Toulouse au temps des Trente Glorieuses

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TO U L OUS E au temps des Trente Glorieuses textes de RÉMY

PECH

Loubatières


INTRODUCTION / 3 DE LA CAPITALE PROVINCIALE À LA VILLE INTERNATIONALE / 4 La politique municipale, du rose et du bleu / 4 Toulouse s’étale, Toulouse s’agrandit / 5 Enjeux nationaux et internationaux / 18 DU PETIT COMMERCE AUX GRANDES SURFACES / 26 INDUSTRIE, LA MUTATION ANNONCÉE / 44 LA VILLE AU QUOTIDIEN / 56 UN SYSTÈME ÉDUCATIF RÉNOVÉ / 78 DEUX CULTURES ? / 84 TOULOUSE CITÉ SPORTIVE / 96


C’est dans la première moitié du XXe siècle, avant la Seconde Guerre mondiale, que l’exode rural est venu grossir la population de Toulouse jusqu’à presque doubler le nombre d’habitants, mais c’est durant la période 19451975 que la ville s’est détachée d’un mode de vie encore empreint de ruralité pour donner naissance à la cité moderne que nous connaissons aujourd’hui. Jusqu’au début des années 1950, les tramways partagent encore la rue avec quelques rares automobiles et nombre d’ateliers et d’entrepôts sont toujours situés au cœur de la ville. Mais dès la fin des années 1950, les aménagements destinés à faciliter la circulation des automobiles – ponts, parkings des Carmes, Victor-Hugo et Capitole, allées Georges-Pompidou –, la construction de grands ensembles de logements – Empalot-Daste, Le Mirail – et la création des trois grands campus universitaires de Rangueil, de l’Arsenal et du Mirail, transforment en profondeur le visage de Toulouse.

INTRODUCTION

Les enjeux politiques et sociaux nationaux de l’époque – la guerre d’Algérie, Mai 68, quatre élections présidentielles – s’expriment avec vigueur à Toulouse et donnent lieu à nombre de manifestations et de meetings. Dans le même temps, avec le développement de la construction aéronautique et l’implantation d’industries high tech, la ville s’ouvre aux échanges économiques, mais aussi culturels et politiques, avec l’Europe et le reste du monde. La vie quotidienne change profondément. Le commerce se développe, les grands magasins supplantent les petites boutiques de quartier. Les Toulousains se pressent à la foire internationale annuelle qui apporte les dernières nouveautés pour l’équipement de la maison en réfrigérateurs, cuisinières, machines à laver le linge et autres appareils électroménagers. Les cafés de la place Wilson et de la place du Capitole, les rencontres de rugby à XIII et à XV, les matchs du Téfécé sont autant d’occasions de convivialité, auxquelles vont s’ajouter dans les années 1960, les spectacles de variétés au Palais des sports ou au théâtre du Capitole qui font une large place aux idoles des yéyés. Les quelque trois cents photographies et documents – pour la plupart inédits – qui sont reproduits dans ce livre traduisent l’atmosphère de Toulouse au cours de ces années de profonde mutation économique et sociale, une période où tout paraissait possible ; « Soyez réalistes, demandez l’impossible », proclamait un slogan célèbre de 1968. Un parcours plein de surprises dans la ville et plus largement dans l’époque.

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1962

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Page de gauche. Toulouse, quartier du Capitole, début des années 1960. Encore peu de constructions modernes, à l’exception notable de l’immeuble des Nouvelles Galeries et du marché-parking Victor-Hugo qui permet aux automobilistes de se garer au niveau des toits de tuiles. On peut voir aussi, à gauche de l’image, la belle bibliothèque municipale due à l’architecte Jean Montariol (1892-1966). En bas de l’image, dans la cour d’un hôtel particulier de la rue Gambetta, les toits d’un atelier de confection de chemises ; un des derniers témoignages d’une spécialité textile toulousaine. Toulouse produisit jusqu’au quart des chemises fabriquées en France.

La basilique Saint-Sernin en 1957. On peut encore voir derrière le chevet la Bourse du travail et le garage Dunlop à l’angle de la place et de la rue Saint-Bernard (à droite de l’image), qui sera remplacé par un immeuble d’habitation au début des années 1970. Au deuxième plan, les seize étages de l’immeuble Citroën viennent à peine d’être achevés au 2 boulevard d’Arcole, tandis qu’en haut de l’image, au bord du canal, le grand immeuble de Pierron est en cours de construction. La basilique, quant à elle, se présente encore sous l’aspect voulu par de Viollet-le-Duc. La restauration qui lui rendra son caractère antérieur n’interviendra que dans les années 1990.

POLITIQUE ET URBANISME

Toulouse, place Saint-Étienne, 1957. Le parc du Caousou au second plan et, en haut de l’image, les collines de Balma qui n’était encore qu’un village agricole peuplé de moins de 2 000 habitants.

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1962 Le quartier de La Reynerie avec son lac artificiel, une des trois composantes de la ZUP du Mirail avec Bellefontaire et MirailUniversité. Carte postale de 1970. 21 janvier 1962, Louis Bazerque (1912-1992) (3e à partir de la droite), maire de Toulouse de 1958 à 1971, présente la maquette de la ZUP (Zone à urbaniser en priorité) du quartier du Mirail.

TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES

Georges Candilis (1913-1995), ancien collaborateur de Le Corbusier, fut, avec ses associés, le concepteur du programme du Mirail, dont la réalisation s’est achevée au début des années 1970. À gauche : Louis Bazerque.

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Quartier Bellefontaine dans les années 1970. Vue de la dalle, immense aire piétonne suspendue.

1970


1972

1972. Vue aérienne sud-nord du quartier Bellefontaine. Les immeubles en Y, conçus afin d’offrir le meilleur ensoleillement possible à chaque logement sont en cours de construction.

POLITIQUE ET URBANISME

Années 1970, concours de pêche au bord du lac de La Reynerie.

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Le prince Philip d’Angleterre en visite à Sud-Aviation le 4 novembre 1965. Au côté de Lucien Servanty (1909-1973), le directeur technique du programme Concorde pour la partie française, le prince a pris place dans le cockpit de la maquette à l’échelle 1 du supersonique, réalisée en contreplaqué.

Octobre 1966. La princesse Margrethe de Danemark (née en 1940) à sa descente d’avion à Blagnac. Elle est accueillie par Henri de Monpezat, son fiancé (au centre), et le père de ce dernier (à droite).

TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES

François Mitterrand à Toulouse, au Capitole, le 20 octobre 1965, candidat unique de la gauche lors de la campagne pour les présidentielles de 1965. De gauche à droite, au premier rang, Danielle Mitterrand, Louis Bazerque, Évelyne Baylet, présidente de La Dépêche du Midi, et Robert Fabre, président des Radicaux de Gauche.

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1965 François Mitterrand en meeting à Toulouse le 17 décembre 1965, deux jours avant le deuxième tour de l’élection présidentielle où il est opposé au général de Gaulle. Il obtiendra 44,80 % des voix. On reconnaît, assis au premier rang (deuxième à partir de la gauche), Gaston Monnerville (18971991). Alors Président du Sénat (de 1959 à 1968), il fut également président du Conseil général du Lot (de 1951 à 1971). Originaire de Guyane, il était un peu chez lui à Toulouse car il fut élève du lycée Fermat, puis étudiant à la faculté de droit, avant de s’inscrire au Barreau (de 1918 à 1921). À sa droite, André Méric (1913-1993), vice-président du Sénat (il fut sénateur de 1948 à 1988).


1966

Le colonel Marcel Bigeard (1916-2010), le 30 août 1966, faisant sa toilette dans l’Ariège à Lacroix-Falgarde après son footing quotidien. Il exerçait alors (de 1964 à 1968) le commandement de la 20e brigade parachutiste basée à Toulouse.

1967

Manifestation des ouvriers de Sud Aviation à Saint-Martin-du-Touch le 31 janvier 1967. Les ouvriers grévistes bloquent la circulation devant l’usine.

POLITIQUE ET URBANISME

Alexeï Kossyguine (1907-1980), président du Conseil des ministres de l’URSS, en visite à Toulouse le 5 décembre 1966 au cours de son voyage officiel en France. Le convoi constitué de dizaines de voitures se dirige vers le Capitole.

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TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES 22

Manifestation d’étudiants place du Capitole, le 24 mai 1968. Le Mouvement du 25 avril est le pendant toulousain du Mouvement du 22-mars fondé à la faculté de Nanterre. La faculté de Lettres de Toulouse est occupée du 13 mai au 14 juillet. Un comité de gestion tripartite, inspiré des transformations des universités allemandes, avait été instauré le 17 mai. Il réunissait dix professeurs, dix assistants et dix étudiants Le 30 mai 1968, le général de Gaulle annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives les 23 et 30 juin. Le 31 mai 1968, une manifestation gaulliste défile dans les rues de Toulouse (en bas). La veille au soir à Paris, la manifestation de soutien au général de Gaulle avait rassemblé près d’un million de personnes. 11 juin 1968, la manifestation commencée dans la soirée est prolongée par une nuit d’émeutes. La manifestation part de la place du Capitole où est organisé un sit-in. On note que les banderoles ont un ton nettement plus politique. On est en effet à dix jours du premier tour des élections législatives. Le matin même, des affrontements ont eu lieu entre ouvriers et CRS à l’usine Peugeot de Sochaux et un ouvrier de 24 ans a été tué. Le défilé qui emprunte les boulevards est encadré par le service d’ordre dont certains portent des casques. Rue du Rempart-Saint-Étienne des manifestants s’en prendront au local du CDR (Comité de défense de la République, organisation gaulliste créée au mois de mai 1968), dont le responsable à Toulouse est le Docteur Birague. On retrouve les manifestants devant les locaux de l’ORTF, 78 allées Jean-Jaurès. Dans la nuit, des barricades sont élevées, des morceaux de rues dépavés. Le 12 juin au matin, les agents municipaux commencent à déblayer le square Charles-de-Gaulle et la rue du Poids-de-l’Huile sous le regard des passants. Le 30 juin la droite obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 394 sièges contre 91 à la gauche.


POLITIQUE ET URBANISME

1968 23


Just Fontaine (né en 1933) dans son magasin Justo Sport en mai 1966. Le footballeur au palmarès éblouissant a mis fin à sa carrière en 1962 et, après trois ans au service d’Adidas, il ouvre son premier magasin au 26 rue Saint-Antoine du T. Ses magasins successifs ont toujours été très fréquentés par les amateurs de sport qui pouvaient voir « en chair et en os » une légende, une vraie. Just Fontaine a découvert Toulouse un 18 janvier 1959 sous la neige, en même temps que celle qui deviendra son épouse.

1971

DU PETIT COMMERCE AUX GRANDES SURFACES

1966

1967. L’entrée et les vitrines du magasin d’Henry Delgay ont été refaites quelques années plus tard. À gauche, la rue des Trois-Journées avec encore ses immeubles anciens, l’ensemble immobilier des Américains n’est pas construit.

Illuminations de Noël rue Kennedy, (rue de la Poste jusqu’en 1964), le 10 décembre 1971. À gauche le magasin (vente et réparation) de rasoirs de M. Eymond. À droite (notons le panneau d’interdiction de stationner assez peu dissuasif), le magasin de vêtements pour hommes Inglebert puis la librairie Soubiron. On aperçoit au fond de la rue la silhouette du clocher-mur de l’église du Taur.

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Les années d’après-guerre furent une période bénie pour les fabricants d’électroménager, les revendeurs, les installateurs et les réparateurs. Tout était à faire et nombre de produits nouveaux promettaient le bonheur du foyer : cuisinières, réfrigérateurs, machines à laver, radio, plus tard télévision. Tous ces équipements se trouvaient chez des commerçants spécialisés en ville et dans les quartiers, mais la Foire internationale permettait, en un seul déplacement, de comparer plus de produits qu’un commerçant n’en aurait jamais dans son magasin. Le confort moderne était à portée de main. En 1955, pour ceux qui n’avaient pas les économies suffisantes, un crédit pouvait être proposé. La machine à laver Bendix pouvait entrer dans la maison pour 6 600 F (anciens) par mois. Un ouvrier gagnait environ 30 000 F par mois. De son côté, Gaz de France vante le confort moderne des chauffe-eau à gaz.

1958

Affiche publicitaire de Dubié pour la Semaine des arts ménagers qui s’est tenue à Toulouse au Parc des Sports du 8 au 17 octobre 1949 sous le patronage du Salon des arts ménagers. Affiche publicitaire pour la treizième quinzaine des Arts ménagers et enfance de Toulouse en octobre 1960. Elle est signée Renée Aspe (1922-1969), célèbre peintre toulousaine.

DU PETIT COMMERCE AUX GRANDES SURFACES

La cuisine du futur présentée à la Foire Internationale de Toulouse en 1958. De la couleur, de la netteté, de la lumière, de la rationalité, de la propreté, de la modernité. Le tout dans un environnement de couleurs engendrant la gaîté et le dynamisme, bref, tout ce qui n’existait pratiquement nulle part.

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TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES

L’aérogare de Toulouse-Blagnac, milieu des années 1960. Sa construction, décidée en 1949, a débuté en 1951 et l’inauguration a lieu en juin 1953.

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1964

Photo de famille devant une Caravelle Sud-Aviation sur le tarmac de Blagnac, le 16 mai 1964.


Un passionné a fabriqué une maquette de grand format du supersonique qui fait illusion ainsi présentée avec la piste en perspective. 10 mars 1968. Journée portes ouvertes à l’usine Sud-Aviation de Saint-Martin-du-Touch, le 28 janvier 1968. La foule s’est pressée toute la journée pour approcher cet objet mystérieux dont tout le monde parlait mais que fort peu avaient vu. Elle ne fut pas déçue ; Concorde était beau au sol – il le sera plus encore en vol –, tout en lui exprimait la modernité, la vitesse, le futur. 29 novembre 1969, Valéry Giscard d’Estaing (né en 1926), ministre de l’Économie et des Finances, fait part de ses impressions sur le vol qu’il vient d’effectuer dans le Concorde.

INDUSTRIE, LA MUTATION ANNONCÉE

1969

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1963 LES INONDATIONS DE LA GARONNE LE 14 SEPTEMBRE 1963 Le camp de Ginestous, en bordure de Garonne, au nord de la ville. Camp provisoire créé en 1951, ce camp a longtemps été la principale aire de stationnement pour les gens du voyage de passage à Toulouse. Autrefois simple terrain vague, il est aujourd’hui aménagé. La péniche du Touring Club de France, association de formation à la navigation à voile, installée quai de Tounis près du Pont Neuf est isolée par la montée des eaux. Elle sera ensuite installée en face, à la prairie des Filtres.

TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES

Malgré les terrains et les routes inondés, les habitants tentent de se déplacer. Jusqu’à l’achèvement du programme de construction des digues, en 1966, Toulouse était fréquemment inondé sur ses deux rives.

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Incendie du grand magasin du Printemps, rue Alsace-Lorraine, le 11 mars 1964. L’immeuble ravagé par les flammes sera entièrement détruit et reconstruit à neuf dans un style contemporain.

1964

LA VILLE AU QUOTIDIEN

La foule s’était massée entre le magasin Printafix et le square Charles-de-Gaulle pour observer l’évolution de l’incendie et le travail des sapeurs pompiers.

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Page ci-contre. Inauguration du passage traversant ouvert à l’extrémité du musée des Augustins et rejoignant les rues de Metz et d’AlsaceLorraine. 18 octobre 1963. Dans les années 1990, ce passage sera fermé et réintégré au musée.

Bien protégé du soleil du mois d’août 1961 par les platanes du cours Dillon, un couple âgé passe le temps. Mains de travailleurs manuels et espadrilles (catalanes ?). Nous sommes dans le quartier le plus espagnol de Toulouse, nous sommes à Saint-Cyprien.

Parc municipal des sports. L’inondation du 14 septembre 1963 ne fait pas que des malheureux. Les enfants en profitent pour découvrir les joies de la glisse sur l’eau.

TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES

Allées Paul-Sabatier. 6 février 1954. Vue d’enfants faisant une bataille de boules de neige au milieu des allées. L’hiver 1954 fut particulièrement rigoureux dans toute la France. À Toulouse aussi, mais les enfants du quartier du Grand-Rond se jouent du froid.

74

12 juillet 1963, le motard a le sourire ; il participe à une dégustation de pêches offertes par une jeune fille en costume régional sur la route des vacances.

1963


1963

17 mai 1964, une famille – dont trois générations de femmes – en promenade place Wilson avec Pierre Goudouli et les pigeons en toile de fond.

Voiturette électrique à trois roues et son chauffeur. Le modèle – sa taille ou son esthétique ? – intrigue fort les commerçants de la rue du Poids-de-l’Huile, tandis que la passante, très à la mode avec un pantalon pattes d’éléphant et une veste en peau retournée, ne voit que le photographe. 8 mars 1974

LA VILLE AU QUOTIDIEN

Place Jeanne-d’Arc, en 1976. Il ne s’agit pas d’une arrestation arbitraire mais d’un contrôle (et peut-être d’une verbalisation) ; le port du casque était obligatoire depuis le 1er janvier 1975.

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TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES

1950

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L’Université de Sciences sociales le 13 février 1974. Sur le parking, un échantillon représentatif du parc automobile français de l’époque ; à gauche une partie du bâtiment abritant salles de cours et amphithéâtres ; au fond, la bibliothèque universitaire et derrière, au second plan, les bâtiments de la Cité administrative. À droite, le bâtiment de l’Institut d’études politiques de Toulouse, installé rue des Puits-Creusés depuis 1956.

La jonction du canal de Brienne et de la Garonne et le boulevard ArmandDuportal, le 30 mars 1950. À droite du boulevard, l’Arsenal édifié sous Napoléon sur l’ancien terrain des Chartreux. La fabrication de munitions a été déplacée route de Bayonne dès 1897 et le site désaffecté au début des années 1950. La Cité administrative sera construite sur la partie nord du site (non visible sur cette image) entre 1957 et 1960. La partie de l’Arsenal visible sur cette photographie correspond à la presque totalité de l’emprise de l’Université de Sciences sociales qui sera construite à la place à partir de 1964. En bas à droite, on aperçoit le bâtiment carré recouvrant l’ancien cloître des Chartreux, dégagé et restauré lors de la construction de l’Université.


Vue aérienne du campus de l’Université Paul-Sabatier, du nom du doyen de la faculté de sciences en 1905, prix Nobel de chimie en 1912, dans le quartier de Rangueil. La faculté de sciences et la faculté de médecine étaient auparavant situées aux allées Jules-Guesde. Le campus s’est constitué progressivement au cours des années 1960 et l’Insa (Institut national des sciences appliquées), nouvellement créé, a été le premier à s’y installer en 1962. La faculté de médecine n’y sera transférée que plus tard, après l’ouverture du CHU de Rangueil, en 1975.

Bâtiments et escalier d’accès de la faculté de médecine au pied du CHU.

Le microscope électronique du professeur Gaston Dupouy (directeur du CNRS de 1950 à 1957), aussitôt surnommé « la boule » par les Toulousains, inauguré par le Président de Gaulle en personne en 1959, marque la volonté de fonder les recherches appliquées sur les outils de recherche fondamentale les plus performants.

UN SYSTÈME ÉDUCATIF RÉNOVÉ

1965

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1962

TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES

Jacques Brel le 1er septembre 1962, reçu au donjon du Capitole. Au début des années 1960, Brel accède à la célébrité avec des chansons comme Ne me quitte pas, La Valse à mille temps, Les Bourgeois ou Le Plat pays. Son premier grand succès, Quand on n’a que l’amour, date de 1956.

Sylvie Vartan le 13 décembre 1962, lors du passage à Toulouse de la tournée de Gala des étoiles de Salut les copains à laquelle participaient également Richard Anthony et Leny Escudero. Sylvie est coiffée par José Queralto (1920-2007) sous le regard attentif des trois apprentis. Républicain espagnol exilé en France en 1939, résistant, José Queralto ouvre son premier salon de coiffure, mixte, boulevard de Strasbourg. Le tout-Toulouse vient s’y faire coiffer tout comme les célébrités de passage.


1965

Le 2 juin 1965, Johnny Hallyday, alors sous les drapeaux, vient donner un tour de chant à Toulouse à la demande de l’Armée pour le gala de charité de la Légion étrangère. Il vient tout juste d’épouser Sylvie Vartan début avril. Échange de poignée de mains avec le général Kœnig, le héros de Bir-Hakeim, qui avait rejoint le général de Gaulle en Angleterre dès le 19 juin 1940.

DEUX CULTURES ?

Georges Brassens au Théâtre du Capitole le 2 décembre 1963. L’année où sa chanson Les Trompettes de la renommée a reçu le prix Vincent Scotto de la meilleure chanson décerné par la SACEM.

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TOULOUSE AU TEMPS DES TRENTE GLORIEUSES 100

André Brouat (1924-2002), formé au rugby à XIII, il passe au XV en arrivant à Toulouse pour y faire ses études de médecine. Trois-quart centre au Stade Toulousain, il remporte le Championnat de France en 1947 et la Coupe de France en 1946 et 1947, avant d’en devenir le président de 1964 à 1966 et de 1969 à 1972. Adjoint au maire de 1971 à 1995, Toulouse lui doit plusieurs espaces verts et la construction du stade ErnestWallon des Sept-Deniers. Il est photographié ici, le 4 novembre 1962, accoudé, au centre de l’image. Au premier rang : Jean Astrugues, Jean Salut, Jacques Durand.

Jean Fabre (né en 1935), photographié chez lui avec ses fils le 9 janvier 1964. Il fit toute sa carrière de rugbyman comme troisième ligne aile au Stade Toulousain, dont il fut aussi capitaine. Docteur en mathématiques, il fit une carrière d’enseignant puis d’inspecteur général. Toulouse-Agen, affiche traditionnelle. Ici au stade Ernest-Wallon des Ponts-Jumeaux, le 14 novembre 1965, l’année où Agen remporta son quatrième titre de champion de France.

1964


Vincent Cantoni (1927-2013), ancien joueur et entraîneur de l’équipe toulousaine de rugby à XIII (Toulouse Olympique XIII). Novembre 1958. Il fut international de 1948 à 1954. Son fils, Jack Cantoni (1948-2013) joua ailier puis arrière au Stade Toulousain de 1963 à 1967, puis à l’AS Béziers jusqu’en 1968. Il y remporta sept fois le titre de Champion de France, aussi bien comme joueur que comme entraîneur. À Toulouse, il fut aussi brièvement professeur de sport au lycée Montalembert.

1er juillet 1959. Pierre « Papillon » Lacaze (1934-1995), signe sa licence du Toulouse Olympique XIII, entouré des dirigeants du club. « Papillon » Lacaze avait déjà fait une brillante carrière dans le rugby à XV, à Paris et à Lourdes, avant de briller à nouveau au TO XIII.

Georges Allières, dit « Le Cube », deuxième ligne puis pilier. Son portrait sur le pont SaintMichel pris le 30 octobre 1969 met bien en valeur son surnom. Il fit presque toute sa carrière au Toulouse Olympique XIII, dont il fut aussi capitaine et entraîneur. Il fut sélectionné 34 fois (de 1961 à 1970) en équipe nationale dont il fut également capitaine.

Ci-dessus. Finale Toulouse-Marseille au Stadium, le 13 mai 1973. Les joueurs de l’équipe du Toulouse Olympique XIII, championne de France, posent sur le terrain avec les supporters. Les joueurs tiennent le bouclier Max Rousié (trophée du championnat de France de rugby à XIII). Ci-contre. Stadium, le 11 mai 1975. L’équipe du Toulouse Olympique XIII l’emporte face à celle de l’AS Saint-Estève (PyrénéesOrientales) et devient pour la troisième fois championne de France.

TOULOUSE CITÉ SPORTIVE

1973

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TO U L O U S E au temps des Trente Glorieuses textes de

RÉMY PECH Entre 1945 et 1975, Toulouse est un curieux mélange entre un proche passé encore empreint de ruralité, et une aspiration à la modernité et à la vie citadine. Ce contraste se lit dans l’architecture comme dans la vie quotidienne, dans les activités artisanales comme dans l’expansion industrielle. Mais Toulouse est aussi, déjà, une ville ouverte sur le monde, où se croisent personnalités politiques internationales et vedettes de la chanson et du cinéma. De nombreuses photographies et documents, pour la plupart encore inédits, illustrent chaque thématique – politique, urbanisme, commerce, industrie, vie quotidienne, enseignement, culture et sport. Ils sont accompagnés de notices détaillées et précédés d'une présentation qui en restitue le contexte toulousain dans ses aspects historiques et culturels. Toulouse comme vous avez oublié l’avoir connu, Toulouse au temps des Trente Glorieuses comme vous si vous étiez.

En couverture. Marché des Carmes, octobre 1963. Photographie de Jean Dieuzaide.

ISBN 978-2-86266-727-X

25 € 9 782862 667270

www.loubatieres.fr

Rémy Pech est historien. Il est l’auteur d’une centaine de publications personnelles et de contributions à des œuvres collectives, dont Histoire d´Occitanie (Hachette, 1979), Géopolitique des régions françaises (Fayard, 1986), La République en représentations (Sorbonne, 2006), Jaurès paysan (Privat, 2009), L’intégrale des articles de Jaurès et Clemenceau dans La Dépêche (Privat, 2009 et 2013), Mémoires plurielles de la Haute-Garonne (Privat, 2011), Les Lieux de mémoire du Midi (Les Indes savantes, 2015).


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