Surf Session - Mai 2017 - FRANCE

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KANOA IGARASHI : THE BLOCKED VEE BOARDSHORT



DANE GUDAUSK AS VA N S . C O M

©2017, Vans Inc.





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SOMMAIRE

82

11 STARTERS 16 frame 22 news 26 social 28 insider 32 surf & style

tendances

Le maillot de votre été.

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méditerranée

Mission haute performance.

62 mullaghmore Le réveil de la bête.

30 confessions Avouez-tout...

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abonnement

the couples Swop x Teiki.

surfeurs d’ailleurs Ils sont venus, ils sont restés.

interview

Justine Dupont et Stéphane Iralour débriefent.

104

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15 conseils pour bien aborder l’été.

97 RUBRIQUES 98 portrait 100 surfed-out 102 shape 112 duke

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culture

Un an à Biarritz.

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OURS

SURF SESSION Bâtiment Olatu Leku 100 avenue de l’Adour 64 600 Anglet

CONTRIBUTEURS

Tél. 05 59 41 70 00 Fax 05 59 41 24 12 contact@surfsession.com PROPRIÉTAIRE Bruno Ledoux Holding Media SARL GÉRANT Benjamin Gufflet DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Benjamin Gufflet RÉDACTEUR EN CHEF MAG Baptiste Levrier baptiste@surfsession.com RÉDACTEUR EN CHEF WEB Romain Ferrand romain@surfsession.com STAGIAIRES Joddy Maguet redacweb@surfsession.com DIRECTEUR ARTISTIQUE Emmanuel Batifoulier ebatifoulier@osr-groupe.com PUBLICITE Luc Domenjo luc@surfsession.com Audrey Dumergue pub@surfsession.com MARKETING Alex Charre marketing@surfsession.com PHOTOGRAVURE Profilkolor / Anglet profilkolor64@orange.fr IMPRESSION Ganboa / Espagne Issue de forêts gérées durablement et de sources contrôlées Poligono Borda-berri, 2, 20140 Andoain, Gipuzkoa, Espagne

Erick Garcia Photograveur

Passionné de photographie, Erick passe par les Beaux Arts avant de débuter sa carrière en 1990 comme préparateur sur scanner rotatif à Lille. Il devient ensuite photograveur chromiste et découvre Photoshop dès 1992. Il fut l’un des premiers en France à utiliser ce fantastique logiciel au service de l’image numérique. À présent, il exerce son activité dans sa société Profilkolor, réalise des tirages photos, enseigne au BTS photographie au lycée Malraux de Biarritz et fait en sorte que chaque photo du magazine ressorte de la meilleure des façons.

Bastien Bonnarme Photographe

Toujours aussi engagé dans sa pratique de la photographie aquatique, Bastien a mis le cap sur l’Irlande pour aller tremper au ras de la dalle de Mullaghmore et nous en ramener des shots toujours plus intenses. Moins risqué mais toujours technique, il s’est aussi occupé de shooter les différentes étapes du shape d’une planche de surf (p.110), jouant avec les lumières rasantes bleue ou verte. Dans le ventre de la bête p.62

Agathe Toman Artiste

Elle signe le portrait qui accompagne le questionnaire du Duke depuis quelques mois et nous plonge dans son univers composé exclusivement en noir et blanc. Artiste indépendante, Agathe travaille au stylo bic pour les illustrations, sur grands et petits formats, à l’acrylique sur toiles et sur papiers mais également sur skateboards, grips, et planches de surf, notamment grâce à une récente collaboration avec Electric. Après plusieurs expos dans le coin et à Paris, la prochaine est en cour de préparation... En noir et blanc p.112

Emmanuel Batifoulier

Directeur artistique Pour cette nouvelle formule de Surf Session, Manu a misé sur la légèreté des lignes et la lisibilité. Depuis qu’il a signé le nouveau logo et la refonte graphique complète de Surf Session en mars 2016, notre DA veille à maintenir le magazine sur les bons rails pour que la maquette vous permette de profiter au mieux du contenu que nous vous proposons.

MAKING-OF

COMPTABILITE Nadine Gibaud 05 59 41 70 16 nadine@surfsession.com DIFFUSION BOCONSEIL Analyse - Média - Étude ABONNEMENTS/BOUTIQUE Abomarque - 05.34.56.35.60 Surf Session CS 63656 31036 TOULOUSE CEDEX 1 SURF SESSION SARL B 339 862 872 00035 Capital de 37 180 2 Fondateurs : Pierre Bernard Gascogne, Gibus de Soultrait Commission paritaire : 0621 K 88161 ISSN : 0767.7987 Dépôt légal : à parution

L’Anglais Paul Conibear surfait La Torche avant vous. Son histoire p.36.

Malo, jeune local de Méd’, a le sourire, entouré d’Édouard et Vincent (p.80).

« On est toujours en vie ! » De quoi être content vu les conditions (p.62).

SURFEURS Lee-Ann Curren, Leon Glatzer, Ramzi Boukhiam, Alizé Arnaud, Stéphane Iralour, Justine Dupont, Conor Maguire, Natxo Gonzalez, Indar Unanue, Benjamin Sanchis, Will Skudin, Edouard Delpero, Vincent Duvignac, Arthur Bourbon, Teiki Ballian, Pauline Ado, Taj Burrow, Gaspard Larsonneur, Anthony Harouet, Julian Wilson, Rémi Blanc, Dan Billon Nalu Doutres, Adrien Toyon, Ian Fontaine.

COLLABORATEURS Sylvain Cazenave, Tim Mc Kenna, Joli, Jeff Divine, Éric Chauché, Antony “Yep” Colas, Yannick Le Toquin, Greg Rabejac, Yves Sobanski, Laurent Masurel, Damien Poullenot, Ronan Gladu, Bernard Testemale, Bastien Bonnarme, Ben Thouard, Laurent Pujol, Bertrand Portrat, Pascal Dunoyer, Olivier Dezèque, Elisa Routa, Kevin Métallier, David Bianic, Julie Pollet, Renaud Masson, Antoine Justes, Guillaume Arrieta, Robin Guyonnet, Xavier Huart, Olivier Servaire.

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : John Callahan, Bosko, Bob Barbour, Erwan Crouan, Agathe Toman, Maragni/RedBull.

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©Rabejac

édito

Bonjour ! Il y a ce petit instant étrange, quand on débarque au pic d’un spot qu’on fréquente pour la première

MAGAZINE N°353

fois. On ne sait si on doit soutenir les regards des autres surfeurs en lançant un joyeux “Bonjour”, hocher simplement la tête et la jouer discret ou filer se placer sans plus de manières... Car se pointer au large pour profiter d’une nouvelle vague, c’est à chaque fois se confronter au regard porté sur ceux qui viennent de l’extérieur. Une expérience qui, dans ce cas précis comme dans d’autres circonstances, peut s’avérer douloureuse si l’on s’avère malvenu... Mais, le plus souvent, la rencontre est heureuse. C’est ce qu’ont vécu ces surfeurs étrangers, tous passionnés de glisse, qui ont élu domicile à proximité des spots

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CONSEILS POUR BIEN ATTAQUER L’ÉTÉ I N T E RV I E W C H A R G É E

JUSTINE DUPONT STÉPHANE IRALOUR

de l’hexagone pour profiter non seulement de nos vagues mais aussi de notre pays. On lisait le mois dernier, dans notre article sur le surf et la politique, que nous, surfeurs, avions une certaine tendance au conservatisme (pour protéger nos vagues, notre environnement, notre pic...). Nous apportons dans

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ce numéro le pendant à ce constat en décryptant le parcours de ces anglais, allemands, néo-zélandais..., venus s’implanter chez nous par goût du surf (le plus souvent), du vin rouge (en premier lieu) et du fromage (parfois...). Des immigrés qui viennent apporter leur touche exotique à nos line-ups, nourrir notre culture surf, amener leurs influences pour participer à ce savant, indescriptible et bouillonnant mélange qu’est le surf, à l’image de bien d’autres choses. baptiste levrier 14

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PHOTO DE COUVERTURE Bastien Bonnarme SURFEUR Will Skudin


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FRAME

Ramzi Boukhiam Rocky Point Bosko Et si c’était lui le prochain Européen sur le Tour ? Ramzi Boukhiam, 23 ans, Marocain vivant à Anglet depuis des années, semble en tout cas plus déterminé que jamais à décrocher son ticket d’entrée cette saison : « Je ne me sentais jusque-là pas prêt mais j’ai grandi et je me sens en confiance pour me qualifier et y rester. Je suis encore jeune, j’ai le temps de me qualifier quand je vois Joan qui y est parvenu à 28 ans ». À suivre de prêt dans les mois qui viennent ! > Retrouvez sa longue interview et son coup de pression terrifiant sur www.surfsession.com 16


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FRAME

Lee-Ann Curren Zavial João Bracourt Destination hivernale parfaite, l’Algarve fait partie des zones que Lee-Ann Curren apprécie pour s’échapper rapidement quand la grisaille basque perdure trop longtemps. La baie de Zavial, située sur la côte sud, ne fonctionne que quand la houle est suffisamment grosse pour s’enrouler autour de la pointe de Sagres. Nichée contre la falaise, Lee-Ann commence à connaître toutes les options du coin.

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FRAME

Leon Glatzer Cercle arctique Hallvard Kolltveit Tempêtes de neige, températures négatives, vents tempétueux... Surfer au-delà du cercle arctique demande pas mal de patience pour profiter, quand tout s’aligne, de line-ups vierges posés au cœur de paysages uniques. Le jeune surfeur allemand Leon Glatzer a tenté l’expérience et décolle ici pour venir se poser comme un joli détail sur un fond monochrome. La touche de l’artiste. 20


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NEWS

50 milliards de dollars, voilà la contribution à l’économie mondiale des destinations touristiques surf. C’est une étude des économistes Sam Wills et Thomas McGregor qui le révèle après qu’ils aient passé au crible 5000 spots situés dans 146 pays et leur évolution de 1992 à 2013. Une sacrée base de données ensuite passée au crible pour nous apprendre qu’une vague de qualité peut contribuer à hauteur de 2,2 % du produit intérieur brut. Pour parvenir à ces conclusions, les experts ont analysé la croissance de la population locale, les changements climatiques, les progrès technologiques des combis et leurs influences sur le comportement des surfeurs. Une bonne vague, un bon plan pour booster l’économie locale. À l’inverse, des endroits comme Mundaka ou Jardim do Mar ont souffert d’annulations de compétitions ou de la disparition de leur vague. L’étude affiche également un classement des spots à la croissance la plus rapide : Nosara (Costa Rica) arrive en tête devant Yacila (Pérou) et Shabandar (Malaisie). Si vous n’y êtes pas encore allé, il est peut-être trop tard...

À NE PAS MANQUER

©WSL

Une bonne vague pour du bon business

1er mai – 31 août Pico Alto et Puerto Escondido Challenge Waiting period du Big Wave Tour

Arugam Bay, au Sri Lanka, fait partie de ces villages qui ont connu un boom grâce au tourisme surf.

9 - 20 mai Rio Pro – CT masculin et féminin Nouveau spot (Saquarema), nouvelle donne ? 20 – 28 mai Championnats du monde ISA à Biarritz Les meilleurs mondiaux sur la côte basque (voir p.24)

©DR

21 – 28 mai Chiba Open QS 6K masculin, QS 3K féminin

8 TRUCS À FAIRE

en attendant la prochaine série S’ASSEOIR, FERMER LES YEUX, FAIRE TROIS TOURS DANS UN SENS, TROIS DANS L’AUTRE.

ALLER SE METTRE LE PLUS À L’INTÉRIEUR POSSIBLE EN SOURIANT.

JOUER LA PROCHAINE VAGUE À PIERREPAPIERCISEAU.

REGARDER PENSIVEMENT L’HORIZON.

OBSERVER AVEC INSISTANCE UN INCONNU ET PASSER POUR UN TYPE CHELOU.

FAIRE COMME SI UNE SÉRIE RENTRAIT ET RAMER COMME UN BRANQUE VERS LA DROITE POUR QUE TOUT LE MONDE SE DÉCALE.

GESTICULER POUR DEMANDER AU SPEAKER DE RÉPÉTER LES SCORES.

HURLER “LÀ, UN REQUIN !”.

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Pourquoi 8 ? Parce qu’au-delà de huit minutes, l’attente est trop longue.


EVAN GEISELMAN PANAMA

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NEWS

Où ? Biarritz accueille cette compétition d’envergure mondiale et reçoit l’ensemble des délégations. Niveau surf, tout se passera à la Grande Plage (Biarritz), un spot aux allures changeantes susceptible d’offrir toutes sortes de vagues, de tenir la houle et de mettre à rude épreuve les qualités physiques et techniques des surfeurs. Un village sera monté sur le parvis pour divertir les passants. Quand ? Du 20 au 28 mai. Retrouver la parade des Nations le 20 mai puis, du 21 au 23, la compétition féminine, et du 24 au 28, place aux hommes. L’Aloha Cup (compétition par équipe avec quatre hommes et une fille) aura lieu les 23 et 24 et mettra huit nations, dont la France, en concurrence pour remporter un titre honorifique mais auquel les surfeurs tiennent beaucoup !

Avec qui ? Chaque équipe comptera quatre surfeurs et deux surfeuses (plus des remplaçants). Et si la WSL a annoncé sa totale collaboration, dur de savoir qui parmi les surfeurs et surfeuses du CT feront le déplacement vu l’embouteillage temporel : l’étape de Rio se terminera à peine (waiting period du 9 au 20 mai) que le contest biarrot commencera, avant que le Tour ne se dirige vers Fidji (du 28 mai 2 juin pour les filles ; du 4 au 16 pour les hommes). Cependant, les Français Johanne Defay, Pauline Ado, Jérémy Florès et Joan Duru ont confirmé leur présence. Tom Curren est le parrain de cette compétition.

EN CHIFFRES

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NATIONS

240

SURFEURS

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VILLES

2 ©JUSTES/FFS

De retour dans la ville impériale trente-sept après l’édition de 1980, les championnats du monde ISA seront les premiers de l’ère du surf olympique. Avec la candidature de Paris 2020 en ligne de mire, l’événement se doit d’être irréprochable.

©justes/ffs

ISA WORLD SURFING GAMES À BIARRITZ : MODE D’EMPLOI

TITRES MONDIAUX EN JEU

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JOURS DE COMPÉTITION 24


À NE PAS RATER : LA DÉMO DE MATT BIOLOS Le shaper de Lost sera à la Shaper House le 26 mai pour une soirée exceptionnelle au cours de laquelle il shapera une planche qu’un des 200 invités gagnera... Pour avoir cette chance, il suffit de s’inscrire à temps et de croiser les doigts pour espérer voir le shaper de Joan Duru, Carissa Moore, Kolohe Andino (et tant d’autres) écrire son nom sur le pain de mousse. Ceux qui ne gagneront pas pourront se consoler avec un bon de réduction de 10 % valable sur les boards Lost et en buvant autant de bières que possible. > Vendredi 26 mai, de 19 h à 23 h au 62 avenue du Maréchal Foch. Inscriptions sur shaper-house.com

SURF BUSINESS LE SITE WEB DE L’EUROSIMA A FAIT PEAU NEUVE // ITALO FERREIRA FAIT DÉSORMAIS PARTIE DU TEAM REEF // KOLOHE ANDINO, QUI A SIGNÉ POUR UTILISER À 100 % LES ACCESSOIRES FCS, AURA BIENTÔT SON PRO-MODEL DE PAD ET DÉRIVES // LES FRÈRE ET SŒUR MASON ET COCO HO REJOIGNENT LA MARQUE DE LUNETTES SPY OPTICS // SECTOR 9 ACCUEILLE LA SURFEUSE TIA BLANCO AU SEIN DE SON TEAM // L’ANGLAIS REUBYN ASH ENFILE MAINTENANT DES COMBIS XCEL // NOUVEAU DÉPART : QUIKSILVER INC. CHANGE DE NOM ET DEVIENT BOARDRIDERS INC. LE NOM ENGLOBE TOUTES LES SOCIÉTÉS DU GROUPE, DONT QUIKSILVER ET DC // 25


social

Kai Lenny presque à l’envers

ALIZÉ ARNAUD Née à Paris mais établie dans les Landes dès l’âge de sept ans, Alizé rôde les contests jusqu’à devenir championne du monde junior en 2010. Aujourd’hui, à 27 ans, elle a ouvert son école de surf et poursuit, occasionnellement, la compétition.

©Justes/FFS

Cette photo de Kai Lenny à Mavericks, shootée par le photographe français Bastien Bonnarme avait, l’an dernier, secoué le monde du surf et fait notamment la couv’ de Surf Session. En début d’année, le compte Instagram satirique @WorldSurfLols avait détourné cette photo en verticalisant (si besoin était) le drop et lui offrant une audience mondiale touchant bien au-delà des sphères surf. Si bien que l’horloger Tag Heuer, sponsor de Kai, finit par tomber dessus et décide d’en faire sa prochaine campagne internationale... tout en conservant cette perspective à la limite du réel... En tout cas une superbe récompense pour Bastien, dont vous découvrez d’autres photos bien engagées prises sur le spot de Mullaghmore dans ce numéro (p.62).

Connecté avec...

TOP 5

Les articles les plus lus du 09/03 au 03/04 1. Un surfeur retrouvé mort à Bisca 2. Fanning révèle la localisation de The Snake 3. Le coup de pression de Ramzi Boukhiam 4. Le joli fail de la campagne pub du Sri Lanka 5. Les fondamentaux surf : analyse du spot

Les 3 derniers sites que tu as visité YouTube, Facebook, les-docus.com. Les 3 derniers hashtags employés Je suis déjà trop âgée je crois ! Je ne sais même pas à quoi ça sert ! Les 3 dernières personnes que tu as appelé Mon compagnon, ma mamie et une collègue. Le dernier clip YouTube visionné “Je suis malade”, live de Dalida, à mes yeux la plus belle performance scénique jamais réalisée. Le dernier pays que tu as visité Les États-Unis. La dernière fois que tu as surfé Hier. La dernière fois qu’on t’a taxé Hier. La dernière fois que tu as taxé Mon frère, il y a un mois et à juste titre ! La dernière fois que tu as claimé une vague Durant le Anglet Pro, il me fallait 2 points, j’ai fait 3 manœuvres et j’ai obtenu 1,8 pts... La dernière planche que tu as surf Bradley M8. La dernière fois que tu as checké ta page Facebook Y’a 5 minutes.

#SURFSESSIONLOCAL Le compteur tourne : 6093 photos avec le hashtag #SurfSessionLocal. Pour vous remercier de votre fidélité, nous mettons désormais chaque mois en jeu un cadeau mystère, offert part l’un de nos partenaires. Il viendra récompenser la plus belle photo publiée ! Rendez-vous sur @SurfSessionMag pour suivre tout ça.

@sorolimages 26

@justutine

@ivannicolasstoked

@martingiber


Founder

Une meilleure vision des dÊtails avec ChromaPop™. Leonardo Fioravanti


INSIDER

10 choses à savoir sur...

La température de l’eau C’EST UNE PRÉOCCUPATION PERMANENTE POUR NOUS AU MOMENT DE CHOISIR L’ÉPAISSEUR DU NÉOPRÈNE À METTRE SUR NOTRE DOS... MAIS COMMENT LA TEMPÉRATURE DES MERS ET OCÉANS SE RÉGULE-T-ELLE, À QUEL POINT LES SAISONS SONT-ELLES INFLUENTES, COMMENT ÇA MARCHE... VOICI QUELQUES RÉPONSES.

1. Hypothermie On en parle dès que la température du corps descend sous les 35 °C. Dans l’eau, la conductivité (voir 5) accélère le phénomène. Dans une eau à 10 °C, le temps de survie est ainsi inférieur à 1 h 30. D’où l’intérêt d’une bonne combi... 2. El Niño Le phénomène climatique qui fait couler tant d’encre, est dû à un réchauffement des eaux de surface dans le Pacifique équatorial qui engendre des dérèglements climatiques en chaîne, dont des catastrophes naturelles ou une super saison de surf dans le Pacifique. 3. Gel et sel L’eau salée commencer à geler à exactement - 1,91 °C... Mais pour que le processus se poursuive, la température doit encore descendre. Voilà pourquoi ça n’arrive que rarement, et tant mieux ! 4. Gulf Stream Ce courant océanique, qui prend sa source vers la Floride, traverse l’Atlantique pour venir réchauffer nos spots et bien plus. Sans lui, notre climat pourrait ressembler à celui du Canada... 5. Thermique Brise de terre ou de mer, les vents dépendent eux aussi de la température de la mer. Si, en situation anticyclonique, cette dernière est supérieure à celle de la terre, la brise thermique soufflera offshore. L’été, le soleil chauffe rapidement la terre et l’effet inverse se produit : c’est onshore !

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6. Surface Dans le monde, 66 % des océans affichent une température inférieure à 25 °C et pour 47 % ça descend même en dessous de 20 °C... 7. Conductivité Plongé dans l’eau, notre corps se refroidit 25 fois plus vite que dans l’air... Pour comprendre, il suffit de plonger dans une eau à 18 °C pour capter qu’on aura froid plus vite qu’en se baladant par une journée au cours de laquelle le mercure affiche 18 °C. 8. Windchill Ou facteur vent en français, il désigne l’effet refroidissant du vent quand il souffle sur notre corps ou sur la surface de l’eau. C’est pourquoi, après des grands coups de vent, l’eau peut perdre plusieurs degrés. 9. Grand écart De l’eau stagnante d’une crique méditerranéenne en plein été aux côtes ventées de la Manche, le delta de température peut atteindre une vingtaine de degrés. Au cours d’une année, à un endroit donné, la température de l’eau peut varier d’une quinzaine de degrés. 10. Au fond En dessous de 1000 m de profondeur, la température de l’eau ne varie plus tellement et oscille entre 2 et 5 °C. À certains endroits du globe, des eaux froides remontent de plusieurs centaines de mètres de fond et rafraîchissent la température en surface, c’est le upwelling.


Panasonic France 1-7 rue du 19 mars 1962 - 92230 Gennevilliers RCS Nanterre : B 445 283 757 Succursale de Panasonic Marketing Europe GMBH Siège social : 43 Hagenauer Strasse, 65203 Wiesbaden (Allemagne) - Wiesbaden HRB 13178.

LE MONDE BOUGE, ENTREZ DANS LE MOUVEMENT

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Confessions

Racontez-nous...

Votre plus grand moment de solitude à l’eau

SEU CET INSTANT OÙ L’ON SE SENT BIEN SEUL, ACCABLÉ PAR LES ÉLÉMENTS ET LE MAUVAIS SORT... ON ESSAYE DE L’OUBLIER MAIS LES SOUVENIRS REMONTENT TOUJOURS À LA SURFACE ! CERTAINS ONT ASSEZ DE RECUL POUR LE PARTAGER DANS CES PAGES... ET ON A LE DROIT D’EN RIRE. Camille Feydi

Axel Pezzetta

Quand je me suis découpé la cuisse avec ma dérive.

Wildpepito

Quand tu perds ton maillot de bain dans un bon gros shorebreak.

Me retrouver seule au large avec des vagues de deux mètres autour de moi et une plage quasi désertique. Syl Pka

NOTRE PRÉFÉRÉ !

Charles Hermant

Sauter avec élan du haut d’un ponton avec le leash qui s’enroule à une bite d’amarrage, finir pendu à l’envers avec une série qui rentre et tous les petits vieux qui se disent « Mais qu’est-ce qu’il fait ? ».

La fois où je n’ai même pas réussi à me lever après une grosse soirée.

Gauthier Poulle

Quand tu perds ta GoPro dès ta première session. Raphaël Blanque

Il y avait Taj Burrow dans l’eau qui prenait une vague et arrivait vers moi. J’étais tellement hypnotisé par son surf que je le regardais et j’en ai oublié de faire mon canard et je me suis mangé la vague en pleine tête devant Taj... J’avais trop honte !

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Maxime Perez

Ce moment où on est sorti de l’eau avec le camion de pompier qui nous attendait sur la plage après s’être retrouvé a deux (débutants) à ramer vers le large pour éviter les séries de 2 m. Alerte à Lacanau !


Del Wendy

Quand, après ton deuxième cours, tu sors de l’eau vivante, un peu fière et à peu près digne... Mais que le vent te rabat ton énorme planche dans la gueule !

EUL Franck Ducergue

C’était pas dans l’eau mais sur le parking. J’ai reculé sur ma planche que j’avais oublié alors que me moquais tout le temps de ceux à qui ça pouvait arriver. Solitude...

Guillaume Prestelog

Une mise à l’eau aérienne à marée haute à la Côte des Basques avec retour immédiat dans les rochers ! Émile Papuchon

Basile Trépeux

Quand tu te rends compte que t’es au pic et que tu n’as pas de wax ni de dérives...

Là fois où j’étais malade et que j’ai dû sortir en urgence de l’eau, arracher ma combi, me planquer tant bien que mal derrière un rocher et me soulager comme je pouvais. Et j’étais encore plus seul une fois que c’était fini et que je n’avais pas de papier...

Maceo Douillard

CLASSIQUE

Quand je parle à mon pote et qu’il part sur une vague pendant la conversation.

Paul Maurel

Je me suis emmêlé les pieds dans le leash à Byron Bay et j’ai passé deux bonnes minutes la tête sous l’eau. J’ai cru mourir, mes potes croyaient que je me faisais bouffer par un requin et ils n’ont pas osé intervenir. Vraiment vu le cercueil de près ce jour là !

Laure Olivia

Un beau jour de septembre à Lacanau, 1 m 50 glassy, parfait. Après quelques vagues, un type me taxe, tombe, je tombe aussi, son leash s’entoure à mon bras gauche... Et là, on se fait emporter dans le tube... J’avais le bras à l’envers, le pouce aussi ! Le type se tire, ne m’aide même pas, démerde-toi pour rentrer... 
Urgences à Pellegrin puis clinique de la main à Pessac, double fractures aux doigts, ligaments cassés, bras désarticulé, sept mois de soins, trois autres en rééducation... Bref, dix mois sans surf et les sessions d’hiver, c’était sur la webcam.

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surf & style

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C’EST CEUX QUI EN PARLENT LE MOINS QUI SURFENT LE PLUS.

Si seulement l’expression “une de perdue dix de retrouvées” fonctionnait en surf…

Vent de terre, festin en mer

Faire trois pompes dans son salon pour espérer mieux ramer, c’est comme boire du Coca Light et espérer maigrir.

À partir de quatre manœuvres sur une vague, on a le droit d’avoir mal aux jambes.

NON MAMIE, BEAUCOUP DE VENT NE VEUT PAS DIRE BELLES VAGUES.

TA SESSION DOIT ÊTRE AU MOINS AUSSI LONGUE QUE LA DURÉE DE TON TRAJET ALLER-RETOUR VERS LE SPOT.

Quand un pote vous dit « Tu veux rester encore longtemps ? », comprenez « Bon, on se casse ? ».

MIEUX VAUT AVOIR LES YEUX DANS LE VAGUE QUE LA VAGUE DANS LES YEUX.

72 % des surfeurs surestiment la taille des vagues.

À CHAQUE FOIS QU’EST PRONONCÉ « SALUT, ÇA FARTE ? », UNE VAGUE MEURT DANS D’ATROCES SOUFFRANCES.

wne faites pas semblant d’avoir glissé en grattant votre wax quand vous tombez bêtement.


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WE’RE OUT TO CHANGE THE INDUSTRY “Drawing some imaginary line in the sand, and just not caring about people who are out of sight and out of mind, is not good enough. We can do better than that. Fair Trade is one way of humanizing an industry that too often exploits people and inflicts damage on local communities around the world. It’s a clear step forward in bettering the system—because when we know better, we do better.” — Dave Rastovich, Patagonia Employee

Dave Rastovich visiting a factory in Katunayake, Sri Lanka. For every piece of clothing made with Fair Trade Certified™ sewing, we pay a premium that workers can use to elevate their standard of living. Factories must also adhere to a strict set of standards for safe working conditions and environmental responsibility. JARR AH LYNCH © 2017 Patagonia, Inc.


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ART DE VIVRE LOCAL

Surfeurs d’ailleurs TANDIS QU’UN PAQUET DE FRANÇAIS CRACHE SUR L’HEXAGONE, AFFIRMANT L’ENVIE DE FOUTRE LE CAMP POUR TOUT RECOMMENCER AILLEURS, UN BON NOMBRE D’ÉTRANGERS VIT AU PAYS DE LA BAGUETTE, DU RAFFINEMENT, DU VIN ROUGE, DU FROMAGE ET DU LUXE. ET ILS NE SEMBLENT PAS TROP S’EN PLAINDRE. QUI SONT CES EXPATRIÉS QUI RÉSIDENT, SURFENT, TRAVAILLENT, ÉTUDIENT, INVESTISSENT, FAÇONNENT OU CRÉENT À PROXIMITÉ DE NOS BEACHBREAKS ? NOUS EN AVONS RENCONTRÉ QUELQUES-UNS. Par Olivier Dezèque

Q

uelques étrangers font du tourisme, d’autres restent. Ce sont d’ailleurs vraisemblablement des riders australiens et néo-zélandais de passage qui ont amené le surf en Angleterre où ils ont su susciter certaines vocations, qui ont ensuite franchi les frontières pour gagner la Bretagne. Sur la côte basque, c’est l’histoire bien connue du réalisateur hollywoodien Peter Viertel qui est à la base des débuts du surf en France. Quand, par bonheur, il débarque avec une planche dans ses bagages pour le tournage de son film, il amène, dans son sillage, beaucoup de fun pour les adolescents biarrots. Ces derniers sont devenus les avant-gardistes du surf du côté de Biarritz. Et si ces étrangers sont partis, le surf, lui est resté. Jusqu’à ce que l’effet inverse ne se produise et que la France, ses 3805 kilomètres de côtes et ses innombrables spots, n’attire les surfeurs étrangers en quête de bonnes vagues et d’un cadre de vie agréable.

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En Méditerranée, le tout jeune Darrick Doerner était ainsi venu y habiter durant une dizaine d’années, accompagnant son père consul des États-Unis nommé dans la cité phocéenne : « Je surfais la plage du Prado, à Marseille, un peu avant les années 70. Il y avait des petites vagues formées par le vent. Je n’allais à l’eau que le week-end car j’étais à l’école à Aix-en-Provence. J’avais ma Dewey Weber Performer qui collait totalement aux swells du coin et je plongeais dans l’eau sans wetsuit. Je n’avais que 10 ans. Nous sommes repartis à Hawaï après une tranche de vie là-bas. J’ai encore pas mal de souvenirs. En tous cas, j’étais le seul à l’eau ce qui était déjà exceptionnel », explique l’illustre waterman et lifeguard hawaïen. Si de nombreux locaux surfent la Riviera, la majorité des étrangers qui désire profiter des déferlantes entre Montpellier et la frontière italienne restent des pratiquants en transit : des vacanciers qui viennent taquiner les vagues, des voisins italiens ou espagnols pour un one-shot sur une prévision de houle.


JAY ACUNA Californie --> Saint-Jean-de-Luz

En bon californien, Jay maîtrise l’art du hang-ten et l’exporte sur ses terres d’adoption.

©DR

Quittons le pays du Pastis pour rejoindre celui du patxaran. Mickey Dora a été un de ces migrants résidant dans un confort tout à fait relatif du côté de Guéthary pour y charger le gros et pratiquer le golf. Il a pu voir ses derniers sunsets depuis le village. Évidemment Da Cat a été influent, incitant un paquet de surfeurs étrangers à venir découvrir la côte atlantique. Certes, le surf est attractif mais le business et les carrières internationales peuvent aussi motiver à la migration. Jay Acuna, originaire de Newport Beach en Californie, employé de la société Quiksilver, a été nommé à l’antenne européenne de Saint-Jean-de-Luz. Changement de cadre pour le quadragénaire qui explique : « Depuis trois ans, j’habite à deux pas de la Grande Plage. Je travaille en tant que designer textile sur la collection Waterman. Fils de surfeur, je surfe depuis les années 70 en appréhendant une glisse plutôt classique ». San Onofre est le home-spot originel de Jay, qu’on retrouve maintenant plus souvent à la Plage du Centre de Bidart, à Parlementia ou à Sainte Barbe, des breaks proches du lieu de travail de l’Américain. Les copains de la côte Pacifique viennent usuellement rendre visite à la famille Acuna. Ils aiment y découvrir la culture locale, le jambon fin et le vin de nos terroirs en remisant temporairement les burritos ou autres tacos qui commencent en revanche sérieusement à manquer à l’expatrié... « Au-delà de la bouffe mexicaine, je ne regrette que peu de choses. Il y a tant à vivre sur cette côte comme dans toute l’Europe. Je trouve les Français habituellement très attentionnés et assez positifs même s’ils m’exaspèrent avec leurs cigarettes et leurs chiens qui défèquent partout », reprend Acuna avant de rebondir sur l’ambiance surf. Elle est assez particulière de son point de vue : « Beaucoup de débutants ne tiennent pas compte des priorités. Les types ici aiment te tourner autour et partir sur tout ce qui arrive. Je suis peut être un peu oldschool mais ma logique veut que celui qui démarre sur une belle vague laisse passer le set suivant… Non ? ». La famille californienne, assurément conquise par cette nouvelle existence, se délecte de pouvoir prendre le temps de vivre à la française, admirant les couchers de soleil depuis la Côte des Basques, profitant des longues journées d’été ou des repas détendus.

San Onofre est le home-spot originel de Jay, qu’on retrouve maintenant plus souvent à la Plage du Centre de Bidart, à Parlementia ou à Sainte Barbe.

UNE BOISSON : Saint-Nicolas-de-Bourgueil et les blancs de Bordeaux. UN FROMAGE : le Petit Basque. UN PETIT-DÉJEUNER : avocats et toasts UN SHAPER : Kim Francis, mais il est Basque-Espagnol... UN SURFEUR : Clovis Donizetti. UN PEU DE CULTURE : J’adore Brigitte Bardot. Je viens de terminer The Sun Also Rises de Hemingway. Ce n’est pas français mais l’histoire débute à Paris et se termine au Pays Basque.

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©DEVOS

ART DE VIVRE LOCAL

« On s’est instantanément fait un groupe de copains et je pense pouvoir dire que l’intégration a abouti puisque nous avons eu un enfant. »

GUY VAUGHAN SERJEANT Angleterre --> Saint-Jean-de-Luz

Il ne s’en rappelle pas très bien. Il pense que l’idée vient de sa femme, avec qui il a quitté l’Angleterre. C’était en 2012. Destination imprécise pour le couple qui est arrivé en camionnette dans le nord du pays. « Ça a toujours été notre approche : aller vers les vagues et se débrouiller pour trouver du boulot postérieurement. C’est ainsi qu’on a vécu en Nouvelle-Zélande et au Portugal. Puis nous sommes arrivés en France. Mon espoir initial était de travailler sur les chantiers navals Bénéteau puisque je suis diplômé dans cette spécialité », explique Guy dont le niveau de langue, qu’il estimait trop approximatif en ce temps, l’avait convaincu de ne pas candidater. La route reprend en direction du sud, en longeant l’océan. Le ménage réalise qu’il n’a plus les ressources pour imaginer un éventuel retour. Réservoir dans le rouge. Ils 38

arrêtent le camion à Saint-Jean-de-Luz. Coup de cœur. « C’était super, on y a trouvé des vagues incroyables donc on a cherché du boulot ici. Au début, j’ai œuvré comme charpentier et Hanni, ma femme, a bossé dans un restaurant. On s’est instantanément fait un groupe de copains et je pense pouvoir dire que l’intégration a abouti puisque nous avons eu un enfant, Français du coup, et futur surfeur évidemment. » Après avoir vécu un bon moment dans un mobil-home à Lafiténia en jonglant entre les contrats, l’idée d’ouvrir un atelier de shape se dessine. « Avec mon apprentissage spécialisé, ma passion pour le surf, ça devenait une évidence. On a donc ouvert cet espace dédié à la réparation et à la conception de planches. On s’éclate, on construit des engins pour les gens d’ici et on les retrouve au line-up. Tout se passe dans un rayon de cinq kilomètres et, même si la famille semble un peu loin, c’est comme ça qu’on a choisi de vivre », conclut Guy, jeune papa-shaper devenu addict du sud de l’Aquitaine.


WOODIE BOUMA Australie --> Seignosse

Maurice Cole ou Robbie Page appartiennent à ce groupe d’Australiens qui a débarqué dans les Landes au milieu des années 80. Belly, le boss de l’atelier de shape Euroglass, fait aussi partie de cette vague migratoire. Il ne cache pas son attachement au territoire : « Beaucoup de Français me demandent pourquoi je n’ai pas monté ma boîte en Indonésie ou en Australie… Je fais l’équivalent en distance d’un tour du monde par mois. Autant dire que je vois du pays. Le meilleur endroit du monde, synonyme de sécurité, d’assurance maladie et d’emploi, bien souvent contrairement au point de vue des natifs, c’est là où j’ai ma maison, en France ». Woodie Bouma, lui, vient de la côte Est de l’Australie. Il est arrivé trente ans après ses compères mais ses intentions ont été similaires : « Ma mère est d’origine chinoise et mon père Hollandais. J’habite à Seignosse, je suis le patron du restaurant Le Surfing situé aux Estagnots. J’ai ouvert l’établissement en 2009. J’ai fait le tour du monde à l’âge de 17 ans accompagné par ma mère et j’ai pris la décision de rester sur le Vieux continent. Ça me plaisait ». Woodie passe d’abord neuf hivers dans les Alpes puis choisit de s’installer plus durablement sur la côte. Il trouve des locaux tout à fait à son goût, découvre des conditions de surf exceptionnelles et une nature plutôt présente qui offre de nombreuses possibilités. « J’ai surfé de nombreux spots en France mais mes breaks favoris sont proches du Penon, à Seignosse. Le restaurant est ouvert de mai à octobre et j’ai beaucoup de travail durant cette période. Du coup, je ne perds pas trop de temps à checker, je vais rejoindre le line-up le plus vite possible. Il faudrait que j’explore un peu plus les plages au Nord des Landes ! », reprend-il en se marrant. L’Australien trouve que le niveau global des surfeurs a considérablement évolué dans le pays : « Certains types sont très forts et il y a de plus en plus de monde qui déchire. Ça laisse fatalement moins d’opportunités de take-off ». Une clientèle ou un groupe d’amis originaires d’un peu partout sur la planète gravite autour du Surfing. Le lieu se veut simplement le reflet du lifestyle de l’Australien. Woodie regrette de temps à autres l’éloignement de la famille et des amis, peut-être aussi le côté véritablement sauvage de la nature qu’il ne retrouve pas en France. Même s’il conserve son affaire à Seignosse, rien ne l’empêche de regagner les siens, les requins et les crocodiles en dehors de la saison. Un projet pour les prochaines années : tenter de rendre son restaurant auto-suffisant, sans impact sur l’environnement. Le Surfing va devenir un restaurant avant-gardiste !

Du genre doué avec tout ce qui glisse, Woodie passe du Surfing, son restaurant, au surfing, le vrai, en parcourant une centaine de mètres.

Woodie passe d’abord neuf hivers dans les Alpes puis choisit de s’installer plus durablement sur la côte. UNE BOISSON : les vins de Bordeaux. UN FROMAGE : les brebis et le brie. UN PETIT-DÉJEUNER : bananes et chocolatine. UN SHAPER : Chipiron Surfboards. UN SURFEUR : Marc Lacomare et Benjamin Sanchis. UN PEU DE CULTURE : Emmanuelle Béart, Le Grand Bleu, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Chocolat. 39


ART DE VIVRE LOCAL

J’avoue que l’ambiance à l’eau est bizarre. Parfois, je dis bonjour lorsque j’arrive sur le spot et personne ne me répond... SIMON RADOW

©Pêché

Berlin --> Bordeaux

Le Porge est l’un des spots les plus proches pour les surfeurs bordelais et là où Simon aura surfé beaucoup de vagues.

UNE BOISSON : Pessac-Léognan. UN FROMAGE : le beaufort. UN PETIT-DÉJEUNER : café noir mais je préfère le petit déjeuner allemand. UN SHAPER : Jock Surfboards. UN SURFEUR : Tous ! UN PEU DE CULTURE : Charlotte Gainsbourg est mon actrice favorite et j’aime Le Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry. 40

Après l’Englishman in New York, le Berliner à Bordeaux. L’Allemand Simon Radow y réside et surfe le plus souvent les spots de Gironde. Avant tout passionné de skate, il a su profiter de la proximité de l’océan pour glisser sur l’eau. « Je suis arrivé pour étudier à l’université et je me suis finalement retrouvé plus souvent à la plage que sur les bancs de la fac », explique le jeune homme qui n’avait que très peu surfé avant son installation en France. Simon s’est rattrapé et compte bien emmener sa copine et son fils encore tout jeune à la découverte des line-ups. Pour l’instant, c’est avec une bonne bande de copains, tous des locaux, qu’il organise ses sessions, tantôt à Biscarosse, Hendaye ou Biarritz. « J’étais à fond dans le skate et je ne connaissais pas bien le surf avant d’arriver et j’ai été conquis. Mais j’avoue que l’ambiance est bizarre. Parfois, je dis bonjour lorsque j’arrive sur le spot et personne ne me répond... Mais il y a tellement de visages et d’attitudes chez les pratiquants : entre le hippie, le hipster, le performant, l’ancien et tous ceux qui ne rentrent dans aucune de ces catégories… Finalement, je ne pense pas qu’il y ait un style typique de surfeur français. Les plus sympas, à mon sens, ceux qui m’ont donné des conseils quand je débutais, c’était les gens plus âgés », détaille Simon qui va être contraint de rejoindre Berlin pour quelque temps afin de valider son diplôme. Il entend revenir après cette formalité pour profiter des sessions tôt le matin, des spécialités locales, de la nature foisonnante. Il aime la France mais reste un peu inquiet : « Parfois, je me dis que les Français, en fait, ne sont pas si ouverts quand je vois leur façon de réagir dans les médias quand il s’agit de politique surtout. Ceux que je croisais lorsqu’ils étaient à Berlin semblaient beaucoup plus émancipés et clairvoyants », conclut-il, avant d’enchaîner sur les prévisions de vagues.


©Cazenave

Robbie participe activement à l’organistion du Montalivet Classic et doit savourer la technique à la française d’Antoine Delpero.

ROBBIE CONDER Angleterre --> Montalivet

Il en a presque oublié ses origines ! Robbie Conder est un anglais originaire du Yorkshire, passionné de montagne. Celui-ci est arrivé à Chamonix à la fin des années 80 et, de retour d’un trip au Maroc entre deux saisons, son moteur lâche. Une chance, c’était le bon endroit, en Gironde, et il n’est pas reparti. Il a pu découvrir le secteur, s’y installer, travailler pour Oxbow, faire de la photographie et bricoler sur le web tout en prenant un bon paquet de vagues. Le Britannique surfe tout se qui se présente, du mascaret à Parlementia. Il admet cependant être abonnée aux spots de Montalivet : « C’est la maison maintenant, je connais tout le monde. L’ambiance est top en dehors de la saison d’été. S’il y a trop de monde, tu marches cinq minutes et tu as ta vague pour toi. Je ride des 9 pieds et suis fan de longboard. J’aide à l’organisation des Masters qui s’y déroulent », explique Robbie, rebondissant sur un de ses meilleurs souvenirs dans le pays : « En 1996 j’ai travaillé sur l’organisation des finales ASP qui se déroulaient entre Bidart et Guéthary. J’étais sur le jet avec Melvin Pu’u. Il y avait plus de 20 pieds de vagues. C’était dingue. Quinze boards ont été cassées ce jour là ! ». Conder admet ne pas regretter l’Angleterre, à part peut être pour la bière. Mais pour être honnête, bière anglaise ou vin de Bordeaux, le choix est vite fait, non ? Ça fait tellement de temps que Robbie vit la culture française, l’apéro au sunset, les discussion enflammées et pleines de sens avec les amis, la quiétude de la campagne toute proche qu’il n’a plus aucun souvenir de sa vie au delà des îles anglo-normandes...

Conder admet ne pas regretter l’Angleterre, à part peut être pour la bière. Mais pour être honnête, bière anglaise ou vin de Bordeaux, le choix est vite fait, non ?

UNE BOISSON : Château Tour Haut Caussan. UN FROMAGE : le reblochon. UN PETIT-DÉJEUNER : au café, à Montalivet. UN SHAPER : Gérard Depeyris à Lacanau. UN SURFEUR : Antoine Delpero. UN PEU DE CULTURE : Sophie Marceau, mon actrice préférée et Le Grand Bleu. 41


ART DE VIVRE LOCAL

PAUL CONIBEAR Pays de Galles --> Douarnenez

Ancien champion du Pays de Galles de surf, vainqueur du titre anglais à deux reprises et régulièrement sur la première marche des podiums de skate, Paul Conibear est indubitablement doué pour la glisse. Originaire de Langland Bay, il est arrivé en Bretagne en 1972 pour profiter d’un hiver un peu plus clément. Paul s’est installé à la Torche en 1987 afin d’épauler Bruno Troadec sur les shapes de la marque Freezing Hot. À 63 ans, le surfeur s’est reconverti dans la musique, officiant comme auteur, compositeur, interprète. Mais il a vécu l’évolution du surf local : « Du côté de Douarnenez, là où je réside maintenant, c’est terrible ! À l’époque, nous n’étions que deux fous à l’eau. Maintenant, on se retrouve vite à quarante ! Les gars ont progressé et surfent de mieux en mieux. Pas étonnant que certains se retrouvent sur le Tour ! », raconte le Gallois avec son français approximatif. Les régions sont agréables, la langue difficile à maîtriser, mais ça n’empêche pas notre expatrié de s’emballer sur ses souvenirs et ses escapades sur le littoral. La géographie surf, il là connaît mieux que la grammaire. « En 1972, à Hossegor, il n’y avait que deux bâtiments et trois types qui shootaient régulièrement. La vague avait été exceptionnelle : un mini Raglan rien que pour nous ! », reprend Paul, expliquant qu’il ne peut pas aller à l’eau en ce moment à cause d’un problème aux ligaments. Il est enragé et n’attend qu’une chose : shooter à nouveau ! Conibear adore le rythme de vie qui s’accorde à la culture française et admet que la nature bretonne ressemble beaucoup à celle du Pays de Galles mais en plus détendue. Il regrette juste la politique du pays : « Je n’aime pas trop me mêler de ça mais je pense qu’il y a beaucoup de discrimination ici et cette montée des extrémismes m’effraie un peu. Mais je ne veux pas en dire plus, je veux juste parler des vagues ! ».

UNE BOISSON : Bourgogne. UN FROMAGE : le comté. UN PETIT-DÉJEUNER : café noir. UN SHAPER : Rob Surfboards. UN SURFEUR : FX Maurin. UN PEU DE CULTURE : J’adore Françoise Hardy.

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Avec une planche sous les pieds ou une guitare entre les mains, Paul Conibear exerce ses talents en terres bretonnes.

Originaire de Langland Bay, il est arrivé en Bretagne en 1972 pour profiter d’un hiver un peu plus clément. Paul s’est installé à la Torche en 1987.


Quand le pays lui manque trop, Tone enfile un short et fait comme s’il n’avait pas froid pour surfer à La Torche...

TONE BROKER Nouvelle-Zélande --> Quimper

Tone Broker a gentiment bourlingué dans le Pacifique avant d’arriver en France. Le Néo-Zélandais a ainsi vécu à Brisbane puis Byron Bay, histoire de perfectionner son bottom, avant d’arriver à Quimper. Il était alors âgé de 37 ans. Bassiste du groupe Clara Kurtis, dj, professeur de musique, c’est la passion, l’envie de vivre une autre culture et de descendre d’autres vagues qui l’ont convaincu. C’est tantôt à la Torche, à Penhors, à Gwen ou sur l’île aux Vaches que le kiwi exhibe ses manœuvres. « J’aime l’ambiance surf en Bretagne. On n’est pas trop nombreux à l’eau. La plupart de mes amis et mes deux beaux-fils viennent au line-up avec moi et les gars qu’on ne connaît pas sont généralement super sympas et accueillants », s’enthousiasme Broker. Ses projets vont bon train en France. En plus de gagner sa vie avec la musique, il donne dans l’événementiel et compte se marier dans les mois qui viennent. On devine qui va s’occuper d’animer la soirée ! « Mes amis d’Australie ou de Nouvelle-Zélande viennent parfois me rendre visite. Mon pays d’origine ne me manque pas réellement. Okay, l’eau est plus chaude là-bas mais ce sont les gens qui me réchauffent le cœur en Bretagne. Ils sont ouverts, plein d’humour et cool », précise le surfeur. Certains expatriés restent ainsi un moment puis repartent, d’autres prennent leurs vacances pour rejoindre les spots de leur enfance, une fois par an, parfois à l’autre bout du monde. Cependant, une majorité, conquise par les atouts du pays, devient elle même autochtone, empruntant rites et façons de vivre. Les voyages forment la jeunesse et la France attire indubitablement.

« J’aime l’ambiance surf en Bretagne. On n’est pas trop nombreux à l’eau et la plupart de mes amis surfent avec moi. »

UNE BOISSON : un bon champagne ou du bordeaux. UN FROMAGE : le morbier. UN PETIT-DÉJEUNER : avocat et roquefort sur un croissant. UN SHAPER : Rob Surfboards. UN SURFEUR : Alexis Deniel et Aurel Jacob. UN PEU DE CULTURE : le film La Cité des Enfants Perdus. Héloïse Letissier (Christine and the Queens). 43


Interview LOCAL

©Bonnarme

STÉPHANE IRALOUR

Une vague partagée l’espace quelques instants à Belharra : un moment qui reste fort pour les deux surfeurs et une session historique pour le surf de gros à la française.

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LES DEUX CHARGEURS LES PLUS EN VUE DE L’HIVER ÉCHANGENT SUR LEURS SESSIONS MARQUANTES, LEUR VOLONTÉ DE REPOUSSER TOUJOURS UN PEU PLUS LOIN LEURS LIMITES ET DE SE FROTTER AUX MEILLEURES VAGUES DE LA PLANÈTE. SURF, SÉCURITÉ, ENGAGEMENT, JUSTINE DUPONT ET STÉPHANE IRALOUR DÉBRIEFENT LEUR HIVER. Propos recueillis par Baptiste Levrier

JUSTINE DUPONT

"Nous ne sommes pas des têtes brûlées" 45


©Levrier

Interview LOCAL

LA RAME / LE TOW-IN Justine Dupont. Vu que j’étais principalement à Nazaré cet hiver, j’ai surtout fait du tow-in étant donné les vagues de débiles qu’on a eu. Pour Belharra, j’avais envie depuis un moment d’y aller à la rame, pour, au final, une demie victoire. Je choisis l’un ou l’autre selon les vagues, les envies du moment, mon ressenti, si j’ai envie de me mettre plus de challenge ou pas. À Belharra, par exemple, j’y étais déjà allé quelques fois en tow-in et j’avais envie de quelque chose d’autre, de plus excitant. J’ai l’impression, pour moi, que c’est plus facile d’y aller d’abord en tow, pour repérer, apprendre, prendre plein de vagues, ramasser... Et ensuite, tu connais mieux l’endroit pour y aller à la rame. Stéphane Iralour. Ça ne s’est pas présenté pareil pour moi ! Ça fait quinze ans que je fais du tow et deux hivers que je me concentre presque uniquement sur la rame. Le tow, c’est plus facile, moins engageant. Cet hiver, j’ai privilégié les swells sur lesquels je pouvais ramer. J’ai ciblé mes sessions. Je ne suis pas allé à Nazaré mais à Tenerife par exemple. Et désormais, à Belharra, ce sera toujours à la rame. Ça fait depuis 2003 que j’y surfe, j’avais l’impression d’avoir fait le tour du sujet en tracté, je ne m’amusais plus et j’avais envie d’autres challenges. À la rame, ça remet un challenge : il ne faut pas bouffer, être plus attentif, réussir à partir. Quand j’étais jeune, le surf de gros n’était pas du tout à la mode, c’était un truc de bourrin et tout le monde voulait faire de la petite planche. Mon premier gun était un 7’2... Quand j’ai commencé le tow, on saturait à la rame. On a découvert le surf tracté avec Hamilton, on a commencé à s’entraîner, à améliorer la sécurité. Et ensuite la rame est revenue avec 46

un nouveau matériel. Belharra à la rame, c’était juste inenvisageable ! Mais le vrai avantage du tow, c’est quand même de surfer des grosses vagues avec une 5’4 ou une 5’6 sous les pieds et d’avoir des possibilités folles sur les vagues. J.D. Moi j’aime bien aussi le côté mécano du tow-in. Il faut savoir comment les jet-skis fonctionnent, les réparer, en prendre soin. Je garde tout le temps en tête que ça reste une machine qui peut planter à n’importe quel moment. À Nazaré, tu entres dans une autre dimension. Dans l’idéal, il faut avoir un deuxième jet-ski en sécurité et avoir les machines les plus puissantes. Le nôtre est limite, on se fait parfois rattraper par des mousses. Pour l’hiver prochain, j’essaie d’avoir un budget pour acheter un jet-ski plus puissant et avoir un gars en plus en sécu.

LES PLANCHES J.D. En tow-in à Nazaré, j’ai fait avec mes planches de Belharra que je lestais de plus en plus ! Elle est trop légère et du coup ça tape beaucoup dans le clapot. J’ai pu essayer les planches de Ross Clarke-Jones, shapées par Rob Vaughan, et je pense m’orienter vers ce genre de board. J’ai testé la planche d’un shaper portugais mais je n’arrivais pas à surfer avec ! Je cherche des infos pour progresser mais ce n’est pas évident de tester de nouvelles planches. Tu n’as pas envie de te retrouver mal embarqué dans des grosses vagues. S.I. À l’époque, on faisait du tow avec des 7 pieds. Petit à petit on a rétréci, on s’inspirait de ce que faisaient les Hawaïens. Aujourd’hui ma planche fait 15 kilos. Elles sont très lourdes pour pouvoir passer à travers le clapot.


©Ginory

Parmi les bons souvenirs de son hiver, cette session à Tenerife lors de laquelle Stéphane, en pleine confiance, prend quelques-unes des meilleures vagues.

L’ E N T R A Î N E M E N T S.I. Deux fois par semaine à la piscine, une fois à la boxe, un peu de sophro. Et s’il y a des vagues, je vais surfer, sinon je suis en montagne. J.D. Ça varie beaucoup avec les déplacements mais, la base, c’est deux séances d’apnée par semaine, et du physique quand je ne suis pas trop claquée par de longues sessions. Dernièrement, je me préparais moi-même mes entraînements, mais là je vais bosser avec un coach. Et puis je pense me remettre à la piscine, pour être plus à l’aise encore dans l’eau, être capable de rentrer à la nage en cas de pépin. Ça joue beaucoup sur la confiance, ça fait vraiment partie des choses à mettre en

place pour réussir de bonnes performances. Si tu ne le fais pas, tu t’exposes à des risques. En t’entraînant, tu vas pouvoir aller encore plus loin sans prendre plus de risques. S.I. Ça fait vraiment partie de la démarche. Je fais des efforts au quotidien et je gagne en sérénité. Tu apprends à te connaître. J.D. Au final, j’ai eu plus de frayeurs à l’entraînement, sur des apnées par exemple, qu’en surfant. J’y pensais encore hier soir sous l’eau, lors d’un entraînement en apnée, en me disant que si je n’étais pas capable de tenir un peu plus longtemps ici, je n’arriverais pas à tenir la corde une seconde de 47


Interview LOCAL

Résidant désormais à Nazaré une partie du temps, Justine se teste dans toutes les conditions possibles pour acquérir un maximum d’expérience et être prête le jour-J. Ici aux côtés de la légende Ross Clarke-Jones.

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« C ’ e s t p l u s f a c i l e d ’ y a l l e r d ’ a b o r d e n t o w, p o u r r e p é r e r, a p p r e n d r e , p r e n d r e p l e i n d e v a g u e s , r a m a s s e r. . . E t e n s u i t e , t u c o n n a i s mieux l’endroit pour y aller à la rame. » Justine

plus ou que je tomberais au premier clapot... Si je ne fais pas de préparation physique, je ne surfe pas. Ça permet aussi d’avoir moins de blessures.

fois, à Belharra, quand j’ai vu Sancho saigner des oreilles... C’était après trois jours de surf non-stop et là, pour le coup, on en avait trop fait.

S.I. Il y a quelques années, on ne faisait rien. Avec Peyo (Lizarazu), on faisait un footing... Et encore, on était de ceux qui faisaient quelque chose !

J.D. À Nazaré, sur la plus grosse vague sur laquelle Fred m’ait lancé, je me suis écouté et je suis parti sur le côté. J’aurai pu y aller... La décision se prend en une milliseconde. Fred est là pour moi, tout le temps, je sais que je peux compter sur lui. Le fait qu’il valide, ça compte beaucoup.

LE DANGER

©Masurel

J.D. Cet hiver à Nazaré, avec Fred (David, son compagnon et partenaire de tow), on s’était dit d’y aller tranquille. On voulait prendre nos marques. Je suis quelqu’un qui prend peu de risques. Je ne me pointe pas du jour au lendemain à Belharra à la rame. J’étais prête à ramasser. À Nazaré, on voulait apprendre donc on y allait tous les jours, dans toutes les conditions, même si on se retrouvait tous seuls. Lors de certaines sessions, on se tâtait vraiment, on regardait la mer pendant longtemps avant de se décider. Le dernier jour, je sentais une ambiance un peu particulière, j’avoue que je n’étais pas très fan. Du coup, on est parti pour prendre une seule vague, mais une jolie (celle partagée avec RCJ). Je reste très à l’écoute de moi. Et ce n’est pas forcément les plus gros jours qu’on se fait le plus peur. S.I. Ce qu’on fait est dangereux, on le sait. Du moment où tu commences à te préparer, c’est que tu es conscient de ce que tu dois affronter. On n’est pas des têtes brûlées. J’ai deux enfants et, quand je pars le matin, j’ai envie de les retrouver le soir ! À ce jour, je n’ai jamais eu la sensation d’être allé trop loin. Sauf une

CETTE VAGUE À DEUX À BELHARRA S.I. C’était rigolo ! J.D. C’était dingue ! S.I. Au début, je ne l’avais pas vu venir, ça va tellement vite. Je rame comme un sourd, je sens que ça part, je me lève, je regarde mes pieds parce que ça bouge beaucoup et puis je lève la tête pour voir où je vais et je la vois partir. Je me rappelle que je commence à rigoler ! Après, je finis ma vague, concentré, et je me demande enfin où elle est. C’était un bon moment ! J.D. Je me souviens de cette session quand Shane Dorian était là. Une bonne vague était arrivée, il était bien placé, j’étais à côté de lui, et je lui avais demandé si je pouvais partir... Il ne m’avait même pas répondu, j’avais trouvé ça hyper dur ! Je ne voulais pas le gêner et pour moi, le surf de grosses vagues était suffisamment dangereux pour ne pas en rajouter une 49


Interview LOCAL

« Ce qu’on fait est dangereux, on le sait. D u m o m e n t o ù t u c o m m e n c e s à t e p r é p a r e r, c ’ e s t q u e t u e s c o n s c i e n t d e c e q u e t u d o i s a f f r o n t e r. On n’est pas des têtes brûlées. » Stéphane

couche en surfant à deux. Mais en fait, il y a de la place pour deux. Du coup, après ça, Fred m’avait dit « Peu importe qui c’est, t’y vas ! ». S.I. Du coup, pourquoi pas aller décapiter Iralour !

©Masurel

J.D. Oui, au final, j’ai braqué le local ! Ça reste une petite fierté d’avoir participé à cette journée. Quand je suis tombé, j’ai eu peur de le gêner, de voir ma planche partir sur lui... Les sensations étaient folles.

JAWS J.D. J’ai fait une session là-bas, c’était bien pour une première fois mais ça ne me suffit pas du tout. J’ai laissé mes planches là-bas, je veux y retourner. C’est une belle vague à la rame, un beau challenge. Mais j’ai du mal à envisager de me retrouver à cent dans l’eau sur un swell que tout le monde veut scorer. Pour moi, le surf de grosses vagues, c’est aussi avec moins de monde et avec un vrai partage. Je préfère les swells imprévus, pas forcément les plus gros, mais sur lesquels tu peux prendre la bombe. La compète à Jaws, c’était une super occasion de surfer juste à quelquesunes, avec les jet-skis et toute la sécurité. J’espère qu’on aura d’autres contests cette année. S.I. C’est sur ma to-do list aussi ! Mais il y a effectivement ce frein à cause du monde. Pour moi, l’occasion ne s’est pas présentée cet hiver.

©Masurel

LES FILLES DANS LE SURF DE GROS J.D. Vu que je fais aussi du shortboard, j’ai un bon niveau technique donc les gens savent que je vais pas aller tout droit, que je ne suis pas une bourrine qui n’a que du mental. Je ne suis pas juste une folle qui ne sait pas surfer. Il faut quand même faire attention sur certains spots comme Jaws à ne pas tomber sur la première vague. Mais ça vaut aussi pour les garçons. Être une fille n’est pas une limite. Je m’entraîne en fonction, selon certains déficits musculaires qu’on peut avoir. Fille ou garçon, c’est un Homme face à ses défis. S.I. Je me demanderai toujours comment elle fait. Moi qui ai grandi à l’école des gros mollets et des grosses cuisses, je ne comprends pas comment elle fait pour tenir sur des vagues comme ça en ayant un corps aussi féminin. Justine, c’est pas un poney ! Tu pourrais te dire, je me transforme en garçon, je fais comme les garçons. Justine, elle laisse une part de féminité dans son surf et ce qu’elle fait est tout aussi 50


©Levrier

respectable que tout ceux qui se donnent les moyens de réussir. Dans l’eau, tu ne te poses pas la question. Mais il y a des garçons qui sont dans le surf de gros par intérêt, qui ne s’entraînent pas, et ça, je respecte moins. J.D. Ça me fait penser à Ross Clarke-Jones qui, après la vague qu’on a partagée, a appelé Tom Carroll pour lui dire « J’ai pris une vague avec une fille, j’ai pris une vague avec une fille ! ». Il était trop drôle ! Mais il y a toujours de sacrées différences entre les filles et les garçons, sur les prize-money par exemple, dans la société, les salaires... Être une femme, ça ne doit pas être une limite. T’es une femme, on est constitué pareil, on peut faire pareil. Il y a forcément des petites variations, notamment sur le côté féminin du longboard. Il n’y a pas de comparaison, c’est juste différent. J’espère qu’il y aura un jour autant de nanas que de garçons, mais il faudra attendre un peu ! S.I. La finalité est la même, la manière de le faire est un peu différente.

LES PETITES VAGUES S.I. Je vais autant m’éclater dans 50 cm que dans des grosses vagues. Je varie les outils : une planche un peu plus large, un shortboard, un stand-up... Ce qui va le plus me fatiguer

dans les petites vagues, c’est le monde. Ça peut m’empêcher d’aller à l’eau. Pour moi, il n’y a pas de petites ou de grosses vagues, il n’y a que du surf ! J.D. Bien dit ! Dans les petites vagues, il y a du fun, de quoi s’amuser, à nous de nous adapter et de trouver le bon support.

L E S P A R T E N A I R E S À L’ E A U S.I. Avec Éric Rougé, notre duo s’est constitué avec la pratique du tow-in. On était même un quatuor, avec Max Larretche et Peyo Lizarazu. On s’entraînait ensemble, on sortait ensemble. Même quand ça tournait mal, je savais que les trois étaient là derrière. C’est essentiel d’avoir des bons partenaires. Sans eux, je ne ferais rien. Il y a cette notion de partage aussi. Par exemple, à Belharra, Éric n’a pas pris de vague mais il était tout aussi content que moi sur le jet. Parce que pendant un an, tu prépares les planches, tu te poses des questions... J.D. C’est quand même une composante majeure du surf de grosses vagues. Tu cries pour l’autre, tu partages tout, tu es content pour l’autre. Quand tu reviens à une session normale, c’est le choc, ce n’est pas du tout le même état d’esprit. Tu batailles, t’es pas content parce qu’il a eu la bombe et pas toi. En plus, comme je disais, le fait que Fred soit mon partenaire renforce encore ce lien. 51


©wsl/cestari

Interview LOCAL

Première expérience à Jaws pour Justine. Ce n’est que le début.

PROCHAIN CHALLENGE J.D. Il y a encore plein de choses à faire, c’est ça qui est excitant. Plus gros, plus creux, on verra. Là, j’ai surfé Nazaré en tow, j’ai envie de le faire à la rame. En tracté, j’aimerais repousser mes limites personnelles, m’entraîner plus et mieux pour y arriver. Pour partir loin et surfer d’autres vagues, il faudra que je trouve de nouveaux budgets. Pour l’instant, ce n’est pas possible. Si je pouvais partir sur des swells, ce serait génial. S.I. Ramer de nouveau à Belharra. Même si j’ai eu deux vagues, il y a un goût de trop peu. Et j’ai une vraie attirance pour Mavericks, j’ai vraiment envie d’y aller. Donc je pense que l’hiver prochain, ça sera la cible. Et repartir faire un tour à Tenerife parce que leur vague est quand même pas mal.

UN SOUVENIR DE CET HIVER J.D. Quand Fred a pris son tube à Nazaré. J’étais à l’eau et c’est un Brésilien qui l’a lancé. C’était notre dernière session, le jour où je n’étais pas trop en confiance. Il était à Jaws avec moi, à Belharra, sans jamais prendre de vagues alors qu’il adore ça. Pour lui, ça a été des sacrifices, même s’il aime ça aussi. Il a beaucoup progressé avec le jet, il m’a récupéré plein de fois et m’a empêché de ramasser. Il s’est mis 52

en danger pour moi. Donc c’était la cerise sur le gâteau, il a enfin pu en profiter. S.I. Spontanément, c’est ma deuxième vague à Belharra. J’ai beaucoup aimé, elle était assez grosse, ça faisait un moment que je la voulais. Si on m’avait dit ça en 2003 quand on commençait le tow... C’était une vraie belle sensation et un super souvenir. On était entre copains. Mais il y aussi cette session aux Canaries sur cette vague qui ressemble à Jaws en gauche et qui a un potentiel fou. Ils commencent à peine à la découvrir.

L’ I M P A C T J.D. Je n’ai pas ramassé à Nazaré encore, ça me guette et je sais que ça va arriver... Je suis tombé à Belharra mais sans passer trop de temps à l’eau. Je trouve que l’impact, la puissance, l’épaisseur de Nazaré qui se concentre parfois en un seul point est ce qui me semble le plus effrayant. S.I. Pour avoir bouffé un peu partout, je trouve que Belharra est la vague la plus dangereuse. C’est là où je suis resté le plus longtemps sous l’eau, plus de 50 secondes, elle t’envoie tellement profond... Ça fait mal aux oreilles, à la mâchoire. À Nazaré, j’ai trouvé ça violent mais tu recules tellement à


« C’est essentiel d’avoir des bons partenaires. Sans eux, je ne ferais rien. Il y a cette notion de partage aussi dans le surf de grosses vagues. » Stéphane

l’impact, de 50 ou 60 m, que la deuxième passe mieux et la troisième, tu es déjà au bord.

LES GILETS J.D. Depuis deux ans, j’ai celui de Patagonia, merci à eux. C’est extraordinaire, je pense que je ne le ferais pas sans. Ou alors je serai amené à prendre plus de risques et à être moins épanouie. Ça fait peur aussi parce que tu te retrouves à aller dans des vagues de débiles... Je mets également un casque à Nazaré, à cause du choc à l’impact sur l’eau ou avec les dérives. Je bosse aussi pour avoir des combis avec plus de flottaison et rajouter des poignées pour qu’on puisse me récupérer plus facilement. La sécurité, c’est être ouvert à tout ce qui se fait et prendre des conseils d’autres disciplines. Ce n’est pas une honte de s’équiper le plus possible. S.I. Depuis que j’ai récupéré le gilet fait par Peyo (pour Quiksilver), c’est le jour et la nuit. C’est un élément apaisant de plus. Avant, on partait avec des palmes attachées autour de la taille, comme si on allait pouvoir les enfiler sous l’eau. Après, on emmenait une petite bouteille d’oxygène pour respirer sous l’eau... mais on ne la trouvait jamais ! Et puis on a mis un gilet, puis un dessous et un autre dessus. Jusqu’à aujourd’hui où on a quatre cartouches, on peut dégonfler, regonfler... Mais il ne faut pas que ça occulte toute la préparation en te disant, j’ai un gilet, je ne risque rien. C’est un élément de sérénité en plus, c’est bien. J.D. En aucun cas, je me prépare moins en me disant que j’ai un gilet. À l’inverse, vu que je me retrouve dans des conditions encore plus extrêmes, il faut que je m’entraîne encore plus.

U N E Q U E S T I O N P O U R L’ A U T R E S.I. Quand tu vois les contrats de certains surfeurs de grosses vagues, comment ça se fait que tu n’as pas de sponsor ? Moi, ça me rend fou, je ne l’explique pas ! J.D. Le surf, c’est un business, il faut rentrer dans des cases et je n’y rentre pas. Dans ma carrière de surfeuses de grosses

vagues, j’ai toujours senti que je gênais plus que d’être bienvenue. Le premier jour, la première fois, la première vague, j’étais bienvenue, la deuxième, je gênais. Je pense que parfois je me suis desservi moi-même. J’espère qu’il y a des gens qui ont envie de pousser la performance, le sport, les femmes, les gens qui se lancent des défis. Je suis déjà passé par là trois fois, à être sans sponsor majeur, ça apprend à grandir, tu te rends compte de ce que tu aimes, de ce pour quoi tu le fais. J’y crois, j’espère qu’il va se passer quelque chose. Je reçois plein de messages de soutien, des femmes et des hommes, même parmi les meilleurs surfeurs, qui se disent inspirés par ce que je fais. Ce qui me rend un peu folle, c’est que ce soit une limite à ma progression. J’ai les capacités pour aller plus loin. Mais il va me falloir un jet-ski supplémentaire, pouvoir partir sur un swell... C’est frustrant d’être face à des limites financières. Mais ça ne me pollue pas. J.D. Est-ce qu’en ayant des enfants, tu changes de cap ou est-ce une motivation supplémentaire ? S.I. J’ai eu ma fille en 2002, au moment où on commençait à envisager d’aller à Belharra ! Ça m’a juste poussé à être plus dur dans ma préparation, plus réfléchi dans l’eau. C’est dur à expliquer mais j’ai conscience que si je dois mourir dans l’eau, ce que j’accepte, et laisser mes enfants, je veux qu’il n’y ait pas de regrets, qu’ils se disent que j’étais prêt, que c’était ma passion. Je veux qu’il comprenne que c’est important d’avoir des passions dans la vie et qu’ils y aillent à fond. D’un coup, tu changes quand même ta façon d’être mais pas que dans le surf de grosses vagues, dans la vie en général. Pour mes enfants, Belharra, c’est normal. Mais il y a deux ans, je partais à Nazaré et je vois ma fille fondre en larmes et qui me dit “Tu pars à Nazaré, tu vas mourir...”. Mais non, Papa, il va juste surfer ! C’est marrant comme pour le grand public, surfer Nazaré c’est aller à l’abattoir ! Ma femme sait aussi que ce n’est pas possible de me demander de renoncer. Surtout que le surf n’est pas mon métier et que si je fais tout ça pour pas un rond c’est qu’il n’y a plus rien à faire ! Elle a compris qu’elle ne pouvait pas lutter.

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progression LOCAL

Surf d’été 15 conseils pour être prêt ! PARCE QU’IL NE SUFFIT PAS DE SE RÉVEILLER PAR UN BEAU MATIN OFFSHORE D’ÉTÉ POUR PROFITER PLEINEMENT DE CE PETIT MÈTRE SYMPA, VOICI QUELQUES CONSEILS POUR SE METTRE À NIVEAU ET ÊTRE AU TAQUET ALORS QUE LE COMPTE À REBOURS À COMMENCÉ AVANT LE DÉBUT DE LA SAISON ESTIVALE.

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1. Mettre un réveil Parce que le calme d’un line-up d’hiver

se transforme en champ de bataille l’été. Alors on oublie les sorties jusqu’au petit

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©Arrieta

matin et on branche le réveil ! Surfer l’été, c’est surfer à l’aube.


progression LOCAL

2. Trouver une nounou

© Cazenave

Ne faites pas comme Taj, ne restez pas dans l’embarras avec un bébé sur les bras à regarder les vagues pendant que la wax de votre planche fond...

©Gladu

La mode dure depuis quelques saisons désormais et les planches en mousse s’affirment comme un moyen incontournable pour s’amuser dans la moindre vague.

3. Choisir une bonne mousse

4. Mieux manger Pas besoin de se mettre à la diète pour autant. Ce qu’on recherche, c’est un gain d’énergie, de force et d’endurance, dans le but de se sentir à l’aise à l’eau et éviter les blessures, faire face à la série qui décale, supporter une session de plusieurs heures, ne pas s’épuiser à la rame... Mieux manger va de paire avec mieux vivre et se traduit par de petits efforts quotidiens. Comme il est impensable de dire adieu aux barbecues et aux apéros, il faut seulement intégrer quelques petits changements : grillades plutôt que burger, tomates cerises plutôt que gâteaux salés à l’apéro, carpaccio de fruits plutôt que mousse au chocolat au restaurant. C’est simple, ça ne chamboule pas tout et ça fait la différence à l’eau.

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©Arrieat

Après quelques jours de flat, voilà le genre de vision qui a de quoi réjouir. Surtout si le spot le plus blindé de France est vide !

5. Bien lire les prévisions Et savoir s’enthousiasmer pour une entrée de houle de 50 cm et 8 secondes de période... 6. Faire un peu de sport Des muscles du dos inexistant, voilà peut-être ce qui freine le plus souvent la reprise... D’où l’importance de travailler

7. S'inspirer En observant les meilleurs surfeurs à

sa ceinture scapulaire (complexe dos/épaule), qui per-

l'eau, en matant les derniers clips du

mettra une bonne endurance musculaire pour une rame

moment ou les films mythiques de la

efficace et facilité. Des abdominaux et dorsaux musclés

culture. Vous avez le droit de copier

protègeront également des douleurs lombaires et aideront

ce que vous voyez.

à garder une bonne posture. Un peu de gainage, de circuit cross-training, d’exercices d’assouplissement et d’équilibre transformeront vos premières sessions ! 57


progression LOCAL

© Crétinon

Avec le vent de mer, des sections différentes s’offrent au surfeur. Julian Wilson sait en tirer le meilleur profit. Et vous ?

8.Avoir son diplôme Pour avoir de quoi justifier un surf-trip de deux mois.

10. Apprécier l’onshore « Onshore is the new offshore ». L’adage date un peu et, à moins de mettre des gros airs, ça ne marche pas vraiment... Mais persister à se mettre à l’eau même quand le plan d’eau est un peu ridé voire complètement en vrac permet déjà d’augmenter considérablement le nombre de vos sessions estivales. En plus,

9. Rappeler ses amis

surfer des vagues abîmées par le vent de mer peut être bénéfique à votre technique : sens de l’anticipation, lecture de vagues, appuis courts... Dans le clapot, on surfe diffé-

Et savoir sur qui compter pour se mettre à l’eau

remment que sur des faces de vagues glas-

et revenir sur le droit chemin (du spot). Plus on multiplie

sy. Sans compter que le vent onshore freine

les sources de motivation, mieux c’est.

pas mal de surfeurs au moment de se mettre à l’eau, le bon moment donc pour surfer l’été sans trop de monde.

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© Poullenot

Un single dans le glassy de l’été, ça file, ca flotte, ça change et ça donne le sourire. Anthony Harouet profite.

11. Bien connaître sa zone de surf Les plages les plus exposées, les reefs qui gonflent avec des houles courtes, les petits wedges qui concentrent : l’été, certains spots se révèlent et permettent de s’offrir beaucoup de sessions malgré des conditions pas toujours favorables.

12. Avoir la bonne board Qui dit été, dit (le plus souvent) vagues moins puissantes. Il faut donc compenser en surfant une board plus volumineuse pour mieux flotter, mieux ramer et continuer à prendre des vagues. Fishs, longboards, hybrides, objets flottants divers et variés, l’été est la meilleure période pour varier les supports et s’amuser !

13. Regarder nos tutos Réalisés en collaboration avec Bic, on reprend les bases pour commencer le surf du bon pied ! > Rendez-vous sur bit.ly/TutosBic 59


© Rabejac

progression LOCAL

Une dernière pour la route ? Il reste encore un peu de lumière et toujours moins de monde...

15. Surfer tard

14. Avoir une paire de palmes

Une session en décalé des écoles de

surf, à l’heure de l’apéro quand les terrasses se remplissent de touristes aux cheveux encore mouillés. Retarder ses sessions est une astuce qui peut s’avérer efficace en plein mois été. Ca coûte de faire l’impasse sur les débuts de soirées, et la bière au couché du soleil mais la détermination et le prix des concessions est vite rentabiliser par ces moments privilégiés quand Une marée trop haute, un bon shorebreak qui claque, des palmes : l’occasion est trop belle pour la manquer !

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© Justes

le vent tombe en même temps que la nuit et que les dernières vagues ne sont à partager avec personne !


À QUEL POINT ÊTES-VOUS PRÊT ? Répondez (en toute honnêteté) à ces 5 questions, faites les comptes et découvrez à quel point vous êtes prêts pour l’été ! Ou pas... 1. Combien de sessions depuis le mois de janvier ? a- Moins de 10 b- Entre 11 et 20 c- Plus de 20 2. À combien de kilomètres du premier spot habitez-vous ? a- Moins de 20 km

VOUS AVEZ UNE MAJORITÉ DE A

b- Moins de 100 km

Et dire que vous pensez naïvement renaître tel un phénix dès que l’eau se

c- Plus de 100 km

réchauffera et que le swell ramollira... Vous vous voyez déjà ramer la tête fièrement redressée et le torse bombé... Hélas, une fois à l’eau, votre méforme

3. Quel âge avez-vous ?

sera évidente et votre frustration à son sommet. Non, vous n’êtes pas prêt

a- Moins de 20 ans

alors, pour commencer, lisez une fois par jour tous les conseils de cet article.

b- Moins de 35 ans c- Plus de 35 ans

VOUS AVEZ UNE MAJORITÉ DE B L’été se présente plutôt bien pour vous : de bonnes sessions à votre actif, une

4. Combien de séances de sport par semaine ?

forme physique honnête, une grosse motivation. Il ne vous reste plus qu’à

a- Aucune

multiplier les occasions de faire des progrès : mettez-vous à l’eau, tentez des

b- Deux

nouvelles choses, cet été sera le meilleur de votre vie de surfeur.

c- Trois et plus VOUS AVEZ UNE MAJORITÉ DE C 5. Combien de planches possédez-vous ?

Vous allez être le mec relou qui prend toutes les vagues... Celui qui regarde

a- Une

les surfeurs du coin de l’œil en les doublant dans le courant, celui qui traîne

b- De deux à cinq

toujours à l’intérieur et ne laisse passer aucune vague. Vous êtes en canne,

c- Plus de cinq

c’est bon, on le sait, mais ne soyez pas présomptueux et pensez aux autres ! 61


Big surf LOCAL

LA BÊTE IRLANDAISE MULLAGHMORE


LA GAUCHE DE MULLAGHMORE FAIT PARTIE DE CES SPOTS QUI FASCINENT AUTANT QU’EFFRAIENT QUAND TOUS LES ÉLÉMENTS COÏNCIDENT POUR QUE SE METTE EN PLACE UNE SESSION HORS DU COMMUN. EN MARS, LE REEF IRLANDAIS A AINSI VU DÉFERLER DES VAGUES AUSSI LARGES QU’ÉPAISSES, QUE QUELQUES CHARGEURS ONT DÉFIÉ. UNE SESSION QUE LES PROTAGONISTES NOUS FONT REVIVRE. Photos de Bastien Bonnarme


Big surf LOCAL

“J’A I LÂ CH É LA CORDE T ÔT ET J ’ÉTA IS VRAI M EN T LOI N DEDAN S. J E S AVAIS QU’ AVAN T D’ ARRI VER DAN S LE C H E N A L IL ALLA IT FALLOI R FAI RE DU CHEM I N ET PAS SER QUELQUES OBSTACLES ! ”

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BENJAMIN S A NC H IS 37 ans, France

« Mullaghmore, c’est de loin le spot que je préfère en Europe pour le tow-in. C’est un peu moins extrême que Teahupo’o mais cela permet de tuber plus profond. Comme sur cette vague : j’avais lâché la corde tôt et j’etais vraiment loin dedans. Je savais qu’avant d’arriver dans le chenal il allait falloir faire du chemin et passer quelques obstacles ! Après ce genre de journée, je ressens comme un flottement... Faire du tow-in pendant quatre heures dans un Mully parfait et avec juste quelques amis, c’est dur de faire mieux... C’est vraiment du luxe ! En plus, ce jour-là, tout le monde était super détendu. Tous les surfeurs présents connaissaient bien le spot et savaient comment bien le surfer. »


Plus dure sera la chute... Moment suspendu pour Indar quelques instants avant de subir un violent impact.

I N D A R U N A N UE 28 ans, Espagne

est-ce que tu connaissais déjà mullaghmore ? J’avais déjà vu des photos et des vidéos et, comme tout le monde, cette vague me faisait halluciner... Ça faisait quelques années que je voulais m’y frotter et j’ai pu y aller l’an passé pour la première fois. C’était un petit Mully, 2 m 50, et ça nous avait déjà bien remué... Et cette fois, j’ai eu l’une des plus grosses sessions de ma vie...

qu’est-ce qui est le plus difficile là-bas ? Les dangers dépendent de la taille, du vent et de la direction du swell. Un jour énorme comme celui-là, le plus dur est de parvenir en bas de vague. En plus, la vague est très rapide. Si ta ligne n’est pas bonne dès le début, tu te fais croquer. Si tu pars bien, si tu parviens à tenir ta trajectoire et à te mettre dans le tube, il faut encore faire attention à ces gros clapots qui peuvent te désarçonner sur la section finale. Et sans parler du froid glacial qui règne toujours sur ce spot...

tu préfères la rame ? Oui, c’est sûr, partir à la rame m’amuse beaucoup plus. Je n’ai fait du tow-in qu’une ou deux fois dans ma vie et je ne m’y connais pas bien en terme de planches et de matériel, notamment les jet-skis. J’essaye, dans la mesure du possible, de partir sur des swells qui peuvent se surfer à la rame.

quelle est l’ambiance une fois au large à mully ? C’est très intimidant... C’est la vague la plus effrayante que je connaisse. Mais les locaux parviennent à bien détendre l’atmosphère et, grâce à eux, l’ambiance est très bonne à l’eau. Je me suis senti accueilli par la famille irlandaise, ils sont super sympas.

parle-nous de ce wipe-out... C’est l’un des plus violents de ma vie ! J’ai vu que la section se formait parfaitement et tout se passait bien jusqu’au bottom... Là, un gros clapot m’a déséquilibré, je suis remonté trop haut, j’ai volé et je suis tombé très violemment sur mes côtes... J’ai essayé de gonfler mon gilet mais je n’y suis pas arrivé. Du coup, j’ai tenu le coup jusqu’à remonter à la surface... 65


Big surf LOCAL

La beauté occulte parfois sa dangerosité. Mais les surfeurs présents ce jour-là gardent constamment en tête que tout peut déraper d’une seconde à l’autre.

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I L Y A TE L L E M E N T D ’ E A U Q U I S E R E TI R E D U R E E F Q U ’ O N A L’ I M P R E S S I O N D ’ Ê TR E A S P I R É PA R L A FA C E E T P R O J E TÉ S O U S L A VA G U E . E T U N E F O I S D A N S L E TU B E , I L FA U T N É G O C I E R UNE SÉRIE DE MARCHES.

C O N O R M A G U IRE 23 ans, Irlande

comment était ce jour comparé à d’autres ? Cette session à Mullaghmore était certainement la meilleure de l’année, et probablement la meilleure que j’ai eue là-bas. C’était le dernier jour d’une longue semaine de swell avec des sessions toujours plus énormes. J’ai cassé cinq planches pendant cette houle. Il n’y avait qu’un petit groupe à l’eau, contrairement aux autres jours où c’était plutôt fréquenté. Je faisais du tow-in avec Jérôme Sahyoun, Barry Mottershead et Will Skudin faisaient équipe ensemble tandis que Natxo Gonzalez et Indar Unanue tentaient leur chance à la rame. C’était une session spéciale. Le soleil faisait de rares apparitions et l’endroit ressemblait par moment à Teahupo’o, magique ! Tout le monde a surfé des vagues incroyables, ce qui n’a fait qu’amplifier cette bonne vibe au line-up. Jérôme m’a lancé sur trois des meilleurs barrels que j’ai surfé là-bas. À la fin de l’un d’eux, quand Jérôme est venu me chercher, un banc de dauphins avec leurs bébés nous avaient rejoins. Ils nous ont suivis au line-up pendant un moment, avant de s’en aller. C’était un matin surréaliste ! qu’est-ce qui est le plus difficile quand on surfe Mully ? Le challenge consiste à surmonter sa peur et sortir de sa zone de confort. La vague est si imposante et intimidante que ça demande beaucoup de force mentale pour accepter de se mettre dans une telle situation. Quant à surfer la vague, c’est tout une histoire : Mully, c’est un peu comme un mix

de tous les spots de grosses vagues les plus fous du monde. La lèvre est aussi épaisse que Teahupo’o, aussi longue que Cloudbreak et aussi atrocement imprévisible que Shipsterns. Le mur de la vague paraît sans fin. Quand tu lâches la corde ou que tu te mets à ramer, tu crois que tu n’arriveras jamais au bout. Il y a tellement d’eau qui se retire du reef qu’on a l’impression d’être aspiré par la face et projeté sous la vague. Et une fois dans le tube, il faut négocier une série de marches et de remous. Et rien ne garantit que la vague ne ferme pas, c’est la partie la plus effrayante. Le barrel a tendance à s’effondrer, on dirait que la vague fait tout pour vous blesser. Mais si tu arrives à en surfer une, ça efface toutes les raclées du monde ! qu’est ce que l’on ressent quand on surfe ce genre de barrel ? C’est un sentiment assez difficile à expliquer. Tes sens fonctionnent à toute vitesse et ton cerveau essaie de traiter toutes les informations qui lui parviennent, tout ce qui se passe autour de toi. Toutes les émotions possibles traversent ton corps en un instant. On devient si intensément concentré sur le bout du tube que toutes les autres pensées quittent le cerveau. Même le bruit de tonnerre que fait la vague est réduit au silence par la concentration. Ce n’est qu’une fois que l’on est en sécurité dans le canal qu’on commence à réaliser ce qui vient juste de se passer. qui t’a réellement impressionné ce jour-là ? Tout le monde ce jour-là a surfé des vagues incroyables. C’était une réelle source d’inspiration que de regarder les autres et ça m’a aussi aidé à me surpasser. 67


Big surf LOCAL

On guette le moment où Natxo va dévisser avant de saisir que le surfeur basque maîtrise son affaire.


L’hiver dans le comté de Sligo est plutôt rude. Mais quand Mully entre en fusion, les guerriers ne sentent plus rien.

L A M O I N D R E E R R E U R D A N S C E TY P E D E VA G U E P E U T TE C O Û TE R L A V I E , L E R E E F E S T L À P O U R R A P P ELER À L’ O R D R E C E U X Q U I N ’ O N T PA S L E N I V E A U S U F F I SA NT O U Q U I S O N T TR O P A U D A C I E U X .

N AT X O G O N ZA LEZ 21 ans, Espagne

Connaissais-tu cette vague avant cette session ? J’étais venu l’an dernier sur une bonne houle, mais pas aussi bonne que celle-là. Donc ce premier voyage tenait plus de la reconnaissance des lieux, de la vague et de la rencontre avec les locaux. C’est le plus important puisqu’il faut au préalable mettre en œuvre tous les moyens existants pour être en sécurité quand on surfe. Il faut pourvoir compter sur les locaux, ils connaissent la vague et peuvent nous apprendre beaucoup. En réalité, c’était la première fois que je la voyais dans toute sa splendeur et je pense que c’est la vague la plus puissante que j’ai surfé de toute ma vie. Quelles sont les caractéristiques de ce spot, ses difficultés ? Ce jour-là, la vague était à la limite du surfable à la rame. J’étais à Jaws pour la compétition de la WSL en 2015 qui reste comme la plus incroyable de tous les temps mais je peux te dire que Mully me paraît beaucoup plus puissante que Jaws. De plus, elle offre des rides plus intenses et des vagues plus creuses qui te permettent de prendre des tubes gigantesques. On comprend mieux la brutalité de ce monstre... Je n’ai jamais surfé Fidji ou Teahupo’o mais je crois que c’est une des vagues les plus violentes de la planète. Comparé à d’autres vagues géantes, qu’as-tu pensé de Mully ? Mully est directement exposée à l’Atlantique, comme d’autres vagues worldclass du Big Wave Tour peuvent l’être. Certaines ont un fond sableux, d’autres rocheux, comme Mully. J’ai surfé pas mal de ces vagues et je peux dire que Mully possède au moins la même force, la même intensité. En terme de longueur et tuberiding, le classement serait le suivant : Mully, Puerto Escondido, Jaws puis Punta Lobos.

Quelle est l’ambiance à l’eau ? Quand les choses deviennent sérieuses, on a tous besoin les uns des autres. La moindre erreur dans ce type de vague peut te coûter la vie, le reef est là pour rappeler à l’ordre ceux qui n’ont pas le niveau suffisant ou qui sont trop audacieux. Donc il faut être à la hauteur des circonstances et démontrer que, en plus d’être capable de prendre des bons tubes et de contrôler tes émotions en situations extrêmes, tu peux être un soutien important pour les autres. On peut attendre ce genre de conditions pendant des années, on est constamment sur la brèche et prêt à profiter des moments-là. Raconte-nous ce drop incroyable... Ce fut une des vagues les plus incroyables que j’ai surfé de ma vie. C’était un jour compliqué, avec du vent et une rame quasi impossible. En parlant avec les locaux, tous me disaient que la rame n’était pas envisageable et que, pour leur part, il fallait y aller en tow-in. J’étais avec Tom Lowe, grand connaisseur des lieux, et il me disait que c’était très dangereux, qu’il n’irait pas surfer. Tout ce que moi je voyais, c’était des tubes de 7 mètres et l’opportunité de scorer la vague de ma vie, malgré le danger. Dans l’eau, je me concentrais sur mes objectifs pour accomplir mon rêve pour lequel j’avais attendu quatre ans. Indar Unanue m’accompagnait, nous étions au pic et voilà qu’arrive un set de bombes, Aucun des équipages de tow-in n’était parti dessus et on pouvait donc tenter notre chance. Quand j’ai vu cette vague, j’ai commencé à flipper mais j’ai fait demi-tour et j’ai ramé comme un fou, effectué le drop de ma vie et, quand le tube s’est formé, ce fut une sensation intense. Je suis tombé à la fin du tube mais je venais de réaliser un de mes rêves. Je suis sorti de l’eau et j’ai pleuré pendant une heure, d’émotion et de joie. Je n’ai jamais vécu quelque chose comme ça, je m’en souviendrai toute ma vie. Ce fut un jour magique, nous avons tous triomphé. J’ai repoussé mes limites au maximum. Je ne peux pas m’empêcher de repenser à ce moment et j’espère que des conditions similaires se reproduiront pour scorer la prochaine “meilleure vague de ma vie”. 69


Big surf LOCAL

Toujours prêt à faire des bornes pour scorer, Jérôme Sahyoun, habitué aux slabs, aura tenté sa chance à Mully. Ça secoue !

S UR LES S ET S, LA HOULE FRAPPE UN E PA RTI E D U R EEF U N PEU DI FFÉREN T E, ACCÉLÈRE , S E D RESS E À LA VERT I CALE SUR LE RÉC I F. C ’ES T U NE T OUT AUT RE HI ST OI RE.

W ILL SKUDIN 25 ans, USA

Comment étaient les conditions ce jour-là ? C’était le plus gros jour que j’ai connu sur les cinq dernières années. Les vagues de séries étaient presque impossibles à prendre à la rame. Certaines sur lesquelles Conor, Tom Lowe ou moi-même sommes partis étaient carrément folles ! À la rame, c’est quoi le plus dur ? Pour moi et tous les autres, le plus compliqué c’est tout

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simplement d’arriver à partir sur une vague de série. La différence est mince entre une bonne vague de série et une vague qui va mal dérouler. Sur les sets, la houle frappe une partie du reef un peu différente, accélère, se dresse à la verticale sur le récif. C’est une tout autre histoire, c’est assez dur à expliquer mais c’est évident quand on le voit. Une fois lancé, tu ressens quoi ? C’est incroyable, super intense. Je n’ai jamais eu autant de sensations qu’en surfant ce spot. Quant aux wipe-outs, c’est tout aussi violent qu’à Maverick ou Jaws. Si tu n’es pas prêt à encaisser une chute ici, ne viens pas. Mully peut te tuer, ce n’est pas une vague à prendre à la légère. Et cette vague en particulier (en couverture) ? C’est la vague dont je rêvais depuis six ans ! Je regarde depuis une dizaine d’années des clips de Fergal Smith ou Tom Lowe qui surfent Mully à cette taille, et j’ai enfin réussi à avoir la mienne.


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PART 3 HI-PERF’ MÉD’

Le bon créneau LA MISSION EST BRÈVE, INTENSE : DES BORNES, DES BONNES SURPRISES, D’AUTRES MOINS, DES TUBES ET DES FOUS RIRES. ARTHUR BOURBON, ÉDOUARD DELPERO ET VINCENT DUVIGNAC PRENNENT LE CHEMIN DES CÔTES MÉDITERRANÉENNES ET LE PHOTOGRAPHE ÉRIC CHAUCHÉ NOUS DÉCRYPTE LES MYSTÈRES DU SURF LOCAL.

Reportage (texte et photos) d’Éric Chauché

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LOCAL

P

artir pour un swell en Méditerranée est toujours une aventure en soi. Une réelle incertitude s’installe à chaque fois et, malgré les prévisions fiables dont on bénéficie dorénavant, la taille des vagues et la qualité des conditions restent très hypothétiques. Un véritable sentiment d’exotisme s’empare de nous à chaque départ, comme si on partait en trip à l’autre bout du monde. Le mystère qui entoure le surf en Méditerranée nourrit nos fantasmes dans notre quête de la vague parfaite. La rareté de ces sessions magiques et éphémères décuple notre curiosité et notre envie. Même si la destination n’est pas lointaine, elle reste capricieuse et vraiment

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aléatoire avec ses options de houle variées, souvent générées par des fetches de vents surgissant sur de courtes périodes. Mais ce vent si attendu et bénéfique peut s’avérer trop persistant lors des premières rentrées de houle. Il s’agit alors d’être patient et d’espérer une renverse pour enfin accéder au graal d’une session offshore et parfaite, partagée avec quelques surfeurs locaux ayant su préserver un esprit authentique, sachant encore accueillir et partager les rares sessions qu’ils leurs sont octroyées. Si, bien entendu, on conserve une approche respectueuse des gens et du spot.

Encore au calme Cet hiver, j’ai pu enchaîner plusieurs trips en Languedoc-


Si Édouard a grandi à Marseille, voilà une vague qu’il ne connaissait pas encore et qu’il n’a pas tardé à apprivoiser.

Ê T R E PAT I E N T E T E S P É R E R U N E R E N V E R S E P O U R E N F I N ACCÉDER AU GRAAL D’UNE SESSION OFFSHORE ET PARFAITE, P A RTA G É E AV E C Q U E L Q U E S S U R F E U R S L O C A U X . Roussillon, partagés avec des surfeurs aux profils divers (avec Justin Bécret, Justine Dupont, Arnaud Binard dans le Surf Session #352 ; ici avec Vincent Duvignac, Édouard Delpero, Arthur Bourbon et sa fille Marie). Nous garderons le silence sur le nom des spots surfés, pour conserver la quiétude et l’équilibre de ces endroits uniques que préservent depuis des décennies les surfeurs locaux. Car, il y a encore quelques années, pour surfer en Méditerranée, il fallait de l’abnégation et une énorme motivation : rareté des vagues, méconnaissance des spots, accès au matériel limité et, bien sûr, pas ou trop peu de structures pour s’initier et pratiquer. Un véritable parcours du combattant. Un équilibre et une tranquillité qui sont aujourd’hui menacés et fragilisés par la proximité d’im-

Édouard Delpero Je connais la Méditerranée mais surtout du côté de Marseille. Éric nous a fait découvrir une zone que je ne connaissais pas et nous avons même fini par découvrir une vague ! Mais on la garde pour nous pour le moment, histoire d’être sûr de voir le vrai potentiel de la vague. Ce qui m’a réellement marqué, c’est l’accueil des locaux, tout simplement exceptionnel ! Sinon, on a trouvé un spot de dingue ! Je ne m’attendais pas à mettre autant de tubes, même si c’était compliqué avec le courant qui nous empêchait de rester sur place. Et bien entendu, une bonne équipe contribue en grande partie à la réussite de ce genre d’expédition. Et franchement, ce coup-ci, c’était exactement ce qu’il fallait ! 75


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Observation avant l’action : « Ça a l’air quand même pas mal ! ».

Vincent Duvignac J’avais déjà pensé à rejoindre cette côte et lors de multiples allers-retours vers le Var il y sept ans, je m’étais rapidement attardé une fois à regarder la mer après avoir dépassé le massif des Corbières. Rien ne m’avait convaincu ce jour-là et je n’étais pas ou peu renseigné sur l’endroit... Quel idiot ! C’est ce que je me suis dit le premier jour de cette expédition : des longues vagues avec de belles faces et, cerise sur le gâteau, des tubes ! Quoi de mieux pour nous défouler après cinq heures de caisse à dire vingt mille bêtises avec mes potes Arthur, Édouard et l’artiste qu’est Eric Chauché. Le froid et l’humidité, seules ombres au tableau,

portantes agglomérations et par cet élan de démocratisation du surf, victime d’un regrettable phénomène de mode qui tend à le transformer en sport de masse. Ces paramètres sont trop souvent en décalage avec l’esprit et la connaissance de la pratique du surf. Cela engendre inéluctablement des comportements déplacés voire dangereux, notamment avec la négligence des règles de priorités. Mais cela reste avant tout une question de politesse et de savoir-vivre. Aujourd’hui, des plages de Canet-en-Roussillon à celles de Palavas-les-Flots, les écoles de surf (et de kite-surf ) se multiplient, surtout en pleine saison, proposant des initiations au SUP et à la pratique du surf, quand les conditions le permettent.

étaient saisissants mais l’excitation demeurait. Je n’avais pas mis mes pieds sur la planche depuis quinze jours et ces conditions

À l’assaut

parfaites m’ont vite remis dans le bain. Avec en prime un gentil es-

Les particularités de cette partie de la côte méditerranéenne viennent de ces paysages uniques et diversifiés sur une façade littorale d’un linéaire total de plus de 200 km. On y trouve des espaces protégés avec un parc naturel régional et plusieurs réserves naturelles marines. De longues plages de sable parsemées de beachbreaks (qui peuvent surprendre par leur qualité) sont entrecoupées par les “graus” (embouchures

prit de compétition entre potes... En plus, les indics d’Éric étaient vraiment agréables, contents de nous recevoir. Sabine, Olivier, Guillaume et bien d’autres, leur hospitalité et le partage de notre passion commune sont au cœur de la réussite de ce trip. Découvrir pour de vrai cet endroit m’a rappelé que parfois les meilleurs voyages sont les plus simples... 76


Une gauche worldclass et méditerranéenne se révèle à Vincent Duvignac qui enchaînera plusieurs manœuvres après ce tube.

L E S S U R F E U R S P R O S , A G U E R R I S A U X VA G U E S L E S P L U S R É P U T É E S D E L A P L A N È T E , O N T É T É S U R P R I S P A R L A Q U A L I T É E T L A D I F F I C U LT É D E C E RTA I N E S VA G U E S A P P R O C H É E S .

canalisées de fleuves) et par quelques ports, aménagés pour certains en marinas. Quelques digues ont aussi été érigées pour protéger le littoral des stations balnéaires réputées de la région. Malheureusement, des vagues de qualité et de renom telles que Kamikaze ont disparu suite à ces aménagements. Alors qu’on parle depuis plusieurs années de la construction d’une piscine à vagues à Montpellier (avec plus de quatre cents mille habitants et un important campus universitaire, le potentiel est là), il serait beaucoup plus judicieux de pré-

server le patrimoine de vagues naturelles existant avant d’envisager investir des sommes astronomiques dans des projets de parc aquatique... On n’arrêtera pas cette évolution inéluctable qui générera un nombre considérable de néo-pratiquants qui viendront certainement saturer, dans un futur trop proche, les spots de la région. D’autant plus que les ingénieurs en charge de l’aménagement de digues contre l’assaut des vagues et l’érosion maritime sont pris à défaut. L’hydrologie maritime du littoral semble encore assez mal 77


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Arthur Bourbon

C’était seulement la deuxième fois que je surfais sur la côte méditerranéenne et, une fois de plus, j’ai été très surpris par la qualité des vagues. Cette gauche était hallucinante, world class : un take-off très creux avec quelques beaux tubes, puis un long mur qui déroule sur 200 m. Le très fort courant qui vous pousse vers le bas de la vague en fait néanmoins un spot difficile et surtout très physique. La moindre de vague se mérite vraiment et rien que de rester au pic est un énorme effort. Cela décourage beaucoup de surfeurs et préserve donc l’endroit de la foule. Seuls les meilleurs surfeurs locaux étaient présents, nous étions qu’une petite dizaine à l’eau. Les locaux nous ont accueilli avec beaucoup de générosité et d’enthousiasme, et l’ambiance, autant à l’eau qu’à terre, était super. Le dernier jour nous avons pas mal roulé à la recherche d’un spot et nous sommes passés à pas grand chose de scorer une vague magnifique et, à ce que l’on sache, jamais référencée. Nous avons vu des vagues de fou passer mais, le temps de se mettre à l’eau, il n’y avait presque plus rien. C’était très frustrant, mais nous l’avons pris comme une bonne excuse de vite revenir dans le coin ! Ce fut une super expédition, avec des gens motivés, passionnés et avec qui on rigole bien…

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Line-up de rêve pour cette virée dans le Sud-Est. Pour s’offrir ce genre de conditions, il faut être prêt à lâcher toutes vos affaires en cours dans la seconde.


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maîtrisée, particulièrement en Méditerranée où l’immersion des côtes est un phénomène plus rare que sur les côtes atlantiques, qui connaît depuis plusieurs années, une véritable problématique d’érosion loin d’être résolue.

Une belle diversité Heureusement, d’imposants étangs et des zones naturelles protégées permettent un effet tampon et régulent ces phénomènes. Elles révèlent aussi un aspect encore bien sauvage de cette région avec une faune dense, notamment ornithologique, avec ces flamands roses posés au milieu des eaux calmes de ces zones humides. Les vignobles sont aussi très présents, soit sur des terrains sablonneux entre mer et étangs, protégés des vents violents de la tramontane et du mistral par des haies naturelles de roseaux ; soit en terrasse sur les flancs des falaises du piémont des Pyrénées catalanes qui se jettent directement dans la mer. On pourrait même envisager un surf-trip associé à une route des vins à la découverte des plus belles caves du terroir ! Cette partie montagneuse et atypique de la côte regorge de petites criques qui peuvent recevoir des vagues incroyables (pointbreaks, dalles, beachbreaks) entourés de villages pittoresques aux maisons colorées des fameux ocres du Roussillon. Une couleur caractéristique qui inspira les plus grands peintres du fauvisme comme Henri Matisse ou André Derain. Un véritable dépaysement où l’exotisme et la magie de la découverte opèrent grâce à cette diversité de paysages, cette richesse culturelle, à ces savoir-faire locaux et ces produits du terroir. 80

Puissance originale Niveau vagues, ne pensez pas que Méditerranée signifie sessions molles et minuscules, au contraire ! Quand la houle est au rendez-vous, le surf en Méditerranée peut s’avérer vraiment radical et demander un engagement total. Les courants peuvent être très importants, les dalles sont parfois à fleur d›eau et farcies d’oursins, envoyant des vagues creuses et carrées, avec des double-up difficiles à maîtriser. Sans parler de la période, généralement très courte, qui rend les canards épuisants lors d’interminables séries... Les surfeurs pros, aguerris aux vagues les plus réputées de la planète, ont été surpris par la qualité et la difficulté de certaines vagues approchées. Je voudrais rendre hommage aux surfeurs locaux rencontrés, souvent moins d’une dizaine dans leur pré carré, qui connectent entre eux pour trouver le spot le mieux orienté et protégé pour partager leur passion et des sessions incroyables et engagées. La plupart des sessions se déroule dans des conditions plutôt moyennes et sur des spots moins exposés où la difficulté est de gérer le changement entre manque de puissance sur certaines sections et d’autres parties plus tendues... Ou quand on pensait réaliser une manœuvre et que tout se dérobe sous la planche, que la vitesse et la puissance disparaisse d’un seul coup. Tout le charme du surf méditerranéen ! Merci à Olivier et Guillaume, pionniers du surf dans leur région, pour leur accueil, leur passion intacte, leur aide sans laquelle nous n’aurions pas scoré au bon moment quelques vagues inespérées... Énormes remerciements à Sabine qui nous a reçu à l’improviste.


Encore un spot qui mérite une nouvelle visite... Arthur Bourbon enfile la cagoule et les tubes, lui qui ne trempait sa planche que pour la deuxième fois de sa vie en mer Méditerranée.

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UPORTRAIT NE VAGUE, UNE HISTOIRE

Thècle Carlier, la glisse du glasseur DE SA BRETAGNE NATALE AUX ATELIERS BASQUES DE PUKAS, THÈCLE TRACE SON CHEMIN DANS LES VAPEURS DE RÉSINE. UNE PLANCHE SOUS LE BRAS ET LE SQUEEGEE À LA MAIN, ITINÉRAIRE D’UN GLASSEUR QUI N’A PAS FROID AUX YEUX. par joddy maguet

I

risé, nacré, coloré, transparent... Le glassage n’est pas qu’une couche sucrée et fondante décorant les gâteaux mais également cette finition indispensable (et parfois tout aussi gourmande) à la protection de nos quivers. Thècle Carlier, jeune surfeur breton, a perfectionné sa résine auprès des shapers de son pays Josselin Tanguy (Zeppelin Surfboards) et Juanito Surfboard, tous deux implantés à la sortie du spot de la Torche. Mais en fin d’année dernière, Thècle quitte ses terres, embarque quatre planches et un sac de fringues pour prendre la direction du SudOuest, une destination qui occupait ses pensées depuis un bon bout de temps. Et quand on lui demande pourquoi, il répond avec évidence : « Ben… pour les vagues ! ».

De la Passat à Pukas Après cinq ans de réparations, de glass et de ponçage chez Juanito, Thècle atterrit donc à Guéthary sans rien d’autre dans les poches que son savoir-faire, sa motivation et sa passion. « Il fait froid dans la voiture mais

« Je fais huit planches par jour en moyenne, a raison d’une heure par planche. J’apprends à travailler sous la pression et à optimiser ma technique. » c’est mieux qu’à quatre dans un Transporter », répond-il en riant. Il trouvera un job chez Pukas quelques semaines plus tard, après nombres de galères et de sessions avec les 98

voyageurs de passage sur le parking en face du spot : « J’ai rencontré Pierre et Guy, on matait des films quand la marée était trop haute et le reste du temps on était à l’eau ». Un mois de surf intense, où ses seules sorties hors de sa Passat consistent à visiter les shapers du coin. « J’ai fait tous les ateliers du secteur mais ça n’embauche pas… Pas de taf égal pas de thune, alors j’ai un peu vécu à l’arrache. Puis j’ai rencontré des gens à Guéthary qui m’ont beaucoup aidé, c’est devenu mes potes ». Il s’accroche, habité par la certitude qu’il est au bon l’endroit : « La culture surf est omniprésente. Si tu veux bosser dans l’industrie, te faire un nom, c’est ici que ça se passe ».

Du local à l’international « C’est bien de voir de tout, du petit local à la grosse prod’. Du sur mesure, de l’artisanal, de l’industriel. Il faut tout voir et tout tenter, c’est ça qui fait que t’es bon dans ce que tu fais. » Un atelier comme Pukas reste un tremplin pour frapper plus haut et surtout plus loin,

une véritable porte d’embarquement pour un vol international. Son évolution de carrière est pensée en fonction des opportunités qu’il pourra décrocher pour surfer les plus beaux spots. Une passion portée par un métier qu’il cherche à élever tout autant que son surf : « Je fais huit planches par jour en moyenne, à raison d’une heure par planche. J’apprends à travailler sous la pression et à optimiser ma technique : pas de mouvement inutile, pas de step-back (pas en arrière) par exemple ». Transparente, c’est l’unique résine qu’il est autorisé à appliquer chez Pukas : « Je ne fais pas de résine teintée, or j’adore ça, c’est créatif, ça me permet de laisser libre cours à mon imagination, mon métier devient un moyen d’expression artistique et c’est ça que j’aime. Chez Pukas, je bosse avec de la résine transparente, du standard ». Une autre façon de travailler qu’il recherchait, afin d’ajouter à ses capacités créatives une réactivité et une précision maîtrisée, dans un atelier cosmopolite fort de son emprunte sur le marché européen.


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Surfed-out

Patagonia y croit dur comme Fair LA MARQUE CALIFORNIENNE A OBTENU LE LABEL FAIR TRADE, CERTIFIANT SES EFFORTS POUR UN COMMERCE ÉQUITABLE, POUR CERTAINES DE SES GAMMES DONT CELLES DES BOARDSHORTS ET MAILLOTS FEMMES. UNE NOUVELLE ÉTAPE QUI TÉMOIGNE DE SA VOLONTÉ D’ÊTRE CLEAN, AUSSI BIEN AU NIVEAU SOCIAL.

©Davis/Patagonia

par romain ferrand

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atagonia semble bien décidé à marquer son temps tout en y laissant une empreinte écologique et sociale minime. La marque a ainsi décroché les certifications Fair Trade pour 13 des 75 usines avec lesquelles elle travaille dans le monde. Une démarche initiée à sa demande et obtenue après un audit de chacune d’entre elles afin de s’assurer du respect du droit social des

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employés (conditions de travail, salaire versé, sécurité) et du respect de l’environnement. « On revendique une transparence de la chaîne de production de A à Z et on veut convertir un à un tous nos moyens de production », explique Thuy Nguyen, responsable environnemental et social de Patagonia. La marque s’engage notamment à ce que chaque ouvrier perçoive le salaire minimum vital (et non légal) lui permettant de vivre décemment. Comment ? En versant un pourcentage du coût de produc-

tion des unités fabriquées à un fonds mis à disposition des employés de chaque usine et que ces derniers peuvent utiliser comme ils le veulent. Un modèle qu’elle compte étendre à l’ensemble de ses usines, tout en incitant les autres marques - avec qui elle partage certaines usines - à faire de même. Car, et ce n’est un secret pour personne, de nombreuses usines produisent pour plusieurs marques, et c’est le cas de celles de Patagonia, qui a par exemple obtenu la certification Fair Trade


©Lynch/Patagonia

pour une de ses gammes fabriquées dans une usine produisant à 95 % pour d’autres marques. Il ne tient alors qu’à ces dernières de faire de même, d’autant que, dans ces cas-là,

La marque s’engage notamment à ce que chaque ouvrier perçoive le salaire minimum vital (et non légal) lui permettant de vivre décemment. le lourd travail d’audit et de démarches administratives n’est plus à faire. « Le temps est venu de se demander d’où viennent les vêtements que nous portons et dans quelles conditions ils sont fabriqués », lance Thuy Nguyen. « Quand le client paie un tee-shirt 5 € en bout de chaîne, c’est que quelqu’un n’a pas été payé ». Patagonia reconnaît le prix élevé de ses produits mais le justifie par sa démarche green, sociale et qualitative : « Il faut presque voir l’achat d’un de nos produits comme un investissement à vie puisqu’on s’engage à les réparer, les échanger ou les rembourser en cas de casse avec notre programme Iron Clad », rappelle Thuy.

Rasta, employé du mois Désormais, 37 % de la production de Patagonia toutes gammes confondues bénéficie de ce label Fair Trade : l’usine de boardshorts au Vietnam par exemple, celle de swimwear féminin en Colombie ou encore celles fabriquant des vestes et basées au Sri Lanka. Dave “Rasta” Rastovich, ambassadeur de la marque depuis 2016, s’est d’ailleurs rendu sur place pour découvrir le quotidien de ses employés et témoigner des changements positifs induits par la certification. Là-bas, les employés ont choisi d’utiliser l’argent reversé par Patagonia pour créer un centre de soins gratuit pour eux et leurs enfants ou encore mettre en place des bons d’achat pour de la nourriture, des médicaments et d’autres biens de consommation courante. Des bénéfices indirects pour lesquels la marque a déjà versé à ce jour plus de 880 000 $ à l’échelle mondiale. Pour Rasta - d’ailleurs présenté comme simple employé Patagonia : « les usines avec lesquelles on travaille ne sont pas juste remplies de machines, elles sont aussi pleines de gens qui ont des familles, des histoires, et un avenir qui ont été pendant trop longtemps négligés par l’industrie. Le Fair Trade entend avoir le sens des valeurs, une connaissance et un respect des membres de cette famille humaine qui trop souvent mis en marge ».

Le fait que l’intégralité des gammes boardshorts et swimwear féminin Patagonia ait obtenu la certification - sans lésiner sur leurs performances techniques comme le Nanogrip, renforçant le maintien des pièces féminines - est une nouvelle victoire pour la marque. Son objectif désormais : l’obtenir pour l’ensemble de ses produits, notamment les combinaisons. Jason McCaffrey, directeur monde de la gamme surf, résume bien la démarche : « On n’est pas des gens chiants, on s’éclate aussi. On veut juste ne pas laisser de chantier derrière nous… ». + Infos sur patagonia.com/fair-trade-certified et fairtradeusa.org FISHPEOPLE, LA VIE DES HOMMES-POISSONS Après l’excellent Come Hell Or High Water sorti en 2011, Keith Malloy - ambassadeur Patagonia comme ses frères Dan et Chris - sort ce moisci Fishpeople, un film traçant les portraits de personnages divers ayant consacrés leur vie à l’océan : pêcheur, surfeur, nageur, photographe aquatique... La première projection française est prévue à Biarritz le 8 mai, en partenariat avec Surf Session. Soyez au rendez-vous ! > Teaser sur surfsession.com. 101


shape

Je shape ma planche É PIS OD E 2 / 5

Décroûtage et shape LORS DE L’ÉTAPE PRÉCÉDENTE, J’AVAIS DÉGROSSI LE PAIN DE MOUSSE POUR DÉGAGER L’OUTLINE DE MA FUTURE PLANCHE (5’8 X 19’’ ¾ X 2 ½). AUJOURD’HUI, ON RENTRE DANS UN TRAVAIL PLUS PRÉCIS POUR DÉFINIR LE VOLUME FINAL ET DESSINER LE BOTTOM. par baptiste levrier photos bastien bonnarme 1. RABOT SUR LE DECK Ça fait du bruit, ça pèse et on ne sait pas trop à quel point ça enlève la matière... Prendre en main un rabot électrique est un peu intimidant (1) mais Franck m’explique posément comment le manier, attaquer la passe, travailler proprement, doser avec la réglette (2) la quantité de mousse que le rabot “mangera”. Si je ne vais pas très droit au début, ça vient au fil des passages, toujours dans le sens de la longueur et de l’extérieur vers l’intérieur (3)... Je passe donc d’abord légèrement le rabot sur le dessus de la planche, juste pour “décroûter” le pain de mousse. L’essentiel de la mousse superflue sera ensuite enlevée par le dessous pour conserver le maximum de solidité sur le pont et résister aux enfoncements. En effet, le pain est plus dense et résistant à l’extérieur qu’à l’intérieur, « comme une meule de fromage », image Franck. 2. RABOT SUR LE BOTTOM Même démarche que sur le deck, je passe avec application le rabot pour dégrossir le pain. Les passes sont plus nombreuses (4) et, après chacune, je contrôle l’épaisseur du pain au niveau de la latte. J’utilise pour cela le caliper (5). Quand j’approche de l’épaisseur voulue, je pose le rabot et prend le surform (6), un outil qui va me permettre de supprimer les imperfections créées par le rabot (et par mes petits ratages (7)...). Ensuite, il est temps de travailler le shape du bottom de la planche. 3. TRAVAILLER LE BOTTOM Sur les conseils de Franck, j’opte pour un léger vee au niveau du nose (pour faciliter l’entrée en vague), un concave sur la partie centrale (pour générer de la vitesse dans les petites vagues d’été) et un vee double-concave au niveau des dérives (meilleure transition de rail à rail). Y’a du boulot ! Pour cette étape, je prends la cale dure qui permet un travail assez fin.

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4. CREUSER LES CONCAVES Armé de la cale dure, je creuse aux endroits désirés. Pour cela, je pose l’outil à plat dans le sens de la largeur et appuie ma main là où je souhaite creuser (8). Tout en veillant à allonger le geste régulièrement pour ne pas créer de cassure : un concave n’est pas un trou, les transitions vers les autres formes du bottom doivent être douces. J’utilise un niveau à bulle (9) pour contrôler la profondeur du concave et je checke régulièrement l’épaisseur de la planche avec le caliper pour ne pas me retrouver avec une galette (je veux avoir 6,3 cm d’épaisseur au centre de la board ; 4 cm au tail ; 4,7 cm au nose). En creusant mon concave, la latte ressort. J’utilise le rabot david (10) pour la raboter sur le plat et un mini rabot (11) dans les courbes.

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5. TRAVAILLER LES VEE C’est l’inverse du concave : au lieu d’appuyer avec la cale au centre du pain, on appuie à l’extérieur, vers les rails (12). C’est un peu plus simple à faire et ça vient assez vite. 6. HARMONISER LE VOLUME Mon bottom est désormais prêt et, avant de m’attaquer aux rails, j’harmonise l’ensemble du shape. Je donne au nose et au tail leur forme quasi définitive et en profite pour donner à la planche son rocker final (5,9 cm au tail ; 10 cm au nose (13)). Pour cela, on pose une grande règle le long de la latte (14), je mesure le rocker aux deux extrémités (15). Je gratte plus ou moins de mousse en fonction du résultat désiré ! 7. APLATIR LE SHAPE Dessous comme dessus, il est temps d’éliminer les bosses les plus visibles, de raboter la latte qui dépasse, la croûte du pain (16) qui reste sur le dessus. Pour ça, j’utilise d’abord la cale dure, puis médium et enfin molle pour affiner peu à peu le travail.

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+ L’ÉVOLUTION De l’outline brut à un pain de mousse dessiné dont le bottom est abouti, voilà quelques heures de travail qui passent vite !

16 > Vous aussi tentez l’expérience du shape à la Shaper House. Rendez-vous du mardi au samedi, de 9h à 19h au 61 avenue du Maréchal Juin, à Biarritz. > Le mois prochain Il sera temps de s’attaquer au travail délicat des rails puis de finaliser le shape. Rendez-vous dans le Surf Session #354, début juin !

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THE COUPLES

Surfeur : Teiki Ballian Shaper : David Charbonnel LE SHAPER GIRONDIN ET LE SURFEUR DE L’OCÉAN INDIEN AURAIENT PU NE JAMAIS SE CROISER. L’UN OCCUPÉ À SHAPER DANS SON ATELIER DE CANÉJAN, L’AUTRE À FAIRE LE TOUR DU MONDE À LA VOILE OU À GUIDER DES BATEAUX AUX MENTAWAI. MAIS UN TRIP À LA VOILE EN 2003 LES RÉUNIT FINALEMENT.

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n shaper en manque de trip et un surfeur en manque de planche sont sur un bateau... La rencontre se passe sur le Scame, le voilier de la famille Ballian. « On est parti des Mentawai jusqu’à Phuket en Thaïlande. Au lieu des deux semaines prévues, on en a mis sept car la houle a décidé de notre emploi du temps », raconte Teiki. « Une belle aventure et une véritable initiation à la vie en mer », se souvient David. En plus, le courant passe avec son nouveau rider : « Avec Teiki, nous avons tout de suite été sur la même longueur d’onde, il est curieux et innovateur, et n’hésite pas à sortir de sa zone de confort. Pour lui, il y a autant de styles de

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planches que de façon de les surfer et de les apprécier ». Teiki confirme et rend hommage à son shaper : « Aujourd’hui je peux prendre une planche “chopped nose” 5’0 et faire des airs, un single 6’5 et tirer des courbes, ou bien glisser sans dérives sur une alaia. J’arrive à prendre plaisir quel que soit la planche, et c’est grâce à Swop. »

Tests et innovations Ensemble, ils travaillent à remettre au goût du jour des Planning hulls comme les mini Simmons ou expérimentent toutes sortes de matériaux bien avant que de grosses marques communiquent dessus. « Les planches sans nose style Tomo, les hypto krypto, et maintenant les marques qui utilisent de la fibre Innegra, David me faisait des planches comme ça bien avant

qu’elles fassent le buzz », assure Teiki. Parmi les expérimentations, des modèles noseless court et large, dont une typée skate pour essayer de faire des flips. « Au final Teiki l’a super bien surfée malgré des côtes extrêmes, mais il n’a pas trop tenté de flips à cause de la dangerosité des ailerons » raconte David. D’autres tests fonctionnent mieux et les planches s’améliorent avec le temps. « Teiki dit ce qu’il pense, et a une très bonne capacité d’analyse. Concaves, dérives, épaisseur, rocker, stratification, flex… Il saura identifier les points qui lui posent problème afin que l’on progresse. Pour un shaper, des relations comme celles-ci aident vraiment et permettent de gagner des années ». Teiki, lui, apprécie le côté unique de chaque planche : « Tout est fait à


la main, le shape, la déco, le ponçage… Je sens l’amour que David met dans chaque planche et elles ont toutes une âme. »

En famille Les décos et le coté arty ne sont jamais négligés : « On essaie toujours de rajouter une touche délirante pour éviter de se prendre trop au sérieux et garder en tête que tout ça n’est qu’un jeu. Ça permet de détendre l’ambiance lorsqu’on est un peu serré sur certains pics », explique David ! La distance qui les sépare les “oblige” régulièrement à partager des voyages : « Nous passons beaucoup de temps ensemble, soit sur son bateau aux Mentawai, soit lors de trips aux quatre coins du monde : Hawai’i, les Andamans, les Antilles, l’Europe... », explique le shaper de Swop. « Ce temps que nous passons ensemble, nous a permis de construire une

réelle collaboration shaper/surfer basée sur les connaissances et le feedback de chacun. C’est idéal, nous surfons des vagues fabuleuses et cela sur de longues périodes ». « J’espère qu’il viendra me voir plus souvent maintenant que je suis

Si le temps passe, la passion reste intacte : « On va continuer à créer, à partager et à prendre du plaisir dans l’eau et dans la poussière ». installé au Hollow Tree’s Resort », ajoute Teiki qui gère maintenant cet hôtel qui va lui permettre de tester tout type de shape sur une des plus belles vagues du monde. « En ce mo-

©Callahan

Dans son jardin à HT’s, Teiki pousse ses planches dans leurs retranchements

ment je suis à fond sur les planches sans dérives, alors qui sait ce qu’on va pouvoir inventer ? ». Son shaper est déjà enthousiaste à cette idée et confirme que si le temps passe, la passion reste intacte : « On va continuer à créer, à partager et à prendre du plaisir dans l’eau et dans la poussière ». Il évoque une réelle amitié, une relation quasi familiale qui le lie à Teiki. Et ce dernier confirme : « David est comme mon grand frère, on s’appelle tout le temps, c’est un de mes êtres humains préférés ». S’il a bien conscience que la relation qu’il a avec son shaper est exceptionnelle, il encourage tout le monde à s’en approcher : « Il y a tellement de marque de planches qu’on a tendance à acheter par rapport à la pub. Mais ce qui compte vraiment c’est la relation avec un vrai artisan qui va prendre le temps d’écouter tes envies, mais aussi ta dernière session. Et cet échange ça n’a pas de prix ! ». 105


UUne N E V A Gvague, U E , U N E H I Sune TOIRE

histoire

Jay Moriarity, crucifié dans le temps à Mavericks À 16 ANS, JAY MORIARITY MARQUAIT POUR TOUJOURS LE SURF DE GROSSES VAGUES AVEC UN WIPE-OUT DANTESQUE À MAVERICKS. RETOUR SUR UN ÉVÉNEMENT AUSSI MYSTIQUE QUE TERRIFIANT, QUI NE FINIT PAS D’ENFLAMMER LES PASSIONS. par joddy maguet

J

e veux faire comme toi, je veux surfer Mavericks. » C’est après avoir vu son mentor Richard Hesson, dit Frosty, dompter une vague géante que Jay s’astreindra à un an d’efforts, d’entraînement et de travail acharné pour être au niveau. Enfin, le 19 décembre 1994, Frosty juge Jay apte à s’élancer vers son destin. Ce jour-là, Mavericks est à glacer les sangs. Jay est au line-up, surveillant l’outside pour échapper aux monstres qui décalent. Face à lui et au petit groupe de surfeurs aguerris présents, des vagues de dix mètres soulèvent leurs tonnes d’eau avec une force monumentale. Le groupe escalade des murs d’eau verticaux tandis qu’à l’horizon, la vague de Jay se profile. Il ajuste sa position et se place : elle est là, elle arrive. Bien que terrifié, Jay n’en démord pas, rame et prend de la vitesse. II s’élance finalement, un peu tard... Dès qu’il se lève, sa planche ne touche déjà plus l’eau. En dessous, c’est le vide. Dix mètres plus bas, la surface de l’océan, aux couleurs métalliques, n’attend que lui. Il se rappelle des mots de Frosty : « C’est comme frapper une dalle de béton, lancé à 30 km/h ». Le fort vent offshore s’engouffre sous sa planche et l’empêche de basculer dans la face de la vague. En lévitation, Jay perd le contrôle et se fait rattraper par la lèvre qui frise derrière lui. Avalé par le lip, le jeune californien plonge et sait qu’il va passer un sale moment : « J’ai pensé : “Merde, ça va faire mal”. L’impact, ça a été le pire, c’était terrible ». Il est propulsé en avant, heurte la surface et se fait happer vers les profondeurs.

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Figé dans le temps Son leash cède, l’éloignant du seul objet flottant qui puisse l’aider à remonter à la surface. Jay se fait brasser et retourner dans tous les sens. Il descend si vite vers le fond que la pression de l’eau contre son torse éjecte violemment l’air qu’il a dans les poumons. « J’ai pris appui sur le fond et j’ai poussé sur mes pieds. J’ai gardé les yeux ouverts, mais je ne voyais rien, tout était noir. Il n’y avait rien d’autre que du noir. Et je n’arrêtais pas de penser à la seconde vague qui arrivait », se rappelle-t-il. Trois minutes passent, toujours pas de Jay. « La seconde vague m’a frappé. Mais celle-là était moins violente. » Au large, les autres surfeurs commencent à s’inquiéter. Evan Slater, chargeur présent, se souvient : « J’ai pris la seconde vague pour aller le chercher. Les autres commençaient à avoir peur, ils disaient que c’était le pire wipe-out jamais vu. Alors que j’arrivais en bas de la vague, je le vis sortir la tête de l’eau. Il était effrayé mais avait toujours ce sourire… ». Jay prend quelques minutes pour recouvrer ses esprits et son souffle puis, à la stupéfaction générale, récupère sa planche et repart en direction du line-up.

Ancré dans l’histoire

C’est en vivant le pire des scénarios possibles que Jay Moriarity gagna le respect de tous les locaux présents et s’offrit la reconnaissance des plus grands médias. Car le photographe californien Bob Barbour a capturé ce moment historique : un Jay en apesanteur, les bras ouverts en croix, sur le rebord de la lèvre, comme crucifié sur l’effrayant autel de Mave-

ricks. Un instant figé dans le temps où, pour Jay comme pour le surf, l’histoire bascula. À cette époque, personne n’aurait cru possible de survivre à une telle chute. Les surfeurs présents ce jour-là subirent un électrochoc : un gosse venait de survivre au plus gros wipe-out de l’histoire, une chute dont la photo, plus de vingt ans après, fait encore froid dans le dos. Le magazine américain Surfer en fera sa une, malgré la mort par noyade de l’Hawaïen Mark Foo quatre jours plus tard sur ce même spot. Mais l’Iron Cross, c’est bien plus qu’une chute. À un moment où le spot de Mavericks gagnait ses lettres de noblesses et que le surf de grosses vagues allait vivre l’émergence du

Le jeune californien plonge sait qu’il va passer un sale moment : « J’ai pensé : “Merde, ça va faire mal”. L’impact, ça a été le pire, c’était terrible ». tow-in, un jeune ado de 16 ans, assez fou pour se lancer sur cette vague, illustrait pour les décennies à venir la notion d’engagement. Une image si symbolique que le cinéma s’en empara en 2012 avec le film Chasing Mavericks, qui, autour de ce wipe-out, retrace la vie tragique de Jay Moriarity, décédé la veille de ses 23 ans dans un accident d’apnée aux Maldives. Il laisse derrière lui et pour toujours cette image qui lui vaut un respect éternel.


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©Barbour


story

Un an à Biarritz : l’almanach De Biarritz Yearbook D’UN RECUEIL DE SCÈNES URBAINES À UNE COLLECTION D’AMBIANCES PLUS OCÉANES. C’EST LE PARTI PRIS DE LA MAISON D’ÉDITION DPY QUI APRÈS AVOIR CONCOCTÉ PLUSIEURS OPUS – DE PARIS, OF LONDON ET AUS BERLIN, VERSIONS SKATE – SE CONSACRE MAINTENANT AUX ATMOSPHÈRES IODÉES ET À LA CULTURE DE PLAGE. ZOOM SUR LA CÔTE BASQUE ET SES ALENTOURS. par olivier dézèque

L

e Biarritz Yearbook est un almanach photographique. Son ambition : témoigner de 365 jours passés à proximité du littoral. Il s’agit donc d’une authentique documentation dédiée à ceux qui veulent se souvenir ou pour ceux qui n’ont pas eu la chance de savourer toutes les saisons du Sud-Ouest. La chronologie est appuyée par des agités du diaphragme. Tandis que les uns chargent leurs films, d’autres enfilent leurs boîtiers au sein de caissons pour les protéger avant de sauter dans l’eau rejoindre le line-up. Quelque soit le jour - entre le premier janvier 2016 et le réveillon de la même année - le fait de la glisse a été transformé en événement par nos dix-huit pros de l’image qui n’ont pas chômé. Plus de 3 800 clichés ont été proposés pour être finalement harmonisés et intégrés au cœur d’une sélection qualitative, visant l’exigence, l’éclectisme et retraçant les événements marquants de cette année passée.

Un an de surf et de lumières L’ouvrage, premier opus d’une nouvelle série, raconte, à travers le prisme de la photographie, les vagues, le partage, les compétitions, les sessions entre potes, le sable entre les doigts de pieds, les mises à l’eau plus ou moins mo108

tivées. L’ouvrage décrit, en fonction des swells et des températures, l’art de vivre lié au surf dans le sud du golfe de Gascogne - musique, fête, shape, cuisine, créativité - et tous les autres ingrédients propres à ce territoire. Les images sélectionnées sont reproduites sur papier offset 135 grammes au cœur d’un livre

> Lancement, vernissage et exposition photographique le 26 mai à Biarritz. En vente et plus d’infos prochainement sur surfsession.com

Une authentique documentation dédiée à ceux qui veulent se souvenir ou pour ceux qui n’ont pas eu la chance de savourer toutes les saisons du Sud-Ouest. photographique de 208 pages, aux trajectoires parfois inattendues et originales. En marge du lancement du livre, un bon nombre d’expositions photographiques (à Biarritz, Londres, Paris, Berlin, Anvers…) permettra au public de profiter des meilleurs tirages mais aussi d’acquérir d’autres produits dédiés en série limitée. C’est naturellement une autre façon de démocratiser le sport des rois pour enchanter le tube riding, les airs, le carving et aussi l’incontournable envers du décor qui constitue la matrice de notre culture glisse.

DE BIARRITZ YEARBOOK 2016 208 pages Publié par DPY éditions Avec des photographies de César Ancelle Hansen, Bastien Bonnarme, Damien Poullenot, Laurent Pujol, Antoine Justes, Mathieu Hemon, Eric Chauché, Gregory Rabejac, Guillaume Arrieta, Laurent Masurel, Cecilia Thibier, Julien Binet, Sylvain Cazenave, Claudia Lederer, Guillaume Fauveau, Wouter Struyf, Felix Schaper, Olivier Dézèque et Kevin Métallier.


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Le jour où...

Les premières vagues artificielles déferlent à Paris EN 1993, LA VILLE D’ÉTAMPES, SITUÉE À CINQUANTE KILOMÈTRES DE PARIS, VOIT ÉCLORE LA PREMIÈRE PISCINE À VAGUES SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS. SURF SESSION ET LES MEILLEURS SURFEURS TRICOLORES DE L’ÉPOQUE SE RENDENT SUR PLACE POUR EN TESTER LE POTENTIEL.

A

lors que la rumeur de la construction d’une piscine à vagues en région parisienne bruisse depuis des années sans qu’on n’ait encore quoi que ce soit de concret, souvenons-nous du projet inédit de complexe aquatique bâti dans les années 90 à Étampes. Dans cette ville cossue de banlieue parisienne, un bassin propose quelques vagues faiblardes à surfer. À l’époque, propulser 150 m3 d’eau contre un mur est déjà une prouesse technique. Droite, gauche,

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pic, les options existent déjà et Didier Piter, Miky Picon et Emmanuelle Joly ont fait le déplacement pour tester l’installation. Les vagues y sont vraiment petites et plutôt molles (80 cm) mais un certain exotisme s’empare des surfeurs au moment de se mettre à l’eau pour aller caler des snaps sur ces épaules mollassonnes. Depuis, la technologie des vagues artificielles a fait un bond. Les tarifs aussi puisqu’à l’époque, une session sur la base de loisirs d’Étampes coûtait 15 francs. À titre indicatif, surfer le Wavegarden gallois de Surf Snowdonia coûte aujourd’hui 50 £, soit l’équivalent de plus de 350 francs !


SHAPE DESIGN

ER SURFBOARDS Surf performance, vee, concave, quadri concaves, vee. Stratifiée en résine polyester teintée. Adaptée pour les swells en toutes saisons dès 1 m 20 et bien plus ensuite. Planche facile à la rame qui permet des départs très tôt dans la vague, avec des facilités de vitesse dues au travail sur son bottom. Eric Rougé Surfboard 7 allée Louis de Foix 64600 Anglet ericrouge64@gmail.com Eric Rouge 2.10 m x 52 cm x 7 5 cm x 35 cm x 36 cm Prix : à partir de 750 € (en version résine teintée simple, polishé).

SUPERBRAND Conçue pour un maximum de vitesse et de fun dans les petites vagues, la Spam est la dernière et meilleure création de Dion Agius et du Shapers Collective de SUPERBRAND. Un outline large allié à un rocker léger et à simple/ double concave se prolongeant sur un vee au niveau du tail sont de véritables réacteurs, tandis que le swallow tail avec son décrochement vous permettra des virages serrés. La Spampeut se rider en thruster ou en twin avec une mini dérive centrale pour les plus petites conditions. « Mec, c’est la board la plus rapide que j’ai jamais surfée », s’extasie Dion.

SWOP SURFBOARDS

CLEAN CUT SURFBOARDS

La Darwings est large sur l’avant, ce qui lui donne une rame naturellement plus efficace. Elle est parfaite pour partir tôt sur la vague et passer les sections avec facilité. Grâce à son tail étroit la planche tourne sans difficulté, presque comme un shortboard. On peut la surfer dans toutes les conditions. C’est un très bon compromis entre le shortboard et le longboard, une planche vraiment fun et passe-partout.

Avec ses courbes intemporelles et son look moderne, l’Axis Mundis est un single fin du XXIe siècle. Pourquoi, comme de nombreux surfeurs pro, ne pas revenir pour un temps aux fondamentaux et gouter à l’essence même du surf.

DARWINGS

SUPERBRAND 07 85 02 67 49 05 40 07 71 84 europe@superbranded.com

SWOP SURFBOARDS 33610 CANEJAN 06 75 25 68 96 www.swopsurfboard.com www.instagram.com/ swopsurfboards swopdc@hotmail.com

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POUR COMMUNIQUER DANS CETTE RUBRIQUE CONTACTEZ : luc@surfsession.com

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Clean Cut Surfboards 4 rue du Moulin Barbot 64600 Anglet 06 10 90 61 04 contact@cleancutsurfboards.com www.cleancutsurfboards.com

Johan Leconte Dimensions : 6’5 x 20’’1/8 x 2’’9/16 Prix : 770 €


DUKE

Xabi Lafitte ENTRE LES SESSIONS DE SURF ET SON CABINET DE KINÉ, LE SURFEUR BASQUE DÉVELOPPE LES DÉRIVES S-WINGS, CES APPENDICES À LA FORME ORIGINALE QUI SUSCITENT LA CURIOSITÉ DE BEAUCOUP DE PRATIQUANTS DANS LE MONDE. IL EN EST AUSSI LE PREMIER TESTEUR ET LE MEILLEUR AMBASSADEUR. Illustration Agathe Toman / agathetoman.com

1. Trois personnes avec qui partager une session. Tom Curren, Tom Carroll et Wayne Lynch. 2. Le spot que tu aurais aimé découvrir. Haapiti pour le cadre majestueux, et la perfection polynésienne, mais avec des sections fun pour carver entre deux tubes.

10. Tes héros. Tous les navigateurs en solitaire. 11. Ton surfeur idéal.
 Un mélange de Rasta et de Dane Reynolds.

3. L’endroit où tu aimerais être à cet instant précis. Au fond d’un barrel dans une eau turquoise.

12. Ton rêve de bonheur. Que toute personne qui bouge de chez lui respecte la culture et les gens de l’endroit qu’il découvre. Il y a trop de Conquistadors.

4. Ce que tu n’as pas encore réalisé. Plein de choses et heureusement, comme tripper en Australie ou au Chili.

13. Ton occupation préférée.
 Être entre amis autour d’une bonne bouteille.

5. Ta devise.
 « Quand on veut, on peut ! » Je répète ça tous les jours à mes gosses. Et ces derniers temps, j’aime aussi beaucoup : « Choisir, c’est renoncer ».

14. Une passion honteuse à confesser.
 La gourmandise.

6. Ce que tu détestes par-dessus tout. Les personnes sounoises et pas fiables.

16. Ce que tu apprécies le plus chez tes amis.
 Un mélange de fidélité et de connerie.

7. Le don de la nature que tu aurais voulu avoir. Bien jouer d’un instrument de musique. 8. Le lieu qui se rapproche le plus de ton idéal.
 N’importe où, mais loin d’une grande ville, avec un pic gauche droite devant. 9. Ce que tu voudrais être. Plus calme c’est certain, mais surtout

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le plus honnête possible.

15. Les sports dont tu es fan.
 Le rugby à 7, que j’ai découvert aux JO.

17. La question qui te tourmente.
 Où va-t-on ? Avec ceux qui nous gouvernent... 18. Ton mot favori.
 « En avant », car je regarde peu derrière moi. 19. État d’esprit actuel.
 Garder le même équilibre de vie aussi longtemps que possible.


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