Magazine SPOT Grenoble - AUTOMNE 2020 / Grenoble renverse les codes de l'alimentation

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MAGAZINE

AUTOMNE

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mAgAZine grAtuit RETROUVEZ-NOUS AUSSI SUR WWW.SPOT-WEB.FR

AgglomérAtion grenobloise

Loisir, Tourisme, Nature, Écoresponsable +d ec on t

TOURISME URBAIN

Les jardins de chateaux

LES PARCS, C’EST BRANCHÉ

L’ASSIETTE DE DEMAIN GRAND FORMAT

LES ENJEUX DE L’ALIMENTATION

SLOW TIME

L’art au ralenti VISITES SLOW AU MUSÉE DE GRENOBLE

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2 SPOT / Automne 20


© Pierre Jayet

Le chêne de Pressembois à Venon (au-dessus de Gières) est labellisé Arbre remarquable de France et suivi et protégé par un projet de sauvegarde. Pierre Jayet, le photographe, fait partie de l’agence de photographes locaux Panoramalpes. Un livre de photos, consacré au massif de Belledonne, est en cours d’édition. Sa sortie est prévue avant les fêtes de fin d’année. Une idée de cadeau hautement recommandable vue la qualité et la beauté des photos. www.panoramalpes.com Automne 20 / SPOT 3



ÉDITO/SOMMAIRE

P.24

TEXTE : JÉRÉMY TRONC

P.14 P.10

n°180 RECONFINEZ -MOI !

Photo de Une : © pexels

Spot Grenoble

@Spotgrenoble

PROCHAIN NUMÉRO.

P.18 P.30

P.6 I EN BREF Une appli pour le street art grenoblois. Prizoners lance son escape box. Une nouvelle vie pour le palais du Parlement. P.8 I TEMPS FORTS Rencontres ciné-montagne. Mois de la photo. Festival du film nature et environnement. Festival du film de montagne d’Autrans... P.10 I CARNET D’ADRESSES Le bon label. Crème croquante. Karaoké box. File tes fringues. Le Comboire paysan.

© unsplash

Les étagères pleines de rouleaux de papier toilette et de paquets de pâtes, nous voilà prêts pour le reconfinement. Un mois au minimum, mais des collègues rigolards (ou moins optimistes) nous souhaitent déjà un joyeux Noël, en agitant la main comme lors d’un départ lointain au retour indéterminé. Le virus leur donnera-t-il raison ? La mauvaise nouvelle est tombée alors que nous bouclions notre nouvelle formule de Spot, avec sa maquette rafraîchie et son contenu un peu plus vert et écoresponsable que ce qu’il vous avait déjà habitué. Si vous lisez cet édito, c’est que nous avons tout de même réussi à le sortir, mais malheureusement pas comme nous le souhaitions. Il faudra se contenter de la version numérique. Le papier sera pour plus tard, quand les conditions sanitaires se seront améliorées. De notre côté nous nous engageons à vous fournir du contenu et des nouvelles via les réseaux sociaux, Facebook et Instagram, et notre site web. Car nous évoluons aussi de ce côté-là. Davantage de numérique, moins de papier, du contenu plus réactif et évolutif, ponctuel avec l’actualité grenobloise. Nous vous souhaitons une bonne lecture. N’hésitez pas à réagir sur les réseaux et à nous dire ce que vous pensez de cette nouvelle formule. Nos références sont inscrites sous cet édito.

P.28

P.14 I TOURISME URBAIN Parc du château de Sassenage : déclin et renaissance d’un jardin. P.18 I GRAND FORMAT Grenoble renverse les codes de l’alimentation. P.24 I SLOW TIME Visites slow au musée de Grenoble. Balade en Belledonne. P.26 I BOL D’AIR Belledonne : de cabane en refuge. P.30 I INTERVIEW Éric Lenoir, jardinier punk.

NEIGE VERTE ? L’or blanc est-il vraiment vert ?

HIVER 2021 N°181 Sortie le 20 janvier

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EN BREF

UNE APPLI POUR LE STREET ART GRENOBLOIS

©©Jérémy XXX Tronc

La fresque préférée de Donald Trump.

TEXTE : JÉRÉMY TRONC

VISITE / Près de 200 œuvres ont été réalisées dans les rues de la métropole depuis la création du Street Art Fest Grenoble-Alpes. Pour se retrouver dans cette vaste galerie à ciel ouvert, l’entreprise grenobloise Néovision a développé une appli disponible sous Android et iOS. Téléchargez l’application sur le site du festival (opération pas très intuitive) puis lancez-vous dans une visite avec un support numérique qui compile pour vous la totalité des informations disponibles sur les œuvres métropolitaines. Grâce à la technologie de reconnaissance d’image, chaque œuvre peut être scannée comme un QR code et vous livrera tous ses secrets : informations sur l’artiste, sur les œuvres, interviews, time lapse, et autres photos prises par drone ou du making-of.

PRIZONERS LANCE SON ESCAPE BOX…

TRAVAUX / Le palais du Parlement, c’est l’autre monument emblématique de Grenoble. Situé “place du Trib’” (place SaintAndré en vrai), il était en partie désaffecté depuis le départ de la Justice en 2004. Mais le département de l’Isère a adopté le vendredi 23 octobre un projet patrimonial, culturel et touristique avec la restauration et la réaffectation des espaces, comprenant entre autres l’installation du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, l’ouverture au public des salles historiques (décors exceptionnels des XVIe et XVIIe siècles), l’installation d’Isère attractivité et un projet porté par un promoteur privé sur les parties plus communes (35 logements et un local professionnel). Le promoteur prendra une partie des coûts à sa charge (11,52 M€), le coût restant pour le Département étant de 9,55 M€. Les travaux démarreront en février 2021.

© Milky

JEU / Face à un marché concurrentiel et en perte de vitesse, les enseignes d’escape game doivent imaginer de nouvelles propositions ludiques. Prizoners, basé à Gières, a lancé la sienne cet été : l’escape box. Un concentré de technologies, pas mises au point pour vous faciliter la vie mais pour vous la compliquer, dans la lignée des salles desquelles il faut s’évader en moins d’une heure. On retrouve d’ailleurs tous les ingrédients de la recette à succès : énigmes, recherches, manipulations, mécanismes, casse-tête. Destinée à se balader dans les zones à potentiel touristique afin d’enrichir les propositions faites aux vacanciers, l’escape box est tout de même accessible aux curieux dans les locaux de Prizoners, qui s’apprête également à lancer une nouvelle salle à la thématique très locale : les mines de charbon de La Mure. Casse-tête pour les gueules noires.

UNE NOUVELLE VIE POUR LE PALAIS DU PARLEMENT

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CAVES DE CHARTREUSE : DIVERSIFICATION ENVISAGÉE ²CONOMIE / les liqueurs chartreuses vont-elles renouer avec leur activité originale, à savoir l’herboristerie ? C’est un souhait émis par emmanuel Delafon, le PDg de l’entreprise, dans un contexte difficile et de plus en plus réglementé. les Chartreux pourraient ainsi reprendre l’activité qui faisait leur réputation au XViie siècle, dont l’élixir végétal de la grande Chartreuse, toujours en production. le marché des médecines naturelles est en plein essor et pourrait constituer une importante source de revenus.

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TRAVAUX / C’est en millions d’euros le montant estimé des travaux de rénovation des caves de la Chartreuse. les travaux, lancés au mois de septembre, vont durer encore 13 mois selon le calendrier prévisionnel. le chantier vise à métamorphoser complètement le site qui a abrité tous les éléments de production de la Chartreuse depuis la fin du XiXe siècle jusqu’à leur déménagement sur le site d’Aiguenoire en 2017 (commune d’entre-Deux-guiers). la boutique, ainsi que le parcours muséographique, restent à Voiron et sont donc en cours de modernisation avec la volonté de faire des caves de la Chartreuse un des sites touristiques emblématiques de la région. livraison prévue début 2022.

L’ISÈRE VEUT FAIRE DU BIEN LOISIR / À l’issue des rencontres de l’Attractivité de l’isère qui se sont déroulées le jeudi 22 octobre, le département s’est trouvé une vocation : faire du bien. organisé par l’agence isère attractivité, chargée de rendre plus attrayant notre département, l’événement proposait un après-midi de réflexion entre élus et professionnels autour du bien-être et de la santé, le nouveau positionnement de l’isère. Ce fut l’occasion de signer la convention de partenariat Chaire montagne Altitude et santé sur l’étude d’impact de la vie et des séjours en moyenne montagne sur la santé humaine. un partenariat conclu entre la Fondation université grenoble Alpes, le département de l’isère et isère Attractivité.


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spotgrenoble et d’autres personnes Joli coup d’oeil pour cette instagrameuse qui a su exploiter le contraste entre les couleurs automnales et la grisaille environnante. #spotgrenoble #grenoble #abbayedechalais

@Spotgrenoble Automne 20 / SPOT 7


TEMPS FORTS

Retrouvez Calimity Jane, un des meilleurs films d’animation jeune public de 2020, dans les festivals de cinéma jeune public.

© 2020 Maybe Movies - Nørlum 2 Minutes - France 3 Cinéma

TEXTE : JÉRÉMY TRONC

SORTIR UN JOUR... OU PAS !

La crise sanitaire terminée grâce à une gestion exemplaire de la covid, nous allons enfin pouvoir retrouver une activité normale et profiter des événements sportifs et culturels organisés dans l’agglomération... Ah, ce n’est pas vraiment le cas nous souffle-t-on. Alors croisons les doigts pour que ces quelques rendez-vous survivent à la deuxième vague.

NOVEMBRE RENCONTRES CINÉ-MONTAGNE Coup dur pour ces fameuses Rencontres ciné-montagne cette année. Comme beaucoup d’autres événements impactés par le virus pensez-vous. Certes. Mais les organisateurs qui avaient réussi à maintenir l’événement en dispatchant les soirées et le public dans plusieurs salles partenaires (à la place du Palais des sports) ont dû revoir une deuxième fois leur copie avec l’évolution covidienne. Il n’y aura donc pas de grand-messe et de communion autour d’une sélection de films d’hauteurs cette année. Mais les soirées seront diffusées gratuitement à 20h30 sur la chaîne de télévision TéléGrenoble (canal 38 de la TNT) et sur le site internet cine-montagne.com Il faudra alors vous contenter de votre canapé et d’un écran de télévision. Espérons que les deux soient de qualité pour profiter au mieux de la belle sélection de films. Regardons les choses positivement : pas de file d’attente pour se trouver une bière ou une part de tartiflette, ni de néomontagnards en déficit d’humilité. Ce plan C sera heureusement enrichi par des temps forts gratuits en cœur de ville avec notamment des moments d’échanges, de rencontres et des exposi-

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tions. On croise nos doigts de grimpeur. Les traditionnels plateaux avec les athlètes et réalisateurs seront enregistrés le matin et retransmis chaque soir, à la suite des films, complétés d’images exclusives fournies par les sportifs. Jusqu’au 7 novembre 2020 Dans son canapé / cine-montagne.com

présentées au public grenoblois, issues de photographes émergents et émérites. Conférences, rencontres-débats, projections, animations artistiques et pédagogiques agrémenteront cet événement. Jusqu’au 28 novembre www.maison-image.fr

MOIS DE LA PHOTO

À Bourg-Saint-Maurice, au pied des stations de ski parmi les plus prestigieuses de Savoie, le Winter film festival propose quatre jours de festivités autour des sports outdoor et de la glisse hivernale. C’est un public assez hétéroclite qui y participe, composé de passionnés de montagne comme de néophytes de tout âge. L’événement est un fin dosage de projections de films, enrichies de moments d’échange et de partage. Il organise aussi des animations et des ateliers pour petits et grands. Le volet conférences et masterclass est intéressant. On y cause sécurité en montagne, écologie ou encore réalisation de films. Le soir, l’ambiance est plus festive : DJ set et concerts permettent de vivre à l’avance l’ambiance des stations ! Du 5 au 8 novembre Bourg-Saint-Maurice (Savoie, tartiflette, tout ça) / www.winterfilmfest.com

Organisé par la Maison de l’Image de Grenoble, le mois de la photo explore jusqu’au 22 novembre le thème “mémoires”, au pluriel pour signifier les histoires individuelles et la grande Histoire collective « qui tissent aujourd’hui des paysages mémoriels complexes que les photographes contemporains apprécient d’explorer ». Le travail des deux photographes invitées est traversé par cette thématique. Aletheia Casey interroge la violence de la colonisation tasmanienne en Australie, son pays natal. Sa recherche visuelle se porte sur cette histoire, grande absente du discours historique dominant. Quant au projet de Miki Nitadori, il fait s’entremêler les images du passé aux souvenirs réellement vécus. Elle croise son histoire personnelle et celle d’une famille américano-japonaise représentée par des photographies découvertes dans une valise d’images laissée à Hawaï par celle-ci. En parallèle à cette exposition phare, d’autres séries photographiques seront

WINTER FILM FESTIVAL

FESTIVAL LIVRES À VOUS Lectures dans les gares, dans un bus ou lors d’un apéro rencontre : le festival Livres à vous n’est pas à cours d’idées originales pour faire se rencontrer les livres et le public. En 12 ans, la formule de Livres à vous n’a pas changé : chaque année, des invités d’honneur, représentant de la littérature jeunesse et adulte, s’entourent d’auteurs et d’artistes proches de leur univers littéraire. Il y aura trois auteurs à l’honneur cette année : Édouard Manceau, auteur et illustrateur de livres jeunesse, Judith Perrignon, journaliste, écrivain et essayiste, et Vincent Villeminot, journaliste reporter et auteur de romans jeunesse. Leur univers sera étudié et travaillé en amont du festival à l’occasion de lectures, d’ateliers d’écriture, d’expositions, en direction de tous les publics. L’événement explore ainsi tous les domaines artistiques (photographie, musique, danse, cinéma, arts plastiques, spectacle vivant…) au service des auteurs invités et de leurs livres. Du 19 au 22 novembre Pays voironnais / www.livresavous.fr

FESTIVAL DU FILM NATURE ET ENVIRONNEMENT Favoriser la prise de conscience écologique : voilà la raison d’être du Festival international du film nature et environnement organisé par la branche iséroise de


l’association France nature environnement (FNE38). Ce rendez-vous culturel et militant propose une sélection de films contemplatifs ou engagés à découvrir du 24 novembre au 6 décembre. L’association a la réputation d’être intransigeante face aux atteintes à l’environnement. Mais c’est oublié aussi toutes ses actions de sensibilisation auprès des enfants et des adultes pour faire connaître, aimer et respecter la nature. Deux volets d’actions à l’image du festival que l’association organise depuis 1976. Cette édition n’a pas perdu de son mordant pour dénoncer et défendre, ni de son penchant pour les beautés naturelles. La sélection de films joue sur les deux tableaux, avec, de plus en plus, des réalisations qui exhortent à agir. Du 24 novembre au 6 décembre www.festivalfilmfneisere.org

LIVRES EN MARCHES Rien à voir avec Macron et sa bande de nantis. Livres en Marches est « une parenthèse d’un week-end pour vivre des rencontres intenses : conférences, ateliers, dédicaces. C’est une effervescence d’idées et d’échanges avec des écrivains venus de France entière pour débattre, se questionner et interpeller les enjeux de transition sociétale et environnementale ». Voilà comment se positionne cette manifestation littéraire à la frontière de l’Isère et de la Savoie attirant plus de 10 000 visiteurs chaque année (selon les organisateurs). Trois « grands invités » marqueront de leur présence la manifestation : Hubert Reeves, Frédéric Lenoir et Étienne Klein (cousin éloigné de Calvin). Il faut noter le très riche programme d’animations destiné aux enfants de 3 à 12 ans, avec des lectures, des ateliers de dessin, des contes et des rencontres avec des dessinateurs et des illustrateurs. Enfin ne zappez pas la plus grande bourse aux livres d’occasion de France (toujours selon les organisateurs). Les 28 et 29 novembre Les Marches (Savoie) www.livresenmarches.com

FÊTE DE LA NOIX Grenoble sans la noix, c’est comme Dijon sans la moutarde, Fort Boyard sans le père Fouras, CNews sans délires racistes et propos réactionnaires. Inconcevable tellement chaque entité est liée à l’autre. C’est pourtant du côté de Vinay que l’on trouve le plus de noyers, et c’est à Vinay que chaque année se déroule la Fête de la noix. Elle a lieu fin novembre lorsque commencent les mondées. Ces veillées d’antan où l’on cassait les noix avaient une fonction de cohésion sociale importante. La Fête de la noix permet de retrouver un peu de cet esprit car producteurs, coopérateurs, commerçants, artisans, responsables de tourisme se retrouvent rassemblés sous la même bannière. Participer à la fête permet de rencontrer des producteurs de noix, de s’aligner dans un des concours de mondée pour se mesurer aux meilleurs, ou de concourir avec son gâteau ou son vin, à la noix bien entendu. Intronisations, chants et danses amendent également cet esprit d’autrefois. Les 28 et 29 novembre Vinay / www.vinay.fr

DÉCEMBRE FESTIVAL DU FILM DE MONTAGNE D’AUTRANS Le FIFMA, ou Festival international du film de montagne d’Autrans, est un des rendezvous culturels majeurs pour les aficionados de montagne, de cinéma, de grands espaces, d’aventures humaines et sportives. Cet évènement continue son chemin singulier et vous invite chaque année à Autrans pour découvrir une programmation unique. La sélection de films est très rigoureuse et exigeante. Autant dire que vous aurez droit au meilleur de la production mondiale. Des documentaires, des fictions et des films d’animation pour rassasier les plus gros appétits de films de montagne, auscultée sous les angles les plus divers qui soient et dans toute sa richesse. À découvrir dans l’obscurité d’une salle de projection, mais aussi lors de rencontres avec des réalisateurs, des écrivains, des alpinistes et des explorateurs, au fil d’expositions, ou lors de débats passionnés ou de rencontres littéraires. Thème retenu cette année : “voltes faces.” Du 3 au 6 décembre Autrans / https://festival-autrans.com/fr

FESTIVAL JEUNES BOBINES Voilà 33 ans que Lans-en-Vercors vit au rythme des projections de films jeune public entre Noël et Nouvel an. Des fêtes de fin d’année magiques pour petits et grands avec une sélection de films mettant l'enfant acteur (réel ou fictif) à l'honneur. Le festival compose une sélection de films en compétition, courts ou longs, du monde entier. En parallèle des séances, il propose pour enfants et famille des ateliers de pratique sur les coulisses ou la création des films, et des événements spéciaux comme des rencontres et des cérémonies d’ouverture et de fermeture. Jeunes Bobines compose aussi chaque année un « panorama » de films d’animation hors-compétition pour petits et grands. Du 25 au 30 décembre Lans-en-Vercors / www.lansenvercors.com

JANVIER

FESTIVAL INTERNATIONAL DE CIRQUE Après un intermède sous chapiteau à Voiron puis à Grenoble, le fameux festival international de cirque revient au Palais des sports de Grenoble pour sa 19e édition. Les deux pistes permettant d’enchaîner les numéros sans temps mort sont maintenues. Les amateurs d’animaux sauvages devront cependant se résoudre à les regarder dans un documentaire animalier ou sur le compte Facebook d’un gérant de supérette amateur de safari morbide. L’année dernière, Guy Chanal, l’organisateur, a en effet décidé de ne plus proposer de numéros avec ces bêtes. Les spectateurs pourront assister aux meilleurs numéros de cirque traditionnels ou contemporains, le tout animé par un orchestre vivant. Cette année, oubliez la voix un peu mièvre de Jean-Pierre Foucaud dans le rôle de M. Loyal. C’est Julien Courbet qui désormais cachetonne dans ce rôle. Du 14 au 17 janvier Palais des sports de Grenoble www.gcproductions.fr

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CARNET D’ADRESSES TEXTE : JÉRÉMY TRONC / CÉDRIC BLANC

Testé et complètement approuvé ! @cecilemmmm

LE BON LABEL CAF²-RESTAURANT / Avec l’ouverture du Bon Label, le quartier Championnet s’est enrichi d’un lieu de vie à l’éthique affirmée. Au menu : cafés d’excellence, plats locaux et de saison, sonorisation de haute-qualité et playlists faites maison (comme la cuisine). Le projet a mûri pendant trois ans entre Mick Bertrand, l’expert café, et son copain d’études Sylvain Bofelli. « Après quelques années dans l'électro-mécanique, on souhaitait se reconvertir, chacun de notre côté. Mais on a fini par s’arrêter sur ce projet commun qui réunissait deux de nos centres d’intérêt : moi le café et Sylvain la cuisine. On a mis au point le concept et on s’est aperçu qu’il allait nous manquer une personne pour faire tourner le café. » Par l’entremise de La Bonne Pioche, épicerie de produits locaux sans emballage à Grenoble, ils rencontrent il y a un an la troisième complice : Émilie Revol, elle aussi en phase de reconversion professionnelle. « En discutant avec Mick et Sylvain du projet, on s’est vite aperçu que nous partagions les mêmes valeurs et les mêmes envies. C’était une rencontre très heureuse. » Le trio ne voulait pas monter une affaire « juste pour gagner de l’argent » mais un projet porteur de sens et de valeurs. Pour Émilie, la cheffe cuistot, l’approvisionnement en filière courte et de saison était une évidence, et le plus possible en bio. Émilie propose une carte courte renouvelée tous les mois et un plat du jour qui change quotidiennement. En grande voyageuse, ses recettes vous emmènent faire le tour

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David demande le silence (il faut chercher dans l’arrièreLégende plan). © Jérémy Tronc © Copyright

du monde, de manière simple et généreuse. L’autre point fort du lieu, c’est le café, une passion que Mick développe depuis de nombreuses années. Les deux fournisseurs, Mokxa et Terra Kahwa, se chargent de livrer les crus d’excellence au Bon Label, et Mick, avec sa science approfondie du café et sa machine à pompe San Marco, vous livre le meilleur des breuvages. « La mouture, le grammage, le temps d’extraction, le réglage de la machine, tout compte pour faire un bon café. Et il faut tout ajuster selon le café que vous choisissez. Cela ne s’improvise pas », estime Mick qui propose cinq crus différents déclinés en de nombreuses spécialités : cappuccino, macchiato, cortado, mucaccino, etc… Au Bon Label, la musique tient également une place essentielle. La salle est équipée de six enceintes Cabasse haut de gamme et de mousses acoustiques pour garantir un son de qualité. « L’idée est de pouvoir diffuser des playlists qui nous ressemblent dans les meilleures conditions d’écoute possible, sans que la musique ne donne mal à la tête », précise Mick. Le soir l’établissement se transforme en bar où il est possible de déguster des bières et des spiritueux locaux accompagnés de planches salées et sucrées à partager. « Depuis notre réouverture, nous avançons plus que nous subissons. Et nous drainons une chouette clientèle sensible à notre démarche. C’est très enthousiasmant. »

• 39, rue Humbert II à Grenoble


CRÈME CROQUANTE

GLACIER / Lors des journées ensoleillées et chaudes, la file d’attente devant Crème croquante ne raccourcit pas. Le boucheà-oreille est très favorable à ce glacier qui confectionne dans son atelier sans doute les meilleures glaces à l’italienne de Grenoble. Fadila Ambrogini, la gérante, a appris le métier en Italie en 1983, auprès d’un glacier alors âgé de 80 ans. Un autre temps, mais une recette immuable et précieuse que Fadila n’a pas oubliée après quelque temps passé dans l’humanitaire et le social. « J’ai simplement dû m’adapter aux nouveaux appareils de cuisine. Mais j’ai tout de même commandé une turbine verticale pour travailler comme j’ai appris à l’époque. » Les sorbets et les crèmes glacées sont confectionnés à base de produits frais, bio et locaux, crème et œufs compris. La boutique propose un catalogue de 36 parfums mais seuls 12 sont vendus simultanément afin de respecter la saisonnalité des fruits. « Quand un enfant réclame de la glace à la fraise en hiver, je dois refuser mais je lui explique pourquoi », raconte Fadila. La saison étant terminée, les glaces partagent l’espace avec les gaufres maison, « croquantes à l’extérieur et fondantes à l’intérieur », et les chocolats italiens ou viennois. Un autre bon prétexte pour tester cette adresse.

• 4 rue Lazare-Carnot (Grenoble)

De toutes les manières, c’est la glace qu’elle préfère. © Jérémy Tronc


FILE TES FRINGUES

CARNET D’ADRESSE

TROC / Dans le quartier des antiquaires, la boutique File tes Fringues s’est lancée dans la mode circulaire, un système vertueux d’échange de fringues de seconde main. Dans la boutique sise 4 rue Voltaire à Grenoble, les dons affluent, le concept de File tes fringues séduit de plus en plus de Grenoblois. Il est simple : moyennant un abonnement, vous pouvez échanger vos habits contre d’autres de la boutique. Les différentes pièces sont transformées en étoiles qui vous permettent de récupérer de nouveaux habits, chaussures ou bijoux de seconde main. « Par exemple un pantalon vaut deux étoiles, un tee-shirt une étoile. Je ne fais pas de distinction entre marques de luxe et marques basiques afin que tous les publics puissent trouver leur compte dans ma boutique », explique Estelle de Carvalho, créatrice de l’enseigne. File tes fringues a d’abord existé sous la forme d’une association qui organisait des événements de troc de fringues. « C’était une manière de lutter contre la fastfashion et ses conséquences et de favoriser la mode circulaire. » L’engouement pour le concept a motivé Estelle à monter sa propre boutique. En plus de l’échange de vêtements, l’enseigne organise des ateliers pour apprendre à mieux consommer et à limiter son impact sur l’environnement. Les adhérents peuvent en outre partager une collation ou profiter de la boîte à livres. Une autre manière de concevoir le commerce.

• 4 rue Voltaire à Grenoble.

KARAOKÉ BOX

Le masque n’est pas à vendre ni à échanger. © Jérémy Tronc

C’ était quand même le feu @celia_laureti

FUN / Only the Brain… ce nom vous est familier ? Pas étonnant : depuis 2015, c’est sous cet intitulé cérébral que Thomas Masson et Loïc Salat exploitent un escape game (cinq salles) à Eybens. Leur offre ludique s’enrichit désormais d’une karaoké box. Leur idée : dépoussiérer la formule classique qui consiste à chanter devant tout le monde des standards périmés d’une voix souvent hésitante. Cette fois, on s’installe – en groupe d’au moins quatre personnes – pour deux heures environ, pour une expérience décomplexée réservée à sa bande de potes (et/ou à sa famille, si elle l’ose) ! Après l’inauguration du concept en juillet dernier avec une première salle, cinq autres espaces devraient voir le jour d’ici la fin de cette année. Only the Brain promet de mettre à la disposition des chanteurs d’un jour un catalogue riche de plus de 40 000 références. Pourquoi est-ce si différent d’ailleurs ? Pour Thomas et Loïc, c’est aussi parce que le côté privatif de la formule permet d’éviter toute attente avant de récupérer le micro ! Les jeunes patrons espèrent du coup convaincre une clientèle d’entreprises. Un team building en mode Céline Dion et Jean-Jacques Goldman ? Il faut reconnaître qu’à Spot, on n’a pas encore essayé…

• 1, rue Lazare-Carnot à Eybens

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L a vi en ch e c’est plu s © On antant. marrant ly the Brain


100% produits locaux © Jérémy Tronc

Thème : “Consommer local et responsable” Retrouvez régulièrement d’ autres articles sur spot-web.fr

LE COMBOIRE PAYSAN

MAGASIN / Le Comboire Paysan a ouvert ses portes depuis le 20 octobre à l’Espace Comboire d’Echirolles. Ce magasin de 90 mètres carrés propose une belle gamme de productions locales : fruits et légumes, viande de porc et de bœuf, volailles, fromages, vin, escargots, miel et produits transformés en conserves tels que plats cuisinés ou confitures. L’ensemble des productions du département est représenté à travers 13 producteurs tous installés dans l’Isère, à part le vin du Bugey. Le Comboire Paysan compte en plus de ses adhérents des vendeurs en dépôt pour des produits annexes tels que pain, œufs, farine, bière ou encore truite ou foie gras. Cette nouvelle adresse permet de rencontrer les producteurs, avec l’assurance de se fournir en produits frais de qualité. L’activité est assurée par deux salariés et la présence au minimum d’un adhérent en permanence pour répondre à la demande des clients. « C’est la condition sine qua non quand on se définit comme un magasin de producteurs. Dès le premier week-end d’ouverture, à trois c’était dur de faire face à l’affluence !, explique Vincent Reboud, producteur associé, éleveur de porcs à la ferme du Revollet à Vatilieu. L’objectif premier c’est de vivre de nos produits et de limiter les intermédiaires qui rognent nos marges. » L’idée de ce nouveau lieu de vente a germé dans la tête d’agriculteurs locaux qui en passant à proximité de la zone commerciale d’Échirolles jugeaient ce lieu idéal pour y implanter un magasin de producteurs. C’est ainsi qu’est né le projet, accompagné par la chambre d’agriculture de l’Isère, qui a nécessité deux ans pour se concrétiser. « Il fallait tout d’abord monter un groupe et apprendre à se connaître. Parmi les 13 agriculteurs, certains sont en bio mais pas tous. Nous axons notre communication avant tout sur l’aspect local et la vente directe », poursuit Vincent Reboud, Les producteurs adhérents à la SARL ne se connaissaient pas auparavant et ce projet leur a permis de se rencontrer et de visiter leurs fermes respectives afin de mieux découvrir le travail et les productions de chacun. Le Comboire Paysan, ouvert sans interruption de 9h30 à 19h du mardi au samedi, espère attirer la clientèle du bassin grenoblois jusqu’à Vizille, l’Oisans et Voreppe. Tous les producteurs associés ont déjà l’habitude d’écouler leurs produits directement à la ferme ou sur les marchés locaux et comptent bien continuer à être présents sur ces lieux de vente.

T EST EZ ET DIT ES-NOUS

•13 rue des montagnes de Lans à Échirolles (espace Comboire). Automne 20 / SPOT 13


TOURISME URBAIN TEXTE : JÉRÉMY TRONC

DÉCLIN ET RENAISSANCE D’UN JARDIN PARC DU CHÂTEAU DE SASSENAGE

© Jérémy Tronc

© Jérémy Tronc

L’arbre s’exprime de manière libre et sauvage.

dans la seconde partie du XXe siècle, le jardin du château de Sassenage souffre des assauts du temps. des travaux de restauration, engagés de 2015 à 2019, lui ont redonné de sa superbe. ils ont offert quelques belles surprises aux deux architectes chargés du chantier, notamment la découverte de ruines gallo-romaines oubliées et celle d’un pionnier de la photographie de jardins.

Q

uand on arpente les allées du parc du château de Sassenage, aucun signe, aucune trace ne révèle la réalisation récente de travaux. Pas de tranchés, pas de blessure dans le paysage, pas de parcelle de terre fraîche où quelques jeunes pousses de gazon peinent à verdir le paysage. La nature a repris pleinement ses droits comme on dit, un peu surveillée par l’Homme tout de même, mais on est loin du jardin classique dans lequel l’arbre est contenu. Ici, il peut s’exprimer de manière libre et sauvage. C’est une des caractéristiques de ce parc, représentatif de l’art des jardins en Dauphiné. Il est empreint de trois styles majeurs : le jardin à la française du XVIIe siècle avec ses perfections formelles, le jardin anglo-chinois de la fin du

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XVIIIe siècle avec son désordre apparent et ses micro-univers, et le parc paysager des années 1850, boisé et clôturé. C’est lors de cette dernière période que le parc commence son lent déclin : « Disparition partielle des cheminements, comblement des rivières et canaux, envahissement par la végétation spontanée, déplacement des boisements ou encore chutes d’arbres dues aux tempêtes à répétition. Les qualités propres à chacune des trois phases d’aménagement du parc – à la française, anglo-chinois et paysager – tendent à s’effacer, provoquant des difficultés à lire son épaisseur historique et artistique », apprend-t-on dans le livre de Jérémie Curt et de Jérémy Dupanloup, les deux architectes en charge des travaux de 2015 à

2019. Cet état des lieux a été réalisé en préambule du chantier et justifiait la restauration d’envergure lancée par la Fondation de France, à qui la dernière marquise du château, Pierrette-Elisa de Bérenger, a légué le château et une partie de sa fortune avant de mourir, en 1971.

RECHERCHE DANS LES ARCHIVES…

Avant de commencer les travaux, les deux architectes et maîtres d’œuvre se plongent naturellement dans les archives du château afin de déterminer un état de référence, c’est à dire l’aspect du parc que l’on cherche à reconstituer. « On connaissait très peu de choses sur le jardin, raconte Jérémy Dupanloup, spécialiste de l’étude et de la restauration des jardins anciens. Avec Jérémie Curt,


« CET EnsEmblE, ConsErvé au ChâTEau, ConsTiTuE un fonds d’arChivEs EXCEpTionnEl pour l’éTudE dE la TransformaTion dEs jardins au miliEu du XiXe sièClE. »

© Jérémy Tronc

nous avons enchaîné une série d’études sur place dans les archives familiales mais aussi dans les archives nationales et départementales. Nous cherchions des documents sur les différents travaux qui ont été réalisés. Des commandes, des devis, des factures et des courriers. » Des cartes postales et des photos aériennes et terrestres servent aussi de bases documentaires pour dresser un historique complet du parc, avec ses aménagements et ses plantations. Les deux maîtres d’œuvre découvrent alors dans les archives du château des photos précieuses pour enrichir leurs connaissances et pour le moins intrigantes. « Ces photos de plantations prises en 1850 étaient inédites pour l’époque » estime Jérémie Curt, historien et jardinier. Les architectes apprennent que les clichés ont été réalisés par le marquis de Sassenage, Raymond-Ismidon-Marie de Bérenger. Passionné de jardins et d’horticulture, mais aussi de photos, il est à l’époque l’élève du grand photographe français Gustave Le Gray. Le marquis capture dès 1853 son quotidien et réalise une centaine de prises de vues de sa famille, du château, du parc et des paysages environnants. Il perfectionne sa pratique chez lui mais aussi dans d’autres parcs en France. Cet ensemble, conservé au château, constitue un fonds d’archives exceptionnel pour l’étude de la transformation des jardins au milieu du XIXe siècle.


TOURISME URBAIN / DÉCLIN ET RENAISSANCE D’UN JARDIN … ET SOUS LA TERRE

L’autre travail des maîtres d’ouvrage a consisté à dresser un état des lieux complet du parc et à organiser les fouilles d’archéologie préventives. « Dans ce parc fréquenté par le public et loué pour des événements, il n’était pas question de décaper le terrain. La technique utilisée a été celle de la prospection géoélectrique. L’envoi d’électricité permet de mesurer la résistivité du sous-sol et d’en déduire les variations de dureté et de matériaux », explique Jérémy Dupanloup. Cette technique préservant le sol et les arbres a permis d’apporter un complément d’information significatif en mettant en évidence, à la surprise générale, l’existence d’une villa gallo-romaine. « On savait qu’il y avait eu une implantation gallo-romaine à Sassenage mais on ne la connaissait pas. Là c’était la grosse nouveauté archéologique. » Plusieurs édifices et aménagements sont identifiés : un bâtiment thermal sur cour, doté d’un péristyle et de terrasses, était constitué d’une série de pièces carrées disposées en enfilade dans lesquelles les habitants prenaient des bains chauds et froids et pratiquaient des exercices physiques. Un hypocauste, système de chauffage, était utilisé par les Romains pour maintenir les pièces et les bains à température. Cet ensemble est malheureusement invisible mais pourrait faire l’objet de fouilles plus complètes ultérieurement. Mais les visiteurs pourront largement se satisfaire de ce parc entièrement rénové, avec la plantation de plus de 5500 végétaux, dont 150 arbres et 2200 arbustes. Ainsi le parc du château de Sassenage a retrouvé le rythme saisonnier d’un jardin.

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Les différents édifices de la villa gallo-romaine : a : le bâtiment des thermes b : la cour c : le péristyle d : le chai ou bâtiment de stockage agricole Jérémy Dupanloup et Jérémie Curt, maîtres d’œuvre des travaux de restauration. © Jérémy Tronc


© Patrice78500

LE JARDIN DU CHÂTEAU DU TOUVET niché sur les flancs de la chartreuse, avec une vue superbe sur la chaîne de belledonne, le jardin du château du touvet est plein de surprises : on se perd dans les parties forestières et on se laisse envoûter par l’eau qui dévale une volée d’escaliers ! C’est tout simplement l’un des plus beaux jardins du département. Lorsque l’on chemine en direction du château, sous les ramures d’une majestueuse allée d’arbres, on est d’abord surpris par la robustesse et la beauté de la bâtisse, monument historique datant du XIIIe siècle. Elle est précédée par deux tours de garde élégante, et un bassin. C’est alors que la vue se dégage sur le jardin à droite. On découvre l’étendue merveilleuse du jardin à la française qui date lui du XVIIIe siècle. Il étend son faste sur 5 hectares, entre haies bien découpées, sous-bois jardiné à l’anglaise et prairie champêtre. Surtout, on y découvre le joyau des lieux : un escalier d’eau. Cette curieuse construction est unique en France. Il faut atteindre le sommet de la structure afin de mieux la comprendre. La fontaine est alimentée par des sources de montagne, dont un torrent (avec un débit imposant) qui jaillit de la roche. L’eau est canalisée afin qu’elle se déverse sur l’escalier central. Il est encadré par des plates-bandes habillées de fontaines et de vasques, jusqu’à se jeter dans la douve du château. L’eau y alterne entre le calme plat des bassins et le bouillonnement à chaque marche du long escalier. En fond, la chaîne de Belledone se détache par sa blancheur. Ce travail d’orfèvres demande un entretien constant pour préserver les pierres de l’escalier, mais aussi pour ajuster au mieux le débit de l’eau qui fluctue selon le climat. Cette partie, la plus impressionnante, n’est pourtant que la face émergée de ce jardin qui cache bien d’autres espaces aménagés. Cette mise en scène totale a permis au jardin d’accéder au label “jardin remarquable”, l’un des cinq de ce type en Isère. Jean-Baptiste Auduc

UN LIVRE POUR COMPRENDRE

Après cette campagne de rénovation du parc, les deux maîtres d’œuvre, Jérémie Curt et Jérémy Dupanloup ont sollicité les Presse universitaires de Grenoble pour réaliser un livre sur le parc du château de Sassenage. La richesse des informations trouvées, dévoilant plus largement une histoire des jardins du Dauphiné, justifiait la sortie de cet ouvrage richement illustré et passionnant à bien des égards. C’est un voyage dans le passé des jardins régionaux et locaux, et une évocation du futur face aux enjeux climatiques et écologiques. Il a été une précieuse source d’informations pour l’écriture de l’article. • Le parc du château de Sassenage, Jérémie Curt et Jérémy Dupanloup, PUG.

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GRAND FORMAT TEXTE : HUGO VERIT

L’ASSIETTE DE DEMAIN GRENOBLE RENVERSE

LES CODES DE L’ALIMENTATION

© Léo Previtali

Économie, santé, environnement, social… notre alimentation et nos systèmes de production alimentaires ont des conséquences dans de multiples domaines et semblent, plus que jamais, au cœur des préoccupations dans notre cuvette grenobloise.

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© Léo Previtali

Éric Piolle aime le rappeler dès qu’il en a l’occasion : dans les cantines grenobloises, on propose un à deux repas végétariens par semaine et 60% de la nourriture est bio et/ou locale. Ici, c’est un peu la mesure emblématique lorsqu’on parle de transition alimentaire. « À Grenoble, il y a encore du boulot mais on a de la chance d’habiter un territoire qui réfléchit depuis longtemps à ce genre de problématiques. On a déjà un bon terreau associatif et une société civile active », estime César Lechémia, chargé de projet de Cultivons Nos Toits. Lui a fait de l’alimentation son cheval de bataille. Avec son association, il propose notamment de créer une agriculture urbaine en transformant les toits des immeubles ou des espaces de plaine en potagers participatifs. Autre projet d’envergure de l’asso, en collaboration avec le restaurant La Tête à l’envers et la brasserie Maltobar : le Bar Radis qui devrait voir le jour en 2022 dans l’écoquartier Flaubert. Une vaste terrasse panoramique de 2000 mètres carrés dédiée à l’alimentation et la culture, avec un potager, une serre, un espace de formation, une scène et un restaurant où l’on mangera donc, en grande partie, ce qui aura poussé sur le toit. Pour César Lechémia, il s’agit de planter les bases du principe d’autonomie alimentaire : « Notre modèle actuel mondialisé est très vulnérable. Les territoires sont trop spécialisés en termes de production et on importe beaucoup trop de nourriture. On exporte aussi une grande partie qui ne servira donc pas à notre propre alimentation. Par exemple, ici, on vend nos noix et notre fromage mais c’est à peu près tout. Si, demain, on subit une grosse crise qui nécessite de couper les axes autoroutiers, comment ferons-nous ? Il faut se diversifier, développer le maraîchage et l’arboriculture, pour parvenir à un maximum d’autonomie. »

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GRAND FORMAT / L’ASSIETTE DE DEMAIN © La Metro - Lucas Fangiella

Adeline Anglaret et Ingrid Joubert, les deux créatrices d’Au local, un «drive bio low-cost».

VERS UNE LABELLISATION DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE Territorialiser et localiser l’alimentation semble être l’une des priorités de nombreux élus et responsables du coin puisque sept partenaires publics et parcs naturels régionaux (Grenoble, la Métro, les communautés de communes du Grésivaudan, du Trièves et du Pays Voironnais, ainsi que les parcs de Chartreuse et du Vercors) présentent ensemble une candidature unique afin d’être reconnus comme “Projet alimentaire territorial”, une sorte de labellisation délivrée par le ministère de l’Agriculture qui « vise à donner un cadre stratégique et opérationnel à des actions partenariales répondant à des enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé », peut-on lire sur le site officiel du ministère. Au sein du collectif Autonomie alimentaire, César Lechémia et son asso soutiennent le projet : « Cela permettra d’intégrer un réseau, d’aller chercher des financements plus facilement et, de façon plus générale, d’inciter les territoires à travailler sur ces questions. » Des initiatives bienvenues à l’heure où la question écologique ne s’est jamais autant posée. Car agir sur l’alimentation, c’est influer sur de nombreux domaines. Et notamment, la pollution des sols et de l’air, liée à l’agriculture et à la grande distribution. « On assiste à une dis-

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« AveC son AssoCIATIon, IL pRopose noTAmmenT De CRéeR une AgRICuLTuRe uRbAIne en TRAnsfoRmAnT Les ToITs Des ImmeubLes ou Des espACes De pLAIne en poTAgeRs pARTICIpATIfs. » parition critique de certains insectes et de nombreuses maladies sont aujourd’hui causées par notre alimentation. On est de plus en plus déconnecté de ce qu’on mange alors que c’est crucial. » Pour sensibiliser et éduquer la population à ce type de problématique, César Lechénal a une solution : le jardin. « C’est un outil-clé qui permet de créer du lien et de développer l’autonomie, c’est un véritable tampon. Quand on jardine, on change forcément de comportement alimentaire, on regarde mieux les étiquettes et on a tendance à bien plus cuisiner », constate le jeune homme.


AU LOCAL : LE BON POUR TOUS

© Léo Previtali

Ne vous fiez pas aux apparences, Au Local n’est ni une épicerie ni une Amap. Le concept est bien plus innovant puisqu’il s’agit d’un « drive bio low-cost », selon les mots d’Adeline Anglaret et Ingrid Joubert, les deux cofondatrices. Le principe est simple : il suffit de se rendre sur place ou sur le site internet le lundi et de composer son panier à sa guise en choisissant parmi une très grande quantité de produits (fruits, légumes, viandes, fromages, laitages…). Les paniers sont ensuite à récupérer le vendredi suivant à leur local ou au Barathym à la Villeneuve. Et si c’est trop loin, il est aussi possible de se faire livrer à domicile grâce à une collaboration avec la plateforme Sicklo. Tous les articles proviennent de petits producteurs situés dans un rayon de 100 kilomètres maximum. Difficile de faire plus local et plus frais. Mais ce qui fait tout l’intérêt du projet, ce sont les prix modérés, moins élevés que dans une épicerie bio ou que dans un supermarché à produit équivalent. Une belle façon de démocratiser une alimentation saine. « Comme il n’y a qu’une commande par semaine, on peut très facilement rationaliser les coûts. On sait précisément ce dont on a besoin donc on fait une seule tournée des producteurs qu’on paye au prix de vente direct non négocié, on remplit le camion puis on distribue. On n’a aucune charge supplémentaire, pas d’engagement financier, pas de stock et zéro perte. Ce qui nous permet de pratiquer des tarifs accessibles dont les trois quarts vont dans la poche du producteur », explique Adeline Anglaret. Un système parfaitement vertueux donc. Et ce n’est pas un hasard si Au Local se situe dans les quartiers sud de la ville dont les habitants n’ont pas vraiment accès à ce type d’offre alimentaire. « Cela est né d’un profond engagement, celui de rendre accessible une alimentation saine à tous. On parle beaucoup de sensibilisation mais celleci ne peut pas fonctionner si l’on ne donne pas accès à ce que l’on prône. » Dont acte.

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GRAND FORMAT / L’ASSIETTE DE DEMAIN

Une alimentation saine, c’est bien, mais pour qui ? On le sait, les épiceries bio ne sont pas compatibles avec tous les portefeuilles… Heureusement, des initiatives existent aujourd’hui afin de rendre des produits locaux et bio accessibles à tous. On peut citer Au Local (voir encadré) mais aussi Episol, une épicerie solidaire et de qualité (80% de local, 20% de bio) dont les tarifs varient en fonction du quotient familial de chacun. À plus grande échelle, l’association Ingénieurs sans frontières milite elle pour la création d’une sécurité sociale alimentaire, basée sur le même principe que notre chère sécu. Voici ce qu’ils en disaient, en février 2019, sur le site internet Bastamag : « La sécurité sociale de l’alimentation, c’est un budget de 150 euros par personne et par mois, réservé à l’achat d’aliments conventionnés. À l’échelle de la France, [cela] représenterait 120 milliards d’euros, soit moitié moins que l’assurance maladie, et pourrait être alimenté par des cotisations sociales à taux progressif, selon les revenus. Les critères de conventionnement seraient élaborés par les citoyens au niveau local au sein de caisses de sécurité sociale alimentaire. Un processus démocratique et inclusif permettrait aux habitants des territoires de décider des conditions d’éligibilité d’un aliment, en respectant les préférences alimentaires de tous, y compris des minorités. » À méditer…

© Jérémy Tronc

LA SÉCURITÉ SOCIALE ALIMENTAIRE

« L’AssoCIATIon IngénIeuRs sAns fRonTIèRes mILITe eLLe pouR LA CRéATIon D’une séCuRITé soCIALe ALImenTAIRe, bAsée suR Le même pRInCIpe que noTRe ChèRe séCu. » © Léo Previtali

Ci-dessous : Cette variété de tomates semble être de la green zebra.

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mille pousses commercialise des jeunes pousses de plantes comestibles.

LA FERME DES MILLE POUSSES S’AGRANDIT Connaissez-vous les micro-pousses ? Ce sont de très jeunes pousses de plantes comestibles, cultivées dans du terreau, dont on interrompt le développement juste après le stade de la graine germée. L’intérêt : leur goût très prononcé, très concentré qui donne l’impression d’avoir la plante adulte sur les papilles. En outre, les micro-pousses sont bien plus chargées en nutriments. Autant d’arguments qui ont séduit Isabelle Robles, ingénieure agronome et directrice de Mille Pousses, une ferme urbaine dédiée, ouverte à Saint-Martin-d’Hères en septembre 2018 pour une phase de test. L’idée ? Trouver un modèle économique viable afin d’embaucher du personnel en insertion sociale. « J’avais vu des projets similaires à Paris et je me suis dit que c’était parfaitement adapté à l’agriculture urbaine puisque ça ne nécessite pas beaucoup de surface », raconte-t-elle. Deux ans plus tard, le bilan est très bon. Une trentaine de restaurateurs locaux – parmi lesquels des tables prestigieuses comme le Fantin-Latour ou la Maison Aribert à Uriage – ont adopté les micro-pousses d’Isabelle Robles, si bien que l’entreprise est déjà rentable. Pois, moutarde, radis, fenouil, brocolis, cresson, oseille, coriandre, le choix ne manque pas : « En cuisine, c’est hyper intéressant en termes de goût, de texture et de couleurs », assure-t-elle. Forte de son succès, Mille Pousses va déménager en janvier sur un terrain de 2500 mètres carrés situé juste à côté du stade Lesdiguières et de l’école hôtelière du même nom, partenaire du projet. La ferme va ainsi agrandir considérablement son activité et se diversifier puisque 800 mètres carrés de jardin en pleine terre seront dédiés au maraîchage. « Nous allons créer deux emplois à partir de l’année prochaine et nous espérons tout doucement atteindre un objectif de quatre ou cinq embauches. » Ce sera également l’occasion d’ouvrir la vente aux particuliers. Une barquette coûte 3,50 € et se conserve entre une et deux semaines...

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SLOW TIME TEXTE : BENJAMIN BARDINET

Les “slow visites” apportent du temps pour développer la sensibilité et la réflexion.

L’ART AU RALENTI

LES VISITES SLOW DU MUSÉE DE GRENOBLE

© Ville de Grenoble/Musée de Grenoble-JJ Lacroix

Le Musée de Grenoble lance un nouveau format de visites à l’attention de celles et ceux qui souhaitent prendre leur temps : les “slow visites”. un rendezvous que nous avons eu le plaisir d’expérimenter et dont nous sommes ressortis aussi enrichis culturellement que détendus physiquement.

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D

ans un monde où travail et agitation ont tendance à se confondre et dans lequel la relation que nous entretenons avec le réel passe de plus en plus souvent par l’intermédiaire d’un écran, le secteur culturel est parfois enclin à basculer du côté obscur de la spectacularisation. Entretenant ainsi l’illusion d’être dans le coup pour tenter de rester accessible au plus grand nombre, il concède du terrain à une forme de dictature du spectaculaire – comme si l’œuvre en soi n’avait d’intérêt que si elle était agrandie, projetée, animée, likée et partagée... Heureusement, certains lieux culturels prennent le parti de nous rappeler qu’il n’est pas nécessaire d’être connecté pour être ouvert sur le monde et qu’il est même souhaitable de ne pas l’être pour se rendre disponible aux œuvres. En résistant à l’accélération constante qui agite nos sociétés, ces lieux valorisent ce qu’ils ont de mieux à nous apporter : du temps pour développer la sensibilité et la réflexion. C’est un peu ce que défend le Musée de Grenoble en lançant les “slow visites”, format qui propose d’engager un rapport différent aux œuvres d’art. Un lundi par mois, il est donc désormais possible de prendre le temps de découvrir la collection remarquable de ce musée, en dégustant les œuvres, tranquillement, une par une, accompagné d’une médiatrice qui nous aidera à nous rendre plus disponible et à aiguiser nos sens.

En effet, il est étrange parfois d’observer que les visiteurs qui suivent une visite guidée passent plus de temps à regarder le/la conférencier.e que les œuvres d’art. Avec les “slow visites”, c’est l’inverse qui nous est proposé. Après une courte séance « d’éveil des sens », la médiatrice choisit un petit nombre d’œuvres face auxquelles nous sommes invités à nous asseoir et, plutôt que nous assommer d’informations que nous aurons tôt fait d’oublier une fois sorti du musée, elle nous pose des questions et nous invite à prendre le temps d’explorer les œuvres du regard. Ainsi, face à quatre natures mortes du XVIIe siècle réalisées par le peintre flamand Osias Beert, sa voix nous interroge : quels sont les sons qui pourraient survenir de l’environnement qui nous est dépeint ? Quels parfums imaginons-nous se dégager de ces tablées richement garnies de fruits et de légumes ? Quelles sont les sources de lumière ? Quels fruits souhaiterions-nous goûter ? Accompagnée de ces questionnements, notre attention est canalisée, nos sens en éveil et notre regard scrutateur explore les tableaux comme trop rarement il nous est permis de le faire – ceci d’autant plus que, luxe ultime, le musée est alors fermé au public, que le calme y est absolu et que nous pouvons même nous y promener pieds nus ! Pour chacune de ces visites, un thème est abordé, et si la vision dont nous avons fait l’expérience était orientée autour des cinq sens, ce sont les sons, la lumière et le mouvement qui serviront d’axe thématique aux prochaines séances. N’hésitez pas à réserver, les places ne sont pas nombreuses !

© Ville de Grenoble/Musée de Grenoble-JJ Lacroix

© Ville de Grenoble/Musée de Grenoble-JJ Lacroix

«CErTains liEuX CulTurEls prEnnEnT lE parTi dE nous rappElEr qu’il n’EsT pas néCEssairE d’êTrE ConnECTé pour êTrE ouvErT sur lE mondE »

LES SENS EN ÉVEIL

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BOL D’AIR

© Benjamin Bardinet

DE REFUGE EN CABANE BEL AUTOMNE EN BELLEDONNE

© Mike wikimédia commons

TEXTE : BENJAMIN BARINET

Pourquoi ne pas profiter de l’automne pour s’offrir une nuit en altitude ? dans le massif de belledonne, opterez-vous pour le spartiate Habert des Sabottes ou bien pour le chaleureux confort du gîte d’alpage du Pré du Molard ? rassurez-vous, vous pouvez aussi juste vous contenter d’y faire une pause et rentrer chez vous bien au chaud le soir.

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itué tout au bout d’une longue piste caillouteuse qui débute après la maison forestière de Pré Long, audessus de Saint-Mury-Monteymond, le parking du Clos permet de s’avancer suffisamment pour emmener les plus petits avec nous dans cette rando familiale. Dès l’alpage qui se trouve après le parking, deux options s’offrent à vous : soit vous suivez la large piste qui sinue en douceur, soit vous prenez sur la gauche un petit sentier qui monte bien raide dans les bois. Contrairement à ce que l’on pense, avec les enfants l’option montée raide peut s’avérer judicieuse : ils escaladent, crapahutent et s’enfilent les quelque 200 m de dénivelé sans s’en rendre compte tandis que les adultes, pique-nique sur le dos, sont généralement à la traîne. Le sentier rejoint la piste qui continue jusqu’à la lisière de la forêt, on peut alors la quitter et avancer à flanc de coteau en direction du Habert des Sabottes, adorable petite cabane idéalement située. Surplombant le Grésivaudan, elle offre une vue magnifique sur l’ensemble de la Chartreuse et les proches sommets de Belledonne. Les alentours de la cabane sont aménagés (barrière, tables…) et permettent de s’y installer pour un sympathique pique-nique.

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© Jérémy Tronc

Si le soleil n’est pas au rendez-vous, pas de soucis, un repli est envisageable à l’intérieur de la cabane pour y déjeuner ou mieux encore pour y dormir (à condition d’avoir prévu le matériel nécessaire sachant que les nuits à cette altitude peuvent être froides). Un poêle est disponible pour ceux qui le souhaitent ainsi qu’un stock de bois et tout le matériel nécessaire pour contribuer à son réapprovisionnement (hache, scie… ). N’hésitez pas à jouer les apprentis bûcherons ! Pour la suite du parcours, vous pouvez remonter au-dessus de la cabane et rejoindre un chemin à flanc de coteau en direction du refuge du Pré du Molard où vous pourrez déguster (s’il en reste !), une délicieuse tarte aux myrtilles ou bien passer la nuit dans des conditions un peu plus confortables qu’à la cabane. Le refuge ouvre tous les week-ends jusqu’à novembre et toute l’année à condition de réserver pour un minimum de cinq personnes. Offrant des ambiances variées et de magnifiques paysages, cette balade accessible et motivante pour les enfants (une cabane !) permet aussi de s’autoriser de nombreuses variations sans prendre trop de risques. Depuis le Habert des Sabottes, on peut faire le choix de monter en direction du mont Saint-Mury, ce qui peut vous permettre de traverser de magnifiques champs de myrtilles rougeoyant à l’automne (et parfois encore garnis de fruits) et éventuellement de prolonger jusqu’au petit lac de la Grande Sitre et approcher de plus près un environnement alpin plus minéral. • Départ du parking du Clos (1530 m) ou de la Souille (1358 m) au-dessus de Saint-Mury-Monteymond. Carte IGN 3335 OT

© Jérémy Tronc

« un RepLI esT envIsAgeAbLe à L’InTéRIeuR De LA CAbAne pouR y DéJeuneR ou mIeux enCoRe pouR y DoRmIR. »

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DÉFERLEMENT DE COULEURS POUR ESCAPADE SAUVAGE ET ARTISTIQUE

Parfois exubérant, souvent calme, le Luberon est à la fois singulier et pluriel. Pluriel car il possède de nombreux visages aux couleurs et aux formes diverses. il est cependant singulier de par son aura et le magnétisme qu’il dégage. en toutes circonstances et quoi qu’il en soit, il est toujours sans accent ! terre d’exception avec ses vignobles et ses villages perchés, le Luberon rendra votre séjour inoubliable.

Scindé entre les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse, le Luberon mélange les genres. Un peu montagneux avec les Alpes si proches, un peu vallonné avec l’arrière-pays d’Oc, le Luberon et son massif restent néanmoins un pays où les nuances s’exposent sous les yeux des passants. Grâce à cette union géographique unique, le versant sud reflète un caractère proche de la garrigue alors que dans le même temps, le versant nord a des aspects plus montagnards avec ses chênes blaques. Fief moyenâgeux, le pays du Luberon garde les traces encore bien présentes d’une histoire tourmentée, avec notamment la présence des Vaudois, mouvement contestant l’autorité de l’Église au XIIe siècle. De nombreux châteaux comme ceux d’Ansouis ou bien encore de Lauris peuvent se visiter, invitant ainsi à découvrir la vie de château depuis le Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle. Au-delà de l’Histoire, les couleurs. Ocre, rouge, lavande, vert olive, bleu provençal : la palette de teintes se veut aussi riche que celle d’André Aubert, peintre s’inspirant d’une Provence chaleureuse et généreuse. Et l’altruisme s’invite également dans la cuisine. À croire que même dans l’assiette, la couleur est de mise ! Or rouge pour la vigne, or vert pour l’huile d’olive et bien entendu or jaune pour le miel ! Toute cette richesse, qu’elle soit culinaire, historique ou humaine, ne fait qu’accroître un sentiment de bien-être et de quiétude, vous invitant ainsi à profiter d’un moment unique, spécial et inoubliable. 28 SPOT / Automne 20

© P.Giraud OTLMV

LE LUBERON

C’est fou comme le Luberon ressemble à la Toscane. non ?

© Hocquel A.Vaucluse Provence Attractivité

TEXTE : CLAIRE GOTTARDI

© Luberoncotesud

DESTINATION


LE COLORADO PROVENÇAL

Ancien gisement d’ocres, le Colorado Provençal porte en effet bien son nom car dans la langue d’Oc, Colorado signifie rouge. L’histoire incroyable de ce site commence en 1871 avec le premier coup de pioche. Car il n’est pas le résultat d’un phénomène naturel mais bien de la main de l’homme, et ce jusqu’en 1993 ! Falaises et cirques côtoient cheminées et collines rougeoyantes, se mêlant allègrement au bleu pur du ciel et au vert profond de la végétation, dessinant un paysage spectaculaire voire irréel.

POUR Y ALLER : ➢ En train de Grenoble à Aix-en-Provence (3h06 le plus rapide) puis avec le bus 107 d’Aix-en-Provence à Cabrières-d’Aigues. ➢ En train de Grenoble à Apt. Pour circuler sur place : en bus avec le réseau Zou ➢ http://luberon.fr/tourisme/

COMME UN AIR DE TOSCANE

Qu’ils soient peintres ou bien écrivains, cinéastes ou poètes, le Luberon a toujours été source d’inspiration. Il n’était pas rare de croiser Albert Camus et son ami poète René Char dans les brocantes de l’Isle-sur-la-Sorgue. Plus récemment, le 7e art a mis le Luberon sous les projecteurs avec Manon des Sources de Claude Berri ou bien encore La Gloire de mon père réalisé par Yves Robert en 1990 et d’après l’œuvre de Marcel Pagnol. Encore aujourd’hui, le Luberon accueille de nombreux festivals et expositions tout au long de l’année, faisant ainsi découvrir la richesse des œuvres de ses artistes.

© HapTag

D’ART EN ARTS

© Hocquel A.Vaucluse

Provence Attractivité

Ses courbes verdoyantes, même en hiver, restent attirantes et rappellent l'Italie ! Nous sommes toujours au cœur du Luberon et non pas sur les terres de Toscane. Pour autant, le paysage est confondant. Cet air d’Italie vient sûrement du fait que de nombreux villages sont perchés, dominant ainsi la vallée et la Durance. Venez vous perdre dans les “plus beaux villages de France”. À Gordes pour son château, à Ansouis pour ses jardins à la française, ou bien à Roussillon pour ses maisons aux façades ocres.

AUTOUR DU PARC NATUREL RÉGIONAL DU LUBERON

© HOCQUEL_A_- – Vaucluse Provence Attractivité

En vélo ou bien en randonnée, un voyage itinérant est possible pour faire le tour du parc sur une durée d’une semaine avec une distance globale de 171 km. C’est en plein cœur de ce territoire préservé depuis 1977 par l’UNESCO que le Parc du Luberon vous dévoile ses charmes. De routes cachées aux vallons et collines, vous découvrirez par alternance les châteaux vaudois, les vignobles, les champs de lavande et d’oliviers mais aussi les falaises aux couleurs ocre et pour finir les célèbres villages perchés. Cette randonnée vous fera découvrir à votre rythme des paysages hauts en couleurs sublimés par des éclatants contrastes. Passant des nuances de rubis, au bleu du ciel, ainsi que des dégradés orangés de l’automne, la nature provençale s’offre aux itinérants dans une authentique simplicité et une beauté colorée. Marcher d’est en ouest, du Grand Luberon au Petit Luberon, c’est comme aller d’une “presque”Ò montagne aux versants doux et vallonnés à un relief plus brut, plus pur et tombant à pic.

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INTERVIEW TEXTE : JEAN-BAPTISTE AUDUC

ÉRIC LENOIR

© F Givaudan

Un « Petit traité du jardin punk » adulé dans un livre provocant édité aux éditions terre Vivante à Mens, Éric Lenoir, jardinier et paysagiste, met en avant sa manière de jardiner : optimiser son énergie, et laisser renaître la prairie, aux hautes herbes agitées d’une faune variée. Au moment où l’urgence climatique est évidente, l’auteur à la main verte (qui a déjà vendu 15 000 exemplaires) nous dévoile sa vision du jardin du futur. il sera punk.

C’est quoi, un jardinier punk ? Je suis paysagiste dans la vie, et j’avais l’habitude de tondre les pelouses toute la journée. À un moment, je me suis posé des questions. Est-ce que je fais cela par atavisme ou parce qu’il y a une bonne raison de le faire ? Pour mon jardin, le Flérial, installé dans l’Yonne, j’ai préféré mettre en œuvre le principe du “laisser-faire”, plutôt qu’artificialiser les sols. C’est très punk. Le Flérial, c’était une jachère agricole depuis trois ans. Je l’ai laissée, et je l’ai observée. Ensuite, il faut s’adapter au lieu, grâce à l’observation : il y a de l’eau là, le soleil est présent ici. Cela amène des questions sur la manière d’occuper le lieu sans le déranger. Ensuite, il faut se poser la question de l’énergie que l’on souhaite y consacrer, et à quel point le jardin peut produire. Cela permet d’économiser les problèmes, et donc le temps. Cela ramène l’écologie au centre de tout, et cela nous permet de nous rappeler que l’on appartient à un écosystème. Que faites-vous de votre jardin ? De mon côté, je passe peu de temps sur mon jardinage : je dégage des voies et je taille ce qui gêne pour le passage. Je limite juste le développement des ronces afin de conserver l’idée de prairie. Je m’en occupe de trois à cinq jours par an, pour une parcelle de 17 000 m2. Il n’y a donc pas de règles sur le jardin. Il doit correspondre aux besoins et viser l’économie de moyens. Je n’utilise pas d’intrants, et je n’arrose

pas. Mon utilisation me convient : je peux accueillir les pieds mères qui me permettent d’approvisionner ma pépinière, où je fais grandir des plantes aquatiques et vivaces. Cette manière de faire a intéressé des gens. Il y a même l’université de Mons, en Belgique, qui a lancé un concours de jardin punk, en arrêtant de tondre. Tout le monde est émerveillé de la biodiversité qui réapparaît. C’est donc aussi un exemple pour les plus jeunes ? En effet, le jardin a des vertus pédagogiques et paysagères. C’est aussi une vraie réserve de biodiversité avec des oiseaux, des libellules, des lièvres qui viennent naître au jardin, ou encore des canards, des hérissons, et des reptiles. J’utilise donc mon jardin comme un site pour faire découvrir ces méthodes alternatives. Dans l’Yonne, où je vis, ce paysage de prairie a tendance à disparaître au profit des grandes exploitations céréalières. Mon jardin permet de faire comprendre l’idée de cycle. Je n’ai jamais subi de sécheresse par exemple. En effet, les hautes herbes conservent l’humidité, ce qui permet d’abreuver tous les autres plantes et arbres. La nature est douée de résilience : il faut avoir l’humilité de considérer que la nature ellemême est plus résiliente. Il y a un besoin de lâcher-prise. • Petit traité du jardin punk - Apprendre à désapprendre, Éric Lenoir, éditions Terre vivante.

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30 SPOT / Automne 20




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