Quel avenir pour l’irpinia ?
Imaginer des solutions avec les architectes.
Lucie BOISSENIN
Quel avenir pour l’Irpinia ?
Imaginer des solutions avec les architectes.
Lucie BOISSENIN
Mémoire d’initiation à la recherche Master 1 - École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Encadrant : Anahita GRISONI
Table des matières
Introduction Première partie: un territoire, une histoire, une population a) Le territoire : l’Irpinia
b)
Le tremblement de terre de 1980 c) La population
Seconde partie: Des réponses architecturales au contexte a) La reconstruction post-séisme: le cas de Gesualdo
b)
L’albergo diffuso de Castelvetere-sul-Calore c) L’expansion de l’activité viticole : les Feudi San Gregorio
Troisième partie: Une stratégie globale sur le territoire a) Le PSR, un outil précieux mais insuffisant
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11 15 19
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Le GAL Partenio, première ébauche de planification c) La création d’un Plan Guide d) Application pratique du Plan Guide
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Conclusion
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Bibliographie
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Annexes
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b)
Introduction « Voulez-vous vous laisser conduire au bord d’un lac des Alpes ? Le ciel est bleu, l’eau verte, tout repose dans une paix profonde. Les montagnes et les nuages se reflètent dans cette eau et aussi les maisons, les fermes et les chapelles, qui ne ressemblent pas à des oeuvres de l’homme mais paraissent sortir du même atelier divin que les montagnes et les arbres, les nuages et le ciel bleu. Mais qu’est-ce que ceci ? Une note fausse trouble cet accord. Parmi les maisons des paysans, une villa jette un cri désagréable et inutile, c’est l’oeuvre d’un architecte. D’un bon ou d’un mauvais architecte ? Je n’en sais rien. Je sais seulement qu’il n’y a plus de paix, de repos ni de beauté. Comment se fait-il que l’oeuvre d’un architecte, souille le lac ? (...) C’est que l’architecte, comme la plupart des habitants des villes, n’a pas de culture. Le paysan qui a une culture est sûr de son affaire. L’habitant des villes est un déraciné.» Si l’on en croit cette citation d’Adolf Loos1, l’architecte ne semble pas être apte à construire dans les campagnes. C’est un homme des villes inculte dont les réalisations viennent souiller la beauté et la quiétude de la montagne. Le texte date de la première moitié du XXème siècle, on pourrait penser le propos daté, mais de récents articles viennent montrer que c’est encore en partie valide. Un article de Martin Chenot, directeur de l’école d’architecture et du paysage de Bordeaux (ENSAPB), paru dans le recueil « Espace rural & projet spatial »2 tient le discours suivant : les architectes ont un cursus multidisciplinaire qui leur confère des compétences pour traiter aussi les campagnes, mais il ne sont pas capables de trouver la position juste, entre «un régionalisme pastiche et un modernisme international»2. S’ils rencontrent des difficultés, c’est parce qu’ils sont peu formés à cette thématique rurale, le référentiel de la « ville » étant omniprésent. Ce qui entraine malheureusement un désintérêt des architectes pour la question des campagnes, et pourtant, aujourd’hui, elles représentent un véritable enjeu de projet ! Pour bien comprendre cela, un bref rappel historique est nécessaire: L’avènement de l’industrie a bouleversé l’économie des territoires. Premièrement, les produits de l’artisanat rural sont entrés en concurrence avec les produits de l’industrie, produits en série et donc rapidement, à bas prix, et donc y ont difficilement résisté. Ensuite, l’arrivée du capitalisme a ouvert l’agriculture à l’économie de marché, les agriculteurs deviennent des chefs d’entreprises, devant se plier à un souci de rentabilité. Le marché de l’emploi en zone rural n’est donc pas des plus favorables. Habiter en ville séduit alors de nombreux ruraux, car cela signifie travailler dans les usines, à horaires et revenus fixes, et donc affronter l’avenir de manière plus sereine, à proximité des activités et des commerces qui symbolisent une plus grande liberté également. On assiste alors à un exode rural qui ne cessera pas avant les années 70. Le sociologue toulousain Bernard Kayser parle alors d’une renaissance rurale : il s’agit d’une inversion du solde migratoire, il y a plus de citadins qui viennent vivre dans les campagnes que l’inverse. On peut aussi parler d’exode urbain. En cause des raisons économiques (prix de l’immobilier, marché de l’emploi…) et socio-culturelles (volonté d’être propriétaire de sa maison, souhait d’une meilleure qualité de vie…), mais avant tout, c’est ce qu’explique encore Bernard Kayser, « la reprise de croissance dans le monde rural pris globalement, (…) est le résultat de la diffusion dans l’espace des effets de la modernisation et de l’enrichissement de l’ensemble de la société.» La facilité et la rapidité pour se déplacer, dues à la modernisation des réseaux de transports, permet par exemple d’agrandir les distances entre lieu de travail et lieu de résidence, et les foyers de classe moyenne préfèrent habiter un peu plus loin des villes, dans un cadre rural, et faire construire leur propre maison. L’arrivée des nouveaux foyers a ensuite engendré une inversion du solde naturel, c’est-à-dire que la natalité a pris le pas sur la mortalité, et la population a continué à augmenter, ou au moins se stabiliser dans la plupart des régions. Le territoire rural aujourd’hui n’a plus sa réalité paysanne d’autrefois. Neuf habitants sur dix des campagnes n’ont plus de rapport à l’activité agricole. C’est un territoire en pleine mutation, et à plusieurs titres : on parle beaucoup de consommation du sol, circuits courts, énergies renouvelables... et pourtant la thématique rurale est quasiment inexistante dans la formation des architectes. C’est notamment pour pallier cette absence que j’ai fait le choix de traiter les campagnes dans cette initiation à la recherche. C’est bien entendu également un intérêt personnel, je suis originaire du milieu rural, c’est pour cela qu’il m’est cher et que je cherche, depuis plusieurs années, à le lier à mes études d’architecture. Après un rapport d’études sur le thème du régionalisme aujourd’hui, j’ai souhaité aller encore plus loin pour 1 2
Adolf Loos, L’art régional, Paroles dans le vide, Paris, éditions Ivréa, 1930, p 219. Xavier Guillot, Espace rural et projet spatial vol.3, 2012, Université de St Étienne, St Étienne, 268p.
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Fig 0.1 Village de l’Irpinia détruit au lendemain du séisme du 23 Novembre 1980. http://www.impresedilinews.it/cni-il-costodei-terremoti-in-italia/
Caserta
Benevento Avellino
Napoli
Salerno
Gesualdo
Avellino
Castelvetere Sorbo Serpico
Fig 0.2 Carte de situations: Région Campanie au sein de l’Italie; Province d’Avellino dans la Campanie; Villages sélectionnés au sein de la Province d’Avellino.
chercher des moyens d’exercer la profession d’architecte dans les campagnes. La question de départ a donc été : que peut faire l’architecte dans le contexte rural ? Le thème a évolué lorsque je suis arrivée en mobilité internationale à Naples pour ma première année de Master. Après de premières recherches sur Internet principalement, un territoire voisin de la métropole a retenu mon attention: il s’agissait de l’Irpinia, l’autre nom de la Province d’Avellino, en Campanie. Après un premier contact avec un architecte de la région, Angelo Verderosa, celui-ci m’a orienté vers une personne chargée de la promotion du territoire pour me faire une visite guidée orientée architecture de l’Irpinia. J’ai alors rencontré Agostino Della Gatta, gérant d’une auberge qui fera l’objet d’une étude plus approfondie dans ce mémoire. Cette première immersion en Irpinia m’a permis de découvrir un site chargé de potentiel mais aussi de difficultés. C’est un territoire en proie à de grandes difficultés de développement, fragilisé par un violent séisme au début des années 80, et qui se dépeuple. La question de départ a alors pris une nouvelle voie : l’architecte peut-il être acteur de la redynamisation des territoires ruraux ? Ce qui est difficile lorsqu’on aborde le monde rural, c’est que chaque situation est unique. La géographie, l’histoire, le sol, les ressources, les techniques d’agriculture, les traditions architecturales etc. sont autant de paramètres qui font sa spécificité. On ne peut pas appliquer un mode de faire pour tous les territoires ruraux; il faut aller puiser dans les particularités de chaque région pour trouver des solutions de développement, et cela passe inévitablement par une bonne connaissance du site. Pour garantir des résultats cohérents avec la réalité, un travail de terrain a été mis en place. La méthode mise en place est la suivante: elle débute par la mise en évidence de situations sur le terrain qui pourraient illustrer la question architecturale d’après-séisme en Irpinia. Ont été choisis les villages de Gesualdo, Castelvetere sul Calore et Sorbo Serpico, après une première phase de recherches documentaires en bibliothèque autour des mots-clé « architettura » et « Irpinia ». Le premier a fait l’objet d’un travail de planification pour sa reconstruction ; le second abrite un «albergo diffuso», un hébergement touristique d’un genre particulier; le troisième est le village d’implantation de la cave Feudi San Gregorio, unique bâtiment au style contemporain en Irpinia. J’ai aussi jugé nécessaire de m’intéresser à la situation plus générale de la Campanie et les liens qu’elle entretient avec sa partie rurale ; j’ai consulté plusieurs ouvrages d’Antonio di Gennaro, en collaboration avec d’autres auteurs, et notamment l’ouvrage « La grande trasformazione : il territorio rurale della Campania 1960-2000 »3 qui m’a permis de comprendre l’évolution du territoire depuis une cinquantaine d’années. Le travail de terrain a alors pu débuter, d’abord à travers plusieurs visites sur les sites et dans les alentours, pour observer les usages, l’architecture, la forme des tracés urbains. Ensuite, je suis allée à la rencontre de personnes aux intérêts, rôles et points de vue différents sur ces trois villages et leurs projets. J’ai réalisé des entretiens semi-directifs auprès de Gabriella Caterina, l’une des professeurs et chercheuses qui a travaillé avec les étudiants sur Gesualdo au lendemain du séisme; Italo de Blasio, architecte occupant le poste d’urbaniste à la Comunità Montana Terminio Cervialto, un groupement de communes dont font partie Castelvetere-sul-Calore et Sorbo Serpico; Tonino Ferrante, avocat et représentant de Slow Food en HauteIrpinia; et Simone Ottaiano, directeur d’une agence de communication et promotion de la région Campanie, propriétaire d’un château transformé en musée au coeur de la Province d’Avellino. Après la retranscription de ces entretiens (disponibles en annexes) s’est amorcée une seconde phase de recherche dans les nombreuses bibliothèques universitaires de Naples, autour de la thématique du séisme premièrement. Le livre de Luciano di Sopra « Il costo dei terremoti : Belice, Friuli, Irpinia : confronto dei modelli organizzativi per la ricostruzione, necessità di una normativa nazionale di prevenzione terziaria »4 a été d’une aide précieuse puisqu’il comparait le séisme de l’Irpinia de 1980 avec les précédents du Frioul au nord du pays et du Belice en Sicile, et me permettait de prendre la mesure des dégâts. Puis j’ai cherché à améliorer mes connaissances historiques de l’Irpinia, à travers l’ouvrage « La modifica del territorio e degli assetti urbani in Irpinia : l’influenza della via Appia » de Toni Morano5 qui met en relation le développement de l’Irpinia avec l’émergence des réseaux de transport. C’est à ce moment que j’ai découvert le travail du GAL Partenio, un groupe d’action locale d’Irpinia qui avait, par une étroite collaboration entre élus et architectes, réussi à mettre sur pied une stratégie d’action, un
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Antonio di Gennaro, Francesco P. Innamorato, La grande trasformazione, il territorio rurale della Campania : 1960-2000 , 125p, Clean Editions, Napoli, 2005. 4 Luciano di Sopra, Il costo dei terremoti : Belice, Friuli, Irpinia : confronto dei modelli organizzativi per la ricostruzione, necessità di una normativa nazionale di prevenzione terziaria, 1992, Aviani Edizione, Tricesimo, 232p. 5 Toni Morano, La modifica del territorio e degli assetti urbani in Irpinia : l’influenza della via Appia, 2003, De Angelis, Avellino, 159p.
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document de planification territoriale pour le développement une zone d’une vingtaine de communes. J’ai alors vu dans les documents du GAL Partenio un exemple à appliquer sur tout le territoire irpin. J’ai donc souhaité donner une dimension prospective à ce mémoire, et à mon tour proposer des solutions; ce qui a donné la problématique définitive de l’étude: Quel avenir pour l’Irpinia ? Quelles solutions imaginer avec l’architecte ? L’hypothèse que nous pouvons émettre pour amorcer la réflexion est celle de la planification: en effet, de retour en France, j’ai débuté mon projet de fin d’études à l’ENSA de Lyon, qui développe la thématique du Plan Guide de la Vallée de la Chimie, au sud de la métropole lyonnaise. J’ai découvert différents outils de la planification urbaine, et j’ai pensé que c’était peut-être l’une des choses qui manquaient en Irpinia : des outils de planification, de gestion du territoire. Cela a re-questionné mon travail de recherche ; il existe bien un document qui répartit les fonds européens pour le développement des territoires ruraux en Italie, mais rien de plus « concret », organisant un véritable projet sur l’ensemble de la région ou d’une province. Pour tenter de vérifier cette hypothèse, le mémoire sera articulé de la manière suivante: Une première partie présentera l’Irpinia sous plusieurs entrées, l’aspect historique, l’aspect démographique et les conséquences du tremblement de terre de 1980. La seconde partie développera les trois projets déjà cités – la reconstruction de Gesualdo, l’Albergo Diffuso de Castelvetere et la cave Feudi San Gregorio – qui se posent en réponse au contexte particulier de la province. Nous tenterons de comprendre ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas dans une optique de redynamisation du territoire. Enfin, la troisième partie expose la dimension prospective du mémoire. Après avoir détaillé un premier outil de planification qu’est le PSR – Piano di Sviluppo Rurale, et les stratégies du GAL Partenio pour la requalification des bourgs au nord-est de l’Irpinia, nous proposerons la création d’un Plan Guide et plusieurs grands axes de réflexion pour l’avenir de la province. Enfin, des propositions architecturales plus concrètes seront détaillées en rapport avec les villages des monts Terminio et Cervialto. Cette ultime partie a pour but d’imaginer une certaine méthodologie d’action, qui ne demande qu’à être critiquée dans le but d’être améliorée et mise en place sur le terrain.
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Caserta
Benevento Avellino
Napoli
Salerno
Fig 1.1 Situation de la Province d’Avellino au sein de la Région Campanie.
Fig 1.2 Via Appia (rouge) et Via Traiana (bleue) «Historical Atlas» by William R. Shepherd, New York, Henry Holt and Company, 1923 https://commons.wikimedia.org/wiki/ File:Via_Appia.jpg#/media/File:Via_Appia. jpg
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Première partie :
Un
territoire
une une
histoire
population
Cette première partie vise à définir au mieux l’Irpinia, au regard de son histoire tout d’abord, fortement liée à la création de grands axes de circulation mais aussi aux catastrophes naturelles qui n’ont cessé de la fragiliser. Enfin, elle fera le point sur la situation démographique, économique et sociale actuelle, de manière à poser les bases du travail de recherche des solutions possibles pour l’avenir.
a)
Le territoire: l’Irpinia
Origines. L’Irpinia, ou province d’Avellino (Fig.1.1), objet de cette étude, tire son nom d’un peuple présent sur la zone au VIème siècle avant J-C: les Hirpins. Leur nom signifiait «Loup» dans leur langue, l’osque. Ils constituaient l’une des divisions du peuple plus étendu des Samnites, qui avaient colonisé une grande partie de la Campanie, et également des zones limitrophes des actuelles régions que sont les Pouilles et la Basilicate. Les Hirpins s’étendaient alors sur les actuelles provinces d’Avellino et Benevento, avec pour capitale « Beneventum », aujourd’hui Benevento. Ce peuple avait pour coutume de vivre dans des petits bourgs, appelé « touto » qui était des sortes d’unités administratives, gouvernée par un chef. Ils vivaient de l’élevage de bêtes et d’une agriculture de subsistance. Il est intéressant de constater que la situation n’est pas très différente aujourd’hui où le paysage irpin est constitué de villages, et l’agriculture y est encore bien présente. Un développement en lien avec l’infrastructure routière. Comme l’explique Toni Morano6, la création de la Voie Appienne « via Appia », construite par les Romains au IIIème siècle avant J-C, sera l’un des moteurs du développement du territoire. Elle ne relie d’abord que Rome à Capoue. Les Romains gagneront petit à petit différentes guerres contre les Samnites et pourront étendre leur route jusqu’à Beneventum, puis jusqu’à Brindisi, port d’embarquement vers les colonies grecques, point stratégique. Elle sera achevée entre le Ier et le IIème siècle avant J-C. Traversant l’actuel territoire de l’Irpinia, elle permettra aux villages proches de l’axe de communication de se développer, par des activités de commerce. Dans l’actuelle Irpinia, il s’agit par exemple de bourgs d’Aquilonia (du même nom aujourd’hui) et Mirabella Eclano «Aeclanum». Au contraire, les villages plus reculés ne bénéficieront pas des mêmes avantages pour se développer et de premières inégalités pourront survenir dans la région. On peut tout de même noter l’existence de centres tels que Avellino «Abellinum», et Conza della Campania «Compsa» (Fig. 1.2). Avec la création de la Voie Appienne mais aussi d’autres voies de communication telles que la Voie Trajane ou la Voie Herculéenne, les Romains apporteront une vraie première modification du territoire et du paysage, puisque, si ces voies étaient d’abord de simples chemins de terre, ils chercheront à les rendre de plus en plus praticables. Cela nécessitera l’utilisation en masse de matières premières telles que la pierre ou le bois et sera à l’origine de carrière et déforestation. Mais avec la chute de l’Empire Romain, les voies ne seront plus entretenues et l’Irpinia sera appauvrie. Les invasions. Il faudra attendre l’invasion des Lombards, puis des Normands, au Moyen-Âge, pour mettre fin à cette période de décadence. C’est eux qui seront à l’origine de l’implantation des villages aux sommets des collines, tel que nous pouvons le voir encore aujourd’hui. Ce sera pour eux un choix stratégique d’implanter des tours et bastions de défense en hauteur de manière à pouvoir couvrir des yeux une grande partie du territoire et prévenir d’éventuelles attaques ennemies. Autour de ces points défensifs se développeront des bourgs, aux 6
Toni Morano, La modifica del territorio e degli assetti urbani in Irpinia : l’influenza della via Appia, 2003, De Angelis, Avellino, 159p.
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Rocchetta - San Antonio
Benevento
Avellino
Naples
Salerno
(Montagnes) (Collines) (Systèmes volcaniques) (Plaines)
Fig 1.3 Voies de chemin de fer du territoire irpin
Fig 1.4 Carte des systèmes géologiques Antonio di Gennaro, Francesco P. Innamorato, « La grande trasformazione, il territorio rurale della Campania : 1960-2000 », Clean Editions, Napoli, 2005, 125p.
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rues étroites et maisons de pierre, de manière généralement concentrique. C’est le cas des villages de Cassano Irpino ou Gesualdo, qui seront développés plus tard dans ce mémoire. L’Irpinia continuera ensuite son développement autour de l’agriculture, sans jamais prendre une importance capitale. Le réseau ferroviaire. L’Unité d’Italie, achevée en 1871, donnera le découpage actuel des provinces. L’Irpinia ne coïncidera pas exactement à son territoire de départ. Benevento sera par exemple le chef-lieu d’une autre province. Le gouvernement aura dans ses priorités la création d’un réseau ferroviaire efficace sur tout le territoire national. Jusque là, les cent kilomètres de voies ferrées que possédait le sud de l’Italie (ancien Royaume des Deux-Siciles) étaient concentrés sur la zone Capoue-Caserte, ce qui exprime bien l’inexistence du réseau à l’époque. Il faudra encore attendre pour que le gouvernement s’intéresse à l’Irpinia, zone de modeste importance économique, et les premières voies créées semblent seulement frôler la province (Fig 1.3). En 1887, le premier train mis en place sur la zone relie Cancello (dans la province de Caserta) à Naples, en 3h pour 96km. Cette voie sera prolongée jusqu’à Benevento, et passera par la province d’Avellino dans les communes de Rotondi, Cervinara et San Martino Valle Caudina. C’est une voie créée sous l’impulsion de l’industrialisation de la zone et à la volonté de relier ces industries au port de Naples où pouvaient être expédiées les marchandises. Les courses étaient nombreuses, jusqu’à 11 par jour, espacées de 5 à 30 minutes comme le précise l’ouvrage « Abitare il territorio 1. Paesaggio e memoria: rivitalizzare i borghi»7. Ensuite, en 1891 sera inaugurée la ligne Avellino-Benevento. Elle desservira les gares de Prata di Principato Ultra, Tufo, Altavilla Irpina, et Chianche. Le but de la création de cette ligne sera de relier les principaux sites miniers; Tufo et Altavilla en l’occurrence. De Benevento il était ensuite possible de prendre un train pour Naples. Enfin, la ligne Avellino - Rocchetta San Antonio, sera ouverte en 1895. Depuis près de vingt ans, la population se battait pour qu’existe cette voie. Elle traverse de nombreuses zones de l’Irpinia: Avellino, Salza Irpina - Parolise, Montefalcione, Percianti-Arianello, Montemilletto, Lapio, Taurasi, Lungosano-San Mango sul Calore, Paternopoli, Castelvetere, Castelfranci, Montemarno, Cassano Irpino, Montella, Bagnoli Irpino, Nusco, Sant’Angelo dei Lombardi, Lioni, Morra de Sanctis - Teora, Sanzano - Occhino, Conza - Andretta - Cairano, Calitri - Pescopagano, Rapone Ruvo - San Fele, San Tommaso del Piano, Monticchio, Aquilonia, Monteverde, Pisciolo, Lacedonia. On voit que plusieurs villages se sont associés autour d’une seule station. La ligne fut difficile à réaliser, en raison de la topographie des zones traversées. Si l’on regarde la carte des systèmes géologiques (Fig 1.4), l’Irpinia se situe en effet entre des zones de collines et de montagnes. En est donc sorti un tracé sinueux, ce qui contraignit le train à circuler doucement. Entre les deux terminus, éloignés d’une centaine de kilomètres, il fallait 4 heures. L’utilisation était donc surtout locale et n’eut pas l’effet escompté: au départ, l’idée était de développer davantage cette zone d’arrière-pays au difficile décollement économique. Sur ces trois lignes majeures, seule la ligne Benevento - Naples est encore en activité. Ce sont donc trois communes sur cent dix-neuf qui ont encore une gare active dans la province d’Avellino. La ligne Avellino Rocchetta a en effet été interrompue en 2010 et le tracé Avellino - Benevento fermé en 2012, notamment pour des motifs économiques liés à l’entretien de ces lignes devenues inefficaces (on s’imagine mal en 2010 passer 4 heures dans le train pour parcourir seulement cent kilomètres). Inefficaces certes lorsque l’on voit la situation de loin, mais pour les habitants, c’était un moyen de transport vraiment utile. Les personnes en effet ne l’utilisaient pas pour parcourir la totalité de la ligne mais pour rejoindre des villages proches sans avoir besoin d’une voiture; ce qui aujourd’hui est impossible (il y a tout de même un service de bus). Des villages se retrouvent alors à l’écart, ce qui accentue les difficultés de développement. Géographie. L’histoire de l’Irpinia montre un territoire qui a tenté de se développer en tirant parti des axes de communication qui le traversait: la via Appia, l’avènement du chemin de fer... Cependant, c’est sa position en zone de montagnes (Fig 1.4), difficile d’accès, qui empêcha un vrai dynamisme économique. L’Irpinia est notamment située sur les Appenins méridionaux, et culmine au sud avec les Monts Picentini qui sont le Cervialto (1809m) et le Terminio (1786m). A noter que de ces monts naissent les sources de l’Alto Sabato et de l’Alto Calore, qui donnent à boire à des millions d’italiens dans tout le territoire méridional. Il faut tout de même noter que le sol et le relief ne se prêtaient pas particulièrement à la vie humaine au départ. L’homme n’a cessé d’oeuvrer pour transformer ce territoire hostile en une mosaïques de paysage agricole. Les zones fluviales des vallées étaient souvent insalubres et porteuses de maladies, il a fallu par exemple leur donner plus d’attention et d’entretien. Même si en comparaison à la métropole napolitaine, l’Irpinia peut sembler un poumon vert encore vierge, il reste peu de zones véritablement naturelles. Selon le 7 8
GAL Partenio et DIARC, Abitare il territorio. 1. Paesaggio e memoria: rivitalizzare i borghi, 2014, Corti & Neri, Avellino, 96p. Gabriella Pescatori Colucci, Storia illustrata di Avellino e dell’Irpinia, vol.9 1996, Sellino & Barra, Pratola Serra.
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Fig 1.5 Graphique explicatif de la SEM (Scala di Intensità delle Emergenze di Massa) Elle représente l’impact du séisme mis en relation avec l’étendue de population touchée. Un séisme de type A a un très gros impact mais sur une zone localisée; au contraire, un séisme de type C a des dégâts plus faibles mais dispersés sur un plus grand territoire.
Fig 1.6 Graphique SEM du séisme de 1980 d’après le livre : Luciano di Sopra, « Il costo dei terremoti : Belice, Friuli, Irpinia : confronto dei modelli organizzativi per la ricostruzione, necessità di una normativa nazionale di prevenzione terziaria », 1992, Aviani Edizione, Tricesimo. Ce séisme est du du type B, avec des dommages plus forts près de l’épicentre mais tout de même répartis sur une grande ampleur de territoire.
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neuvième volume de «Storia illustrata di Avellino e dell’Irpinia»8, peu de grandes opérations pour aménager les collines seront toutefois mises en place ici, comme par exemple les cultures en terrasses visibles dans d’autres régions. En Irpinia sera privilégié une disposition des cultures dans le sens de la pente, pour favoriser la descente de l’eau. Ingénieux, mais cela pose aussi le problème de l’érosion qui en arrive à fragiliser certains villages tels que Bisaccia, qui pourrait un jour s’écrouler.
b)
Le tremblement de terre de 1980
Une zone sismique. Au-delà de la configuration du territoire, ce sont bien les tremblements de terre qui ont le plus modifié et fragilisé l’Irpinia au cours de son histoire.. La zone est fortement sismique et a subi de nombreuses et violentes secousses tout au long de son histoire. L’ouvrage de Luciano di Sopra9 fournit les informations suivantes: le premier séisme dont on a une trace remonte à 980 après J-C. On constate qu’ils se produisent parfois en série au cours d’un même siècle, comme par exemple la succession des séismes de 1688, 1694, 1702, 1732 ou encore, plus récemment, les séismes de 1930, 1962 et 1980. Le tremblement de terre de 1980 est le dernier en date, c’est également celui qui sera traité en détail pour cette recherche. L’Irpinia, un territoire déjà pauvre, fut contraint de se relever, se reconstruire, se régénérer sans cesse. Après chaque séisme, c’est la reconstruction in situ qui sera privilégiée dans presque tous les cas, même lors de très grandes destructions. Pour l’auteur Cristina Iterar, «souvent, les propriétaires voulaient reconstruire à l’emplacement exact le bâtiment à l’identique, pour conserver leur valeur symbolique. C’est l’idée qui prévaut parce qu’on donne l’impression de nier le désastre, et montre la volonté de renaissance »10.On peut ne pas être d’accord avec cette solution, mais elle a eu le mérite de faire parvenir jusqu’à nous de nombreux bourgs médiévaux, ainsi que leur tour ou château associé, visitables sur l’ensemble du territoire irpin. A partir du XVIIème siècle, on constatera quelques extensions des villages touchés par les séismes, peut-être par sécurité pour reconstruire dans des zones un peu moins dangereuses. 1980: un séisme dévastateur. C’est le 23 Novembre 1980, en début de soirée, que se produira le fameux tremblement de terre de l’Irpinia, celui qui fera probablement connaître cette région reculée à de nombreux italiens. Une secousse de 6,9 sur l’échelle de Richter, suivie ensuite par une seconde de magnitude 5, qui fera 3000 morts. Les villes et villages touchés appartiennent aux régions des Pouilles, de la Basilicate et de la Campanie. L’épicentre se trouve à Conza della Campania, le village sera entièrement détruit. C’est une des exceptions où l’on choisira de le reconstruire ex novo, à quelques kilomètres de l’existant, et le bourg détruit deviendra une zone archéologique, que l’on peut visiter aujourd’hui. Ce séisme impliquera une population de 6 millions de personnes, qui peuvent êtres classés en trois zones: tout d’abord, l’aire épicentrale, avec un rayon de 40 kilomètres, dans laquelle résidaient 430 000 habitants. On dénombre environ 87 000 sans abri, soit 20% de la population. Dans le rayon plus restreint de 20 kilomètres autour de l’épicentre, c’est 44% de la population qui est sansabri, soit près de la moitié: ce qui montre bien l’importance des dégâts. Vient ensuite une zone périphérique inclue dans le périmètre, qui va de 40 à 130 km autour de l’épicentre. C’est une zone 10 fois supérieure en superficie à la première aire, et qui concentre 4 millions et demi d’habitants, on a pu dénombrer 132 000 sans abri, soit 2,9%, même si la situation est très hétérogène puisque dans les zones les plus proches de l’épicentre ce chiffre peut monter à 7,5%. La troisième zone est l’agglomération de Naples. Elle n’est pas incluse dans l’estimation des dégâts globaux, car il est difficile de savoir ce qui peut-être imputé au séisme ou à l’action du temps. La ville récupèrera cependant des fonds pour reloger les 80 000 sans abri de la zone suite au tremblement de terre. La gestion des fonds. Comment définit-on si une personne est sans-abri ? Si l’édifice est détruit ou doit être démoli, il n’y a pas de doute. S’il est seulement endommagé, un expert déclarera s’il est habitable ou non. C’est là que débuteront les fraudes et scandales liés à la reconstruction. En effet, la région Campanie ne dispose pas d’outils d’ex 9
Luciano di Sopra, Il costo dei terremoti : Belice, Friuli, Irpinia : confronto dei modelli organizzativi per la ricostruzione, necessità di una normativa nazionale di prevenzione terziaria, 1992, Aviani Edizione, Tricesimo, 232p. 10 Cristina Iterar, Storia dell’Urbanistica/Campania X : Ricostruzione-Rifondazione dei centri dell’Irpinia dopo i terremoti storici di epoca moderna : le politiche di intervento urbanistico, 2011, Edizioni Kappa, Roma, 247p.
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BÉNÉFICIAIRES Communes Naples Développement industriel Urgences Administration de l'État Régions
SOMME (milliards de lire) 22 875 19 107 10 644 6942 3636 2 909
POURCENTAGE 34,6 23,9 16,1 10,5 5,5 4,4
Fig 1.7 Répartitions des fonds récoltés d’après le livre : Luciano di Sopra, « Il costo dei terremoti : Belice, Friuli, Irpinia : confronto dei modelli organizzativi per la ricostruzione, necessità di una normativa nazionale di prevenzione terziaria », 1992, Aviani Edizione, Tricesimo.
Fig 1.8 et 1.9 Photographies de la ville de Grottaminarda Certains quartiers sont toujours en état d’abandon.
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pertise fiables à l’époque et donc tout sera fait sans contrôle, ce qui sera la porte ouverte à toutes les dérives, chaque famille pouvant déclarer une destruction de son logis plus grande que la réalité. Les autorités auront tendance à agrandir le dommage général, de manière à amasser le plus de fonds de solidarité possible. Les communes ont été classées en trois catégories : détruites, si les destructions étaient estimées à plus de 80%; gravement touchées, si les dégâts représentaient entre 40% et 80%; endommagées, pour des dégâts entre 5% et 40%. Cela s’est fait sur ordre du Président du Conseil en janvier 1981; au départ, 457 communes ont été répertoriées et classées dans ces catégories. Mais dès mars 1981, on parlera de 537 communes; en mai, les chiffres monteront à 642 communes, et en novembre en seront finalement répertoriées 687. Cela représente plus de 200 communes de plus qu’au départ. Le résultat escompté sera obtenu puisque les fonds amassés pour la reconstruction de l’Irpinia arriveront en masse. Ce seront environ 56 milliards de lires qui seront récoltés et répartis comme sur la figure 1.7. 80% seront distribués pour la reconstruction des communes, de Naples et le développement industriel de la région. En effet, un contexte de reconstruction peut être propice à la mise en place de nouveaux moyens pour développer le territoire. L’accent a été mis ici sur le développement industriel, dont nous aurons l’occasion de parler plus tard. Mais ce qui ne semble pas logique est la répartition des fonds entre Naples et le reste des communes touchées: Naples a obtenu près de 25% des fonds alors qu’elle est située à plus de 100 kilomètres de l’épicentre, tandis que l’ensemble des autres communes a reçu moins de 35%. Un article de Salvatore Aloïse paru dans le Monde le 8 mai 2009 dénonce cette incohérence comme une des nombreuses implications de la Camorra (la mafia napolitaine) au moment de la reconstruction11. La décision sera ensuite prise de laisser à chaque commune la gestion des fonds qui lui reviennent. L’idée n’est pas mauvaise en soi: au lieu de décider à grande échelle ce qui sera fait dans tel ou tel village; chaque commune peut constater les dégâts et organiser ses dépenses en fonction de cela. Mais les maires n’ont pas été formés à la gestion de telles sommes et si certaines communes s’en sont bien sorties, d’autres ont encore de grandes sommes qui dorment sans avoir été dépensées, et des quartiers entiers qui attendent une réhabilitation. En 2005, ce sont encore 2,5 millions d’euros qui n’ont pas encore été programmés par les communes et 36 millions d’euros qui, bien que programmés, n’ont pas encore été dépensés12. La politique de reconstruction. On peut résumer en disant que c’est un manque général d’organisation et de contrôle de la part des autorités, des élus, qui engendrera de nombreuses dérives dans le contexte d’urgence, où tout doit être fait rapidement. Une politique de reconstruction a toutefois vu le jour par la suite. La loi 219/81 a été mise en place pour gérer les conditions de la reconstruction en Campanie. Elle définit également les sommes qui peuvent être allouées à chaque famille pour la réparation de sa maison. Elle prévoira un plus grand financement pour les familles qui choisiront de construire ex novo un nouveau logement, par rapport aux familles qui préfèreront réhabiliter leur logement au centre du village. On parle d’une différence de 20% dans le livre d’Angelo Verderosa sur la reconstruction13. Cette loi présente des avantages et des inconvénients et crée des avis partagés encore aujourd’hui. Au premier abord, cette loi semble avoir plus de défauts que de qualités. Il faut déjà préciser que les villageois pouvaient reconstruire un logement plus grand que celui qu’ils possédaient avant, que ce soit pour la construction ex novo ou pour la réparation des maisons existantes. À l’intérieur des bourgs, de par l’abandon de certaines parcelles, les voisins ont pu s’étendre au delà de leur parcelle initiale; cela a eu pour conséquence un effacement des traces existantes, une perte du patrimoine et de l’histoire; ce qui est un premier élément de contestation. Et puis, de nouveaux quartiers ont été créés hors des noyaux, avec une architecture simple et moderne. Murs en béton, formes de base... on a privilégié la standardisation pour une efficacité de réalisation. Certes, il fallait reloger au plus vite la population, mais ces nouvelles constructions constituent un impact paysager non négligeable et consomment du sol autour des villages. Il y a cependant des bourgs dans lesquels la loi semble s’être posée comme une vraie bonne idée. En se promenant dans les rues de Cassano Irpino, on peut voir une différence de pavage sur certains côtés des routes. Il s’agit d’une astuce pour ne pas « oublier » la trace des maisons qui ont été détruites lors du séisme. L’avantage de la loi se comprend alors instantanément: si l’on imagine un instant la taille de la rue avec la maison qui aujourd’hui n’est plus, on se rend compte à quelle point elle était étroite ! La possibilité donnée à une partie des habitants du centre d’aller habiter en périphérie a permis un majeur confort pour tous. Chacun a pu avoir un plus grand espace de vie, comme nous l’avons déjà dit, et le centre des bourgs a pu enfin 12
Salvatore Aloïse, Après le séisme des Abruzzes, l’Italie cherche à éviter une emprise de la Mafia sur la reconstruction, Le Monde, 2009,http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/05/08/apres-le-seisme-des-abruzzes-l-italie-cherche-a-eviter-une-emprisede-la-mafia-sur-la-reconstruction_1190523_3214.html#FM5EOJ4czJ7H1ukd.99 12 Anna Maria Zaccaria, Politiche Territoriali : l’esperienza irpina, FrancoAngeli, Milano, 2008, 128p 13 Angelo Verderosa, Il recupero dell’architettura e del paesaggio in Irpinia, De Angelis Editore, Avellino, 2005, 166p.
17
Fig 1.10 Recensement de la population de la Province d’Avellino entre 1861 et 2011. DonnÊes provenant de l’ISTAT (Institut national pour les statistique) mises en forme par le site Tuttitalia. http://www.tuttitalia.it/ campania/provincia-di-avellino/statistiche/ censimenti-popolazione/
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devenir accessible aux voitures. Il était impossible d’y circuler précédemment. Les villages étant souvent sur la cime d’une colline, ceux qui habitaient au sommet s’en trouvaient plutôt désavantagés. L’application de la loi 219/81 s’est faite de manière positive ici, intelligente, ce qui n’est pas le cas de certains bourgs comme Bisaccia qui ont perdu de nombreux tracés historiques. On ne peut juger qu’au cas par cas. Les traces du séisme sont-elles encore visibles aujourd’hui ? La réponse est oui. Lorsque l’on se promène dans un village d’Irpinia, on tombe quasiment toujours sur un quartier en ruine, où les maisons n’ont pas été touchée depuis 1980, conséquence de la loi 219/81. Grottaminarda (Fig. 1.9), Cassano Irpino, Gesualdo, Castelvetere sul Calore sont autant d’exemples qu’il est possible de citer. Le paysage est donc marqué, encore aujourd’hui en 2015, par les catastrophes naturelles qui n’ont cessé de frapper le territoire et de le fragiliser au fil des siècles, mais encore plus par la façon dont l’Homme a réagi face à ces évènements. Encore une fois, ce sont les capacités de gestion, la prise de recul et la réflexion qui sont les clés d’un travail de reconstruction réussi. Cela ne dépend pas de la somme allouée mais de ce qu’on a décidé d’en faire.
c)
La population
Quelle est la situation de l’Irpinia aujourd’hui, plus de 30 ans après le séisme ? Les données relatives à la démographie, à l’activité économique, à l’occupation du sol vont nous aider à comprendre. Démographie. La province d’Avellino compte aujourd’hui près de 428 000 habitants. Tout comme la province de Benevento, elle a un nombre bien moins important d’habitants par rapport aux provinces côtières, plus attractives. Si l’on compare les chiffres actuels avec ceux recensés précédemment, il y a aujourd’hui en Irpinia 1000 habitants de moins qu’en 2001, et 10 000 de moins qu’en 199114. La province subit un exode rural mais atteint un stade tout de même plus stable qu’auparavant, c’est ce que l’on peut constater aussi grâce au graphique 1.10 cicontre. Les pertes sont surtout dues à l’accroissement naturel. En effet, il y a beaucoup plus de décès que de naissances. La population vieillissante et le peu de familles qui décident de s’installer en Irpinia continue à aggraver le phénomène. La répartition de la population par tranche d’âge se décompose ainsi: il y a 66% de la population qui a entre 15 et 64 ans, la population la plus active; les plus de 64 ans sont près de 21% tandis que les moins de 15 ans ne constituent qu’un petit 13%. Pour enclencher une nouvelle croissance positive de la population il faudrait inverser la tendance entre ces deux derniers chiffres. Il ne faut pas négliger tout de même les phénomènes migratoires. Là, les chiffres sont un peu plus encourageants. En 2014, il y a eu 9766 effacés des listes électorales mais tout de même 8957 inscrits14. Cela montre qu’il y a bien des personnes qui viennent s’installer dans la province d’Avellino; et même s’ils ne sont pas encore en mesure de contrebalancer toutes les pertes d’inscrits, ils s’en approchent. Économie. Côté emploi, que fait cette population ? Entre 1991 et 2001 on passe de 123 000 à 128 000 personnes qui travaillent. En 2014, les données Istat nous signalent 138 000 travailleurs. Il y a moins de personnes inactives. Il y aurait plus d’étudiants mais moins de femmes au foyer. En 2001, la situation de la province d’Avellino était meilleure que la situation régionale: taux d’activité de 44% légèrement supérieur à la moyenne de 43,8%; taux d’occupation de 35,7% contre 32%; chômage des jeunes 51,8% contre 65,6% et chômage général de 18,8% contre 26,9%. C’est positif mais cela ne veut pas dire que la situation est bonne. De plus, entre 2006 et 2007, il y a eu une augmentation de 42,4% de diplômés (laureati, titulaires d’un diplôme universitaire), qui recherchent un emploi. Il y a peu d’espoir d’insertion professionnel et le territoire, comme plus généralement toute la portion méridionale de l’Italie, est en proie au phénomène de «chômage intellectuel». Les jeunes ont alors tendance à s’en aller vers le Nord ou à l’étranger pour chercher du travail. Quels secteurs sont les plus prisés ? En 2001, 32,4% de la population occupée travaille dans l’industrie, 58,8% se partagent dans les autres activités, et seulement 8,8% des travailleurs se consacrent à l’agriculture. Les travailleurs du secteur agricole passent de 32 000 en 1991 à 11 000 en 2011, ce qui est près de 3 fois moins. L’industrie est en revanche le secteur qui emploie le plus grand nombre de travailleurs. 14 15
Toutes les données démographiques peuvent être retrouvée sur le site de l’ISTAT : http://demo.istat.it/ Anna Maria Zaccaria, Politiche Territoriali : l’esperienza irpina, FrancoAngeli, Milano, 2008, 128p
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Développement industriel. Le livre «Politiche territoriali: l’esperienza irpina»15 présente l’évolution de l’activité industrielle en Irpinia: jusqu’à la fin des années 60, la production en Irpinia était caractérisée surtout par des petites entreprises locales. Les secteurs principaux étaient la mine, l’agroalimentaire (pâtes notamment), les matériaux de construction tels que les pierres ou le bois. On peut citer les carrières de tuf à Tufo ou Altavilla; les tuiles à San Martino Valle Caudina et Calitri; les industries de transformation du bois à Avellino et Atripalda; les pâtes à Lioni. A partir des années 70, on assiste à un développement de l’activité mécanique dans la province. Ceci est le résultat d’un investissement financier destiné à l’Irpinia et provenant du gouvernement central, la CASMEZ (Cassa per il Mezzogiorno), et de financements pour la reconstruction après le tremblement de terre de 1962, évoqué dans la partie précédente. En réalité, ce seront surtout les fonds d’après-séisme qui génèreront un développement industriel, l’impact de la CASMEZ se limite à produire une croissance économique de 1,1%. L’intervention extraordinaire pour la reconstruction donnera naissance au consortium pour «l’Aire de Développement Industriel»: l’implantation des grands pôles d’activité sera accompagnée de la création de nombreuses infrastructures, ce qui pourra inviter de nouvelles industries à venir s’y installer par la suite. La première zone intéressée par ce projet sera celle de Pianodardine, le long de l’axe Naples-Bari, qui est un pôle automobile Fiat; viendra ensuite la création de services et d’infrastructures pour la zone minière de Solofra puis, dans la vallée de l’Ufita, plus au nord de l’Irpinia, naîtra le pôle Iveco-Irisbus, lié à la production automobile Fiat. La création de l’infrastructure a permis une desserte plus facile des zones de plaine, ce qui a été profitable également à la population locale dans ses déplacements quotidiens. Cependant, cela a également accru les disparités avec les communes de montagne qui étaient une fois de plus hors des réseaux. Suite au séisme de 1980, nous avons vu que près de 11 milliards de lires, soit 16% des fonds récoltés, ont été dédiés au développement industriel de l’Irpinia. Une occasion de profiter des financements pour donner une nouvelle impulsion à l’économie locale. Il y aura cette fois la volonté de porter l’industrie dans les montagnes, afin de réduire aussi les inégalités de réseaux entre montagne et plaine. Toujours dans le livre d’Anna Maria Zaccaria15, on peut lire qu’à partir des articles 32 et 28 de la loi 219/81, ce sont 8 nouveaux noyaux industriels qui seront crées et 45 PIP (Piani di Insediamenti Produttivi - zones d’activité) ce qui permettra la croissance de l’industrie: on pourra constater une augmentation de +196% d’industries chimiques, +85,5% d’industries mécaniques, +71,6% dans le domaine de l’agroalimentaire, et +38,4% d’activités manufacturières. Seul le domaine du textile, à Calitri notamment, réduira de 53,2%. Malgré tous les efforts, l’économie ne deviendra pas florissante. Une partie des entreprises cesseront leur activité, les autres continueront mais avec des résultats modérés. En cause le manque de coordination entre les différents sites de production, ainsi que la difficulté à rejoindre les centres urbains proches et les lieux de production préexistants. Le secteur du bâtiment, un peu particulier, est celui qui connaîtra la plus grande croissance avec la reconstruction. On parle du « Boom de la Brique ». Mais il subsiste des doutes encore aujourd’hui sur la transparence des accords entre privés et administrateurs publics, car c’est un panel restreint d’entreprises qui remportera la majorité des chantiers, et les règles d’embauche de la main-d’oeuvre n’ont pas toujours été claires. On appellera l’enquête « Irpiniagate ». On peut noter aussi la création de la loi 12/88, qui permettra à de nouvelles entreprises d’oeuvrer sans être inscrites à l’ordre des constructeurs: ce qui aura pour conséquence que beaucoup de petits artisans se transformeront en entrepreneurs souvent mal qualifiés et donc incompétents. Bon nombre de ces entreprises disparaîtront après le gros boom de la reconstruction, et pourtant de nombreux chantiers ne sont pas achevés ! En définitive, la loi 219/81 n’aura pas réussi à initier une économie solide et pérenne sur le territoire. Le manque de programmation, les difficultés de gestion et de coordination, ainsi que les spéculations illégales en sont les principales causes. Le chômage recommencera donc à augmenter. Les secteurs du bâtiment, de la chimie et de la mécanique continueront à avoir des valeurs positives jusqu’au début des années 2000, mais tout le secteur industriel finira par être en difficulté. A plus de 20 ans du séisme, les entreprises avaient besoin d’interventions structurelles, de mise au norme. L’aide peinant à arriver d’en haut, l’industrie finit par s’appauvrir. Occupation du sol. Les mouvements de population, l’action de l’homme ont toujours un impact sur le paysage, sur l’environnement. Il est important de faire le point, pour achever cette première partie, sur l’occupation du sol de la région Campanie, afin de voir quels sont les enjeux futurs relatifs à cette question dans la province d’Avellino. Il faut savoir que, pour les Napolitains, l’Irpinia est considérée comme une zone déserte. En comparaison avec Naples, en effet, les chiffres sont plutôt parlants. La province d’Avellino comporte environ 430 000 habitants répartis sur un territoire de 2800 km2, soit une densité de 152 habitants au km2. Face à cela, la «ville métropo
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Fig 1.11 Carte de l’utilisation du sol en 1960 et 2000 Antonio di Gennaro, Francesco P. Innamorato, « La grande trasformazione, il territorio rurale della Campania : 1960-2000 », 125p, Clean Editions, Napoli, 2005. En violet, les aires urbaines. L’évolution est assez flagrante.
litaine», autrement dit le Grand Naples, concentre 3 millions d’habitants sur 1200 km2, ce qui nous donne une densité de population égale à 2700 habitants au km2. L’Irpinia a 7 fois moins d’habitants pour un territoire 2,5 fois plus grand. Pour se rapporter au territoire plus général de la région Campanie, le livre Una Campagna per il futuro 16 informe que 72% de la population est concentrée sur 15% du territoire, à savoir la partie côtière du territoire. Le littoral n’est plus qu’un vaste continuum urbanisé, comme nous pouvons le constater avec la figure 1.11 qui montre l’évolution des aires urbaines en violet entre 1960 et 2000. L’époque de la Campania Felix, lors de laquelle la région constituait le grenier de l’Empire Romain, n’est plus qu’un lointain souvenir. L’expansion de la ville de Naples a notamment rongé les terres volcaniques très fertiles. Aujourd’hui, la Campanie doit faire face à de grandes inégalités territoriales. D’une part la campagne, l’arrière-pays, est caractérisée par un exode rural qui est la conséquence de la baisse d’activité tant agricole qu’industrielle, poussant la population à s’expatrier pour avoir un emploi. D’autre part, la ville, la métropole, immense, incontrôlable. Naples est devenue par le fait une ville congestionnée, ingérable, car bien trop dense. Elle est aujourd’hui en proie à de nombreux problèmes sanitaires et de sécurité. En cas de séisme ou d’éruption du Vésuve, le volcan qui trône dans le paysage, l’évacuation de la ville serait très difficile et les dégâts pourraient être considérables ! Rééquilibrer la balance de la densité de population est un véritable enjeu pour demain. Elle permettrait au littoral comme aux montagnes de se trouver dans une situation plus favorable. C’est pourquoi la redynamisation des territoires ruraux doit être une priorité, afin de permettre à une partie de la population citadine de repeupler les vertes contrées de l’Irpinia.
16
Antonio di Gennaro & Agostino di Lorenzo, Una campagna per il futuro, edizioni Clean, Napoli, 2008, 175 pages.
Fig 2.1 Plan de récupération du centre de Gesualdo. Gabriella Caterina & Virginia Gangemi «L’università per Gesualdo», 1985, Liguori Editore, Napoli, 425p.
Fig 2.2 Relevés de Gesualdo. Portail en pierre. Gabriella Caterina & Virginia Gangemi «L’università per Gesualdo», 1985, Liguori Editore, Napoli, 425p.
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Seconde partie :
Des
réponses
architecturales au
contexte
L’Irpinia est une région qui se dépeuple, qui rencontre des difficultés pour être attractive. Cependant, le territoire présente des potentialités. Nous allons voir à présent trois projets d’architecture qui tente de proposer de véritables solutions à la crise que connaît l’Irpinia: le premier est un plan de récupération et réhabilitation pour le village de Gesualdo, le second un projet d’hébergement touristique réutilisant le patrimoine médiéval, le troisième une cave de production viticole.
a)
La reconstruction post-séisme: le cas de Gesualdo
Le séisme était peut-être l’occasion de réorganiser le territoire, innover, proposer des nouvelles stratégies. Beaucoup de fonds de solidarité ont été récoltés, et des fonds européens ont ensuite vu le jour pour la récupération des bourgs médiévaux. Un ensemble de conditions était réuni pour un nouveau départ de l’Irpinia. Un premier projet a tenté d’en tirer parti. Il s’agit de la reconstruction de Gesualdo. Un groupe de chercheurs de l’Université Federico II de Naples, sensible à ce qui s’est produit en Irpinia, a décidé d’apporter son secours à la région, mais d’une manière particulière. Ils ont décidé de prendre du recul, de s’intéresser à une commune en particulier, afin de pouvoir réfléchir en profondeur à une façon de la remettre sur pied. L’équipe était constituée de chercheurs et professeurs d’architecture mais pas seulement; d’autres disciplines telles que la technologie ou la géologie ont souhaité apporter leur concours. Ensemble, ils ont mis en place un véritable travail pédagogique, tant avec la population sur place qu’avec les étudiants de l’Université. Gabriella Caterina, architecte et professeur à l’époque, a accepté de partager son expérience dans le cadre de ce mémoire.17 Arrêter les destructions. Plusieurs laboratoires de projet se sont déroulés à Gesualdo, suite au séisme. Le choix de la commune s’est fait selon les affinités du groupe avec des élus du village, et aussi en raison d’un patrimoine intéressant. En effet, Gesualdo est connue en raison de l’onyx de Gesualdo, une pierre proche du marbre très appréciée en décoration, qui était extraite sur le territoire communal, et présente également une certaine typologie de portails en pierre (le tour des portes d’entrée) et un grand château, le Palais Pisappia, qui trône au sommet du village (on peut d’ailleurs reconnaître la forme concentrique du village, témoin de son expansion successive autour du château). On peut dire que Gesualdo a été touchée durement par le séisme, en tout cas dans son centre historique. Si l’on regarde la figure 2.1 ci-contre, elle nous montre que quasiment toutes les maisons ont été détruites, puisque seuls les édifices en gris sont encore habitables (à ne pas confondre le gris pâle et le blanc hachuré qui représente les bâtiments écroulés). Dans un premier temps, ce qu’ont dû faire les chercheurs a été l’arrêt des destructions, «parce qu’avec l’excuse du tremblement de terre, ils disaient «Non, ça ne tient pas debout !» et abattaient tout, ils détruisaient les bourgs.» (G. Caterina)17. En effet, la population s’était mise à abattre tout morceau de mur qui semblait un peu en équilibre, sous prétexte de la sécurité. Ce n’est pas vraiment un prétexte, il faut comprendre les villageois qui, ayant déjà tout perdu lors du séisme, ne voulaient pas d’autres blessés à cause d’une ruine mal sécurisée qui pouvait s’écrouler quelques semaines ou mois plus tard. Cependant ceux-ci ne reconnaissaient pas ce qui pouvait constituer un témoignage architectural du passé. Le premier travail des chercheurs a donc été de mettre en sécurité les lieux tout en protégeant ce qui pouvait être précieux. Ce fut un moyen aussi de former les habitants, leur apprendre à évaluer les bâtiments qui les entouraient. 17
Entretien réalisé le 28 Janvier 2015 à Naples, script complet disponible en annexe A p 52.
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Fig 2.3 Plan stratégique d’intervention dans le centre de Gesualdo. Gabriella Caterina & Virginia Gangemi «L’università per Gesualdo», 1985, Liguori Editore, Napoli, 425p.
Fig 2.4 Photographies de l’amphithéâtre, une partie de l’espace public crée à Gesualdo.
24
Des lignes-guides. Dans un second temps, il a fallu répondre à la demande de la commune : établir des lignes-guide pour la reconstruction, un ensemble de règles partagées par tous pour que toutes les opérations de reconstruction ou réparation soient faites dans une même logique. Pour proposer des règles, des directions à suivre, il fallait d’abord bien connaître le village. Toute une série de relevés a donc été réalisée dans ce sens, en grande partie par les étudiants d’architecture. La figure 2.3 nous montre la stratégie de reconstruction du bourg. Chaque couleur définit un type d’intervention, à savoir si les travaux à faire sont plutôt de l’ordre de la restructuration structurelle totale ou de la réparation, et s’ils nécessitent une manutention spéciale. Les bâtiments sont regroupés en ensembles homogènes de manière à permettre une simultanéité des opérations et à garantir une harmonie dans les résultats. L’équipe universitaire a choisi d’aller plus loin encore, par la suite. Ils ont souhaité proposer une stratégie pour le futur du village, mais aussi pour le futur du territoire. En effet, Gesualdo a une position géographique centrale dans la Vallée de l’Ufita. Il pourrait être intéressant d’en faire un centre, notamment avec des activités culturelles récréatives dont pourraient bénéficier également les villages voisins. L’Université avait proposé de réutiliser certains locaux inutilisés de la Mairie pour y installer un centre de recherche post-universitaire, un endroit qui pourrait accueillir des séminaires, des évènements liés à la recherche, même des cours. On peut aussi remarquer en marron une zone centrale avec l’étiquette «restructuration urbanistique». Cette zone correspond, si l’on se réfère à la figure précédente, à tout un ensemble d’édifices entièrement démoli par le séisme. Le projet a été d’en faire une place publique, découpées en plusieurs terrasses. Une sorte de petit amphithéâtre permet des spectacles en plein air. Il y a même un accès handicapé. Le village disposait auparavant d’une seule petite place, ce deuxième lieu public en extérieur propose un vrai lieu d’accueil pour des évènements, et présente l’avantage d’« aérer » le tissu médiéval extrêmement serré du centre-bourg. Un travail limité. Quels ont été les résultats de cette opération ? Ils sont plutôt positifs. Étudiants, élus, villageois ont été fiers d’être les protagonistes de cette belle aventure qui connaîtra une petite notoriété dans la presse de l’époque. Les destructions sous prétexte de la sécurité ont été arrêtées à temps, les lignes-guide pour la reconstruction ont été rédigées. Les oeuvres d’ordre publique, telles que les nouveaux espaces extérieurs ou la restauration du Palais Pisappia, ont été réalisées. Cependant, il a été difficile d’appliquer toutes les règles au domaine privé qui, «était intéressé par la reconstruction, la conservation, mais pas assez pour y dépenser de l’argent» (G.Caterina)17. Les personnes ont alors construit plus selon leurs intérêts (la couleur orangée du bâtiment tout à droite de la figure 2.4 n’était certainement pas conseillée par les lignes-guide). Malgré tout, le centre du bourg a gardé son caractère médiéval et une certaine homogénéité. Le projet de centre universitaire a été abandonné, tout comme l’idée de faire de Gesualdo un centre dans la vallée de l’Ufita. Plusieurs raisons à cela: quelques années après le séisme, la commune subira un changement politique; nouveau maire, nouveaux intérêts. « Le village était sauvé, les politiques ont donc jugés préférables d’avoir d’autres priorités; et puis il manquait des ressources. » (G.Caterina) 17 . Ainsi s’acheva la collaboration de l’Université et de la commune de Gesualdo. En ce qui concerne l’idée de faire de ce village un centre pour le territoire autour, il s’agissait peut-être d’une idée avant-gardiste pour l’époque. L’architecte et professeur Gabriella Caterina le reconnaît aujourd’hui, avec le recul. Le maire de Gesualdo était sans doute attiré par l’idée, mais peut-être pas les élus des communes voisines. Dans les années 80, l’idée de réfléchir en réseau n’était pas encore entrée dans la pensée collective, et chaque commune pensant être plus belle et plus forte que les communes voisines, personne n’était d’accord pour mettre Gesualdo sur un piédestal, personne ne comprenait que cela faisait partie d’un plan plus grand de développement de la vallée entière. Aujourd’hui, on trouve encore une partie importante du village en ruine, qui n’a pas été touchée depuis 1980, malgré la présence, d’autre part, des réalisations urbanistiques plutôt modernes et fonctionnelles. Comme dans de nombreux villages, on peut aussi y voir les nouveaux quartiers construits à la suite de la loi 219/81. Une situation analogue au reste des villages irpins, malgré l’envie et la disponibilité de l’Université pour en faire autre chose. Peut-être était-il trop tôt encore, en tout cas on peut voir les prémices d’une réflexion en réseau, d’une petite volonté de ne pas penser que localement mais aussi en relation à un périmètre plus vaste.
25
Fig 2.5 Photographies de Castelvetere-sul-Calore. La première montre la vue sur le village depuis l’une des chambres; la seconde une vue de l’intérieur depuis la cour du chateau (l’extérieur des logements).
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b)
L’Albergo Diffuso de Castelvetere-sul-Calore
L’Irpinia abrite une très grande concentration de patrimoine médiéval. Simone Ottaino, gérant de la société Terre di Campania qui promeut le territoire régional, déclare que sur les 119 communes que compte la province, dans plus de 70 sont encore visibles en totalité ou en partie des tours ou châteaux18, sans parler des nombreux bourgs médiévaux. On peut rappeler que si ce patrimoine est encore présent, malgré les séismes qui n’ont cessé de ravager la région au fil du temps, c’est parce que la population s’est toujours attachée à reconstruire in situ. Entre 1990 et 2000, l’Union Européenne a mis en place des fonds pour la récupération et la valorisation des bourgs suite au séisme. Les communes de Taurasi, Calabritto, Volturara et Castelvetere sul Calore se sont associées pour obtenir une partie de ces fonds, afin de valoriser ces 4 bourgs dans une optique touristique. Taurasi a installé un musée archéologique dans les murs de son château, Volturara a vu sa tour rénovée en logements touristiques. C’est le projet de Castelvetere-sul-Calore qui sera développé ici. Le village dispose d’un bourg médiéval, plutôt bien conservé, et du château, emblème du village, qui lui a justement donné son nom. Une position au sommet d’une colline, avec le mont Terminio en arrière-plan. Il a fallu trouver une nouvelle fonction à ces nombreux locaux dégradés et inutilisés. Oui, car c’est bien cela le noeud de l’histoire: imaginer une nouvelle manière d’utiliser des locaux, ou du moins ce qu’il en reste; un nouvel usage qui peut servir au développement de la commune, du territoire; un usage en accord avec les enjeux actuels et de demain. Ici, les lieux se prêtaient particulièrement bien à un projet d’hospitalité diffuse. Une « auberge diffuse ». Le concept d’Ospitalità Diffusa (hospitalité diffuse, si l’on traduit littéralement), selon le site officiel des Alberghi Diffusi19, a vu le jour après le tremblement de terre de 1976 dans la région du Frioul, sur une idée d’occuper les maisons vacantes à des fins touristiques. Il se développera diverses initiatives en Italie et en Europe mais il faudra attendre 1998 pour que les Auberges Diffuses soient reconnues dans la loi et réglementées pour la première fois en Sardaigne (en 2004 dans la région Campanie). Comme le terme « diffus » l’indique, c’est un hébergement touristique qui se développe en mode horizontal, contrairement à un hôtel standard qui s’étend sur plusieurs étages. Les chambres ou logements sont distribués à l’intérieur d’un bourg ancien, de manière à immerger les touristes dans la vie quotidienne locale, leur permettre de vivre au contact des résidents. La plupart des services hôteliers sont tout de même présents : wifi, service de petits déjeuners qui peuvent être servis en chambre, restaurant … L’hospitalité diffuse a l’avantage de fonctionner en réseau, faisant le lien avec les petits commerces locaux qui peuvent se trouver sur le parcours des différents logements; et peut donc générer des retombées économiques au-delà du simple bénéfice de l’activité hôtelière. De plus, ce type d’hébergement permet d’aller contre le dépeuplement des bourgs anciens, et peut y apporter à nouveau un peu de vie et de jeunesse. Le projet. La Comunità Montana Terminio Cervialto20, maître d’ouvrage du projet, a fait appel à l’architecte Angelo Verderosa pour la réalisation de son auberge. Dans les années 80, des chercheurs de l’Université La Sapienza de Rome avaient étudié le bourg de Castelvetere du point de vue structurel et sismique, en conséquence au tremblement de terre, pour mettre en évidence les carences structurelles et chercher des solutions d’amélioration. L’architecte a donc pu se baser sur cette analyse. Au-delà du travail d’agencement et d’organisation des espaces, l’architecte a eu comme priorité le travail des matériaux et la durabilité. En premier lieu, il a fallu améliorer la réponse sismique des édifices, ceux-ci étant situés dans une zone risquée et n’ayant pas résisté entièrement lors des précédents séismes. La plaquette du projet, disponible sur le site de l’architecte21 nous indique que dans ce but les structures secondaires sont légères et ont été réalisées de manière à pouvoir bouger sensiblement sans rompre en cas de mouvements du sol. On a par exemple préféré le bois aux briques ou au béton pour les planchers entre étages, couplés à des tirants en acier. Ensuite, une grande partie des matériaux, notamment les pierres et les tuiles, ont été réutilisés du site même. De cette façon, on a pu déblayer la zone tout en s’approvisionnant en matériaux, ce qui a pour avantage de réduire à la fois les coûts de nettoyage et ceux d’acheminement des nouvelles pierres jusqu’au site qui, en plus, n’a pas de route carrossable jusqu’à ses portes. Tout ce qui était minéral et non réutilisable a été broyé en un sable fin, plus facile à transporter hors du site et utilisé en partie pour les enduits et pour les chapes. Enfin, les intérieurs 18
Entretien réalisé le 06 Février 2015 à Marigliano (NA), script complet disponible en annexe A p 62. http://www.alberghidiffusi.it/ospitalita-diffusa/ 20 Une Comunità Montana est une association de communes appartenant à un même élément géographique, la montagne. Il s’agit ici du groupement des communes entourant les Monts Terminio et Cervialto. 21 http://www.verderosa.it/projects/restauro/borgo-di-castelvetere/ 19
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Fig 2.6 Plan du bourg de Castelvetere-sul-Calore. Architecte Angelo Verderosa. http://www. verderosa.it/projects/restauro/borgo-dicastelvetere/
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sont simples et épurés, les plafonds en bois sont laissés visibles, les enduits donnent un aspect chaleureux. On reste dans une ambiance traditionnelle. Le projet achevé permet d’accueillir 50 personnes dans 17 logements aux tailles et équipements divers: on va de la simple chambre à l’appartement, ce qui permet de satisfaire les attentes de touristes différents. Il y a un pôle de réception, une salle qui peut à la fois recevoir des évènements de type mariage ou des conférences, un restaurant de quarante couverts où le chef cuisine les produits locaux, et enfin une boutique vendant les productions irpines et permettant ainsi la promotion du terroir, comme nous l’explique Agostino Della Gatta, le gérant actuel. Un manque du renouvellement des fonctions. Nombreux sont les châteaux, les tours, les bourgs qui ont été récupérés grâces à des fonds européens ou régionaux. La difficulté réside toujours dans la recherche d’un nouvel usage, ce fameux élément clé pour une réhabilitation réussie. Dans plusieurs cas, on a rebâti tel que c’était auparavant, en repoussant à plus tard la décision de la fonction. C’est notamment le cas du village de Rocca San Felice. Une partie du bourg est restaurée, mais pour l’instant «on ne sait pas encore ce qu’on y mettra dedans». On peut imaginer que, le jour où l’on aura enfin une idée, se posera le problème d’adapter le bâtiment aux contraintes du nouvel usage. Ces édifices étaient certainement des maisons, anciennes donc avec des espaces restreints; les murs sont en pierre donc peu modifiables, par exemple au niveau des ouvertures, à moins d’entreprendre de lourds travaux, etc. Peu d’usages y trouveront place facilement ! C’est précisément ce qui s’est produit à Casalbore. Simone Ottaiano, déjà cité plus haut, jeune entrepreneur, a décidé d’acheter le château déjà restauré et d’y mettre à l’intérieur un musée privé sur les châteaux de l’Irpinia. Lorsqu’il a entrepris les travaux avec un architecte, il a dû faire face à de nombreux soucis. Il explique que pour obtenir les fonds de la restauration, une destination d’usage devait être indiqué. Dans ce cas précis, il était en effet renseigné comme fonction celle d’un musée; et pourtant, les lieux ne se prêtaient pas à l’activité. Il y avait essentiellement des erreurs de correspondance entre les différentes trappes nécessaires à l’installation d’ascenseurs, et les dimensions des espaces étaient insuffisantes pour y accueillir du public. «On pouvait difficilement imaginer porter là une classe de trente enfants.»18 raconte-t-il. Il explique aussi que cet exemple pourrait servir de leçons pour les futures restaurations de la province, mais que malheureusement, la plupart des projets sont déjà achevés et présentent des caractères assez similaires. Voici la raison du problème: bien souvent, la population n’est intéressée à la restauration que parce qu’elle permet de maintenir un certain symbole, un repère dans le paysage ou dans le village. Lorsqu’un peuple connaît une catastrophe destructrice comme un séisme ou un tsunami par exemple, il est important de ne pas se limiter à remettre sur pied le strict minimum, à savoir les logements, mais à reconstruire aussi les lieux publics tels que les musées, les églises etc. C’est un moyen de retrouver ses repères pour se reconstruire et avancer. On comprend alors cette importance, pour la population, de reconstruire à l’identique. L’essentiel est de reconstituer le village comme il était, peu importe s’il ne sert à rien. Malheureusement, ces restaurations ont coûté une certaine somme d’argent qui ne produit aucun bénéfice à la région, au territoire. C’est cela la véritable erreur. Un projet complet, qui aurait tout aussi bien pu conserver l’aspect extérieur mais prévoir des espaces intérieurs flexibles, n’aurait pas forcément coûté plus cher et aurait pu générer des bénéfices. Castelvetere-sul-Calore en est l’exemple. L’Albergo Diffuso est en ce sens un projet réussi. Il tire parti du contexte de reconstruction tout en répondant aux enjeux de développement de la région par le tourisme. Il est regrettable cependant que ce projet ne soit pas inscrit dans une stratégie de développement touristique plus vaste, avec un certain nombre d’activités qui graviteraient autour de ce lieu d’hébergement. Cela engendre d’ailleurs quelques difficultés dans le lancement de cette activité hôtelière.
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Fig 2.7 Vue du bâtiment des Feudi San Gregorio et du jardin aux roses.
Fig 2.8 Salle de réunion en verre, située en plein coeur de la cave.
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c) L’expansion de l’activité viticole: l’exemple des Feudi San Gregorio Le vin, activité d’avenir. L’Irpinia est une région dont l’économie a longtemps été tournée uniquement vers l’agriculture. Même si les temps changent, comme nous l’avons vu, et que de moins en moins d’habitants travaillent dans ce domaine, le vin reste parmi les piliers de l’économie. Trois principaux vins sont produits et reconnus en Irpinia, le vin rouge Taurasì et les blancs Greco di Tufo et Fiano di Avellino. Ils ont la dénomination D.O.C.G, ce qui correspond à une dénomination proche de notre A.O.C. français. Ces vins n’ont acquis une renommée que très récemment. En effet, la tradition viticole, en Irpinia, existe depuis longtemps mais les productions étaient surtout vendues par des petites corporations, des marchands locaux. C’est depuis l’après-guerre, grâce à des entreprises influentes comme la cave Mastrobernardino d’Atripalda, que les vins irpins ont pris de l’importance, ce qui a engendré une certaine expansion de l’activité viticole. De nouvelles entreprises se sont lancées dans le créneau, profitant de cette nouvelle opportunité. Les entreprises comme Mastrobernardino, ou encore la marque Feudi San Gregorio, proposent aujourd’hui des vins d’excellence, qui remportent des prix au niveau national et international. Au niveau de l’architecture, beaucoup de bâtiments ont été construits ex novo, pour accueillir ces nouvelles productions. Certaines entreprises sont allées plus loin, en proposant également des espaces pour l’accueil du public. Dégustations, visites des chais, bar à vin, hébergements, les pistes sont variées et peuvent permettre de compléter l’activité de production qui, avec la crise, doit faire face à quelques difficultés. Le projet. Feudi San Gregorio est l’une des entreprises qui génèrent les plus gros bénéfices liés à l’activité viticole en région Campanie. Elle naît en 1986 par l’association de deux familles de la région, motivées à travailler sur des productions de prestige et tenter d’atteindre les standards les plus exigeants du marché. En 2000, ils décident de rénover et agrandir leurs bâtiments22. C’est l’occasion pour eux de se créer une image, ou plutôt un monde autour de leur production. Ils feront appel à l’agence Zito+Mori, composée d’une architecte japonaise et d’un architecte avellinois, forte d’une expérience tant à l’extérieur que dans la province. Le bâtiment, situé dans un lieu-dit rattaché au village de Sorbo Serpico, sera achevé en 2004, et ne sera pas dédié uniquement à la production mais proposera aussi un restaurant haut de gamme (ouvert en 2007, et une étoile au Guide Michelin gagnée en 2009), dans lequel le chef s’attelle à sublimer les produits du terroir; ainsi que des locaux destinés à accueillir des séminaires, des meetings. Les intentions principales du projet étaient d’intégrer la cave préexistante au projet et de créer un volume le plus possible enterré pour limiter l’impact sur le paysage. Le bâtiment est situé à quelques kilomètres du village de Sorbo Serpico, et n’a pour voisinage que des forêts et des vignes. On se gare sur le parking (qui en fait n’est autre que le toit d’une partie de la cave, mais on ne le sait pas avant d’être dessous) et de là, une grande haie masque en partie l’édifice. Il faut passer par un SAS, cube rouge à deux portes coulissantes décalées l’une par rapport à l’autre, pour entrer finalement dans l’univers des Feudi San Gregorio. On peut enfin contempler l’architecture de métal et de verre du bâtiment, et ses jardins. Le premier, sur la droite, reprend les thèmes du jardin japonais : la rigueur de la composition, les plantes aromatiques, et l’eau comme porteur d’énergies. Après l’avoir traversé, on peut se rendre sur un second jardin (Fig.2.7), surélevé car étant le toit d’une partie de la cave, qui est consacré aux roses, fleur emblématique de la viticulture. Si l’on revient près de l’entrée, on pénètre dans l’accueil, où des employés pourront vous conduire faire une visite. L’intérieur est élégant, à l’image de l’extérieur, le mobilier entièrement dessiné par le couple de designers Lella et Massimo Vignelli. Comme évoqués précédemment, des espaces sont prévus pour l’organisation de séminaires: différentes salles et, au milieu de l’immense pièce où sont conservés les tonneaux, est suspendue une petite salle de réunion pour une dizaine de personnes, entièrement vitrée (Fig.2.8.) C’est d’ailleurs dans cette pièce, dédiée à la conservation, que l’on peut voir les voûtes de l’ancienne cave. Les grands piliers qui servent de fondations au bâtiment, et qui sont eux aussi préexistants, sont également laissés visible, parce qu’ils servent de régulateur naturel d’humidité (Fig 2.9). Enfin, le style très contemporain, les matériaux comme le verre et le métal utilisés pour la partie nouvelle, marquent clairement la différence avec les parties anciennes de la cave, de manière à ne pas imiter l’ancien mais le suggérer et le mettre en valeur de manière subtile. Quant à l’organisation des fonctions, en souterrain se développent les espaces de production ; tandis que l’accueil et les lieux dédiés à la réception du public sont au rez-de-chaussée et premier étage. Au second étage, jouissant d’une vue sur le paysage, se trouve le restaurant Marennà, toujours dans un style chic et design. 22
L’historique est disponible sur le site de l’entreprise : www.feudi.it
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Fig 2.9 Piliers de l’ancienne cave.
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La volonté des architectes, comme des dirigeants de l’entreprise, était de créer un petit monde autour du vin d’excellence. On ne retrouve pas, comme parfois dans les caves, cette envie de montrer le lien avec la tradition. Le message des Feudi San Gregorio affirme plutôt la modernité de la profession, l’excellence et le prestige que le vin peut représenter aujourd’hui. On ne produit plus le vin comme il y a cent ans. Aujourd’hui, des technologies de pointe permettent d’apporter plus de qualité au produit. Il peut mieux vieillir, mieux se conserver. La production viticole haut de gamme est un secteur encore florissant, l’oenologie et la gastronomie ayant le vent en poupe grâce à l’intérêt grandissant de la population pour le «manger-sain», le faitmaison, les productions locales. Et boire du vin reste élégant dans l’imaginaire collectif. Par le soin apporté à l’architecture, les Feudi San Gregorio affirment cette élégance et leur bâtiment représente ainsi un véritable atout pour leur image de marque. «Boire du vin aujourd’hui signifie, pour beaucoup, une recherche des racines, le retour à un lieu oublié, la célébration d’une mémoire, le renouvellement d’une fraternité, une expérience de communauté retrouvée.» Attilio Scienza, 2014. Un réseau d’activité à développer. Ce projet reflète une expérience positive. On peut dire que les Feudi San Gregorio ont développé leur entreprise en s’appuyant sur une ressource locale, le raisin, et en la portant aux sommets de l’excellence, aux concours internationaux notamment. Cela a contribué à la fois directement et indirectement au développement de la province d’Avellino: directement, parce que les bénéfices de l’entreprise profitent aux investisseurs locaux et donc à la région; indirectement parce qu’ils peuvent ainsi susciter une curiosité de la part des clients à venir découvrir la région de production des produits qu’ils ont apprécié. Giovanni Fiorentino, viticulteur, pointe cependant le doigt sur une donnée importante : le vin seul ne permet pas de faire venir des touristes en masse. C’est en tout cas ce que montre une enquête réalisée en 2014 par l’Observatoire sur le Tourisme du Vin. Selon leur sondage, la qualité du territoire arrive en première place parmi les facteurs influençant le choix d’un lieu de vacances pour les touristes intéressés par le vin, avec 23% des votes. Suivent la culture (19%), l’oenogastronomie (17%), et enfin le vin lui-même (13%), même s’il s’agit d’un très bon cru23. Cela nous laisse bien comprendre que de très grandes entreprises comme les Feudi San Gregorio, même si elles peuvent avoir une influence positive sur le développement de la région, ne suffisent pas à faire levier pour inverser totalement la tendance. Ce que l’on peut notamment regretter est le manque d’activités, de restauration par exemple, ou de formation, autour du vin, destinées à attirer en Irpinia la clientèle aisée des marques telles que les Feudi ou Mastrobernardino. C’est une carence qui a également été constatée par le GAL Partenio, groupement des communes du Mont Partenio, thème développé dans la partie suivante. Pour l’instant, ce n’est qu’une activité ponctuelle peu connectée avec le reste des activités du territoire. Pourtant, « aujourd’hui, la meilleure étiquette d’un vin, sa brochure la plus efficace, est la terre, la vigne, le paysage dans lequel il naît et grandit » nous dit G. Fiorentino23. Ces trois projets architecturaux se posent en réponse au contexte de l’Irpinia, entre 1980 et aujourd’hui. Ils constituent des expériences positives, mais qui ne peuvent fonctionner si elles ne sont pas intégrées dans une plus grande série d’actions. Ces trois cas ne sont pas les seuls à proposer des réponses innovantes et en accord avec les enjeux actuels, il n’est pas rare de découvrir dans les journaux locaux ou en ligne des initiatives menées par des irpins pour tenter de faire revivre le territoire, de lui donner une nouvelle impulsion. Mais ces personnes ne peuvent agir seules, à leur petite échelle. Il faudrait inscrire leurs actions dans une plus grande stratégie, une vision d’ensemble qui, considérant les points forts et faibles du territoire, proposerait un véritable plan d’action pour redonner vie à l’Irpinia.
23
Giovanni Fiorentino, exploitant viticole dans la commune de Paternopoli, m’a fourni ces informations lors d’un échange de mails au mois d’octobre 2014. Son mail a d’ailleurs fait l’objet d’une publication sur le blog irpin Piccoli Paesi : https://piccolipaesi.wordpress.com/2014/10/20/a-proposito-della-tesi-di-laurea/
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Fig 3.1 Classification des aires dans le PSR 20142020. Regione Campania, «PSR 2014-2020», p13. (Traduction de la légende : Pôles urbains, Aires rurales d’agriculture intensive, Aires rurales intermédiaires, Aires rurales rencontrant des problèmes de développement).
Fig 3.2 Répartition de la superficie et de la démographie dans la région Campanie. Regione Campania, «PSR 2014-2020», p35.
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troisième partie
Une
stratégie sur
le
:
globale
territoire
C’est donc une vision d’ensemble qu’il faut sur le territoire pour être à même de prendre de véritables décisions pour son développement. Il existe déjà un document qui pointe des priorités et des objectifs à court terme : c’est le PSR, qui sera détaillé dans la première partie, suivi de l’exemple du GAL Partenio, un groupement qui oeuvre pour réaliser une stratégie à l’échelle d’une vingtaine de communes. Ce type d’initiatives étant plutôt rare, il faudrait peut-être penser à la création d’un Plan Guide pour la province, qui sera l’objet de la troisième partie; avant de proposer quelques exemples de réalisations concrètes qui pourraient voir le jour dans le cadre des propositions du Plan Guide.
a)
Le PSR, un outil précieux, mais insuffisant
Le PSR, Piano di Sviluppo Rurale, ou Plan de Développement Rural en français, est un document programmatique produit par chacune des régions italiennes. Il est destiné à répartir les fonds alloués par l’Europe pour le développement et la modernisation des zones rurales. Il présente d’abord une analyse SWOT (Strenghts, Weaknesses, Opportunities, Threats) : une mise en évidence des points forts, des points faibles actuels, des opportunités qui peuvent servir de leviers pour une mise en valeur du territoire, et des menaces qui planent sur lui. Ensuite est émise une série de priorités qui serviront de grandes lignes d’action, auxquelles répondent des mesures plus concrètes. Enfin, le plan de financement répartit les fonds en fonction des différentes mesures. Cet argent provient en grande partie de l’Union Européenne, il s’agit des fonds LEADER pour le développement rural ; le reste étant un financement national. La Région Campanie a son PSR, qui prend effet sur la période 2014-2020, ce qui signifie que chaque année du programme, elle perçoit des fonds pour son développement rural. La première partie d’analyse révèle ce qui a déjà été évoqué : le déséquilibre démographique de la région et les inégalités entre le littoral et les zones de montagnes (voir les figures 3.1 et 3.2). Encore une fois, les chiffres sont plutôt clairs : 3% du territoire concentre 35% de la population; et en contrepartie 60% du territoire est considéré comme une « aire interne », une zone avec un très bas niveau d’infrastructures et qui est en difficulté pour capter les services essentiels (mobilité, santé, instruction). On retrouve sans surprise le patrimoine architectural et forestier parmi les points forts, tout comme la position de leadership dans certains domaines agro-alimentaires tels que les fromages de buffles ou les fruits ; on apprend toutefois qu’il y a une demande croissante de « slow tourism », sans que ne soit définie cette notion. Le site Youphil24 explique qu’il s’agit d’une forme de tourisme qui, en privilégiant les modes de déplacement doux, permet une découverte plus lente et donc plus complète d’un territoire. Le touriste souhaite appréhender le pays comme un habitant, ce qui passe par une découverte de la culture et des modes de vie. Cette nouvelle forme de tourisme est peut-être à développer en Irpinia, qui pour l’instant est peu visitée par rapport à la côte méditerranéenne de la Campanie. L’idée sera développée un peu plus loin. Parmi les opportunités, il est énoncé également qu’il y a beaucoup de biomasse disponible, pour l’instant non utilisée. Effluents d’élevage, rejet de l’industrie du bois, déchets forestiers, déchets ménagers organiques… Sous le terme de biomasse se trouve une diversité de produits qui peuvent servir à faire de l’énergie. Il s’agit même d’une énergie renouvelable, si l’on apprend à gérer les ressources de manière mesurée pour ne pas appauvrir les sols producteurs. L’utilisation de la biomasse pour la production d’énergie électrique ou de chauffage en Campanie serait un moyen de continuer sur la voie des énergies renouvelables (on peut déjà noter la présence d’éoliennes en Irpinia) et de créer de nouveaux emplois. On retrouve d’ailleurs parmi les points faibles actuels la mince propension à l’utilisation des énergies renouvelables. Il y a donc certainement 24
Youphil est un magazine en ligne qui suit l’actualité de l’engagement tant associatif, humanitaire que politique. Article de Lucie Crisa, le 02 Août 2010, http://www.youphil.com/fr/article/02603-le-slow-tourism-l-art-de-voyager-differemment?ypcli=ano
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Fig 3.3 Carte de situation du GAL Partenio dans la province d’Avellino.
Fig 3.4 Carte de l’infrastructure dans la zone du Partenio. GAL Partenio et DIARC, «Abitare il territorio. 1. Paesaggio e memoria: rivitalizzare i borghi», 2014, Corti & Neri, Avellino, 96p.
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une carte à jouer dans ce domaine, et la région en a conscience. Viennent ensuite les points faibles et les menaces, à savoir tout ce qui représente un frein à l’amélioration de la situation rurale et plus généralement régionale. Le manque de mise en réseau qui est revenu à de nombreuses occasions dans ce mémoire se traduit dans plusieurs des points énoncés : le PSR relève un manque de coopérations entre les exploitants agricoles tout d’abord, puis le manque de mise en relation des agrotourismes. Pour rester dans ce domaine, citons aussi le manque d’innovation et de recherche en agriculture. Il est vrai que l’Irpinia est très vaste et couverte par de nombreuses forêts et cultures qui pourrait être le support d’expérimentation et de recherche à l’heure où l’on se préoccupe des questions de sécurité alimentaire. Ensuite, on retrouve le problème du manque de services aux entreprises. Les services pour les habitants sont quant à eux souvent difficiles d’accès en raison du manque d’infrastructures dans les aires de montagne. Enfin est souligné le problème de la fragmentation de l’habitat dans les zones péri-urbaines autour des grandes villes de la région. Parmi les menaces, les plus importantes semblent être la crise économique, bien installée, qui aggrave une situation déjà peu favorable à l’emploi et au développement de l’Italie du Sud ; ainsi que la mauvaise image du territoire véhiculée au nord du pays et à l’étranger, ce qui n’attire pas les investisseurs. Les points faibles révèlent en tout cas une certaine clairvoyance des autorités sur ce qui ne fonctionne pas actuellement. Il est même écrit que « le système de planification territoriale publique est encore inefficace dans la protection de l’espace rural »25 . Le PSR serait donc inutile ? Peut-être est-il simplement insuffisant. Ce que signifie probablement cette phrase est l’inefficacité des programmes précédents. Le PSR propose des aides financières qui peuvent être attribuées tant à des entreprises privées (exploitations agricoles, industrie, PME) qu’aux organismes publics (provinces, groupement intercommunal, communes etc.). Un appel d’offres individualise une série de bénéficiaires et leur permet de réaliser leur projet s’il s’inscrit dans une ou plusieurs mesures du plan. Le risque est qu’une fois de plus, chacun réalise son projet dans son village sans se préoccuper de ce que fait le voisin, sans aucune mise en réseau ; ce qui ne ferait pas avancer le développement global de la région.
b)
Le GAL Partenio, première ébauche de planification
Certaines communes ont compris cet enjeu de stratégie commune et tentent d’organiser une planification pour gérer au mieux les fonds européens. Dans la zone du Mont Partenio s’est formé un Groupe d’Action Local (GAL). Un GAL réunit à la fois des acteurs privés et publics du secteur autour de la question du développement d’une zone rurale. Dans ce cas précis, la zone en question regroupe les communes de la partie nord-est de l’Irpinia (voir la figure 3.3), sur les pentes du Mont Partenio. Plusieurs professeurs de l’Université Federico II de Naples ont pris part à ce groupe, pour y joindre leurs compétences à celles des élus locaux, des entrepreneurs et autres acteurs. Le projet s’appelle « Ré-habiter les bourgs »26, et montre bien l’intention du groupe de travail de faire revivre les villages. L’objectif est de requalifier le patrimoine culturel et rural des communautés du GAL Partenio à travers la récupération durable des villages du territoire, autrement dit de trouver une manière d’occuper les logements vacants qui soit également bénéfique pour la zone. Dans un premier temps, ils ont fait un grand travail d’analyses, en croisant les données quantitatives et les observations sur le terrain. Premièrement à propos de la population: les communes du GAL Partenio sont au nombre de 27. Comme dans le reste de la région, l’exode rural a frappé et aujourd’hui, une grande partie des maisons ne sont que des maisons de vacances, pour des familles qui ne vivent plus ici; ou alors des maisons abandonnées. Les endroits où subsiste la population sont ceux facilement accessibles depuis les grands axes ou les grandes villes. L’autoroute Naples - Bari traverse la zone, et permet une desserte facile des communes intéressées, par rapport aux communes plus excentrées qui doivent compter sur une viabilité secondaire moins simple en raison de la topographie montagneuse. Cette zone avait l’avantage d’avoir deux lignes de chemin de fer la traversant. La ligne Naples - Benevento est encore en fonction, elle passe par Rotondi, Cervinara et San Martino Valle Caudina. L’autre ligne arrêtée entre Salerno, Avellino et Benevento (voir figure 3.4) reliait les différents pôles miniers, et permettait un important transport de marchandises et surtout des personnes entre les villages. Aujourd’hui, de nombreux bus parcourent la zone, mais il est quasi 25
PSR Campanie 2007-2014, p 77.
26
GAL Partenio et DIARC, «Abitare il territorio. 1. Paesaggio e memoria: rivitalizzare i borghi», 2014, Corti & Neri, Avellino, 96p.
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Fig 3.5 Photographies des bourgs concernĂŠs par la requalification du GAL Partenio : Tufo, Summonte, Pietrastornina et Candida. http://irpinia.tumblr.com/
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ment impossible de compter sur eux comme unique moyen de déplacement. Il faut une voiture, et aux heures de pointe, les axes sont souvent encombrés et les temps de transport peuvent augmenter considérablement. La difficulté de déplacement est sans doute le point le plus important qui explique le dépeuplement de cette zone: on peut d’ailleurs constater que la population préfère vivre dans un village sans charme bien relié aux axes de communication plutôt que dans un beau bourg médiéval restauré. L’amélioration du service de transport est donc un réel enjeu pour ce secteur. Le Partenio est malgré tout une zone qui a des ressources, notamment pour le tourisme. Il bénéficie d’une zone densément boisée, le Parc Régional du Partenio, qui est même reconnue comme réserve naturelle depuis 2012, au titre de la loi 33/93. Il y a même une oasis WWF sur la commune de Pannarano. La zone est propice au trekking et attire des touristes notamment grâce à ça. Cependant, pas assez pour tirer véritablement vers le haut l’économie de la zone, car il y a un certain manque de communication et seuls les connaisseurs viennent ici. Mais cette région peut aussi compter sur le tourisme religieux. La proximité avec le Sanctuaire de Montevergine, qui accueille des millions de touristes chaque année, est un véritable atout. Les communes limitrophes, comme Ospedaletto d’Alpinolo, peuvent compter sur l’hébergement touristique et la restauration pour maintenir leur activité économique. Enfin, parmi les ressources de la région, comment ne pas parler du vin ! Avec le village de Tufo en plein centre de la zone du Partenio et Avellino parmi les communes limitrophes, la zone est fortement intéressée par la production du Greco di Tufo et du Fiano di Avellino, les deux vins blancs D.O.C.G. de l’Irpinia. Le constat énoncé dans le second chapitre, concernant le manque d’autres activités autour de l’activité viticole, émerge de leurs recherches. Rien n’est prévu pour accueillir les touristes d’une certaine catégorie sociale. En effet, les touristes intéressés par le vin sont souvent aisés, et il n’y a par exemple aucun chef étoilé dans la zone du Partenio. Il n’y a également aucune école ou formation autour de la production ou de l’oenologie. Dans la province voisine de Caserte, la chef Rosanna Marziale, finaliste de Masterchef Italie, raconte que la notoriété gagnée grâce à la télévision permet à son restaurant de fonctionner à merveille, et que les gens n’hésitent pas à parcourir des kilomètres pour goûter ses plats, par curiosité. Faire venir un gagnant d’une émission télévisée ou un chef étoilé dans le secteur pourrait par exemple donner une première impulsion. Ceci n’est qu’un résumé de l’analyse poussée qu’ils ont réalisée. Dans un second temps, ils ont émis des propositions, qui composent une stratégie globale sur les 27 communes. Deux grands champs d’action peuvent être mis en évidence: d’une part l’amélioration et la requalification des transports, d’autre part la récupération des villages et l’insertion de nouvelles fonctions dans les bâtiments vacants. En ce qui concerne les transports, l’idée principale est de réactiver la ligne Avellino - Benevento, ce qui serait un nouvel atout pour l’accessibilité aux communes de Prata di Principato Ultra, Tufo, Altavilla Irpinia et Chianche. Autour de cette ligne seraient mis en place des services de car sharing et bike sharing, à savoir le partage de vélos et de voitures comme dans les grandes villes; et des services de navettes vers les principaux lieux touristiques. Cette voie étant avant le moyen de relier les sites miniers et d’en transporter les marchandises, l’installation d’un musée de la mine, la mise en place de visites des mines désaffectées et d’un écomusée du territoire pourrait compléter cette stratégie et apporter une dimension touristique au parcours du train. En ce qui concerne la revitalisation des villages, l’intention a été de trouver de nouvelles fonctions aux six bourgs médiévaux du territoire. Tufo sera, comme nous venons de le voir, intéressé par la réactivation de la ligne de chemin de fer, et des diverses activités mises en place autour. Montefusco pourrait devenir un pôle de logements sociaux pour les étudiants. En effet, c’est la commune la plus proche de l’Université du Samnium de Benevento. Il y a une réelle demande de logements pour les étudiants de ce campus. En le reliant bien à Montefusco, ce dernier pourrait constituer un cadre idéal pour l’hébergement des étudiants. Différents services liés à l’enseignement y seraient mis en place: une bibliothèque, des lieux de travail en commun etc.. Les logements, de tous types, seraient un moyen de réutiliser les espaces vacants du centre historique. Candida pourrait devenir un Albergo Diffuso, comme Castelvetere-sul-Calore. C’est un village qui a été restauré et qui est partiellement habité, ce qui correspond aux conditions nécessaires pour y instaurer de l’hospitalité diffuse. De plus, c’est un village fort d’une longue histoire (trace de vie datant de l’antiquité et qui jouit d’un certain patrimoine architectural, notamment un château et plusieurs maisons importantes), tout comme les communes voisines de San Potito Ultra et Montefalcione. Les touristes visitent cette zone mais ne produisent pas de bénéfices à la région car ils n’y restent pas plus d’une journée. Proposer un hébergement innovant à ces visiteurs, justement sur cette zone peut être une façon de rémédier au problème.
39
Fig 3.6 Schéma explicatif «Activer de nouvelles centralités»
Fig 3.7 Schéma explicatif «Développer l’innovation»
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Prata serait destinée à devenir un éco-village. Il s’agit de proposer à des personnes sans travail de venir cultiver les terres vacantes ou au moins de vivre de la gestion de certaines d’entre elles. Il y a aussi l’idée de faire renaître des professions abandonnées comme dans le secteur de l’artisanat. L’objectif de l’éco-village est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. C’est un moyen de créer de l’emploi et redonner vie à un centre de village. Pietrastornina pourrait devenir un « borgo del gusto », un village du goût. Cela répondrait à la demande d’activités et d’hébergement autour de la question viticole. Pietrastornina est un village tout à fait particulier caractérisé par une grosse pierre de 150m de hauteur, sur lequel on trouve les ruines d’un château médiéval. Il pourrait devenir un lieu d’exception pour accueillir des cours de cuisine, des dégustations tant de vins que de produits locaux, des restaurants, ainsi qu’un ensemble de logements et chambres, tant pour les touristes que pour les professeurs ou élèves de l’école de cuisine. Enfin, à Summonte sera renforcée la fonction d’accueil, en relation avec le tourisme religieux et environnemental qui se déroule dans les zones voisines. Cela complèterait l’offre d’hébergements principalement concentrée actuellement dans le village d’Ospedaletto d’Alpinolo, et la répartirait de manière plus équilibrée. Ainsi, deux villages pourraient tirer parti de cet atout.
c)
La création d’un Plan Guide
Le cas du GAL Partenio n’a pas d’autres équivalents sur le territoire irpin. C’est une action pourtant pionnière qui mériterait d’être imitée à la plus grande échelle de la province. Elle peut s’apparenter à un outil appelé Plan Guide, utilisé dans les projets urbains en France notamment. Il s’agit d’un document programmatique qui présente les grands objectifs d’un territoire, les axes structurants du projet urbain, et la répartition des différents types d’espaces prévus (zones d’activité, logements, espaces publics, etc.). Ce n’est pas un plan masse dans le sens où il ne fige pas cette répartition ; il s’agit d’un document évolutif, qui prend en compte l’évolution perpétuelle d’un site. Lorsqu’il est adopté, chaque projet prévu sur le territoire sera réalisé en cohérence avec les prescriptions du Plan Guide et constituera une application pratique des axes directeurs. On peut supposer qu’un Plan Guide pour compléter le PSR de la Campanie serait d’une grande aide. Cet outil permettrait de ne plus utiliser les fonds pour les seules actions locales mais aussi et surtout pour développer un projet mettant en relation toutes les opportunités du territoire. À la manière des projets actuels autour des grandes métropoles, tels que Berlin 2030, Rome 2025, ne pourrait-on pas imaginer un grand projet, non pas urbain mais rural cette fois, sur le territoire de l’Irpinia ? Faire un grand projet rural impliquerait de réunir autour d’une même table : investisseurs, élus locaux, pouvoir publics, et spécialistes qui apporteront une véritable expertise et un savoir-faire dans leur domaine respectif : architectes, urbanistes, géologues, biologistes, économistes etc. Le PSR énonce trois objectifs stratégiques pour la région : Campanie Région Innovante ; Campanie Région Verte ; Campanie Région Solidaire. Ils montrent la volonté d’agir sur les territoires ruraux pour changer l’image de la région et la tourner davantage vers le développement durable et l’innovation. Ces trois objectifs peuvent constituer le point de départ d’un éventuel Plan Guide ! Si l’on conjugue les données relatives à l’Irpinia et la lecture du PSR, il est possible de proposer quatre grands axes structurants pour un véritable projet de développement rural : Activer de nouvelles centralités (fig. 3.6) La province est constituée d’un seul grand pôle, Avellino, et d’une multitude de communes de petites dimensions qui gravitent autour, situées souvent dans des zones dites « internes », loin des axes de communication et des services. Certaines communes qui ont des positions stratégiques, pourraient devenir des centres-relais, où tous les services de proximité sont disponibles (poste, santé, culture, loisirs, sport, banque) et bien connectés aux autres centres-relais et chefs-lieux de province. Cela passerait notamment par une réorganisation des transports en commun. Il s’agirait là de projets publics. Développer l’innovation (fig 3.7) L’Irpinia présente une disponibilité de terres, de grands espaces de biodiversité, une agriculture variée. Pourquoi ne deviendrait-elle pas une zone de recherche et d’expérimentation agricole ? Aujourd’hui, la recherche 41
Fig 3.8 Schéma explicatif «Réutiliser le patrimone bâti».
Fig 3.9 Schéma explicatif «Mise en réseau»
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de nouvelles techniques d’élevage et de culture plus respectueuses de l’environnement et en même temps plus productives est primordiale. L’innovation dans le domaine des énergies pourrait aussi être traitée, notamment avec le développement du recyclage de la biomasse qui pourrait peut-être alimentée une partie de la région en énergie. Développer la recherche de pointe dans ces deux domaines serait un moyen de changer l’image de la région en une Campanie Verte et Innovante. Cette action pourrait créer de l’emploi dans la zone et ainsi repeupler les bourgs. Pour susciter l’intérêt et l’implantation de centres de recherche, il sera nécessaire de faire une grande campagne de communication dans les autres régions et à l’étranger, ainsi que proposer des avantages financiers. Réutiliser le patrimoine bâti (fig 3.8) Avant d’envisager la construction neuve, il serait bien d’utiliser le patrimoine encore présent sur le territoire. À la suite du séisme de 1980, des quartiers tout entiers de villages ont été abandonnés et sont encore debout aujourd’hui, dans un état certes dégradé mais porteur d’un certain potentiel esthétique et architectural ; il y a également de grandes propriétés distribuées ça-et-là dans le paysage qui présentent de grandes surfaces et qui, après une phase de réhabilitation, pourraient accueillir par exemple les centres de recherche évoqués précédemment. Enfin, il existe des lieux déjà restaurés mais vides car aucun usage ne leur a été trouvé, et qui pourrait être investi sans beaucoup de frais par de nouvelles activités. Une grande quantité de patrimoine bâti est présent sur le territoire, dans différentes situations, ce qui devrait permettre d’accueillir de nouvelles activités, de nouveaux services ou logements et éviter la consommation accrue de sol en construisant du neuf. De plus, le patrimoine bâti ne comporte pas seulement les bâtiments ; les réseaux de chemins de fer qui ont été fermés depuis 2010 devraient pouvoir retrouver une nouvelle fonction : voie verte touristique, modes doux, tram ? Toutes les possibilités sont à envisager. La mise en réseau (fig 3.9) Conjuguer les enjeux locaux et globaux signifie trouver des solutions qui correspondent à la fois aux attentes et besoins des petites collectivités et aux stratégies et orientations économiques régionales, nationales ou internationales. C’est ce que les grands projets urbains tentent de faire ; si l’on souhaite que l’Irpinia se développe pour être compétitive au niveau régional et national, la mise en réseau et la coopération sont des points clés pour avoir un poids dans la concurrence. Cela passe à la fois par des coopératives agricoles qui permettront aux agriculteurs d’avoir plus de poids lors de négociations sur les prix de vente de leurs productions par exemple ; mais aussi par la mise en réseau des initiatives locales concernant notamment le tourisme. Les lieux d’hébergement et d’activités à destination des touristes doivent échanger entre eux pour tirer des bénéfices tous ensemble ; ensuite, il est essentiel que l’activité touristique des zones de montagne soit relayée dans les grands sites d’attraction du littoral : brochures et publicités dans tous les hébergements de Naples, dans les lieux comme Pompei et Herculanum.
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Fig 3.10 Carte du potentiel environnemental de la CMTC. Lac Oasis ÂŤWWFÂť Source & Cascade Grotte Monts Terminio & Cervialto Sentiero Italia
Fig 3.11 Passage de la ligne Avellino - Rocchetta dans notre zone, respectivement en Salza Irpina, Castelfranci, Montemarano, Cassano Irpino, Montella, Bagnoli Irpino et Nusco.
Fig 3.12 Zones de production de vins DOCG sur le territoire de la CMTC. Taurasi Fiano di Avellino
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d)
Application pratique du Plan Guide
Ces grandes lignes stratégiques ne doivent pas rester de belles paroles. On peut prendre à présent comme exemple le territoire de la Comunità Montana Terminio Cervialto pour illustrer quelques idées plus concrètes qui pourraient être réalisées en réponse à ces propositions. Une « Comunità Montana », est un groupement de communes rattachées à un même élément géographique, la montagne. La Comunità Montana Terminio Cervialto (CMTC dans la suite du texte) tient son nom des monts Terminio et Cervialto qui trône au-dessus des 18 villages qu’elle compose. Comme le reste de l’Irpinia, c’est un territoire en baisse démographique avec une population vieillissante (22% de plus de 65 ans 27) mais qui présente certains atouts notamment environnementaux qui nous permettent d’imaginer des pistes de développement. État des lieux de la CMTC. Au niveau de la démographie, si l’on compare les données de 2005 et 2015, presque tous les villages ont perdu une partie de leur population. Le village de Volturara Irpina a même diminué de près de 20%. Seules 4 communes ont une population égale ou supérieure à 2005: il s’agit des villages de Montella, Cassano Irpino, Salza Irpina et Santo Stefano. Ensuite, on peut noter que la majeure partie des villages compte entre 1000 et 5000 habitants. Seuls Montella et Serino sont plus peuplés (autour de 7000 habitants), et 4 villages ont moins de 1000 habitants: Cassano Irpino, Salza Irpina, Senerchia et Sorbo Serpico. Les données relatives à l’accessibilité et aux transports n’expliquent pas tout à fait les phénomènes de la démographie. En effet, les communes les plus peuplées ne sont pas celles les plus proches d’Avellino et donc de l’autoroute comme on pourrait l’imaginer. Montella a même une position plutôt centrale dans la zone et donc n’est pas plus facilement accessible que Volturara Irpinia par exemple. Tout comme dans la zone du Partenio, la voiture est quasiment indispensable. Avant, la ligne de chemin de fer Avellino - Rocchetta passait dans plusieurs communes mais n’a jamais été très efficace pour se rendre dans la capitale de province (long temps de trajet). Les bus sont tout de même nombreux et desservent toutes les communes sans exception. Les communes de Caposele, Calabritto et Senerchia restent malgré tout à l’écart du réseau. Il faut compter plus de deux heures de bus et trois changements pour aller à Caposele depuis Avellino. En réalité, ces trois communes sont mieux reliés à d’autres réseaux et d’autres communes voisines telles que Lioni ou Sant’Angelo dei Lombardi; elles ne sont pas totalement coupées du monde. Pour rejoindre Naples, Avellino reste malgré tout un point de passage obligatoire. Les deux villes sont reliées en une heure par des bus qui partent toutes les 20 minutes. Valoriser le patrimoine naturel. Intéressons-nous à présent aux potentiels du site qui pourraient servir de leviers pour le développement. Le premier point fort est son patrimoine naturel et environnemental. Comme le montre la figure 3.10, la zone est d’abord traversée par le Sentiero Italia, un chemin de trekking qui parcourt l’Italie du nord au sud en suivant la dorsale des Appenins; ensuite, le village de Bagnoli Irpino accueille sur ses terres un grand pôle touristique: l’une des seules stations de ski du sud de l’Italie, couplée au Lac Laceno, un vaste système hydrographique qui offre grottes et cascades aux amoureux de la nature. C’est un point fort à accentuer, à valoriser. Nous avons parlé un peu plus tôt des «slow tourists», nous pouvons à présent évoquer les éco-touristes, à qui pourrait plaire ce type d’endroit. L’éco-tourisme est un tourisme plus respectueux de l’environnement et plus proche de la nature, qui séduit de plus en plus de personnes. Une étude conduite par l’Accesseur au Tourisme de la Province de Turin décrit le touriste rural comme «un sujet entre 18 et 35 ans, plutôt cultivé voire très cultivé, un revenu moyen à haut, une bonne disponibilité de temps libre et poussé par l’amour de la nature, il se déplace généralement avec sa famille ou ses amis, à la recherche d’un bien-être psycho-physique dans un environnement sain et à haute valeur paysagère, architecturale et culturelle. Il est donc intéressé par des parcours thématiques et itinéraires touristiques structurés pour les visiteurs et attiré par les activités pédagogiques et récréatives qui favorisent la connaissance en général des lieux visités»6. Si l’on croise cette donnée avec la figure 3.11, la carte de la ligne interrompue Avellino-Rocchetta, on se rend compte qu’elle passe dans plusieurs communes centrales de la zone. La réutilisation de ce patrimoine prendrait alors peut-être son sens pour devenir un chemin touristique ? La figure 3.12 vient conforter cette hypothèse puisqu’elle montre les villages d’origine des produits agricoles certifiés et lieux de production viticole: chaque village de cette zone centrale de la CMTC présente un intérêt du point de vue de l’éco-tourisme. 27
Toutes les données démographiques et les cartes de cette partie III.D ont été réalisées à partir des documents de l’ISTAT, l’institut statistique italien (équivalent de l’INSEE en France). http://www.istat.it/it/prodotti/banche-dati 28 Voir la carte de situation en Annexe C p 69.
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Fig 3.13 Carte de la mobilité en bus dans la CMTC Les deux carrés marrons sont respectivement Ponteromito et le «Svincolo» Montella, deux points de changement entre de nombreux bus. Ponteromito est même une sorte de gare routière.
Fig 3.14 Carte des lieux d’instruction dans la CMTC Université Lycée Collège
Fig 3.15 Carte de la santé dans la CMTC Hôpital Pharmacie Médecin
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Castelfranci et Montemarano offrent des vignobles pour la production du Taurasi; Cassano est un point de départ de sources d’eau ; la châtaigne de Montella est certifiée IGP; Bagnoli, en plus de son lac, est le pays de la Truffe noire. Un parcours touristique trouverait donc une certaine légitimité. Il pourrait être adapté aux visites familiales également, avec des activités ludiques à fréquence régulière, et dans chaque village, un petit kiosque, une émergence architecturale, ponctuerait le trajet en proposant des informations sur le bourg, la faune, la flore. Il constituerait une halte, un endroit pour pique-niquer et se reposer. Cela constituerait un parcours thématique qui favorisent la connaissance des lieux visités29, recherché par les nouveaux touristes ruraux. Une seconde hypothèse de développement pourrait être la réorganisation de la mobilité. La figure 3.13 ci-contre présente la carte du transport par bus au sein de la CMTC30. Les villages du centre du territoire, de par leur position stratégique, semblent disposés à être des noeuds de transport, des lieux où s’effectuent des changements. Les deux carrés marrons sont respectivement Ponteromito, une petite localité appartenant à Montemarano, et le «Svincolo Montella», un croisement entre deux routes principales, au carrefour des villages de Cassano Irpino, Montella et Bagnoli Irpino. En comparant avec la carte de l’instruction et celle de la santé (fig. 3.14 et 3.15), la position centrale de ces villages est confirmée. Sur les 18 médecins généralistes que compte la zone, 11 sont concentrés sur les communes voisines de Nusco, Bagnoli Irpino et Montella. Au niveau de l’éducation, ce même trio se partagent les différentes formations d’un même lycée, l’un des deux seuls lycées de la CMTC, l’autre étant situé à Chiusano San Domenico. Cette zone aurait donc peut-être vocation à devenir l’une des nouvelles centralités que nous avons évoqué plus haut. Cela commencerait par la mutualisation des deux points de changement de bus. Ils ne sont éloignés que de quelques kilomètres, et l’on pourrait donc imaginer un seul lieu de changement dans la commune qui est en leur barycentre : Cassano Irpino. On pourrait même y créer une sorte de pôle multimodal, une plateforme proposant à la fois des bus, des vélos et voitures en libre service comme dans les villes, une navette pour rejoindre les pistes en hiver, des parkings pour y laisser sa voiture et emprunter les modes doux à partir de là; des autocars directs pour Naples et Salerno pourraient rejoindre cette zone; et motiveraient ainsi les citadins à venir vivre au coeur des montagnes; puisque l’on compte, de Cassano, environ 1h pour arriver à Salerno et 1h15 pour arriver à Naples. Le pôle multimodal pourrait aussi proposer quelques commerces de proximité: une poste, un bureau de tabac, un bar-pâtisserie, etc. Cassano est d’ailleurs l’un des rares villages où la population se maintient et augmente légèrement. Elle profite certainement du dynamisme des trois communes limitrophes; plusieurs opérations de restauration sont en cours, comme la remise sur pied d’un quartier du village abandonné depuis les années 80; ce qui pourrait constituer des logements pour de nouvelles familles. Ces deux hypothèses ne se veulent pas exhaustives, il y a sans doute de nombreuses autres possibilités et potentiels à développer dans les communes de la CMTC; mais l’on peut aisément comprendre que cette aire est prédisposée aux nouvelles formes de tourisme et au projet de nouvelles centralités. D’autres territoires auront en contrepartie des situations plus favorables à une spécialisation autour de la gastronomie (Village du Goût pour le Partenio) ou encore de l’innovation (projet e-Colonia à Aquilonia31). Cette complémentarité des situations irpines est un véritable atout qui pourra donner sa force au territoire et le rendre compétitif.
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Angela Cresta & Ilaria Greco, Luoghi e forme del turismo rurale : evidenze empiriche in Irpinia, 2011, Franco Angeli, Milan, 276p. Les temps de transport et parcours sont calculés en fonction du site : http://ro.autobus.it/ro/asp/ricercaorari.asp?user=air 31 e-Colonia est un projet architectural de l’agence +tstudio qui consiste à implanter des modules architecturaux dans les ruines du village d’Aquilonia, qui pourront être des lieux de travail pour des entreprises et pour une académie de design. 30
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Conclusion On peut rappeler la problématique qui a guidé ce travail de recherche. Il s’agissait d’imaginer l’avenir de l’Irpinia, territoire sud-italien, au travers de solutions pouvant faire appel à l’architecte. Pour imaginer ces solutions, la méthode mise en place visait à bien comprendre le territoire dans un premier temps, puis analyser des projets architecturaux qui ont tenté de répondre au contexte dans un second temps. Les résultats sont les suivants: l’Irpinia a certes été un territoire important dans l’Antiquité car située le long de la Via Appia reliant Rome vers le port de Brindisi, mais cette période mise à part, elle a toujours eu des difficultés à se développer. En cause la perte d’importance de la via Appia mais aussi la géographie du territoire - des montagnes difficiles à apprivoiser, des séismes fragilisant les centres habités, etc. Le dernier séisme en date, celui du 23 Novembre 1980, aurait pu être une formidable opportunité pour créer de nouvelles économies en Irpinia : des fonds conséquents arrivent, des subventions sont accordées pour la reconstruction et pour un développement industriel, il y a de l’emploi dans le secteur du bâtiment, etc. Cependant, le manque de recul et la mauvaise gestion des fonds n’ont pas permis de tirer parti de ce contexte favorable. Ce qui nous a intéressé particulièrement ensuite, a été l’étude de certaines réponses architecturales comme le projet de reconstruction de Gesualdo par l’Université de Naples. Les chercheurs et les élus avaient, par leur travail d’équipe, réussi à mettre en place des stratégies pour une reconstruction intelligente du village, c’est-à-dire mettant à profit des espaces vacants pour l’organisation d’activités de recherche, culturelles, ou récréatives, que les villages voisins pourraient aussi utilisés. Une sorte de vision en réseau qui malheureusement était trop novatrice pour l’époque. Des changements politiques ont également conduit à l’abandon du projet. Les projets d’Albergo Diffuso de Castelvetere sul Calore, et de la cave Feudi San Gregorio à Sorbo Serpico, sont quant à eux proches dans leur démarche. Ce sont des projets qui tirent parti du contexte pour proposer quelque chose qui sera bénéfique pour le futur de l’Irpinia. L’auberge a tiré profit des subventions européennes et du contexte de la reconstruction pour proposer des logements et chambres qui seront essentiels dans la mise en route du tourisme rural en Irpinia; la cave tire parti de la renommée grandissante des vins qu’elle produit pour créer un bâtiment très contemporain qui peut accueillir des séminaires de grandes entreprises et des repas gastronomiques, le tout pour satisfaire la clientèle aisée du monde viticole, autre élément important sur lequel repose l’avenir économique de la région. Ces initiatives sont portées par des personnes impliquées dans la défense de l’Irpinia et fonctionnent plutôt bien, mais malheureusement elles ne sont pas en mesure de réactiver l’économie ou l’attractivité du territoire, car elles ne constituent que des actions isolées, non intégrées dans un réseau plus grand d’initiatives ou d’activités à destination du public, des touristes par exemple. À partir de ce constat, il est aisé de proposer une première solution évidente : il faut intégrer les projets dans une démarche plus globale, et pour cela est nécessaire la mise en place d’une stratégie sur l’ensemble du territoire. C’est seulement de cette manière qu’il sera possible de mettre en valeur les divers potentiels de l’Irpinia, puis de les transformer en des actions et projets qui échangent et se mettent en réseau. Il existe un premier document de planification dans la région Campanie. Il s’agit du PSR, mais son rôle n’est au final que celui de répartir les fonds européens et nationaux pour le développement rural. De premières initiatives comme le travail du GAL Partenio voient le jour pour tenter de proposer des stratégies d’ensemble, sur des sous-systèmes de la province. Il faudra attendre un peu de temps avant de voir si les propositions sont acceptées, réalisées et couronnées de succès ! Mais une région ne peut pas compter que sur l’intelligence de petits groupes de recherche indépendants pour expérimenter des solutions d’avenir; et il serait fort utile de créer un document, proche d’un Plan Guide, qui déterminerait des axes principaux de développement vers lequel doivent tendre tous les projets de l’Irpinia. Ces lignes directrices, dans ce cas précis, pourraient par exemple être la création de nouvelles centralités, l’installation de pôles de recherche dans les domaines des énergies renouvelables et de l’agriculture, la réutilisation du patrimoine bâti et la mise en réseau. L’architecte pourrait-il réaliser ce fameux Plan Guide ? Oui, à condition qu’il soit intégré à une équipe pluridisciplinaire encore plus complète que pour le GAL Partenio, à savoir des élus, des entrepreneurs, des habitants, mais aussi des géologues, des géographes, des biologistes, des économistes, des professionnels de la communication, des historiens, des urbanistes, des paysagistes... C’est le seul moyen pour développer des projets qui soient pratiques, non déconnectés du site réel.
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Pour aller encore plus loin dans la réflexion, on peut sortir du seul cadre de l’Irpinia et rechercher s’il existe des groupes de chercheurs et des projets ruraux de l’envergure de celui imaginé ici. Un atelier du nom de « Espace rural & Projet spatial » a été fondé par des professeurs de plusieurs écoles d’architecture de France et a déjà publié trois ouvrages32 recueillant des articles de personnes qui, en France comme ailleurs, sont conscients de l’enjeu que représentent les espaces ruraux aujourd’hui et viennent partager leurs questions, leurs recherches. Par le biais de ces livres, on peut également prendre connaissance de la Société des Territorialistes, un organisme italien fondé par Alberto Magnaghi. Ce groupe de chercheurs souhaite poser des fondements théoriques pour le « Projet de Territoire », sous entendu un projet qui s’inscrit bien au-delà des simples notions de ville et de campagne. Ils proposent une approche multidisciplinaire: « Le projet territorialiste n’est pas seulement un projet urbanistique. C’est avant tout un projet de territoire qui remet en cause les diverses disciplines qui le définissent (histoire, écologie, sociologie, géographie, agronomie, architecture, urbanisme, économie, etc.) et conduit à recomposer les sciences du territoire en une vision unitaire, car le « lieu » est unitaire. »(Daniela Poli 33). Ils posent également comme point de départ du projet d’analyser les différents « calques » qui ont permis le développement du territoire au cours de l’histoire, et d’avoir une politique de renforcement des ressources endogènes du site. On peut voir qu’il y a une certaine cohérence entre le discours développé dans ce mémoire d’initiation à la recherche et dans les propos des territorialistes italiens, ce qui ne fait que conforter les conclusions auxquelles nous arrivons à présent: Il faut aujourd’hui un regard global sur le territoire, une planification unitaire qui constituerait un véritable projet territorial. L’adjectif « territorial » nous indique qu’il ne faut plus considérer la campagne comme l’opposée de la ville, mais comme son binôme, car elles sont toutes les deux parties intégrantes d’un système plus vaste. Imaginer le futur d’une zone rurale, ce n’est pas prévoir son développement simplement foncier qui tendrait à la rendre périphérie du centre métropolitain le plus proche, mais c’est renforcer ses atouts pour enclencher un dialogue avec les besoins des zones plus urbanisées. Ainsi l’on permettra un fonctionnement vertueux et durable du territoire tout entier. Restent à savoir comment enseigner cette nouvelle vision territoriale dans les écoles d’architecture et quels outils donner aux futurs professionnels pour leur permettre d’aborder avec compétence la thématique de l’espace rural.
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Xavier Guillot, « Espace rural et projet spatial vol.3 », 2012, St Étienne, Université de St Étienne, 268p. Le volume 1 date de 2009 et le volume 2 de 2011. 33 Daniela Poli, « La dimension locale dans le projet du Parc Agricole de la Toscane Centrale » dans: Xavier Guillot, « Espace rural et projet spatial vol.3 », 2012, St Étienne, Université de St Étienne, 268p.
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Bibliographie Situation région Campanie Antonio di Gennaro & Agostino di Lorenzo, Una campagna per il futuro, edizioni Clean, Napoli, 2008, 175 pages. Antonio di Gennaro & Agostino di Lorenzo, La tutela del territorio rurale in Campania, edizioni Clean, Napoli, 2012, 95 pages. Antonio di Gennaro, Francesco P. Innamorato, La grande trasformazione, il territorio rurale della Campania : 1960-2000 , 125p, Clean Editions, Napoli, 2005. Renata Picone, Farmhouses in the Phlegrean Fields between archaeology and ar- chitectural palimpsest. A multi-disciplinary approach University of Naples ‘Federico II’, Department of Architecture, Napoli, 46p. Anna Maria Zaccaria, Politiche Territoriali : l’esperienza irpina, FrancoAngeli, Milano, 2008, 128p.
Situation province d’Avellino Teresa Colletta, Storia dell’urbanistica, Campania/III : centri dell’Irpinia, 1995, Edizioni Kappa, Roma, 116p. Toni Morano, La modifica del territorio e degli assetti urbani in Irpinia : l’influenza della via Appia, 2003, De Angelis, Avellino, 159p. Gabriella Pescatori Colucci, Storia illustrata di Avellino e dell’Irpinia, 1996, Sellino & Barra, Pratola Serra. Angela Cresta & Ilaria Greco, Luoghi e forme del turismo rurale : evidenze empiriche in Irpinia, 2011, Franco Angeli, Milan, 276p. Cristina Iterar, Storia dell’Urbanistica/Campania X : Ricostruzione-Rifondazione dei centri dell’Irpinia dopo i terremoti storici di epoca moderna : le politiche di intervento urbanistico, 2011, Edizioni Kappa, Roma, 247p.
Séismes Luciano di Sopra, Il costo dei terremoti : Belice, Friuli, Irpinia : confronto dei modelli organizzativi per la ricostruzione, necessità di una normativa nazionale di prevenzione terziaria, 1992, Aviani Edizione, Tricesimo, 232p. Roberto Turino, L’Aquila, il progetto C.A.S.E, 2013, IUSS Press, Milan, 431p.
Projet territorial GAL Partenio et DIARC, Abitare il territorio. 1. Paesaggio e memoria: rivitalizzare i borghi, 2014, Corti & Neri, Avellino, 96p Regione Campania, PSR 2014-2020, 2014. http://www.agricoltura.regione.campania.it/PSR_2014_2020/ pdf/PSR_20_ottobre_2014.pdf
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Restauration de villages Angelo Verderosa, Borghi medievali http://issuu.com/verderosastudio/docs/borghi_medievali?e=6496736/2635228 Angelo Verderosa, Il recupero dell’architettura e del paesaggio in Irpinia, 2005, De Angelis Editore, Avellino, 166p. Planches de présentations des projets effectués à Taurasi, Castelvetere sul Calore & Rocca San Felice : http://www.verderosa.it/projects/restauro/borgo-di-castelvetere/ Gabriella Caterina & Virginia Gangemi, L’università per Gesualdo, 1985, Liguori Editore, Napoli, 425p.
Ouverture Xavier Guillot, Espace rural et projet spatial vol.3, 2012, Université de St Étienne, St Étienne, 268p. Bernard Kayser, La Renaissance Rurale : sociologie des campagnes du monde occidental, 1990, Armand Colin Éditeur, Paris, 316p. René Souriac, Histoire de France, 1750-1995: Société, culture, 1750-1995, 1996, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 324p.
Films Esmeralda Calabria, Andrea D’Ambrosio et Peppe Ruggiero, Biùtiful cauntri, 2008,
Sites internet Le site des transports en commun de la Province d’Avellino: http://ro.autobus.it/ro/asp/ricercaorari.asp?user=air Le site de l’ISTAT, Institut pour les Statistiques: http://www.istat.it/it/prodotti/banche-dati Un article du monde: http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/05/08/apres-le-seisme-des-abruzzes-l-italie-cherche-a-eviterune-emprise-de-la-mafia-sur-la-reconstruction_1190523_3214.html#FM5EOJ4czJ7H1ukd.99 Le site de la cave Feudi San Gregorio: http://www.feudi.it Le blog Piccoli Paesi: https://piccolipaesi.wordpress.com/ Le site des Alberghi Diffusi: http://www.alberghidiffusi.it/ 51
Annexes
Retranscriptions des entretiens
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Compte-rendus des visites sur le terrain
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Cartes d’études de la Comunità Montana Terminio Cervialto
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A) Retranscription des entretiens Entretien du 28/01 avec la Prof. Gabriella Caterina, à Naples, à propos de l’expérience de collaboration entre l’Université et la Commune de Gesualdo pour la reconstruction. G.C : In questo scenario, qual è la tua tesi ? che vuoi studiare ? Moi : Diversi esempi di lavori, come per esempio il caso di Gesualdo, dov’è c’è l’intervento di un architetto, su un borgo, per vedere che cosa l’architetto può fare, in un caso simile… non so come spiegare … Ho trovato il libro e volevo sapere di più. Che vuoi sapere di più di quello che è scritto nel libro ? Per esempio, come ha cominciato l’associazione tra l’università e Gesualdo ? Come si è organizzato ? Il terremoto ci sta. Tu lo sai, tutto questo fatto coinvolgente. Quindi l’università ha cominciato a voler scendere sul campo, e io ho delle competenze, sono disponibile alla conservazione, a darvi delle mie competenze, per darvi una mano. Poi è chiaro che la scelta di Gesualdo è stata fatta un po’ se vuoi anche dalle conoscenze personali, qualcuno di Nusco conosceva il sindaco, anche dal borgo, dall’importanza del borgo, dai suoi caratteri connotativi, no? Li per esempio la cosa che ci interessava era tutta la storia dei portali, fatti con la pietra locale. E poi avremo una buona accoglienza, una bella predisposizione, anche politica, di accogliere l’università. Infatti, portammo tre corsi qui, questi ragazzi che vivevano la, e fu fatto il rilievo di tutto il paese. E poi, fu questo incrocio interdisciplinare, molte discipline si missarono tra la rappresentazione, la tecnologia, la scienza e la tecnica di costruzione, la geologia. Mettiamo a servizio tutte le competenze che servivano. Non poteva solo una competenza risolvere il problema. Volevamo offrire una conoscenza, anche di che cosa conservare. In quel momento la cosa importante era, diciamo, fermare le varie distruzioni. Perché loro con la scusa del terremoto, buttavano a terra tutte le cose. Dicevano “No, no, non sta in piedi” e abbattevano tutto a terra. Distruggevano dei borghi. Quindi l’idea era di fornire una conoscenza dettagliata, precisa, per fare una valutazione, che bloccasse tutto il discorso distruttivo. E poi demmo uno strumento di pianificazione che era quello che voleva il comune, una serie di regole condivise per gestire poi quello che sarebbe il futuro del paese. Questo fu chiesto all’università. Una certa autorevolezza perché l’università metteva in campo una serie di sapere. Fu un’esperienza abbastanza bella ti devo dire erano tutti molto motivati, molto coinvolti, i ragazzi, i professori, e poi demmo a Gesualdo parecchio tempo. Molti corsi furono fatti. Studenti di urbanistica portano questa esperienza a Milano al politecnico. Abbiamo avuto un minimo di riconoscenza ufficiale se vuoi. Dopo di che, decidiamo di fare un libro, come testimonianza. Dopo le cose pensai, non solo in Italia, la politica ha cambiato il discorso. Il sindaco se n’è andato, mi sembra è passato da centro sinistra, quindi socialista a destra, tutte le nostre scelte furono accantonate e poi non c’erano più i finanziamenti, non c’era più la necessità di mettere i piedi in campo. E poi tieni conto che a Gesualdo, la maggior parte di questi edifici era privata, quindi c’era sempre la mediazione con il proprietario che aveva degli interessi molto più legati a… ad avere dei soldi ! Volevano dei soldi. Sì, erano interessati alla ricostruzione, alla conservazione, per carità, però non erano interessati a spendere soldi. Questo è il concetto di fondo. Palazzo Pisappia forse è stato restaurato, qualche cosa è stata fatta. Il municipio. Noi avevamo questa idea di fare questo centro di ricerca, centro anche di sala congressi, convegni. Mancava proprio una … Forse l’hanno usato una volta. Noi volevamo fare dei master, dei corsi di formazione, anche sull’Irpinia. Volevamo farlo come un centro, che potessi avere in fondo tutta una serie di eventi, anche per i comuni vicini. E poi invece, anche le autonomie locale, ciascuno pensa che il suo borgo sia più bello dell’altro. Il concetto di rete non è ancora entrato proprio nella cultura generale. E poi la cosa, man mano, è rimasta l’esperienza, è rimasta secondo me come validità, l’importanza del costruito, capire come si legge questo qua, mettere in pista qualche strumento per la tutela. Questo è in fondo il panorama di quello che abbiamo fatto. Il terremoto fu una cosa emergente, fu violente in queste zone, distrusse molto, anche perché… e poi ti devo dire anche una cosa che abbiamo visto, era che la mesa in pulita che è stato fatta, fu fatta la mesa in sicurezza. La volta sta accadendo, la buttiamo a terra per paura che ammazzava qualcuno accadendo. Non viene l’idea di conservare, no, hai capito ? Quindi c’è stata una serie di fasce che furono distrutto da loro, non crollate col terremoto. E poi, per esempio, un’altra cosa il patrimonio che non era solo quello edilizio erano tutte le biblioteche, il patrimonio libraio per esempio, tutto a terra, non è possibile che chiunque passa possa 53
pigliare un libro. Ci sono patrimoni, portiamoli alla sovrintendenza archivista … Perché c’erano casa patrizie, c’era questo patrimonio. E mentre i quadri, gli oggetti che hanno comunque un’importanza, la gente gli hanno preso, tutelato… I libri erano una cosa che non interessava nessuno! E in quest’autunno, la mattina, c’erano tutti questi libri a terra… perché erano crollate le biblioteche, erano crollate le casa … tutti questi libri erano a terra. Chiunque passava poteva prenderselo, no ? Conoscevo il direttore della sovrintendenza qui a Napoli e gli dicevo “Scusate, andate la, prendete tutti questi libri, fatevi fare una donazione, fate quello che volete, però non mi sembra coretto che questi libri rimangono lì a terra…” Perché vedi, all’inizio, il terremoto è dell’ottanta, oggi vedo che tante cose sono cambiate. All’epoca, eravamo quasi idealistici, partimmo con questa grande volontà di voler fare, non vedevamo gli ostacoli. Questo è la cosa ! Ora non lo so, questa esperienza che cosa può essere in fondo nella tua tesi. Secondo me, sicuramente può instituire un metodo di lettura, di conoscenza, di valutazione, che cos’è il valore che puoi dare a certe cose, no ? Perché un borgo piccolo del genere non ha grosso valore, ha sempre un’importanza all’emergenza, al monumento, all’apparato decorativo ma non proprio all’insieme o alla qualità costruttiva. Allora in fondo se vuoi il messaggio che è ancora valido di Gesualdo è questo di portare la gente sulla qualità costruttiva del paese, la parte da conservare per l’identità. La conoscenza serve non solo per la conservazione ma anche per sapere poi il rapporto con la trasformazione, per cui ci sono dei caratteri che sono conservati, che sono quelli identitari nel paesaggio. Questa è l’esperienza che può interessarti, e quello è anche la parte dell’esperienza che è ancora valida. Lei ha parlato degli ostacoli di cui avete dovuto far fronte durante il lavoro. Che ostacoli ? Ostacoli, non ci ne furono grossi, perché noi avevamo una grossa partecipazione, una grossa collaborazione con l’amministrazione, con il studenti che portavamo in sedia. Noi chiedemmo una sede, dove potevamo andare, mangiare, ospitare… Noi portavamo una mano d’opera gratuita con tutte le persone che andavano lì in fondo… no, da questo punto di vista non ci sono stati ostacoli. Anche per questo l’esperienza fu possibile. Ogni disciplina ha cercato di mettere gli sperimentali anche nelle tecniche di rappresentazione, nelle conoscenze … qual è l’archivio di conoscenze che si voleva fare, le tecniche di murature non erano ancora chiarissime. Si parlava sempre del terremoto e del uso del cemento armato, invece il rapporto con la muratura non era studiatissimo. All’epoca cominciava un dizionario delle tecniche che potevano essere utilizzate, compatibile con le strutture là. C’è tutto un lavoro in progressi che fu fatto. E fu fatto questo con i ragazzi, con un livello di trasmissione delle conoscenze, non più separata perché loro facevano gli esami di maniera separata c’era un gruppo, un equipe di persone in grado di guidarli su un discorso un pochino più ampio. Questo è ancora oggi un metodo valido Poi abbiamo visto altre esperienze. Non so se ti interessi poi il confronto con le altre esperienze, dopo, come a l’Aquila… Sì ! I terremoti successivi, vedi invece come sono state fatte delle scelte completamente diverse, no? All’Aquila invece di investire tutto sulla conservazione del paese è stato privilegiato il fatto di dovere dare una casa alla gente. Sono stati costruiti questi ? per cui lì hanno portato la gente in altri posti, capi’ ? Non c’era più il concetto di conservazione, di recupero, manutenzione, di dare valore all’esistente ma di dare valore all’abitazione, alla casa. Per cui hanno fatto queste scelte che oggi, secondo me,anche a distanza sull’Aquila, non mi sembra che siano stati tanti progetti. Non erano di buona qualità, sono stati costruiti in tempi rapidi però la gente non è… veramente hanno, come si dice, cioè tolto all’abitante il suo concetto di abitare, perché sono state proprio snaturate queste abitazioni. Perché tu ti prendi e vieni deportato in un altro luogo. Oggi si parlano di fare case per gli studenti, riutilizzare queste cose e penso che sia abbastanza inaccettabile. Perché sono stati costruiti in tempi rapidi, però con una qualità che, diciamo, che possa essere e continuare nel tempo. Quindi ci sono anche queste esperienze successive che sono state fatte con scelte completamente diverse per cui questa può anche essere sfruttate… I terremoti a noi certamente non ci mancano. Abbiamo una serie di esperienze quindi… dell’emergenza, questa è il concetto. Con l’emergenza che facciamo ? E quindi, puoi anche verificare le due scelte…la scelta dell’Irpinia e la scelta dell’Aquila, dell’Abbruzzo. Scelte diverse, anche il cambiamento di politica nazionale in fondo ha portato a delle scelte completamente diverse, che oggi sono… è stato parecchio tempo, quello cui siamo più legati è l’Aquila, oggi cercano di recuperare le emergenze, edifici più importanti… anche la pubblicità ha portato anche una serie di fondi. Però per esempio sull’emergenza, hai capito, sul fatto diciamo, dell’immagine, della consistenza del patrimonio. L’Aquila… sono paesi piccolissimi, mentre l’Irpinia è una zona abbastanza popolata e quindi ci ha anche delle 54
attività produttive. Poi c’è anche il fatto che lì l’università non era ben vista, in fondo non ci fu questa partecipazione dell’università. Era qualcosa gestito dall’alto. Alla fine, sono poche cose che sono state realizzate a Gesualdo, rispetto a quello che avevate previsto ? Sì, poche cose sono state fatte. Devo dire che la cosa più grossa che abbiamo fatto era di fermare le distruzioni. Dopo di che, di lasciare delle testimonianze, almeno scritte, di com’era. E poi sono state fatte poche cose dalla parte pubblica. I privati, sì, hanno messo un po’ di ? con i finanziamenti, più che altro messo in sicurezza. Staticamente hanno consolidato. Diciamo il paese non è crollato almeno. Il progetto quindi è stato accettato bene dagli abitanti ? Sì, molto. Poi fu anche adottato dal Comune. Il piano è stato allontano … E quindi sono stati soddisfatti del lavoro ? Sì, poi anche molto contenti perché sono venuti dei giornali, la televisione… Da questo punto di vista, il risultato è stato positivo. Poi, ci sono ragazzi, giovani che hanno lavorato qui, dei corsi del secondo, terzo anno. A quest’età, tutto vi piace. Non lo imponevi dall’alto. C’era anche un discorso di collaborazione. Questo in fondo è stato accettato bene. Perché c’era anche la volontà politica di seguire questa strada. Poi cambiata la politica, la volontà fu un’altra. Quindi a questo punto non c’era più una possibilità… e poi perché l’università può fare da motore, può spingere, dare delle conoscenze… però poi è mancato la capacità di riprendere e di camminare da solo. Ma non tanto per incapacità ma per cambiamento della volontà politica. La politica ha deciso che a questo momento era più conveniente fare altre scelte. Una volta “salvato il paese”, non era importante continuare e poi, gli interessi sono girati… E poi mancavano delle risorse. Con il terremoto fu sicuramente un’ingestione di risorse però i paesi ne hanno avuti non tantissimi diciamo. Le città hanno preso molto. Capacità politica di gestione, no? Il vostro laboratorio ha lavorato su altri progetti in Irpinia? No, ma abbiamo lavorato molto con Giffoni. Un altro paese che sta in provincia di Salerno. Abbiamo lavorato su un’altra emergenza che è quella dell’abusivismo. Nel dare una mano al Comune, rilevare tutti gli abusivi. I comuni erano chiamati a dovere condannare gli abusivi. Noi abbiamo cominciato a lavorare vedendo che cosa si poteva condannare e che cosa non si poteva condannare. Loro avevano bisogno dell’intervento ma la soprintendenza non glielo permetteva quindi l’hanno fatto abusivamente. Abbiamo fatto lo stesso lavoro a Scala e a Giffoni Sei Casali. Ci sono sei borghi, per cui si chiama Sei Casali, diciamo di differente consistenza. Uno è un borgo più antico, anche con l’ospitalità diffusa, perché all’epoca ci stava un sindaco molto entusiasta in questo rapporto con l’università, per costruire un piano di risalimento. E a che epoca era? Dunque Giffoni è stato… Benedetta, che anno Giffoni ? 2002/3 Scala. 2004/8 Giffoni. E dunque è stato fatto questa esperienza interessante. Non c’era il terremoto, c’era l’abuso là. Il condono si usa soprattutto per fare soldi… Tu pagavi e era condannato l’abuso. Non c’erano gravi abusi, erano tutti piccoli abusi, sai? Si allargava qualcosa, la finestra … ma non con la logica costruttiva. Allora tu hai un’immagine che devi sostituire da un’altra. Prima viene la conoscenza dell’abuso, la valutazione poi intervento. Era sempre questo. Per tornare sull’Irpinia, ho visto alcuni progetti che prevedono di restaurare dei borghi antichi per poi fare turismo. È stato un’idea sviluppata anche a Gesualdo o no ? No, più che il turismo qui c’era l’idea della formazione, fare un centro di ricerca e di formazione; anche dei centri di trasmissione di questa formazione. Noi volevamo più che altro portare dei master, dei laboratori, non tanto del turismo. Educare, quindi creare un centro, per cui la gente andava lì perché c’è il master, perché c’è un laboratorio di ricerca importante, capi’? Ma il turismo no, non fu … 55
Queste idee del turismo, o della formazione, esistevano allo stesso tempo in altri borghi, o no ? L’idea del turismo è nata dopo secondo me… perché guardiamo sempre l’Irpinia come un dipartimento, abbiamo anche lavorato su Avellino la città, e facemmo una carta dei servizi. E sulla carta dei servizi sì, c’era il turismo. E anche quello della conoscenza, quindi il turismo era anche di creare una serie di stazioni interattive, no? Che ti davano la possibilità di prenotare. Con il turismo abbiamo lavorato a Giffoni e a Sieti. A Sieti, c’era l’ospitalità diffusa, la capacità di trasformare le case signorili in albergo. C’è anche un’associazione… Gesualdo proprio no. Sia ad Avellino o sia a Sieti, sì fu fatto, anche perché c’era già un’associazione lì. Anche perché il progetto, il discorso è sempre legato al discorso dei finanziamenti; La regione Campania a punto dava dei finanziamenti a chi ristrutturava la casa con un discorso di ospitalità diffusa. E quindi sono arrivati dei finanziamenti legati al turismo. È sempre legato a certi momenti. Tu hai i finanziamenti, non li hai, e basta per mettere in moto una macchina. Questo è il discorso, parti di un’esigenza e vai avanti. Se non capisci prima qual è l’esigenza, non riesci… La carta dei servizi è nata dall’esigenza di dare ai cittadini una serie di servizi, collegati alle reti, modernizzare il rapporto fra la pubblica amministrazione e i cittadini. In Abbruzzo, conservazione di alcuni tipi di case... Legge regionali... Oggi, non c’è più un rapporto tra l’Università e Gesualdo ? No, l’abbiamo perso. Il terremoto è finito. Tieni presente tu devi capire dove parte il processo, poi è un processo che è finito. Noi siamo partiti di diversi punti di vista, perciò ti ho raccontato il mio punto di vista, e diverse esperienze: il terremoto, l’abuso edilizio, la pubblica amministrazione, il discorso del riuso… Va bene, ho finito, grazie !
Entretien du 02/02 avec l’Arch. Italo de Blasio à Montella (AV). Il est l’urbaniste de la Comunità Montana Terminio Cervialto. (D’abord, présentation brève de mes recherches et de ma volonté de parler avec lui de deux projets se situaient dans la zone de la CMTC: l’Albergo Diffuso de Castelvetere et la cave Feudi San Gregorio) IdB: Mentre ne parliamo, se vengono fuori delle persone che ci possono aiutare, le consultiamo. Quindi, il progetto dall’albergo diffuso a Castelvetere, sì, l’abbiamo curato noi come comunità montana. Poi, terminati i lavori, l’abbiamo affidato al comune. Quindi tutta l’aria è stata restituita al Comune. Il Comune ha dovuto fare e ha fatto una gara per l’affidamento di queste strutture, l’utilizzo di queste strutture. Ecco perché Agostino della Gatta, perché lui è… diciamo è la sua società che si è presa in carico la gestione. Per le cantine dei Feudi San Gregorio invece non ci siamo occupati noi. Lo conosco indirettamente perché conosco l’architetto che l’ha fatto, e un po’ l’azienda così ma in modo molto generale. Sull’albergo diffuso, la finalità per cui fu progettato era proprio quella di avere una ricaduta, prima di tutto per avere un riutilizzo delle strutture proprie, patrimonio o pubblico e strutture che diversamente sarebbero andate in rovina, perdute, per sempre. E quindi la comunità si è fatto carico del recupero, questo patrimonio edilizio che era stato abbandonato dal terremoto dell’80, e rischiava di essere definitivamente perduto. Qui diciamo l’impegno della Comunità montana è stato un impegno pieno e anche il risultato è stato buono perché alla fine si è arrivato a proseguire quell’obiettivo che ci si proponeva, e cioè il riutilizzo delle strutture che inevitabilmente porta delle ricadute economiche al livello del Comune, e al livello del territorio. È il modo migliore per far conoscere il territorio perché se c’è una struttura ricettiva, tutti i fruitori di questa struttura sono quelli che poi ti fanno conoscere al esterno. Quindi è un po’ dal punto di vista turistico significativo, forte sicuramente. Per la cantina invece la cosa credo sia un po’ diversa perché qui si parla di valorizzare un prodotto più che un patrimonio edilizio. Un prodotto che è un prodotto di pregio perché sappiamo che i vini prodotti in questi luoghi sono di alto pregio e hanno una collocazione sul mercato molto quotata. 56
Moi : E quindi, per i feudi, siccome fanno prodotti di alta gamma, ha comunque una ricaduta sul territorio o solo per la loro azienda ? Tu vuoi capire se questa cantina, quest’azienda, per i prodotti di alto livello che produce, ha una ricaduta al livello regionale ? Sì. Sicuramente sì, perché anche la regione investe su quei territori dove ci sono prodotti di pregio. Quindi la ricaduta certamente è, e anche al livello regionale. Perché se la regione va al Vinitaly di Verona con il suo padiglione e può lì presentare prodotti di eccellenza del proprio territorio, è la regione che ritira dei vantaggi indiretti. La cantina, nuova, dei Feudi San Gregorio ha uno stile molto moderno, contemporaneo. È stata una cosa accettata bene dalla popolazione locale ? Non te lo saprei dire perché non l’ho vissuto da vicino, come dire … Non ho potuto leggere qual è stato la risposta della popolazione locale. Io credo che siano da considerare queste cose come degli episodi circoscritti, quindi non hanno una ricaduta sull’opinione pubblica, perché non li investe direttamente il pubblico. Sono episodi architettonici significativi, che possono essere apprezzati più da quelli che sono sensibili al tema, al argomento, alla materia. Ecco dall’esterno si affacciano per conoscere ma al livello locale non credo che ci sia stata una risposta significativa. Penso proprio di no. Una delle mie ipotesi di lavoro è che l’architettura può aiutare a valorizzare l’agricoltura, o la produzione di vino in questo casa. Quindi, per i Feudi, è possibile che sia stato quella l’idea ? Cioè, di utilizzare materiali nuovi, uno stile moderno, per dare un’immagine più moderna della produzione di vino ? Sicuramente sì. La produzione di vino ha fondato radici nella tradizione, sicuramente perché viene da lontano questo tipo di lavorazione. Però va fatto con mezzi, metodi, tecnologie moderne. È quindi un edificio, una struttura moderna che come dire, si mette a servizio di una produzione antica sicuramente è un connubio, un sodalizio forte, significativo. Ritengo proprio di sì. Fare oggi una cantina diciamo all’antica sul modello delle vecchie cantine è un po’ come fare una cosa poco utile, leziosa, solo bella da vedere ma credo poco significativa. E abbiamo alcuni esempi in tal senso, nella vicina Taurasi. Ci sono cantine che sono state realizzate su modelli di vecchie cantine, pure hanno una grossa produzione, come dire, prodotti di qualità però la cantina rimane di un modello scontato, ovvio. E come all’interno di un tessuto urbano antico, si presenta un architetto moderno non per adeguarsi allo stile dei luoghi, ma per rappresentare la propria identità, la propria architettura, la propria novità. È ovvio che dipenda anche della sensibilità del progettista, dell’architetto. Fare une prodotto di qualità accettabile pur se diverso, così diverso dal contesto. Oppure se non è capace, non ha la sensibilità, realizzerà una brutta struttura. La qualità dipende della sensibilità del progettista, però la possibilità di inserire il nuovo nel vecchio, nell’antico, sì, questo sì, mi sembra valido. Ho potuto leggere molte cose sulla volontà di sviluppare il turismo in Irpinia. Da quando tempo è nata questa idea ? Noi, come Comunità montana, del turismo ce ne occupiamo poco, ce ne siamo occupato poco perché non abbiamo una delega per il turismo. Noi siamo une ente locale che lavora per delega. Ma la regione non ci ha mai delegato le materie del turismo. Quindi una politica del turismo non l’abbiamo perseguita noi. Invece abbiamo lavorato nel passato in urbanistica, in piani ambientali, nella difesa del suolo, dal punto di vista idrogeologico, questo sì, ma non del turismo. Quindi in che cosa consista il Suo lavoro qui nella Comunità montana ? Prevalentemente di difesa del territorio. Noi gestiamo una delega che la regione Campania ci ha dato, in materia di vincoli geologici, cioè sul territorio esiste un vincolo, quello di natura idro geologica che è affidata a noi limitatamente ai comuni interamente o parzialmente montani di questa comunità montana. Quindi tutto ciò che si attua nel territorio, nella parte vincolata del territorio, deve necessariamente e preventivamente valutata, esaminata e autorizzata da quest’ufficio. Questa è la funzione principale. Quindi io sono qua preposto 57
a questa gestione. Vedi nella pratica, quella è appena arrivata (raccoglitore gigante sulla tavola), un Comune che chiede di essere autorizzato per la bonifica di una parte del territorio che nel passato è stato male utilizzato. È un territorio oggi inquinato per rifiuti, rifiuti speciali. Bisogna procedere ad una bonifica e occorre fare delle opere. Queste opere non devono inferire, non devono alterare l’assetto naturale, idrogeologico di quei luoghi e perciò la proposta progettuale deve essere valutata per capire se è fattibile o non, oppure se è fattibile a condizione che. Si prescrivano degli accoglimenti particolari affinché il raggiungimento del obiettivo del progetto non sia in contrasto con l’obiettivo invece più generale di tutelare il territorio e evitarne il degrado o i rischi a cui siamo sottoposti perché come tu sai, l’Italia ha un impatto idrogeologico molto, molto pesante. Il territorio è molto fragile. Sono molte le superfici fragili esposte al rischio, degrado, e quindi bisogna, essere molto attenti nel intervenire. Questa è la principale funzione. Poi ci sono altre funzioni che riguardano invece le opere pubbliche. Ci sono progetti che facciamo noi sul nostro territorio, che riguardano prevalentemente sistemazione di strade, soprattutto di natura montana, la manutenzione dei corsi d’acqua, soprattutto quelli montani, non i corsi a valle ma quelli a monte, quindi la sistemazione idraulica forestale di questi valloni, di questi piccoli corsi però di natura torrenziale, che sono nelle montagne. Noi in pratica abbiamo una forza lavoro di oltre due cento operai che sono distribuiti sul territorio proprio per queste opere di presidio, cioè opere di prevenzione dei danni a volte dovuto all’uomo ma anche spesso dovuto semplicemente ai fenomeni naturali. Questo è un altro aspetto della gestione nostra, come Comunità montana, rispetto al territorio. E poi ci occupiamo anche di opere pubbliche, faccio un esempio, il primo che mi viene è una piscina intercomunale, ubicata in un comune del nostro territorio, nel comune di Cassano Irpino, una piscina che è a servizio di un bacino di utenze piuttosto alto. Noi l’abbiamo costruita, e abbiamo affidato la gestione a una società, controlliamo la gestione, l’utilizzo che se ne fa di questa struttura. Questo è un altro aspetto di cui ci occupiamo qui in comunità. Ci occupiamo molto anche della gestione del patrimonio forestale, perché essendo il nostro un territorio montano, è un territorio ricco di boschi e foreste, e questo bosco, va tenuto, va manutenuto, va curato perché quando l’uomo interviene, l’ambito di questi beni non deve arrecare danni, quindi noi siamo preposti a gestire a controllare tutte le attività di natura silvio-pastorale che si svolgono su questi territori. La finalità della mia tesi è di vedere se l’architetto può lavorare nelle campagne, e partecipare al loro sviluppo. Che ne pensa Lei ? L’architetto sì, sicuramente può e deve, per esempio, nell’ambito del suo lavoro, all’interno di una struttura pubblica o all’interno di uno studio privato, deve con la sensibilità che gli è stato un po’ affidata dal corso di studi, preservare il paesaggio, l’ambiente, perché un’attenzione in quella direzione magari gli è più propria perché i corsi di studi che abbiamo fatto, che ancora oggi si fanno nelle facoltà portano ad avere una maggiore attenzione, una maggiore cura oltre che dei beni di natura storica, artistica o architettonica ma anche di questi beni naturali come può essere l’ambiente o il paesaggio. Quindi, quale che sia il ruolo di libero professionista o di dipendente pubblico ma architetto, deve avere un’attenzione particolare alla salvaguardia di questo ambito, diciamo lo vedo notevole. Infatti, in Francia alla facoltà di architettura, ci parlano poco di cosa si può fare nelle campagne. È molto più concentrato sulla città, sull’urbanistica… Il patrimonio rurale ha una sua specificità. È più difficile da cogliere perché è più facile leggere gli aspetti forti e pregevoli di una città che non quelli di una campagna, sicuramente, perché lì c’è un intervento dell’uomo che viene da lontano che ha prodotto beni di grossa rilevanza mentre in campagna noi troviamo come dire strutture modeste, situazioni più modeste però altre tanto valide, altre tanto da proteggere per il bene dell’uomo. Tutto il fenomeno dell’inurbazione che si è verificata dal dopo guerra fino a ieri, non dico oggi, cioè che ha comportato un esodo da parte degli uomini che vivevano nelle campagne, nelle montagne verso la città, verso le coste. Sono problemi che hanno provocato danni grossi, anche alle città, anche alle fasce costiere. E poi hanno provocato, causato l’impoverimento del patrimonio che era all’interno, cioè nelle campagne, cioè nelle montagne. Allora un’attenzione a questo aspetto quasi da auspicare un ritorno del luogo, del cittadino verso le zone interne è uno dei compiti che espleta enti come questa, nella comunità montana per valorizzare le risorse che il territorio ha in se. Noi non è che aggiungiamo valore alle cose che ci sono, le percepiamo le cose che ci sono. I valori sono già presente nel territorio, andiamo semplicemente a difenderli. E nel momento in cui gli difendi, qualcuno le utilizzerà anche appropriatamente, opportunatamente. E uno dei problemi grossi tu lo sai, i problemi grossi delle città o delle zone costiere e quello di alleggerire il peso demografico. Perché un peso demografico così grande porta al degrado della città, al degrado dei luoghi. Allora creare le condizioni nell’entroterra per un ritorno spontaneo, è una condizione necessaria per aiutare 58
le città e anche aiutare le zone rurali, certo. Che cosa si deve fare per innescare questo ritorno ? Che cosa ? Creare le condizioni di vita all’interno, nelle aree interne. Creare le condizioni di vita, proporre modelli di vita che non sono solo più quelli del servizio pubblico, intendo in città io trovo i trasporti organizzati, le scuole, l’università, trovo gli ospedali, trovo la grande industria e quindi sono attratto verso la città, lascio il mio luogo di origine e scappo verso la città perché sono convinto di trovare quello che mi serve. Questi modelli devono essere un po’ ridimensionati. Non è più la città che ci può, che ci deve, che ci può garantire il soddisfacimento di questi bisogni che pure ci sono, i servizi, il lavoro, ma anche le aree interne, se all’interno di queste aree c’è una politica fatta appunto di attenzione di cura per valorizzare i posti, per valorizzare le risorse idriche, valorizzare la pastorizia, e poi valorizzare tutto quello che ne scende, quindi il turismo, la trasformazione del prodotto, i prodotti locali tipici. Ecco vedi il manifesto per esempio vedi, è uno delle attività che abbiamo appena svolto e alcune attività di queste sono in corso, saranno svolte anche nel 2015, di che cosa ? Dei nostri prodotti tipici. Cominciamo dal basso abbiamo il tartufo, che è una grande risorsa per noi il tartufo ! Abbiamo la castagna, una grossa risorsa, un’enorme risorsa, anche se in difficolta perché alcuni anni c’è un problema specifico che si chiama “cinipide”, è una malattia, un insetto che sta producendo dei problemi al prodotto. Però questa è una risorsa grossa. L’uva, vedi, le uve, noi riusciamo a produrre vini di eccellenza sul nostro territorio e le tradizioni, che vengono da lontano, che ancora possono trovare una collocazione per conservare l’identità, non per forza per la manifestazione folkloristica in se, ma quanto per conservare quell’identità che ci appartiene, che c’è, che rischiamo di perdere se non rievochiamo certi avvenimenti che appartengono alla storia, che devono essere conservati. Quindi questa è un’altra delle attività che abbiamo tenuto e che continuammo a tenere sul territorio. Questo tipo di manifestazione Gran Tour in Irpinia di queste misure PSR – finanziamento regionale e europeo – che nelle nostre zone hanno largo collocazione. Noi abbiamo sulle nostre zone una cosa pregevole che sono proprio i paesini. Tu sei venuta per la prima volta qui ? A Montella, sì, ma in altri paesi ci sono stata. Quindi il territorio l’hai girato. Ecco. Mi interesserebbe capire, da te che guardi la cosa con occhi nuovi, da esterno, cosa trovi di pregevole sul territorio, pregevole nel senso che meriterebbe cura, attenzione ? Non trovi che questi borghi, questi paesini, pur se piccoli, pur se poveri dal punto di vista architettonico, dal punto di vista urbanistico… ma sono pregevoli, hanno qualcosa di pregevoli in se che merita di essere conservato e magari utilizzato ? Sì, certo. Tutti i paesi sono alla cima di una collina, arroccati su una collina. Questo è un po’ l’identità della regione. Se devo fare un disegno rapido della zona, farò questo. Poi, non tutti per forza, ma sono stata per esempio a Taurasi e Castelvetere, c’è un borgo antico, non tutto restaurato, e un’altra parte della città più banale. E il riuso del vecchio borgo, il recupero, sono delle cose bene da fare, legittime. Ti dai una spiegazione del perché questi borghi li trovi dislocati sulle cime delle colline ? del perché sono lì sempre sistemati in alto e poche volte a valle ? Perché sono tutti di origine medievale, c’è il palazzotto, c’è la chiesa, c’è la piazza, c’è il palazzetto di giustizia, dove si amministra oggi la pubblica amministrazione. Sono tutti caratterizzati da questi segni forti, che poi hanno determinato lo sviluppo del borgo intorno, quasi sempre intorno a questi segni forti e nel tempo sono cresciute le residenze. Io sono di Cassano Irpino, paesino vicino, ci sei passato adesso vicino, ed è caratterizzato proprio da questo. Il punto più alto del paese, c’è il palazzo baronale, che deriva di un vecchio castello, di difesa nel periodo medievale. Vicino c’è la chiesa, c’è la piazza. Se avessimo una planimetria adesso sotto mano, sono visibili i sviluppi dell’attività urbana del borgo, sono leggibili, ancora leggibili, anche se il terremoto dell’ottanta ha danneggiato molto, però siamo riusciti ancora a conservare questi elementi che caratterizzano e dicono della storia del luogo, perché di natura medievale, di origine medievale. Se ti può interessare, visitare sempre questo posto che è vicino, Cassano è vicinissimo un’occhiata la possiamo dare ! All’interno di questi borghi, ci sono dei lavori in corso che vanno proprio in quella direzione del recupero, e parlo di interventi pubblici, interventi anche di notevole importanza. A Cassano, ci sono almeno tre interventi pubblici in corso: uno proprio relativo al palazzo baronale, due al insieme di tutte le fasciate dei casseggiati del paese, del borgo, e un terzo che è cominciato da qualche mese, il recupero di un rione, cioè di una piccola parte che era stata abbandonata dopo il terremoto dell’ottanta. Quindi questi tre grossi interventi in un paese piccolo così sono significativi e vanno tutti nella finalità di recuperare non solo il patrimonio ma l’identità. Non 59
perdere l’identità di quel luogo. L’elemento attrattore, per dire “no, non mi conviene più vivere in città perché i pullman non viaggiano, le metropolitane si bloccano, gli ospedale sono intassati, le industrie chiudono, non è più vivibile la città, vado a vivere in paese.” Magari con una facilità di collegamento tra luogo di residenza e luogo di lavoro, ecco questo bisognerebbe favorirlo, però vado a vivere in un paese, fuori dalla città. Questo è un grosso obiettivo. E qualcuno sa, è già avvenuto, è già avviene in maniera spontanea, non è che sia costruita, ricercata, favorita. Già avviene, noi abbiamo proprio nel nostro paese alcune famiglie che vengono dalla città, che ci sono spostate, che vengono nel paese perché le condizioni di vita sono più normali, più vivibili.
Entretien avec l’Avocat Antonino Ferrante le 05/02 à Ariano Irpino (AV). Il est délégué local de l’association Slow Food. Io: Per cominciare, vorrei capire che sono le sfide in Irpinia in materia di cibo e di agricoltura. Non so se la mia domanda è chiara… A.F: Sì, vuoi capire che sono le diverse “missioni” in Irpinia? Sì. In Irpinia, siamo in un’area a grande vocazione agricola e particolarmente in modo vitivinicolo. E noi abbiamo delle aree che sono state individuate come sempre dove si produce un ottimo vino che è l’Aglianico, come vino rosso, da qua ci arriviamo al Taurasi con una DOCG che comprende tutto un’areale che è il cuore dell’Irpinia. A questo si aggiungi il bianco che è o il Fiano di Avellino, oppure il Greco di Tufo che sono, anche se sono dei vini molto importante, c’è anche una denominazione per loro che è la DOCG, e anche questi sono compresi in tutto un’areale che praticamente sta nella zona dell’Irpinia, si arriva anche a Avellino la città. A questo si aggiungo dei prodotti dell’agricoltura ortofrutticola. Quelli possono essere, voglio dire, per esempio noi come Slow Food, abbiamo un presidio, proprio qui in Irpinia, che è il broccolo aprilatico, broccolo particolare che viene prodotto in un area che è la zona di Paternopoli in Provincia di Avellino, dove viene fuori questo broccolo in periodo Marzo-Aprile che ha delle proprietà particolari, anche nutraceutiche. Perché questo ? Tant’è vero che questo prodotto è stato elevato come presidio da Slow Food, ed è un Presidio Slow Food. Quindi “il broccolo aprilatico di Paternopoli”. È venuto fuori che questo prodotto ha delle caratteristiche peculiari che sono legate alle caratteristiche che hanno tutti i prodotti della famiglia dei broccoli. Sono ricchi di sostanze nutritive ecc. Poi è stato verificato che questi broccoli hanno una particolare concentrazione di questi principi attivi che sono benefico per l’organismo. Niente, in somma. Viene coltivata in quell’area e stiamo cercando di conservarlo, perché è un prodotto altamente ? e deve essere conservato per il resto del anno, una conservazione in barratolo, dei processi che comunque rispettino le caratteristiche del prodotto. Quindi non parla d’alterare la qualità del prodotto stesso. Un altro settore anche di particolare interesse dal punto di vista ortofrutticolo è quello della produzione di legumi. Noi, nella nostra area, in particolare qui al cuore dell’Irpinia, abbiamo un’ottima produzione di legumi che possono essere fagioli, ceci e anche cicerchie. La cicerchia è un particolare tipo di legume che è una via di mezzo tra il lupino e la lenticchia. È una mezza misura e si produce proprio in queste aree. Noi cerchiamo appunto come associazione a valorizzarla perché sta una varietà di legumi ch’è, non dico in estinzione, ci sono alcuni tipologie di questo legume che sono quasi scomparendo. Stiamo incentivando la produzione di questo legume attraverso la costituzione di una comunità anche se siamo Slow Food, un’associazione del cibo. E questi legumi si producono nel area della Baronia che è un’aria, dell’Irpinia sempre, verso l’Alta Irpinia. E quindi, voglio dire, gli altri prodotti sono i legumi, a questo si può aggiungere i prodotti di orto diciamo più tradizionali che vanno dalle verdure varie al sedano di Gesualdo, che è un’altra area dell’Irpinia. Anche c’è l’aglio, l’aglio dell’Ufita che è un particolare tipo di aglio che viene prodotto proprio nella zona dell’Ufita, nel cuore dell’Irpinia. Altro prodotto nostro è il pomodorino di montagna che è un particolare tipo di prodotto che viene coltivato nell’area di Montecalvo Irpino, quindi sempre verso il Beneventano. Questo tipo di pomodoro, che un pomodoro di montagna, è quindi molto piccolo tipo le ciliegine che anche so, è stato molto apprezzato sia in Italia che all’estero e ci sta lavorando anche per la tutela dello stesso nella comunità qui sa forse anche con un presidio. A tutto questo si aggiungono anche gli allevamenti che possono essere sia di bovini che di ovini. Ci sono particolari razze ovine che vengono allevate tipo la razza Laticauda, che è una particolare razza ovine, che viene allevata nella zona del Passo Visciano fino ad arrivare nel cuore dell’Irpinia, nella zona di Montecalvo. Come pure l’allevamento dei bovini che producono dell’ottimo latte nonché dei formaggi. E quindi comunque una zona che ha una buona vocazione. 60
La sfida è questa, la sfida principale che adesso stiamo cercando di portare avanti è scongiurare innanzitutto un fenomeno che purtroppo si sta per verificare che è quello delle trivellazioni per le stazioni petroliferi. Non lo so, se Lei ne ha sentito parlare… Però in somma ci stanno facendo dei sondaggi per capire e se piantare o meno questi pianti di estrazione. Perché magari ci sono dei giacimenti petroliferi. Però questa va a ? con la vocazione principale del territorio; perché è un territorio ricco, è un territorio da tutelare perché ha delle produzioni agroalimentari di eccellenza per cui mettere un impianto di estrazione petrolifera significherebbe disturbare il territorio e quindi mortificare dal punto di vista agricolo tutto quello che ci sta cercando di fare. Quindi questo secondo me, se si parla di sfida, è la sfida principale che adesso stiamo facendo e terrendo; sia come condotta in Irpinia che come Slow Food Campania e come Slow Food Italia, proprio perché stiamo cercando una collaborazione con le associazioni del territorio per scongiurare queste trivellazioni. Non lo so, vuoi sapere altro ? Lei ha parlato dei Feudi San Gregorio, che è stata realizzata in uno stile molto moderno. Per esempio, quando sono stata per la prima volta in Irpinia, ho fatto un gran giro, e ho finito con la visita dei Feudi. Dopo avere visto delle cantine più tradizionali, come la Cantina Caggiaro a Taurasi, sono stata sorpresa. Questo stile molto moderno è stato una cosa accettata bene dalla popolazione locale? Perché so che a volte, le persone sono molto attaccate alla tradizione e non si trovano con queste nuove architetture. Però la cantina dei Feudi San Gregorio si discosta da quella di Caggiaro a Taurasi che è un po’ più tradizionalistiche, diciamo, come impostazione. Però, ovviamente, noi parliamo anche di volumi diversi. I Feudi San Gregorio, voglio dire, è, se non la più grossa cantina per volumi prodotti. E quindi ha voluto, e bisogna comunque poi considerare una cantina che nasce ex novo, è stata creata per quel posto, è stata costruita recentemente, e gli è stato dato questo tocco – come dire – moderno e secondo me anche giusto. E perché secondo il mio punto di vista è giusto? Perché io ritengo che l’intervento architettonico debba rispettare la tradizione nella misura in cui esista, allora se c’è qualcosa da tutelare, e da recuperare, perché preesistente, io ritengo che l’architettura, l’architetto che poi interviene deve rispettare quello che trova, non deve coprirlo, ma non deve esaltare e valorizzare secondo me il proprio stile che potrebbe anche essere moderno. Nel caso specifico invece è stato creato ex novo quindi voglio dire è stato dato un tocco, un tono moderno. Cosa ben diversa con la cantina Caggiaro. Perché la Cantina Caggiaro, siccome stava sotto terra, ha un modo d’impostazione diverso, anche se costruita anche quella di recente però lui ha voluto dare un tono un po’ più rupestre, con i camminamenti sotto terra e tutto quanto. Io personalmente non sono contro l’innovazione, specialmente nel settore vitivinicolo, nel settore appunto dell’architettura delle cantine, perché viaggiando anche voglio dire nel nord dell’Italia dove, tanto in Toscana che in Piemonte, innanzitutto bisogna differenziare queste aree, cioè l’Irpinia, ha una forte vocazione vitivinicola ma c’è una scarsissima tradizione vitivinicola mentre in Piemonte e in Toscana, c’è una tradizione millenaria riguardando la produzione del vino. E sono coinvolte anche delle famiglie nobili nella produzione dello stesso. Infatti, sia in Toscana che in Piemonte, troviamo dei castelli di cui i proprietari sono dei vinaioli, o imprenditori del settore vitivinicoli. Lo stesso vale per la Toscana. E quindi noi abbiamo questi bellissimi castelli che poi vengono ubicate come cantine, ma sono in realtà preesistenti. In Toscana è la stessa cosa, ci sono vini, legati a famiglie e comunque da sempre hanno avuto le vigne, hanno coltivato, prodotto vino di un certo tipo e hanno allargato la cantina, l’hanno valorizzata, l’hanno ammodernata. L’Irpinia purtroppo, ha un gran prodotto ma non ce ha una grande tradizione, tant’è vero che il vino d’Irpinia comincia ad essere, voglio dire, esportato grazie all’intervento della famiglia Mastrobernardino che sono stati precursori dell’imbottigliamento e dell’affinamento fino ad arrivare al Taurasi. Prima di loro, c’era solo dei commerciali di vino, dei conferitori di quest’ottimo prodotto però ovviamente non c’era una tradizione legata alla storia di una famiglia. Per cui difficile trovare una cantina con una storia di tre cento anni. Ecco questo è il discorso. Sono tutte delle cantine che sono nate nel secondo dopo guerra. Sono relativamente giovani quindi sono nate ex novo quindi voglio dire non è possibile trovare come in Francia, un “château” dove vediamo delle vigne bellissime intorno a un castello che praticamente può ospitare la cantina e tutto, come per esempio la baricheria, dove sono conservate tutte le bariche, e la bottaglia, dove sono le bottiglie; e in fascia, il belvedere. Noi abbiamo certamente delle cose interessanti, come i Feudi San Gregorio, bellissimo, la parte dove sono conservate… Però sono cose che sono nate in una fase successive rispetto a … Però in somma noi, io personalmente ritengo, ma anche nel territorio, noi vediamo che la nostra forza principale è che noi dobbiamo battersi affinché venga meglio il discorso del vino e che ci possiamo imporre sia al livello nazionale che internazionale. Già, ci stiamo avendo risultati grossissimi. Però, ci vuole comunque un maggiore impegno anche del tipo cooperativistico secondo me, nel senso che bisogna cominciare a pensare in comune, per potere anche cercare di sfondare il mercato. Però questo lo dico come mio pensiero perché ci sono degli interessi commerciali che sono ben altro e non riusciamo mai ad ottenere l’ottimo. Comunque voglio dire 61
l’Irpinia è dal punto di vista agroalimentare, vitivinicolo una grossa risorsa, è una miniera. Una delle mie ipotesi di lavoro è che, quando si fa una cantina con uno stile diverso, moderno, questo può anche partecipare a dare un’immagine moderna della produzione di vino, e portare turisti qui ecc. Certo. Io penso, come tu giustamente dici, in questo settore, realizzare delle cantine in un certo modo… sto pensando ad alcuni posti ci sono già fatti degli alberghi diffusi, dove non è possibile un’unica struttura, un borgo medievale, oppure un borgo di un paesino, viene recuperato e si mette su un albergo diffuso, quindi varie strutture ricettrice non nel caso necessariamente di un unico immobile ma vari immobili. Come a Castelvetere sul Calore … Castelvetere sul Calore, sì, benissimo. Questo è un esempio di albergo diffuso. E sì, le attrattive turistiche sicuramente ci devono essere e ci sarà, attraverso le cantine, ma secondo me, bisognerebbe farlo ma molto di più sull’aspetto proprio della vigna, cioè è vero che la cantina è fondamentale però noi abbiamo, adesso, per quanto mi riguarda personalmente, mi sto appassionando sempre di più all’aspetto biodinamico della produzione del vino e biologico. Però vedo che anche al livello nazionale e internazionale, c’è una grande attenzione che riguarda la biodinamica. Per cui, molte volte, è importante sì la cantina, ma è anche importante quello che avviene in vigna. Sicuramente, anche oggi è bello visitare le cantine, ma piuttosto visitare le vigne, che appartengono a queste cantine, perché sono belle. Sono belle perché sono ben coltivate, sono ordinate, sono pulite, si evidenziano anche le tecniche di puntatura e le tecniche sono realizzate nel rispetto del biologico piuttosto che del biodinamico. Quindi, sarebbe interessante attrarre i turisti anche a visitare le vigne e se mai farli partecipare a sessioni che possono essere quelle della puntature piuttosto che della raccolta. Così come avviene anche all’estero. E penso che in Francia, tu sei a corrente che questo avviene. Infatti, conosco poche cose sul vino in Francia, o in generale. Che sono le cantine o aziende agricole che hanno un interesso dal punto di vista architettonico negli intorni ? Qui, negli immediati intorni, allora noi a questo momento ci troviamo ad Ariano Irpino. Ariano Irpino è Irpinia, però è più alta Irpinia. La vera Irpinia, legata al vino, si ferma a qualche chilometra più giù. Cioè, noi … Per venire qui, sei passato per l’autostrada e sei arrivata a Grottaminarda. Ecco, prima Grottaminarda, verso Avellino, questa è l’Irpinia vitivinicola. Sicuramente, nel percorso autostradale, prima di arrivare a Grottaminarda, c’è una grande salita, sulla tua destra avrai visto, anche ti invito a vedere quando tornerai, delle vigne molto belle. E queste sono della proprietà di Mastrobernardino. E lì, lui ha fatto una cantina, e ha fatto diciamo una struttura per eventi e un campo da golf, in mezzo alle vigne. Bellissimo ! E quindi voglio dire, le cantine più vicine, visitabili e interessanti si trovano sicuramente nell’area del Taurasi. Poi c’è qualcosa nella zona di Montemarano, Castelvetere e anche a Paternopoli. Ci sono realizzate delle belle cantine. Ma nelle immediate vicinanze di Ariano Irpino non c’è molto perché poi non è una zona a vocazione essendo una zona che va già oltre la collina; la migliore produzione vitivinicola sia intorno dai 370 ai 470, come altitudine. Qui, dove siamo a questo momento siamo a 870m, quindi è quasi montagna. Quindi c’è altro rispetto al… comunque, dopo se mai possiamo andare a fare un giro, ti porto a giusto qualcosa per avere un’idea, un po’, del territorio. Se vuoi completare chiedendomi qualcos’altro, approfittiamo che siamo all’interno ! Ho parlato con delle persone che mi dicono che sviluppare l’entroterra può essere una sfida per dare voglia alla popolazione della città, di Napoli per esempio, di tornare a vivere nelle campagne, per rendere meno densa tutta questa grande metropoli. Ma, infatti, questo già avviene. Avviene attraverso Tour Operator locali, oppure una pubblicità passa-parola. Comunque questa area metropolitana del napoletano si svolge molto dell’Irpinia per fare la gira fuori porta, no ? Tant’è vero che sono sorti degli agriturismi, in somma strutture ricettrici dove queste persone vengono a passare del tempo. Però, questa è altra cosa rispetto a poi alla valorizzazione della tradizione. Quelli che vengono, vengono così, senza essere molto approfonditi sulla questione, vengono a divertirsi. Però, poco sanno di quello che sta dietro alle tradizioni, alle tradizioni locali in somma, voglio dire, alla civiltà contadina. Sono molto distanti però comunque vengono qui, certo. Maggiori sotto le attrattive loro per molto potrebbe anche essere il ritorno. Però io ritengo che la nostra occupazione sia una vocazione un po’ più di alto profilo rispetto, credo, a quelle che sono le esigenze di una massa che cerca di uscire la domenica. 62
Non pensavo solo per i giri della domenica, ma anche per abitare. Ah, anche per abitare. Potrebbe essere un modo per, sì, sicuramente, però è una cosa un po’ difficile devo dire perché poi bisogna adeguarsi a modi di vivere diversi, rispetto alla città, alla metropoli; qua è completamente diverso. Napoli, il discorso è, insomma … io ho studiato a Napoli, ci sono stati tantissimi anni quindi voglio dire, vivere qua è un altro mondo. Ma già lì hanno una cittadina, un paesino che diventa proprio una cosa al di fuori dell’immaginazione. Una cosa è andare per un ora, un’altra è di vivere là insomma. Non è una cosa semplice. Altra cosa che mi sono dimenticato, però non è una cosa di minora importanza, noi abbiamo come valore aggiunto dal punto di vista proprio produzione, l’olio. Un olio di particolare pregio, che si chiama l’Olio di Ravece e questa è una prerogative proprio di Ariano. Perché è vero che qui non è una zona vitivinicola ma è una zona dove c’è un’ottima produzione di olio, perché abbiamo un’olive che si chiama Ravece, molto profumato, molto particolare che ha molto riconoscimento al livello nazionale e internazionale, e ci sono dei frantoi che hanno grossi riconoscimenti sull’olio che sono proprio in Ariano o nei comuni limitrofi. Si chiama Olio di Ravece. È una particolare tipologia di olio. Se questo può essere utile… Perché poi l’architettura non è necessariamente solo legata alla cantina ma può essere legata ai frantoi. Perché qua per esempio non ci sono delle cantine storiche ma ci sono dei frantoi storici. Dove ci sono dei macchine in pietra e quindi se dopo facciamo un giro ti faccio vedere, ecco questo te lo posso fare vedere. Ho fatto un po’ tutte le mie domande. Volevo solo avere un punto di vista altro, perché per il momento ho incontrato degli architetti, o urbanisti quindi… Non so se tu sai, ma all’università di Salerno, mi pare due anni fa si è svolto un Master proprio in Architetture delle Cantine, dove praticamente partecipavano tutti gli architetti nel particolare modo dell’interesso alla costruzione delle cantine. E poi la gestione delle cantine è una cosa ardua per l’architetto, perché deve sapere coniugare l’aspetto agreste con l’aspetto architettonico. Non è una cosa semplicissima. Tu hai visto qualche progetto fatto dall’architetto Renzo Piano? Siccome è uno delle miei architetti preferiti, allora … Hai visto la chiesa San Giovanni Rotonda da Renzo Piano ? Va a vederla.
Entretien avec Simone Ottaiano le 06/02 à Marigliano (NA). Il dirige une agence de communication et de promotion du territoire de la Campanie. S.O: (A proposito del castello di Casalbore, di cui si occupa.) Quello che l’ha restaurato ha fatto dei macelli, per questo dico che … Problemi di umidità, problemi d’infiltrazione dell’acqua, sono stati utilizzati dei sistemi non adattati ai territori. E di queste situazioni ne trovi parecchie in Provincia di Avellino, insomma. Perché sono fatti tutti questi lavori con i fondi europei, sono fatte lavorare le ditte del territorio, che hanno lavorato un po’ così e quindi le trovi queste situazioni. Cosa t’interessa sapere in particolare ? Prima, un po’ che cosa fa la tua associazione. La mia associazione, ha uno scopo… è un po’ particolare. Io … Noi siamo agenzia di comunicazione: loghi, siti web… Però poi girando, girando, ci occupiamo particolarmente del territorio. Affianco a questo abbiamo cominciato questo discorso sui castelli nella provincia di Avellino, di valorizzazione e di promozione, prima con una mostra fotografica… come ti dicevo abbiamo prodotto una seria di immagini fotografiche e poi trasformammo questa mostra fotografica in un percorso museale; cioè, abbiamo preso in gestione un bene, architettonico appunto che è questo castello e all’interno abbiamo aperto con tutti gli effetti un museo privato praticamente, dedicato alla conoscenze di tutti i castelli della provincia di Avellino. Quindi tu vieni a Casalbore e vieni a scoprire quali sono tutti i castelli. E poi facciamo questa tipologia di attività, io ce ho quest’ufficio con tre o quattro ragazzi, contattiamo delle scuole, contattiamo dei gruppi per organizzare delle visite, per fare “incoming” turistico. Ma come associazione, siamo senza scopo di lucro diciamo insomma. E quindi questo è un po’ l’attività che facciamo in generale, ci occupiamo di progetti di valorizzazione del territorio, è quello che facciamo come associazione. Discorso che spesso qui o in Provincia di Avellino… abbiamo accumulato una conoscenza enorme. Io abito qua ma ce l’ho anche una casa a Casalbore e ci siamo trasferiti in parte là e ci 63
piace. Abbiamo dovuto fare… ci siamo progettati in tal modo su quest’area. Studiamo anche con i comuni che ce lo facciamo fare soluzioni per promuovere il territorio, noi abbiamo lavorati su progetti di cantine, e siamo così tesi alla valorizzazione. Più ti parlo di eventi, ti parlo di comunicazione web, di attività di comunicazione, questa è quello che è. Non ci siamo mai occupati nello specifico di ristrutturazione di beni. C’è un problema che 92% dei beni restaurati in regione Campania è vuoto. Perché i fondi europei finanziano i muri ma non finanziano i contenuti. Ecco perché abbiamo avuto l’opportunità di prendere questo bene in gestione nostra, e investimmo all’interno, ma il bene era già ristrutturato. Questi beni quando vengono ristrutturati solitamente hanno una destinazione d’uso, almeno indicata perché sono, soprattutto quando si tratta di fondi europei, tu devi dire perché restauri il bene, tant’è vero che Casalbore, quando l’abbiamo preso, l’associazione analoga doveva ospitare un museo, con dei reperti archeologici trovati… Non è mai stato fatto. L’hanno restaurato, l’hanno inaugurato, poi l’hanno chiuso. È stato scontato insomma. Fino a quando arriva qualche pazzo come me che si mette a fare questa cosa, che ci piace, perché… non c’è altra soluzione. Quindi, questi beni … gli architetti hanno lavorato per fare questo che non si è mai tradotto o quasi mai si è realizzato in reali situazioni. Quando si è tradotto, si pone un altro problema che è quello della promozione, perché ci sono in Irpinia delle strutture bellissime, come il castello di Bisaccia, che è questo qui. Dentro c’è un museo bellissimo, con dei reperti saniti, un lavoro fantastico di ristrutturazione di questo museo ricco, c’è una sala multimediale dentro e quasi via. Ma c’è quasi nessuno, ci vanno 500 persone in un anno… Questa è la reale situazione. Degli interventi sono stati fatti, alcuni bene, altri meno bene, purtroppo sono interventi non funzionali e non pensati per una corretta fruizione, cioè lo stesso castello di Casalbore ha ambienti piccoli, cioè non è pensato per una fruizione, per fare venire visitatori a vedere delle cose. Hanno lavorato un po’ così, per farlo, e l’abbiamo fatto, e questo succede spesso. Altri invece sono stati un po’ più fortunati però in generale, non abbiamo spazi giganteschi, sono delle cose più piccole insomma. Questo per farti un quadro, su i castelli, poi degli esempi di architettura in provincia di Avellino ce ne sono tantissimi. La parte di Montevergine, c’è l’Abbazia del Goleto, la chiesa del Vaccaro anche santi locali. C’è la chiesa inferiore e la chiesa superiore. Sono due chiese: una sotto terra e l’altra sopra. Quella del Vaccaro… cioè, ci sono delle chiese veramente importante. Comunque ci sono pittori, artisti che sono stati famosi. Ci sta una tradizione, in questo senso, ovunque ci sono situazioni di artisti o architetti in generale che hanno operato in provincia di Avellino. Questa è un poco la realtà. In fatti è vero che ci sono tanti castelli su una zona che alla fine, non è così grande… È il più grande agglomerato d’incastellamento dell’Europa. Perché penso, ce ne sono 74 o 75 che sono ancora, e pensi che ce n’erano molto di più. Ci sono comuni in cui sappiamo che c’era il castello ma non c’è più niente. Per esempio questa è l’unica cartine esistente, questa l’abbiamo fatto da noi, andando quasi comune per comune, e non esiste un’altra. Eccola qua. Questa è la mappa dei siti d’incastellamento, con la legenda che dice quali sono visitabili, quali sono in fase di ristrutturazione e cosi via. Come vedi, ce ne sono tantissimi, ma ci sono tanti altri comuni, per esempio Montaguto, Greci che hanno avuto il castello ma che oggi non esiste più. Su 118 comuni, quasi tutti ne avevano. Quindi c’era una buona quantità di situazione. E quindi i lavori di restauro sono finanziati dall’Europea, generalmente ? Quasi sempre. E a lungo termine, come sarà finanziato il mantenimento di tutti questi castelli ? L’Europa sarà sempre qui per sopportare o … ? No, il fatto è che, il finanziamento finanzia una cosa. Quindi, se il finanziamento mi arriva per fare il giornale, io dimostro che ho fatto il giornale, sta apposto. Ti ripeto, il problema è che ci sono pochissimi finanziamenti ma non esistono quasi, che finanziano i contenuti, cioè si finanzia il contenitore ma non il contenuto, allora c’è il discorso di come fanno a vivere? Spesso è lo stesso locale, gli abitanti non se ne fregano niente e il castello sta là, voglio dire fa parte dal loro retaggio culturale. Io ritengo, per te che venga da fuori, qualche volta anche per me che non è da qua, quanti ce ne sta per loro, e invece è normale. Tu che ne so, da dove vieni ? Lione, in Francia. A Lione che c’è ? Ci sarà qualcosa che per te rappresenta la città è normale per te, per me che vengo da fuori sarà fantastico, vedi… Questo è anche normale. Il problema è che spesso non ci è pensato proprio, cioè, io faccio un castello, ci sono dei fondi, e sono sfruttati. Ma non si pensa proprio ad un progetto. Abbiamo i soldi, ristrutturiamo. Punto. 64
Facciamo lavorare gli architetti, facciamo lavorare gli ingeneri però non si è pensato di quelle strutture una volta ristrutturate, se potesse essere un motore dello sviluppo del territorio, per dare lavoro, fare qualsiasi museo, se possono essere utilizzati per 10 000 posti; fateci degli alberghi, fateci quello che volete… Ci sono dei progetti ma non sono mai regolati. Per esempio, esiste uno di questi castelli, di Castelvetere sul Calore, che oggi è un albergo diffuso, ma non è che funziona così bene, cioè ci va ogni tanto qualcuno ma non è che… Non parliamo di numeri come Pompei o come Mergellina. Stiamo parlando di … È questo qua, è un borgo fortificato, questo è un albergo diffuso, cioè è un castello che è stato ripreso e hanno fatto l’albergo, circa 50 posti letto. Una bellissima struttura ! Quindi, qui è stato fatto un lavoro già un po’ più intelligente, il problema è che – e rimane tra noi – chi lo gestisce è un po’ così, non è che è molto in grado di gestire i flussi e non è che ci va tutta questa gente, almeno da quello che noi sappiamo, insomma. C’è anche un altro castello che dovrebbe diventare – questo qui Calabritto, castello di Quaglietta a Calabritto - questo è un altro castello che dovrebbe diventare un albergo diffuso. Ma per il momento non è ancora finita la ristrutturazione però ci sono delle destinazioni d’uso, e spesse volte che ci sta pure l’idea ma poi farlo funzionare, è il problema. Purtroppo la mentalità qui è molto da aspettare, che arrivano i soldi, magari non attivarsi per fare qualcosa, cioè ti ripeto è raro che venga un mazzone che dice “prendo i miei soldi e me l’apro io il museo.”. Questo, no, si scorda. Non lo farà mai nessuno, è ovvero. È una follia. Leggendo qualche cosa sull’Irpinia, ho l’impressione che c’è una vera voglia di fare del turismo… Ma non lo sanno fare. Esatto… No, non voglio giudicare ma a questo momento, non è molto conosciuto. Allora, io ti posso dire, io la vivo la situazione. Il potenziale è enorme. Tu, quando pensi all’Italia, va bene sei a Napoli ma tu conosci queste cose, l’Umbria, la Toscana … sono le mente che vengono più anche dai stranieri. Vanno a Firenze e via dicendo. Per noi è normale, noi sappiamo gli italiani che … e la Sicilia, sono i grandi attrattori, Roma ovviamente, Venezia… Beh la provincia di Avellino siccome è superiore, e non ti dico perché io l’abito ma perché è oggettivo come risorse e potenziale è superiore alla Toscana o all’Umbria, perché lì l’hanno molto costruita. E solo che qui siamo rimasti a 20 o 30 anni fa. Cioè loro adesso cominciano a capire, che si potrebbe fare qualcosa, quando invece in Umbria o in Toscana vanno come dei treni, rispetto alla provincia di Avellino. Il potenziale c’è, e te lo dimostro: ci sono trenta castelli da visitare, e ben restaurati, se non li metti in rete, cioè se tu, Comune, non compri un pulmino per fare girare la gente… sciocchezza ! Ma non si fa… Ti racconto la mia esperienza, abbiamo aperto il 3 Agosto 2013, il castello, e noi in un anno abbiamo fatto circa 7000 visitatori. Casalbore, tieni presente che è un Comune di meno 2000 abitanti. C’è tutta questa gente che Casalbore non ha mai vista però, perché è venuta sta gente ? Uno, abbiamo creato una motivazione, cioè io vado a casa, che devo fare, allora tu hai aperto il castello, dentro c’è un percorso da vedere, allora tu dici, fai un plastico ok compriamo un biglietto. Un motivo, per cui mosse. Tu devi creare la motivazione. Dopo avere creato la motivazione, tu la devi promuovere. Io, insieme alle mie fantastiche ragazze, mi metto con la valigetta e vado a girare tra le agenzie di viaggi, tra le scuole e cosi via per dire “Venite, ci sta questa struttura, la più bella del mondo, venite a vedere !” e cosi via. La gente viene, tra marzo e maggio sono arrivati 40, 50 pullman delle scuole che portavano i bambini a vedere il percorso sui castelli della provincia di Avellino. Tutto questo, nessuno l’ha mai fatto. Noi pensiamo che ci sia abbastanza fare il progetto, no, tu devi alzare il telefono e dire “Ciao, io sono Simone, e ho fatto questo…” cioè le cose sono molto sceme, molto concrete però nessuno pensa di farlo. Pensano “ci vogliono i fondi” ecc. ma no… Vai nelle scuole, una a una, per vedere e su mille scuole, cento ne verranno. Comincio a fare questo discorso e allora piano piano noi stiamo cominciando a… le forze sono poche, anche perché, ti ripeto, non viviamo di quest’attività senza scopo di lucro. Non ci guadagniamo. Però lo facciamo con la speranza che si possa attivare qualche meccanismo che magari per questi ragazzi che lavorano con me ci potranno lavorare proprio, che diventa una fonte di guadagno per loro alla fine. Ma ovviamente mi dispiace. È questo fatto che non è stato mai un progetto, un’idea… Nella loro testa, dicono “noi abbiamo fatto il castello, abbiamo pure fatto un museo, mo’ sediamoci e aspettiamo che arrivino”. Questa è la mentalità. Però questo non è solo nella provincia di Avellino, è un po’ in tutta l’Italia, anche se proprio noi siamo così… Se vai a Napoli, a Napoli ci sono 10 000 cose da vedere e da fare ma per molto non sappiamo che cosa la città ha ad offrire e ci sono delle cose che sono fantastiche. Questo è il problema. Quello che leggi tu spesso sui giornali, sono tanti proclami. “Noi vogliamo fare però…” Nella concretezza non c’è nessuno che si mette con la valigietta e va nelle scuole per dire “Venite a visitare il castello di Taurasi.” Questo è il problema reale.
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Anche per questo che nei libri turistici, non si parla mai dell’Irpinia ? Perché non c’è … Vedi, la provincia di Avellino ha l’unica stazione sciistica del Sud d’Italia, perché nel Sud non esiste ovviamente. Una stazione c’è a Bagnoli, perché Bagnoli è talmente alta, nonostante si trova al Sud d’Italia, che c’è la neve. Pure la stazione non funziona. Per il sci potrebbero venire da tutto il Sud d’Italia, invece di andare a Cortine andrebbero a Bagnoli. Se tu vai a Bagnoli, ti metti le mani nei cappelli perché quelli non sanno neanche che cosa stanno facendo insomma. Questa è il problema. Però c’è un potenziale enorme, e Bagnoli sta in provincia di Avellino, cioè l’unica stazione sciistica è in provincia di Avellino. Il più grande santuario mariano sta a Montevergine, San Gerardo Maiella, a Caposele, va 1M visitori all’anno perché c’è questo santuario di questo santo protettore delle famiglie, a Caposele, nessuno lo sa. A Cassano Irpino, ci sono le sorgenti che danno da bere a 10M d’italiani. Partono da Cassano Irpino e sono visitabili. Nessuno lo sa. Ci sono tutte queste serie di cose che non … io le so perché sono andato con l’agenzia, se no con mio padre. Ma non lo sanno. Manca, uno, manca l’infrastruttura, e su questo appunto si potrebbe lavorare un architetto, perché mancano le infrastrutture, e due, dove sono le infrastrutture spesso mancano i contenuti. Dove ci sono i contenuti, mancano la promozione. Questo è il problema. Sto lavorando sulla cantina dei Feudi San Gregorio, che ha uno stile molto moderno e diverso dalle cantine tradizionali che si trovano lì. Secondo Lei, può essere un modo per dare un’immagine moderna della produzione agricola? Anche dal punto di vista della comunicazione, perché un progetto così, può farsi notare ? Allora, tu hai preso un nome proprio grande, i Feudi San Gregorio, forse è la più grande azienda vitivinicola in Italia. No, non è la più grande, mi sbaglio, comunque, è una delle più grosse sicuramente, e produce in provincia di Avellino. Loro fanno delle cose che funzionano bene, sono una grande azienda che fa tante bene cose. Quanto dal territorio, io non lo so, perché, tu lo sai, loro vendono il vino Taurasi. Taurasi è la prima DOCG del Sud d’Italia. Un vino importante, fantastico, buonissimo… Però, Taurasi prende il nome della città di Taurasi, dove c’è un castello tra l’altro e cosi via, no? Bene. Questo fatto di vendere il vino Taurasi, da ricchezza, ovviamente ai Feudi, a chi lavora per loro, ai contadini, a chiunque lavora nella fine, però il nome Taurasi non è che ha generato poi un flusso turistico di gente che vanno a vedere Taurasi. Cioè, le persone non sanno neanche che Taurasi si chiama Taurasi perché c’è la città. Quindi, sicuramente quella del vino è une economia, che ci vivono delle famiglie. A parte il fatto che ci sono molte piccole cantine in provincia di Avellino, che sono quasi 220… Feudi San Gregorio, Mastrobernardino, Salvatore Morettini, ovviamente, loro vendono all’esterno, è un altro tipo di discorso ovviamente. È un tipo di business. Non credo che loro siano riusciti a portare però il territorio… Si sa che i Feudi stanno in Provincia di Avellino, però… Non credo che grazie al fatto loro con il Taurasi, la gente vada a Taurasi a vedere da dove viene sto vino. Questo non si verifica. E se si verifica, si verifica proprio in una dimensione minima, per chi sia appassionato. Ma io sfido chiunque, cioè prendiamo un newyorkese, e gli chiediamo se sa il Taurasi dov’è. Questo è il punto, cioè prendiamo uno straniero che forse ha bevuto il vino vediamo se sa da dove proviene. Io ci ho qualche dubbio. Ho visitato giustamente i Feudi e è tutto un piccolo mondo, con design, e nel giardino, delle piante che non crescono al Sud dell’Italia, ma che sono qua perché l’architetto l’ha voluto. È un po’ strano, non sembra avere un legame con il territorio. Succede spesso questo, quando fanno questi progetti… al livello di comunicazione proprio, dicono sì, siamo legati al territorio, però poi una volta tutto fatto, il legame con il territorio, c’è ben poco… Questo è il punto. Anche perché, io capisco il design, moderno, ma la tipologia di cantina che generalmente fa parte della storia è diversa. Si parla di piccola realtà, spesso della sussistenza delle famiglie, quindi, è diverso. Loro appunto hanno un altro discorso, va bene insomma, loro dicono questa legame, però francamente non credo che ci sia molto. Ci sono realtà molto più legate al territorio, più vere, più autentiche, più brutte forse perché cosi è sicuramente, ce ne sono altre. E quindi, che cosa può fare l’architetto nelle campagne ? Essere più consapevole del territorio…? Pensare alla funzionalità delle cose. Ti ripeto, il problema è questo. Vedono i luoghi e cosa sta succedendo, non sono funzionali. Se io devo fare praticamente turismo, portare 50 bambini in visita, i spazi devono essere più ampi, strutturati meglio. Spesso non si pensa alla destinazione, cioè che fine fa. E pure quando si pensa alla destinazione, si pensa all’esterno, o alle tecniche del museo, ma non al fatto che tra le tecniche ci sono (la gente). Cosa banale, semplice. Bisognerebbe fare il percorso, io ho un bene, io ho un borgo, ma che ne voglio fare di questo borgo? E poi non ristrutturarlo poi pensare alla destinazione, tipo io restauro, poi mi 66
chiedo che cosa voglio fare. Comincio a fare un percorso arbitroso, che ci voglio fare un albergo diffuso, ci voglio fare una cantina, un museo… Perfetto ! Che cosa devo fare ? Questo discorso quasi mai è stato fatto. Abbiamo preso il sito, l’abbiamo ristrutturato e dopo… questo è il problema. La figura può servire a questo, poi è la base. L’architetto, non lo gestivamo, non farà niente dopo, fondamentalmente. Però per questo, almeno creare le condizioni affinché si possa essere un corretto utilizzo delle strutture, dei locali, dei borghi e cosi via. Perché noi per esempio con il castello a Casalbore, abbiamo fatto uno sforzo enorme per adattare perché appunto, gli ambienti sono piccoli, gli ascensori non sono pensati in modo da andare… C’è tutta una serie di cose che non vanno, che non andavano proprio. Però loro hanno fatto queste scelte senza pensare a che cosa dopo sarebbe fare, la gente di quel posto. Per questo, se hanno un discorso inverso, forse riusciremo ad ottenere qualcosa in più. Per quello che si può, ormai, quasi tutto è ristrutturato, anche se dei beni ce ne sono parecchie ancora, che stanno ancora abbandonati, allo stato di rudere. Ci sono anche delle situazioni, vedi, il Castello di Serino, che è un rudere, è perso in un bosco. Hanno fatto pure un’area picnic. Però lì con un paesaggista si potrebbe fare qualcosa, potrebbe sistemarlo meglio, cioè non affidare solo agli operai della Comunità Montana, che almeno vanno a pulire, e via dicendo, però sfruttare, cioè, c’è una peculiarità, tu hai il bosco e qualche muro, è bello. Tu ti puoi fermare, fare il picnic, e via dicendo, nessuno lo mette in dubbio, sfruttatelo in maniera diverso però, create un percorso la dentro, non lasciate le cose allo stato brano, così come dei segni abbandonati. Questo è un po’ il discorso che si potrebbe fare, penso. Hai qualche nome di architetti che hanno lavorato su queste opere di restauro ? No, non li conosco, dico la verità. C’è un mio amico che è architetto a Vale Sacarda (?) che ti potrebbe dare anche qualche… Non so se lui ha lavorato su queste cose. Lui fa l’architetto, non so… Abbiamo lavorato insieme su una cosa, si chiama Longo, Giovanni Lungo si. Però non conosco i nomi diretti di quelli che ci hanno lavorato… Ti consiglio, se devi cercare qualcosa più specifico, tipo il catasto, non lo so, oppure i progetti che hanno fatto, di direttamente contattare i comuni. Armati di pazienza ! I Comuni gli conoscono quasi tutti, se tu mi fai sapere che sono le persone che ti possono interessare, o se hai bisogno di andare a visitare Bisaccia perché c’è il castello di Bisaccia, beh ti posso dire, gli chiamo io. Questo lo posso fare tranquillamente. Se ti può essere utile. Per il momento, non vedo, ma grazie.
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B) Compte-rendu des visites sur le terrain Notes prises lors de ma première visite en Irpinia, le 23 octobre 2014. Tour guidé par Mr Agostino Della Gatta, directeur de l’agence de promotion du territoire «Irpinia Turismo». Région qui a été soumise à des tremblements de terre dans les années 70/80. Destruction importante des villes et villages, surtout ceux plus proches des cours d’eau où la terre utilisée pour la construction est plus friable. Dans les pays de pierres, moins de gros dégâts. Economie locale qui porte surtout sur les services, l’artisanat (fer par exemple) et l’agriculture, en particulier le vin. Comme le Taurasi. L’enjeu est peut-être de relancer l’activité agricole de manière plus tournée vers le tourisme, pour réenclencher une dynamique locale. Reconstruction d’après-séisme dans un style qui ne respecte pas toujours le passé des villages. On voit bien tous les bricolages entre l’ancien et le nouveau. Plusieurs typologies de villages : ceux qui ont rénové le centre-bourg, ceux qui l’ont délaissé pour se mettre à côté et construire du nouveau. LUNGOSANO. Village de 560 habitants, avant le train y passait. Cours d’eau « il calore », au pied du village. Cantina Cavalier PEPE. Idée de l’accueil du public qui émerge dans les années 90 et qui manquait avant. TAURASI. Nom du village qui a donné son nom au vin. Vin qui prend cette appellation au bout de 3 ans (à vérifier). Village où l’on cultive des olives aussi. Le château a été rénové il y a une quinzaine d’années, avec un parcours sensoriel sur le thème du vin, une cuisine et salle de convivialité, une bibliothèque … Rénovation effectuée principalement grâce aux fonds européens. Le projet n’est pas fini, beaucoup de maisons du bourg historique sont encore en abandon. Le village se concentrait entre les deux portes, puis s’est étendu à l’extérieur, et maintenant on cherche à récupérer la partie ancienne. Cantina Antonio Caggiaro. Un particulier qui a récupéré de nombreux objets anciens relatifs au travail de la vigne au moment du tremblement de terre pour en faire une sorte de musée ; cave qui donc essaie de miser sur l’accueil des clients. Ils ont été parmi les premiers à initier un discours sur la valorisation de l’activité agricole. Région d’architecture de pierres et de bois. SAN ANGELO ALL’ESCA. Maisons qui fleurissent au bord des routes depuis les années 80, quasiment pas avant. Fragmentation, dispersion de l’urbanisation. L’industrie naissante dans les années 80 a permis d’ouvrir, de créer des infrastructures qui n’existaient pas. Mais ce sont des boulevards, vraiment très grandes routes. D’un côté, ça a permis aux villages d’être mieux desservi. FONTANAROSA. Ville de la pierre et du carnaval, avec des chars. PATERNOPOLI. Sorte de relancement après le séisme, dû à la reconstruction. Mais les fonds alloués ont été mal utilisés, car dépensé en grande majorité dans l’industrie. Aujourd’hui, il faut peut-être (c’est son avis) faire une agriculture d’aujourd’hui, ce qui englobe la notion de valeur ajouté, de transformation. Et en lien avec le tourisme. Les deux conjoints peuvent peut-être redonner une impulsion à l’économie locale. Visite d’un domaine viticole et oléicole. D’abord la partie viticulture. A savoir, un bâtiment ancien en pierre. Des constellations au dessus de la porte qui correspondent à celles qui donnent des infos nécessaires à une bonne récolte de vin. Noyer (à vérifier, anecdote), qui est un arbre soi-disant sacré donc on ne plante rien dessous, mais la vérité est que rien ne pousse car il fait trop d’ombre. Matériel ancien, pour tracer les plantations de vigne (ancêtre du laser), archives des comptes tenus depuis les années 1837, plans anciens conservés sous verre, documents de cession etc.
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Les portes d’entrée ont dû être agrandies pour le passage des silos pour la fermentation du vin. Mais mur porteur donc on a pu agrandir que sur un côté, et volonté aussi de rendre visible la transformation, montrer ce qu’il y avait avant. Conservation d’une trace de l’existant. Architecture conservée, arcades. Passe dessous la route. En fait, on creusait dans le sol et au fur et à mesure, on construisait des arcs pour solidifier, retenir la terre. Puis fabrique d’huile. Dans un autre bâtiment, plus haut, mais même conception architecturale avec les arcs. Présence d’un arc daté de 1741 qui est sans doute une fondation de l’église qui est elle-même située plus haut dans le village. Machines modernes installées dans ce sous-sol ancien, pour faire revivre le bâtiment, ne pas le laisser à l’abandon, l’utiliser. L’ancienne fabrique était déjà là, on n’a fait le choix de continuer à se développer à ce même endroit, et il y a encore de la place pour la future extension. La dame a parlé du fait qu’ils déplantent des vignes parce qu’elles coûtent trop cher à la commune, quelque chose comme ça. Fromages de brebis, particulier parce que les moutons mangent l’herbe d’un sol naturellement riches de certains gaz, ce qui donne un goût particulier. Châtaignes et noix (noisette) dans cette région. ROCCA SAN FELICE. Phase de reconstruction mais pas d’occupation pour le moment. Seulement pour les fêtes ou manifestations, une ou deux fois dans l’année. L’idée serait de redonner vie au moins pour toute la saison estivale à ce lieu. Production d’huile et fromages, peu de vin ici. ABBAZIA DEL GOLETO. Monastère, où vivent trois frères maintenant. Eglise de l’architecte napolitain Vaccaro. Restauration en deux phases, l’une plus moderne portant à controverse, l’autre plus proche de l’ancien. MONTEMARANO. Connu pour le vin et le Carnaval, mais pas avec des chars cette fois, plutôt des costumes et des danses (la Tarentelle). CASTELVETERE SUL CALORE. Création de l’ «Albergo diffuso», auberge diffuse, à savoir une sorte d’hôtel dans le château rénové du village. Plusieurs essais, n’ont pas bien fonctionné au début, l’année dernière davantage. Tout n’est pas encore restauré, un musée du carnaval est en projet. Il y a dans ce village une fête religieuse où des femmes font des petits pains qu’elles vont ensuite distribuer dans les villages voisins, endossant un vêtement cousu par leur soin. Ville qui reprend un peu vie, 1800 habitants, des petits commerces qui se développent. Partenariats avec la viticulture. SALZA IRPINA / PAROLISE. Deux villages collés et séparés par le fleuve. FEUDI SAN GREGORIO – MARENNÀ. Cave récente, haut de gamme. Deux lignes de production de vin, une de luxe et une plus « commercialisable ». Conçu par un architecte japonais, s’est étendu par dessus et sur les côtés d’une partie existante. Japonais : importance du jardin, avec de nombreuses plantes aromatiques, l’eau qui symbolise l’énergie. Mise à distance du reste du monde par un travail sur le sas d’entrée : sorte de cube par lequel on doit passé. Architecture moderne, tout en métal et verre. Bâtiment rectangulaire et qui vient s’inscrire dans la pente pour ne pas dénaturer le paysage. Restaurant qui fait la promotion des produits locaux, avec un chef qui travaille ces produits. Jardin avec des roses qui recouvrent tout une partie de la cave. La rose et la fleur du vin.
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15 Novembre 2014. Programme : Départ à 8h15 de Naples. Bus AIR032 vers Grottaminarda puis à 11h00 bus AIR025 vers Taurasi. Randonnée prévue entre Taurasi et Castelvetere-sul-Calore. Retour de Castelvetere-sul-Calore à 17h05 bus AIR005 vers Avellino puis à 18h00 bus AIR15703 vers Naples. Grottaminarda. Le bus m’a déposé là à 9h40, avec une dizaine d’autres personnes. Je pense que c’est une destination assez importante sur le parcours du bus, qui va à Ariano Irpino. Comme le second bus que je dois prendre n’est qu’à 11h, je suis allée marcher dans ce qui semble être une petite ville (8500 habitants après vérification). J’avais repéré depuis la route que la ville semblait avoir un petit centre historique en hauteur, avec un clocher, j’ai donc cherché à m’en approcher; Depuis la Piazzale Padre Pio, j’ai rejoint une sorte d’avenue commerçante, ensommeillée à cette heure matinale (10h un samedi). Puis j’ai grimpé en haut du village et ai enfin atteint le clocher. Malheureusement, il n’y avait rien de très historique, mise à part deux églises que je ne saurais dater. Ce sont surtout des maisons récentes avec des couleurs criardes. Un immeuble vert me reste particulièrement en tête. Puis un monsieur m’a indiqué les «endroits où je pourrais faire de belles photos». J’ai alors découvert les restes d’un chateau fort, à savoir une tour, et de vieilles maisons en pierre en ruines, peut-être à cause du séisme de 1980, ou simplement à cause du manque de vie et d’entretien. J’ai pu voir en redescendant un attroupement de personnes âgées, le long d’une rue, mais c’était seulement pour faire une visite à un défunt reposant au rez-de-chaussée d’une maison de ville (la porte était ouverte, on pouvait même voir le cercueil). Pour le reste, je n’ai pas croisé beaucoup de monde. Quelques personnes attendent actuellement le bus avec moi. Taurasi. De Grottaminarda, nous étions cinq jeunes dans le bus, quatre dont moi et un couple de touristes asiatiques sont descendus ici. Le bus nous a déposé le long d’une des deux rues principales du village, la viale Francesdo Tedesco. J’ai ensuite déambulé pour m’approcher du bourg médiéval. J’ai emprunté une petite route, un vieil escalier, en soi un sentier abandonné, et je suis arrivée à l’une des « portes d’entrée » du village (mais il y a une route plus principale pour y accéder). Dans le bourg, le vieux barbier m’a interpellé et est venu me parlé. C’est difficile de comprendre ce qu’il dit, il a un accent et mon italien n’est pas parfait. Il nous avait aussi interpellés lorsque j’étais venue avec Mr Della Gatta en octobre. Le village est calme mais il y a tout de même de nombreuses voitures, et pas assez de parking. Je suis assise devant la seconde porte du vieux village, je regarde du côté de la partie plus récente du village. 12h00. Des gens sont venus en attendre d’autres au niveau de la porte. 12h25. D’autres personnes sont venues attendre ici. Le village est globalement animé, il y a des petits groupes ça et là. Tout le monde se connaît. Une petite camionette à trois roues est venue s’arrêter en bas des marches, sur un emplacement tracé artisanalement à la bombe jaune fluo. Un petit chien errant me tient compagnie. Le vieux village est globalement rénové, mais j’ai l’impression que ce sont plutôt des personnes âgées qui y vivent. Castelvetere sul Calore. Après bien des péripéties (à savoir une marche interminable pour tenter de rejoindre ce village, suivi d’un abandon, et de la charité demandé à un inconnu en voiture pour enfin arriver à ma destination), je suis arrivée à Castelvetere. Nous sommes samedi, il est 16h, la ville est déserte. Quelques voitures passent, moins qu’à Taurasi. La village semble pourtant plus grand, la partie récente plus étendue. Mais les commerces sont plus parsemés et sont encore fermés. Un homme fait les cent pas, un autre promène son chien. Un homme attend, deux autres discutent devant un commerce. Plus on se rapproche de la partie ancienne, moins il y a de gens et de voitures. Il faut dire que si le plan de Taurasi est une arête de poisson, ici le bourg ancien est un vrai dédale d’escaliers ! Il est cependant plus grand, et des gens réalisent des travaux sur plusieurs habitations. J’ai vu aussi une femme âgée porter un grand seau d’eau. Chose présente ici mais pas forcément à Taurasi, des mamans avec leurs enfants. Mais ici, pas de touristes alors que j’en ai croisé 4 ou 5 à Taurasi en 2h. Dans cette partie de la ville, plus récente, les maisons sont un bricolage de briques rouges et de crépis colorés. 16h30: Dans un bar, un sur les deux que j’ai pu compter à Castelvetere, je prends un chocolat chaud bien mérité. Ici, que des retraités qui se retrouvent. La plupart reste dehors alors qu’il fait plutôt frais. Tous se connaissent et connaissent la serveuse. Il y a des jeux de carte sur les tables.
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2 Février 2015. Après l’entretien avec l’Arch. De Blasio, à Montella, il m’a proposé de me faire visiter son village Cassano Irpino, qui est en pleins travaux. Comment s’est formé le village ? Tout commence par un château médiéval, situé tout en haut du village. Il s’agit en fait d’un bastion (dont un mur a refait surface après le tremblement de terre de 1980; le château principal des environs était situé à Montella, et des bastions de surveillance et de défenses étaient disposés sur les sommets voisins, dont celui de Cassano Irpino ou encore Nusco. Le bastion est devenu une résidence baronale, avec un mur d’enceinte lui-même paré de petites tours, dont l’une est encore partiellement visible. Au XIIIème siècle a été fondé une petite église, restaurée après le séisme; une autre verra le jour au XVIème siècle, et sera agrandie deux siècles plus tard, ce qui témoigne de l’importante culture religieuse du village. Le village s’est ensuite développé par anneaux concentriques autour du «centre» (chateau+église+petite place), avec de petites rues, pavées et une architecture de pierre. Le tremblement de terre a endommagé beaucoup le village. Pour la reconstruction, on a privilégie l’édification ex novo, en dehors de l’enceinte de la ville. D’une part, cela a permis au gens d’avoir une plus grande maison, plus facilement accessible, avec un jardin, un garage... et les autres personnes, restant dans le centre historique et rénovant leur maison, pouvaient aussi vivre dans un tissu moins serré, avec un accès automobile qui était jusqu’alors impossible. Dans les rues actuelles, l’emprise ancienne des bâtiments est marquée par un pavage différent. Trois projets sont actuellement en cours dans le village. 1/ La rénovation du palais baronal d’abord, qui pourrait potentiellement abriter un musée de l’eau; car à Cassano Irpino existe une importante source. 2/ L’homogénéisation des façades, qui malheureusement au stade actuel, n’est pas exactement comme prévu (crépis de couleurs criardes notamment) 3/ La restauration de deux « rione », quartiers qui étaient restés abandonnés depuis le séisme. Nous avons d’ailleurs trouvé une pièce de 50 lires datant de 1979, que l’architecte m’a symboliquement offerte comme porte-bonheur.
7 Févier 2015. Promenade à travers l’Irpinia avec l’Avocat Antonino Ferrante, à la suite de notre entretien à son bureau. Nous sommes partis d’Ariano Irpino pour arriver à Avellino. Restaurant Maeba, à Mirabella Eclano. Ce restaurant a été crée dans un ancien pressoir à olives. Respectant l’existant, les murs n’ont absolument par été modifiés par l’architecte. Seul le sol a été refait car il était en mauvais état. Derrière la salle de réception, il y a comme un couloir, taillé dans la roche, avec de petites cavités de part et d’autres. Cette partie servait à conserver olives et huiles; la fraîcheur du lieu est aujourd’hui utilisée pour le stockage du vin. Le bâtiment est petit, caché à flanc de collines et offre une belle vue sur le paysage. Mastrobernardino, Grottaminarda. A proximité du village, l’entreprise viticole Mastrobernardino a installé un complexe de golf au milieu de ses vignes. Un autre moyen de profiter du paysage ! Mais comme il n’y a aucune production dans les bâtiments de ce site et donc peu de choses à voir, nous ne nous sommes pas attardés. Mastrobernardino, Atripalda. Une jeune femme, Vanessa, m’a fait visiter les lieux rapidement, fière de rappeler que cette cave est la plus vieille de la région, puisqu’elle y a été crée vers 1879. Elle n’a jamais quitté cette zone d’Atripalda, autrefois très pratique car en bordure du chemin de fer (qui ne fonctionne plus aujourd’hui). C’est aussi là qu’a toujours vécu la famille. Le bâtiment est assez classique, la façade sur rue a été détruite lors du séisme mais a été reconstruite à l’identique sur le bâtiment un peu plus à l’arrière. J’ai aussi eu le privilège de visiter la réserve familiale, avec des bouteilles datant de 1927 ! Puis retour à Avellino et bus pour Naples. 71
18 Février 2015. Promenade à Gesualdo. Nous avons pris le bus à Naples Garibaldi à 12h00, en direction d’Ariano Irpino. Arrivés à Grottaminarda à 13h30, nous avons eu du mal à savoir lequel de ces dix bus prêts au départ étaient le nôtre ! Beaucoup de jeunes, collégiens, lycéens je pense, attendaient les bus. Grottaminarda semble être un «centre» en Irpinia, avec de nombreuses correspondances de bus, parfois même pour Rome. Aidés par les chauffeurs, nous avons trouvé notre bus. Un couple d’anglais nous a interpellés, ils allaient aussi visiter Gesualdo. Nous y sommes arrivés à 14h30. Pour trouver l’arrêt de bus, enfin le village, ce fut facile, un château trône en hauteur au centre du bourg. Depuis l’arrêt, descente abrupte à travers des maisons plutôt récentes pour s’approcher du château (qui se transformera donc en une montée abrupte quelques heures plus tard...). Là, on est arrivé sur une petite placette avec une petite route pour rejoindre ledit château, un bar/café avec quelques petits vieux devant, très calmes, et un petit bar sous une sorte de petit chalet et chapiteau, où il semblait y avoir plus d’ambiance, avec une moyenne d’âge assez jeune cette fois. Nous avons contourné le château par un petit sentier et nous sommes arrivés, derrière, à une partie de village plus historique. Des restaurations en pierre, fidèles au passé, une petite place - minuscule - qui semble servir de petit amphithéâtre pour des projections sur grand écran (en témoigne un châssis métallique), et un bel accès handicapé (je le mentionne car ce n’est pas une évidence en Italie). Il reste malgré tout de nombreuses ruines, par rapport à d’autres villages comme Taurasi. Peut-être est-ce parce que le tremblement de terre a été plus dévastateur ici ? Ce village me fait penser à Cassano Irpino. Premièrement parce qu’il a une forme concentrique, partant du château en hauteur (même si celui de Gesualdo est bien plus imposant). Puis, tous deux villages font partie de ces bourgs qui où l’on a reconstruit hors de la ville après le séisme de 1980. Et les parties récentes sont facilement reconnaissables. Au détour de nos déambulations, nous sommes arrivés sur une autre placette, avec sa chapelle, sa fontaine et sa jolie vue sur le paysage. Son restaurant aussi... mais fermé évidemment. Nous nous sommes ensuite approchés du château sous un vent intraitable, puis après un petit tour par les quartiers plus récents, nous avons repris le bus en compagnie de deux adolescents. Cette fois, le trajet fut Gesualdo - Grottaminarda, Grottaminarda - Avellino, Avellino - Naples... soit environ 3h30 ! Mais les beaux paysages aident à passer le temps !
2 Mai 2015. Une après-midi à Trevico. Je souhaitais me rendre à la «Casa della Paesologia», une maison ouverte où, moyennant une côtisation annuelle assez symbolique, il est possible de venir séjourner pour se ressourcer, s’éloigner quelques temps de la ville et redonner vie à ce petit bourg. Avec deux amies, nous avons pris le bus de 12h00 à Naples Garibaldi pour aller à Trevico. Changement de bus à 14h à Grottaminarda. Nous ne nous comprenons pas bien avec le chauffeur dot le parcours en réalité s’arrête avant Vallata, le village dans lequel nous souhaitions descendre pour poursuivre à pied (car pas de bus pour Trevico). Le chauffeur commence à papoter avec nous, je lui explique mes origines italiennes, le sujet de mon mémoire. Il cherche une solution pour nous, passe un coup de téléphone, puis nous dit qu’il nous amène avec lui au dépôt du bus pour ensuite nous emmener avec sa voiture personnelle jusqu’à Trevico. En effet, la route Vallata-Trevico n’est pas très longue mais c’est une montée ! Il doit avoir pitié de nous ! On sympathise davantage dans la voiture, il nous explique que sa nièce est architecte et avait fait son mémoire sur la restauration d’une maison typique et d’une petite église attenante (de Trevico je suppose...), il nous suggère de visiter Zungoli, un autre bourg médiéval qui a un château (bon, ce qui est assez courant ici au final), et de déguster les produits locaux dans quelques bons agrotourismes. On arrive au village, on le remercie et on commence à se ballader dans le village. Celui-ci a aussi une forme concentrique, qui part du haut de la montagne avec la partie plus ancienne et descend les pentes en anneaux de plus en plus récents. Nous n’avons pas l’adresse de la Casa della Paesologia, nous demandons donc à une vieille dame qui ne semble pas comprendre, et que nous ne comprenons pas vraiment nous plus. Une porte est ouverte et une de mes amies demandent aux gens qui sont à l’intérieur, ils nous y conduisent. La porte est ouverte. On frappe, on sonne, puis une petite voix nous dit d’entrer. C’est une dame, Biancamaria, qui nous reçoit. Elle nous dit que le groupe est parti pour la journée en excursion, mais qu’elle est restée là parce qu’elle avait de la fièvre. Ils ne vont pas tarder à rentrer, elle nous propose de rester là et de manger un peu en attendant. Nous choisissons de visiter un peu le village et de repasser plus tard. Il 72
n’y a quasiment personne dans les rues et les quelques personnes que nous croisons (des jeunes pour la plupart) nous disent bonjour. En effet, on n’est bien à la campagne ! Une personne nous demande même si on est là pour la Casa della Paesologia. A croire que les seuls touristes qui passent par ici viennent pour ça. Pourtant, c’est le village le plus haut du sud de l’Italie. La vue est vraiment sympa et on peut voir à 360°: d’un côté les Pouilles, de l’autre l’Irpinia, la vallée de l’Ufita. On trouve un petit supermarché, dont le vendeur s’était ecclipsé pour faire des travaux dans sa maison voisine; lorsqu’il nous voit, on lui demande de nous préparer des sandwichs avec des produits frais. Après notre petit goûter au soleil, nous sommes retournées à la Casa, mais les membres de l’association n’étaient pas encore rentrés. C’est donc Biancamaria qui va nous parler un peu de la maison et de l’organisation. Elle nous fait visiter: un salon, une cuisine, une salle de bain (sans eau chaude), et plusieurs chambres en enfilade. Une vingtaine de personnes peut y dormir simultanément. Nous apprenons que l’association a été fondée par le poète Franco Arminio; qui a également fondé le concept de «Paesologia»: une sorte de philosophie tournée autour d’un retour vers les traditions, d’amour de la musique, de la poésie et des belles choses. Ce qui résume l’ambiance à la Casa. Généralement les membres s’y rejoignent en groupe, ils viennent rarement seuls. Biancamaria vient ici pour échapper à la ville (elle vit à Naples); aux embouteillages, à l’effervescence de la métropole, et se retrouver ici dans un lieu calme, avec soi-même, partager de la musique, des repas avec les autres membres. Elle me montre des vidéos des récents événements autour de la musique et de la danse, me parle d’un vieux paysan de 86 ans qui est venu parler de sa vie et jouer de l’accordéon. Nous avons peu de temps et nous devons partir. En effet, nous devons descendre à Vallata pour reprendre le bus de 18h. Après 45 min de marche (en descente), nous sommes au village où des personnes âgées se demandent ce que l’on peut bien faire ici. On est un peu en avance donc j’en profite pour acheter un peu de fromage de brebis. Puis le bus arrive et après 2h30 de route et deux changements, nous sommes de retour à Naples !
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C) Analyse de la Comunità Montana Terminio Cervialto FICHE D’IDENTITÉ Caserta
Benevento Avellino
Napoli
Salerno
San Mango Chiusano Salza Sorbo I. Santo S. Stefano S.Lucia
Volturara
Castelvetere Castelfranci
Montemarano Cassano
Nusco
Serino Montella
Caposele
Bagnoli Irpino Calabritto
Position de la province d’Avellino dans la région Campanie; position de la CMTC dans la province d’Avellino et répartition des villages.
Senerchia
Bagnoli Irpino 3243 habitants Densité 49,7 hab/m2 Superficie 66,9 km2 Altitude 654 m
Cassano Irpino 994 habitants Densité 77,5 hab/m2 Superficie 12,34 km2 Altitude 550 m
Chiusano San Domenico 2309 habitants Densité 101,4 hab/m2 Superficie 24,56 km2 Altitude 706 m
Calabritto 2427 habitants Densité 55,4 hab/m2 Superficie 51,77 km2 Altitude 460 m
Castelfranci 2060 habitants Densité 214,7 hab/m2 Superficie 11,83 km2 Altitude 450 m
Montella 7858 habitants Densité 94,8 hab/m2 Superficie 83,32 km2 Altitude 560 m
Caposele 3494 habitants Densité: 91,5 hab/m2 Superficie: 41,50 km2 Altitude: 405 m
Castelvetere-sul-Calore 1624 habitants Densité 100,4 hab/m2 Superficie 17,06 km2 Altitude 750 m
Montemarano 2887 habitants Densité 90,1 hab/m2 Superficie 33,76 km2 Altitude 820 m 74
Nusco 4218 habitants Densité 79,1 hab/m2 Superficie 53,46 km2 Altitude 914 m
Santa Lucia di Serino 1425 habitants Densité 391,7 hab/m2 Superficie 3,9 km2 Altitude 410 m
Serino 7013 habitants Densité 134,4 hab/m2 Superficie 52,17km2 Altitude 415 m
Salza Irpina 785 habitants Densité 162 hab/m2 Superficie 4,92 km2 Altitude 540 m
Santo Stefano del Sole 2225 habitants Densité 197,9 hab/m2 Superficie 10,77 km2 Altitude 328 m
Sorbo Serpico 586 habitants Densité 70,7 hab/m2 Superficie 8 km2 Altitude 480 m
San Mango sul Calore 1203 habitants Densité: 84,9 hab/m2 Superficie: 14,53 km2 Altitude: 470 m
Senerchia 841 habitants Densité 24,6 hab/m2 Superficie 35,99 km2 Altitude 600 m
Volturara Irpina 4218 habitants Densité 129,1 hab/m2 Superficie 32,76 km2 Altitude 697 m
DÉMOGRAPHIE émergences de centralités
.
Communes de plus de 5000 habitants Communes de 1000 à 5000 habitants Communes de moins de 1000 habitants Communes en croissance démographique comparaison des données 2005 et 2015
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DEMOGRAPHIE Bagnoli Irpino Calabritto Caposele Cassano Irpino Castelfranci Castelvetere Chiusano Montella Montemarano Nusco Salza Irpina San Mango Santa Lucia Santo Stefano Sernerchia Serino Sorbo Serpico Volturara Irpina
0-‐14 10,5 9,1
15-‐64 68,2 63,3
65+ 21,3 27,6
11,8 12,1 11,9
66,1 70,1 63,1
22,1 17,8 25
12,4 12,8 12,9 9,5 11,5 9,7 8,9
62,9 65 65,7 74,1 65,5 69,4 63,7
24,7 23,2 21,4 16,4 23 20,9 27,4
13,4 13,5 8,8
66,9 68,1 68,8
19,6 18,3 22,4
13,7
64,4
21,8
12,9 12,9
67,7 62,3
19,3 24,8
Pourcentage de chaque tranche d’âge dans chaque village.
INFRASTRUCTURES
un réseau de petites voies de communication.
Carte du réseau routier. En orange les autoroute, en jaune les nationales et en vert les provinciales.
76
Bagnoli Irpino Avellino : 42min Naples : 1h17 Salerno : 58 min Benevento : 1h02 Caserta : 1h25
Chiusano San Domenico Avellino : 22min Naples : 58min Salerno : 39min Benevento : 38min Caserta : 1h08
Santa Lucia di Serino Avellino : 19 min Naples : 59 min Salerno : 27 min Benevento : 44 min Caserta : 1h08
Calabritto Avellino : 1h02 Naples : 1h32 Salerno : 54 min Benevento : 1h25 Caserta : 1h46
Montella Avellino : 38 min Naples : 1h14 Salerno : 56 min Benevento : 59min Caserta : 1h23
Santo Stefano del Sole Avellino : 23 min Naples : 1h03 Salerno : 31 min Benevento : 47 min Caserta : 1h12
Caposele Avellino : 53 min Naples : 1h28 Salerno : 54 min Benevento : 1h14 Caserta : 1h37
Montemarano Avellino : 36 min Naples : 1h13 Salerno : 54 min Benevento : 53 min Caserta : 1h21
Serino Avellino : 15 min Naples : 55 min Salerno : 23 min Benevento : 40 min Caserta : 1h04
Cassano Irpino Avellino : 36 min Naples : 1h11 Salerno : 55 min Benevento : 56 min Caserta : 1h20
Nusco Avellino : 45 min Naples : 1h22 Salerno : 1h02 Benevento : 1h06 Caserta : 1h30
Senerchia Avellino : 1h09 Naples : 1h30 Salerno : 52 min Benevento : 1h31 Caserta : 1h45
Castelfranci Avellino : 41 min Naples : 1h17 Salerno : 58 min Benevento : 58 min Caserta : 1h26
Salza Irpina Avellino : 22 min Naples : 59 min Salerno : 40 min Benevento : 44 min Caserta : 1h08
Sorbo Serpico Avellino : 23 min Naples : 1h01 Salerno : 38 min Benevento : 46 min Caserta : 1h10
Castelvetere sul Calore Avellino : 29 min Naples : 1h04 Salerno : 46 min Benevento : 46 min Caserta : 1h14
San Mango sul Calore Avellino : 31 min Naples : 1h08 Salerno : 48 min Benevento : 48 min Caserta : 1h17
Volturara Irpina Avellino : 25 min Naples : 1h02 Salerno : 43 min Benevento : 46 min Caserta : 1h11
Temps de trajet en voiture jusqu’aux capitales de province.
77
des communes proches mais des temps de déplacement longs Temps de trajet en voiture entre les villages.
un réseau de bus développé mais inégal Temps de trajet en bus entre les villages.
78
SANTÉ ET SERVICES des centralités relatives à l’éducation
Université Lycée Collège
manque de médecins et absence d’hôpitaux
Hôpital Pharmacie Médecin
79
PRODUCTIONS AGRICOLES une agriculture très variée
un élevage diversifié
80
TOURISME la présence d’un patrimoine architectural
Château & Fortification Bourg médiéval Musée
Ne sont pas représentés les édifices religieux qui sont présents dans tous les villages sans exception.
des atouts pour le tourisme environnemental
Lac Oasis «WWF» Source & Cascade Grotte Monts Terminio & Cervialto Sentiero Italia : C’est un itinéraire de trekking qui suit les Appenins du nord au Sud, puis continue jusqu’à la Sicile.
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une bonne répartition des structures d’hébergement
Hôtel et Bed&Breakfast Agrotourisme et «Country House» Auberge diffuse Restaurants Plus l’icône est grande, plus le nombre d’hébergement de ce type est élevé.
C’est à Bagnoli qu’on retrouve le plus grand nombre d’hébergements et de restaurants, notamment à cause d’une station de ski autour de laquelle s’est développé le tourisme.
Crédits des logos Creative Stall - Matthew R.Miller - P.J. Onori - Anuar Zhumaev - Rafaël Massé - Christopher Classens - Noi Navve - Pieter J. Smits - Hubert Orlik-Grzesik - Jardson Almeida - Joab Penalva - Wilson Joseph - Hunotika - Yi Chen - Marco Galtarossa - Gabriele Malaspina - Francesca Ciafrè - Agne Alesiute https://thenounproject.com/
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