera son premier album en studio et jouera en live dans un club new-yorkais. Le “meilleur fan” du gagnant partira lui aussi pour la Grosse Pomme afin d’assister au concert de son idole. Infos : cecile@zaploop.com
La mission Olivennes portant sur les sanctions à prendre pour le téléchargement peer2peer a suscité de nombreuses réactions opposées, comme la renaissance du Parti Pirate Français (PPR). Selon eux, toutes les informations devraient circuler librement sur le Net, entraînant une abolition totale des droits d’auteurs. Le mouvement souhaite alerter un maximum de personnes sur les mesures répressives en voie d’être prises par la France afin que les autres pays européens soient vigilants. www.reseauglconnection.com
ME, MYSPACE AND MY BAND ! Le plus gros site intercommunautaire du Web a lancé en 2007 une tournée nationale “Me, Myspace and My band” comme tremplin pour les groupes locaux des différentes régions françaises. Les formations venaient jouer sur scène lors de concerts gratuits. Une compilation de ces meilleures découvertes est disponible sur iTunes pour 4,99 euros. Première en la matière, cette compile réunit quinze groupes dans le but de les faire connaître ailleurs que dans leur région d’origine. Une belle initiative. myspace.com/memyspaceandmyband
GORILLES jours le rock, le groove et l’électro, les Gorilles ont souhaité retranscrire DANS une dernière fois leur énergie scénique. www.ffkk.com LA BRUME… …ET GRIFFE Après douze années au DANS LE NOIR ! service d’une musique inventive et bestiale, le groupe Freedom For King Kong (FFKK) raccroche sa peau de bête au vestiaire. Pour clore sa carrière, le combo (quatre albums à son actif) offre un dernier opus “live” intitulé : “La der. Live au Manège”, enregistré au Manège, à Lorient. Mélangeant tou-
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En manque de recettes, La Griffe, magazine gratuit breton d’actu culturelle, édité par l’association Coup d’Patte, ne sortira pas son 200ème numéro. L’indépendance éditoriale a du plomb dans l’aile et dénote la difficulté d’exister en dehors des grands groupes de presse et de leurs régies publicitaires. Pétition en cours sur www.lagriffe.org.
MARCHE OU BREVES COMME À LA MAIS°N Flûtiste aux nombreuses collaborations (Magic Malik, Doctor L, Troublemakers, Toma Sidibé), Jî Môb prépare son second album, “Power to the people”, sur le label de Vadim Vernay, La Mais°n. Après l’univers des films qui conduit tout son premier album, Jî Môb laissera la part belle “aux villes et aux rencontres”. De leur côté, Vadim Vernay et Abraxas Project collaborent sur un projet électronique polymorphe, entre jazz psyché et électro, “sorte de jeu de “ping pong” entre les deux musiciens. Ni la sortie ni le format ne sont encore déterminés. www.oceanikcreations.com www.label-maison.org
LES BOURRINS ASSOCIÉS… Oui, un bon vivier d’animateurs bénévoles permettent encore de faire connaître les scènes punk, metal et hardcore, au travers d’émissions souvent diffusées sur des radios associatives ou sur le Net, au risque de passer inaperçues. Heureusement, le G.E.R.B. (Groupement d’Emissions Radio Bourrin - ça ne s’invente pas !) réunit et fait la promotion active de ces activistes des quatre coins de la France. le.gerb.free.fr
DE PARIS À MONTRÉAL Edith Gaudy et Paul Bessone, de L’Institut des Métiers de la Musique, créé à Paris, se sont expatriés à Montréal durant l’été 2007 pour y implanter une filiale de cette structure de formation professionnelle en terre québécoise. Un premier programme long est prévu à l’automne 2008. Le couple établit actuellement divers partenariats avec les acteurs professionnels québécois dans le but d’arrimer son offre avec les besoins que manifeste ce marché. A suivre sur www.metiersdelamusique.com
JUST A LITTLE HELP FOR MY FRIENDS
St Etienne revient en première division de l’actualité musicale française : en plus d’un Zénith qui lui sera livré fin juillet, la Manchester française s’est enfin dotée d’une SMAC (salle de musique actuelle). Le Fil, capacité de 1200 places, se divise en deux espaces, l’un dédié à la scène, l’autre aux tendances “club” avec bar. Egalement : trois studios de création artistique et un disquaire indépendant intra-muros. L’inauguration s’est déroulée sur trois jours, servis par une programmation différente chaque soir, histoire de refléter l’éclectisme voulu des lieux. N’y manque plus qu’un festival pour marquer définitivement sa place. myspace.com/smaclefil
POURSUITE TRIVIALE
Mouloud, groupe de rock électro, c’est déjà beaucoup d’ingrédients mixés. En solo, DJ Moule, c’est carrément patchwork. Le joyeux drille propose sur son site Internet, gratuitement et quasiment chaque semaine, un nouveau mix original. Jugez plutôt : The Cure vs Daft Punk, Velvet Underground vs Chemical Brothers vs CSS vs LCD Soundsystem ou encore The Doors meet NTM. “Je me suis mis au bootleg pour faire cohabiter des a cappella de Mouloud & the Sonic Destruction avec des pointes de l’histoire de la pop. Ensuite, j’ai poussé le concept au-delà du groupe et j’ai pris goût à réaliser des mélanges improbables et à échantillonner l’inéchantillonnable.” www.djmoule.com
Pour épater amis et famille et étaler toute votre confiture rock’n’roll, voici un quiz idoine : né dans une fin de soirée où la rigueur d’un Trival Pursuit plombe l’euphorie, l’Indie Quizz est édité par Disco Babel. Cet humour sophistiqué et décontracté (yeah !) se retrouve sur Minimun Rock’n’roll, la revue de Disco Babel. Ses membres ont recueilli pendant un an les questions des “nerds du monde entier” avant de les classer selon des familles indignes, comme il se doit : “Le way of life” pour les plus déjantées ou le “Le rock à papa” pour égayer les soirées familiales. A vivre en tournoi ou chez soi ! Téléchargement libre sur discobabel.free.fr.
L’AMPLI DÉBRANCHÉ Centre de musiques actuelles sur Pau et les Pyrénées, L’Ampli s’est vu signifié par la communauté de communes du Béarn l’interdiction d’organiser des spectacles pour des raisons de sécurité. Soit 25 années d’existence, 7 ans de batailles pour déboucher, après 5 ans d’activité, sur une salle de concerts inutilisable… Pour encourager les élus et organismes en tout genre à financer les travaux nécessaires, signez la pétition sur www.ampli.asso.fr
La Sacem décide de donner un coup de pouce aux petites scènes de province, souvent très actives et vrais bastions de la musique live. Ces salles peuvent prétendre à des subventions pour accueillir des résidences d’artistes et formations pratiques pour les musiciens en herbe. La liste des lieux déjà aidés est consultable sur www.sacem.fr.
I AM EN BD… LE FIL
MOULE MIX
premier volume d’une saga prometteuse à l’esthétisme soignée, emprunt de second degré. www.iam.tm.fr
23 ans que le groupe marseillais existe. 15 ans que Freeman, l’un de ses chanteurs, en rêvait : la BD “Imperial Asiatic Men” est enfin sortie ! Inscrits dans la mouvance des Marvel et autres c o m i c ’ s , A k h e n a t o n , Shurik’N, Kheops et les autres proposent une image fantasmée du groupe pour notre plus grande plaisir. Le
… ET NINA AUSSI ! Le groupe rouennais Nina Bobsing, sextette sexy et punky, envisage de sortir cette année un premier album intitulé “L’amour moderne”. Particularité : il sera découpé en plusieurs épisodes de cinq titres et sera accompagné d’une bande dessinée. myspace.com/ninabobsing
WAX TAILOR COMPOSE POUR KLAPISCH Le Vernonnais Wax Tailor a réenregistré sa chanson “Que sera” avec Charlotte Savary afin de permettre son utilisation dans le film” Paris” de Cédric Klapisch, sur les écrans fin février. Dans la version originale, les chants étaient assurées par Doris Day. Dans le film, le titre s’appelle “Seize the Day”, et reprend le même arrangement.
BAZAR DUB Esprit communautaire et “do it” président aux destinées de Banzaï, nouveau label dédié aux musiques électro drum’n’dub and more, en région bordelaise. Plusieurs quêtes instrumentales se retrouvent ainsi dans des groupes où les membres cumulent les participations : Senbeï (le plus abstract), United Fools (drum’n’bass mêlée à l’afro-beat en passant par les Balkans)… A suivre également : Feldub, Harry, Fools Drop, Ital Ray Birth et Twang. Ce laboratoire sonore aux penchants atmosphériques et mondialistes vous attend sur banzailab.com.
DIFFUZONS LA CULTURE LIBRE ! La seconde édition du festival Diffuz dédié à la culture libre aura lieu du 10 au 17 Mai 2008 à Montpellier. Contactez les organisateurs pour participer aux diverses manifestations, entre projections vidéo, concerts, débats et expositions. A l’heure de la soupe à la grimace dans le business culturel, cette généreuse vision de la culture doit se propager. A noter que la libre diffusion sur laquelle s’appuie le festival se traduit par la possibilité de copier / partager toutes les productions du festival le jour même. blog.diffuz.org
C’EST DES INDÉS ! Nous les avions oubliés dans notre dossier sur les plateformes de téléchargement (voir numéro précédent), CD1D.com regroupe une fédération d’une cinquantaine de labels indépendants (Jarring Effects, Vicious Circle, Crash Disques…) désireux d’échapper à la mainmise des grandes enseignes de distribution : les revenus des ventes de CD, DVD, vinyles sont partagés uniquement entre les labels, les artistes et le site, sans intermédiaire, ce qui leur permet d’afficher des prix très compétitifs. On y trouve aussi bien le dernier Ez3kiel que des rééditions des 45 tours des Bérus ! En plus du site, deux magasins viennent d’ouvrir : un au Fil, la nouvelle salle de St Etienne, l’autre chez Jarring Effect à Lyon.
PLUS DE SANG NEUF LAISSEZ-VOUS GUIDER L’IRMA (centre d’information et de ressources des musiques actuelles) vient de publier le “Réseau”, annuaire de tout ce qui fait le hip-hop en France. Pas moins de 9500 adresses répertoriées, couvrant l’ensemble des activités d’un genre plus multimédia que jamais (DJ, labels, ateliers d’écriture, graphistes, sites web…), plus des informations solides sur tout ce qui concerne le juridique et l’officiel (statut de l’artiste, droits d’auteur, aides…). Un guide indispensable d’une culture plus que jamais vivante. Sortie en parallèle de la première édition du “Guide des fanfares” avec 6000 contacts, des fiches
pratiques d’organisation et les photos des fanfares recensées ! Un bon outil pour connaître les organisateurs de spectacles, les lieux et festivals… Disponibles à la boutique de l’IRMA (22 rue Soleillet, 75020 Paris), sur le site www.irma.asso.fr, ou dans toutes les bonnes librairies.
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Caméra à l’épaule, +209 parcourt le monde musical de festivals en concerts pour capter des petits clips de vie : entrevues et concerts mêlés pour défendre la “francosphère”. Egalement à l’origine du festival parisien Francophonuits, ses récentes captations au Coup de Cœur Francophone de Montréal (réalisées avec Longueur d’Ondes) sont visibles sur 109.fr et sur myspace.com/longueurdondes.
D.R.
ON Y CROIT
Ma Valise
Joot
“A la Errol Flynn” - Autoproduit / Anticraft - arcahuetaslesite.free.fr A en croire Grégory Desgranges (chant / guitare), les membres du groupe seraient des paysans montés à la ville... La raison probable des traces d’amour dans sa musique pour les grands espaces. Car inspirés par le rock du sud des Etats-Unis, ces cinq cow-boys girondins foulent les pas électro-acoustiques d’espèces aussi emblématiques que les 16 Horsepower ou, plus près de chez nous, les Roadrunners. Après dix ans de tâtonnement, le désormais quintette (violon, banjo, dobro, basse, batterie, guitares, etc.) publie son second album : “On souhaitait réaliser un disque entièrement acoustique, mais notre amour pour les Stray Cats et Chuck Berry a pris le dessus.” Cet habillage d’une Amérique musicale fantasmée passe par un équipement antérieur aux années 70 : “Ces instruments ont un supplément d’âme, une personnalité. Avec, nous reproduisons par mimétisme un type de son lié à nos goûts.” Cette plongée dans les racines du rock et du blues est le plus souvent dopée à l’énergie. Mais jamais cette dernière ne vient écraser les arrangements de cordes et de chœurs, quitte à se mettre en veille lorsque l’ambiance l’exige. Par une cohérence jusqu’au-boutiste, la dominante sépia de l’album se retrouve jusque dans ses visuels et son titre clin d’œil : A la Errol Flynn. “L’écriture s’est organisée autour de ce morceau et ce personnage héroïque à la scène, rock’n’roll à la ville, qui a rencontré Castro, défendu la République espagnole, aimé une jeune fille de 15 ans... Son nom est fantastique à lui tout seul !” De fait, les textes (en français) puisent en grande partie dans le “sociétal”, l’affirmation de soi et de sa dignité. Par les notes et les mots, Arcahuetas affiche une élégance chevaleresque, le propos rageur en bandoulière. Bruno Aubin
Alain Dodeler
Arcahuetas
Les Doigts de l’Homme “Les doigts dans la prise” - Cristal Records / Lamastrock www.lesdoigtsdelhomme.com Né autour du swing manouche, ce quatuor de guitares et contrebasse ne cesse d’élargir son répertoire depuis sa formation en 2003. Il revient avec un troisième album en grande partie instrumental, naviguant entre son tzigane, rythmes orientaux, chanson et même rock électrisant. Rencontre avec Olivier, auteur des morceaux et leader du groupe. QUELLE EST LA TENEUR DE CE NOUVEL ALBUM ? Pour chaque titre, nous avons tenté de croiser les musiques et influences qui ont compté dans notre parcours. J’ai joué un temps en Afrique, où j’ai découvert les instruments traditionnels. Plus jeune, j’écoutais énormément de classique et jouais du rock. Nous avons pioché dans tout ça en tentant de conserver l’esprit d’échange et de rencontre avec le public du jazz manouche, essentiel pour nous. VOUS AVEZ INTRODUIT DU CHANT SUR QUATRE DES QUATORZE TITRES. POURQUOI ? J’avais envie de chanter ! De plus, je me suis rendu compte que les mélodies instrumentales, même si elles portent beaucoup d’émotions, ne suffisent pas pour transmettre un message. Pourquoi ne pas utiliser les mots pour le faire ? Mais nous avons dû trouver une nouvelle façon de travailler l’accompagnement, pour qu’il soit toujours aussi riche sans pour autant détourner du chant. LE REFRAIN DE VOTRE PREMIER TITRE EST : “AUJOURD’HUI C’EST DÉCIDÉ, DANS LE TAPIS J’VAIS ME PRENDRE LES PIEDS”. QUEL EST VOTRE MESSAGE ? Ce morceau signifie qu’il ne faut pas avoir peur de prendre des risques, même si ça rate. Nous en prenons beaucoup avec cet album. Nous passons d’un genre à l’autre sans entrer dans une case en particulier. On a parfois peur que ça déroute un peu trop… Mais c’est en se posant trop de questions qu’on n’avance jamais. Alors faites comme nous : mettez les doigts dans la prise ! Aena Léo 6
“Maya Yé !” - Rue Tabaga & Couvre Feu L’Autre Distribution - www.mavalise.com “Un curry d’humanité”, c’est ainsi que le groupe du vignoble nantais définit son troisième album… Finie l’orientation “chanson française réaliste et populaire”, Ma Valise et l’Orchestre de la Grosse Dame du Monsieur Potin a posé ses malles aux quatre coins du globe. Chants en dioula ou en wolof, inspirations d’Europe de l’Est ou du Sud, rock métissé ou musique world colorée… Leurs mélodies jouent désormais les ping pongs épicés à l’image de ces polyglottes. Un tarmac qui, selon le groupe, s’est construit au fur et à mesure des rencontres : “Un métissage énergique et homogène, c’est ce que proposaient en leur temps la Mano Negra ou les Négresses Vertes… En soit, notre album est représentatif de la France d’aujourd’hui. Par exemple, un des membres de notre groupe est marié à une Roumaine et nous côtoyons donc beaucoup cette communauté.” Et dans ce processus d’échanges, le groupe tient à conserver un équilibre : “Ma Valise est une démocratie, et non une Sarkocratie. Les textes sont écrits à plusieurs mains, tandis que certains troquent la batterie et la guitare. Enfin, nous mettons le plus possible en commun pour laisser aux autres l’opportunité de rebondir en s’appropriant le résultat.” Une philosophie qui a amené à l’affirmation plus profonde de certains thèmes comme l’immigration forcée ou encore les sans-papiers. L’occasion également d’intégrer un membre supplémentaire “comme un beau-frère que l’on n’aurait pas choisi”, afin d’établir une réciprocité album / live. Car dès l’enregistrement, le groupe a pour la première fois pensé à sa transposition en concert. Une formule gagnante au vu de leur tournée de deux mois en Allemagne. Un curry d’humanité, disions-nous… Samuel Degasne
Pierre Wetzel
ON Y CROIT
Fada
Tom Poisson “Riche à millions” - Naïve www.tompoisson.com
Alain Dodeler
Ca bouge dans le monde du jazz ces derniers temps. Le slam s’est notamment popularisé, se réacoquinant avec la musique qui lui avait donné le jour, sous le nom de spoken word. Les Aquitains de Fada participent de plain-pied à cette évolution. Benoit Lugué (basse), en pilier de ce combo, fait les présentations : “On a tous 26-27 ans. On s’est réuni à un âge où l’on avait déjà pas mal pratiqué, dans différents styles. Xavier Duprat (clavier) et Vincent Sauve (batterie) viennent de La Réole où ils enseignent au collège de jazz de Monségur, moi je suis passé par le Conservatoire et le CIAM.” Après des débuts jazz-funk, l’incorporation de Mathieu Saint-Laurent (saxophone) réoriente le groupe vers l’électrojazz, avant que Fada ne trouve sa voie via le slam, et la voix de Marco Codjia. Depuis des années, ce dernier anime des soirées slam et officie comme MC dans ce groupe de hip hop aux humeurs bien tranchées qu’est 0800. Ensemble depuis moins d’un an, Marco revient sur leur approche de travail : “Suivant les formes qu’ont la musique et le texte, on essaie de se rejoindre dans un dialogue où la musique parle du texte, mais où les mots parlent aussi avec la musique.” Cette ligne directrice et la décontraction naturelle qui les anime ont convaincu les jurys des tremplins de Tours et de Porqueyrolles, ainsi que le directeur artistique du label rochelais Cristal Records. Trois en un, avec à la clef, un premier album : Soleil noir. A travers ces compositions, ils se sont attachés à créer une musique “un peu plus éloignée de la musique noire américaine et plus proche d’une écriture européenne, inspirée par des racines classiques”. Un beau programme musical servi par des textes d’une rare puissance et des prestations live laissant toujours une place aux improvisations. François Justamente
Nicolas Messyasz
“Soleil noir” - Cristal Rec. / Abeille myspace.com/fadamusic
Annecardona “Je déteste le rose” - Autoproduit myspace.com/annecardona Le titre de son EP donne le ton. La jeune femme brune, enthousiaste, déterminée, s’exprime de façon très personnelle, tout en nuances et subtilités, selon différents registres d’émotions : “J’essaie de faire passer des messages, mais toujours dans la légèreté.” Annecardona - “En un seul mot, pour le côté artistique, j’y tiens beaucoup !” - écrit ses chansons et compose sa musique au plus près de ses influences : rock anglo-saxon (Joy Division, Pixies), chanson française (Brel, Ferré, Piaf), musique indienne (Ravi Shankar). Sa passion pour l’Inde l’a conduite à y faire des voyages et à introduire tablas et sitar dans ses compositions. Françoise Hardy fait aussi partie de son univers : “Tout ce qui est 60’s, j’aime bien. J’apprécie le côté sucré, doucereux, un peu naïf.” Elle qualifie sa musique de “pop rock teintée de petites touches indiennes” et se déclare avant tout “intéressée par la mélodie du chant et des instruments”. Cela s’entend au fil de son 6 titres, et dans sa belle voix grave : Au jour la nuit met le sitar en avant, Roue de secours sonne rock, C’est pas moi c’est l’autre fait dans la ballade… Annecardona présente avec son groupe un répertoire d’une quinzaine de chansons, deux mercredis par mois, à La Comedia (Paris 11e), jusqu’en juin 2008. Elle évolue dans un décor années 60, “dans l’esprit Carpentier”, soutenue d’une mise en scène qui “apporte une dimension théâtrale au concert” et lui permet de “retrouver toutes les bonnes sensations du théâtre, avec quelque chose en plus”, car Anne est également comédienne. Ses projets pour 2008 ? “Faire un album, trouver la personne qui va le réaliser et le produire. Je cherche aussi un éditeur pour développer ma carrière et un tourneur pour jouer en province.” Elsa Songis
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Qui a dit que la francophonie ne comptait plus dans ses rangs d’auteurs compositeurs interprètes dignes de ce nom ? Hein ? Qui l’a dit ? C’est pas nous ! Alors bienvenue à Tom Poisson pour son troisième opus. Un album parsemé à la fois de soleil, de regrets, de départs, bref, de vies au bord des rêves. Avec ce TOM3, Poisson entre dans le club des chanteurs trentenaires, ceux qui savent mettre en musique, avec talent, leurs états d’âme : “Un accord entraîne un mot, un mot entraîne un thème, ce thème une chanson… Je ne décide pas à l’avance du sujet que je vais aborder. Je préfère qu’il s’impose à moi, comme une évidence.” Une surprise attend les adeptes de Sanseverino avec un poignant duo sur un thème visiblement cher à l’auteur : l’amitié. “Ma façon de faire de la politique, c’est de montrer du doigt ce qui, à mon sens, a de l’importance dans nos courtes existences de bipèdes… L’amitié, l’amour, le partage quoi !” Sa voix chaude se pose sans performance, mais avec justesse, sur des arrangements musicaux efficaces : “Je travaille avec des musiciens qui me sont précieux… J’ai du mal à dissocier l’enrobage d’une compo de la composition elle-même, oui je suis présent jusqu’au bout du processus de création.” Et même si, comme d’autres, il nous assène, références à l’appui, une nostalgie “nervalienne” aux rythmes troublants des petits tracas de la vie quotidienne, c’est bien fait et avec humour ! Alors, quand on lui demande où il se situe dans la nouvelle scène française, il répond modestement : “Comme un petit Poisson dans un grand aquarium !”
Johanna & Sylvain
SYD MATTERS
Robert Gil
ON Y TIENT
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inie la pause offerte par la bande originale du film La question humaine (Nicolas Klotz), le chanteur pop-folk et ses acolytes reviennent avec un troisième album. Une mélancolie caressée par la simplicité et la nostalgie. Un soundwriting plus appuyé, avec pour nouveau souffle, quelques accents world. Une orchestration dense et intemporelle soutenue par des chœurs. A ce propos, le travail du plasticien new-yorkais Jason Glasser y est volontairement symbolique, la pochette mettant en scène la mythologie du centaure dans un contexte onirique aux contours flous. Un personnage impalpable et romantique qui hante l’inconscient collectif. Un pont entre les âges qui ne s’impose pas à vous, mais sollicite la quête. Un nouvel album qui, selon son auteur Jonathan Morali, contient également des orientations plus affirmées : “J’ai appris à faire des choses moins alambiquées. A moins me cacher derrière. C’est donc une continuité, mais c’est aussi un album plus frontal. Nous allons pouvoir jouer sur d’autres émotions…” Une démarche que le groupe s’est empressé d’aller jouer début décembre à New York. L’occasion de se réapproprier ce nouveau répertoire et d’y dessiner de nouveaux arrangements spécifiques au live : “Nous tenons à respecter un certain rythme naturel, sans prendre de virage radical. Il y a plus de détails dans ce nouvel opus… Tout le travail réside à établir une cohérence entre les anciens et les nouveaux morceaux que nous intégrons au fur et à mesure.” Et si certains imaginent encore le timide chanteur écrivant seul dans sa chambre, ses musiciens ont depuis longtemps dépassé leur simple rôle d’accompagnateurs, instaurant “une véritable atmosphère autour des instruments. Comme dans la pure tradition pop anglo-saxonne, l’axe principal reste la musique, traitant les mélodies comme des paroles.” Un album plus collégial donc, qui sait néanmoins servir un propos intimiste. Une preuve supplémentaire que mélancolie ne signifie pas forcément pessimisme et tristesse. Ici, quand l’émotion se pare d’apesanteur, ce n’est que pour se rendre plus câline et universelle. Sereine et apaisée. Samuel Degasne “Ghost days” - Because Music www.sydmatters.com
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THE MARRIED MONK
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Robert Gil
Pierre Wetzel
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riginaire de Maurepas en région parisienne, Frédéric Metayer s’est tout d’abord fait remarquer pour sa reprise acoustique de J’appuie sur la gachette de NTM. En 2003, l’album Sauter du nid concrétisait, avec l’aide de Camille Bazbaz et Loo & Placido, un premier essai autoproduit entre folk dénudé, reggae épuré et phrasé irrégulier. Quelques 300 concerts plus tard (dont en Israël, Palestine et Jordanie), les cheveux ont poussé, le regard est sûr et la main posée sur l’angle de l’un des fauteuils de son QG nord parisien : Le Chéri Bibi. Pas de doute, Fred se bonifie avec l’âge. C’est en Afrique, sur les traces de Salif Keïta, que son deuxième album a été achevé. L’occasion de “finir de poser les voix et de capter des ambiances de rue, afin d’obtenir un son en plusieurs dimensions.” Caprice d’artiste ? Quête du son à la Ry Cooder ? Non. Le songwriter répond humblement à la suggestion de son producteur Jean Lamoot : “Nous sommes partis avec un album pratiquement déjà écrit. Jean m’a appris à rajouter des couches comme un oignon. Ce fut l’occasion de découvrir les joueurs de calebasses ou de kora. Les arrangeurs y sont très précis. J’avais presque l’impression d’être sur scène. Et il est même arrivé parfois de finir les textes après la musique !” Ce second (double) album marque ainsi une nouvelle étape. A l’image de sa pochette, Fred y est plus exposé, plus net : “J’avais envie d’aller de l’avant. Me positionner et me dévoiler dans une mise en scène du réel.” Une démarche qui se ressent à travers une musique sans détour qui n’épargne aucun tacle à nos contemporains. L’approche acoustique est toujours présente, baignée dans ses influences blues, quand les textes ont reçu le concours de R-Wan (Java) et de Chet. De fait, sur scène, la guitare électrique et son séquenceur se font de moins en moins pudiques. L’opportunité de dépouiller ses constructions et de leur donner chaque soir un visage imprévisible. Et les reprises ? Elles sont contenues sur le deuxième CD. Car si elles l’ont fait connaître, elles sont avant tout pour l’artiste “un trait d’esprit pince-sans-rire en guise de répartie.” Samuel Degasne “Mes graines” - Saint George www.myspace.com/meetfred
D
e Married Monk, on conserve l’image d’un groupe surprenant, qui au fil de ses cinq précédents albums, de ses quinze ans de carrière et de ses collaborations (dont Yann Tiersen en 99), aura montré que le rock n’est pas simplement un alignement de rythmes binaires, et la pop une facilité musicale. Avec le goût qu’on leur connaît pour les terrains de jeu insolites, c’est sans surprises qu’on les retrouve aux commandes musicales de Elephant people, opéra baroque dont les représentations ont débuté en janvier : “Cela fait deux ans que l’on travaille dessus. Le principe du spectacle est celui d’une émission de télé, dans la lignée de Ca se discute. Il y a un présentateur et des invités. Nous sommes le groupe de plateau, et nos chansons illustrent chaque personnage”, explique Philippe Lebuman, qui avec Christian Quermalet, forme le noyau dur des Married Monk. Elephant people est ainsi un cabaret étrange et moderne de la Cie Ouvre le Chien, écrit par Daniel Keene et mis en scène par Renaud Cojo. Reprenant le concept voyeuriste / exhibitionniste des émissions de télé-réalité, cette création mêlant musique, vidéo et théâtre, met en scène la “monstruosité” physique de six personnages ayant réellement existé, des frères siamois à la femme à barbe, en passant par Elephant Man, pour inverser progressivement le regard du spectateur et considérer ces anomalies sous l’angle culturel. Le nouvel album du groupe se présente ainsi comme la bande originale de ce spectacle : “Il y a toujours eu une grosse diversité sur chacun de nos albums, avec des morceaux calmes, d’autres plus énergiques, des chansons et des instrumentaux… La seule différence ici est que tous les textes ne sont pas de Christian. Mais on l’a abordé comme nos autres disques et le considérons comme tel”, continue Philippe. Accompagnés de Nicolas à la batterie et d’Etienne aux claviers et au saxophone, la BO d’Elephant people a tout d’un véritable album, riche de climats et de chansons inédites. Pour les concerts, il faudra attendre, car c’est uniquement sur les planches des théâtres, que se produiront les MM dans les mois à venir. Caroline Dall’o BO “Elephant people” - Ici d’ailleurs www.married-monk.com
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CLAIRE DITERZI
Robert Gil
ON Y TIENT
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rtiste mêlant depuis toujours les différentes formes artistiques, Claire Diterzi revient avec un deuxième album ambitieux : Tableau de chasse. Un opus grandiose qui met en chanson une dizaine d’œuvres du patrimoine français, passant sans complexes de Fragonard à Rodin et Toulouse Lautrec. QUEL EST LE CONCEPT DE L’ALBUM ? Le visuel m’a toujours inspiré. D’ailleurs, dans mon studio, je suis entourée de peintures. Avec mes différents projets, j’ai testé à peu près tous les supports artistiques sauf celui de la peinture et de la sculpture. L’idée est venue de là : retranscrire un environnement qui m’est cher, celui de la culture et des musées et non de la télé omniprésente. SUR LA DIZAINE D’ŒUVRES CHOISIES, LESQUELLES FURENT UNE ÉVIDENCE ? Le verrou de Fragonard et L’odalisque de Boucher. Je savais que je voulais faire “mon” odalisque. Une œuvre retouchée par un ami artiste et me représentant dans la même posture a été l’une des premières pour l’album. J’avais mon œuvre d’art à moi. Je voulais aussi créer un mélange musical entre les voix des Balkans et les B-52’s avec une basse lourde. COMMENT TRANSCRIRE LES MATIÈRES EN MUSIQUE ? Chaque œuvre a un son. Pour Fragonard, l’ambiance de la chasse à courre ne pouvait être illustrée que par le cor de chasse. Pour les sculptures de Rodin, je voulais des rythmes forts pour symboliser le son de la pierre taillée. LA FEMME EST LE SUJET PHARE DE L’ALBUM… Oui, les œuvres représentent souvent des femmes nues, ce qui m’a amené aux thèmes universels de l’amour, du couple et de la sexualité. Chaque œuvre fait appel à une chanteuse et à une femme différente ; un vrai travail d’actrice. La femme à quatre pattes est une chanson engagée contre l’imagerie R’n’B qui avilie la femme. Pour la chanter, je voulais avoir l’air d’une conne, alors je me suis entraînée à chanter en souriant bêtement. Pour La vieille chanteuse, je voulais sonner comme une chanteuse de cabaret de 80 ans usée par la vie. ET POUR METTRE LE BAISER DE KLIMT EN CHANSON, QUELS SERAIENT LES INGRÉDIENTS ? Des carillons et beaucoup de sensualité. Les mots qui me viennent sont “tintinnabuler”, “doré” et “caresse”. J’y verrai peut-être une rupture… Isabelle Leclercq “Tableau de chasse” - Naïve - www.clairediterzi.fr
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TRAVIS BURKI
Marie Delagnes
ON Y TIENT
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roubadour inspiré de la nouvelle chanson française, Ce garçon est l’album “va-tout” d’un artiste au charme fou qui a retrouvé son nom après s’être fait connaître sous l’initiale Ü. Le disque apparaît très autobiographique : “Je me suis aussi inspiré des autres, j’ai décrit les gens que je voyais. Ce garçon me ressemble un peu, mais ce n’est pas mon portrait.” Exemple, dans la chanson titre où un garçon “aime tous les gens” sans se soucier de la façon dont il est lui-même considéré. Et ça, ce n’est pas Travis : “Cela m’ennuie un peu que l’on ne m’aime pas.” Cette même impression décalée, cette même envie de se moquer de soi-même, on la retrouve dans Ton potentiel, un texte plein d’humour qui pointe les désillusions de celui en qui l’on croyait : “Je me suis mis en scène, mais je tutoie aussi quelqu’un. Si c’est direct, c’est peut-être parce que c’est autobiographique… J’avais déjà parlé de moi dans mes albums précédents, je le fais juste d’une façon plus simple. La mélancolie a cet avantage de nourrir une forme de beauté acquise. Quelque chose de triste et de mélancolique devient très beau lorsque c’est bien écrit.” A l’opposé de ce qu’il a voulu faire : “Cet album est antimélancolique, alors que je puise mon inspiration dans les choses mélancoliques. J’ai voulu m’en départir.” Toucheà-tout sensible, adepte des exercices de style, Travis Burki, auteur, compositeur, producteur, se sert de la musique pour “verbaliser une quête d’absolue”. Quand l’inspiration s’en mêle, tout va très vite. “Il me faut rarement plus d’une semaine pour écrire une chanson. Dans cet album, le quart des textes est arrivé d’une façon évidente. L’orgasme a même été écrit en une journée.” Cette chanson, sexuellement flagrante et provocante (il y en a d’autres !), touche à l’intime, mais reste gentiment entraînante. Bien sûr, on ne regardera plus Daphné, sa compagne, présenter la rubrique “tendance” de La Matinale de Canal Plus de la même façon, mais qu’importe, l’hommage qu’il lui rend dans la chanson éponyme est une ode à l’amour. C’est donc bien de Gainsbourg plus que tout autre que Travis Burki est le digne héritier. Politiquement incorrect et incorrigible poète. Patrick Auffret “Ce garçon” - Anticraft / UMPG www.travisburki.com 11
SCENARIO ROCK
Jérémie Rozan
ON Y TIENT
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istrionics, c’est l’art de la mise en scène, un besoin de reconnaissance qui se traduit par une attitude extrêmement exubérante.” Le duo parisien Scenario Rock s’attache à brouiller les pistes. Son nouvel album l’éloigne du carcan électro labellisée “french touch”, sur lequel règnent désormais leurs amis Justice. Un état de fait déjà perceptible dans leur premier essai. Morceaux électro survitaminés et chansons plus classiques se croisaient alors avec bonheur. De l’électro au format pop, Mehdi et Ludo (enfin, surtout Mehdi) revendiquent un large backgroung musical allant du hip hop au heavy metal, mais peu d’apprentissage de la musique. “On n’avait pas l’ambition de composer des chansons, avoue Mehdi. Mais notre passion pour la musique nous a ramenés vers les instruments.” Adolescent, il s’amusait à passer de 33 tours en 45 Cross town traffic d’Hendrix (album Electric Ladyland), faisait des loops avec le bouton play-pause, et découvrait les joies de Cubase. Aujourd’hui, le duo lorgne vers Joe Jackson ou le jazz fusion de Steely Dan ; tandis que Mehdi garde ses envies trop électro pour ses side-projets, comme ce chant, sur le titre DVNO, le single de Justice. Et effectivement, on ne retrouve pas sur le nouveau disque la fougue quasi hystérique de morceaux comme Cruisin ou Skitzo dancer ! “On ne s’est pas ramolli, loin de là, se défend Mehdi. On aurait pu remettre le couvert, profiter de l’héritage, mais j’avais envie de passer à autre chose. Ce qui ne nous empêche pas de continuer à jouer nos titres en live.” Comme tous les groupes de la french touch, Scenario Rock rêve de briser les frontières. Et chante en anglais, sans se soucier des quotas hexagonaux, des invitations à la danse, évidente et enthousiasmante. Personne ne résistera à la fougue d’un Perfect love antidote ! Soutenu par une major, Histrionics va donc sortir quasi simultanément dans le monde entier… “Nous sommes déjà sollicités pour aller jouer dans d’autres pays, mais en France, la scène électro ne laisse pas de place à des groupes pop comme nous, regrette Mehdi. La preuve ? Même Phoenix n’est pas spécialement présent ici !” Pas grave, comme le monde leur tend les bras, l’audience n’en sera que plus large. Patrick Auffret “Histrionics” - Sony BMG
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KEBOUS
Pierre Wetzel
ON Y TIENT
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enez faire un tour dans l’hémisphère de Lupanar, flirtez avec le son… Cet opus, c’est d’abord l’histoire d’une belle rencontre entre un artiste (Laurent Kebous) et un arrangeur (Serge Faubert). Une première partie des Ogres de Barback à Toulouse, un café pris sur le zinc, des goûts musicaux communs et l’aventure est lancée : “C’est la première fois que je travaille avec un réalisateur depuis dix ans que je fais des albums. C’est assez époustouflant. Ca donne de l’air aux morceaux, ça crée un espace… Le résultat est convaincant.” Cet album éclectique, aux sonorités pop, est construit sur des grilles d’accords plutôt simples. En revanche, le travail sur les arrangements est surprenant ! De la clarinette, au piano, en passant par le Fender Rhodes, le son est une pure merveille, à apprécier sans retenue. Prenez le temps d’ouvrir ce disque, il est à l’image d’un coffre plein de trésors à déguster. Chaque titre se laisse écouter, mais pas seulement… Il vous faudra lire les textes à l’allure abstraite pour y trouver toutes les clefs. Un conseil : ne restez pas sur une première écoute ! Laissez-vous envahir des parfums mélangés de Miossec et de Gainsbourg. “La musique n’est pas un clivage de paroisses, y’a pas les rockeurs, les rappeurs… Sur le Deal du siècle, j’ai un phrasé qui n’est pas nécessairement calibré chanson française, mais ce n’est pas non plus du hip hop !” Sous son costume du dimanche et sa gueule de rockeur, Kebous le poète, n’est ni plus ni moins, que le chanteur des Hurlements d’Léo. Après des années de travail en “meute”, Laurent a éprouvé le besoin de monter son projet solo : “Je n’aurais jamais pu faire cet opus dans le cadre des Hurlements.” Après un 7 titres réalisé par Romain Humeau (Eiffel), accompagné de son frère au piano, il s’entoure de musiciens - “et pas les plus mauvais” - pour une totale remise en question artistique, avec comme priorité actuelle : le propos. “Etre catalogué “chanson festive” toute ma vie, je n’en avais pas envie !” Kebous puise de son expérience une présence scénique, donnant à son album plutôt pop, un son live résolument rock. Johanna Turpeau “Lupanar” - Autoproduit / Pias myspace.com/kebous 13
MGM
Xavier Cantat
ON Y TIENT
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ne production en technicolor, ostentatoirement bling-bling pour My quest for the holy mic, des extraits de journaux télévisés anxiogènes dans War éternelle, des rythmes primaires pour une transe envoûtante louant l’importance des mots, et un inquiétant passage de Vol au dessus d’un nid de coucous en préambule d’Addiction(s), sans oublier de multiples emprunts sonores à la vie quotidienne, Vincent Soula aka MGM ne se refuse rien pour dessiner les contours du monde qu’il scrute et met intelligemment en scène dans Fresque humaine, son premier album solo. “Je suis plus observateur que dénonciateur. J’expose une vision du monde dans cet album et à travers elle, je me dévoile. Il y a quelques années encore, je faisais pas mal de textes sociopolitiques, des textes engagés qui m’impliquaient. Là, j’ai voulu me mettre en retrait et embrasser une réalité plus large, avec plusieurs niveaux de lecture, plusieurs points de vue.” Deux ans après l’aventure collective Chronique d’un mec qui merde, concocté à quatre, MGM réalise ici un kaléidoscope urbain et dense, riche en influences musicales ; le hip hop bien sûr, mais on entend aussi des rythmes ou des motifs ragga, slam et électro, résurgences d’un parcours musical plutôt sinueux. Il s’en dégage une écriture exigeante, une puissance et une impression de noirceur qu’éclairent parfois l’autodérision, des clins d’œil : “C’est une façon d’être à la fois vigilant et honnête, de ne pas se leurrer, de s’éloigner des caricatures. Le résultat n’est pas forcément très gai ; mes proches me disent que c’est même dark… Mais, je trouve ça plutôt marrant à écrire.” Le passage sur scène préserve la densité sonore. Elle se transforme même : sous l’influence d’un bassiste et d’un DJ, elle revêt des accents électro-dub. De son côté, MGM joue avec les textes. Son redoutable flow prend ses aises, se ménage quelques échappées belles et risque de nouvelles inflexions. Et on voit se dérouler avec excitation Fresque humaine, quatorze petits films d’auteur estampillés MGM. De quoi rugir de plaisir. Sylvain Dépée “Fresque humaine” - Autoproduit www.mgmsoul.com
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BEAT ASSAILLANT
Thomas Béhuret
ON Y TIENT
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appeur américain installé à Paris, Adam Turner aka Beat Assaillant débarque en 2005 avec un premier album encensé par la presse et le public. Après deux ans de tournée intensive avec ses neuf musiciens (tous Français), l’heure est venue de donner suite au très prometteur Hard twelve. Avec à la clef un défi musical de taille : tout enregistrer en une seule prise pour préserver l’énergie et le son du live. Et le résultat est à la hauteur, un concentré de hip hop cuivré et de soul soyeuse, aux arrangements soignés et à la production impeccable. De quoi réjouir les fans d’Herbaliser, US3 ou Hocus Pocus. Rencontre avec notre MC au français irréprochable, en pleine répétition en studio à Montrouge… POURQUOI AVOIR CHOISI LA FRANCE POUR POURSUIVRE TA CARRIÈRE DÉJÀ BIEN ENTAMÉE AUX ETATS-UNIS ? En fait, je suis arrivé à Paris comme touriste et la ville m’a beaucoup plu ! Je suis resté et j’ai rencontré le producteur Danny Wild avec qui on a créé le groupe. Du coup, je ne suis jamais reparti ! Voyager m’a permis de m’enrichir humainement et musicalement. CONNAISSAIS-TU LE RAP FRANÇAIS AVANT D’ARRIVER ? A part MC Solaar, qui a rappé avec Guru, j’ignorais qu’il y avait une vraie scène hip hop en France, ça m’a surpris et c’est l’une des raisons de mon installation ici. J’y ai retrouvé la vivacité de ma ville d’origine, Atlanta. PEUX-TU NOUS RÉSUMER UN PEU LES THÈMES QUE TU ABORDES DANS TES RAPS ? C’est très ouvert. Je pars des petites choses qui m’arrivent et je brode. Même si je l’aborde, on ne peut pas parler de rap politique, je fais plutôt du rap humain. Je ne fais qu’exprimer mes sentiments ! Ma vie, les filles, mon job… Les gens peuvent s’identifier à mes textes. POURQUOI AVOIR CHOISI CE TITRE, IMPERIAL PRESSURE ? Tout le monde sur cette terre doit faire face à la pression. Je veux juste offrir une heure de bonne musique, de détente, pour oublier les soucis. C’est comme une bulle, un refuge. Ca représente bien mon rapport à la musique. J’écris sur ce qui me dérange dans la vie et je le dépasse en le transformant en chanson, en quelque chose qui me plaît. Rafael Aragon “Imperial pressure” - Dirty Dozen Rec. / Wagram www.hardtwelve.fr 15
YOANNA
Robert Gil
ON Y TIENT
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lle débarque sur scène avec sa petite robe rouge. Elle a l’air un peu fragile, derrière son accordéon presque aussi volumineux qu’elle. Trompeuses apparences : ce bout de fille de 23 ans a une voix aussi ronde que puissante et un charisme à faire chavirer les cœurs. Yoanna est une jolie fleur forte. En solo ou accompagnée de ses musiciens, elle revisite la musette comme une bourrasque, donne un coup de neuf au titi parisien, réunit à la même table les Têtes Raides, Bérurier Noir et Yvette Horner ! Mi-chanteuse, mi-comédienne, elle ponctue ses morceaux d’anecdotes mordantes. Il paraît qu’elle a le trac avant de monter sur scène… Ce sont pourtant les spectateurs les plus impressionnés. Venue de Suisse, Yoanna a commencé l’accordéon à 8 ans, parce que sa prof de danse en jouait : “Je suis tombée amoureuse de l’instrument en la regardant.” Plus tard, elle prend aussi des cours de cirque et de théâtre, qu’elle abandonne pour se concentrer sur son instrument : “Je voulais faire de la scène très vite. La musique était le moyen le plus immédiat d’y arriver.” Elle écrit ses premières chansons à 18 ans, monte des morceaux… “C’est la partie la plus difficile pour moi : je brode autour de quatre accords, je compose à la truelle. Mon truc, c’est les textes. Je peux écrire une chanson en deux minutes.” A peine majeure, elle quitte la Suisse pour la France et se pose à Grenoble après un détour par Montréal. En 2006, elle croise Fafa Daïan, le guitariste de Sinsemilia. Il devient vite son alter ego musical et le producteur de son premier album. Ensemble, ils développent le répertoire de Yoanna, co-écrivent des textes : “Il m’a apporté de la méthode et ses treize années d’expérience avec Sinsé. Il sait mener une répétition et gérer une équipe.” Le résultat est là : ce premier album concocté avec ses musiciens a ce qu’il faut d’extravagance, d’humour piquant et de rythmes valsants. On rit à ses coups de gueule joueurs. Elle parle d’amour, de sexe, mais son écriture décapante lui permet d’aborder aussi des thèmes plus durs, comme la violence conjugale ou la crise du logement. La sortie de son album en mars sera suivie d’un passage à Paris en avril, puis d’une tournée. Aena Léo “Vivre tue” - Projet Bob / Matcha www.yoanna.ch
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MISSILL
KOHANN
Pierre Wetzel
Constantino Ruiz-Lopez
ON Y TIENT
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ohann, princesse celtique de l’électro-pop, fée du breton réinventé en langue elfique, sort son troisième album, Hypnotic. Un curieux mélange de trip-hop, de riffs électriques et de cordes mélodiques. Un genre à part dont l’originalité posée dès Milbed (1999) reste sans équivalent. Hypnotic est l’occasion d’une métamorphose avec, tout d’abord, un changement de compagnons. Konan et Gurvan Mevel (Skilda) assurent les parties acoustiques et programmées tandis que la guitare de Hervé Bruzulier vient en renfort : “Konan m’a demandé de bien vouloir chanter sur le nouvel album de Skilda. L’entente étant vraiment bonne, je lui ai demandé en retour de travailler sur mon projet. Je tenais à laisser entendre les cordes, les sons organiques, à faire ressentir la présence de la nature et à poser une orchestration cinématique.” Ensuite, légère dérogation au “tout breton” : “Il y a effectivement deux titres qui ne sont pas en breton et c’est vrai qu’en titrant l’album Hypnotic, je voulais prendre un parti pris universel, que les titres soient de lecture immédiate.” Et, enfin, changement de label . Exit le défunt Soñjenn de WEA, bonjour L’Oz qui ne cache pas son intention de faire connaître Kohann par-delà les océans. Mais au fait, pourquoi L’Oz et pas un autre ? “Parce que c’est le label de Didier Squiban pour qui j’ai une véritable admiration et une vraie estime musicale. Pour moi, il y a une forme de prestige à faire partie de la même boîte que ce pianiste extrêmement prenant. Et certainement aussi parce que Gilles Lozac’hmeur, le fondateur du label, est breton… Je ne suis pas un porte-drapeau, mais je reste néanmoins fortement imprégnée de ma terre. Je suis habitée par les effluves terrestres qui émanent de cet endroit de la planète.” Et effectivement, si Kohann change de compagnons et de communauté, sa quête reste la même : l’exploration musicale d’une langue qui fait corps avec son esprit. Un cas de possession ? C’est fort possible… Méfiez-vous de cet Hypnotic , votre corps pourrait bien s’agiter comme un damné et votre volonté perdre tout contrôle. Jean-Luc Boisseau “Hypnotic” - L’Oz www.myspace.com/kohann
M
issill, pour un DJ, voilà un nom qui a le mérite d’être clair. D’autant plus clair qu’après l’avoir vue sur scène, le doute n’est plus possible. Seule derrière ses platines, elle est un véritable show à elle toute seule ! Son principal atout : un enthousiasme décapant et communicatif, doublé d’une beauté à faire rougir n’importe quel clubber… Mais Missill refuse d’en jouer et préfère se retrancher derrière un personnage virtuel hostile, tout droit sorti de son imagination japonisante. Car à ses débuts, Missill n’est pas DJ, mais graphiste… graffeuse pour être plus précis : “J’ai commencée dans la rue, à Montpellier, quand j’avais 16 ans. Puis rapidement, je me suis fixé comme objectif d’en faire mon activité principale”, nous explique déterminée la fille du sud. “Je faisais des logos, des sites Internet pour des entreprises, mais c’était assez ennuyeux.” L’air de rien, elle se met à réaliser les flyers de soirées, puis au feeling, passe de Photoshop aux platines, et devient rapidement la principale attraction de ces soirées… “Je kiffais, je foutais le bordel, et au final, je me faisais plus remarquer que les autres.” Du hip hop et du ragga, qui sont ses univers de prédilection, Missill se lance rapidement vers l’électro, le breakbeat et la drum’n’bass : “Je recherchais de la puissance sonore, quelque chose de plus dancefloor. J’y ai ensuite intégré une bonne dose de rock… Cela m’a permis de faire ressortir le coté punk qui est en moi”, analyse-t-elle. Ce qui n’exclut pas une grande sensibilité : “Il m’est arrivé de sortir de scène en pleurant parce que je n’avais pas fait ce que je voulais.” Car la frénésie des gens sur le dancefloor, c’est ce dont notre DJette se nourrit : “Ca me rend électrique ! Mais ça me fait flipper également. J’ai parfois l’impression d’être un dictateur devant ces foules surexcitées.” Le 15 mars, elle aura atteint sa première cible : sortir son premier album, Targets. Quinze titres dancefloor en compagnie d’artistes reconnus tel MC Dynamite, présents sur le tube : Forward. “J’ai adoré créer cet album, car il est le fruit de la collaboration de nombreux professionnels, tout en restant fidèle à mon image.” Celle d’une artiste heureuse, impétueuse et talentueuse. Arnaud Cipriani “Targets” - BMC / Discograph www.missill.com
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Xavier Cantat
Hopper “N
ous cherchions De coups de tête en où nous pour- coups de bluff, rions enregisHopper a enregistré trer, alors nous avons ressorti les albums que nous aimions à Seattle un bien. Deux d’entre eux, Two deuxième album au de Black Heart Procession, et nom surréaliste : Misery is butterfly de Blonde Deergirl (la femme Redhead, avaient été enregiscerf). Le résultat, trés là-bas.” Aurélia, chanteuse-guitariste qui cache d’une exigence rare, sous ses longs cheveux châ- est splendide et tains une puissance vocale rapproche claire et imposante, poursuit : du paradis le “Nous aimions ce son à la fois quatuor parisien. brut et travaillé, avec une vraie cohésion.” Elle et Dorothée, jolie brune typée aux yeux magnétiques et à la voix chaude, ne mettent pas longtemps à séduire musicalement le réalisateur artistique Ryan Hadlock. Les filles mettent leurs économies sur la table, et direction Seattle. Un sacré coup de bluff, car aucun label n’est là pour les épauler ! 23 jours de studio sont réservés et plus de douze heures de travail quotidien sont nécessaires pour tenir les délais : “Nous avons commencé par enregistrer en live tous ensemble, en gardant la basse et batterie, précise Jean, batteur. Et il y a eu le travail en profondeur pour choisir le son des guitares, selon les morceaux, et même selon les parties.” “Ils avaient loué un échantillon d’amplis spécialement pour nous, complète Aurélia. Et il y avait pas mal de pédales, des guitares différentes. C’était le bon moment pour expérimenter et travailler les arrangements et le son. Nous n’avions pas pu le faire sur le premier album.” Les pièces gigantesques permettent d’obtenir de superbes réverbérations naturelles. D’autres, plus 18
petites, offrent un son plus mat. De quoi décliner à loisir les envies musicales de chacune avant qu’elles n’expriment leurs sensations dans des textes impressionnistes. “La voix brute de décoffrage montre que nous ne faisons pas de compromis, souligne Dorothée. Nous avons notre propre identité : deux chants filles, des mélodies alambiquées. Il s’agit de transmettre une idée ou de l’énergie.” Aurélia confirme : “Nous essayons de faire passer des émotions, que l’on comprenne ou non les textes. En concert, les gens ne vont rien comprendre de toute façon ! Les textes sont donc plus dans la sensation, dans l’atmosphère d’un état d’âme, que chacun peut adapter à sa vie.” Entre deux séances, les jours off permettent de découvrir Seattle. Et même si le temps est passé, l’ombre de Kurt Cobain plane toujours sur une ville qui se révèle particulièrement pluvieuse. Dans cette atmosphère proche de l’invitation au suicide, mais égayée de nombreuses facéties retranscrites au jour le jour dans un journal en ligne, le groupe trouve la perfection qu’il était venu chercher. Ryan Hadlock s’affirme comme l’homme de la situation : “Il a des qualités essentielles : l’écoute, la patience, la gentillesse, s’enthousiasme Aurélia. Toujours de bonne humeur, positif et à l’écoute. Il n’y a pas un couac sur l’album.” “Il reste ces petites choses anodines qui donnent son charme à un disque, confesse néanmoins Dorothée. On a laissé des larsens… mais on aura fait de notre mieux !” Le résultat est lumineux, inspiré et peut, à forte dose, engendrer des réactions corporelles difficilement maîtrisables, allant de la transe aux larmes, de la colère à la plénitude… Depuis cet enregistrement, Romain, le bassiste, a été remplacé par Jean-Yves, qui officie également chez Syd Matters. Et après une longue attente, les concerts ont enfin repris. Deergirl, deuxième et brillantissime album devrait y donner toute son ampleur. Certains morceaux, Rock n’roll high, Tomorrow is a mystery, Tell everobody, sonnent d’ailleurs déjà comme des classiques. Patrick Auffret “Deergirl” - MVS Records / Anticraft myspace.com/wearehopper 19
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Xavier Cantat
L’Orchestre National de Barbès Huit ans après Poulina, l’ONB reprend du service avec un fourmillant nouvel album, Alik. Un manifeste festif, biberonné aux rythmes du couchant, à la musique des Caraïbes et au rock, où le rire en coin voisine les questions les plus épineuses. Preuve que pour l’ONB, il n’existe ni AOC, ni ADN.
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endez-vous était donné au fond d’une cour de Montreuil, dans un ancien atelier transformé en salle de répétition. A quelques semaines des premiers concerts, les onze membres de l’ONB se remettent, en bouche et en oreille, les dix titres du nouvel album. “Ca sent le mâle ! Ils répètent depuis quatre heures !” prévient-on. Et quand Kamel Tenfiche, chanteur et percussionniste du groupe, apparaît, il lance après un amical bonjour : “Pourquoi venir nous voir ? C’est quoi la motivation ?” Le désir, tout simplement ! Huit ans d’attente, certes émaillés de concerts et de collaborations avec Idir ou No One is Innocent, mais huit ans de silence tout de même.
1979, bien avant le film Indigènes), Giscard proposait 10 000 balles pour rentrer au pays. Sauf que trente ans ont passé, que nous sommes là et que nous entendons bien rester.” Et Kamel d’ajouter : “Qui était en première ligne de la 2e DB ? Qui a ouvert la marche pour libérer Paris ? Des tirailleurs sénégalais qui venaient d’Afrique noire et du Maghreb ! C’est eux qui ont servi de chair à canon. C’est une simple piqûre de rappel.” Autre révélation qui devrait en faire tousser quelques-uns : en plus d’avoir traversé la Manche, le rock a aussi traversé la Méditerranée. “C’est vraiment nous et d’une certaine manière, ça prend le contre-pied de l’image que l’on se fait parfois de nous. Quand on joue les Stones, on sent bien que ça provoque des réactions épidermiques : soit les gens adorent, soit ils détestent. Ca les dérange. Mais il faut bien se dire que quand on était jeune, on jouait dans des groupes de rock, qu’on écoutait Led Zep et Zappa et qu’il n’y a rien de surprenant. On nous a invités aux Nuits du Ramadan, et ça en dérange certains que des Arabes jouent du rock. Ils voudraient que l’on joue de la musique “couscous” ou Ali Baba.” Luis Saldanha, de son propre aveu le “douzième salopard” de la bande, et surtout l’ingé-son du nouvel album, renchérit : “Ca ne va pas plaire à tout le monde, notamment à l’intelligentsia de gauche. Ils voudraient que l’on ne fasse que du chaâbi, ou pire de la musique folklorique.” Avant de confirmer que les Rolling Stones, très soucieux de leurs droits, ne se sont pas opposés à la reprise radieuse de Sympathy for the Devil. “On avait déjà tendance à nous diaboliser, nous les Arabes, avec des barbes et des bombes… mais maintenant que nous touchons à ce monument du rock, que va-t-il nous arriver ?”, conclut avec malice Kamel.
“Ca en dérange certains que des Arabes jouent du rock.”
“Fais gaffe !”, traduction littérale d’Alik et cri de ralliement des nuits raï enfiévrées, a le mérite d’afficher la couleur. Ou plutôt les couleurs. Enregistré dans des conditions live, ce troisième album, enivrant de chaleur et de clameurs, croise allègrement les influences : le châabi et l’héritage gnaoua bien sûr, mais aussi le zouk, la rumba et le rock. Le tout servi par une prodigieuse complicité, un remarquable sens du son. “Quand j’écoutais Poulina, le deuxième album, sur FIP, je n’entendais rien ! Je devais augmenter le volume. C’était comme écouter un surgelé, reconnaît Kamel. D’accord, on avait les grands studios et les paillettes, mais on avait oublié l’essentiel. Avec Alik, on revient à quelque chose de plus spontané, de plus proche de nous.” Ce disque rend ainsi hommage à trois grandes figures de la chanson algérienne : Cheikh Mamachi avec le fougueux Civilise, Mohamed Mazouni avec Lila, et Slimane Azem avec Résidence qui avec La Marseillaise en introduction sonne étrangement actuel. “On n’affiche pas nos positions politiques, mais on en a marre d’entendre à chaque fois qu’approchent les élections, que l’immigration, c’est le problème numéro un en France, commente le bassiste Youcef Boukella. Déjà quand Slimane Azem a écrit ce texte (c’était en
Sylvain Dépée “Alik” - Wagram www.orchestrenationaldebarbes.com 21
loUis Le danseur de la nuit Le dandy réaliste se réinvente en conteur des affres nocturnes sur fond d’électro détonante.
Xavier Cantat
C’est presque un album concept. Presque, car si Les enfants du siècle ne raconte pas une histoire, les émotions évoquées sont très proches les unes des autres. Le sentiment général est sombre. On y parle de peur, de mort, d’angoisse, d’excès, de folie et de souffrance. Mais, même dans le caniveau, on regarde la lune. L’espoir de rédemption et la lumière existent même s’ils paraissent bien lointains : “C’est la nuit profonde, la descente, mais on se bat pour un autre état”, poétise le beau brun. On est bien loin D’apparences en apparences, son premier single charmeur. Louis prend des risques, casse une image qui ne lui correspond pas. Ce n’est pas une envie, c’est un besoin.
C
omment mélanger chanson et électro ? En déclamant des textes poétiques sur un fond musical barré ? En privilégiant les sons planants au risque de figer le texte ? On ne nommera pas tous ceux qui s’y sont cassés les dents, autant par décence que par manque de place. Mais certains Daho, Taha ou Bashung en tête - ont démontré que la chose était possible. C’est ce chemin, forcément sinueux, qu’a emprunté Louis pour se transfigurer.
“J’aimerais que mes concerts soient de grands défouloirs”
Après deux albums de chansons crépusculaires, le trentenaire a définitivement basculé dans la nuit la plus noire avec Les enfants du siècle. Pour être franc, on ne s’y attendait pas. Le choc commence dès les premières paroles : “Y’a des bulles dans mon sang / Il pleut des revolvers” (Ailleurs c’est ici). On sent qu’il va se passer quelque chose, on frémit. Tout cela reste très écrit et influencé par Artaud, Lautréamont, Nietzsche : “Le challenge de cet album était d’utiliser des mots que l’on n’a pas l’habitude d’entendre ensemble et de surfer sur ce déséquilibre”, analyse Louis. Fini le chant souriant, sa voix se fait sombre comme celle d’un Bashung ou d’un Burger, tout en restant aussi élégant et dandy qu’un Chamfort. Une petite explication à ce virage artistique à 90 degrés ? “C’est ça qui devait sortir… et c’est ça qui est sorti ! Chaque album a ses thèmes. Celui-ci est sur l’angoisse, la peur, après l’hédonisme des précédents…” 22
Musicalement, le chanteur a travaillé avec Yann Cortela, en expérimentant des sons sur le morceau Club dancing et sur des reprises de Joy Division. Le duo fonctionne et, avec la complicité du groupe de scène, l’album s’enregistre rapidement, au rythme d’une chanson par jour : “J’ai travaillé dans l’urgence sur ces chansons, parce qu’il fallait que je sorte cet album. J’en avais besoin.” Son label Columbia ne voulant pas s’occuper de ce disque qui tranche trop avec son image de chanteur “réaliste”, Louis se tourne vers Néogène Music, jeune structure dynamique totalement emballée par ces nouvelles musiques, et désireuse de suivre le chanteur dans ses chemins de traverses.
“Il n’y a pas de logique, on est happé dans cet état chaotique. Tout groove d’une certaine manière.” Dans sa quête forcenée pour ramener à la surface tout ce que nous essayons de cacher, Louis est allé demander à un de ses amis, interné, de raconter ce qui lui trottait dans la tête pour un morceau habilement placé en fin d’album : “Je suis allé le voir avec un dictaphone en espérant créer quelque chose avec lui. Et il m’a sorti des phrases du genre : “Je suis comme dans le ventre de ma mère avec Lucifer aux fesses.” Des choses que je n’aurais jamais pu trouver. Il est allé très loin dans la supra conscience.” C’est à la fois superbe et effrayant. On perd pied tout au long de ces Enfants du siècle jusqu’à se perdre dans la nuit totale. Il serait faux de dire que l’on en sort inchangé, mais paradoxalement, ça fait du bien d’entendre ce qu’on n’ose pas toujours s’avouer. Louis évoque les choses plus qu’il ne les analyse. Tant mieux. Sans explications oiseuses, on s’approprie plus vite ses mots et on se laisse submerger par l’émotion. “Même si les textes sont un petit peu bizarres, les mots sont simples, le nombre d’accord assez réduit. Ce n’est pas de la musique expérimentale !” Louis ne fait donc pas de la musique pour les diplômés en musicologie. C’est pop et les morceaux donnent envie de bouger tout en faisant réfléchir. Sur scène, Louis va déstructurer ses chansons pour les faire évoluer. L’enjeu : ne pas les figer dans le marbre, d’autant que ses concerts sont souvent conçus dans l’idée d’une progression dans la transe ! “Idéalement, j’aimerais que mes concerts soient de grands défouloirs. Mais avant tout, je veux mettre l’être humain en avant. Et le groupe va devoir surpasser les machines.” Autant dire qu’il va y avoir du bruit, de l’émotion et du chaos. L’idée est de laisser plus d’espace pour les plages musicales pour qu’on “lâche prise”. Ce défouloir ne servira pas uniquement au spectateur (NB : ne pas oublier de prévoir un T-shirt de rechange pour après le concert). Partager ces chansons sur scène permettra à Louis d’extérioriser toute cette noirceur. “Aller chercher tous ces sentiments sombres, c’est physique à porter. Il me tarde de sortir tout ça sur scène pour ensuite passer à autre chose. Je ne sais absolument pas ce que sera mon prochain disque. Mais je peux vous dire qu’il y aura de la lumière.” Vivre et faire vivre ces Enfants du siècle chargés, charnus et charnels pour en retirer ensuite une énergie positive. Sur le papier, ça semble fumeux. Mais quand on écoute Louis, c’est juste évident. Eric Nahon “Les enfants du siècle” - Néogène Music myspace.com/louiscom 23
Michel Pinault
r u e i r é t n i ’ l e d n Quelqu’u Avec son air lunaire et ses chansons ciselées à la mélodie fine, le petit Suisse, bluffant sur scène, sort enfin son premier album en France. Une bouffée d’air bienvenue...
K 24
E
cole à Lausanne, art dramatique à 11 ans. L’âge de sa première chanson aussi : “J’ai toujours voulu être chanteur, mais ça a été long à assumer.” Etudes à Paris, bac scientifique, école de théâtre à Chaillot. Mais : “A 21 ans, j’étais très down.” Remise en question en Suisse Romande. Animateur TV, comédien, travail social, méditation Vipassana (“Ca m’a fait faire des pas de géant.”) Premier groupe à géométrie variable, premier disque, tensions, séparation… “C’est comme ça que je me suis retrouvé seul sur scène !” Et c’est là qu’il éblouit aujourd’hui d’une présence qui vous happe, d’un charisme discret, mais envoûtant.
OK, mais pourquoi K ? “Mon petit neveu, à un an et demi, n’arrivait pas à dire mon prénom, Nicolas, et le réduisait à “K” ! Cette âme super pure m’a touché et j’ai adopté ce pseudo. Depuis, j’ai appris que ce son signifiait “ici” en africain.” Seul à la gratte, ne connaissant personne dans la musique, il réussit à réunir huit personnes autour d’un projet pour le Burkina Faso et compose des singles de quatre titres chaque trimestre : Le K d’été, Le K d’automne, etc. C’est la réactualisation de ces Quatre saisons qui va donner naissance de son premier album : “Je passe du statut d’artisan à celui d’artiste signé qui veut garder sa liberté artistique ! J’ai l’impression d’être au bas d’une nouvelle côte à grimper. Si mes chansons raisonnent positivement, il faut qu’elles soient connues. J’attends les réactions des gens. J’aimerais que mon Arbre rouge (titre de l’une de ses chansons) pousse le plus possible et offre ses fruits un peu partout.” La voix douce, la pensée positive, Ni-K-olas a choisi “un monde en couleur où l’on peut encore s’embrasser” dans son album éponyme de quinze titres, lignée chanson française de qualité, très mélodique et harmonique (on pense à Brel rencontrant Beau Dommage), mais qui sait swinguer quand il le faut (Le vieux monsieur). Et s’il proclame, guilleret, qu’il “fait l’amour dans la rue”, ça ne l’empêche pas d’avoir un regard affûté sur le monde : “Certains meurent tout gamin, d’être des rien-du-tout, des jamais sans le sou, sur qui on tire à vue.” (La cendre) ; “Regardez nos anorexiques, nos suicidés, nos petits vieux, regardez comme on est joyeux !” (Les nantis). Mais il pirouette toujours vers la face claire de la vie : “Je crois en nous, et tant pis pour les réalistes, qui nous traitent de fous, de pauvres idéalistes.” (Je suis bien). Et justement, l’harmonie qu’il revendique, son graal à lui, l’a-t-il trouvé ? “La plus grande harmonie, je l’ai touchée dans la méditation en intensifiant l’état présent. Chaque sensation peut être jouissive, simplement en étant réellement au présent. C’est aussi une solution pour notre société qui va tellement vers l’extérieur en négligeant l’intérieur. Mon but, c’est de ne rien forcer mais être en accord avec ce qui vient ; être dispo et ouvert en acceptant le présent. Ce que je voudrais faire passer, c’est que l’on a tout ce qu’il faut en soi, que l’on est magnifique. Il suffit de réaliser que l’on peut tout faire. Et dans mes chansons, j’essaie de donner des clefs pour faire réfléchir, j’encourage chacun à réaliser ses rêves. Il est important de croire que l’on est capable de tout faire, car c’est la vérité ! On a tous une baguette magique entre les mains, le tout est de savoir bien l’utiliser. Pour soi et pour le bien des autres. Ecouter ses intuitions. Qui suis-je au fond ? Je suis le monde entier et ce que je fais est répercuté sur les autres. Si je suis une vague dans l’océan, alors je chauffe l’eau autour de moi pour réchauffer l’océan…” Serge Beyer “K” - Wagram myspace.com/nicolasmichel 25
Pierre Wetzel
EZ3kiel BATAILLE EN RÉSIDENCE Deux mois pour la composition, moins d’un pour l’enregistrement, Battlefied s’apparente à une série de batailles éclairs, idéale pour le live. Dernier sprint pour préparer ce dernier : une résidence à l’Astrolabe d’Orléans…
M
i-janvier 2008, EZ3kiel s’affaire à préparer son set en résidence à l’Astrolabe. Ce temple des musiques actuelles est alors en pleine ébullition. Les fils jonchent le sol, le matériel s’étale sur toute la scène et chacun des membres bosse dans son coin. Yann N’Guema, le bassiste et l’âme graphique du groupe, peaufine au fond de la salle son dernier joujou : un logiciel pour rendre interactives les projections sur scène (voir encadré). Concentré à l’extrême, il scrute ses moniteurs géants, sollicitant toute la vitesse de calcul des ordinateurs. Electronique et analogique, la matrice EZ3kiel s’abreuve avec gourmandise à de nombreux canaux. C’est donc tout sauf à pas feutrés que nous abordons le groupe. A deux semaines et demie de la tournée, EZ3kiel n’a plus de temps à perdre. D’ailleurs, le combo tourangeau n’en a guère eu depuis le début de l’épisode Battlefied. L’aventure du DVDRom Napthaline (voir LO n°39) a brûlé nombre de calories, et même le statut d’intermittence. Il a donc vite fallu repartir sur la route avec un nouveau disque. Joan Guillon, l’expert en
machines, revient sur cet épisode : “Naphtaline nous a pris pas mal de temps et d’énergie. Ca a été un accouchement dans la douleur. On n’a pas défendu cet album en live, il y a juste eu quelques présentations publiques. Mais si on a perdu plein de choses, on en a gagné d’autres.” Plus que jamais le groupe vit au rythme du multimédia, asservit la technologie pour donner libre court à son univers si reconnaissable et si secret à la fois. EZ3kiel privilégie la complexité, gage de richesse, plutôt que la simplification et la redite de méthodes éculées. Tout sauf le confort tranquille, quitte à s’octroyer quelques frissons. Qu’importe : le résultat s’avère toujours réussi et le groupe progresse d’autant plus par cette quête perpétuelle. UN DISQUE TAILLÉ POUR LE LIVE Battlefield, quatrième album bâti dans l’urgence, profite à plein de ce régime accéléré. Il bénéficie d’une production plus agressive dont Joan explicite la forme : “Sur le précédent 26
disque, nous avions travaillé les harmonies et les arrangements, sans basse ni batterie. Là, on voulait trancher et faire un disque taillé pour le live.” Ainsi retrouve-t-on des sonorités rock industriel, depuis longtemps digérées par le groupe, accentuées par la tension due au contre la montre. La force de percussion est renforcée par les cuivres, assurés par La Compagnie du Coin, le collectif de zicos auquel appartient Stéphane Babiaud, percussionniste et vibraphoniste déjà présent sur Naphtaline et désormais quatrième membre. Néanmoins, comme l’illustre l’intérieur du livret - un théâtre en proie aux flammes à une extrémité et enneigé à l’autre -, le chaud et le froid convolent. Des plages oniriques, marque de fabrique du groupe, complètent le décor. On retrouve ainsi la relecture éprouvée en live de la Danse des chevaliers (ouverture de Romeo & Juliette de Prokofiev), avec des membres de D.A.A.U., compagnons belges de longue date. The wedding rallie, lui, le camp Ennio Morricone et ses BO western. Le magistral morceau en introduction, Adamantium, allie les deux penchants, explosif et solennel, tout comme en conclusion Wagma, dont l’explosion finale emporte les haut-parleurs notable, le chanteur / slammeur BluRum13, MC de Reverse au passage. Engineering et DJ Vadim, qui pose sa voix sur Alignment. Une rencontre qu’évoque Stéphane : “On a travaillé par échange ATTENDU COMME UN MESSIE de fichier depuis les Etats-Unis. On lui a envoyé le morceau en Battlefield se nourrit et dépasse les expériences précédentes. chantier, il nous a fait une proposition qui nous a bien plu ; on Une sacrée gageure relevée par Mathieu, le batteur / clavier : n’a pas eu besoin de découper, on a juste mixé !” Narrow “Plus tu fais de disques, plus tu as de comparaisons pos- Terence, découverte du Printemps de Bourges, ont fait eux sibles.” Joan confirme : “J’ai l’impression que c’est de plus en aussi un apport : appelés trois jours avant la fin du mix, ils ont plus dur, vu qu’on essaie toujours de se renouveler.” Pour apporté une touche vocale évoquant Air. Joan, l’urgence représente une chance : “EZ3kiel a toujours fonctionné comme ça, soumis au doute. L’album a été mixé en Sans l’ombre d’un souci, l’après-midi a vu le groupe travailler cinq jours, dont une dernière séance de 28 heures ! Le lende- le collectif, faire tourner les morceaux et même inclure la main du mastering à Bruxelles, le disque devait se retrouver à vidéo, juste à temps pour présenter quelques morceaux au Lyon pour partir en pressage. Sans Fred Norguet à la produc- public le soir. Attendu comme un messie, EZ3kiel a depuis pris tion, cela n’aurait pas été possible, il s’est dépensé sans la route et achèvera les conversions en public tout au long de compter. Sur cet album, on se rend compte de l’évolution qu’il l’année 2008. a apporté à notre son.” Mathieu rajoute : “Il vient du rock, Vincent Michaud avec une vraie oreille de studio, décisive pour les prises batte“Battlefield” - Jarring Effects rie.” Outre ce presque cinquième membre, autre participation myspace.com/ez3kielmyspace
“On voulait trancher et faire un disque taillé pour le live.”
- LIVE INTERACTIF Yann N’Guema a développé un logiciel pour la scène inspiré du DVD-Rom Naphtaline. Il explique ici comment l’interactivité de cette grande œuvre se retrouvera sur scène, tout au moins sur quelques morceaux : “Jusqu’à présent, on était contraint sur scène de suivre l’image enregistrée sur le DVD. Je réfléchissais à une solution pour que ce soit l’image qui nous suive, sans qu’il y ait un VJ. Vu que c’est moi qui fait les images, c’est un peu délicat de demander à une personne extérieure de venir juste pour appuyer sur les boutons. Pour le moment, c’est l’ébauche. Le logiciel est prêt, mais il faut entrer la matière. On pourra envoyer une image interactive, plus vraiment une vidéo mais un tableau. Dans Naphtaline, on contrôlait les mouvements avec une souris, remplacée ici par toutes sortes de capteurs qui vont jusqu’au logiciel : des claviers, un ballon à destination des spectateurs… Bon, le ballon pour le moment, il crève toutes les dix minutes !” Premier essai réussi, malgré quelques pépins informatiques au préalable : la “machine à bras” de Break or die, projetée derrière le groupe, joue avec lui, se déploie au son de chaque note, les séquences midi étant traitées par l’ordinateur. 27
O
n l’a connu sur le canapé pourri de la maison de disques Labels, puis dans les nouveaux locaux de Virgin / EMI. Au moment d’enregistrer Menteur, il nous avait reçu à Perpignan. A la sortie de L’espoir, Cali nous donne rendez-vous… à la Closerie des Lilas ! Un concours de circonstances, car il n’a pas changé au point de faire salon dans les bars chics. D’ailleurs, Cali se révèle enchanté d’y foutre le bordel en se faisant photographier… dans les toilettes.
pour me donner les estimations. J’ai commencé à écrire le morceau avec la télé allumée et je l’ai terminé au moment de la séquence du Fouquet’s… Maintenant on ne pleure plus ; on se bat. Chacun à son niveau, avec ses moyens. Cette chanson, c’est ça. Ce qui me fait peur, c’est qu’on ne s’est pas trompé… Expulsions, course aux chiffres, peopolisation, médias complaisants ou muselés… J’ai eu besoin d’écrire ça et je n’ai pas eu le temps de l’intellectualiser. Je
caLi L’espoir fait vivre… Déjà ? Oui, déjà le troisième album ! Porté par l’urgence, le Perpignanais nous exhorte à aimer et à résister. Une belle leçon d’espoir.
appelé Geoffrey Burton, le guitariste d’Arno, Richard Kolinka à la batterie, Daniel Roux, le premier bassiste de Téléphone, et Robert Johnson, le guitariste de Miossec. ET CETTE CHANSON, 1000 CŒURS DEBOUT, C’EST LE PROLONGEMENT DE RÉSISTANCE ? J’arrive bientôt à 40 ans et je trouve ma génération un peu résignée. A 17 ans, on est dans l’absolu : on lève le poing pour dire ce dont on ne veut pas, et tant pis pour les conséquences… Cette chanson parle de ça. On ne doit pas perdre cette énergie, cette conviction. Surtout en ce moment. Si on se résigne, il ne nous reste plus rien. CETTE JEUNESSE, ON LA RETROUVE AUSSI SUR COMME J’ÉTAIS EN VIE. ES-TU NOSTALGIQUE ? Oui et non. J’évoque mon premier baiser et cette sensation incroyable que tu éprouves à ce moment-là. Je convoque ce souvenir extraordinaire quand ça va mal dans ma vie.
AMOUREUSE, C’EST TOI QUI FAIT LA ? Exactement. C’est encore une ne pensais pas sortir un troisième album chanson d’espoir. C’est quelqu’un qui si vite, mais dès que j’ai commencé à regarde des gens s’embrasser et qui sait écrire, je n’ai pas pu m’arrêter. Les chan- que ça va lui arriver un jour. sons venaient, venaient… EST-CE QUE TU NE PENSES PAS QUE LE DROIT DANS QUELLES CONDITIONS AS-TU ENREGISTRÉ DES PÈRES, C’EST LA CHANSON DE TROP ? TU CE DISQUE ? J’ai aménagé un studio chez AVAIS DÉJÀ ÉCRIT, PLUS FINEMENT, SUR LE moi et j’ai appelé Mathias (Malzieu). Il SUJET… Je te réponds par une question : m’a dit : “Je n’ai pas le temps, mais je me reposeras-tu la même question à la viens et on va se marrer !” Il a transformé prochaine chanson que j’écrirai sur le sujet ? le studio en cours de récréation. ET
DANS
FILLE
Le disque est à son image : sans concession, passionné, politique… et avec ce point de vue unique qui fait la différence. Cali fait du Cali, sauf que Cali change et sa musique avec lui. Comme toujours, ce sont ses émotions qui décident. Et c’est porté par la douleur de la défaite de la gauche aux Présidentielles que ces textes se sont imposés à lui. Passé l’abattement, le Catalan est entré en résistance et c’est un album de combat (rock, évidemment) et d’amour qu’il nous propose aujourd’hui. Discussion à LA PATTE DE MATHIAS S’ENTEND NETTEMENT SUR JE NE TE RECONNAIS PLUS QUE TU CHANTES bâtons rompus. EN DUO AVEC… OLIVIA RUIZ. LE MONDE EST PREMIÈRE CONSTATATION : TU DEVIENS PLUS DIF- PETIT ! Olivia venait rendre visite à FICILE À JOINDRE QUE LA REINE D’ANGLETERRE ! Mathias et on avait besoin d’une voix J’ai eu ton message. Tu me disais : “A la féminine. On lui a demandé et en deux première écoute c’est compliqué et à la prises, c’était fait ! Tout était dans l’insdeuxième, j’ai compris des choses…” tant. On a travaillé comme ça pendant quelques jours. Après je suis parti tourLA PREMIÈRE ÉCOUTE DE L’ESPOIR EST QUAND ner dans un film au Canada et je me suis MÊME DÉSTABILISANTE, LE CHANGEMENT MUSI- remis sur le disque à l’automne. CAL EST FLAGRANT. CA VIENT D’OÙ ? Je n’ai pas changé, je suis en phase avec moi- ON Y ENTEND CLAIREMENT TES INFLUENCES même comme je l’étais sur les précé- MUSICALES DU MOMENT, ARCADE FIRE EN TÊTE. dents. J’ai soutenu activement la cam- A LA PREMIÈRE ÉCOUTE, C’EST MÊME PRESQUE pagne de Ségolène Royal. On savait que “TROP”… APRÈS, ON RETROUVE TON UNIVERS. la défaite serait lourde de consé- Génial ! Cette référence, je la voulais. quences. Et ces craintes étaient justi- Scott Colburn, producteur d’Arcade Fire fiées. Ce disque s’est déroulé à la suite a accepté de travailler avec moi. Je suis arrivé avec les guitares-voix de 1000 de ce contexte tourmenté et violent. cœurs debout et je lui ai dit : “Je veux C’EST DONC UN ALBUM DE COMBAT ? que les chœurs ça soit du Arcade Fire”, RÉSISTANCE EST UN HYMNE ANTI-SARKOZY ? parce que j’avais envie d’une commuRésistance, c’est d’abord un instant de nion en pensant à la scène. C’était orgavie. Ce dimanche de mai, j’y ai cru jus- nique, avec peu de prises. Mais pour qu’à ce qu’on me téléphone à 18h30 réussir cela, il faut s’entourer. Alors j’ai 28
CA DÉPENDRA DE LA CHANSON ! Je suis plus cru, plus violent que d’habitude car je parle de ce que j’ai ressenti au moment où ça m’est arrivé. Et puis, une chanson me permet de parler de la cause et l’asso “Un papa égale une maman”. C’est important. BONO, ON N’EN EST ? (Il se marre) Avec L’amour parfait, j’ai fait Boy ; avec Menteur, j’ai fait October ; maintenant avec L’espoir, je fais War ! TOI
QUI VOULAIS DEVENIR
PLUS TRÈS LOIN LÀ, NON
VIVEMENT L’ALBUM ÉLECTRO ALORS ! Tu ne crois pas si bien dire : je suis en train de travailler sur une chanson électro que l’on voudrait sortir uniquement en digital ou sur un maxi, à l’ancienne… Bon, tu vas me dire si tu l’as aimé le disque à la fin ? EVIDEMMENT… C’est cool alors ! Eric Nahon “L’espoir” - Virgin / EMI www.lplm.info
Marie Delagnes
“J’arrive bientôt à 40 ans et je trouve ma génération un peu résignée.”
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Watcha Clan
Exode vers la terre promise
Thomas Béhuret
Avec la sortie de son cinquième album, Watcha Clan signe plus de dix ans d’activisme. Un brassage multiethnique en plus d’un métissage ragga, électro et jungle (à ne pas confondre avec les Parisiens metaleux de Watcha). Rencontre avec Sista Ka, Suprem Clem, Matt et Nassim.
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D.R.
Watcha Clan
D
iaspora hi-fi est une sorte de caravane méditerranéenne ; une ode à la tolérance et au rapprochement des cultures. L’occasion de concrétiser les résidences effectuées en Algérie et au Maroc au printemps 2006. L’opportunité également de renouer avec des racines, à l’image de la chanteuse découvrant Bal El Oued, la ville où a grandi son père, un juif berbère. Enfin, l’étape marque une plus grande implication de Clem. Le musicien devient ainsi la pièce maîtresse des compositions, donnant plus d’ampleur à ses programmations par l’intermédiaire du laptop, de l’harmonium, de l’accordéon ou encore du mélodica. Ainsi, les sonorités sont chaudes et épicées, jouant à saute-mouton avec les rythmes froids de l’électro. Tout ici n’est question que de “rencontres”, de “métissage” et d’“ouverture”, quand se côtoie l’Afrique contemporaine et ancestrale sur fond de détours tziganes ou espagnols. Une alchimie roots qui bat la modernité à son propre jeu, travestissant les chants orientaux ou phrasés ragga à la sauce jungle.
jouons des instruments traditionnels. C’est justement ce qu’illustre la diaspora : ne pas être enfermé dans un moule et, grâce à la sauce électro, continuer de faire vivre les traditions.” Même l’usage de samples de l’explorateur français Théodore Monod paraît alors naturelle. L’humaniste aux engagements politiques tranchés (mouvements antinucléaires et antimilitariste, défense des Droits de l’Homme, opposant à l’exploitation des animaux) a longtemps voulu imposer le respect de la vie sous toutes ses formes. Mais ici, l’importance est double : “Ces extraits proviennent du documentaire Desert Rebel. Les membres de ce collectif sont des amis qui, comme nos deux managers, partagent la même inspiration, la même volonté politique et une autre manière de penser. Le projet est de soutenir un artiste qui échange sa kalachnikov contre une guitare. Cela nous ressemble.”
“Soutenir un artiste qui échange sa kalachnikov contre une guitare.”
Car une des notions principales de la démarche de Watcha Clan reste le nomadisme. Un mode de vie, autant qu’une façon de penser selon Sista Ka : “C’est une liberté…. Nous sommes tous conditionnés par notre passé, nos origines, notre famille. Nous devons pouvoir choisir selon notre passif, nos acquis et s’inscrire dans le présent. Se concentrer sur l’émotion… Vous savez, les Juifs du Nord ont un caractère fort. Cela donne envie de s’affirmer… Cette jeunesse possède une forte culture musicale et une volonté certaine pour le changement. On retrouve les mêmes similitudes en Europe de l’Est. Moins en France, mais cela ne devrait pas tarder…” Cette liberté si chère au groupe, hors frontière et hors âge, Watcha Clan la pratique tous les jours, à commencer par le choix de l’autoproduction : “Nous nous manageons et nous nous produisons. Et même si c’est long, nous cherchons sans cesse et réalisons notre propre son.” La rencontre avec le label indépendant allemand Piranha Music (voir encadré), pour la diffusion internationale, était donc cohérente au vu de cette démarche. “C’est un label qui, comme nous, a beaucoup œuvré pour l’ouverture. C’est simple, au sein de toutes les cultures, la danse apparaît souvent comme une base commune. Alors pourquoi ne pas les mélanger ? Ces savoirs ancestraux se complètent très bien grâce aux générations immigrantes,
Et des pays, le groupe en a visité au cours de ses 400 concerts. Réunion, Inde, Cuba, Québec, Hongrie… Rien ne lui échappe. Ce nouvel opus est à cette image : polymorphe, complexe et canalisé. La sensualité vient bousculer les préjugés d’un monde qui n’a pas encore fait la paix avec sa modernité et ses traditions. Watcha Clan continue d’avancer en hommes libres et indépendants, loin des sentiers battus. Une quête autant artistique que philosophique vers l’universalité, expliquée par le groupe avec un naturel désarmant : “Nous avons toujours été attirés par l’étranger, par la volonté d’associer l’arabe et l’hébreu, de mélanger ce qui n’est pas mélangeable. L’envie de voyager non pas pour apprendre, mais pour échanger dans le cadre de résidences en invitant des musiciens d’horizons différents (hip-hop, arabe, andalou, fusion). En bref, casser les barrières, encore et encore.” Rien d’étonnant alors que le groupe utilise la définition “live électro-world” sur sa page MySpace : “Le terme “électroworld” était beaucoup trop restrictif et évoquait un soundsystem. Nous avons donc rajouté “live” afin de rappeler que nous 32
même au niveau des langues. Cela explique pourquoi notre musique résonne de manière si naturelle, mélangeant spontanément l’influence des Balkans au niveau des cuivres, de l’Afrique du Nord pour le chant ou de l’Espagne pour les rythmes.” Concernant le processus créatif, il n’y a pas de règles. Et il n’est pas rare qu’entre un album et les répétitions, existe un fossé immense. C’est cette culture commune du remix qui les réunit, rejouant sans cesse le même morceau de façon acoustique, live, en version longue ou spontanée. Il leur est même parfois difficile de finaliser un morceau car la jam (improvisation) est sans fin tant que le plaisir est intact, d’où la nécessité d’une intervention extérieure pour les arrêter. Nicolas Matagrin (Jarring Effects), l’ingénieur son de Meï Teï Shô les a aidés en ce sens : “Il a su rajouter des effets rock-dub sur nos créations. C’est une personne très authentique et humble. Une excellente rencontre, à Lyon, dans le studio du Peuple de l’Herbe. Le résultat ? Cela reste dans la continuité de ce que nous faisions, en prêtant une plus grande attention à la cohérence. Nous avons réussi à mener la production jusqu’au bout.” Quant à ses influences, le groupe cite spontanément Marseille : “C’est notre ville d’adoption. Elle est très métissée, très populaire. C’est un lieu qui inspire, mais où il est difficile de travailler. Une ville décontractée, sans le moindre encadrement, où tu te moques de l’image que tu renvoies. Très méditerranéenne, en somme… Mais nous nous y sentons très bien. C’est pour cette raison notamment que nous sommes toujours en France.” Côté scène musicale internationale, les choix du groupe sont aussi collégiaux et cités d’une même voix : “Nous avons évidemment des affinités avec Asian Dub Foundation. D’ailleurs, après avoir fait leur première partie il y a quelques années, c’est eux qui nous ont conseillés d’acheter notre sampler actuel. Sinon, nous pouvons également citer Tinariwen, Transglobal Underground ou bien Lo’Jo en France. Ce sont des groupes qui nous ont toujours correspondus éthiquement et artistiquement. Voici d’excellents exemples d’une musique recherchée qui conserve une patte traditionnelle.” Samuel Degasne “Diaspora hi-fi” - Piranha www.watchaclan.com
20 ANS DE Christoph Borkowsky Akbar est sans conteste l’une des figures mythique de la scène indépendante allemande. L’actuel président du label a façonné le paysage sonore européen en y redéfinissant ses frontières… Alors professeur d’anthropologie à la faculté, Christoph s’est tout d’abord fait connaître dans les années 80 en organisant des festivals itinérants avec les groupes Carte de Séjour (Rachid Taha), Dissidenten (Allemagne) et 3 Mustaphas 3 (Londres). Quelques années plus tard, c’est pour protester contre l’apartheid qu’il réunit Marrabenta (Mozambique), Stella Chiweshe (Zimbabwe) ou encore The Kalahari Surfers (Afrique du Sud) et en profite pour monter une structure qui accueillera le résultat de cette rencontre. Piranha était né. Ainsi, après que le Troisième Reich eu interdit les musiques black, gitanes et juives, c’était tout un pan de l’Histoire de la musique qui prenait alors sa revanche. Aujourd’hui la structure emploie sept personnes et a sorti plus d’une centaine d’albums. Des Français ? Il en existe au sein du label : Maurice El Médioni (Marseille), Darko Rundek (Paris) ou bien encore… Watcha Clan. Les 20 ans sont à présent l’occasion de saluer une démarche qui a toujours su rester éthique. Pour l’occasion, des amis DJ’s ont notamment été invité pour élaborer des remixes du répertoire de Piranha, présent sous la forme de “12x12 Jubilee Edition”. Le tout uniquement en téléchargement. Et pour la suite ? Piranha se prépare à l’édition de films et une nouvelle branche axée sur les artistes de rue. Rien que ça.
www.piranha.de 33
UN K COMME KEBEC
Ariane
Moffatt & Jean-Phi Goncalves EN STUDIO Le bonheur se cueille aussi en studio. Ariane Moffatt raconte le plaisir de créer une troisième galette, comme une bouffée d’air frais au petit matin.
tout bonnement, sans flafla : “J’étais pas mal surpris qu’elle me demande de réaliser avec elle. La première fois que j’ai entendu les pièces d’Ariane, c’était lors d’un souper, chez elle. On avait bu pas mal de vin. Et puis, en fin de soirée, c’était une surprise pour tout le monde, elle nous a fait écouter sa maquette. Le moment était magique.”
D
ébut janvier à Montréal. Une neige légère et fragile blanchit la ville. Un moment poétique, toute en retenue, à l’image de la rencontre avec Ariane Moffatt. Pour l’étape du peaufinage, où Longueur d’Ondes l’a rejointe, elle sculpte, découpe, ajoute de petits éléments, au L Gros Studio, en compagnie de son co-réalisateur Jean-Phi Goncalves (également copropriétaire des lieux avec Alexandre McMahon, tous deux membres du trio électro-organique Plaster). D’humeur joyeuse et posée, Moffatt admet que ce troisième effort va de soi : “On écrit parfois qu’un artiste signe le disque de la maturité. C’est drôle parce que c’est vraiment ce que je ressens. Tout est plus dégagé, les thèmes plus légers. Alors que je ne savais pas à quoi m’attendre pour le premier disque (Aquanaute), le deuxième (Le cœur dans la tête) était plus difficile à gérer du point de vue de la pression qui l’entourait. Là, ma seule intention c’est de m’amuser, d’avoir du plaisir.” Au Québec, le premier a vendu plus de 100 000 exemplaires et le second a charmé au-delà de 50 000 auditeurs, par ses chansons à la fois électroniques et acoustiques. Des chiffres qui révèlent que la jeune Moffatt, encore dans la vingtaine, n’a plus rien à prouver. Particulièrement dans la belle province.
Ariane cherche ensuite à réunir ses plus fidèles complices, des gens en qui elle voue amitié et confiance. On retrouve donc son guitariste de ses tout débuts, Joseph Marchand, le coréalisateur de son deuxième disque au clavier, Alexandre McMahon, et François Plante à la basse. Des complices qui la suivent également sur scène. “T’as la possibilité de travailler avec des noms, des gens qui ont des réputations, mais y’a rien comme de te fier à l’expérience, à ton vécu, relate Ariane. Je préférais aller vers quelqu’un que je connais, qui me connaît, et qui sera complètement investi, prêt à donner son 110%. Je crois même que je sauve du temps en optant pour des gens proches de moi. Y’a moins de choses à expliquer.” DU CŒUR À L’OUVRAGE Au studio de Pierre Marchand (connu pour son travail avec Sarah McLachlan, Daniel Lanois et Rufus Wainwright), elle enregistre en dix jours intensifs, l’ossature du disque. Elle y ajoute même des instruments à corde et à vent. Une première pour celle qui prétend avoir trouvé une plus grande unité de style sur cette troisième galette. La prochaine étape ? Enregistrer des chœurs dans l’Eglise St Michael, un bâtiment de son quartier ; elle avoue s’y retrouver certains lendemains de fête pour y admirer sa beauté, son silence. Puis viennent les voix principales, la dernière couche, captées dans un autre studio situé au Mont Tremblant, où chaque matin elle défile sur les pistes de ski pour ensuite se laisser aller devant un micro, les poumons bien oxygénés. “Avec l’expérience, on apprend que ça prend une belle qualité de vie pour faire de beaux
LES PREMIÈRES HEURES Les débuts de cet album, encore sans nom, se réalisent dans la solitude, dans un local où Ariane assoit au piano des chansons, des intentions. Et c’est seulement après quelques semaines d’exploration qu’elle partage alors ses premiers jets. Jean-Phi Goncalves explique dans quelles conditions,
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Michel Pinault
UN K COMME KEBEC
albums.” Ariane se sent tellement à l’aise qu’elle prévoie d’enregistrer sa voix telle quelle, sans montage ou fignolage informatique : “J’ai le goût de sentir le moment présent, même sur l’album, avec toutes les imperfections que ça implique.”
La sortie d’album est déjà avancée à avril : “Je n’aurai même pas le temps de me fatiguer de mes propres chansons avant le lancement. Et ça, c’est rare.” En France, la galette sera disponible en 2009 sous l’étiquette Virgin. La jeune femme, souvent comparée à Emilie Simon, prévoit alors de déménager pendant quelques mois, question de tenter sérieusement sa chance de l’autre bord de l’Atlantique : “On ne se racontera pas d’histoire. Pour percer ailleurs, il faut s’investir, y défendre son album sur place. Et percer en France est très, très difficile. Les médias québécois dorent souvent le portrait, enflamment les artistes québécois qui remplissent une salle à Paris. Mais ça en réalité, ce n’est qu’un début.” Début ou pas, Ariane Moffatt semble justement avoir la vie devant elle, un monde des possibles à ses pieds.
“Là, ma seule intention c’est de m’amuser, d’avoir du plaisir.”
Le rôle du réalisateur, qu’elle partage depuis ses premiers disques, semble n’avoir jamais été aussi important et transformateur pour la demoiselle. Il faut dire qu’elle s’engage dans tous les rouages de la création avec une vision claire et précise, ce qui peut inévitablement susciter quelques irritations. Mais, changement d’attitude cette fois-ci, elle admet être plus perméable aux idées de son entourage, particulièrement de Jean-Phi : “J’apprends à déléguer, ce qui est pas mal nouveau pour moi. J’ai réalisé que si l’on travaille en équipe, c’est parce qu’on a besoin de l’autre. Et que pour se dépasser artistiquement, il faut aller au-delà de nos patterns, prendre des sentiers qui ne nous sont pas innés. J’essaie donc de rester toujours ouverte à l’autre.”
Sarah Lévesque www.arianemoffatt.fr
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PLANETE
AND ALSO THE TREES “(Listen for) the rag and bone man” (AATT / Differ-Ant) L’arbre qui cachait la forêt. Ou comment un groupe ancré dans la période dark romantique de la fin des années 80 a pu s’inscrire dans la durée. Peu auraient parié sur l’avenir d’un groupe si avide de chanter le désenchantement du monde. Pourtant, 24 ans plus tard, And Also the Trees a affiné sa formule et délivre un album magnifique du début à la fin. Leur son reste reconnaissable, entre outre-tombe et paradis atmosphérique. Les frères Jones s’entendent toujours à merveille. La guitare de Justin s’envole haut vers les cieux au sein de mélodies enchanteresses. Simon le rejoint par le biais d’une voix inchangée, à la fois fantomatique et chaude. Bref, un trublion dans l’industrie discographique, qui a de surcroît choisi de s’autoproduire, créant son propre label. www.andalsothetrees.co.uk Vincent Michaud
(Jagjaguwar / Differ-Ant)
Même si c’est plutôt retour vers le futur, les années 70 et le psychédélisme, c’est bien en 2007 que Stephen McBean et Amber Webber ont composé cette œuvre qui semble retenir le temps et dans laquelle les voix masculines et féminines s’entremêlent avec majesté. Durant plus de 8 minutes, Tyrants impose un souffle psychédélique d’une rare élégance. Et lorsqu’après un déluge d’effets, le calme succède aux déferlantes électriques, c’est tout le charme de ballades épurées qui enchante les oreilles. Wucan enfonce le clou à la manière de Brian Jonestown Massacre. Mieux, Bright lights propose plus de 16 minutes de déluge ininterrompu ! De montées organiques en sauvagerie soniques, Black Moutain livre un album tout simplement magnifique et subjuguant, conclu par un Night walks merveilleux de somnolence onirique. www.blackmountainarmy.com Patrick Auffret
FROG EYES “Tears of the valedictorian”
ALI HARTER “Worry the bone”
(RuminanCe / Pias)
(Killer Mafia Records / Anticraft)
Le rock’n’roll n’en finit pas de nous dévoiler de nouveaux espaces électriques. Et c’est d’outre-Atlantique que nous viennent les meilleures surprises. D’Arcade Fire à Godspeed You! Black Emperor, en passant par Wolf Parade, le Canada semble être la terre promise pour rockeurs en mal d’émotions musicales. Le groupe Frog Eyes et son rock psyché s’inscrit dans cette belle lignée. Il serait ainsi temps de les découvrir, notamment avec ce quatrième album foisonnant d’idées. Claviers, guitares et voix se taillent la part du lion, emmenant l’auditeur dans des circonvolutions tantôt sensibles, tantôt explosives, mais toujours avec classe et efficacité. Une dose d’optimisme pour les rabat-joie de tous poils et les amateurs de rock sophistiqué. myspace.com/frogeyes
Etats-Unis, Oklahoma: une jeune musicienne compose des mélodies simples empreintes d’une culture blues et country, celle d’une Amérique profonde où le temps passe lentement sur fond de guitare folk et d’harmonica. Avec sa voix rocailleuse et ses arrangements minimalistes, Ali Harter fait vivre une musique acoustique et typique qui éveille en nous tout l’imaginaire d’une campagne américaine, teintée d’une légère mélancolie. La douce torpeur dans laquelle nous plonge ses chansons rocking-chair (He is good to me, This might save your life) donne un certain charme à ce premier album homogène. Quittant cette somnolence d’aprèsmidi ensoleillé à l’ombre d’un porche, Ali pourrait ressembler le temps de quelques morceaux (You can keep’em, Can’t resist the man) à une KT Tunstall plus sage et plus authentique. Surtout plus authentique. www.aliharter.com Yann Guillou
Caroline Dall’o
KATAMINE “Forest of bobo”
JUNE MADRONA “The winged life”
(Tinstar Creative Pool / 5ive Roses)
(Waterhouse Records / Cod&s)
On écoute ces imbrications de petites histoires chantées ou presque murmurées, comme des pensées sorties tout haut de la bouche de leur auteur. Thème musical d’une soirée mélancolique, ce disque s’apprécie mieux volets fermés. On se laisse transporter dans des bribes imaginaires suggérées. Au sein de la Forest of bobo se crée un folk lent et ambiant, nourri de boucles de guitares et d’une voix grave. Ce qui se passe à l’arrière-plan surprend : dans la pénombre de l’acoustique, une noise noire se dessine sous forme de nappes atmosphériques. Ces directions peuvent se rapprocher de certains Smog ou de Black Heart Procession. Assaf Tager, le musicien qui mène ce projet, a joué par le passé en compagnie d’Elliott Smith ou Beth Gibbons. Un deuxième album à apprivoiser paisiblement. www.katamine.org
Voilà un nom que l’on n’a pas oublié depuis la découverte de ses œuvres inscrites dans un folk boisé charmant. Ross Cowman, le jeune songwriter à la tête de ce projet, séduit par la maturité de sa musique et l’élégance de ses textes, signés d’une plume agile et sensible. Il aborde avec cohérence, quatorze titres à la tonalité résolument mélancolique. Des chansonnettes acoustiques enregistrées sans emballage luxueux, mais dans un assemblage doux, humble et juste : une guitare, un banjo, les cordes d’un violoncelle. Pouvoir palper le son du bois, absorber le sentiment d’intimité. Le raffinement de l’ensemble se révèle éclatant : tendresse et poésie se tiennent par la main. Le chanteur console et cherche aussi son réconfort. myspace.com/junemadrona
Béatrice Corceiro
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BLACK MOUNTAIN “In the future”
Béatrice Corceiro
PLANETE
BRAZZAVILLE “East L.A. breeze”
DUNKELBUNT “Morgenlandfahrt”
(V2 Records Benelux)
(Nocturne)
Le versant rock de l’Espagne était surtout connu pour son hardcore et ses délires punk. Cela pourrait bien changer avec ce généreux disque sublimé par trois titres : Star called sun, Mr Suicide et Jesse James. Voici donc David Brown, physique à la Brad Pitt dans Kalifornia. Il est l’ami américain de passage, tout droit sorti d’un film de Wim Wenders dont ce disque pourrait servir de BO. Ce David Brown compose et chante divinement. Parfois, une voix féminine, pas toujours la même, renforce, le temps d’un duo, la beauté d’une ballade susurrée (Madalena, Morning light). Certes, Brazzaville n’invente rien, mais ce groupe possède des vertus relaxantes d’une telle efficacité qu’il en devient, à travers ces quatorze chansons, indispensable. “Woke up on a good day, And the world was wonderful”, chantaient les Stranglers. www.brazzaville-band.com
Ambiance cabaret et vieux films muets. La scène se passe en Europe de l’Est. Le piano s’emballe, l’accordéon enjolive sur un tempo jazzy soutenu. Au loin, on entend un cheval hennir. Arrive la clarinette pour faire guincher les gens. Quand le DJ débarque, on sursaute et on sourit. Et quand le MC pose son flow en français, on ne s’étonne même plus de la section cuivre qui déboule sans crier gare. Les audacieux Autrichiens de Dunkelbunt ambiancent dub, bossa, klezmer dans un grand mix balkanique moderne. Cette musique branchée n’aurait pas pu naître ailleurs qu’à Vienne, point de rencontre entre Orient, Europe Centrale, Londres et Berlin. Les sons s’entrechoquent sans choquer. Au contraire, on dodeline lentement de la tête avec le sourire. Le CD parfait des petits cousins de SoCalled. myspace.com/dunkelbunt
Patrick Auffret
Eric Nahon
IDAHO “The forbidden EP & Alas”
JAKOBINARINA “The first crusade”
(Talitres / Differ-Ant)
(12 Tónar / Differ-Ant)
Cette édition spéciale réunit un EP et un album parus en 97 et 98, jusque-là inédits en France. Né au début des années 90, Idaho reste un groupe peu connu, représentant pourtant de belle manière le mouvement sadcore américain, ambiance folk aux soubresauts électriques et noyée de mélancolie. C’est surtout une entité menée par Jeff Martin, qui n’a cessé de se nourrir au fil du temps, comme une jonction à la fois aérienne et terrienne, de Codeine à Radiohead. Jamais complètement décharnées, les mélodies de ce disque sont d’une luminosité bienfaisante, les guitares apportent une chaleur tour à tour aride et resplendissante, et les basses décrivent des gestes souples. Il y a ces moments de plénitude, mais aussi des traces de fragilité plus noire qui convoquent toute l’intensité de la musique américaine. www.idahomusic.com Béatrice Corceiro
Punk et mélodique, difficile de ne pas succomber à la musique énergisante et inspirée de ce sextet islandais encensé par Anton Newcombe, le leader de Brian Jonestown Massacre. Il faut dire que ces jeunes pousses venues du froid envoient grave du bois pour se chauffer ! Cet album ne laisse guère le temps de souffler et possède une véritable cohésion. C’est une recette bien simple que nous délivre le trio. Une recette que beaucoup tentent, mais que peu savent réussir. Jakobinarina (c’est quoi ce nom ?) peut s’enorgueillir d’un véritable savoir-faire quasi inné vu son jeune âge. Ajoutez à cela des textes ironiquement drôles qui dévoilent des mômes qui ne se prennent pas au sérieux et en voilà qui ont toutes les cartes en main pour devenir la réplique islandaise d’Art Brut. Leurs guitares pop-punk semblent vraiment taillées pour le succès. www.jakobinarina.com Patrick Auffret
PLANETS “Planets”
THIS IS THE KIT “Krulle bol”
(Distile Records / Anticraft)
(Microbe / Discograph)
Après le projet Swims, le bassiste californien Paul Slack change de batteur pour créer Planets avec Thomas Crawford, nouveau duo sauvage et expéditif, cultivant une forme de math-rock. Très remuant et obstiné, ce disque s’embrase en 26 minutes, perturbé par des interludes brefs et bizarres. Les deux musiciens chahuteurs mélangent, en plus de leurs instruments, d’autres sons pour créer des morceaux un peu fous, toujours étonnants et prêts à faire perdre la tête. Des voix étranges soufflent furtivement sur cette machine instrumentale qui passe d’un thème à l’autre très rapidement, avec une énergie féroce. Les deux hommes indomptables poussent le rustique jusqu’à proposer le CD enfermé dans une pochette en toile cousue à la main… go-planets.com
Kate Stables est une Anglaise exilée à Paris. Accompagnée de Jesse Vernon (Morning Star) et de John Parish à la production, ils ont enregistrer tous trois en Italie. C’est ça le kit. De cette collaboration naît la lumière : douce et pastel comme l’aurore à l’orée de la folk, baignant la majorité du disque ; vive et ténébreuse quand l’envie leur prend d’aller sur un versant rock de la colline. La voix porte cet édifice fragile en apparence, mais tellement assumé. Krulle bol s’immisce dans notre intimité par ces mélopées tout en picking, déployées par des orchestrations souvent audacieuses. La corde sensible du banjo ou de la guitare vibre. Le bal des émotions mélancoliques se presse alors et perle comme les gouttes d’une pluie fine sur les carreaux d’une vitre un dimanche. Etrange émotion dont on ne se lasse pas. www.thisisthekit.co.uk
Béatrice Corceiro
François Justamente
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FESTIVALS
Les Nuits Acadiennes
Les Nuits des Musiciens DU 6 AU 8 DÉCEMBRE 2007 - LE TRIANON, PARIS 18
A. Dodeler
E
Du 13 au 15 mars 2008 - La Maroquinerie, Paris 20e myspace.com/nuitsacadiennes
e que l’on appelle aujourd’hui l’Acadie, ce sont les communautés francophones réparties sur le territoire des quatre provinces de l’Atlantique du Canada, soit le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Ecosse, l’Ile-duPrince-Edouard et Terre-Neuve-et-Labrador. Forgés par une histoire tragique et par les éléments naturels qui les entourent, ces descendants de France transcendent la culture à travers des siècles et des générations. Tournés vers l’avenir, les Acadiens constituent un peuple fier, caractérisé par sa générosité et son sens de la fête. Les Nuits Acadiennes à Paris ont pour but de faire découvrir le talent de ces artistes, des plus chevronnés aux nouveaux venus. Pour un voyage en terre d’Amérique française sans même quitter la France, rendez-vous à La Maroquinerie pour embarquer dans une aventure où chaleur humaine joie de vivre ne manqueront pas d’être au rendez-vous… Jeudi 13 : Angèle Arsenault (chanson), Ronald Bourgeois (chanson) - Vendredi 14 : Danny Boudreau (folk), La Virée (folk rock acadien) - Samedi 15 : Pascal Lejeune (chanson pop), Paul Hebert (blues). Concerts à 20h. Et également, chaque soir, les “arrières-scènes” musicales organisées après chaque concert au restaurant de La Maroq’ avec les artistes du festival et d’autres invités surprises.
C
Bratsch & friends
Henri Texier & friends
La 16ème édition des soirées organisées par l’Adami, les 6, 7 et 8 décembre dernier, invitait à découvrir une programmation des plus éclectiques. Le monde du voyage ouvrait ce festival avec les chansons tsiganes des Bratsch, qui depuis trente ans ont fait des enfants qui se nomment Debout sur le Zinc, Sanseverino, Nourith, Mourad (Rue Kétanou), Balbino Medellin… Le lendemain, David Guerrier avec sa trompette et son cor recevait ses amis, les prodiges de sa génération en musique classique. Enfin, le samedi, le festival se terminait autour d’Henri Texier et sa contrebasse, et bien sûr Louis Sclavis, Glenn Ferris, Elise Caron, mais aussi Grand Corps Malade et bien d’autres. www.lesnuitsdesmusiciens.com Alain Dodeler
Les Biennales Internationales du Spectacle
S. Beyer
LES 16 ET 17 JANVIER 2008 - CITÉ DES CONGRÈS, NANTES (44)
Gros succès de fréquentation : 8500 acteurs de la vie culturelle internationale ont participé à cet événement particulier qui unit salon, rencontres, forums, ateliers-projets et grands débats autour des nouvelles tendances du monde culturel. Etaient présents : artistes, directeurs de théâtre, de salles de spectacles, de festivals, producteurs, agents, responsables de services culturels… Nouveauté de cette troisième édition, la “Place des Tournées”, offrait un salon spécifique aux tourneurs et aux producteurs de spectacles ; ici une ambiance plus rock, donnait un nouveau souffle à ces BIS. Seul regret, le manque d’un espace pour des show-case et d’un autre pour projections d’extraits de concerts, afin que les pros puissent visualiser les propositions artistiques. Peut-être pour la prochaine édition, qui aura lieu les 20 et 21 janvier 2010… www.bis2008.com Serge Beyer
Nuit Curieuse
E. Songis
LE 19 JANVIER 2008 - LA FERME DU BUISSON, NOISIEL (77)
Dolap
Kolektif Istanbul
DJ Ipek
Que diriez-vous d’aller à une grande fête (1200 personnes) où l’on vous offrirait, à votre arrivée, dans la vapeur des samovars et la chaleur des braseros, un verre de thé et des loukoums ? Une fanfare endiablée vous entraînerait jusqu’à l’entrée du Grand Bazar, tout de rouge éclairé, avec tapis, coussins et tables basses. Il y aurait à manger (kebab, börek, baklava) et à boire (lait fermenté, raki, vin et bière du pays), vous pourriez faire appel à un barbier, à un tatoueur, à un masseur, vous faire lire l’avenir dans le marc de café. Vous iriez au concert de Baba Zula (dub oriental psychédélique), à celui de SOS Project (où dessinent en direct Dupuy et Berberian), vous seriez soufflé par la performance de Dolap, pièce pour deux danseurs et un frigo. Plus tard, vous danseriez sur la musique joyeuse du Kolektif Istanbul, entre traditions et modernité, puis sur les mixes électro-orientaux de DJ Ipek, née à Berlin. www.lafermedubuisson.com Elsa Songis
Festival du Schmoul
P. Auffret
LES 25 ET 26 JANVIER 2008 - BAIN DE BRETAGNE (35)
Hushpuppies
Gomm
My Lullaby
Sept ans que le Schmoul investit la salle des fêtes. Malgré son nom, la programmation est tournée vers le rock indé, mais il y a aussi du festif (Les Fées Majuscules). Loi anti-tabac oblige, le public virevolte entre l’espace intérieur, bien chauffé, où deux scènes se font face et… la terrasse ! Un vendeur de galette saucisse et une troisième buvette y ont pris position. A raison, car malgré un froid glacial, le public ne cesse de rentrer et sortir. Vendredi, My Lullaby (Rennes) séduit vraiment dans sa diversité masculin / féminin, Gomm déverse son habituelle furie hypnotique avec la précision chirurgicale d’une date de fin de tournée. Ce qui poussent les Hushpuppies à monter encore le son pour 1h15 de feu. Samedi, Orange Blossom met tout le monde d’accord avec une prestation de très haute voltige. Pas de doute, le Schmoul, c’est du costaud : l’accueil et l’ambiance sont excellents, du coup, les groupes se donnent à fond. www.schmoulbrouk.com Annabel Jouvion & Patrick Auffret
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FESTIVALS
Le Festin Manyfest Du 18 au 22 mars 2008 - Créon (33) Les 4 et 5 avril 2008 - Bolbec (76) www.lefestinmusik.com www.manyfest.com
euvième édition pour ce festival girondin, proposé par l’association La Maison des Lutins. Le Festin est un festival éclectique proposant aussi bien concerts, cirque, musique, rencontres, cinéma et spectacles cabaret. Siégeant dans l’Espace Culturel de Créon, Le Festin se veut une manifestation citoyenne et pédagogique qui propose des ateliers, débats et témoignages. Le but principal de l’événement est de promouvoir la culture et les arts en milieu rural avec pour originalité principale cette année, la journée jeune public et la promotion des arts du cirque. Les particularités de Festin sont aussi de programmer des têtes d’affiches (EZ3kiel, Kwal) qui font une date unique en Gironde, de proposer un tarif doux et attractif (12 euros), mais surtout d’offrir une programmation toujours plurielle, forte de représenter toutes les formes artistiques. Programmation : courts-métrages et ciné-concert avec le collectif Le Ratelier, spectacle jeune public “Homo Rythmicus” par la Cie Sonotone, danse, battle trapèze / électro par Laëtitia Vieceli trapéziste et Pierre-Luc Fagalde, mais aussi Kwal, Cain 972, EZ3kiel, Io’n, Wombolombakéhé.Orchestra, General Bulbex…
N
estival organisé par l’association Asso6sons (www.asso6sons.com), collectif de musiques actuelles créé en 2000 par des jeunes soucieux de dynamiser leur commune. Anciennement appelé Festival de Mirville, le Manyfest posséde un beau rayonnement régional qui a su accueillir de nombreux artistes de renommé nationale et internationale. La manifestation se découpe en trois moments clés : . le 4 avril : soirée d’ouverture sur le thème de la chanson. . le 5 avril (après-midi) : scène ouverte en plein air organisée par Zicaux’rama (www.myspace.com/zicauxrama) au village festival autour de rencontres / débats. . le 5 avril (dès 18h00) : soirée électro. Des tarifs accessibles pour une journée (12-18 euros) ou deux (20-30 euros). Programmation : Pigalle, DJ Moule, Interlope, Rubin Steiner, Romain Dudek, James Delleck, Oscar Berenger, Fenouil et les Fines Herbes, Swindle Orchestra, Pulsington, Silt, The Dots, Les Catins De Babylone, Spy…
F
roisième édition du seul rendez-vous des musiques électroniques et créations multimédias en plein air d’Ilede-France. Une fois encore, la programmation s’avère très variée en mêlant têtes d’affiches et découvertes artistiques. Ayant rapidement trouvé son public, Patchwork possède aujourd’hui une solide réputation auprès des professionnels des milieux artistiques et culturels. Sa volonté de rester un événement pluridisciplinaire lui permet de s’adresser à tous les publics. A noter l’engagement citoyen de la manifestation pour l’écologie et le développement durable avec la présence d’associations militantes. L’édition 2008 accueillera pour la première fois les lauréats des Découvertes électro du Printemps de Bourges et cela pendant deux nuits, sous chapiteaux. Les particularités de Patchwork demeurent le désir de représenter tous les styles de musiques électroniques (électro, drum, techno, dub, jungle, breakbeat, etc.), la pratique de prix attractifs (autour de 20 euros le pass 2 jours), et la volonté d’être un événement multiartistique (arts visuels, arts numériques et arts vivants). Programmation : Etienne de Crécy, Blockhead, Micropoint, Krafty Kuts feat Mc Dynamite, David Caretta, Missill, Yuksek, Zombie Zombie, Digital vs Le Lutin, X Makeena, Arnaud Rebotini, Tarik’n’Djamel… et beaucoup d’autres DJs et VJs.
T
nzième édition du festival Panoramas proposant un large panel musical avec une trentaine d’artistes programmés. Nouvelle année résolument tournée vers les découvertes sans oublier quelques grands noms du hip hop, des musiques électroniques, du rock et de la chanson française. Method Man & Redman, The Driver (aka Manu le Malin), Goose DJ-set, BB Brunes et Renan Luce partageront l’affiche avec l’italien Dusty Kid, les Portugais Buraka Som Sistema et les Anglais de Battant. Des soirées intimistes et pas chères (5 euros) avec Thee, Stranded Horse et Saycet, aux soirées club avec Sébastien Tellier ou encore Danger et Brodinski (12 euros), le festival éclate sa programmation dans la ville de Morlaix et ses alentours pour proposer un maximum de concerts à des prix attractifs. EZ3kiel, Naive New Beaters seront également de la partie ! Le petit plus : si vous achetez une place pour le festival, le billet TER vous coûtera seulement 10 euros A/R d’où que vous partiez en Bretagne ! Programmation : Method man & Redman, BB Brunes, Goose, Sébastien Tellier, Ez3kiel, Buraka Som Sistema, The Driver, Dusty Kid…
O
www.myspace.com/festivalpanoramas www.patchwork-festival.com Du 4 au 6 avril 2008 - Pays de Morlaix (29) Les 30 et 31 mai 2008 - Taverny, Bessancourt (95)
Panoramas Patchwork Festival 39
BRUITAGE
BERRY
LES BLEROTS DE R.A.V.E.L.
THE ABSENCE
LUIS FRANCESCO ARENA
“Mademoiselle”
“Timbré”
“Movies tones”
“Porcelain tandem”
(Mercury / Universal)
(La Tambouille)
(Productions Spéciales)
(Fiat Lux)
Une belle et aguichante anorexique façon Kate Moss sert d’argument de vente sur la pochette de ce premier véritable album d’un groupe né de la rencontre entre Gary Lawrence Soubier, romantique songwriter anglais, leader du groupe Immune, et de Siegfried Chevignon. D’emblée, on craque sur l’excellent Pristine. The Absence se montre évident sur certains autres titres, tel le guilleret Waiting room ou l’excellent Trauma, chanson aux relents de New Order mais certains morceaux, Urban shape par exemple, tombe un peu dans la grandiloquence. Au final, l’ensemble sonne très anglais, et se complaît dans un raffinement voluptueux sans se répéter, passant de l’électro à la ballade, via la new wave, sans se formaliser, ni perdre de sa cohérence. Finalement, un album esthétiquement irréprochable et parfaitement maîtrisé, mais qui manque du coup d’un peu de folie. www.theabsence.net
Dans un coin de la tête de Luis Francesco Arena, la porte est restée grande ouverte pour pouvoir entrer et déambuler dans son univers onirique. Il le dévoile volontiers au gré de ses chansons, touchantes et intrigantes. Une ferveur tourmentée permet de livrer des passages tendres puis nerveux. Il part de sa guitare, ajoute des arrangements au violoncelle ou au xylophone, et s’exprime d’une voix tragique et captivante. Dans son folk émotif et introspectif, transparaît sa vision lunaire, très personnelle et réceptive. Avec une grâce et un sens de la construction épatants, il laisse courir son imaginaire. Porcelain tandem illustre un monde fantastique détourné quelque part entre le conte pour enfants, les fantasmes allégoriques, les mythes romanesques. Exploitant des accroches visuelles, mais aussi poétiques et mystiques, ce deuxième album extrêmement riche, est un sacré couronnement. www.luisfrancesco.tk
Patrick Auffret
Béatrice Corceiro
Lorsque retentissent les premières mesures de Mademoiselle, premier titre de l’album, on serait tenté de croire au come-back discographique d’Isabelle Mayereau, artiste folk bordelaise qui démarra sa carrière avec succès au mitant des années 70, laissant sa carrière dérivée vers une relative confidentialité les années passant. Dire cela permet de planter le décor, et ne doit surtout pas desservir le propos de l’énigmatique Berry (nom mystérieux pour une artiste on ne peut plus discrète…), qui est un véritable ravissement. Folk ouvragé et mélodies caressantes du non moins mystérieux Manou, textes de la dame, savoureux et subtils, chant on ne peut plus séduisant, sont au menu de cette première proposition. Les cordes s’offrent la part du lion, et alors que les chansons s’écoulent, devenant peu à peu familières, on se plait à imaginer le devenir du parcours artistique en marche, car on peut d’ores et déjà parier sur un succès amplement méritoire. www.casadeberry.com Alain Birmann
Merci de ne pas les confondre avec Les Blaireaux. Ces Blérots-ci puissent leurs origines dans la musique Yiddish ou Slave tout en s’inscrivant dans la tradition de la chanson française théâtrale qu’on aime écouter en concert (genre Bratsch ou Thomas Fersen). Parfois, on a même l’impression d’écouter des vieux Tiersen mêlés de Têtes Raides des années 90. Timbré, troisième album, a été enregistré entre Caen et Ivry sur Seine. Deux nouveaux Blérots viennent compléter l’équipe en place, qui a collaboré avec Loïc Dury (réalisateur des B.O des derniers films de Klapisch). Le mix de Philippe Avril (Sansévérino, Agnès Bihl..) réussit à faire respirer tous les instruments et à restituer la puissance live du combo. Car les Blérots de R.A.V.E.L sont des surdoués de la scène. Ils y mettent en valeur leur musique énergique et leurs très beaux textes… tout en se jetant dans le public ou érigeant le n’importe quoi en œuvre d’art. Timbré ? On dira plutôt affranchi. De toute contrainte ! www.blerotsderavel.com Eric Nahon
COMING SOON
CREV’ LA LUNE
DANIEL DARC
DAZ-INI
“New Grids”
“Métro”
“Amours suprêmes”
“Le magicien”
(Kitchen / Pias)
(Autoproduit)
(Mercury / Universal)
(Damsa Records / Just Like Vibes)
Un septet de tout jeunes rockers. Encore me direzvous, et bien pas vraiment. Ce qui marque de prime abord c’est l’incroyable maturité de certaines compositions qui sont d’ailleurs plus folk que rock. L’un des chanteurs possède une voix nasillarde de vieux routard ayant roulé sa bosse, et pourtant il doit être à peine majeur. Sur ce premier essai on trouve des ambiances sombres à la Nick Cave et d’autres enjouées et roses comme un bonbon. Les textes, en anglais, sont balancés avec une désinvolture toute adolescente non sans rappeler les débuts de Ben Kweller, avec des mélodies qui s’accrochent. Les instrumentations sont simples et incluent du piano ou du banjo mais surtout une bonne batterie sauvage et rageuse. Quelques arrangements volontairement un peu “crade” et des collégiales de chœurs effrontés, donnent une belle pêche à l’ensemble des titres. Un premier opus à saluer pour sa sincérité et son audace. myspace.com/starsoon
Toute personne passée par le métro parisien a déjà croisé, au moins une fois, l’un de ces petits groupes qui emplissent les couloirs de leur musique, tirant même des sourires aux voyageurs pressés. Eh bien c’est ainsi que ce quatuor débarqué de Bretagne en 2005 a commencé sa carrière. Guitare, accordéon et contrebasse sèment leur swing bohème sur ce premier album bercé par une belle énergie. Sa chanson néoréaliste emprunte aux Têtes Raides comme à La Rue Kétanou ou à Brassens tout en sculptant un univers qui lui est propre, où se croisent des rêves de gavroches, des trottoirs de Paname et des amours funambules. On se laisse bercer par la douce mélancolie de Maria où la guitare se fait hispanisante, on apprécie la poésie engagée de Je prendrais pas les armes, la tendresse des P’tits bateaux et l’humour avenant qui baigne les textes. Allez, la prochaine fois que vous prendrez le métro, tendez l’oreille… crevlalune.1dclic.com
Pour en finir avec les clichés du hip hop attachés à un hyperréalisme dur et rude, il faut parfois prendre la tangente et recréer un univers, son univers. Le magicien fonctionne de cette façon. Un son très propre, des productions homogènes du premier au dernier morceau avec, à chaque fois, une histoire à offrir. Rigoureux dans ses textes, Daz-Ini ne joue jamais au proxénète, évite les poncifs racolant large et montre que l’on peut à la fois être narratif et imaginatif, mordant sans sortir les dents. S’articulant autour de certains grands axes de la musique afroaméricaine (soul, funk, jazz), ce premier album les plonge dans un bain hip hop à l’urbanité décontractée. Ce disque a l’avantage de l’honnêteté, d’une franchise du travail bien fait, jamais bâclé ni prétendant être autre chose que ce qu’il propose : une vision consciente et respectueuse. myspace.com/dazini
Isabelle Leclercq
Aena Léo
Hey honey, take a walk on the Darc Side. “J’irai au Paradis parce que c’est en enfer que j’ai passé ma vie…” Dès les premières phrases, l’ex-Taxi Girl donne le ton. Pas de complaisance ou d’auto apitoiement. Juste des mots forts et simples. Darc ne parle jamais des choses qu’il ne connaît pas. Amour, mort et rédemption sont donc au programme. Et l’envie de vivre. On guette la lumière, elle arrive parfois au détour d’un refrain, comme un coucher de soleil rougeoyant dans un ciel bas et gris. Sans effet de manche, ses propos sont encore plus forts et nous prennent aux tripes. La musique surprend moins mais les mélodies tout en finesse de Frédéric Lo sont splendides et apportent un peu de lumière céleste à ces chroniques chaotiques. On croyait que Daniel Darc n’arrivera pas à surpasser l’indispensable Crevecoeur. On avait tort. Quand viendra l’heure de faire votre top album 2008, vous n’oublierez pas ce disque poignant sous prétexte qu’il est sorti en début d’année. Parole. www.danieldarc.com Eric Nahon
40
François Justamente
BRUITAGE
CHEMEMPA
CITADELLE DELUXE
RODOLPHE BURGER
CHASSELOUP
“Mollo sur le destroy”
“War beer”
“No sport”
“Collection hiver 2007”
(Koud’ju)
(Autoproduit)
(Dernière Bande / Capitol)
(Madame Suzie Prod)
Entre les collaborations, les projets singuliers, l’écriture pour autrui, la fin de Kat Onoma… dix ans que Rodolphe Burger n’avait pas publié d’album sous son seul nom. Entouré de fidèles (Cadiot aux textes, Doctor L à la réalisation) et de nouveaux venus (Fred Poulet), il livre un disque terrestre, pour ne pas dire terrien, qui parcourt les contrées de l’Afrique, du Maghreb (avec Rachid Taha), de l’Amérique (avec James Blood Ulmer), mais aussi de la France, politique celle-ci, pour un titre adressé à Sarkozy. Bluesy jazz, l’orchestration réserve son lot de surprise, tel ce piano prenant le pas sur la guitare (Vicky). Ailleurs, la six cordes reste reine, le style Burger unique. Notes égrenées, sonorités à la fois rêches et caressantes, mode mid-tempo, voix déclamant, contribuent à bouleverser les espaces et les intimités, créant une impression de promiscuité auditive avec l’artiste. www.rodolpheburger.com
Certains profitent de chaque nouvelle saison pour renouveler leur garde robe. Cet homme orchestre, lui, sort un disque. Depuis l’hiver 2005, il concocte chez lui quatre ou cinq nouveaux morceaux tous les trimestres, inspirés de son spectacle du moment où de l’humeur du mois. Guitare, human beatbox, harmonica, bruits de cuisine, chœurs, invités… Chaque nouvelle livraison révèle son lot de surprises. Sur une ligne chanson française qui rappelle parfois Brassens, il y conte les aventures de personnages foutraques qu’on se plaît à suivre d’une saison à l’autre, comme la Bête du Diable. Les productions sont vendues en concerts où sur son site Internet pour 6 euros. C’est drôle, débordant d’imagination et fortement addictif. La preuve : le concept, à l’origine prévu pour un an seulement, a trouvé son public. Chasseloup s’apprête à sortir son dixième disque et prépare actuellement un DVD de son spectacle. www.madamesuzie.com
Nous voilà immédiatement mis au parfum avec Ni plus ni moins, premier titre sautillant, rayonnant, ensoleillé, d’un album survitaminé, régénérant, résolument optimiste. Les six membres de Chemempa cultivent la bonne humeur et en ont à revendre. On en a bien besoin en ce début d’année ! Pour lutter contre la grisaille et la morosité, une solution : les rythmiques entraînantes du ska et du reggae (Cyril à la batterie, Nico à la basse, Guillaume à la guitare), des mélodies cuivrées, très colorées (Yohanna à la flûte, Fabulous au trombone et à la clarinette), le chant énergique et chaleureux de Nyko. On danse salsa sur Buenas vibrations, oriental sur Mange la vie, on aime le clin d’œil rock alternatif de Simca. Héritier des Satellites, Négresses Vertes, FFF, Zebda…, le combo du 77 bénéficiera en 2008 du PAP (Projet Artiste Parrainé) du Coach. Vente du CD via le web et les concerts, avant la sortie nationale en mai. myspace.com/chemempa
Grosses guitares, sueur et bières à la pression, ce quatuor d’Amiens joue un rock crade et excité dans le son comme dans le texte. Les doigts dans la prise, ces gars-là ne font pas dans la dentelle et à défaut de renouveler le genre, vont droit au but. Ils montrent un réel plaisir à jouer de bons gros riffs en appliquant, à coup de solos incisifs, la recette des maîtres d’un genre déjà bien éculé, mais toujours bien vivant. Textes saignants et révoltés à l’appui (“La chanson française, c’est de la merde”, “Bouge ton cul”, “Je suis baisé dans ma tête”, “Les voitures brûlent, les flics courent”…), le chanteur Wachuchulu hurle un message qui colle parfaitement à la musique. Et finalement, que cela soit en live ou en studio, tout cela sonne plutôt bien. En bonus, une vidéo, figée, en concert au titre évocateur, Fuck poppa, dont le principal intérêt est de mettre des visages sur les pseudos tout aussi inspirés de cette équipée très sauvage. citadelle.deluxe.free.fr
Bruno Aubin
Aena Léo
Elsa Songis
Patrick Auffret
DEAD SEXY INC.
DESERTY
DOUBLE NELSON
ELECTRIC MOP
“Kamikaze”
“Hors de ma cage”
“Pousser la voiture”
“Pop”
(Enragés Prod.)
(Mistiroux / Hannibal)
(Autoproduit)
(Chief Inspector / Abeille Musique)
Deux voix masculines, parfois androgyne, qui s’excitent sur une rythmique répétitive et trépidante, des riffs de guitares qui rugissent, ce trio choc et chic réuni le précieux Emmanuel, ex-chanteur des Tétines Noires, le provocant Alexis G, et Stéphane Hervé, Step, l’ancien rédacteur en chef de Rage, spécialiste des musiques soniques. Tous trois ont trouvé à Los Angeles une nouvelle ambition sonore survitaminée et ont affirmé leur style en réalisant des illustrations musicales pour jeux vidéo. Du coup, Emmanuel chante le plus souvent en anglais, et le tempéré Sourire métallique, aux relents de Taxi girl, fait figure d’exception. Car c’est dans la répétition des beats que Dead sexy inc frappe fort. Retenons ce Kamikaze rock’n’roll de feu, le très bon Bitter fuck et ses voix qui se répondent. Et ce God save the queer qui possède les atouts pour devenir un hymne punk dans les clubs extrêmes. Tout cela est bien décadent, forcément… www.deadsexyinc.com
A peine la touche play enfoncée, un mur de basses s’abat sur vos oreilles endolories. Le son Ian Cooper (Placebo) est largement identifiable dès les premières envolées vocales de Bertrand Chardon qui évoque irrémédiablement un certain Matthew Bellami (Muse). Anciennement SEdNA pour les initiés, le quatuor développe sur douze titres un rock mélodique à grosses guitares et aux textes définitivement ancrés dans leur temps : La chaîne, Futur… Se permettant même quelques bons solos, ce disque envoûte par son énergie débridée et positive mise au service d’une voix haut perchée plutôt convaincante. Tour à tour romantiques (Mon univers) et dévastateurs (le single en puissance Personne), ces quatre parisiens taillés pour la scène vont faire balancer vos têtes et user vos semelles. Production impeccable, riffs gonflés aux stéroïdes et section rythmique déchaînée, ce premier jet dans la marre fait du bien par où il passe. www.deserty.net
Galère ne rime pas forcément avec misère. Ainsi, Pousser la voiture conduit ici vers un vrai dépaysement. Ce septième album de Double Nelson rythme comme un bon plan sonore et bricolo, façon Géo Trouvetou. Ainsi, même sans maison de disque, les Nancéiens distillent des albums toujours aussi foutraques et inclassables. Ce genre d’objet donne des cheveux blancs aux rubricards thésards de magazines math-rock ! Double Nelson phagocyte les Residents, Can, Funkadelic, Devo - vous compléterez la liste tant elle peut se poursuivre à l’infini - et… eux-mêmes : le duo a fomenté une expertise en vagabondage électroïde. Bazard trash improbable prompte à illustrer des comics ou films d’animation à tendance “zicotique”, la contagion donne bon ton. Ce psychédélisme toute à la fois hypnotique et funky vous fera voir du paysage. En voiture tout le monde ! www.doublenelson.com
Portishead, forcément, paraît être la référence puisque la voix de Théodora Von Kees semble portée par de mélancoliques mélodies (Jacqueline). Et puis déjà, le tempo s’accélère, les loops se perdent sous les coups d’une boîte à rythme pour finalement se muer en un expérimental titre instrumental. L’album s’appelle Pop, comme le mythique titre de Sloy, mais la comparaison s’arrête là. Ce serait plutôt Pop music de M. Et puis Funky Town s’en mêle, toujours sans parole. Alors on va dire que Electric Mop fait de l’électro-pop, que Bettina Kee, la pianiste, et Emiliano Turi, le batteur, ont un sacré sens du rythme, qu’il y a aussi une basse, celle de JeanPhillippe Morel, et sporadiquement l’apport d’une guitare, que Théodora Von Kees chante au total sur trois titres, mais que c’est uniquement sur les dancefloor qu’Electric Mop trouvera ses plus fervents supporters. www.chief-inspector.com
Vincent Michaud
Patrick Auffret
Patrick Auffret
Julien Deverre
41
BRUITAGE ETYL
GIRLS IN HAWAII
ISAKA
“Les souris”
F.M.
“Plan your escape”
“Isaka”
(Wagram / Lady Blue)
“A dream or two”
(Naïve)
(Autoproduit)
Il y a des albums qui dès la première écoute vous emmènent loin dans un univers empreint de poésie évidente. Les souris fait partie de ceux-là. Ce deuxième opus, entièrement écrit et composé par l’artiste, fait la part belle à sa voix à la sensualité saisissante. Les mélodies sont accompagnées de textes souvent doux amers sur les petites blessures de l’existence. Influencée par la musique jazz, Etyl crée des ambiances satinées accompagnées d’un piano, d’une trompette et d’une contrebasse. Les quatorze chansons sont faites de petites histoires rehaussées de merveilles mélodiques plutôt acoustiques. De ci, de là se profilent des ambiances plus dramatiques renforcées par les cordes et la voix enivrante de la belle qui s’accompagne de chœurs bien sentis. Un album éclectique sans aucun temps mort reflétant les différentes facettes de la femme. Voici une artiste talentueuse qui livre un album sensuel pour réchauffer nos soirées d’hiver. www.etyl.net
(Remark Records / Warner)
Beaucoup de gens font de la musique pop en oubliant la base : populaire. F.M. ne le voit pas de cet œil et va même plus loin. Sa guitare sèche est en effet accompagnée d’un quatuor hétérogène, des cordes et un cor. Les compositions restent dans une sobriété efficace et ample qui laisse une large part aux mélodies, à leurs orchestrations, le tout ponctué de contrepoints cinématiques. On se balade sur ces douze titres sans jamais qu’aucune surcharge ne vienne assombrir ce tableau au romantisme assumé. Dans la deuxième partie de A dream or two, trois reprises de The Cure, Blondie et The Stranglers parachèvent l’adhésion que sous-tend cette musique populaire de qualité. Un bel ouvrage pour un premier album. Et cela présage d’un futur radieux pour cet esthète qui réussit dans un classicisme envoûtant à nous séduire sans en avoir l’air. À découvrir de toute urgence. myspace.com/fmpopmusic
Les Belges ont beau avoir pris leur temps avant de livrer ce deuxième disque, nul ne peut avoir oublié le From here to there de 2003 tellement son impact a été fort. Alors aujourd’hui, l’effet de surprise est passé : les musiciens se sont imposés comme des maîtres en matière de folk atmosphérique. “Plan your escape” s’installe donc avec une familiarité enjouée, comme des retrouvailles avec des vieux amis partis quelque temps sur la route, et retraçant à présent leurs péripéties. La bande fougueuse orchestre encore une fois des inspirations heureuses : les mélodies pop galopantes, les montées irrépressibles vers un état de transe explosive, les embardées noisy (Bored), la brise enivrante des musiques traditionnelles d’Europe de l’est sur Couples on TV, les claviers martiens de Birthday call… De la piste 1 à la 12, c’est une traversée exaltée, aérienne et pêchue. Encore un disque époustouflant. www.girlsinhawaii.be
En premier lieu comédienne, cette jeune Alsacienne, musicienne autodidacte, s’oriente vers la chanson en 2002 et s’y consacre totalement aujourd’hui. Après plusieurs années dévolues à la scène, de Strasbourg à Paris, et jusqu’à Montréal, Isaka sort un premier album aux belles orchestrations, où elle joue du piano ou de l’accordéon diatonique, accompagnée par Nicolas Dreyfus à la contrebasse et à la guitare, et Yuko Oshima (une fille !) à la batterie. Les textes, à l’écriture sensible, à fleur de peau, suggèrent plus qu’ils ne décrivent ; les choses (il est beaucoup question d’amour) sont dites à demi-mot. On ne peut s’empêcher de penser à la voix de Barbara, surtout dans Voilà et Bonsoir stranger, mais c’est juste par petites touches discrètes, car Isaka a des ressources sur le plan vocal ! Sa voix est gutturale sur Idiàner (paroles en alsacien), enjouée sur Tout doit disparaître, aérienne sur l’émouvant Libellule. www.isaka.fr
Isabelle leclercq
François Justamente
Béatrice Corceiro
Elsa Songis
OLIVIA LOUVEL
RICHARD MAUBERT
M. CHANCE
META
“Lulu in suspension”
“Cooltitude”
“M. Chance va mieux”
“Epigram”
(Optical Sound)
(Autoproduit)
(Ignatub / L’Encours)
(Nocturne)
Mulholland Drive de Lynch synthétisait et récrivait tout un pan de l’histoire du cinéma hollywoodien. Olivia Louvel en serait une bande-son potentielle, par un singulier exercice de réappropriation. Entre Greta Garbo, de diaphanes égéries cold wave et les dominatrices électro clash, se situe le monde d’Olivia Louvel. Sa musique écarte ainsi les clichés de bonnes nombre de productions labellisées berlinoises. Ce monde dense sous-tend en outre une douce mélodie du fantasme et de l’interdit. Elle louvoie entre complaintes vaporeuses, du gothique dévergondé en quelque sorte. Cette belle esthétique se retrouve jusqu’à son bel écrin digipack. Comme la musique, l’art graphique alterne touches rétros et présent plus trash. A l’heure de la dématérialisation tous azimuts de la musique, ce genre de détail compte. www.olivialouvel.com
Ce gars-là est un artiste à part. Multi-instrumentiste, ingénieur du son et surtout passionné de rock psychédélique seventies, cet home-studiste installé à Paris avait toujours rêvé de réaliser un album instrumental. Eh bien cette fois, c’est fait ! En douze plages et autant d’atmosphères dub (Good night the day), tribales (Little sister moon), ou encore orientales, sa création, sans tomber dans le lounge contemplatif est un petit bijou de sons et d’ambiances. L’artiste, que l’on imagine profondément solitaire, égraine sur son disque des vignettes indépendantes mais homogènes d’exploration sonore chill out. Trois ans de travail lui auront été nécessaires pour que l’objet devienne enfin l’album concept désiré, mêlant habilement l’ambiant, le zen et le trip hop aux influences des ses idoles, à savoir Brian Eno, Pink Floyd et Björk. Le résultat ? Un pari sonore réussi et un disque addictif, tout simplement planant. www.cooltitude.com
Ce M.-là est le personnage sorti de l’imagination de Matthieu Ballet (compositeur, arrangeur, réalisateur) qui, quand il ne travaille pas pour les autres (Thomas Fersen, Miossec, Merzhin…), trouve (et heureusement !) encore du temps pour créer sa musique. Avant M. Chance, il y a eu Dr Love, projet plus électro, qualifié par la presse de “chanson hardcore”. Il faut dire que l’univers du bonhomme est plutôt froid, tranchant, sombre et acide. Les 17 titres qui composent l’album, réalisés entre 2000 et 2007, sont comme autant de lames aiguisées, effilées, qui touchent en plein cœur. On est happé par les cordes de Je vais mieux, qui rappellent celles de Cure dans M, interpellé par Fuck de Fuck et son phrasé haché, captivé par l’histoire d’Adrienne dans La jeune fille et la mort. La reprise de Taxi Girl, Cherchez le garçon, dansante à souhait, est du meilleur effet. En téléchargement ou en commande via le web. myspace.com/matthieuballet
Il y a des œuvres qui font voyager en un clin d’œil, celle-ci en fait partie. A contre courant des modes actuelles, ce compositeur et percussionniste de formation puise dans ses influences subsahariennes pour délivrer un jazz vocal qui porte en lui la magie du mélange des cultures. Entouré pour l’occasion d’une prestigieuse, mais relativement peu médiatisée bande de musicos jazzeux, ce Parisien d’adoption agence de magnifiques arrangements world laissant une grande part à l’improvisation. Tranquillement, tous les instruments traditionnels du genre passent à la moulinette d’un swing métissé et surprenant. L’on vogue alors au sein d’un univers à part, débordant de fraîcheur et de soleil, proche de celui de Richard Bona, tout en affichant sa propre sensibilité. Cerise sur le gâteau, les mélodies ne sont pas en reste dans ce jazz ethnique qui devrait trouver son public chez les purs et durs tout comme chez les néophytes. myspace.com/metamyspace
Elsa Songis
Julien Deverre
Vincent Michaud
Julien Deverre
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LONAH
BRUITAGE
JMPZ
JOHN TRAP (SOLO)
“Sound asylum”
“1977”
(Le Périscope)
(Autoproduit)
JOSHUA
(Creative Commons)
En douze ans d’existence, la production artistique du groupe a connu plusieurs variantes inhérentes à son line-up changeant. Néanmoins, JMPZ est toujours resté fidèle à sa forme atypique (deux basses, batterie, didjeridoo) et une musicalité musclée, convoquant hardcore, indus, électro, touches ethniques. Après l’éclaté et solaire (en comparaison) second album Subsonic, Sound system se montre crépusculaire. Les participations vocales de Reuno (Lofofora), Sir Jean (Meï Teï Shô), Zed (ex-Spicy Box) confortent ce recentrage vers plus de testostérone. Indépendamment, les titres renferment quelques grammes de finesse : le piano de Freedom, les sonorités africaines de Man is a man, le groovy et sensuel Extinction need, Le jour J porté par les voix des soeurs Nid El Mourid de Lo’Jo… En concert, pas sûr qu’elles soient prioritaires, car de toute évidence, de grosses suées accompagneront cet album taillé pour la scène. myspace.com/jmpzmusic
Discrètement, quelque part dans le Finistère, un collectif de musiciens réunis sous l’identité John Trap réalise un rock inventif. Ici, c’est l’œil de Thomas Lucas qui élabore cette échappée solo en terme de compositions et d’idées, tout en restant bien entouré d’amis fidèles et d’invités. En 1977, l’auteur découvrait La guerre des étoiles et célèbre aujourd’hui son amour pour la musique de John Williams, mais celle de Christian Vander (Magma) aussi. Cet album de passionné est avant tout une œuvre personnelle, pleine d’émotions palpables (Saying goodbye, The only one) et de réflexions. Dans ce rock progressif incantatoire, certaines curiosités sonores traduisent une forme d’évasion. Les mélodies fournissent des thèmes grisants, multipliant les couleurs et les rythmes. Des interludes pop toujours englobés dans un ensemble plus libre apportent à ce disque une recherche et une sensibilité remarquables. myspace.com/johntrapsolo
“Music & chocolate” Certains en parlent comme d’un disque de pop souriante, tantôt émaillée de notes funk, tirant parfois vers le folk, quand une chanteuse invitée pose sa voix sur un titre acoustique. D’autres le définissent comme un mélange précipité d’électro et de hip hop quand Senso, ancien MC, pose son rap sur un titre aux basses saturées et au son trafiqué. Qui a raison ? Eh bien, tout le monde ! Le premier album de ce duo belge ne s’arrête sur aucun genre précis, fusionne, glisse pour donner ce qu’ils définissent euxmêmes comme du street pop. Ils s’invitent dans un trip hop planant à la Neneh Cherry, rappellent les Red Hot Chili Peppers lorsque les voix plongent vers les graves, impossible de compter les références. Du coup, on ne s’ennuie pas une seconde sur ses quinze titres portés par la même fureur dansante. www.joshuanoise.com
Voilà une galette qui plaira aux accros de Tim Burton et aux amateurs de la mélancolie fantastique d’un Edgar Poe. L’électro-rock de ces cinq musiciens emprunte autant au trip hop qu’à la poésie pour donner vie à un univers urbain et gracieux, caressé par un doux rayon de lune. Ames errantes, ombres nocturnes et étoiles magnétiques se croisent sur ces textes chantés parfois en anglais, souvent en français. La voix éthérée de Raphaëlle finit de colorer d’onirique ce deuxième album. On redescend un sur terre pour les titres plus rock ou carrément pop. Guitares électriques et batterie se déchaînent alors, on se laisse délicieusement surprendre. Au final, les violons, effets sonores et textes fins dessinent un tableau impressionniste où tous les sens sont chatouillés, même la vue, grâce au carnet de croquis d’une quarantaine de pages qui accompagne le disque. A noter : ces douze titres sont téléchargeables gratuitement sur www.lonah.net.
Bruno Aubin
Béatrice Corceiro
Aena Léo
Aena Léo
THE MISSING SEASON
MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE
MY OWN PRIVATE ALASKA
NOUVEL R
“The secret map”
“Small town boy”
“MOPA”
“Hybride”
(My Little Cab Records)
(Jaune Orange / Kitchen Music)
(Autoproduit)
(Yotanka)
La pochette de l’album est en soit des plus symboliques : ce bord de mer évoquant la Bretagne (lieu d’origine du duo), l’apaisement apparent et ce soupçon poétique d’antan. Le travail autour des instruments à cordes évoque ici les humbles artisans, garants d’un savoir faire oublié. Le folk y est suave et songeur, tandis que les harmonies vocales empruntent à la poésie anglo-saxonne pour mieux préparer au voyage. C’est simple comme un banjo, mélancolique comme un harmonica et tendre comme une guitare. L’ambiance épurée du petit matin est chahutée par la romance pop des embruns. Sans artifice ni prétention, The Missing Season possède ce charme discret du littoral. Cette liberté communicative et spontanée, loin de toute tentation mercantile et de la facilité. Neil Young, James Taylor, The Band… Tous sont sur l’autre rivage et devraient très prochainement recevoir de la visite. myspace.com/missingseason
Cinq ans après Music drama (2002), le rockeur belge Redboy revient avec 14 nouveaux titres aux arrangements plus bruts de décoffrage. Autant son interlude avec Hollywood Porn Stars donnait à fond dans l’énergie pure, autant ce côté-là de sa personnalité visite la palette des émotions humaines. Appuyé sur un songwritting plus fin et des conditions live hivernales, le quator se la joue d’avantage country, folk rock et lo-fi. Pourtant, entre positive attitude et mélancolie, trois singles pointent déjà le bout de leur nez (Upside down en tête, facile mais au refrain efficace), sans compter les pépites Crazy to love (orgue Hammond et banjo) ou What are you doing. Trois ans de maturation, trois jours d’enregistrements et deux mois de studio nécessaires à ces fans de Bright Eyes pour réunir de nombreux musicos et réussir à produire une pop sûre d’elle et raccord avec ses influences. La scène liégeoise tient décidément le bon bout. www.mylittlecheap.net
Le nom du groupe appelle déjà en soi tout un univers. Au milieu du désert, quelque part en pleine nature glacée. I am an island, dit le cinquième titre dans une personnification troublante. Les harmonies des lignes mélodiques au piano, la puissance acharnée de la batterie et les déchirements vocaux intronisent ce hardcore screamo inédit. Le trio toulousain indique les clés de son langage personnel au plus profond de ce premier six titres. De longs morceaux frappés par des mots durs (la mort, le sacrifice, la haine). De cette violence parfois cruelle naît une beauté épurée et vibrante. Une rencontre glaciale à l’image parfaite de l’artwork (particulièrement bien mis en valeur puisque le disque est présenté dans un coffret DVD). On retrouve au micro MiLKa (Psykup, Agora Fidelio) qui parvient avec ses deux acolytes à transcender des ambiances inquiétantes, percutantes et vulnérables. www.myownprivatealaska.com
Voici Hybride, le premier album de ce collectif angevin (4 MC, un DJ, un human beat boxer et un bassiste). La production y est ample et propre, l’écriture vigoureuse, sans effets de manche, ni fulgurances, et l’ambiance urgente et sombre, remarquablement mise en valeur par des touches électro, une guitare sèche et de surprenants accords de violoncelle. Les sept mercenaires remettent quelques pendules à l’heure, notamment sur la vie en banlieue et sur le destin des enfants de cité, mais en restant loin des clichés. A leur tableau de chasse : le rap commercial, Jacques Chirac, le conflit israélo-palestinien (avec des propos assez cavaliers), la victimisation et le racisme ordinaire du beauf. Ni indigne, ni novateur, c’est du rap bien dégagé derrière les oreilles, “conscientisé” comme disent certains. Mais, c’est assez loin des fougueuses et réjouissantes performances du crew d’Angers sur scène. www.nouvelr.fr
Béatrice Corceiro
Sylvain Dépée
Samuel Degasne
Julien Deverre
“Au fond du temps”
(No Vice / Universal)
43
BRUITAGE
PAPILLON PARAVEL
PONEY EXPRESS
L’ŒUF RAIDE
“Au sommet de son arbre”
POLYGLOTTE
“Daisy Street”
“Are you eggsperienced ?”
(Sur la Branche / Naïve)
“Blabla”
(Atmosphériques)
(Jarring Effects)
(Ulysse Productions / Hypolais)
Sur l’air du tube de Patrick Coutin, qui dans les eighties passait son temps à “regarder les filles”, les Polyglottes parodient : “J’aime regarder mon chien, j’y vois l’ami fidèle, c’lui qui vous lèche la main, qui se mouille à ma place. C’est son coté rebelle, quel démago ce chien. Couché.” (Hot dog). Mais, outre quelques autres pirouettes bien trouvées, le groupe serait plutôt un mariage entre le punk des Béru, le rock militant des Warum Joe et la chanson-accordéon de Java, Pigalle, Mano Solo, avec quelques incursions électro, voire ska. Les revendications sont savamment parsemées dans quasiment tous les textes sans être lourdingues, elles croisent l’humour (Déjà vu) et même la poésie (Déesse). Bref, un groupe absolument pas classable, mais qui file une furieuse envie de bouger et de le voir sur scène. Ca tombe bien, la nouvelle tournée démarre ! polyglotte.net
Paris de loin, premier titre et premier flash pop folk instantané. Il faut dire que l’on n’a pas affaire à des débutants tant ce premier album était attendu par les fans de Tétard et Louise Attaque. On y retrouve en pleine inspiration la douce Anna (chant, guitare) et Robin Feix (basse, clavier, banjo…). Capté sous le soleil du mois d’août à Cardiff, ce disque tout en retenu doit beaucoup à Rob Allum et Sean O’Hagan des non moins ensoleillés High Llamas. Le résultat en est d’autant plus atmosphérique. Couple à la ville comme à la scène, le duo n’est pas sans rappeler Jane Birkin et Serge Gainsbourg. Les quinze titres s’enchaînent et évoquent aussi bien le voyage, le fantasme, la pop anglaise façon Belle & Sebastian que le folk US à la Violent Femmes. Quinze ritournelles hautement cinématographiques qui sentent bon le sable chaud et qui plongent l’auditeur dans une agréable douceur bucolique. myspace.com/poneyexpress
François Justamente
Arrivé au terme de quatre années de “traversée”, et notamment d’un contrat discographique avec BMG, Paravel se rappelle à notre bon souvenir avec un troisième opus en autoproduction, sans conteste le plus chaleureux à ce jour. Les chansons demeurent dans la veine “poétique qui ne se prend pas au sérieux” qui a fait sa renommée, tout en orientant cette fois-ci son propos vers une certaine “désabusion”, sans doute liée à un contexte peu favorable à l’insouciance. Il s’adonne d’avantage au chant sans renoncer totalement à la scansion voisine du slam qui faisait son originalité. Ses arrangements musicaux, mariant avec bonheur électro et acoustique, imposent une musicalité raffinée fort bienfaisante. Il accorde une place privilégiée à ses enfants et mêle de temps à autre leurs interventions à ses mots pour notre plus grand plaisir. Il en résulte une proximité touchante qui fait énormément de bien à tout être pourvu d’un peu de sensibilité. www.surlabranche.com Alain Birmann
Serge Beyer
Julien Deverre
SHAICHO BLACK
SIOEN
DAVID SOLINAS
HENNING SPECHT
“Ma vie, ma tise et mon canapé” (Sacan for Life) Un hip hop costaud, forgé dans le même métal qui sert à construire des tours. Des productions modernes, dans une veine gangsta, évitant toutefois les poncifs lié à un mastering vulgaire. Ma vie, ma tise et mon canapé sonne ! Le flow suit. Les onze titres abordent les différents thèmes qui peuvent serrer les tripes de ce rappeur originaire de GargesSarcelles, allant du quotidien aux perspectives d’avenirs. Son ciel n’est pas rose fluo, mais sa vision dans ce bouillonnement de vie est juste. Objectif : s’en sortir, no bling-bling, et le respect comme code de guerre. Les instrumentations oscillent entre dirty south et bay area quand il s’agit de représenter, plus orchestré et accompagné de musiciens pour l’amour. Tout le monde s’est mobilisé pour cet album, quasiment un producteur par titre ! Et l’ensemble est complètement cohérent, réuni par un flow et une mentalité auréolant le tout, qui avec hargne, croit en son avenir. A juste titre. www.shaichoblack.com
“A potion”
“Un singulier pluriel”
“Welcome to Henning”
(Polydor / Universal)
(Autoproduit)
(2000 Records / Cod&s)
Ce talentueux pianiste nous vient de Belgique avec sa sublime voix brumeuse et aérienne. Tout est conçu comme une toile savamment ciselée, fragile et envoûtante par des ballades pop si bien composées. Ce troisième opus nous transporte une nouvelle fois dans un univers mélancolique à souhait où le piano a une place incontournable. Des arrangements subtils qui confortent des mélodies empreintes de nostalgie. On se laisse volontiers attraper par A potion, des notes à la Tori Amos, et I need a drug, pop rock à la Zita Swoon. Il reste à découvrir des titres tels que Ready for your love, ou bien encore No conspiracy at all qui déclinent des atmosphères tantôt froides et tantôt scintillantes. Les Belges, une nouvelle fois, nous envoie un bijou rock, une perle rare qui arrive sans mal à accrocher nos oreilles dès les premières notes. www.sioen.net
Ce musicien est un drôle d’oiseau. On en croise, d’ailleurs, des drôles d’oiseaux, sur son premier album. Mais aussi des chats, des flibustiers, des gorilles, des lunes et des fesses. Solinas cultive un univers loufoque et tendre, qui n’est pas sans rappeler celui de Thomas Fersen. Prof dans une autre vie, il a lâché l’école pour devenir trublion des vers et jongler avec les mots. Guitares, percus, saxo, orgue ainsi qu’une dizaine d’autres instruments installent une chanson swinguée, jazzy ou pop, sur laquelle il pose sa voix claire et ses textes en forme de tranche de vie ou saynètes cocasses. Un pirate perd son bras et sa guibole à force de se prendre des boulets de canon, un curé craque pour les cuisses d’une diablesse, un docteur langouste en pince pour une patiente… C’est drôle, parfois naïf mais toujours bien senti. Idéal pour retrouver le sourire après une journée un peu trop normale. www.davidsolinas.net
Ceci n’est pas un disque, c’est un projet ambitieux, exubérant et un peu fou : créer un album où chaque chanson (et il y en a quatorze) représente une pièce de la maison où notre Allemand halluciné a grandi. Henning se permet tout, la chansonnette acoustique au xylophone en passant par la mélodie expérimentale scandée de beats des années 80 complètement rétro. Mais il y a quelque chose de désarmant dans cette totale sincérité du musicien, quelque chose effleuré par la grâce. Malgré le nombre excessif d’instruments utilisés par ce touche-à-tout, la musicalité est reine. L’amusement est palpable et c’est avec un plaisir curieux que l’on se fait balader dans cette étrange demeure dont le plan est fidèlement livré par le compositeur dans la jaquette. L’étrangeté de certaines pistes peut être déroutante, mais tout comme la visite d’une maison, il faut y retourner pour être sûr qu’elle nous convient, et dans le cas présent : oui, c’est sûr ! myspace.com/henningspecht
Si la musique électronique est synonyme pour vous d’un BPM supérieur à 110, d’une grosse montée ou d’une transe quelconque, passez votre chemin. Ici, il est question de cinématique, de breakbeat, de trip hop voire de rock regroupé au sein d’un écrin électronica hip hop. Pour son troisième album, L’Œuf Raide délaisse le turntablism pour explorer de multiples sonorités qu’il entrechoque, malaxe, travaille à foison pour créer un univers en mouvement. D’apparence hétérogène, Are you eggsperienced ?, creuse le sillon exigeant d’une musique synthétique de qualité laissant une large place aux mélodies. L’imaginaire de cette artiste est aussi étoffé par deux apparitions, Fisto de Sofa So Good venant poser son flow, ou encore Eric Aldea de Zëro jouant le crooner. Un éclectisme surprenant ou la prise de risque est constante pour notre plus grand bonheur. myspace.com/loeufraide
Yann Lecommandeur
Aena Léo
François Justamente
Isabelle Leclercq
44
BRUITAGE
RODRIGUE
RONAN / RONAN
ROUDA “Musique des lettres”
REDEYE
“Le jour où je suis devenu fou”
“Copié / collé”
“This is ReDeYe”
(Autoproduit)
(Absynthe Prod)
(Le Chant du Monde / Harmonia Mundi)
(T-Rec / Anticraft)
L’ancien chanteur-banjo des Fils de Teuhpu à choisi l’aventure solo depuis 2003. Poète bricolo, il superpose des mélodies, des sons, des bruits incongrus (d’où le titre…) jusqu’à créer un univers unique entre barjo et lunaire, mais toujours avec une touche enfantine, guillerette. Les textes sont souvent courts et répétitifs. Exemple, le texte complet d’un morceau : “Prends ton courage. A demain. Aujourd’hui. OK.” Et de quoi joue ce grand gamin autodidacte ? Du train en plastique, sifflet en métal, guitare en bois, concertina, banjo, boîte à meuh, tourne-disque, ukulélé, scie sur bûche, contrebassine, wood block, accordéon, claquements de langue, jouet “music star”, trompette, aspirine, cymbale, harmonica, tambourin, sifflage de bière, rot, rire, clochettes, claquements de porte, frottements de sac plastique… Ca vous donne une idée ? Ce digipack de 14 titres (+ livret 24 pages) a été réalisé en autoproduction avec Gregory Fourrier au studio Musique Plurielle au Mans. ronanronan.free.fr Serge Beyer
Le slam, cet art oratoire américain issu du blues et de la soul, suscite le même engouement tardif que le stand-up. Décliné sur album, il peut parfois se voir dénaturé par l’absence de spontanéité que requière le style. Ce n’est pas le cas ici. Habitué des soirées, l’artiste s’offre en vitrine la participation de Fixi (Java, Tony Allen) et de Grand Corps Malade. Mais passé l’effet d’annonce, l’opus révèle un axe narratif plus hip-hop que l’on ne laissait supposer. Les textes sont profonds, entre l’observation d’une génération violée et l’objection de conscience. Les instrumentations n’ont pas à rougir pour autant. Rouda y apparaît comme un barde contemporain à la plume revancharde à l’encontre du béton citadin. Et on le comprend. Si dans le blues et la soul il n’était en partie question que de l’âme (spirituelle ou non) de ses protagonistes, les états d’âmes ici décrits, transforment de façon communicative les maux en mots. www.rouda.fr
Caroline Dall’o
Déjà, comme le titre l’indique, précisons que ce mec est totalement barjo… et que c’est pour ça qu’on l’aime ! Son doigté de piano pourrait évoquer Higelin ou Polnareff, son goût de la scène théâtralisée Nicolas Jules, sa folie Rita Mitsouko ou Brigitte Fontaine, son rock Jad Wio ou Queen. Egalement d’inspiration Cali ou Pierre Lapointe, on tient là un phénomène comme il n’en apparaît que rarement sur la scène française. Entre poésie (“Après toi, j’avais un manque horrible, j’voulais qu’on m’greffe un peu d’sentiments”) et érotisme (“Je vous ai laissé ma langue de visite”, “Tu pourrais tout avoir sous ces lumières noires / Du hype ; moi j’ai mieux à te proposer / 69 degrés sous nos corps inversés”), mais il sait aussi faire sourire ou être désespéré. Et il tient même un tube en puissance : Etre humain (“J’ai des songes à créer, j’ai des songes à rêver / Les bras dans le vent, je veux m’envoler”). En résumé : ne pas le rater sur scène et ne plus le lâcher !!! www.rodrigueweb.com Serge Beyer
SPLEEN OUT
SU LI ZHEN
SEBASTIEN TELLIER
TOSS
“Videodrama”
“Su*Li*Zhen*”
“Sexuality”
“World Trad. Center”
(Autoproduit)
(Alien Prod)
(Record Makers)
(Autoproduit)
Hommage non dissimulé au film culte de David Cronenberg dans lequel apparaît Debbie Harry, voici le premier véritable album d’un trio niortais formé en 2000, mais qui a connu un véritable tournant lorsque Kourse s’est emparé de la guitare en 2005. Une évolution concrétisée avec ce disque. Les envolées d’un morceau comme Safe and sound sont porteuses de belles promesses et Messy montre une influence grunge évidente. Et des titres comme Shadows ou Go god go ! dévoilent une power pop raffinée. Mais s’il est très à l’aise lorsqu’il chante en anglais, Spleen Out paraît bien fébrile lorsqu’il s’attaque au français. On a tout ou Logo love énervent plus qu’ils ne retiennent l’attention malgré une bonne volonté évidente. Et Rien ne résonne ne se sort pas de l’ornière des enfants de Noir Désir. Une particularité excitante enfin, le batteur, Jérôme, est aussi le chanteur, ce qui promet un plus visuel pour les concerts. myspace.com/spleenout
Des clochettes cristallines, suivies d’une mélodie évoquant la lointaine Asie, ouvrent, en intro, un album lumineux, aérien, onirique. Su*Li*Zhen* est le projet ambitieux de Nico, multi instrumentiste nancéen très inspiré, qui dit vivre “la musique comme un art”. On se promène agréablement d’un titre à l’autre (treize au total), tantôt dansant, tantôt planant, passant d’une ambiance sonore à une autre, d’un registre à l’autre. Ça donne dans le trip hop, l’électro, le rock, le jazz, l’ambient… Le tout est cohérent, singulier, harmonieux. On aime l’instrumental Japanese flowers, le sax tout en volutes de As tears go by, la jolie voix de Melle Huynen sur No way to be your pawn, Dream on pour son petit côté metal et médiéval. Chacun est libre d’imaginer, de s’en aller rêver au gré de ses humeurs et de ses émotions, à l’écoute de cette musique riche et inventive. On se procurera ce petit trésor en téléchargement légal. www.sulizhenmusic.com
Monsieur Tellier est un artiste à part dans le paysage musical français : en trois albums et une BO (celle de Narco, en 2004, dont il signe les instrumentaux), il aura réussi à imposer son nom au panthéon des artistes hype, à côté de ses collègues Air, Cassius, Mr Oizo et consorts, avec une musique exigeante, personnelle, et toujours instrumentalement recherchée. Quelle surprise ainsi de découvrir, faisant suite à l’acoustique Sessions, Sexual sportswear, premier extrait de Sexuality. Désarçonnés par l’axe résolument électronique de ce titre, on y entendait de manière évidente la signature Daft Punk, marqué par des sons aujourd’hui reconnaissables entre mille. Normal, puisque ce n’est autre que Guy-Manuel de Homem-Christo qui en signe la production. De là à qualifier ce nouvel album de dancefloor ou de revival 80’s, il y a un pas que l’ami Tellier ne franchit pas totalement, imposant son style décalé et lascif à chaque plage. www.sebastientellier.com
Tony Canto et Jacques Tribuiani, éminents concertistes, composent ce duo de musique traditionnelle irlandaise et écossaise. Ce qui ressort immédiatement c’est le clin d’œil à l’Amérique dans le titre et dans la façon d’interpréter la musique irlandaise d’immigrants américains. Leur secret ? Allier l’énergie et l’improvisation à la technique ancestrale. Car c’est un peu tout ça à la fois que l’on entend sur la power pop à violons de Tenacious, sur les rythmes endiablés de The banks of Claudy ou simplement sur le swing de folie ampli de rage et de mélancolie. Parfois proche de la ballade traditionnelle Gallant ou parfois même psychédélique The maid that sold her Barley, l’auditeur est transporté en terres inconnues, balancé d’un style à l’autre. Abîmé et choyé à la fois. Influencée par Liz Carroll, Martin Hayes ou encore Eileen Ivers, cette autoproduction française ne manque pas de relief et de tonalités rythmiques. www.toss.fr
Patrick Auffret
Elsa Songis
Caroline Dall’o
Julien Deverre
Quand la moitié d’un duo français amoureux de la langue de Shakespeare se lance dans un projet solo, cela donne souvent une galette surprenante. Si l’on pouvait se douter de l’attrait qu’exerçait le folk américain sur son groupe Dahlia, on ne pensait pas croiser Guillaume Fresneau au détour d’un album tant marqué par la musique d’outre-Atlantique. La surprise une fois passée, on ne peut qu’avouer que Guillaume, sous le pseudonyme ReDeYe, réussit un album climatique, riche de chansons folk bluesy pop et d’ambiances nocturnes. On pense à Bob Dylan et à Leonard Cohen, quand les intonations rappellent un Eddie Vedder (chanteur de Pearl Jam) apaisé et ressourcé. Pas de fioriture niveau production, mais comme il dit une optique lo-fi numérique, simple et sans ambages. This is ReDeYe est un premier disque brut et direct, dont on attend avec impatience la transposition scénique. myspace.com/thisiredeye
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Samuel Degasne
BRUITAGE
ÜNSAI
ZITA SWOON
“ünsai”
V/A
“Big Blueville”
TOXIC KISS
(Audioactivity)
“Tombés pour Daho”
(Chikaree / Blueville)
“Small town faces”
(Discograph)
Quatre ans après Final lift, les Strasbourgeois reviennent avec un opus tout aussi endiablé. Farouchement rock’n’roll, leur son tire sa force d’un éclat power pop jonglant entre punk et garage. On pense souvent au glam des sixties, tandis que les voix féminines et masculines s’unissent dans une bonne humeur qui n’est pas sans rappeler les B52’s. Bref, un détonnant mélange intemporel et sans prise de tête où les six acolytes s’en donnent à cœur joie au milieu de distorsions crasseuses et de percussions ultra efficaces. Une bonne partie de l’Hexagone a pu découvrir leurs compos créatives, puissantes et bien ficelées lors d’une récente tournée nationale qui leur a donné le vent en poupe. L’ensemble de la galette est fort bien balancé, un peu plus d’une demi-heure au dynamisme contagieux qui sait marquer les esprits. myspace.com/toxickissband
Encore une pépite servie par Audioactivity, collectif d’artistes sonores et visuels collaborant via la magie de l’Internet entre la Suisse, la France et la Belgique. Cette culture alternative affirme sa différence et son engagement, notamment en proposant ses productions en licence libre, à télécharger sur www.audioactivity.net. Exemple parmi d’autres (notamment l’électro poisseuse de Monsieur Connard), le duo ünsai emplit l’espace par un groove lourd et entêtant. Son dub abstrait se pare aussi de sonorités industrielles, toujours incisives. A la fois ample et minimaliste, cette musique frappe par un calme apparent dissimulant avec habilité une torpeur inquiétante. Les textures sonores affinées dénotent d’un sens aigu de la composition, ces onze plages s’affinent sans cesse dans l’esprit de l’auditeur au fil des écoutes. Vraiment du grand art, sans fioritures et avec brio. Science avec conscience n’est qu’enrichissement de l’âme. myspace.com/unsai
Au fil de sa carrière, Daho n’a eu de cesse de rendre hommage à ses idoles ou de mettre son talent et sa notoriété au profit d’autrui. Juste retour des choses, le voici à son tour honoré par ses pairs et / ou amis (Ginger Ale, Tellier, Jacno, JP Nataf, Biolay, Darc, Readymate FC, Medeiros, Turboust…). De On s’fait la gueule à Vis-à-vis, c’est une constance et cohérence, sur plus de 25 ans de carrière, qui sont mises en lumière. Si chaque artiste s’accapare à sa manière ce répertoire, aucun n’en dénature l’élégance pop. Mieux, le choix d’adaptations le plus souvent ralenties et dépouillées, permet de revenir à la racine des morceaux, révélant plus fortement encore ces textes qui tutoient les intimités, confirmant à qui en doutait l’existence d’une “Daho touch”. Au jeu de la réinterprétation, rarement “tribute” n’a atteint pareil sommet. Les fans seront comblés. (Interviews des artistes sur www.tombespourdaho.com)
La formule des Belges est bien rôdée. Steph Kamil Carlens et son gang font groover le rock et swinguer la pop en français et en anglais. Les trois choristes assurent toujours les harmonies soul pendant que SKC nous ravit le cœur de sa voix veloutée. Sur Je range, ce mélange vocal fait merveille pendant que le groupe s’active dans la douceur de l’acoustique. Tendez l’oreille, les rythmes de batterie sont magiques, presque jazz, le piano envoûte. Et parfois, une guitare électrique pointe le bout de son nez dans ce joli bouquet poétique. Le groupe parle d’amours suaves, des femmes, des grandes villes et de ce qui s’y passe. Avec Big Blueville, le neuvième Zita Swoon est coloré, chaleureux, amical. On y retrouve même ces petites émotions que l’on aimait dans les premiers dEUS, cette “folie musicale” qu’on ne retrouve que chez les musiciens belges. Un grand disque ? Le temps le dira. Un bon disque ? Assurément. www.zitaswoon.com
Clémence Martinet
Vincent Michaud
Bruno Aubin
Eric Nahon
(Novalis Impulse)
CANNIBAL ELVIS “The end of poison” (Autoproduit) Formé en 98, le groupe puise ses références de façon évidente chez une certaine PJ Harvey. Le son est lourd et simple, gras et grésillant, comme un affront aux productions actuelles. La voix se fait plaintive quand elle ne cogne pas contre les murs. L’énergie est brute et instinctive. Un blues-rock des bas-fonds, honnête et efficace, qui mérite cependant de se démarquer de ses influences. www.cannibalelvis.com SD
EN BREF
CHET NUNETA “Ailleurs” (Mon Slip / Warner) Ekova chantait en “langue des fées”, Nosfell en “klokobetz”, ce quintette globe-trotter a choisi un “néo folklore imaginaire”. Ce qui donne une ambiance très “voix bulgares” visitant toutes les ambiances trad de la planète. C’est très beau et superbement fait. En route pour un voyage… les yeux fermés ! www.chetnuneta.net SB THE DELANO ORCHESTRA “A little boy, a little girl, and all the snails they have drawn” (Alienor Records) Ambiance reposée, confinement embrumé, mélancolie diffuse, voix à moitié chuchotée à la Sparklehorse, entrelacs de mélodies, variété d’arrangements. Ce recueil de chansons langoureuses et doucement prenantes forment le premier album d’un nouveau venu dans la famille folk indé hexagonale. myspace.com/thedelanoorchestra BC ROBIN FOSTER “Life is elsewhere” (Last Exit Records / Anticraft) Dans ce disque, les morceaux sont en grande partie instrumentaux et accomplissent le croisement d’une électro planante des années 80 et des vagues shoegaze de la décennie suivante. En résulte une sorte de post-rock où se joueraient les mélopées expérimentales de Talk Talk, avec des montées progressives mises en avant, même si cela tourne un peu en rond parfois. myspace.com/robinfoster BC GENERAL PURPOSE “Fist show” (Autoproduit) Ce quintette parisien a décidé d’ensoleiller nos vies à coup de pop radieuse et de balades folk. Général Purpose invoque les dieux de la guitares des années 60/70 et revendique une musique “naïve comme celle de Burt
Bacharach”. Neuf morceaux dynamiques et ouvragés qui s’insinuent en vous avec une facilité déconcertante. A suivre dans le sillage de Fugu ou Tahiti 80. myspace.com/generalpurposemusic EN
NOTHING MORE “…the way it goes !” (Chanmax Records) Au début des années 90, le punk “à roulette” a fait des émules et ce trio a participé à coups de concerts et compiles diverses. Aujourd’hui sort son deuxième album : du punk-hardcore, des refrains mélodiques, recette idéale pour adeptes de la vieille école, de Descendents ou All. Ces petits titres bien léchés rentrent dans le lard, sans compromis et avec vigueur. myspace.com/nothingmorethewayitgoes BC
JUNKYARD BIRDS “The Fuck album” (Eternal Sunrise / Dead Bees Records) Trois musiciens provoquent un son lourd, entre stoner et rock progressif des années 70, avec explosions électriques et un calme qui gronde. S’il n’y a rien de foncièrement révolutionnaire à attendre, l’énergie sincère et l’ambiance flamboyante donnent foi à cet album, volontairement dur et planant, donnant dans des riffs brûlants et des intonations démoniaques. myspace.com/junkyardbirds BC LACOUTURE “Brokanthology” (Mosaic Music) “Je fais de la chanson française” annonce-t-il en ouverture de son nouvel album. Et on peut ajouter que sur scène il est impec, drôle, intelligent, tendre et toujours entouré d’excellents musiciens. Eh bien, sur ce disque, c’est idem ! De la dentelle. Et on se demande toujours pourquoi on ne voit pas le bonhomme davantage. Peut-être que grâce aux titres Mammifère ou Surf on the web cela va changer… myspace.com/xavierlacouture SB
ROSWELL CONSPIRACY “Les fragments anodins” (Abyssa) La danse qui s’ignore : sous des contours abstraits, ces fragments expriment un fort penchant à la transe. Manquant un peu de profondeur sonore, ils transportent tout de même une dark attitude… hédoniste. Autre preuve que cette conspiration électro dégage de bonnes
MAXIS
ARTHUR & LES ASTRONAUTES “Chez nous” (Autoproduit) Ces quatre Meldois (habitants de Meaux) se sont connus au lycée. Pour eux, la musique, c’est avant tout du plaisir et du partage, entre amis, à la maison. Leur bonne humeur est communicative dans cet EP où ils narrent leur quotidien avec humour et autodérision. La formule, bien dosée, pêchue, mélange avec joie rythm’n’blues, rock 70’s, funk… le tout avec du groove ! myspace.com/arthuretlesastronautes ES
LA MAL COIFFEE “La mal coiffée” (Modal / L’Autre Distribution) La polyphonie est une combinaison de plusieurs voix indépendantes et pourtant liées les unes aux autres par les lois de l’harmonie. C’est ce que pratiquent les six filles de La Mal Coiffée, en langue d’Oc, s’il vous plaît ! Dans la lignée de Moussu T ou Dupain, elles nous emmènent loin vers le Sud, interprétant des chants populaires rythmés par le tambour et autres percussions. myspace.com/lamalcoiffee ES
CHARLY… ET SA DROLE DE DAME (Autoproduit) De Grenoble où il étudie le piano au conservatoire, apprenant aussi percus et guitare, puis à Bruxelles où il joue dans divers groupes, cet artiste se base finalement à Paris. Mais qui est sa drôle de dame ? Une guitare rare, fabriquée à Boston en 1890, dont Charly ne peut plus se passer. Il compose avec elle des chansons à l’humour fin et ironique, sur un blues léger, enjoué. www.charlyetsadrolededame.com ES
NECTAR LA NUIT “L’usure des lueurs” (Autoproduit) C’est le deuxième album de ce trio mené par Julien, au chant, aux guitares, à l’harmonica et au looper (échantillonneur de boucles). Avec Mathias à la basse et aux chœurs et Ludo à la batterie, Nectar la Nuit joue des complaintes folk entraînantes et mélodieuses, mêlant sons acoustiques, électriques et électroniques. So many, qu’on se surprend à chantonner, est un tube en puissance. www.nectarlanuit.com ES
CORDEBREVE “Cordebrève” (Odette Prod) Thomas Sinié (dit John Smith), Parisien expatrié à Bordeaux qui fut précurseur des reprises décalées d’Alizée, s’est acoquiné à Charlotte Jubert, pour un 7 titres précieux. Mais si son but est de dépoussiérer la prose des auteurs du XIXème siècle, pourquoi imposer des tempi de valse et du clavecin à tous les étages ? En attendant de nouvelles chansons signées Thomas… myspace.com/cordebreve LC
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ondes : elle est en téléchargement libre sur abyssa. netlabel.free.fr VM SALSEDO “Wine & pasta” (Run Fast / BMG) “Je n’ai plus peur de la rime… Vaut mieux chanter ce que l’on aime” avoue le chanteur de Silmarils en ouverture de son premier album solo à l’ambiance folky-acoustique, voire roots. Un peu comme si Pierpoljak était mexicain et travaillait avec Prohom et Cali ! Un mix à découvrir sur scène. myspace.com/salsedo SB SKAO “L’O qui dort” (Follow Me / Pias) Ca dépote ! Rock rentre-dedans, funk ou ska, Mimie la chanteuse ne se ménage pas pour nous secouer les neurones, pourtant ça reste le cul entre deux chaises : gros son efficace, bons zikos, mais chant et textes un peu variété. A vérifier sur scène. www.skao.fr SB KAMAS & LES CORBEAUX (Autoproduit) Sur ce premier maxi c’est la voix qui nous touche, puissante et assurée alternant entre chant et conte. Elle distille des émotions toujours justes et souvent à fleur de peau, mais le verbe n’altère jamais la mélodie. La demoiselle est accompagnée de musiciens discrets qui manient avec élégance la guitare et le trombone. Un beau premier essai qui nous laisse curieux d’entendre d’autres histoires.www.kamas.fr IL MOONJELLIES “Moonjellies” (Autoproduit) Ces Tourangeaux expriment une pop-rock sentimentale à l’empreinte plutôt mélancolique. On l’entend tout au long de ces cinq titres emplis de jolies mélodies aux références classiques très anglaises (Beatles & Kinks) et qui réussissent à accrocher. Compos bien troussées, ambiances rêveuses, chœurs harmonieux… myspace.com/themoonjellies BC TRIBECCA (Autoproduit) Des intros impeccables, traînantes et mélodiques pour une musique post rock énergique et une voix qui vous prend au ventre. Des structures classiques avec ce qu’il faut de ponts et de décalages rythmiques pour surprendre l’oreille. Le quatuor masculin joue une musique virile aux guitares bien branchées et aux cymbales vivifiantes ! Quatre titres extrêmement bien fichus qui laisse présager un premier opus prometteur. www.myspace.com/wearetribecca IL
IMAGES
COPINAGES.COMChère ARCHIVES. Abyssal est un étonnant petit label, hébergé sur Archive.org site de référence des libertaires du web. J’ai craqué pour le son électro ambient de Roswell Conspiracy, téléchargeable (gratos) sur www.archive.org/ details/RoswellConspiracyLesFragmentsAnodins
WWW
Adélaïde, DVD
GRATUIT MAIS PAYANT. “Un de nos CDs doit vous servir de cale dans vos bureaux d’ailleurs…” Lead Orphans ne sait pas de quoi il parle : on cale nos armoires avec Alizée et les compiles de Bézu. On excuse nos rockers franc-comptois et on ira sur www.leadorphans.com pour se faire une idée précise. “Nos morceaux sont téléchargeables gratuitement et payement un peu partout, il suffit de chercher sur le net.” Moui, enfin, c’est surtout payant…
Comme tu vas le voir, en 2008, les papys font toujours de la résistance… Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’y avait pas encore de DVD d’Higelin en spectacle sur le marché ! La chose est désormais réparée avec un double En plein Bataclan où l’on retrouve la bête de scène qu’il est en pleine forme : rock en sueur, piano poète, tchatcheur délirant… Tous les sommets du nouveau “fou chantant” sont ici revitaminés par une équipe de musicos impecs : Je veux cette fille, Champagne, Tombé du ciel, Pars… Et tu te retrouves dans les conditions exactes d’un de ses concerts, impros comprises, puisque que Tête en l’air, par exemple, dure 20 minutes (interventions de ses enfants Arthur et Izia comprises) ! Outre le spectacle, on le suit pendant les tâtonnements des répétitions (avec son chien), on le retrouve aussi bluesy au festival C’est Dans la Vallée avec Rodolphe Burger, puis délirant sur l’hymne alsacien : Hans im Schnokeloch ! Bref, tout l’univers du Grand Jacques…
KICK ASS !!! “Kick & Snare est un projet maskoutain (Saint-Hyacinthe, Québec) donnant dans le hip hop de garage revendicateur. Passant de la “groove” old school au rock expérimental planant, du “spoken word” poétique aux textes brutaux, voir engagés (sans oublier une petite touche d’humour), ce justicier masqué de l’underground dénonce sans merci la détérioration de la musique urbaine par la commercialisation de celle-ci.” Voilà, il a tout dit ! Ca c’est du mail comme j’aime. En plus, il a raison, c’est EXCELLENT ! myspace.com/kicketsnare TÉLÉCHARGEZ… du papier : www.fullofsound.com est un mag musical à télécharger. Comme son nom l’indique, il ne parle pas de tricot mais de Cocoon, Dominique A… c’est assez bien fichu. DU WEBZINE ! www.muzzart.fr est l’œuvre d’une clique de Bordelais fada de pétanque (j’en ai marre d’écrire “musique”. Zut ! je l’ai fait…). On y trouve plein d’articles dans l’actu, mais pas que. C’est souvent pointu (cool). Et l’interface est fort jolie. ENCORE ? Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à parler de tricot !? L’équipe de Sourdoreille (sourdoreille.over-blog.com) est sur tous les fronts ! Audio, vidéo, MySpace, LastFM ! Cette jeune équipe, on la retrouve même dans la vraie vie car ces petits chenapans organisent des soirées fort sympathiques dans les bars. Et vivent les acharnées du tricot ! LES MALPO. Le site des Malpolis s’est offert une nouvelle jeunesse. lesmalpolis.com est devenu un vrai portail consacré à la vie des chansonniers mais aussi à toutes les petites bêtises qu’ils peuvent faire autour : dessin, podcast radio, extraits de concerts en vidéo… tout ça et même bien plus encore. Oui encore ! NET CONCERTS. www.rkst.org (Air Cast… jeu de mot !) nous propose des supers concerts à regarder bien calé sur son fauteuil et devant son ordi dans des sessions spécialement enregistrées pour nous. Le seul impératif, s’enregistrer. Le reste est gratuit !
Et puis il y a le retour en scène ultra rock’n’roll des Raoul Petite ! “Ce soir, je serai votre Président” annonce son leader Christian Picard, alias Carton, en ouverture. Mis en boîte à L’Usine à Istres, ce DVD est là pour rappeler à quel point il peut être dangereux de se retrouver au premier rang dans un concert des Vauclusiens. Sous sa facette metalo-ska, le show est monstrueux, touche-à-tout, potache (L’apéro), reggae (Mister Z, Fouidom), tectonique (Les pools), mais toujours déjanté. C’est surtout Carton qui fascine avec son physique à la Iggy Pop lorsqu’il se met à nu dans Molosse. Sans oublier le championnat du monde de basse, le chant sur échasses, le concept d’un déguisement par titre et enfin, la bonne humeur contagieuse du making of. Y’a pas à dire, il est vraiment cool Raoul !
AU CHAUD. Pour tricoter l’hiver au chaud, écoutez donc le radiateur. Non, j’ai pas fumé la moquette. radiateur.music.free.fr distille un super pop rock. Sinon, pour filer la pelote sur des rythmes électro : myspace.com/theelectrofcker. Eh bien, c’est… heu, comment dire ?… de l'électro péchue et futuriste. RIFFS. On finit par un peu de métal liquide : Quadra mélange metal, pop et progressif pour nous faire bien plaisir. Une bonne grosse patate qui fait du bien (non je parle pas de la chanteuse). myspace.com/quadra95 Néric
Continuons dans les aînés du rock’n’roll avec The Ex. Filmé par Jem Cohen et Matt Boyd en un noir et blanc somptueux, leur concert à New York accède à l’épure bruitiste par l’excellence. Entre gros plans, mais pas clichés, prélevés lors de ballades, le groupe hollandais se fend d’un
Envoyez vos liens les copains :
copinages@longueurdondes.com (le premier qui m’abonne à une mailing-list va se faire spammer la gueule, je vous dis pas !!!) 47
set impeccable et rageur. Parsemé de séquences anti-Bush, leur propos rejoint les New Yorkais présents et vraisemblablement du même avis… La fête prend avec notamment la participation de Fugazi. www.touchandgorecords.com Mais je finis cette missive avec tout autre chose : des petits Froggies en goguette au pays des Yankees ! Avec A frog odyssey, on est loin du concert filmé, aseptisé, clean, mettant le groupe en valeur. Ici c’est un “road’n’roll movie” qui se gobe comme un clip géant. C’est la vraie vie d’un groupe en tournée, avec ses galères, ses joies et ces moments de vie captés sans fard. La différence avec ce que l’on a déjà vu dans le genre, c’est la rapidité des scènes : chaque séquence ne dure que quelques secondes, pas moyen de décrocher. Et puis c’est surtout la vision d’un groupe rock, La Fraction, qui découvre l’Amérique punk rock ! Sans un mot d’explication, mais avec des images speed et de la musique, on embarque dans leur minibus pour 16 666 km (!) en cinq semaines à travers les Etats… dans tous leurs états ! Ton DVDvore préféré.
HIGELIN : “En plein Bataclan” - Capitol RAOUL PETITE : “Live” - Eliott LA FRACTION : “A frog odyssey (Get in the broken van)” - Autoproduit THE EX : “Building a broken mousetrap” Ex Records / Touch & Go
ZONE LIBRE ILS NE FONT PAS DE MUSIQUE, MAIS ILS EN VIVENT
Xavier Cantat
Alain Pilot
Vous pouvez vous fier à son allure de baroudeur du feu Paris-Dakar, Alain Pilot est secouriste, pilote de bateau, d’avion biplace, et pour le grand public, animateur de La Bande Passante, le vendredi à 16h10 sur RFI (en partenariat avec Longueur d’Ondes).
installa un émetteur de l’autre coté de la frontière. Il entre à RFI Paris en 1991 où il impose un concept : les artistes interprètent leurs chansons et sont interviewés en public dans une salle parisienne. “J’ai compris ce que peuvent ressentir les artistes face à un public, cette adrénaline qui monte.” La Bande Passante sera pendant huit ans le témoignage de moments de spontanéité (Brigitte Fontaine, attendrie, l’embrassant en direct ; Arthur H qui finira par chanter avec 40° de fièvre ; Dominique A jouant quinze titres au lieu des cinq prévus… Et toujours, Alain s’impose un quota d’autoproduits : “Ce qui est incroyable aujourd’hui avec l’autoproduction, c’est que tu peux faire Abbey Road chez toi, avec un ordi à mille balles.” Malheureusement pour le public, depuis quelques mois, La Bande Passante ne passe plus par les salles de concert. “La direction avait d’autres priorités, dont Internet. C’est pourquoi je suis désormais reponsable du site rfimusique.com. Mais j’espère bien réutiliser ce Alain Pilot fait partie des pionniers de concept sous une autre forme.” la FM, sévissant à la technique de Taratata ? Radio Adour-Navarre (Bayonne), qui, Ludochem pour contourner la loi giscardienne, www.rfi.fr
ans son bureau, une carte du monde, des horloges réglées sur différents fuseaux horaires… “Il ne faut pas oublier que RFI s’adresse aux francophones du monde entier. Si tu parles de l’Olympia, salle parisienne, il faut préciser à l’auditeur, parce qu’il y a d’autres Olympia dans le monde : on relativise. A New York, on trouve nos disques français au rayon world music.” De la world, il en écoutait probablement déjà dans le ventre de sa maman ; ses parents furent temporairement installés au Cameroun, où il naquît. Ses premiers émois musicaux sont Jarre, Genesis, Led Zeppelin… “Je garde en mémoire un concert très frappant d’Higelin dans un jaï alaï (salle de pelote basque).” Alain s’avoue également fan “repenti” de Francis Lalanne depuis que l’artiste, alors au sommet de sa gloire, demanda a notre jeune journaliste venu l’interroger dans ses loges de s’agenouiller devant un parterre de fans.
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ZONE LIBRE
Pierre Wetzel
Michel Pinault
ILS NE FONT PAS DE MUSIQUE, MAIS ILS EN VIVENT
La Fanfare Pourpour
Patrick Duval & Eric Roux
POURPOUR FAIT SON CARNAVAL Depuis 1996, le Carnaval des Deux Rives tisse un pont festif et culturel entre Bordeaux et quatre villes de l’agglomération (Bassens, Lormont, Cenon, Floirac), d’ordinaire séparées par le fleuve et la stigmatisation. Chaque année, un nouvel artiste est invité à animer les préparatifs. Célébration du 400ème anniversaire de Québec oblige, 2008 est totalement Pourpour !
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sa création en 1984, l’association Musiques de Nuit se consacre à la diffusion de concerts jazz et musiques du monde, avant de développer des actions de sensibilisation aux pratiques artistiques dans les quartiers populaires de l’agglomération bordelaise et en Aquitaine. En 1996, le Ministère de la Culture lance les “Projets culturels de quartiers”. A cette occasion, le Carnaval des Deux Rives voit le jour, en association avec PAD / Rock School Barbey (Eric Roux). On y remarque les chars, la musique, les costumes, les cotillons, la foule qui déambule, mais surtout, la mobilisation d’associations et habitants de quartiers d’ordinaire peu exposés dans les rues bordelaises. Autant d’images fortes qui ont marquées la mémoire du directeur de Musiques de Nuit, Patrick Duval : “Notamment la première année, celle des femmes maghrébines de Bassens, placées en tête de cortège comme pour une manif, vêtues de djellaba et franchissant le fleuve pour entrer dans Bordeaux…”
ce que les gens sont capables de faire passer.” Moleque de Rua (Brésil), Adama Drame (Burkina Faso), Ethnic Heritage Ensemble (Chicago), Sergent Garcia sont quelques uns des maîtres de cérémonie à s’être succédés. En 2008, la fanfare Pourpour leur emboîte le pas. Une fanfare hors norme, tant dans sa composition que dans son esprit, puisque formée en 1974, comme un acte politique spontané. “L’envie, se souvient Lou, était de sortir dans la rue saluer les gens. Dire que l’art est à tout le monde.” Au fil des ans, le projet a connu différentes moutures, avant de se stabiliser en 1995. Auteur de trois albums, Pourpour réunit 22 musiciens, issus du jazz comme du rock. “Plein de choses en eux m’ont séduit, témoigne Patrick Duval. Leur complicité véritable, la diversité des instruments (violon, accordéon, banjo, guitare, etc.), la possibilité de les voir subitement déclamer un poème, ce lien musical entre le continent nord américain et l’Europe… Cette fanfare a un côté très romantique. Elle offre un voyage. On embarque. Et quand on ressort, on est bien.” A partir du 18 février, Pourpour va animer sept repas en musique, intervenir ponctuellement dans des lieux d’accueil, travailler avec des fanfares locales pour créer un gros ensemble présent sur la parade du dimanche 2 mars, jouer aux côtés de 12twelve pour la soirée de clôture “Souk Québécois”… Autant de moments de convivialité, la touche montréalaise en plus.
Mais un carnaval, ça se prépare ! Durant deux mois, centres sociaux et d’animation rassemblent enfants et adolescents en ateliers artistiques et de confection, placés sous la houlette d’artistes venus des quatre coins du monde. Dans un même temps, des repas en musique sont organisés, réunissant les générations. L’occasion de constater que la langue n’est en rien une barrière aux émotions. “L’an passé, on accueillait un groupe de femmes d’Hawaï, ne parlant qu’un anglais difficilement compréhensible. A leur départ, les mamans de Lormont étaient en pleur ! Une habitante sénégalaise parlant à une Hawaïenne, c’est une rencontre incroyable, improbable même. Comme quoi la langue n’est pas un problème, tout dépend de
Bruno Aubin musiques.de.nuit.free.fr www.fanfarepourpour.com 49
CA GAVE HUMEUR & VITRIOL
Des maires, des vous… bilistes qui passent à proximité desdites écoles. Alors que si l’on voulait ralentir les voitures, il serait plus simple et moins coûteux de ne pas entretenir les routes plutôt que de les réparer pour les garnir de dos d’ânes.
J
e suis en retard pour rendre ma chronique que certains persistent à lire malgré l’impressionnante quantité de mots incompréhensibles que j’y glisse par pure prétention intellectuelle. “Ca change pas” soupirera le besogneux râleur qui met en page ces quelques feuilles d’une brûlante actualité du zim-boum-boum jeuniste et qui persiste à ignorer avec mesquinerie et un sang-froid remarquables les litres de sueur et d’alcools issus de fruits divers et distillés que je consacre chaque bimestre à sa rédaction. Mais cette fois-ci, ce n’est pas de ma faute. J’ai en effet passé un temps indécent à être en retard à des rendez-vous que des individus pinailleurs et vaguement importuns persistent à me fixer comme si je n’avais rien d’autre à faire qu’à supporter leur inintérêt. C’est que depuis quelques mois, les travaux routiers se multiplient sur nos belles routes, créant des encombrements qui ne sont pas sans rappeler l’époque où d’impétueux jeunes hommes blonds sillonnaient nos routes en automitrailleuse à chenilles en sifflotant gaiement “Ach, le Bétit wein planc”. Si les hirondelles annoncent le printemps, si le retour des petits-enfants des dits jeunes primesautiers est le signe de l’été qui répand joyeusement ses cancers de la peau sur nos 5533 km de côtes, et si la 125ème rediffusion de Sissi impératrice suivi de Sissi, oh oui, prendsmoi, Franz Joseph II signale l’approche des fêtes de Noël, la multiplication agressive des pelleteuses, tracto-fouisseuses, meuleusesfraiseuses à vrille avec découpe circulaire de 12 et autres improbables engins issus du cerveau bétonné d’insouciance d’ingénieurs auxquels on n’aurait jamais dû offrir de Playmobil quand ils étaient petits, cette multiplication disais-je avant que de m’égarer entre deux virgules, annonce l’arrivée des élections municipales. Sourires crispés en goguette, écharpe tricolore soulignant avec élégance le début bien prononcé d’embonpoint que six ans de banquets du troisième âge ont façonné amoureusement, la main toujours prête à saisir celle qui passe à proximité pour un salut aussi sincère que l’affliction qui m’a saisi à la mort de Carlos ou à celle d’André Glucksmann, les élus municipaux chaussent en cette saison leurs plus beaux mocassins à pompons pour aller fouler d’un pas altier de grue cendrée le macadam fraîchement posé qui devrait assurer leur réélection. (On me dit par ailleurs qu’André Glucksmann n’est pas mort. Mon affliction n’en est que plus sincère). Car, outre la réparation du toit de l’école qui est réparé tous les six ans à la même époque, l’impécuniosité routière est garante d’un élu qui sait s’attirer les bonnes grâces de concitoyens dont la conscience politique se limite à s’assurer qu’ils peuvent bien amener en bagnole leur braillante marmaille à l’école dont ils attendent qu’elle fasse d’eux des citoyens aimant les routes bien lisses sur lesquelles l’élu responsable et conscient de la gravité de sa tâche aura fait disposer des obstacles éminemment taquins destinés à ralentir les automo-
Mais les Français aiment les élus locaux soulignent les sondages, comme ils continuent d’aimer Julien Courbet. Ca les rassure. Ils se disent vaguement : “Si un crétin pareil peut y arriver, pourquoi pas moi ?” Alors que, si au lieu de voter pour quelqu’un qui leur ressemble, ils votaient pour quelqu’un auquel ils aimeraient ressembler, ça leur éviterait d’élire des présidents au rabais qui s’enfilent des mannequins au rebus. Mais quittons Mickey et Minnie pour revenir à nos moutons. Ainsi donc, l’élu municipal est-il le plus populaire de nos élus car il est le plus proche de nous, à l’instar du singe dont on apprécie les galipettes car elles nous rappellent quand mémé se gaufre dans l’escalier, ça fait toujours rire les gosses. Fort de cette affection qui n’a d’égale que la passion sans fard que le pêcheur breton voue à la morue malouine, le maire peut sans complexe s’adonner à son penchant immodéré pour le goudron et ses dérivés dont il estime qu’ils constituent le summum du chic rural. Les plus vibrionnant de bonheur bétonnier n’oublieront pas non plus de parachever l’œuvre de leur vie d’un somptueux rondpoint que chaque édile aime à laisser en souvenir aux générations futures qui n’en retiendront que la singularité la plus grotesque : il permet de faire demi-tour en ayant l’impression que l’on continue à avancer. Ceux-ci se dressent désormais comme des étrons à l’entrée du moindre trou à bouseux, parfois surmontés d’œuvres d’artistes aux ordres qui s’agitent autour de leur construction comme des mouches soucieuses d’y pondre afin d’assurer le couvert à leur descendance.
“Vous êtes contre le progrès !” constatent avec effroi les édifiants édiles pour lesquels tout progrès passe encore par la bagnole et son cortège de bétonnages, lorsqu’on ose jeter un doute sur l’utilité d’une telle ardeur routière à l’heure où le litre de super coûte désormais autant que celui de vin de l’Hérault en attendant d’atteindre la cote des grands crus. Pour eux, le progrès est encore cette frontière incertaine vers laquelle se ruent sans hésitation ceux qui croient encore que le pire est derrière eux alors qu’ils n’y ont laissé que les déjections de leur enthousiasme gluant d’impéritie. C’est ce même sinistre enthousiasme pour des lendemains lumineux que partageaient Pierre et Marie Curie dont les étreintes radioactives annonçaient un avenir irradié du côté d’Hiroshima, mon amour. C’est vrai que, comme le disent les entreprises américaines qui, depuis lors, se sont faites une spécialité de reconstruire ce que leurs concitoyens ont consciencieusement détruit : “Quand le bâtiment va, tout va.” Jean Luc Eluard
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