Kountrass Ha Tefila Dissertation sur la prière Rabbi Chalom Dov Ber Schneersohn de Loubavitch Avant-propos La tradition ‘hassidique accorde une place fondamentale à la prière. Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler que nos maîtres l’ont qualifiée de “ colonne vertébrale d’un ‘Hassid ”, lui permettant de se maintenir et de conserver sa stature, dans le service de D.ieu. C’est elle, en effet, qui insuffle la force nécessaire pour ce service, tout au long de la journée. Elle assure ainsi l’élévation des accomplissements de la veille et, de la sorte, elle prépare ceux du jour même, leur conférant, grâce à une telle préparation, une tout autre dimension. Le Rabbi de Loubavitch, chef de notre génération, commenta, à maintes reprises, le thème de la prière, pour en souligner toute la valeur. Ainsi, pour ne citer que quelques-uns de ses propos, il explique, dans son discours du Chabbat Parchat Matot Masseï 5751 (1991), que : “ un Juif doit resplendir par son Chema Israël, par ses pensées, par ses paroles et par ses actions, de sorte que celui qui le voit prier, y compris de loin, soit, à son tour, conduit à réciter avec ferveur le Chema Israël et la prière ”. Dans le tome 1 de ses Rechimot, le Rabbi précise encore que : “ selon l’enseignement de la ‘Hassidout, la prière quotidienne a pour objectif d’introduire le Chabbat au sein de chaque journée de la vie d’un homme. C’est, en effet, par l’intermédiaire de la prière que le Chabbat a la force d’éclairer tous les jours de la semaine ”. Soulignant, tout particulièrement, l’effort de concentration qui est nécessaire, pendant la prière, afin que celle-ci exerce pleinement son effet, le Rabbi relate, dans le tome 16 de ses lettres, à la page 350, le récit suivant : “ Un ‘Hassid de l’Admour Hazaken, fondateur de la ‘Hassidout ‘Habad, était un riche commerçant et, de ce fait, devait établir un bilan annuel de ses affaires. Une fois, alors qu’il faisait ses comptes, il parvint à la ligne du résultat final et y inscrivit : ‘Il n’est nul autre que Lui’. On l’interrogea, à ce propos : pourquoi faire apparaître cette mention dans un document comptable ? Il répondit : ‘Au milieu de la prière, il m’arrive de penser à la foire de Leipzig. Dès lors, pourquoi serait-il surprenant de penser à l’unité du Créateur lorsque je me trouve à la foire ?’ ”. Bien évidemment, une telle conception de la prière prend un sens uniquement dans la mesure où l’on en connaît le contenu véritable et la portée. Au sein de la tradition ‘hassidique, un texte fait référence en la matière. Il s’agit du Kountrass Ha Tefila, “ dissertation sur la prière ”, qui fut rédigée par le Rabbi Rachab, Rabbi Chalom Dov Ber Schneersohn, père du précédent Rabbi, le Rabbi Rayats et cinquième Rabbi de ‘Habad. Ce texte définit la prière en des mots simples, en applique les termes à chacun, en fonction de sa propre situation, en propose une approche méthodique qui permet de la considérer sous un angle lui faisant totalement défaut, si l’on fait abstraction de la clarté ‘hassidique. Le Kountrass Ha Tefila fut édité en Tévet 5660 (1900) et diffusé parmi les ‘Hassidim en plusieurs milliers d’exemplaires manuscrits. Il fut imprimé, pour la première fois, en 5684 (1924) à Vilna. Par la suite, il parut une seconde fois, partiellement, dans les tomes 7 et 8 du périodique Ha Tamim, qui était, avant la seconde guerre mondiale, l’organe de la Yechiva Loubavitch de Varsovie. A cette seconde édition furent ajoutés des résumés de chaque chapitre, rédigés par Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, le Rabbi Rayats, précédent Rabbi de Loubavitch. Toutefois, la parution du Ha Tamim fut interrompue avec le déclenchement de la guerre. Le Kountrass Ha Tefila ne fut donc pas