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Léonie Pernet

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Kid Loco

Kid Loco

«Quelque chose de très libérateur s’est joué.»

La consolation, entre le chagrin et l’espérance

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Vie et musique ne font qu’une chez Léonie Pernet qui revient avec un deuxième album aussi solaire et ouvert que son premier était sombre et étouffant. Les désirs insatisfaits qui nourrissaient Crave ont mué en une utopie consolatoire, une vision toujours mélancolique mais tournée vers l’espérance.

Après avoir exploité la matière créative de son premier album sous diverses formes, des remixes de “Auaati” et de “Butterfly” aux relectures acoustiques de The craving tape, l’heure était venue pour un deuxième album qui est loin d’en être la simple continuité. Les envies artistiques de Léonie Pernet ont en effet évolué, au moins autant que sa vie personnelle qui les inspire.

Le télescopage de différents univers musicaux, qui caractérisait déjà Crave, est aujourd’hui encore plus développé ; la jeune artiste multiplie les pistes, croise la musique électronique, les instruments traditionnels africains, le néoclassique et la pop en un surprenant métissage sonore. Sans

JESSICA BOUCHER-RÉTIF JEAN-FRANÇOIS ROBERT

se départir de sa mélancolie naturelle, sa musique en ressort plus lumineuse : « J’avais envie de proposer quelque chose de nouveau et d’un peu plus ouvert, c’est à dire une musique moins rentrée en elle-même, moins dark et plus organique. »

Une tendance à l’ouverture qui passe aussi par les mots. Jusque-là rares dans l’univers de la musicienne et presque exclusivement en anglais, ils s’installent sur chaque morceau de ce nouvel album et s’imposent en français. « Les mots ont pris de l’importance, de même que l’envie d’écrire, de dire des choses, le plaisir de chanter. Cela m’a pris un peu de temps, c’était un gros mot pour moi, mais je ne pense pas que je reviendrai en arrière sur ce point. Que ce soit avec le chant ou même dans mon rapport au corps sur scène, où je suis beaucoup moins statique qu’avant, quelque chose de très libérateur s’est joué et se retrouve dans l’album. C’est aussi pour cette raison que celui-ci comporte quelques morceaux plus dansants. »

C’est sur une route près de la Suisse qu’a surgi, telle « une irruption poétique folle », l’intrigant titre de l’album, Le cirque de consolation, sur un panneau indiquant un site naturel du même nom : « Cela me semblait être une destination idéale, alors j’ai gardé cette idée en tête et j’ai eu envie de construire mon propre lieu d’utopie et d’y associer mon album. » À l’écoute de “Mon amour, tu bois trop”, morceau d’ouverture qui évoque la libération de la dépendance à l’alcool, on devine que ce lieu d’utopie consolatoire est celui que Léonie Pernet a elle-même enfin trouvé. « Cet album est totalement tourné, en accord avec ce que j’ai pu traverser, vers une espérance. La consolation vient après le chagrin et avant l’espérance potentielle. Tout ce que j’ai pu vivre et traverser fait que cet album, que j’ai beaucoup soigné, comptera pour moi même dans dix ans parce qu’il représente une clôture, le début d’une vie d’adulte un peu mieux dans ses pompes et débarrassé de tout un tas de trucs qui empêchent d’avancer et qui sont douloureux. » i

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Le cirque de consolation Crybaby / InFiné

Alors qu’un des singles de son premier album avait pour titre “Butterfly”, c’est bien aujourd’hui que le papillon sort de sa chrysalide : ce deuxième album n’est pas pour Léonie Pernet seulement la confirmation de son premier essai musical, il est le son d’une renaissance. La musicienne ne défait pas le socle d’électronique sombre de ses compositions mais aère celles-ci, les ouvre à d’autres sources d’inspiration, exploitant ici la puissance rythmique de la darbouka ou du djembé, là le lyrisme des orchestrations. Surtout, elle leur donne la forme de chansons et donc une teneur plus pop à travers un chant affirmé et des textes en français qui prouvent sa volonté de se livrer davantage.

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