Thalie au théâtre by Éditions Loubatières

THALIE AU THÉÂTRE suivi de

PETITES ET GRANDES HISTOIRES DE THÉÂTRE Loubatières

THALIE AU THÉÂTRE Aujourd’hui, Madame Bovay, notre professeure de français, nous emmène visiter le théâtre de la ville.

La scène est éclairée. Plusieurs personnes s’affairent sur le plateau [2] à monter un décor. Je suis tellement fascinée par ce que je vois, que je me laisse tomber sur un fauteuil pour observer leur travail. Sur une échelle, le régisseur lumière pose des gélatines [3] sur les projecteurs [4], elles serviront à donner des effets à la lumière et à créer l’atmosphère du spectacle. En me retournant, j’aperçois la régie [5]. Ici aussi, on travaille d’arrachepied. Le régisseur son cale les musiques, les bruitages et autres sons qui habilleront le jeu des comédiens. Le scénographe donne ses dernières indications pour l’implantation du décor. C’est lui qui l’a imaginé. Les décorateurs l’ont construit. On sent que la tension est présente mais chaque technicien travaille avec précision. Leur travail est essentiel au bon déroulement de la représentation.

[2] Le plateau : la scène. [3] Gélatines : feuilles de plastique de couleurs différentes qui filtrent la lumière. [4] Projecteurs : grosses lampes qui projettent la lumière sur la scène. [5] La régie : pupitre depuis lequel les régisseurs commandent le son, la lumière et la vidéo.

Nous devons toutefois quitter le plateau. Les comédiens sont prêts pour un dernier filage [25]. Nous sortons de la salle à regret pour rejoindre notre classe dans le hall. La visite est terminée. Cécile nous salue de la main et espère nous revoir au théâtre ! Tu peux être rassurée Cécile, nous reviendrons ! Comme spectateurs [26] et aussi, peut-être, comme artistes ! [25] Un filage : répétition dans les mêmes conditions que devant un public. [26] Les spectateurs : personnes qui assistent à un spectacle vivant.

Les répliques utilisées dans cette improvisation sont librement inspirées de pièces connues du répertoire classique ou contemporain : Roméo et Juliette, Hamlet (William Shakespeare), Ma Solange, Promenades (Noëlle Renaude), L’Amour médecin (Molière), Cyrano de Bergerac (Edmond Rostand).

l’Antiquité le théâtre au Moyen Âge la Renaissance

les XVIIe et XVIIIe siè

le XIXe siè

PETITES ET GRANDES HISTOIRES DE THÉÂTRE

ècles

ècle le XXe siècle les XXe et XXIe siècles 27

la Renaissance

les XVIIe et XVIIIe siècles

Au XVIIe siècle le théâtre français s’est illustré par trois noms célèbres : Corneille et Racine, qui se sont consacrés essentiellement à la tragédie, et Molière, qui s’est voué principalement à la comédie. Le théâtre classique répond à un ensemble de règles inspirées du théâtre antique. La plus connue est la règle des trois unités. Par respect de la vraisemblance et de la morale, on ne doit pas choquer le spectateur. La violence et l’intimité physique sont exclues de la scène. La guerre et la mort doivent être rapportées aux spectateurs sous forme de récits. Le suicide de Phèdre ou la folie d’Oreste dans Andromaque, chez Racine, sont des exceptions célèbres. Pierre Corneille (1606-1684). Auteur baroque de plus de quinze tragédies et d’une dizaine de comédies. Il est le créateur d’un théâtre civique. Jean Racine (1639-1699). Auteur de douze tragédies et d’une comédie, c’est le plus attaché aux règles des trois unités. Il s’inspire principalement de la mythologie grecque. C’est le plus classique et ses alexandrins sont les plus connus. Les trois unités : – unité d’action : l’intérêt doit être concentré sur un seul fait ou sur une seule crise morale ; – unité de lieu : un seul lieu, donc un seul décor, neutre ; le plus souvent une antichambre de palais ; – unité de temps : toute l’action se déroule en 24 heures.

les XXe et XXIe siĂ¨cles

Comment représenter l’homme et le monde ? « Rien ne sera plus comme avant » Après la Seconde Guerre mondiale, après l’horreur de l’extermination industrielle de l’homme et l’apparition de la bombe atomique, le monde change radicalement. Comment représenter l’homme face au monde ? On ne peut plus parler de la raison, des passions, des devoirs de la même façon. Apparaît alors un questionnement profond sur l’avenir de l’homme et le théâtre l’interroge. Dès les années 1950, Samuel Beckett perturbe la représentation avec En attendant Godot. Il n’y a plus d’action, ni véritablement de personnages tels qu’on les connaissait. Seule subsiste l’attente absurde d’une vie autre, de la Vie. Au début du XXIe siècle, Romeo Castellucci propose même la disparition de l’homme de la scène avec un spectacle de musique, de machinerie et de lumière sans acteur. Mais cette fin du XXe siècle est aussi l’avènement d’écritures scéniques nouvelles. La danse et les arts plastiques mêlent de plus en plus des langages différents ainsi que l’image et la vidéo. Bob Wilson, innovateur de cette forme des arts frères, y mêle souvent la musique ou l’opéra. L’espace du théâtre change, souvent pour emmener le spectateur dans des espaces singuliers en dehors du théâtre, friches industrielles, installations plastiques… Les spectateurs sont quelquefois en bifrontal ou quadri-frontal, voire dans la scénographie même ou deviennent acteurs d’une partie du mouvement théâtral. C’est l’apogée des écritures de plateau qui donnent un théâtre immédiat, parfois immersif avec l’apport des nouvelles technologies.

Depuis les années 1950 et jusqu’à aujourd’hui, le théâtre s’organise autour de personnalités marquantes comme Bertolt Brecht avec le Berliner Ensemble en Allemagne ou le Living Theatre américain animé par Judith Malina et Julian Beck. Ils ont développé un théâtre engagé et de nouvelles démarches de travail. L’Odin Teatret d’Eugenio Barba au Danemark, le Théâtre du Soleil en France dirigé par Ariane Mnouchkine, continuent un théâtre populaire exigeant.Avec leurs troupes, ils ont touché des générations d’acteurs et de spectateurs. Les méthodes de création ne cessent de se renouveler : adaptation foraine des grands classiques au Footsbarn Théâtre dans l’Allier, recherche permanente sur les écritures et formes contemporaines hors des théâtres du Groupe Merci à Toulouse, travail particulier du tg STAN flamand qui traduit lui-même les textes et travaille essentiellement à la table… Les formes ne cessent d’évoluer et la vitalité des jeunes collectifs en France comme ailleurs témoigne du bouillonnement créatif d’un théâtre contemporain revendiquant des pratiques de création plus que jamais collectives.

Bi-frontal : installation de deux gradins de spectateurs face à face, les acteurs jouant dans l’espace qui les sépare. Quadri-frontal : installation de quatre gradins de spectateurs, les acteurs jouant comme en arène.

LES MÉTIERS DU THÉÂTRE

Tous les métiers évoqués dans ces pages sont exercés aussi bien par des femmes que par des hommes, c’est pourquoi nous passerons indifféremment du masculin au féminin.

Le directeur d’une compagnie théâtrale, bien souvent metteur en scène, choisit une pièce de théâtre écrite par un auteur dramatique. Il se peut aussi qu’il crée un spectacle avec une équipe artistique. Pour « monter » une pièce de théâtre, la metteuse en scène distribue des rôles aux comédiennes et aux comédiens (ou actrices et acteurs). Elle travaille avec le scénographe qui lui suggère des espaces scéniques. Le choix de la scénographie arrêtée, la scénographe fait appel à des décorateurs. On retrouve tous les corps de métiers de la construction pour réaliser la scénographie dans des matériaux légers et démontables, afin d’emmener le décor pour les tournées du spectacle. Ils sont peintre, tapissier, menuisier, ébéniste, ferronnier, etc. Elle demande à l’accessoiriste de réaliser ou de trouver les accessoires de la pièce. Le metteur en scène fait aussi appel à une costumière qui s’adjoint une couturière, un perruquier, un maquilleur, etc., pour habiller les actrices et les acteurs dans leurs rôles. D’autres métiers sont nécessaires à la réalisation du spectacle. Chorégraphe pour les parties dansées, compositeur pour les compositions originales de musique, maître de chant, marionnettiste, etc., peuvent intervenir sur d’autres besoins. Avant de répéter sur scène, la metteuse en scène, accompagnée du dramaturge et des acteurs, fait un travail à la table. Ce sont des lectures et des analyses de la pièce commentées afin d’appréhender le plus justement le texte et le sens de la pièce. Ces dramaturges apportent des conseils ou des renseignements sur le mode de jeu, la situation, ou tout autre aspect nécessaire à la compréhension de la pièce de l’auteur dramatique. 55

VOCABULAIRE ET SUPERSTITIONS Au théâtre, il y a de drôles de termes et des superstitions bizarres ! Les Grecs étaient de grands marins et ils se servaient de la technique de la marine pour faire des effets d’apparition et avec des grandes voiles des effets de lumière. C’est grâce à des systèmes de poulies qu’ils pouvaient déplacer d’énormes charges. Il existe depuis toujours des similitudes entre marine et théâtre. Pour aller à droite ou à gauche, un marin va à « tribord » ou à « bâbord », un acteur à « cour » ou à « jardin ». Le grill qui tient les cintres où l’on équipe les projecteurs et les décors sont manœuvrés par des guindes et des fils, et des systèmes de poulies et de contrepoids. Aujourd’hui, ces dispositifs sont actionnés par des moteurs électriques, mais on parle toujours

de guindes et de fils et non de cordes, car sur les bateaux, parler de corde annonçait une pendaison ! Pour plusieurs raisons, il vaut mieux éviter de siffler sur scène et dans les coulisses. Cette superstition, liée encore et toujours aux marins, vient des régisseurs de théâtre qui utilisaient le sifflement pour le changement de décors. Un acteur sifflant pouvait semer le trouble dans le bon déroulement technique du spectacle. À moins qu’il ne s’agisse de cette légende qui prétend qu’en sifflant sur un bateau, on provoque le mauvais temps ou on appelle le diable. Toujours à l’instar du monde marin, on ne prononce jamais le mot lapin. Il est considéré comme un nuisible rongeant le matériel aussi bien dans un théâtre que sur un bateau.

TABLE DES MATIÈRES Présentation … 3 Avant-propos … 5 Thalie au théâtre … 6 Petites et grandes histoires de théâtre … 26 l’Antiquité … 28 le théâtre au Moyen Âge … 32 la Renaissance … 36 les XVIIe et XVIIIe siècles … 40 le XIXe siècle … 44 le XXe siècle … 46 Jean Vilar … 48 les XXe et XXIe siècles … 50 Les métiers du théâtre … 54 Vocabulaire et superstitions … 58

LES AUTEURS Pascal Papini est acteur, metteur en scène et pédagogue. Directeur de compagnie, il a dirigé successivement le Conservatoire de théâtre d’Avignon, le Centre dramatique de l’Océan Indien, puis le Conservatoire de Théâtre de Toulouse. Sandrine Dignan travaille pour les services culturels de Toulouse Métropole, elle est auteur de contes pour enfants et comédienne amateur David Ramuscello est comédien et artiste-peintre. Julie Guétrot est responsable de la médiation et du développement des publics au Théâtre Sorano à Toulouse.

Remerciements à Caroline Bertran-Hours et Daniel-Jacques Hanivel.

conte de Sandrine Dignan illustrations de David Ramuscello avec la participation de Julie Guétrot

Nous parlerons aussi des métiers du spectacle, des superstitions et des termes spécifiques au théâtre. Notre désir est de vous proposer une entrée dans le théâtre et toutes les informations que vous trouverez dans ce livre devront être complétées par vos propres recherches. Les auteurs de ce livre vous souhaitent un bon voyage.

ISBN 978-2-86266-744-7

7€

9 782862 667447

www.loubatieres.fr

textes de Pascal Papini

Cette histoire est un voyage dans le théâtre, vous y découvrirez Thalie et Jules qui s’aventurent dans les coulisses du théâtre pendant une visite organisée pour leur classe. Nous vous proposons ensuite d’appréhender quelques grands moments du théâtre européen depuis les Grecs jusqu’à nos jours.