JOËL FAVA
LES POMPIERS de Toulouse et de la Haute-Garonne photographies de Xavier Rivière
LOUBATIÈRES
« Civitas Tholosa », Nicolas Bertrand, 1515 Cette gravure sur bois illustre l’ouvrage « Gesta Tholosanorum » écrit en 1515 par Nicolas Bertrand. Il s’agit d’une vue cavalière de la ville de Toulouse. Au centre, trois personnages sont représentés. Deux d’entre eux bâtissent un mur tandis que le troisième, couronné, revêtu d’un manteau à parement et collet d’hermine, avec un sceptre dans la main droite, montre du doigt la construction. Il s’agit probablement du roi Tholus, fondateur mythique de la ville, accompagné de deux artisans-maçons. Cette gravure ne représente pas la ville de manière fidèle. L’image de petite taille laisse peu d’espace pour la dessiner en totalité, c’est pourquoi l’auteur s’est attaché à représenter ses monuments les plus caractéristiques. Certains sont reconnaissables comme le Château Narbonnais avec ses tours et ses moulins, la cathédrale Saint-Étienne, l’église Saint-Sernin et celle de la Dalbade, mais aussi les moulins du Bazacle qui enjambent partiellement le fleuve. La Garonne est franchie par un pont couvert, celui de la Daurade. Cet unique pont relie le faubourg Saint-Cyprien à la ville. Dans ce faubourg, l’église Saint-Nicolas domine les bâtiments conventuels des Feuillants et Feuillantines, ainsi que l’hospice Saint-Jacques qui se trouve à gauche de l’église. Enfin cette gravure offre une vision des remparts qui ferment la ville à cette époque.
LA LUTTE CONTRE LES INCENDIES À TOULOUSE À L’ÉPOQUE MODERNE
LA LUTTE CONTRE LES INCENDIES (XVE-XVIIIE SIÈCLES)
LA STRUCTURE ADMINISTRATIVE DE LA VILLE Héritières des municipes romains, de nombreuses villes du Midi jouirent longtemps d’une autonomie qui conférait à leurs administrateurs des pouvoirs judiciaires et de police très étendus. À la fin du Moyen Âge, Toulouse, émancipée de la tutelle comtale depuis la fin du xiiie siècle, était administrée par des consuls, les capitouls. Au nombre de huit depuis le xve siècle, chacun représentait un quartier – ou capitoulat – du bourg et de la cité. Ils exerçaient leur autorité dans les domaines législatif, judicaire, financier et militaire. En 1444, la ville devint capitale provinciale et fut dotée d’un parlement, le deuxième du royaume. Celui-ci représentait le pouvoir royal en rendant justice en appel en son nom. Apparus vraisemblablement à la même époque que les capitouls, les dizainiers (dizeniers, ou encore dixainiers) tenaient un rôle prépondérant dans la vie de la cité. Ces chefs de quartier assuraient l’information du public, la coordination des diverses administrations, mais aussi une fonction de commissaire de quartier pour le maintien de l’ordre et la sécurité des citadins. Mis à part les guerres et invasions qui n’étaient fort heureusement pas constantes, la calamité essentielle qui menaçait la vie et les biens des habitants était le feu. Maisons de bois, toitures de chaume, ruelles étroites, provisions de fagots pour l’hiver, autant de conditions qui favorisaient l’extension rapide du désastre. Les capitouls avaient conscience qu’en matière de lutte contre l’incendie, le dévouement et l’improvisation étaient de faibles garanties et qu’une organisation rationnelle s’imposait : non seulement un système d’intervention, mais également de prévision de causes de sinistre. Le plus ancien règlement de sécurité date de 1413. Il fut remanié par l’ordonnance de 1551, remodelé en 1590 à la suite des différents incendies que subit Toulouse. Pour la première fois à Toulouse, apparaissait un embryon de service de sécurité avec son personnel et son matériel, le tout à la charge de la ville.
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(XVe -XVIII e SIÈCLES)
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LE GRAND INCENDIE DE 1463 Le feu prit vers dix heures du soir le 7 mai dans la maison d’un boulanger située à l’angle des actuelles rues du Languedoc et Maletache (ancienne rue Sesquières). Activé par le vent d’autan qui soufflait en violentes rafales, il réduisit en cendres les trois quarts de la ville et ne s’arrêta qu’au bout de douze jours – le 19 mai – causant d’importantes destructions jusqu’aux quartiers du Taur, des Cordeliers et du Bazacle. L’Hôtel de Ville fut ruiné, la flèche des Augustins s’effondra, et plus de 7 000 maisons – pour la plupart construites en torchis ou pans de bois –, plusieurs églises et monastères ainsi que d’autres édifices publics furent la proie des flammes. Il semble cependant que ces édifices, construits en dur, eurent moins à souffrir que la plupart des maisons du quartier. La ville connaissait alors une période d’expansion démographique, et il en résulta une véritable crise du logement. Le roi Louis XI, en visite à Toulouse et logeant à la Trésorerie, accorda une exemption de paiement de la taille (impôt qui avait été instauré en 1439) pendant cent ans afin de soulager la misère de la ville et la dédommager de ses pertes. Si ce vaste incendie fut le plus désastreux, ce ne fut pas le dernier ; il y eut celui de la rue Saint-Rome le 20 mars 1523 (quatre-vingts maisons brûlées), celui de la rue des Filatiers en 1539 (trente maisons détruites). Puis le 15 mai 1562, un incendie est allumé par les catholiques dans le quartier Saint-Georges dans le but – avec l’aide du vent d’autan – de déloger les protestants retranchés dans l’Hôtel de Ville et le collège Saint-Martial. Ces derniers, comprenant la manœuvre, firent tonner le canon sur les maisons de la rue de la Pomme afin d’arrêter la propagation des flammes et détruisirent quatre cents maisons. On relate également les incendies de la rue des Tourneurs, en 1550, où deux cents maisons furent réduites en cendres. Après chaque incendie, les capitouls publiaient des ordonnances pour prévenir les nouveaux malheurs : des veilleurs sur les trois plus hauts clochers pour faire sonner le tocsin en cas d’alarme, interdiction de toitures en auvent et d’étages en saillie, obligation de construire les murs mitoyens en briques jusqu’au-dessus du toit, interdiction d’utiliser des pans en bois, mais ces ordonnances municipales demeurèrent lettre morte. LES PRÉMICES DE L’ORGANISATION DE LA LUTTE CONTRE LE FEU Jusqu’au xve siècle, la ville médiévale est construite de torchis, pisé et pans de bois ; au nord, les premières maisons maraîchères sont essentiellement en terre battue séchée au soleil. À partir du xvie siècle, à la suite de nombreux incendies, les capitouls prirent la décision d’interdire l’usage du bois et de la paille pour imposer la brique. En effet, il y avait peu de carrières de pierre autour de Toulouse hors le granit du Sidobre dans le Tarn et le marbre à Saint-Béat, mais un sol riche en argile qui, moulée et cuite, devient brique. Son utilisation se généralise grâce à l’argent du commerce du pastel. Au cours des siècles, la brique est toujours là, incontournable: associée à la pierre pour les cadres des fenêtres, les décors des façades
Page de gauche, en haut. Place Saint-Sernin, n째 2. Dessin de Ferdinand Mazzoli. Page de gauche, en bas. Portraits des Capitouls, annales manuscrites BB 273, chronique 131, 1436-1437. Ci-contre. Intervention pour feu rue des Changes, dans le vieux Toulouse.
« Nos pompiers à l’œuvre, ville de Toulouse, le 24 août 1911. »
LA CRÉATION ET LA PROFESSIONNALISATION DU CORPS DES SAPEURS-POMPIERS (1789-1945)
Utilisation de la pompe à bras, vers 1800.
LA CRÉATION ET LA PROFESSIONNALISATION DU CORPS
CONSTITUTION DES SAPEURS-POMPIERS La situation demeura inchangée jusqu’à l’été 1795, lorsqu’un grave incendie provoqué par la foudre dévasta le quartier Saint-Cyprien. Les hommes requis pour la manœuvre des pompes s’acquittèrent de leur tâche si maladroitement, précise le rapport, « que le jeu des machines ne produisit qu’un léger secours qui fut bientôt nul par le dérangement des pompes mal gouvernées ». Ce sinistre occasionna de grands ravages et obligea le citoyen Courtabon, membre du Bureau militaire, à présenter un projet qui fut ratifié par la municipalité et le Directoire exécutif : la constitution d’un corps de sapeurs-pompiers, comptant trente-deux hommes. On trouve encore un arrêté municipal du 10 mai 1798,
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Avec la Révolution française, le capitoulat est aboli, tout comme les autres institutions locales, et est remplacé par le Conseil général de la commune, dirigé par un maire. Cette période mouvementée relégua au second plan les problèmes d’organisation du corps des pompiers. Le 14 septembre 1793, un rapport à la municipalité fait état du profond mécontentement qui règne au sein des sapeurspompiers « qui ne veulent plus servir sans être organisés et salariés par des appointements fixes comme il est d’usage dans toutes les villes munies de pompes ». Vers la fin de l’année, un projet est présenté par le citoyen Barrau. Cette étude créait un Corps de sapeurs-pompiers fortement hiérarchisé de 111 hommes dont 48 étaient répartis en 6 groupes d’intervention ayant à leur tête un chef d’équipe ainsi que 10 commis de police et 10 sergents de la commune. Le corps des charpentiers et les dizainiers étaient également inclus dans l’organisation, le tout étant placé sous le commandement effectif de l’ingénieur de la commune et d’un magistrat. Cet essai d’organisation n’aura pas de suite, vraisemblablement par la faute d’un commissaire politique qui fait observer, en note marginale, au Bureau politique, que le sieur Barrau pourrait cacher, sous un apparent dévouement au Bien Public, quelque intérêt personnel qui mettrait avec ce projet un certain nombre d’hommes à sa disposition pour ses autres ouvrages.
Page de gauche. Caserne Roussy, l’aile gauche du logement des pompiers. Ci-contre. Autopompe en service en 1937. Ci-dessous, à gauche. L’autopompe Drouville-Renault débitait 60 m3 à l’heure et alimentait quatre lances. Ci-dessous, à droite. Camion fourgon Renault, d’une charge utile de 1 300 kg embarquant une motopompe et en transportant une seconde sur remorque.
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NOUVELLE ORGANISATION NOUVELLES MISSIONS (1946-1986) NOUVELLE ORGANISATION 1946 – la compagnie devient un bataillon Le 14 novembre 1946, par délibération municipale, l’effectif de la compagnie était théoriquement porté à cent unités ; mais celui-ci ne devait être réellement atteint qu’à la suite d’un violent incendie qui le 14 juillet 1952 ravagea le quartier Crampel. En effectif réduit en raison des congés, les cinquante sapeurs-pompiers présents furent rapidement dépassés. Les pompiers de l’ONIA, de la poudrerie et ceux de l’aviation furent appelés à la rescousse. C’est après cet incendie qu’on augmenta le nombre de pompiers avec le recrutement de vingt-trois sapeurs et que fut créé un bataillon – unité regroupant au moins deux compagnies soit environ 100 personnes – dirigé par un commandant-chef de corps.
1957-1972 – la création d’une nouvelle caserne : la caserne Jacques-Vion Depuis l’aménagement de la caserne Roussy, la préoccupation de la municipalité a été de créer une véritable caserne pour les sapeurs-pompiers de Toulouse et non des casernes provisoires. Différents projets ont été étudiés : – 1890 : à la caserne Pérignon, rue Dominique Pérignon ; – 1907 : au 54, allées Charles-de-Fitte ;
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Semaine de la sécurité, place du Capitole, 1947.
Page de gauche. Premiers Secours Hotchkiss, dans les années 1970. Les véhicules dits « Premiers Secours » (PS), avaient comme avantages d'être rapides, puissants et porteurs d’eau. Ils partaient sur l’intervention moins d’une minute après l’appel, arrivant ainsi les premiers sur les lieux.
NOUVELLE ORGANISATION – NOUVELLES MISSIONS
À partir de 1947 – les prémices de la départementalisation Le 14 février 1947, le conseil municipal signe une convention avec le Service départemental d’incendie et de secours, entérinant le renfort des sapeurs-pompiers de Toulouse sur les communes du département de la Haute-Garonne, pratique déjà effective sur le terrain depuis 1937. Le décret du 20 mai 1955 officialise l’organisation des sapeurs-pompiers dans le cadre départemental. Il instaure, en Haute-Garonne, le principe de solidarité départementale et la création de la première unité mobile départementale. Puis, dans les années 1970, les Services départementaux d’incendie et de secours, dont la mission consiste à contrôler et coordonner l’emploi des corps communaux, se développent en France. Le SDIS de la Haute-Garonne employait alors cinq personnes. Via le SDIS, le Conseil général se substitue progressivement aux communes pour la prise en charge des dépenses principales (achat de gros matériel d’intervention, vacations horaires pour les sapeurs-pompiers volontaires, subvention aux constructions, etc.).
Accident de circulation sur la rocade avec désincarcération-action de dégagement d’une personne prisonnière d’un véhicule.
Ci-contre. Cours de secourisme dans les années 1970. En bas, à gauche. Standard téléphonique à la caserne du Boulingrin. C’est également par ce standard que les sapeurs-pompiers recevaient le « 18 ». En bas, à droite. Tableau de déclenchement du personnel pour un départ. Chaque bouton représente la sonnerie dans chaque appartement des sapeurs-pompiers.
LE SERVICE DÉPARTEMENTAL D’INCENDIE ET DE SECOURS DE LA HAUTE-GARONNE
Feu de l’usine Latécoère, 31 janvier 1984.
Double page suivante. Feu de voiture en cours d’extinction.
LE SDIS DE LA HAUTE-GARONNE
En 1991, tous les appels de secours (18) du département étaient répartis sur deux Centres de traitement d’appel (CTA) : Saint-Gaudens pour la partie sud du département et Toulouse pour la partie nord. Le 16 octobre 1993, un centre de secours est inauguré à Rouffiac-Tolosan afin d’améliorer la distribution des secours au nord-est de l’agglomération toulousaine. En 1994, le centre de secours de Muret est transféré du centre-ville à la zone industrielle Marclan, il couvrira le sud de l’agglomération toulousaine. Le département est alors divisé en trois parties : les groupements Nord, Centre et Sud. Ils prendront en charge la formation, la gestion des matériels (jusqu’à un certain niveau) et les appels de secours (les Centres de traitement d’appel). En novembre 1995, le SDIS de la Haute-Garonne déménage du boulevard Griffoul-Dorval à Toulouse et
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LA DÉPARTEMENTALISATION En 1987, le colonel Claude Donin, directeur départemental, présente au Conseil général le projet de départementalisation incluant le corps de Toulouse et conduisant, à échéance de 10 ans, à une modernisation totale du SDIS de la Haute-Garonne. Au 1er janvier 1988, le Corps départemental des sapeurspompiers de la Haute-Garonne est créé. Pierre Izard, président du Conseil général, devient le président du conseil d’administration du SDIS de la HauteGaronne, et le colonel Donin, prend la direction de ce nouveau service. De son côté, le corps des sapeurs-pompiers de Toulouse avait en projet la mise en place de trois centres de secours supplémentaires: boulevard d’Atlanta, aux SeptDeniers et au Mirail, dont l’implantation avait été choisie afin d’améliorer la répartition des secours sur l’ensemble de l’agglomération. Cependant, les charges financières étaient principalement concentrées sur les contribuables toulousains alors que le corps des sapeurs-pompiers de Toulouse assurait la défense de soixantetrois communes et venait en renfort sur cinquante-neuf autres. Après que la mairie de Toulouse ait demandé une subvention au Conseil général, celui-ci proposait de rattacher le corps de Toulouse au corps départemental afin d’améliorer l’organisation des secours sur l’ensemble du département et en particulier sur l’agglomération toulousaine. Le 1er juin 1988, le corps des sapeurs-pompiers de Toulouse était intégré au Service départemental d’incendie et de secours de la Haute-Garonne (SDIS 31).
TÉMOIGNAGE Lieutenant-colonel Christophe Ghiani un des premiers chefs de garde
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« Images de guerres » : voilà quelles ont été mes premières impressions. Une journée comme les autres qui, en un instant, se transforme en cauchemar. Sur le plan opérationnel, c’est une sensation mitigée qui perdure aujourd’hui. Le sentiment d’avoir « tout donné » et de s’être rapidement adapté à cette situation hors norme est terni par l’impression, malgré tout, de n’avoir pas été aussi efficace que nous aurions dû. Aujourd’hui restent en moi ce « silence de mort » et la taille du cratère lorsque je l’ai découvert pour la première fois lors de ma reconnaissance.
TÉMOIGNAGE Capitaine Michel Chauvet Responsable sauvetage-déblaiement
En entrant sur le site de l’usine, la première image est une impression de bombardement, et lié à ce ressenti un silence pesant comme si la vie s’était arrêtée. Ensuite, les réflexes opérationnels prennent le dessus et les sauvetages des victimes ensevelies commencent, avec une perte totale de la notion de temps. Nous avons reproduit ensuite les connaissances acquises de notre spécialité lors des formations tout en étant lié aux spécialistes risques chimiques assurant notre sécurité.
s’installe dans ces nouveaux locaux au 49, chemin de l’Armurié à Colomiers, ainsi que l’École départementale d’incendie et de secours et le nouveau Centre de secours de Colomiers. Ce dernier couvrira l’ouest toulousain. Par ailleurs, phénomène récent apparu dans les grandes villes dans le courant des années 1990, les violences urbaines ont entraîné, par leur caractère récurent, une approche spécifique qui a conduit sapeurs-pompiers et policiers à travailler conjointement. Les deux corps sont ainsi en relation régulière pour analyser et définir des modalités permettant aux sapeurs-pompiers d’exercer au mieux leur mission de secours dans un contexte particulièrement dangereux. Il en va de même pour ce qui concerne les interventions classiques (accident, incendie…) mais se déroulant en milieu difficile, voire hostile. UN ACCIDENT MAJEUR : LA CATASTROPHE D’AZF Le 21 septembre 2001, à 10h17, une très violente explosion se produit dans le hangar 221 de 2400 m2 situé dans le secteur des nitrates de l’usine AZF, creusant un cratère de forme ovale de 70 mètres de long et 40 mètres de large, et de 5 à 6 mètres de profondeur. Cette explosion, qui est ressentie sur un rayon de 80 kilomètres, correspond sur le plan sismique à une magnitude 3,4 sur l’échelle de Richter. D’importantes retombées de poussières provenant des installations et du cratère sont observées hors de l’usine alors qu’un important nuage de poussière résultant de l’explosion et des fumées rousses se dirige vers le nord-ouest. Ces fumées sont liées à l’arrêt en urgence de l’installation de fabrication d’acide nitrique. Avant de se dissiper rapidement, le nuage contenant des oxydes d’azote et de l’ammoniac a toutefois incommodé des témoins qui se sont plaints d’irritations aux yeux et à la gorge. Par mesure de précaution, la préfecture de Haute-Garonne demande à la population toulousaine de se confiner. Mais celle-ci est choquée et évacue spontanément la zone à pied, de façon incontrôlée, pour se diriger vers le centre-ville en direction des cliniques, hôpitaux et lieux d’accueil. Cette explosion intervient dix jours seulement après l’attentat du World Trade Center à New York. La psychose de l’attentat fait craindre le pire, la population panique et ce sentiment gagne le centre-ville. Il y a plus de 35 appels simultanés pour attentats dans des lieux publics. Dans les premières minutes de l’explosion, par manque d’information sur l’événement qui venait de se produire, les secours s’engagent dans plusieurs directions afin d’identifier « visuellement » les dégâts les plus importants: – vers le centre-ville, sur l’hypothèse d’une explosion provoquée par une fuite de gaz ; – vers la route de Seysses, sur l’hypothèse d’une chute d’avion sur le Mirail ; – vers la route d’Espagne, sur l’hypothèse d’une explosion d’une des industries du sud de Toulouse. Les premiers sapeurs-pompiers se présentent sur la zone proche du sinistre. L’explosion est enfin identifiée, et les premières informations remontent aux autorités.
Après plusieurs heures d’efforts pour le dégager des décombres, les sapeurs-pompiers évacuent le dernier blessé du site.
Ci-dessus. Après le feu, reconditionnement du matériel.
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À droite. Le Centre de traitement de l’alerte (CTA) centralise les appels « 18 » et 112 du département. Une équipe d’opérateurs spécialement formés, en liaison permanente avec le SAMU et la police, a pour rôle de trier et d’orienter les appels ainsi que de déclencher les secours adéquats tout en prodiguant des conseils aux demandeurs souvent paniqués.
Olivier Delrieu : « La boucle est bouclée ! » Dans sa famille, Olivier Delrieu est la troisième génération de sapeurs-pompiers toulousains. Son grand-père est rentré chez les sapeurs-pompiers au moment de l’aménagement de la caserne du Boulingrin, à la fin des années 1930. Il y sera logé et y fera toute sa carrière. Il était surnommé « Manix », en hommage au héros de la série télévisée qui avait un caractère un peu « rugueux ». Son père, Marc, naît en 1947 à la caserne. En 1967, après ses obligations militaires, il rentrera dans le corps des sapeurspompiers de Toulouse à 20 ans au lieu de 21 ans, grâce à une dérogation. Il sera logé à la caserne, juste à côté de son père. En 1977, Marc réussit le concours de sous-lieutenant, et intégrera le centre de secours de Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes. C’est là que naît Olivier en 1980, et qu’il fera ses débuts de sapeur-pompier. Lors de visites à ses anciens collègues et à sa famille, son père lui fait découvrir la caserne de Boulingrin. Après avoir réussi le concours de sapeur-pompier professionnel, il est recruté au Service départemental d’incendie et de secours de la Haute-Garonne. Il est tout d’abord affecté au centre de secours de Rouffiac, puis au centre de secours de Toulouse-Lougnon le 1er janvier 2012. Il revient alors loger dans la caserne de son grand-père et de son père… LES ASSOCIATIONS ET FESTIVITÉS Les Jeunes sapeurs-pompiers. Pour assurer et former la relève, il existe des sections de jeunes sapeurs pompiers : les cadets. En 1882, il existait à Meaux des « pupilles des sapeurs-pompiers » recrutés parmi les élèves des écoles et les apprentis ; à Charleville, le chef de corps leur confiait de menues fonctions au cours
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L’Amicale des sapeurs-pompiers de Toulouse. L’Amicale des sapeurs-pompiers de Toulouse a été créée en 1919, elle comptait à cette époque une trentaine de membres, soit 40 % environ de l’effectif du Corps. Le 26 janvier 1930, l’amicale fusionne avec la Mutuelle des sauveteurs méridionaux et les adhérents bénéficient d’un allégement non négligeable de leurs charges de frais médicaux et pharmaceutiques. Très rapidement, il s’avéra difficile de faire face à des dépenses de plus en plus lourdes, et lors de la création du service social des employés municipaux en 1939, la Mutuelle des sauveteurs méridionaux fut dissoute. Ce n’est que sept ans plus tard, le 8 mars 1946, que revint l’idée de faire vivre l’Amicale sous la forme d’association sportive en conformité avec la loi du 1er juillet 1901. Un bureau de quatre membres en assurait le fonctionnement. Plusieurs commissions furent créées pour chaque discipline sportive pratiquée puis d’autres suivirent sur les aspects culturels, de loisirs et d’action sociale. Aujourd’hui gérée par un conseil d’administration, l’Amicale a pour objectif: – d’entretenir entre tous ses membres des sentiments de bonne camaraderie et de solidarité ; – de s’occuper de tout ce qui peut, tout en sauvegardant essentiellement la discipline et la bonne marche du « bataillon », intéresser le bien moral et matériel du personnel ; – de faire pratiquer tous les sports, que ceux-ci soient collectifs ou individuels. Chaque année, en février, elle organise la nuit du feu au Parc des expositions. Pour financer toutes ces activités, les sapeurs-pompiers passent auprès de la population pour la distribution du « traditionnel » calendrier. De plus, des comités des fêtes
Entraînement hebdomadaire.
Récépissé de la déclaration de la création de l’association des sapeurs-pompiers de Toulouse du 8 mars 1946.
LE SDIS DE LA HAUTE-GARONNE
des incendies. Un premier rassemblement national eut lieu à Dole en 1963 (500 participants), suivi de la première assemblée générale des responsables des sections de cadets le 18 octobre 1974 à Beaune (83 sections, 2 044 inscrits), précédent leur reconnaissance officielle par un décret du 23 avril 1981. Ils sont soumis à une réglementation rigoureuse conduisant à la délivrance d’attestations et constituent, outre une école de civisme et de formation intellectuelle et sportive, une pépinière de futurs sapeurs-pompiers. En mai 1985, la section des jeunes sapeurs-pompiers de Toulouse est créée. Cette association regroupe les jeunes sapeurs-pompiers en vue de développer leur esprit de solidarité, concourant à leur plein épanouissement et à les initier aux techniques propres aux sapeurs-pompiers (sport, techniques opérationnelles contre les incendies et pour les sauvetages, secourisme). Ils sont encadrés par des sapeurs-pompiers professionnels. En février 1987, ils sont quatre, les premiers de la nouvelle section des Jeunes sapeurspompiers, à réussir le brevet national. Tous ces jeunes sont actifs et participent avec leurs aînés aux diverses manifestations corporatives. Ils reçoivent en plus une formation sur le cadre administratif et juridique dans lequel évoluent les sapeurs-pompiers (organisation de la Sécurité civile au niveau de l’État et des collectivités territoriales, les organismes associatifs des sapeurs-pompiers…).
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SAINTE BARBE Selon la légende, Barbe serait née au milieu du IIIe siècle à Nicomédie (ancienne ville d’Asie Mineure, aujourd’hui Izmit, un port de Turquie) sous le règne de l’empereur Maximien. Son père, Dioscore, aurait été un riche édile païen descendant de satrapes perses. Enfermée par son père dans une tour à deux fenêtres, pour la protéger du prosélytisme chrétien, elle trouve le moyen de recevoir l’enseignement d’un prêtre chrétien qui se fait passer pour un médecin. Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Elle réussit à s’enfuir et se réfugia dans le creux d’un rocher, qui s’ouvrit miraculeusement devant elle. Dénoncée par un berger, son père la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d’abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps, on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d’abjurer sa foi. Pour en finir, son père lui trancha la tête de ses propres mains. Le châtiment céleste fut immédiat : frappé par la foudre, il fut réduit en poussière. Quand les chrétiens vinrent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant pas utiliser son prénom perse et ne pouvant pas se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne purent en parler que comme « la jeune femme barbare », d’où le nom de sainte Barbara qui lui fut donné. Sainte Barbe est souvent représentée avec, à ses côtés, la tour où son père la séquestra. Cette dernière comporte trois fenêtres, symbole de La Trinité. La sainte tient souvent une plume de paon, car les fouets de ses bourreaux auraient été changés en plumes de paon, par ailleurs emblème d’immortalité.
sont présents dans les centres d’incendie et de secours pour organiser des animations tout au long de l’année. Celui de Toulouse-Lougnon organise tous les 13 juillet le bal des Pompiers. Cette tradition a été relancée en 1996 et permet un grand geste de solidarité grâce à une tombola dont une partie de la recette est versée aux associations « Un maillot pour la vie » et « Les pompiers ont du cœur ». L’Union départementale des Sapeurs-Pompiers de la Haute-Garonne. Elle regroupe les trente-deux amicales des sapeurs-pompiers du département. Ses actions s’articulent autour des trois axes suivants : – Défense des intérêts des sapeurs-pompiers : Véritable réseau pour la défense des intérêts des sapeurs-pompiers, l’UDSP31 compte plus de 2 000 hommes et femmes. Dans le domaine social, l’Union porte secours à la famille en cas d’accident, de décès ou de situation difficile. Elle agit en relais avec les amicales et les associations nationales telles que l’œuvre des Pupilles. Elle est aussi le pilier de la vie associative. – Soutient des grandes manifestations : Le sport constitue une action promotionnelle de choix pour le métier de sapeur-pompier. À ce titre, l’Union départementale s’inscrit également comme le partenaire principal des sapeurs-pompiers de la Haute-Garonne en s’associant aux actions sportives (championnats de foot, de rugby, de pétanque, course cycliste…). – Promotion de l’image des sapeurs-pompiers : Elle dispense l’enseignement du secourisme au grand public et coordonne les sections de jeunes sapeurspompiers du département. De plus, depuis de nombreuses années, l’Union départementale des sapeurs-pompiers de la Haute-Garonne, participe à la sécurité de manifestations importantes comme les matchs du Toulouse Football Club au Stadium de Toulouse ou du Stade Toulousain au stade Ernest-Wallon et au Stadium. Sainte Barbe, patronne des sapeurs-pompiers. Les sapeurs-pompiers ont une patronne : sainte Barbe ; tous les 4 décembre, ils l’honorent dignement. Cette tradition séculaire est encore bien vivante. Patronne des sapeurs pompiers, sainte Barbe est aussi celle des artilleurs, des mineurs, des sapeurs du génie, de tout ce qui brûle, fulgure, explose ou détonne. Cette fête est financée par les sapeurs-pompiers grâce à l’amicale des sapeurs-pompiers. Le chef de corps local accueille le premier magistrat de la ville ainsi que les différentes autorités, il dresse le bilan de l’année : il fait part des doléances et de ses besoins. « Faire sainte Barbe », c’est l’occasion pour les sapeurs-pompiers de réaffirmer l’unité du groupe, de resserrer l’esprit de corps ; les actifs, les retraités, ceux qui ont disparu restent toujours des membres à part entière.
Statue de sainte Barbe à côté de la stèle des morts au feu.
Cérémonie officielle de la Sainte-Barbe à la caserne Genes-Lougnon.
Repas entre les retraités et les sapeurs-pompiers en activité lors de la Sainte-Barbe.
LES MISSIONS PARTICULIÈRES DES SAPEURS-POMPIERS Au fil du temps, les interventions des sapeurs-pompiers se sont de plus en plus diversifiées. Du feu au secours à personnes, le sapeur-pompier est ainsi devenu un véritable « généraliste des secours ». Pour répondre aux besoins spécifiques lors de certains types d’intervention, les sapeurs-pompiers de Toulouse et de la Haute-Garonne ont dû développer au fur et à mesure du temps des équipes spécialisées dans divers domaines.
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Fourgon avec remorque transportant trois bateaux de sauvetage pliables, 1938.
Page de gauche. Entraînement avec l’hélicoptère (EC 145) de la Sécurité civile aux manœuvres d’hélitreuillage d’une victime.
LES MISSIONS PARTICULIÈRES DES SAPEURS-POMPIERS
LES INTERVENTIONS AQUATIQUES : LES HOMMES-GRENOUILLES Avec la Garonne et le canal du Midi, Toulouse a toujours connu des risques de noyades importants. Une morgue était située quai de la Daurade. C’était là qu’étaient exposés, sur des tables en pierre, les noyés anonymes repêchés dans la Garonne. Il y avait une petite installation au fond de l’édifice qui permettait de laisser couler un filet d’eau sur les corps pour qu’ils se conservent quelques jours de plus afin d’être identifiés. À la fin du xixe siècle, les premiers plongeurs s’immergeaient avec un scaphandre à casque alimenté par une pompe extérieure. C’est dans la première moitié du xxe siècle que le scaphandre autonome fit son apparition. Il trouva sa première application dans le sauvetage d’équipages de sous-marins. En France, c’est le commandant Le Prieur, en 1935, qui mit au point un appareil de ce type. Après la Première Guerre mondiale, alors que les sociétés de sauvetage n’étaient pas encore constituées, de graves inondations ont montré la nécessité d’un service régulier, créé en vue du secours aux personnes menacées par les eaux. Une nouvelle organisation devenait indispensable. Comment la concevoir pour apporter la même rapidité d’intervention que dans la lutte contre le feu ? Il fallait que les sauveteurs aient à leur disposition immédiate des engins exactement appropriés aux services exigés ; pour cela, ils devaient apporter leur barque afin de la mettre à l’eau à l’endroit où l’on pouvait se porter au plus vite vers la personne à sauver. En 1933, à Toulouse, un service est mis au point par le capitaine-commandant Masquarenc en collaboration avec ses quatre officiers. C’est la création de la section du service fluvial. Toutes les semaines, des manœuvres étaient réalisées sur la Garonne ou le canal. L’alerte était donnée par les mêmes moyens et avec la même rapidité que pour un départ au feu. Le corps disposait de trois bateaux
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Sauvetages de personnes : – Le 30 avril 2004, deux agents du service propreté de la ville de Toulouse nettoient les berges de la Garonne à bord d’une balayeuse. Le véhicule de 12 tonnes dérape à cause de l’épaisseur de boue, consécutive à une crue, et finit sa course dans l’eau du fleuve. Les deux employés municipaux, pourtant rapidement sortis de l’eau par les plongeurs sapeurs-pompiers, décéderont. – Le 1er mars 2007, vers 20 heures, à la suite d’un accident de circulation à l’extrémité des allées Paul-Sabatier, un véhicule tombe dans le canal du Midi. Les plongeurs sapeurspompiers arrivent rapidement sur les lieux et effectuent le sauvetage de la passagère restée à l’intérieur du véhicule. – Le 2 janvier 2010, à 1 h 30, trois policiers tentent de porter secours à une femme qui a sauté du pont Neuf et se trouvent en difficulté. Les plongeurs sapeurs-pompiers arrivent sur les lieux et ramènent les quatre personnes sur le quai de la Daurade. – Le 6 février 2012, à 3 heures du matin, un homme est aperçu se noyant dans la Garonne sous le pont Saint-Pierre à Toulouse. Après plusieurs recherches menées les 6 et 7 février sous une température extérieure de -15 °C, les plongeurs sapeurs-pompiers retrouvent en milieu d’après-midi le corps sans vie d’un homme de 31 ans dans une eau à 2 °C. – Le 18 juin 2013, des inondations, dues aux très fortes précipitations (130 mm d’eau tombés à Saint-Béat en 24 heures) et à la fonte des neiges dans les Pyrénées entraînent l’évacuation de plus de 1 000 personnes. Plusieurs équipes de sauveteurs aquatiques sont engagées pour participer aux missions d’évacuation et de reconnaissances.
Sauveteur aquatique assurant la sécurité d’un tractopelle à Luz-Saint-Sauveur, 3 juillet 2013. Page de droite : Exercice de plongée dans le canal du Midi.
cialistes des corps de sapeurs-pompiers de métropole. Il en résulta l’établissement des directives concernant le règlement de cette spécialité au niveau national: « Les scaphandriers autonomes légers de la Sécurité civile ». À partir de 1960, le Service national de la protection civile définit les bases de la spécialité et en assure la coordination et la maîtrise. À Toulouse, l’équipe se forme en 1960 et se compose de huit plongeurs. Au début de l’enseignement de cette activité, la cuve spéciale de l’École de l’aéronautique de Toulouse située à Balma, construite pour la vérification des coques de l’avion Caravelle, est maintes fois utilisée. Les années passent et cette spécialité voit se développer ses techniques et matériels. En 2002, sur proposition de la profession, le ministère de l’Intérieur définit une qualification de sauveteur aquatique (SAV). La mise en place se fait en 2005 dans le SDIS de la Haute-Garonne afin d’étendre ces missions sur les eaux vives, milieu nécessitant des techniques particulières, développées par quelques départements précurseurs. En effet, le département de la Haute-Garonne est exposé à des inondations de plaine sur l’ensemble des cours d’eau du bassin de la Garonne et à des crues torrentielles dans le massif pyrénéen (la haute vallée de la Garonne et la vallée de la Pique). Ces crues sont généralement rapides et très destructrices. Après s’être formé auprès de collègues de l’Hérault et des Pyrénées-Atlantiques, l’encadrement va mettre en place des formations spécifiques, puis va réaliser des échanges avec les sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes. Aujourd’hui, la
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Des renforts inondations sur d’autres départements, suite à des crues torrentielles : – En septembre 2005, une équipe part dans le Gard et l’Hérault. Elle participera à des recherches de corps, des évacuations de personnes, des sauvetages d’animaux et des reconnaissances de hameaux et de fermes isolées. – Les 20 et 21 octobre 2012, plusieurs équipes participeront à Lourdes (65) à une centaine de mises en sécurité dans les hôtels de la ville basse, à des reconnaissances dans la ville et dans le Gave jusqu’à Cauterets. – Les 3 et 4 juillet 2013, 4 SAV sont détachés au village du Luz-Saint-Sauveur afin d’assurer la sécurité de tractopelles. En effet, suite aux inondations du 18 juin 2013, la « célèbre route du col du Tourmalet » est coupée à plusieurs endroits, isolant plusieurs villages.
LES MISSIONS PARTICULIÈRES DES SAPEURS-POMPIERS
spécialité de secours aquatique est répartie sur les centres de secours de Toulouse-Vion et Lougnon, de Muret-Massat et de Saint-Gaudens. De plus, une berce – caisson indépendant d’un camion poids-lourd permettant de charger du matériel, montée sur le poids-lourd par le biais d’un crochet situé à l’arrière de celui-ci – inondation contenant cinq bateaux facilement transportables est mise en service en 2011 sur le centre d’incendie et de secours de Colomiers (43 plongeurs et 46 SAV). Le lieutenant-colonel Hurteau en est le conseiller technique depuis 2002. Sur le plan opérationnel, pour constituer une équipe, il faut trois hommes (un chef d’unité et deux scaphandriers autonomes légers). Les plongeurs sont formés dans des écoles régionales. Les sauveteurs aquatiques en eaux vives sont formés au niveau départemental. Les missions des scaphandriers sont nombreuses et variées : sauvetages de personnes à bord d’embarcations menaçant de couler, automobilistes bloqués dans des voitures immergées, etc. Au cours d’inondations, seule l’intervention des plongeurs peut, dans certains cas, assurer les sauvetages d’animaux. Cette spécialité réalise une moyenne de quatre-vingts interventions aquatiques par an. Sur l’agglomération toulousaine, la plupart de ces interventions consistent en des sauvetages et récupérations de personnes tombées dans l’eau suite à des sorties festives, sur un secteur géographique compris entre le pont Saint-Michel et la chaussée du Bazacle.
Les équipes Risques radiologiques (RAD). Le risque radiologique résulte de l’utilisation de sources radioactives dans des domaines très divers (industrie et médecine par exemple), ainsi que dans le transport, dans les déchets, dans l’industrie électronucléaire et le combustible. Ce risque se caractérise par l’absence de signes visuels extérieurs pouvant indiquer le danger et par l’extrême sensibilisation de l’opinion publique à son égard. Le premier dispositif d’intervention mis en place concernait le risque radiologique civil. Issu des réflexions et propositions faites par le groupe de travail, piloté par la direction de la Sécurité civile, dit « groupe de Metz », ce dispositif spécifique fut institué par la circulaire du 4 décembre 1980. À Toulouse, la première formation des sapeurs-pompiers sur le risque radiologique commença en mai 1963. Deux équipes (détection et contrôle de la radioactivité) se mettent en place au centre de secours de Boulingrin. Chaque équipe comportait six personnes : un chef d’équipe, responsable de l’intervention, qui décide du temps de séjour dans la zone contaminée ; deux porteurs de détecteurs de « fortes intensités » ; un porteur de détecteur de « faibles intensités » ; un homme de liaison avec un appareil de radiotéléphonie ; un chargé de recherche de la zone contaminée.
Les équipes spécialisées en risques chimiques. Début 1980, le corps des sapeurs-pompiers de Toulouse se dote d’un véhicule d’intervention spéciale (VIS) pour apporter un soutien sur des interventions comportant des produits dangereux. Il contenait des tenues de protection et matériels spécifiques. Le 25 septembre 1984, le préfet Henri Rouanet, directeur de la Sécurité civile, organisait et
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Exercice NRBCe – recherche de source radioactive.
Page de gauche. Binôme intervenant pour le colmatage d’une citerne de produits corrosifs.
LES MISSIONS PARTICULIÈRES DES SAPEURS-POMPIERS
En vue de renforcer le dispositif opérationnel assurant la protection des populations face aux risques radiologiques du temps de paix, la direction générale de la Sécurité civile a décidé de créer en 1980 les Cellules mobiles d’intervention radiologique (CMIR). Ce sont des équipes spécialisées de reconnaissance et d’intervention capables d’effectuer sur le terrain des mesures précises de radioactivité. L’accident de Tchernobyl en 1986 va conforter les évolutions qui étaient en cours. L’équipe des sapeurs-pompiers de la Haute-Garonne du centre d’incendie et de secours de Toulouse-Lougnon devient en 1989 la vingt-cinquième CMIR en France. Chaque cellule dispose d’une gamme complète d’appareils de mesure des différents rayonnements analogues aux équipements de dosimétrie, de radioprotection, de balisage, de prélèvements et de transmissions. Avec la parution du Guide national de référence RAD en 2002, l’ensemble du dispositif est formalisé à travers une définition précise des rôles et missions de chaque équipe CMIR, ainsi que la déclinaison du cursus de formation radiologique, et mentionne l’équipement de base constituant les différentes équipes opérationnelles. Cette équipe spécialisée permet au préfet de prendre, en toute connaissance de cause, les mesures conservatoires dictées en cas d’accident ou d’incident à caractères radiologiques, pour la protection des populations.
LES POMPIERS DE TOULOUSE ET DE LA HAUTE-GARONNE
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Crédit photographique
Archives départementales de la Haute-Garonne : 13, 20, 30, 40h, 41, 50, Archives départementales de la Haute-Garonne (fonds Christian Virenque) : 66b , 72, 76hd, 80 Archives municipales de Toulouse : 2, 4b, 6, 8, 12, 27, 29, 33, 34, 35, 36, 39, 40b, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 51, 52, 53, 54, 64, 81, 113, 115hg, 131 Lieutenant-colonel Chauvet : 71 Collection particulière : 38, 58, 59, 91, 100, 101, 103b, 107bg, 107bd, 114, 115hd, 115b, 120, 124, 125 La Dépêche du Midi : 29, 58, 62hg, 62hd, 65, 66h, 68, 69, 70 (Metairon et Cognet), 73 DR : 4h, 10, 18, 28, 61, 85 Joël Fava : 17, 128, 129, 130 Jean Ferran : 93h Daniel Lordey : 7, 11, 21, 22, 31 Musée du Vieux-Toulouse : 17 Patrice Nin : 93b Xavier Rivière : 1re de couverture, gardes, 5, 9, 14, 15, 55, 56, 73, 74, 75hg, 76bg, 77, 78-79, 82-83, 84, 86-87, 89, 92, 94-95, 96, 98, 99, 100h, 101m, 102, 103h, 105, 106, 107hg, 107hd, 108, 109, 110, 111, 112, 117, 118, 119, 121, 122-123, 126, 127, 133b, 134, 135, 136. Luc Serbelonne : 62b, 63 Gabriel Sfilio : 116 Gaston Vie : 59 Mickaël Vinot : 23
Table des matières
La départementalisation .............................................................. 85 Un accident majeur : la catastrophe d’AZF ........................... 88 Le Service départemental d’incendie et de secours de la Haute-Garonne aujourd’hui .................. 93 Les associations et festivités ..................................................... 102
La création et la professionnalisation du corps des sapeurs-pompiers (1789-1945) .............. 21
Les missions particulières des sapeurs-pompiers ............................................................. 113
Constitution des sapeurs-pompiers .......................................... 21 Les bases de l’organisation des sapeurs-pompiers professionnels ....................................... 26 L’aménagement de la première caserne en 1890 : la caserne Roussy ........................................................................... 34 Renforcement de l’organisation ................................................. 37 Le début du secours à victimes sur la voie publique ........... 38 La construction de la caserne du Boulingrin ........................ 42 La Seconde Guerre mondiale .................................................... 50
Les interventions aquatiques : les hommes-grenouilles ............................................................. 113 Les interventions en milieu périlleux : le GRIMP-SPÉLÉO ................................................................ 120 Les interventions à risques technologiques ......................... 125 Les interventions à la suite d’un effondrement et recherche de personne : le sauvetage-déblaiement (SD) .................................................130
Nouvelle organisation nouvelles missions (1946-1986) ........................................ 59 Nouvelle organisation .................................................................. 59 Nouvelles missions ........................................................................ 66
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La structure administrative de la ville ....................................... 3 Le grand incendie de 1463 ........................................................... 4 Les prémices de l’organisation de la lutte contre le feu ....... 4 L’alimentation en eau à l’époque moderne ............................... 9 Les premières pompes à incendie .............................................. 10 La Vierge Noire de l’église de la Daurade ............................. 16
Le Service départemental d’incendie et de secours de la Haute-Garonne .............................................................. 85
LES MISSIONS PARTICULIÈRES DES SAPEURS-POMPIERS
La lutte contre les incendies à Toulouse à l’époque moderne (xve-xviiie siècles) ......................... 3
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LES MISSIONS PARTICULIÈRES DES SAPEURS-POMPIERS
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JOËL FAVA photographies de Xavier Rivière
LES POMPIERS de Toulouse et de la Haute-Garonne Ce livre retrace l’histoire des sapeurs-pompiers de Toulouse et de la Haute-Garonne depuis le grand incendie de 1463 jusqu’à nos jours. C’est après cet incendie, qui ravage deux semaines durant les trois quarts de la cité, que les édiles – les capitouls – commencent à mettre sur pied une véritable prévention et organisation de lutte contre les incendies. La ville sera reconstruite en brique, matériau plus résistant au feu, ce qui signera jusqu’à nos jours l’identité de la Ville rose. Au cours des siècles, les moyens de lutte vont s’étoffer et se perfectionner. On suit ainsi l’arrivée des premiers outils (seaux de cuir, échelles, seringues en laiton ancêtres de la lance à incendie) ainsi que les premières dispositions réglementaires, comme l’obligation de ramoner les cheminées (1672). Les sapeurs-pompiers se professionnalisent, leur nombre augmente. Il faut leur offrir des conditions de vie propices à leur mission ; un patrimoine bâti exceptionnel voit le jour avec la construction de nouvelles casernes. Parallèlement, les missions s’élargissent (lutte contre les inondations, secours à personnes, risques technologiques, etc.), s’adaptant constamment à l’évolution de la société. L’histoire des sapeurs-pompiers, c’est aussi celle de la vie quotidienne, des rites et des traditions, de la culture de corps, de la solidarité et de l’engagement, que l’auteur évoque tout au long des pages. L’ouvrage est largement illustré de nombreux documents anciens et de photographies contemporaines.
ISBN 978-2-86266-714-X
Joël Fava (à droite) et Xavier Rivière (à gauche).
29 € 9 782862 667140
www.loubatieres.fr
Joël Fava est lieutenant et Xavier Rivière est adjudant-chef au SDIS 31.