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Editorial

Après moult péripéties, le Louvr’Boîte revient vers vous enveloppé d’un nuage de brume céleste. Le Père Noël a décidé de vous apporter un petit cadeau en avance : celui de votre journal préféré descendu tout droit des cieux étoilés. Cadeau idéal pour toute votre famille : vos grands-parents à qui vous manquez, vos oncles et tantes esseulés, vos parents qui aimeraient vous voir plus souvent, le Louvr’Boîte est là pour vous qui vous retrouvez au pied du mur la veille de Noël.

Sponsorisé par l’Olympe, le Louvr’Boîte vous propose une myriade d’articles qui vont vous faire voyager vers l’infini et l’au-delà. Embarquez dans notre fusée à destination des confins de l’univers. Faites une escale sur la planète Horoscope et profitez des constellations *sur votre droite, vous pouvez admirer Ursa Minor*. Si vous avez de la chance, vous pourrez peut-être apercevoir l’oiseau Jingwei… Installez-vous confortablement avec votre barre Milky Way (au cas où : « voie lactée ») en écoutant Stairway to heaven et préparez-vous à vous envoyer en l’air.

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Salomé Moulain, Ivane Payen et Morgane Vitcoq Aussi connues sous les noms de Jessie, James et Miaouss Et une fois de plus la Team Rocket s’envole vers d’autres cieuuuuuuuuux

Louvr’Boîte Dixième année N°48 0.50cts Directrice de publication : Salomé Moulain Rédactrice en chef : Ivane Payen Responsable communication : Morgane Vitcoq Relecture : Lise Thiérion Maquette : Louis Chantelat et Emma Capon

Couvertures : Anna Aubourg Ont contribué à ce numéro, dans l’ordre alphabétique : Ines Amrani, Anna Aubourg, Emma Capon, Louis Chantelat, Chloé-Alizée Clément, Rosalie Gillet, Laureen Gressé-Denois, Dorian Haudoin, Tyfenn Le Roux, Salomé Moulain, Ivane Payen, Déborah Philippe, Alexa Pinaud, Jeanne Spriet, Lise Thiérion, Raphaël Vaubourdolle, Morgane Vitcoq. Ecole du Louvre, Bureau des Elèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 Paris Cedex 01

louvrboite.fr Tel: +33 (0)1 42 96 58 13 Courriel : journaledl@gmail.com Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : @louvrboite Instagram : instagram.com/louvrboite

ISSN 1969-9611. Dépôt légal : Décembre 2018 Imprimé sur les presses de l’Ecole du Louvre (France). Sauf mention contraire, ©Louvr’Boîte et ses auteurs

Dessine-moi une constellation…

Chloé-Alizée Clément

En cette période grise et pluvieuse, on n’a souvent qu’une envie : rentrer et déguster un chocolat chaud sous sa couette devant un marathon Star Wars. Mais d’autres préfèrent partir à l’aventure le temps d’un soir (sans pour autant délaisser leur couette !) : les astronomes. L’un de mes plus grands regrets en faisant mes études à Paris est sa lumière, aussi merveilleuse soit-elle lorsqu’elle illumine à la tombée du jour les berges et les monuments ponctuant ça et là la Cité. Bien que j’apprécie ce spectacle, cette pollution lumineuse m’empêche d’observer en levant la tête un ciel qui foisonne d’étoiles. Pour réussir à contempler la nuit et ses milliers de lueurs, il me faut quitter la cité, quitter toute ville, quitter toute zone industrielle pour un lieu sans le moindre éclairage artificiel. Si l’on peut décider de partir sur un coup de tête, il faut tout de même un peu d’organisation pour passer une soirée réussie. Cela semble être une évidence, mais il faut impérativement consulter la météo. Comme suggéré précédemment, le mois de novembre est connu pour sa tendance à concurrencer le Déluge : or, un ciel couvert (voire pire : de la pluie!) risque de fortement compromettre vos projets. Pour observer les étoiles en hiver, il faudra savoir viser juste et saisir l’occasion sans hésitation lors d’une soirée claire. Deuxième préoccupation technique : le froid. Même en hiver, la lumière continue dans la journée à réchauffer l’air ambiant. Cependant, la tombée de la nuit anéantit bien vite ces efforts, quelle que soit la saison. Alors couvrez-vous de pulls, bonnets, écharpes, gants, cache-oreilles, duvets, chaussettes rembourrées, prenez ce pilou-pilou qui vous réchauffe habituellement devant un écran, bref, tout ce que vous pourrez trouver. Petit conseil 4

d’habituée : n’hésitez pas à emporter des thermos de thé ou café afin de réchauffer vos corps frileux, et de quoi vous sustenter (repas, sandwich, bonbons ou autre nourriture). Enfin, pour éviter tout risque de torticolis à force de rester tête penchée, visage en direction du ciel, votre ami n’est pas votre habituel tabouret de TDO mais une chaise longue que vous pourrez régler comme vous le souhaitez. N’oubliez pas non plus de vous munir de lampes torches, si possible badigeonnées d’un vernis à ongles foncé pour ne pas vous éblouir. Il faudra cependant laisser après chaque utilisation votre regard se réhabituer à l’ombre de la nuit afin d’optimiser vos observations.

Bien équipés ? Trouvons maintenant l’emplacement idéal pour partir à l’assaut des étoiles. Comme expliqué précédemment, ce lieu doit être éloigné au maximum 5

de toute source lumineuse, mais aussi être le plus dégagé possible pour observer l’univers visible dans son intégralité (ceci est un abus de langage, mais nous verrons cela plus tard), d’où mon engouement pour les champs tout à l’heure (dans lesquels vous pourrez aussi éventuellement courir pour vous réchauffer). Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à faire du repérage en plein jour.

Une fois votre petit campement installé, vous allez enfin pouvoir devenir de véritables petits Copernic. Sachez qu’observer un ciel étoilé s’apparente au décorticage d’une œuvre d’art : si l’esprit peut se satisfaire d’une simple contemplation, un guide nous indiquant les petits détails donne à voir le tableau autrement et à davantage s’extasier. De nos jours, de très bonnes applications sont conçues pour indiquer le dessin, le nom et même parfois l’histoire des constellations en

les pointant avec l’appareil photo de votre téléphone (Carte du Ciel, Sky view light pour ne citer qu’elles). Cependant, il est utile pour des raisons stratégiques (type batterie/ réseau) d’embarquer une carte du ciel format papier que l’on peut manipuler pour donner la position des étoiles en fonction de l’heure et du jour. Eh oui : la portion de l’univers visible change continuellement. Puisque la terre tourne sur ellemême, la position des étoiles évolue pendant la nuit. On peut le constater avec le temps, mais aussi en prenant en photo le ciel : il est assez complexe d’obtenir une photo nette sans réglage spécifique. De plus, la terre se déplace dans l’espace en réalisant sa révolution autour du soleil en 365 jours, donc la majeure partie des astres n’est visible que durant certaines périodes de l’année : leur horaire d’apparition avance d’environ deux heures chaque mois. Et je dirais même plus mon cher Watson : tout le monde ne voit pas le même ciel selon sa position sur Terre. Ainsi, dans l’hémisphère sud, les astronomes ont des repères différents et tracent des cartes distinctes de leurs homologues nordiques. Enfin, il est intéressant de se dire que, malgré les apparences, nous n’observons que peu d’étoiles. En effet, la nuit, notre regard se porte vers la périphérie de notre Voie Lactée qui est nettement moins peuplée d’astres qu’en son centre (#vivelabanlieue). Ils sont invisibles le jour à cause de la lumière du soleil, mais restent en réalité toujours tout autour de nous. D’ailleurs, n’oubliez pas : « Regarder loin », c’est regarder « tôt » », car la lumière provenant de ces minuscules points a parfois mis un temps considérable pour arriver jusqu’à nous, si bien que vous observez un ciel qui n’existe en réalité plus : la magie opère, vous remontez le temps…

Partons maintenant découvrir la beauté du ciel éclairé par la lumière diaphane de la Lune en ces débuts de nuit du mois de novembre. Certaines constellations nommées circumpolaires sont visibles toute l’année dans l’hémisphère nord. Et je vous le donne en mille, les célèbres Grande et Petite Ourses (Ursa Minor et Major pour les intimes) en font partie, avec la belle étoile polaire, Polaris. Il est ensuite assez facile de repérer dans le ciel leurs compagnes Cassiopée, Dragon, Céphé et Girafe, et de pouvoir ensuite se repérer en fonction de la période de l’année. Repérons tout d’abord notre amie la Grande Ourse : vous la trouverez en regardant l’horizon nord. C’est fait ? Maintenant dirigez légèrement votre regard vers sa petite sœur qui se trouve près du centre et de Céphé. Fun Fact : en automne, il est possible d’observer l’ensemble des acteurs du mythe d’Andromède avec Cassiopée, bien sûr, mais aussi sa fille visible près d’elle en orientant votre regard à l’est, son amant le valeureux Persée qui lui 6

fait suite, accompagné de son fidèle destrier Pégase face à l’horizon sud. Si vous avez la chance de réaliser votre observation stellaire durant une nuit très claire, vous pourrez observer la galaxie d’Andromède près de la forme de genou dessinée par la constellation (dommage que son crush la Voie Lactée ne soit visible qu’en été, elles ne se rejoindront que dans cinq milliards d’années…).

Lors de cette séance d’astronomie, vous n’étudiez pas uniquement des soleils lointains de centaines d’années-lumière, mais aussi d’autres mondes plus proches de nous. Après avoir repéré Pégase, descendez vers l’ho7

rizon sud : l’un des petits points lumineux en-dessous de la constellation du Verseau n’est autre que notre voisine la planète Mars. En tout début de nuit, Saturne est également visible un peu au-dessus de l’horizon sud-est, pas loin du Triangle d’Été encore visible, formé par les étincelantes Déneb, Véga de la Lyre et Altaïr de l’Aigle. Si lors de votre jeunesse vous avez reçu comme cadeau de Noël une petite lunette astronomique, n’hésitez pas à l ’emmener : ces objets n’ont beau pas être aussi puissants que les télescopes terrestres (ou célestes, RIP Képler snif), elles sont assez précises pour que vous puissiez, avec un peu de patience, distinguer les anneaux de la plus belle

et badass planète du système solaire (ceci est entièrement subjectif).

Revenons un peu en arrière pour observer la constellation star du mois de Novembre, Orion, en-dessous d’Andromède et de la clique vers l’horizon est. Là-bas se trouve, invisible pour nos yeux de petit humain, l’énorme Bételgeuse et la nébuleuse d’Orion où naissent un grand nombre de bébés étoiles. Fun Fact 2.0 : la constellation et un grand nombre de ses étoiles ont donné leur nom à des membres de la famille Black dans Harry Potter comme Bellatrix, et même Sirius qui se trouve, en sa qualité d’outsider, plus à l’est dans la constellation du Grand Chien, après le baudrier du valeureux guerrier. Finissons notre balade en beauté avec plus à l’est encore la belle étoile Aldébaran qui fait office d’introduction aux Pléiades, visibles plus tard dans la nuit. Enfin, à l’aube, vous pourrez toujours à l’Est observer Vénus pointer le bout de son nez après la constellation de la Vierge.

Le mois de novembre, s’il n’est pas toujours propice à la contemplation du ciel de par son temps, reste tout de même l’un des plus beaux moments astronomiques de l’année avec deux grandes pluies d’étoiles filantes : les Taurides le 12, suivies des Léonides le 17. Alors, petites poussières d’étoiles, sortez accomplir vos souhaits les plus chers en admirant les étoiles scintiller dans l’infinité de l’univers…

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