I TI NERA MINORA
Thib aut B oulay VOYAGE DANS UN PAYSAGE
LE VIGNOBLE DE CHAVIGNOL Le Perthuis
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Préface de Jean-Robert Pitte, de l’Institut Chavignol est un bien charmant toponyme aux sonorités amusantes qui associent le « ch » de chèvre et le « vign » de vignoble, réalités vivantes et tangibles du terroir qu’il désigne et dont l’étymologie obscure n’a pourtant rien à voir ni avec le fromage de chèvre, ni avec le vin, mais sans doute avec le nom d’un bon Gallo-Romain qui consommait tout de même sûrement des deux et peut-être les produisait… Quand ils sont joyeux, les poètes font rimer Chavignol avec guignol, bignole, bagnole, carmagnole, gnôle et bien d’autres mots qui fleurent bon la France qui ne se prend pas au sérieux, celle de Rabelais, le déluré voisin tourangeau. N’oublions pas rossignol, car au fond des bouteilles issues des coteaux du cru, l’âme du vin trille aussi mélodieusement que le passereau de nos jardins et de nos vignes. Chavignol est au cœur des plus beaux paysages du Sancerrois, à contempler avec humilité de bas en haut, comme dans la peinture chinoise et japonaise, puisque le village se love au fond d’un vallon, alors que Sancerre s’arroge le monopole des vues panoramiques, selon le goût calviniste qui rappelle une période dramatique de son histoire. Le village est dominé par les Monts Damnés, un magnifique terroir de marnes blanches où pullulent les fossiles de petites huîtres qui vivaient là il y a plus de 150 millions d’années dans le grand bleu d’un lagon tropical et dont les descendantes venues d’un océan Atlantique plus frisquet frétillent d’aise en compagnie du vin blanc local. La damnation qu’évoque ce coteau n’a rien d’un enfer – vous lirez dans ces pages que le toponyme pourrait venir de dominus, le seigneur –,
si ce n’est que le vigneron qui monte à sa vigne est tenté de maudire le Ciel, tant la grimpette est rude et le soleil ardent sur ce coteau tourné vers le levant et le midi. Quant à l’autre terroir d’exception, le cul de Beaujeu, rien à voir avec la langue verte de Rabelais évoquée plus haut. Il s’agit d’une déformation datant du XIXe siècle du mot clos qui a d’ailleurs repris sa place dans certains domaines sur les étiquettes du vin qui en provient. Dommage peutêtre : dans d’autres vignobles français, on est fier des lieux-dits Montrecul, surtout là où les pentes sont fortes, mais pas à Chavignol, semble-t-il, alors que ce noble nom conviendrait si bien au paysage et au caractère leste du vin. Ici se complaît le sauvignon, peut-être né en Bourgogne il y a bien des siècles, petitfils du pinot noir et fils du savagnin jurassien et rhénan, sans que l’on connaisse son autre géniteur. Son nom vient probablement du mot sauvage, ce qu’il n’est jamais lorsqu’il est bien né et bien élevé, mais ses feuilles ont le malheur de ressembler à celles des vignes sauvages. Il donne ici des vins qui mêlent finesse, tension et douceur et qui sont toujours d’une grande complexité aromatique et organoleptique. Heureusement, les défauts anciens ont été guéris et ils ne sentent plus jamais le buis mouillé ou le pipi de chat ! Ils ont la particularité de ne jamais étancher complètement la soif, tant ils sont fluides et s’écoulent vite le long du gosier. À dire vrai, ils se boivent même sans soif et ils ouvrent l’appétit, lequel peut être comblé sur place grâce à un fromage unique. Les gourmets ne trouvent en effet pas seulement à boire à Chavignol, mais aussi à manger de délectables crottins à la
Depuis 1794 le village n’est plus qu’un hameau de Sancerre, le célèbre bourg perché voisin qui a donné son nom et sa notoriété aux vins provenant de quatorze communes de la région. Chavignol ne jouit donc pas pour ses nectars d’une appellation villageoise propre, mais certains vignerons malins écrivent en gros le nom du hameau sur leurs étiquettes. D’ailleurs, plutôt que de tenter d’obtenir une AOC spécifique, peut-être serait-il préférable de décliner le sancerre en premiers crus, voire en grands crus comme l’a fait outre-Loire le Chablisien. Chavignol y trouverait son compte. Les consommateurs du monde entier y sont prêts, puisque l’histoire du vin de Sancerre est assez comparable à celle du chablis. Son succès provient la proximité de Paris accessible par voie d’eau – la Loire, le canal de Briare, en l’occurrence – et de l’affection que lui vouèrent pendant les années d’après-guerre les soldats américains en garnison dans la base du SHAPE à Fontainebleau et qui venaient le week-end en jeep goûter aux trésors des vignobles les plus proches. Ajoutons qu’aucun vignoble au monde ne produit des sauvignons aussi secs et fringants, alors que ceux d’Amérique ou de Nouvelle-Zélande ont parfois la cuisse un peu molle. Juste compensation : le fromage éponyme, quant à lui, a conféré au village une notoriété universelle. À la fin du XIXe siècle, le phylloxera fait rage et détruit une grande partie du vignoble. En attendant que celui-ci soit replanté,
les vignerons se reconvertissent dans l’élevage des chèvres qui s’accommodent bien de l’herbe rase, mais parfumée, qui pousse dans les friches caillouteuses et pentues. Il y en avait d’ailleurs toujours eu, comme dans tous les vignobles, car la rustique vache du pauvre tond les pelouses, les talus et les tournières, y compris sur des coteaux très abrupts. Elle y parvient d’autant mieux que c’est la race alpine qui a été ici adoptée. En 1896, un fromager du nom Moïse Boulay s’installe à Chavignol pour collecter et affiner les crottins, lesquels ne tirent pas leur nom de ce que vous imaginez, mais des trous d’eau – les crots en berrichon – dans lesquels on extrayait la terre fine destinée à la poterie, en particulier pour tourner les faisselles à égoutter le caillé. S’il s’agit de tout petits fromages, c’est que les chèvres donnent peu de lait et que chaque paysan n’en possède qu’un petit nombre. Néanmoins, comme pour les vins du Sancerrois, la proximité de Paris et le talent des collecteurs-affineurs-expéditeurs a fait croître la demande, au point que ce sont aujourd’hui 214 communes sur trois départements, soit 550 000 ha de pacages d’où proviennent chaque année… 13 millions de petits crottins d’appellation chantant jusqu’aux extrémités de la terre les louanges de Chavignol. En vous plongeant dans ce savant opuscule, bien sûr vous saurez tout sur Chavignol, son sous-sol, sa flore et sa faune, mais de surcroît l’eau vous viendra à la bouche, surtout si vous sirotez en le lisant quelque bon vin blanc ou rouge produit en ce petit paradis. Ce sont des potions magiques qui délient l’esprit et ouvrent le cœur. Que large soit votre soif ! Jean-Robert Pitte, de l’Institut
5 préface
pâte dense et immaculée qui sont faits pour s’entendre comme larrons en foire avec le vin blanc. C’est un trait marquant de la gastronomie ligérienne : s’harmonisent aussi à merveille le valençay blanc avec le fromage pyramidal du même nom ou le vouvray et le montlouis avec le sainte-maure.
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Aux origines de Chavignol Si l’on ne peut se fonder sur la probable étymologie gauloise de Chavignol pour dater de cette époque les origines du village, son existence est semble-t-il attestée dès l’Antiquité tardive, dans la Prose de Saint-Romble de l’église de Suryen-Vaux (Antiqua Prosa ecclesiæ Suriacenæ) et la Sixième Lecture (Lectio VI) de l’histoire de saint Romble du Bréviaire de Saint-Satur, au temps où Ægidius était commandant en chef (magister militum per Gallias) de l’armée de l’empereur romain d’Occident Majorien en Gaule (les Antiquæ lectiones breviarii Sancti Satyri, qui se fondent sur une tradition figée aux Xe-XIe siècle,
sont reproduites, bien qu’altérées, dans le Breviario Bituricensi de 1734 puis dans les Acta Sanctorum, Novembre I, col. 278a-279f). En 463, avec l’aide de son auxiliaire Childéric, père de Clovis, le général Ægidius, qui parvenait à maintenir la légitimité romaine sur une enclave entre la Loire et la Somme, remporta une importante victoire contre les Wisigoths près d’Orléans. Une partie des envahisseurs se réfugièrent à la ville Gordaine (castrum Gordonis, l’actuelle Saint-Satur) sous le commandement du frère de Théodoric II, Frédéric. Ægidius s’empara de la place, qui
Vendanges dans les Monts Damnés (photographie de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle).
Hic Romulus qui Cavilonensem Incendio liberavit urbem, Hic Romulus signo crucis flammam Qui extinguit.
Statue en bois de Saint-Romble (XIIIe s.) conservée en l’église romane Saint-Pierreet-Saint-Paul de Subligny (XIe s.). Sa légende indique qu’il éteignit un incendie à Chavignol par la vertu d’un signe de la croix.
fut livrée au pillage, et emprisonna les habitants. L’historicité de l’événement ne fait guère de doute. La Chronique de Marius d’Avenches rapporte également cette campagne d’Ægidius contre des Wisigoths, de même que Grégoire de Tours (Histoires, 11, 18), la Chronique d’Hydatius et la Chronica Gallica de 511 (638). La Lectio VI de Saint Romble indique que le saint tenta alors de fléchir par ses larmes Ægidius, et obtint la libération des prisonniers et la restitution du butin. Le saint, ayant regagné le monastère Saint-
Le nom Cavilone doit être rapproché de Campinoliae Liberae (1129, A.D. 18-13 h 88, abbaye Saint-Satur) ou Cavinolium (1178, A.D. 18-1 G, archevêché de Bourges). Le récit du voyage à Rome (qui devait faire écho à des privilèges revendiqués ou menacés) inséré maladroitement au début de la Lectio VI et vraisemblablement interpolé, comme le laisse entendre la Prose de Saint Romble, pourrait être plus tardif. Dans ce cas, l’incendie est peut-être à mettre en rapport avec la campagne militaire d’Ægidius en 463, sujet de la Lectio V. L’origine bretonne de Saint-Romble alléguée dans le Lectio IV pourrait s’éclairer dans le contexte des alliances militaires qui unissent Bretons et Gallo-romains dans la lutte contre les Goths. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, le dossier hagiographique relatif à saint Romble, malgré toutes les difficultés qu’il soulève, offre de précieuses indications sur la géographie de cette portion du territoire des Bituriges au moment de sa christianisation.
13 Aux origines de Chavignol
Pierre, qu’il avait, selon la même tradition, établi à Subligny, parvint ensuite à étendre un incendie à Chavignol en faisant un signe de croix, monasterium repetens, incendium Cavillone signo crucis exstinxit. Un couplet de la Prose chantée à Suryen-Vaux le rappelait :
Occupation des sols de Chavignol en 1824 (section A de la commune de Sancerre)
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Type d’occupation des sols vigne terre labourable terrain planté ou cultivé ouche terrain vague pâture chenevière bois verger jardin, parc pré friche pierrier étang, mare maison / bâtiment ou cour chemin zone non renseignée
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Cette carte de l’occupation des sols de Chavignol, établie à partir des données du cadastre napoléonien montre que la viticulture était déjà omniprésente sur tous les coteaux du village. L’extrême morcellement de la trame cadastrale, déjà marqué à cette époque, s’est encore accentué, avec le partage des propriétés que les notables possédaient dans le village, avant que celles-ci ne soient vendues à des vignerons sancerrois.
Source : Cadastre actuel ® IGN, nature de culture ® Centre Des Finances Publiques de Bourges Réalisation : V. Turczi 2014 Orléans
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Le pliosaure de la Côte d’Amigny Lors de la plantation d’une vigne dans les marnes kimméridgiennes de la Côte d’Amigny, une vertèbre isolée d’une taille importante (avec un centrum allongé et des faces articulaires d’une largeur supérieure à 140 mm) a été découverte. La présence de deux foramens nourriciers ventraux est un caractère diagnostique de l’ordre des Plesiosauria (de Blainville, 1835). La forme plus ou moins cylindrique du centrum (bien que montrant une constriction) et les surfaces articulaires très faiblement concaves, sont par ailleurs cohérentes avec un sauroptérygien (Owen, 1860). Les faces latérales ne montrent aucun signe d’une articulation avec une côte ou d’un processus transverse. Il s’agit donc d’une vertèbre dorsale avec des foramens ventraux bien visibles latéralement sur le centrum. La forme des vertèbres dorsales est très semblable chez les deux super-familles de l’ordre des Plesiosauria, les Plesiosauroidea et les Pliosauroidea (Welles, 1944). Traditionnellement, on distingue les plésiosaures, dotés d’une petite tête et un très
long cou, des pliosaures, qui eux possédaient une grosse tête, avec une mâchoire massive et un cou ramassé (selon les dernières études, leur évolution semble néanmoins plus complexe). Cependant, la répartition stratigraphique des grandes familles de plésiosauridés et les dimensions de cette vertèbre conduisent à privilégier la famille des Pliosauridae (Seeley, 1874). Il est assuré, si l’on considère les dimensions de la face articulaire antérieure du centrum ainsi que la longueur ventrale de la vertèbre (environ 110 mm), malgré son abrasion qui a découvert l’os spongieux interne, que cet animal avait des dimensions importantes. Il peut être rapporté au clade Thalassophonea au sein de la famille
Vertèbre dorsale découverte (vue ventrale).
Reconstitution d’un squelette d’un pliosaure du Jurassique supérieur (par B. Newman et L. B. Tarlo), et localisation hypothétique de la vertèbre découverte (son état ne permet pas de proposer un emplacement exact).
des Pliosauridae (du grec thalassa, la mer et phoneus, le meurtrier) récemment défini par Roger Benson et Patrick Druckenmiller (Benson et Druckenmiller 2014, qui s’interrogent par ailleurs sur la pertinence d’un clade des Pliosauroidea). Les spécimens de pliosaures les plus grands de la fin du Jurassique ont en effet des vertèbres dorsales d’une taille comparable : les centra du Pliosaurus cf. kevani (holotype CAMSM J.35990, dont la longueur estimée est comprise entre 12 et 17 m) ont une longueur de 100 à 121 mm, tandis que ceux de Pliosaurus funkei (holotype PMO 214.135) ont des centra mesurant de 97 à 116 mm en moyenne. Celui-ci, plus connu sous le nom de Predator X, dont la longueur est aujourd’hui estimée à 12-13 m, n’a que deux vertèbres dorsales d’une taille supérieure, avec des centra de 135 et 142 mm de long (Benson et al. 2013). Enfin, ce qui semble être la première dorsale du monstre d’Aramberri retrouvé au Mexique (longueur estimée entre 12 et 15 m) mesure 105 mm de long. Toute identification à un niveau taxinomique inférieur serait pour le moment téméraire (Benson et al. 2013 montrent d’ailleurs qu’il est difficile de distinguer les grands pliosaures des formations du kimméridgien : « Lack of phylogenetic resolution within Pliosaurus and the incomplete nature of many specimens makes it difficult to understand the evolution of Late Jurassic pliosaurids »). Il est naturellement difficile d’estimer la longueur totale de notre Pliosauridé à
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Pliosaure attaquant un plésiosaure (reconstitution).
partir d’une vertèbre isolée. Si l’on compare les dimensions de cette vertèbre dorsale à celles de Pliosauridés contemporains du Kimméridgien, le monstre de la Côte d’Amigny atteignait et dépassait probablement les 8 mètres, ce qui en fait le reptile marin le plus grand recensé en région Centre-Val de Loire (le muséum d’histoire naturelle de Bourges conserve un squelette contemporain de plésiosaure d’une longueur de 4 m). La forte abrasion de la surface de l’os, qui a perdu une grande partie de son cortex, et les parties endommagées et/ou manquantes, indiquent un transport post mortem de la vertèbre de ce reptile marin. Les pliosaures, macroprédateurs à sang chaud (endothermes), étaient capables d’une nage rapide sur de longues distances en mer. Il m’est agréable de remercier Éric Buffetaut (CNRS/ENS), Jean-Paul Billon-Bruyat (paléontologie A16) et Jérémy Anquetin (Jurassica Museum) pour leur aide et leur expertise.
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La mosaïque des terroirs du vignoble : les Monts Damnés L’itinéraire (5,1 km)
u Au cœur du village trônait autrefois un orme quatre fois centenaire, dont les branches ombrageaient toute la place et la fontaine. Atteint, comme beaucoup d’autres, de la graphiose, il fut abattu en 1985 sur décision préfectorale. Les méthodes prophylactiques préconisées (abattages) n’ont malheureusement pas eu les effets escomptés et les ormes, dans le Sancerrois, n’existent pratiquement
plus qu’à l’état arbustif. L’orme de Chavignol a sans doute été sacrifié pour rien… La tradition rattachait sa plantation à la fin des guerres de religion, qui ont si durement touché le Sancerrois, et le village de Chavignol en particulier. Rien ne permet cependant de le confirmer. Depuis la place centrale du village récemment rénovée, on peut
Croix du Graveron Crèvelieu
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1454. Plusieurs saulaies parfois associées aux vignes (une pièce de vigne et sauloye assise sur la fontaine dudit Petit Chaveneol, 1454 ; une pièce de pré auquel est la sauloye où il y a bien soixante testes de saules, 1454) sont par ailleurs mentionnées près de la fontaine du Petit Chavignol. Les saulaies fournissaient les perches nécessaires pour la fabrication des échalas. Les saules furent peu à peu remplacés par les robiniers après leur introduction au début du XVIIe siècle. v Les Monts Damnés, comme l’antique Clos de Beaujeu ou la Côte d’Amigny, constituent un remarquable exemple d’un terroir mosaïque où les vignerons, génération après génération, ont distingué des nuances d’expression en attribuant à chacune un nom bien particulier, en des temps où la vinification séparée des parcelles n’était non pas une règle mais une nécessité. Ces marnes kimméridgiennes, de teinte bleutée, blanchissent au soleil, et reçoivent localement le nom de terres blanches (ou grosses terres, quand elles sont humides et collantes). L’on y remarque la présence d’innombrables petites huîtres, Exogyra virgula (ou Nanogyra Striata), qui font aussi la fierté du vignoble chablisien. L’étymologie des Monts Damnés est difficile à établir, si l’on considère son évolution : Territorium quod dicitur Montdampni (abbaye de Saint-Satur, 1252), vignoble de Mouldannay (abbaye de Chalivoy, 1449), cousteau et territoire de Mondannain (chapitre
25 les Monts Damnés
observer les vestiges de la chapelle Saint-Étienne, dernier témoignage tangible des liens unissant le chapitre cathédral de Bourges et le vignoble de Chavignol. En suivant la direction de Sancerre, prendre à gauche la Sauloie (une pièce de vigne assise à la Saulloy, 1539 ; la Sauloye, 1609), ruelle qui, traversant les Monts Damnés, unit Chavignol et Verdigny. Le nom de ce sentier est probablement à mettre en rapport avec des saulaies proches : on retrouve ainsi mention des sauloyes de Johan Pèlerin et de Simon Sauget jouxtant le village, au-dessous des Vignes blanches dans le terrier de
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Orchidée sauvage (Orchis bouc) au bord de la Sauloye, en Monts Damnés.
en particulier d’observer les strates les plus récentes du Kimméridgien supérieur. Au Nord, le front de la cuesta du Pays-Fort qui domine le Sancerrois est modelé dans les calcaires durs du Tithonien (calcaires sublithographiques). Poursuivre le chemin jusqu’à la route qui mène de Chavignol à Menetou-Ratel. | Le secteur situé au bas du chemin portait le nom de vignoble de Colleau (Colleau, 1454 ; Couleau, 1539 ; Colleau, 1669). Cette distinction était justifiée par la nature des sols de ce quartier, assis sur les calcaires du Tithonien, distincts du reste des Monts Damnés (marnes kimméridgiennes). Le vignoble de Colleau était lui-même divisé en plusieurs quartiers de vignes (Le Grand
Colleau, 1553 ; La terre Dumeslier, 1351 ; La Vigne du Meislier, 1454 ; La Vigne Meslée, 1669 ; La Vigne des Tournebœufs, 1454). Le nom de Colleau est malheureusement aujourd’hui tombé en désuétude, supplanté par celui des Monts Damnés. Dominant le fond du vallon, au nord-ouest, où serpente la route qui mène à Sury-en-Vaux et Menetou-Ratel, et attenante aux Monts Damnés, on peut observer la Côte du Graveron (Terra de Graveron, 1230 ; le vignoble du Graveron, autrement le Mont Danné, 1518, abbaye Saint-Sulpice de Bourges), au sommet de laquelle, à 293 m d’altitude, on peut bénéficier de l’un des points de vue les plus réputés sur l’ensemble du Sancerrois, doté par ailleurs d’une table d’orientation. Prendre à gauche puis à nouveau à gauche pour regagner le flanc du coteau. Au niveau des Vacherons, tourner à gauche pour emprunter le chemin qui domine la Comtesse. } Le vignoble des Vacherons (vigne appelée Vacheron, 1308 ; vignoble des Vacherons, 1539), où l’on distinguait, au XIIIe siècle, dans les registres du comte de Sancerre, les vignes du Grand et du Petit Vacheron, formait un quartier de vigne particulier. ~ Le chemin offre ensuite une belle vue sur les Vignes blanches et les vignes de la Comtesse, qui portaient, avant la Révolution, le nom de Vignes blanches en référence au terroir particulier du lieu. On rejoint enfin le chemin de la Sauloie.
Alors qu’il faut attendre la fin du XVIe siècle pour voir s’amorcer, en Bourgogne, le mouvement de singularisation et d’individualisation des parcelles en fonction de la qualité des vins et des propriétés des lieux, contemporain de l’émergence de la notion de climat viticole, à Sancerre, et plus particulièrement à Chavignol, la différenciation des terroirs et des vins semble la règle au moins depuis le XVe siècle, avec une nomenclature complexe de microtoponymes, à deux ou trois entrées (ainsi la Griffone, en Cheneaux, Crèveliou/Crèvelieu dans
les Monts Damnés, le Quartier Busard ou Buisart [1454] au Pertuis de Verdigny, ou la Vigne Vieille en Crèveliou) dans les limites du seul vignoble de Chavignol. Dans ce village, on trouve mention de l’emploi de la notion de climat dès 1482 (climat de Bois Raffins). Les premiers climats bourguignons n’apparaissent dans les sources qu’un siècle plus tard, en 1584 (climats du clos de ChamptBerthin, chapitre de Saint-Mamet de Langres). Dans le parcellaire actuel, une grande partie des noms de lieux, très souvent d’origine médiévale, sont relatifs ou propres à la vigne et à sa culture. D’autres toponymes se rapportent à des opérations de déboisement au cours du Moyen Âge, comme Bois
Raymond Besse, « Matin brumeux à Chavignol », vue de la Sauloie en mars 1943, huile sur panneau, collection particulière.
31 les Monts Damnés
La construction et la singularisation des terroirs
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Microtoponymes du vignoble de Chavignol (2).
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La biodiversité fonctionnelle au vignoble : les Cheneaux L’itinéraire (3,8 km)
Depuis la place du village, prendre la rue des Boins qui part vers l’ouest u. Cette rue, qui mène à Chavignolet, garde le souvenir d’une famille qui n’a aujourd’hui plus de descendants dans le village, la famille Boin. Un acte de 1576 évoque déjà le carroy des Boins et les propriétés de la famille dans cette rue. Autrefois le ruisseau de la Colette (la Coulette, 1672), qui prend sa source au fond du vallon, coulait
au milieu de la rue pour alimenter la place et ses abreuvoirs. En 1747, un orage d’une violence inouïe s’abattit sur le village, provoquant de grands dégâts et faisant plusieurs victimes, notamment dans la rue des Boins. v Le lavoir du village, qui a bénéficié d’une restauration, se trouve au bout de la rue. Il fut construit en 1886 sur un terrain offert par la famille Chenu et était alimenté par le ruisseau de la
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Colette. Poursuivre le chemin jusqu’au fond du vallon. Les Chavignolais ont implanté là, au bord de la Colette, leurs jardins et vergers. w Là se trouvait jadis le village de Chavignolet, qui donnait son nom au vignoble environnant (Chavenolhet, 1351 ; le village de Chavignollet, 1530 ; le vignoble du Petit Chaveniollet, 1547 ; le vignoble de Chavignolet, 1660 ; le vignoble de Chavignollet, 1677 ; Chavignolet, 1824). Le village portait également le nom de « Petit Chavignol » (le Petit Chavenyo, 1440 ; le Petit Cheveneaul, 1461 ; le Petit Chaveneo, 1467 ; villaige du Petit Chaveneol,
Le chemin qui domine le coteau des Cheneaux offre de belles perspectives sur le village et le reste du vignoble.
1531). Le chapitre de l’église de SaintPierre-le-Puillier y posséda le Clos Morin. Une légende tenace voudrait que s’y trouvent également les ruines d’un prieuré, dont rien, cependant, n’atteste l’existence. Au fond du vallon s’étendait le vignoble de Dessous le Bois (Dessous le boys de Messieurs, 1454 ; Soubz les boys, 1539), qui comprenait plusieurs quartiers, notamment les « Trois Rois » (ou les « Beaux-Rois », en Bauroy, 1553). La confrérie du Corps de Dieu fondée en la chapelle de Chavignol y possédait une vigne. Au croisement, prendre le chemin qui part à gauche, puis, au croisement suivant, à 30 m, prendre à nouveau à gauche. x En marchant vers Sancerre, on longe là le coteau des Cheneaux (Chinet, 1236 ; le vignoble de Chenet, 1454 ; le vignoble
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Vigne enherbée (les Gardes) dans le Cul de Beaujeu.
immédiats de la mécanisation, qui ont transformé les paysages ruraux français. Le vignoble sancerrois a pleinement pris part à la mutation de l’agriculture, passant en deux décennies d’une économie rurale traditionnelle à un système d’exploitation intensif. Les remembrements apparaissaient indispensables pour le développement économique du vignoble. On trouve ainsi, dans un numéro du bulletin de l’Organisation internationale de la vigne et du vin de 1950, ce constat : « Ce vignoble est extrêmement morcelé, il comprend des
milliers de parcelles de quelques ares et le remembrement apparaît absolument nécessaire pour assurer le maintien du vignoble dans de meilleures conditions économiques d’exploitation » (Bulletin international du vin, 23, 1950, p. 11). Ces opérations ont souvent eu des conséquences désastreuses pour l’environnement et les populations : érosion, ruissellements, inondations. Entre 1985 et 2009, on dénombre 19 arrêtés de catastrophe naturelle dans le Sancerrois. De coûteux aménagements hydrauliques et des bassins d’orages ont peu à peu été mis en place. La généralisation de pratiques vertueuses comme le travail des sols d’une part, qui permet d’augmenter la teneur en matière organique, l’activité biologique de surface et freine l’érosion, et, d’autre part, l’entretien d’un couvert végétal dans les secteurs qui l’autorisent, permettra plus sûrement, à l’avenir, d’éloigner de tels fléaux.
Perriers dominant le climat des Longues Fins, au début du XXe siècle.
les Cheneaux
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Un verger au pied des Cou d’Brault perpétuant une tradition remontant au Moyen Âge.
Les fonds de vallée Les plaines étroites qui jouxtaient les villages étaient consacrées aux potagers (pommes de terre, légumes) et aux vergers, avec des pruniers, des pommiers, des poiriers, des abricotiers, et, introduits au XVIIIe siècle, les pêchers. On relève également la présence de figuiers et de mûriers. Les fruits des vergers de Saint-Satur étaient réputés, « parce que cet endroit, écrit Vincent Poupard, situé au pied de la montagne et à l’abri du nord, réunit, comme dans un foyer, la chaleur du soleil ». À Ménétréol et Thauvenay, les haricots donnaient lieu au début du XXe siècle, à un petit commerce. Au-delà de la périphérie des villages, les céréales et plantes fourragères occupaient les espaces impropres à la culture de la vigne (ainsi le vallon de la Colette). Le long des chemins ou au milieu des champs, ormes et noyers ponctuaient le paysage. Ces cultures sont aujourd’hui peu à peu chassées par le développement du bâti, des zones commerciales et pavillonnaires et la construction en dehors des villages de chais modernes adaptés aux nécessités de transport. Les fonds de vallée étaient, et sont encore, consacrés aux céréales et légumineuses. Les vignerons cultivaient du blé, qui leur servait à confectionner leur pain, et l’avoine pour leurs chevaux.
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La Côte d’Amigny et les pelouses sèches des Luneaux L’itinéraire (4 km)
Depuis le centre du village, prendre la route qui monte en direction du Sud-ouest. Au croisement des chemins qui mènent à Chavignol, Amigny, Chavignolet et Sancerre se trouve le carrefour (carroi) de l’Ardillère, qui donnait également son nom aux vignes voisines (aux Mardillez, 1454 ; les Ardillères, 1539). u Formé sur le mot ardille (argile ou terre grasse en ancien français), ce microtoponyme renvoie à la nature très argileuse des marnes kimméridgiennes à cet endroit. Une argile bleue relativement pure y était prélevée pour différents usages (poterie, terre battue, chaumes). Sur ce terrain communal a récemment été installée la croix qui dominait la fontaine au centre du village, à l’ombre d’un orme pluricentenaire dont la tradition attribuait la plantation à Sully ou au roi Henri IV, avant que celui-ci ne soit arraché en 1984. Cette croix avait été offerte par deux femmes de vignerons chavignolais en 1891, en remplacement d’une antique croix de bois. Une autre croix existait par ailleurs au carroi des Ardillères, depuis le XVe siècle au plus tôt, et probablement antérieurement. Depuis la croix, prendre le chemin qui monte à droite vers les pelouses sèches des Luneaux qui dominent les villages de Chavignol et Amigny.
v À la gauche du chemin se trouve la côte d’Amigny (vignoblium de Costa de Amigni, 1521 ; La Couste d’Armigny, 1521). En bordure du chemin, on remarque quelques vestiges de perriers (perrois). Le vignoble de la Côte se démarque par une microtoponymie très riche. Comme dans les Monts Damnés et le Clos de Beaujeu, les vignerons en ont très tôt différencié les parcelles. Léopold Bonnin recense en particulier la Chigotte, la Mouniée,
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w L’espace Natura 2000 qui s’étend à droite du chemin constitue la plus grande pelouse relictuelle (née d’un entretien pluriséculaire lié à un débroussaillage et à un pâturage mis en place par l’homme du Sancerrois), avec une remarquable biodiversité floristique et faunistique. Celle-ci repose sur les dalles calcaires du Kimméridgien qui ont fait la notoriété des côtes de Chavignol. Très poreuses,
ces roches ne retiennent pas l’eau. Les plantes qui s’y développent doivent affronter des conditions quasi steppiques (chaleur, aridité, pauvreté en aliments nutritifs), et l’on observe sur ces pelouses relictuelles une végétation de type méditerranéen ou montagnard. Dans les Luneaux domine ainsi la seslérie bleuâtre (sesleria caerulea L. Arduin), que l’on retrouve par exemple dans le parc de la Vanoise. On y trouve aussi de nombreuses orchidées, devenues emblématiques de ces milieux. Un chemin tracé permet de pénétrer dans le secteur et de profiter de la vue panoramique sur le vallon de Chavignol. Les lépidoptérophiles (amateurs
Les Gaudes
La Picarde
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Les Luneaux
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L’Ardillère
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Le Cul de Pain
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La Fosse
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Champervier 1274
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Les Ducrotes
79 La Côte d’Amigny
la Migeonnette, la Tricotte, la Malette, la Tulippe, la Bonhomme, la Jannette, la Plante de la Ruette, les Seize hommes, la Desporteaux, la Loue, les Collinots et les Petits Quartiers.
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Les pelouses sèches au premier plan, vestiges d’un perrier au second plan.
Un trésor en sursis : les pelouses sèches calcicoles, réservoir de biodiversité faunistique et floristique menacé Selon les époques, les pâquis qui dominent les vignes ont parfois fortement régressé au profit de celles-ci, sans toutefois jamais disparaître, la législation du XIXe siècle relative à la fixation des sols et à la lutte torrentielle étant assise sur les ordonnances et édits promulgués à l’époque moderne qui encadraient défrichements et déboisements. Les pelouses sèches des Luneaux qui dominent et séparent les villages de Chavignol et Amigny ont été classées et figurent au nombre des espaces naturels préservés par le Conservatoire du Patrimoine Naturel de la Région Centre. On peut y observer des plantes méditerranéennes, rares
dans la région, comme le cardoncelle doux, petit chardon sans épine ou la laîche de Haller. On relèvera la présence de plantes qui appartenaient à la pharmacopée traditionnelle et qui offraient donc, à l’époque moderne, un revenu d’appoint pour les familles vigneronnes, ainsi la Germandrée petit-chêne (Teucrium chamedrys L.) de la famille des lamiacées, réputée excellente fébrifuge, l’Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria L.), qui possède des vertus vulnéraires et anti-inflammatoires ou le Panicaut des champs (Eryngium campestre L.), dont la racine passait pour diurétique et emménagogue. Ces pelouses sèches calcicoles furent utilisées, pendant des siècles comme parcours à chèvres. Mais les observations botaniques confirment que cette zone n’a pas toujours été abandonnée aux chèvres : la partie
La disparition progressive des chèvres, chassées par la monoculture de la vigne, plus rentable, a rapidement fait évoluer ce paysage (Gilbank 1987). Le centre et l’ouest de la zone protégée sont lentement envahis par des formations arbustives parfois denses. Cette couverture boisée n’existait pas au début du XXe siècle, quand les chèvres tondaient ronces et arbustes. On retrouve, dans les bois qui progressent au détriment des pelouses, l’ancienne végétation des haies, ou « bouchures » sancerroises (robiniers, églantiers,
Gardienne de chèvres, années 1950.
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Véronique petit-chêne.
les Plantes médicinales La pratique du provignage interdisait de véritables cultures intercalaires mais autorisait, à la périphérie des vignes, des modes originaux de polyculture, qui ont aujourd’hui complètement disparu. D’autre part, la richesse floristique des pelouses sèches autorisait le prélèvement et le commerce de plantes médicinales recherchées. Vincent Poupard, à la fin du XVIIIe siècle relève en particulier, sur les versants exposés au sud, une culture d’appoint à forte valeur ajoutée : les plantes vulnéraires et fébrifuges. Étaient cultivées la Bugle, la Sanicle, la Véronique, la Verge d’or, la Verveine, le Bec-de-grue, la Pulmonaire, le Sceau de Salomon, le Pied-de-chat, la Bétoine, la Pervenche, le Millepertuis ou la Valériane. Comme fébrifuges, il note la culture de la Petite centaurée, le Germandrée ou la Gentiane. Ces récoltes, aux étendues modestes, alimentaient les herboristeries et constituaient des revenus d’appoint non négligeables. Elles nécessitaient un savoir-faire particulier qui a disparu tandis que les préparations galéniques étaient peu à peu abandonnées.
La Côte d’Amigny
la plus plane du site a très probablement été cultivée dans le passé puis abandonnée, avant d’être recolonisée par la friche. Les terriers des XVe siècle mentionnent les prés qui jouxtaient les Chaulmes, au-dessus les coteaux de Chavignol. Des vestiges de terrasses de culture sont également visibles. Cette observation de terrain est confirmée par l’examen de photographies prises à la charnière des XIXe et XXe siècle où l’on voit clairement les surfaces plantées en vigne occuper un espace plus important qu’aujourd’hui.
Vue de Sancerre depuis la Côte d’Amigny. En toile de fond apparaissent les sommets des Monts du Morvan.
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Slow tourism à Chavignol
Le village de Chavignol est situé à 10 km de la sortie « aire des vignobles » sur l’A71, à 50 km de Bourges et 50 km de Nevers. En train, si la gare la plus proche est celle de Tracy (6 km), il est cependant conseillé de descendre à Cosne-sur-Loire ou à Bourges, mieux desservies. Des bus relient ces deux villes à Sancerre.
Sorties découvertes Nature 18, association départementale de protection et de préservation de la nature, mène de nombreuses actions pour protéger et faire connaître des sites remarquables comme les pelouses sèches des Luneaux, avec une programmation de sorties découvertes. Nature 18 16, rue Henri-Moissan 18 000 Bourges +33 (0)2 48 70 76 26 http://www.nature18.org/
Où manger Au P’tit Goûter Un bistrot pour les amoureux des bons produits, proposés selon la saison, avec une magnifique offre de vins. On y déguste les crottins de Romain Dubois, héritier d’une famille de cinq générations d’affineurs : les bleus, les secs, les crémeux, les repassés. +33 (0)2 48 54 01 66
Le bistrot des Damnés Un menu du jour et des produits régionaux à la carte. Un vigneron y est mis à l’honneur chaque semaine. Au mur, des photographies anciennes des vignerons du village. Ouvert le dimanche soir. +33 (0)2 48 54 01 72 http://www.montsdamnes.com/ La Côte des Monts Damnés Le restaurant gastronomique de Chavignol qui revisite heureusement la cuisine traditionnelle et régionale. Belle carte des vins. +33 (0)2 48 54 01 72 http://www.montsdamnes.com/ Où dormir La Côte des Monts damnés L’hôtel propose des chambres confortables et spacieuses pour une étape dans le vignoble. +33 (0)2 48 54 01 72 http://www.montsdamnes.com/ La Galerie Un agréable gîte est attenant à la galerie d’art contemporain Garnier-Delaporte (visite incontournable). Il peut accueillir 2 à 4 personnes et dispose d’une cuisine équipée. +33 (0)2 48 54 29 21 ou +33 (0)6 07 30 46 35 mail : gite@garnierdelaporte.com http://www.galerie.garnierdelaporte. com/
Préface de Jean-Robert Pitte, de l’Institut ....................................... 3 Avant-propos ...................................................................................... 7 La vigne en Sancerrois ....................................................................... 8 Aux origines de Chavignol, 12 – Chavignol en 1824, 14 – Vins, terroirs et paléoenvironnements : entre les royaumes téthysien et boréal, 16 – Le pliosaure de la Côte d’Amigny, 20 – Fossiles stratigraphiques, 23
Itinéraire 1 : La mosaïque des terroirs du vignoble : les Monts Damnés............................................................................ 24 L’itinéraire, 24 – Carte géologique du vignoble de Chavignol, 28 – La construction et la singularisation des terroirs, 30 – Carte des terroirs, 34 – La Comtesse, 39
Itinéraire 2 :La seigneurie de Chavignol et la vocation viticole du village : le Clos de Beaujeu .................. 44 L’itinéraire, 44 – Carte des terroirs, 50 – La seigneurie de Chavignol, 52 – Les limites de la dîme des vins de Chavignol, 55 – « Le sancerre bouqueté et le chavignol spirituel », 59 – La chapelle de Chavignol, 64
Itinéraire 3 : La biodiversité fonctionnelle au vignoble : les Cheneaux.............................................................. 68 L’itinéraire, 68 – un héritage de l’histoire : les zones écologiques réservoir, 76 – Les fonds de vallée, 76
Itinéraire 4 : La Côte d’Amigny et les pelouses sèches des Luneaux ................................................ 78 L’itinéraire, 78 – Un trésor en sursis, 84 – Les plantes médicinales, 85 – Les oiseaux du vignoble, 86 – La flore des Luneaux, 90
Itinéraire 5 : L’illusion d’un paysage immuable : du climat des Longues Fins à la Rue de Veaux ............................ 78 L’itinéraire, 94 – Les mutations du paysage sancerrois, 95 – Physionomie du vignoble chavignolais avant le phylloxéra, 99 – Les perrois, 103 – Noyers et ormes du Sancerrois, 104
Bibliographie indicative ................................................................ 108 Slow tourism à Chavignol ............................................................. 110
111 table des matières
table des matières
Thibaut Boulay
LE VIGNOBLE DE CHAVIGNOL
ISBN 978-2-86266-737-9
16 € 9 782862 667379
www.loubatieres.fr
Cinq itinéraires pour parcourir les célèbres coteaux viticoles de Chavignol et ses grands terroirs, les Monts Damnés, l’antique Clos de Beaujeu ou la Côte d’Amigny, faire un voyage dans le temps et mieux apprécier l’importance de la diversité des milieux naturels pour une viticulture durable. À chaque pas on découvre ainsi : - Un héritage géologique qui a offert aux vignerons des terroirs exceptionnels : la diversité des affleurements ouvre une fenêtre remarquable sur les derniers temps du Jurassique, quand le Sancerrois était recouvert d’une mer tropicale. - Un paysage viticole remarquable, épargné par les remembrements, avec un cadastre extrêmement morcelé conservant la mémoire de siècles d’organisation agraire. - L’histoire des grands terroirs de Chavignol, que les hommes se sont attachés à différencier dès avant le xiiie siècle. - Des trésors floristiques et faunistiques de premier ordre, dissimulés en particulier dans les pelouses sèches calcicoles qui dominent le village.