« Ces femmes ne savent pas leur beauté » – Photographies de femmes Afrique, Algérie, Antilles…

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« Ces femmes ne savent pas leur beauté » Photographies de femmes Afrique . Algérie . Antilles . Indochine . Madagascar . Océanie 1892 ~1962

Collection Histoires d’outre-mer Archives nationales d’outre-mer Loubatières


sommaire

Avertissement ............................................................................................................ 6 Introduction ............................................................................................................... 7 Femmes d’Afrique ................................................................................................... 13 Femmes d’Algérie ................................................................................................... 45 Femmes des Antilles et de Polynésie ................................................................... 71 Femmes d’Indochine .............................................................................................. 81 Femmes de Madagascar ........................................................................................ 111 Bibliographie sélective ........................................................................................ 143


Archives nationales d’outre-mer

« Ces

femmes ne savent pas leur beauté » Photographies de femmes Afrique • Algérie • Antilles Indochine • Madagascar • Océanie 1892-1962

Isabelle Dion

Collection Histoires d’outre-mer Archives nationales d’outre-mer Loubatières


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« Ces femmes ne savent pas leur beauté  »

[Jeune femme]. Côte française des Somalis. 1922. Tirage argentique. Anonyme 28. FR ANOM 8Fi343/45. Tous droits réservés. 28.  Cette photographie a été prise en 1922 par un photographe de l’entourage de Charles Michel-Côte, président du conseil d’administration de la Compagnie du chemin de fer franco-éthiopien qui relie Djibouti à Addis-Abeba.


Femmes d’Afrique

Femme issa de la région de Gobaad. Côte française des Somalis. 1930-1950. Tirage argentique collé sur carton. Anonyme. FR ANOM 30Fi102/47. Tous droits réservés.

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Femmes d’Afrique

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Page de gauche. Femme de la région de Gao. Mali. 1956. Tirage argentique collé sur carton. Photographie d’Henri Leroux 31. FR ANOM 30Fi17/44. Tous droits réservés. Ci-contre. Femme baya et son enfant. 1905-1907. Tirage argentique. Photographie d’Eugène Brussaux ou d’Étienne Muston 32. FR ANOM 8Fi347/49. Tous droits réservés.

31. Henri Leroux (1921-?) était administrateur de la France d’outre-mer. 32. Eugène Brussaux et Étienne Muston faisaient partie de la mission de délimitation des frontières entre le Congo et le Cameroun (1905-1906) dite mission Moll. Le premier était magistrat, le second délégué du ministère de l’Instruction publique et de la Société de géographie de Paris.


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Femmes d’Algérie

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e choix des photographies pour l’Algérie s’est avéré compliqué. Dans un pays où la femme ne se montre pas et ne se dévoile pas, il n’y a pas de portraits spontanés. Et souvent les seules photographies dont on dispose sont celles de prostituées ou de danseuses. Les légendes qui accompagnent ces photographies sont toujours les mêmes : mauresque, berbère, Ouled Naïls, juive… Les lieux sont rarement identifiables et la mise en scène est la plupart du temps artificielle. Pour le xxe siècle, le choix s’est porté sur des photographies de femmes algériennes, réfugiées à la frontière tunisienne, prises par Dominique Darbois lors d’un reportage sur la vie des maquis et des camps d’entraînement du FLN 54. « Cependant parmi ces mauresques, de beauté au-dessous de la moyenne, ou presque laides, une Kabyle, à l’éclat saisissant, ressortait comme un lys sur sa tige au milieu des chardons. Elle avait un port altier et souple, des bras majestueux comme des yatagans, des bandeaux de cheveux fauves qui encadraient un visage aux longs yeux bleus, d’un bleu foncé, changeant, sous les cils frisés, d’un bleu de vagues où se mouvait un point d’or 55. » « Alors, deux Oulad-Naïl se lèvent, vont se placer aux extrémités de l’espace laissé libre entre les bancs et elles se mettent à danser. Leur danse est une marche douce que rythme un coup de talon faisant sonner les anneaux des pieds. À chacun de ces coups, le corps entier fléchit dans une sorte de boiterie méthodique ; et leurs mains, élevées et tendues à la hauteur de l’œil, se retournent doucement à chaque retour du sautillement, avec une vive trépidation, une secousse rapide des doigts. La face un peu tournée, rigide, impassible, figée, demeure étonnamment immobile, une face de sphinx, tandis que le regard oblique reste tendu sur les ondulations de la main, comme fasciné par ce mouvement doux, que coupe sans cesse la brusque convulsion des doigts 56. »

54.  Dominique Darbois (1925-2014) a donné aux ANOM ses photographies sur la guerre d’Algérie en 2011. 55. Bugéja, Marie, Dans la tiédeur de la tente, Alger, 1933. 56. Maupassant, Guy de, Au soleil, Paris, 1884.

[Jeune fille]. Plaque de verre négative. [s. d.]. Anonyme. FR ANOM 14Fi240. Tous droits réservés.


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« Ces femmes ne savent pas leur beauté  »

[Réfugiée algérienne et son enfant]. 1960. Tirage argentique. FR ANOM 125Fi2. Tous droits réservés / Photographie de Dominique Darbois.


Femmes d’Algérie

[Réfugiée algérienne]. 1960. Tirage argentique. FR ANOM 125Fi2. Tous droits réservés / Photographie de Dominique Darbois.

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Femmes des Antilles et de Polynésie

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es photographies de femmes de ces territoires sont quasiment absentes des collections des ANOM. Elles sont inexistantes pour la Réunion et Saint-Pierre et Miquelon. Les rares portraits du xixe siècle sont très figés. Ce qui retient l’attention, ce sont les costumes, les coiffures et une certaine nonchalance dans la pose. Pour la Polynésie, les ANOM conservent des plaques de verre d’Henri Lemasson, ancien receveur des Postes à Papeete de 1895 à 1904. « C’était certainement la plus belle capresse de l’arrondissement. Son teint était d’un rouge profond, mais clair ; tous ses traits avaient une douce et vague beauté ; un je-ne-sais-quoi, surtout de profil, faisait songer au visage indéfinissable du Sphinx. Ses cheveux, bien que bouclés comme une toison noire, étaient longs et assez beaux. De plus, elle était gracieuse et très grande […]. C’était bien une de ces silhouettes que les Martiniquais montraient orgueilleusement aux étrangers 67. » « Voici Terii Farani en tapa blanche, couronnée de grandes fleurs blanches, le nez légèrement busqué, d’une courbe fière, les yeux battant, la bouche fine et belle et de belle cambrure qui se décide à donner l’exemple. Les pieds marquent vivement de tout petits pas. Les hanches ondulent sous le torse immuablement immobile. Les bras ondulent, se balancent ; les mains, parfois, vibrent 68. »

67. Lafcadio Hearn, Youma Roman martiniquais, Paris, 1937. 68.  Segalen, Victor, Journal des îles, Papeete, 1978.

Créole. Martinique. 1889. Épreuve sur papier albuminé. Photographie de Gaston Fabre. FR ANOM 8Fi71/34. Tous droits réservés.


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« Ces femmes ne savent pas leur beauté  » Jeune guadeloupéenne. 1929-1936. Tirage argentique collé sur carton. Photographie de David-Paul Zerbib 69. FR ANOM 30Fi53/34. Tous droits réservés.

Jeunes filles fabriquant des paniers. Martinique. 1902-1907. Aristotype. Photographie de Camille Lecamus. FR ANOM 8Fi73/34. Tous droits réservés.

69.  David-Paul Zerbib (1898-après 1959) a été en poste en Guadeloupe de 1929 à 1936. Il est secrétaire général de la France d’outre-mer en 1954.


Femmes des Antilles et de PolynĂŠsie

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Femmes d’Indochine

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es photographies choisies pour l’Indochine française sont plus récentes que pour l’Afrique car ce sont les villes et les monuments comme Angkor qui ont d’abord intéressé les photographes. Ici l’attention se porte davantage sur le costume, si particulier selon les populations, sur les bijoux. Les photographies de l’Agence économique de la France d’outre-mer montrent souvent les conditions de vie difficiles. « Nous avons eu souvent pour piroguiers de gentilles “Pou-Sao” (jeune fille en langue lao). Leur chignon élevé, ceinturé d’un ruban clair, leur taille serrée dans une robe multicolore aux couleurs voyantes mais artistement nuancées, leurs épaules voilées, plus pudiquement que celles de leurs congénères du Laos, par un veston peu ajusté, d’étoffe légère, tout chez elles dénote un goût réel. La femme Thaï est artiste en tout et se pare d’un rien. Rien n’est plus gracieux ni plus gracieusement porté que son costume. Rien n’est simplement coquet autant que sa parure. Le plus souvent, ce sera une simple fleur piquée derrière l’oreille ou à la place de la boucle que sa pauvreté lui interdit 74. »

74. Malglaive, Joseph de, Mission Pavie Indochine, 1879-1895 : géographie et voyages. Voyages au centre de l’Annam et du Laos et dans les régions sauvages de l’est de l’Indochine, Paris, 1902. 75.  René Tétart (ou Têtart), chef du service cinéphotographique de l’Indochine, a été chargé par Albert Sarraut en 1916, en compagnie de deux autres photographes, de « prises de vue photographiques et cinématographiques relatives aux ressources économiques, à l’ethnographie des populations et aux questions se rattachant à la meilleure connaissance du pays et de ses ressources ». Il reste en poste jusqu’en 1926.

Femme annamite. Hué. Annam. 1919-1926. Tirage argentique collé sur carton. Photographie de René Tétart 75. FR ANOM 30Fi115/68. Tous droits réservés.


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« Ces femmes ne savent pas leur beauté  »

Ci-contre. [Danseuse cambodgienne avant maquillage]. Angkor. 1919-1926. Photographie de René Tétart. Tirage argentique collé sur carton. FR ANOM 31Fi/K8. Tous droits réservés. Page de droite. [Danseuse cambodgienne]. Angkor. 1919-1926. Photographie de René Tétart. Tirage argentique collé sur carton. FR ANOM 31Fi/K8. Tous droits réservés.

« Tous les sentiments humains sont exprimés par les actrices cambodgiennes avec une vérité, une précision, une simplicité plastique remarquables. Si la physionomie de la mime reste grave et impassible, tout son corps souple et exercé, ses mains qui se figent ou s’envolent en cadence, extériorisent et matérialisent les préoccupations, les émotions, les tristesses et les joies de son âme qu’emplissent les paroles merveilleuses des chanteuses. » « Selon les rites, l’actrice s’est recouverte entièrement de blanc afin de se rendre plus inhumaine, plus impénétrable ; afin d’être d’une matière infiniment pure, un vase d’élection, une petite vague virginale de cette mer de lait où la légende l’a fait naître. Elle est blanche parce que le blanc est la traduction de l’invisible, du divin, du sans tache, de l’immatériel et de la sérénité 87. » 87. Groslier, George, Danseuses cambodgiennes anciennes et modernes : texte et dessins, Paris, 1965.


Femmes d’Indochine

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« Ces femmes ne savent pas leur beauté  »

Femme betsileo. Ambodirano. 1896-1905. Tirage argentique ancien baryté. FR ANOM 44PA139/41. Tous droits réservés.


Femmes de Madagascar

Femme tanala portant son enfant. 1949. Tirage argentique. Photographie de Robert Lisan 106. FR ANOM 30Fi96/63. Tous droits réservés. 106.  Voir note 96 p. 113.

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« Ces femmes ne savent pas leur beauté  »

[Jeune fille hova et sa mère]. 1909-1930. Plaque de verre stéréoscopique négative. Photographie d’Émile Pierre. FR ANOM 139Fi1460. Tous droits réservés.


Femmes de Madagascar

Jeunes filles antaimoro. 1957. Tirage argentique. FR ANOM 3Écol/133/7 107. Tous droits réservés.

107. Photographie extraite du mémoire de l’École coloniale de Pierre Urfer, Les Antaimoro d’hier et d’aujourd’hui, Paris, 1956-1957.

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Parmi plus de 140 000 photographies provenant des anciennes colonies et de l’Algérie, les Archives nationales d’outre-mer ont choisi de montrer quelques-unes d’entre elles consacrées aux femmes de ces pays lointains.

ISBN 978-2-86266-748-5

21 € 9 782862 667485

www.loubatieres.fr

Ce choix a été guidé par la fascination que ces femmes « d’ailleurs », jusque-là inconnues, ont exercée sur des voyageurs peu préparés à ce contact. Par ces clichés parvenus jusqu’à nous, ils nous restituent leurs émotions, leurs curiosités. Et le regard de ces femmes nous dérange autant qu’il nous subjugue.


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