marc dautry la passion du dessin
loubatières
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Le petit garรงon Litho, 1973 330 x 250 mm
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Portrait de Pierrot Pointe d’argent, 1963 273 x 225 mm
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L’attente Crayon, non datÊ 320 x 238 mm
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Étude pour Laure Crayon, 1976 380 x 280 mm
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Étude pour le monument LibertÊ Litho sanguine, 1989 650 x 500 mm
réflexions sur l’art (extraits)
Le propre de l’art est de soumettre la forme naturelle à une organisation expressive. C’est sa fonction primordiale, son rôle et son but. Au lieu de déformer, disons qu’il s’agit de re-former l’élément naturel, en retrouvant sa construction, son caractère, son unité, son harmonie. En essayant de définir le sens de ces mots : la construction est le « mécanisme » de la forme, sans lequel aucune forme ne peut traduire la vie, ou le souvenir de la vie environnante. C’est le plancher de l’art. C’est à la fois la structure anatomique intérieure et l’apparence de cette structure sur la forme, c’est-à-dire l’anatomie extérieure. Le « caractère » de la forme peut être compris comme les « caractéristiques » que l’art choisit et accentue en vue d’un pouvoir expressif particulier. Ainsi Van Gogh savait admirablement accentuer le caractère d’un tournesol ou d’un tronc d’olivier, choisissant dans ces formes l’expression dramatique qu’elles contiennent. La forme naturelle contient donc déjà l’essence d’un langage universel que l’homme perçoit et par lequel il s’exprime. (…) Hors de cette compréhension évidente de la forme et de la vie, l’art devient imprévisible, ambigu et muet. Il cesse de devenir un langage visuel pour tenter de devenir un langage cérébral. Il est symptomatique que les intellectuels purs soient attirés fortement par l’art abstrait alors que l’art plastique tout court les ennuie. L’unité de la forme, exprime l’idée d’assemblage des éléments que l’œil ne peut voir que d’une manière analytique, fragmentée. L’idée d’unité est donc l’idée de synthèse de ces éléments et leur simplification indispensable à une vision d’ensemble : par exemple un modèle vivant placé à côté d’une statue antique fait clairement sentir cette différence, le modèle ne pouvant être vu que par les éléments qui le constituent, l’œil allant de l’un à l’autre, tandis que par le miracle de l’« unité » la statue antique se voit tout entière, d’emblée et d’ensemble. Un moulage du modèle vivant fait sur nature exprimera la même différence. L’harmonie est l’idée d’unité associée à celle de beauté, c’est-à-dire finalement, de perfection… Il y a bien d’autres lois qui régissent le monde plastique (…). Ces grandes lois, les « Transpositions », comme les appelait Louis Anquetin, sont le propre de l’art. Elles conditionnent sa compréhension. Hors d’elles, l’art n’est plus « plastique », il perd sa relation avec la forme vivante. Cela n’est pas une limite à l’art, comme on le croit. C’est l’art lui-même. Le chauffeur d’une voiture est libre, sur la route ; mais c’est la route qui le guide. De même en art, l’artiste est libre, mais ces lois le guident. Si le chauffeur s’écarte de la route il a des chances de se tuer. Si l’art sort de ses lois il en sera de même. Il devient littéraire, cérébral, poétique ou simplement enfantin… Il a alors perdu son pouvoir spécifique qui est d’être visuel, concret, compréhensible… Cela est une évidence contre laquelle les modes ne peuvent rien, pas plus que le goût actuel, qui changera, le propre de la mode étant de changer. Ce qui compte n’est pas de savoir ce que Monsieur X pense de l’art, mais de savoir ce qu’est l’art. Nous en sommes donc aux définitions… Nous autres méridionaux (…) nous sommes plus près de la source qui est l’art grec. Il n’y a pas 40 ans, le grand sculpteur Aristide Maillol voulait « faire du grec », et passant sa main sur un torse disait : « voyez,
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Prophète Litho, 1980 380 x 280 mm
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Portrait d’homme Dessin, 1980 380 x 284 mm
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Cheval hennissant Burin sur cuivre, 1983 195 x 145 mm
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Chevaux cabrĂŠs Burin sur cuivre, 1986 198 x 148 mm
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Croquis pour les confidences d’Ève Plume à l’encre bistre 155 x 90 mm
Croquis pour les confidences d’Ève Plume à l’encre bistre 250 x 120 mm
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Les confidences dâ€™Ăˆve Burin sur cuivre, 1966 127 x 88 mm
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Dessin préparatoire à Orphée Crayon, 1961 252 x 170 mm
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OrphĂŠe Burin sur cuivre, 1961 255 x 168 mm
marc dautry la passion du dessin
L’univers que l’on découvre dans les dessins et les gravures de Marc Dautry est celui d’un artiste passionné par la forme et la rencontre ambiguë entre le monde des sensations et celui de l’esprit. Qu’il s’attache à dire l’émotion d’un visage, le modelé d’un nu ou qu’il invente des êtres étranges, il reste toujours un admirable dessinateur. L’œuvre de Marc Dautry révèle un tempérament riche, finement réceptif aux inquiétudes et aux métamorphoses de notre époque.
Denise Spacensky-Kester
ISBN 978-2-86266-699-X
30 € 9 782862 666990
www.loubatieres.fr
Dépôt légal : décembre 2013
En page de couverture : Héraklès et le lion de Némée, burin sur cuivre, 1967, 235 x 189 mm.