Mémoire de Master 2

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LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

LUCIE CICOGNOLA MEMOIRE

DE

MASTER 2


- SOMMAIRE R E M E R C I E M E N T S .................................................................................................................................. 3 P R É A M B U L E ................................................................................................................................................. 5 I - Q U ’ E S T C E Q U ’ U N C E N T R E - B O U R G ? ........................................................................ 9 1 . 1 - P R E S E N T A T I O N G E N E R A L E .................................................................................................................... 9 1.2 - PORTRAIT DU CENTRE-BOURG SELON L’URBANISME, UNE DEFINITION PAR C R I T E R E S ..................................................................................................................................................................... 11 1 . 3 - E T U D E D E C A S 1 : C H A N A C . ............................................................................................................ 15 1 . 4 - E T U D E D E C A S 2 : L O D E V E . .............................................................................................................. 17

II- LE CENTRE BOURG DANS SON TERRITOIRE : QUELLES SONT LES D Y N A M I Q U E S D E D É V I T A L I S A T I O N ? ............................................................................. 21 2.1 - DIAGNOSTIC DES SYMPTOMES DE LA DEVITALISATION, ILLUSTRATION AVEC LES E T U D E S D E C A S ......................................................................................................................................................... 21 2 . 2 - S I T U A T I O N G E O G R A P H I Q U E D E S C E N T R E S - B O U R G S D A N S L E T E R R I T O I R E . ............ 27 2.3 - UNE EVOLUTION DES MODES DE VIE ET UNE CENTRALITE AFFAIBLIE : FACTEURS M A J E U R S D A N S L A D E V I T A L I S A T I O N . ............................................................................................................ 33

III- LE CENTRE-BOURG AU XXI EME SIÈCLE : COMMENT REVITALISER ? COMMENT RENFORCER OU REDONNER UNE C E N T R A L I T É ? ......................................................................................................................................... 39 3.1- SYNTHESE DES ENJEUX POUR LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS ETUDIES .......................................................................................................................................................................................... 39 3 . 2 - R E N O V E R L ’ H A B I T A T E T L ’ A D A P T E R A U X B E S O I N S .................................................................... 43 3 . 3 - Q U A L I F I E R L ’ E S P A C E P U B L I C P O U R R E V I T A L I S E R L E C E N T R E - B O U R G ......................... 49

IV- COMMENT REVITALISER EN AMORÇANT UNE TRANSITION É C O L O G I Q U E ? ................................................................................................................................... 57 4.1 - QU’EST CE QUE LA TRANSITION ECOLOGIQUE ET POURQUOI REVITALISER D A N S C E T T E D I R E C T I O N ? .................................................................................................................................. 57 4.2 - ACCROITRE LE SENTIMENT D’APPARTENANCE ET L’INVESTISSEMENT COLLECTIF : U N E D I M E N S I O N S O C I A L E ................................................................................................................................... 61 4.3 - STRATEGIES CONSTRUCTIVES : APPROCHE BIOCLIMATIQUE ET ECONOMIE C I R C U L A I R E . ............................................................................................................................................................... 65

P O U R C O N C L U R E .............................................................................................................................. 73 B I B L I O G R A P H I E ..................................................................................................................................... 75 G L O S S A I R E ................................................................................................................................................ 78 A N N E X E S ..................................................................................................................................................... 84


Croquis des jardins à la française de l’hôtel de ville de Lodève

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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier sincèrement mon directeur de mémoire, M. Philippe Devillers, pour m’avoir guidée et conseillée tout au long de ce travail initiatique de recherche et d’écriture de fin d’étude. Je le remercie aussi pour son écoute, sa disponibilité et son intérêt qui ont fortement contribué à l’aboutissement de ce mémoire. Il a su réunir et apporter toutes les clés pour rendre cette expérience enrichissante, et en m’accompagnant dans une méthodologie, une rigueur et une constance dans mon travail Je tiens aussi à remercier vivement mon professeur de studio de Master 2 dans le domaine Architecture et Milieux, M. Jean Planès, avec lequel nous avons travaillé autour de la revitalisation des centres-bourgs à travers la requalification d’espaces publics. Je le remercie pour son implication, sa justesse dans ses interventions, son goût pour la transmission de savoir et sa curiosité intellectuelle qui m’ont grandement inspirées. Je le remercie aussi pour la confiance qu’il porte envers ses étudiants, et pour tous ses conseils, notamment d’expression orale, qui m’ont grandement aidée à combattre une certaine appréhension des présentations orales. Je remercie aussi toutes les personnes qui m’ont aidées et qui ont, de près ou de loin, contribué à ce travail. Je pense aux élus des communes qui ont pris le temps de me/nous recevoir dans leurs locaux, de répondre à mes questions avec bienveillance lors d’entretiens ou de rendus, de me conseiller dans les différents projets que j’ai pu mener et qui m’ont grandement aidée, par conséquent, dans la rédaction de ce travail. Enfin, je remercie tout particulièrement et chaleureusement ma famille. Merci de m’avoir toujours écoutée et entendue, de m’avoir aidée et soutenue, de m’avoir motivée et redonné force dans des moments de fragilité, à travers vos critiques et remarques, vos relectures, vos mots, votre regard, tout simplement votre présence.

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Croquis de l’entrée hypothétique de l’hôtel de ville de Lodève.

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PRÉAMBULE En

partant de la problématique de l’évolution des tissus urbains, de la préservation du patrimoine [cf glossaire], des enjeux écologiques actuels, et du constat de l’accroissement exponentiel des villes et de leurs besoins énergétiques, je me suis tournée vers l’étude de la revitalisations des centres-bourgs ainsi qu’à leur transition écologique [cf glossaire]. De nombreux enjeux et questionnements sont primordiaux et, selon moi, nécessaires au métier d’architecte. Il m’est donc apparu de plus en plus évident que se sentir concerné par la place et l’influence de l’architecte tant dans la transition écologique, que dans la redynamisation des centres-bourgs, était désormais primordial. De nombreuses problématiques se soulèvent alors, comment savoir construire durablement ? Avec quoi ? Dans quelles mesures ? Les centres-bourgs sont sur le devant de la scène et au coeur de nombreuses préoccupations depuis quelques années. Les publications et interventions à leur sujet se sont multipliées, à travers différents champs d’actions témoignant d’une réelle prise de conscience et d’une volonté d’agir. C’est au début de l’été 2014 que Le Gouvernement a lancé un programme expérimental pour la revitalisation des centres-bourgs en retenant 54 lauréats pour une durée de 6 ans. [1] Cette démarche est menée par les ministères de la cohésion des territoires, de la transition écologique et énergétique, des Outre-Mer et de la culture. L’expérimentation « centres-bourgs » cherche à préserver ou concevoir un maillage équilibré du territoire, avec la présence de centres-bourgs vivants et animés, pour répondre à la fois aux enjeux d’égalité des territoires et de transition écologique et énergétique. Les évolutions législatives récentes visent donc à limiter l'étalement urbain pour conserver des terres agricoles et les espaces naturels.

Les centres-bourgs connaissent aujourd’hui une forte dévitalisation [cf glossaire], du fait de la perte de leurs fonctions autrefois vitales et originelles (commerces, services, emplois, etc.). Bien que le terme « dévitalisation » soit de plus en plus utilisé, il n’est pas évident de trouver une définition unique. Au sens physiologique, la dévitalisation s’entend comme la « destruction de la pulpe d'une dent, des vaisseaux et des nerfs qu'elle contient ». [cf glossaire]C’est donc la perte de vie de quelque chose, le passage d’un état de vitalité à un état amoindri et fébrile. La dévitalisation urbaine doit donc être entendue dans le même sens, celui de l’extinction, de l’affaiblissement d’un espace urbanisé, d’un espace habité. Dans un sens, certains centres-bourgs connaissent un regain d’intérêt du fait du retour au « local » ou au tourisme mais subissent également des phénomènes « d’absorption » dus aux dynamiques et développements métropolitains et à la

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volonté d’urbanisation croissante. Face à ces constats, les enjeux de requalification des centres-bourgs sont divers, ils sont autant urbains, économiques et sociaux, que patrimoniaux, spatiaux, paysagers, écologiques etc. La problématique est donc d'explorer la capacité à redorer le blason de nombreux centres-bourgs de plus en plus oubliés, à réinterroger le vivre ensemble dans l'espace public [cf glossaire], à questionner la volonté du développement d’un espace tout en suivant la trame d’une transition écologique [cf glossaire]. De fait, comment réanimer les centresbourgs ? Comment recréer une urbanité et une centralité ?

Ce mémoire se structure en quatre grands temps. La première partie définira le centre-bourg selon son histoire, ses caractéristiques morphologiques et présentera les deux études de cas des centres-bourgs sur lesquelles nous nous baserons pour un travail hypothétique de revitalisation. Le deuxième temps se consacre aux dynamiques de dévitalisations, appuyé par le diagnostic des centres-bourgs étudiés ainsi qu’une étude de l’évolution des modes de vie, facteur majeur dans cette dévitalisation [cf glossaire]. Elle soulève également la question de la centralité de ces espaces dans le rural et le périurbain. La troisième partie quant à elle, traite, dans un caractère général, des possibles solutions de revitalisation des centres-bourgs par le projet urbain. Enfin, la quatrième et dernière partie se concentrera sur la revitalisation dans l’optique d’une transition écologique [cf glossaire] et d’un développement [cf glossaire] sain et pérenne. Elle sera illustré par des hypothèses d’interventions sur les études de cas et s’intéressera à la question du collectif, de la mixité sociale et des stratégies constructives pouvant être mises en place.

L’étude et les questionnements dans ce mémoire sont à caractère expérimental et de recherche. Une des difficultés majeures a été de trouver des données statistiques concrètes et précises sur les centres-bourgs spécifiquement, le terme étant lui même complexe à définir, beaucoup d’écrits dans la littérature traitent des villes ou des villages. En outre, ils ne sont pas une catégorie évidente de l’Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE). Quelques nuances sont donc à apporter au propos énoncé, cet écrit n’a pas la prétention de l’exhaustivité mais tend à être le plus représentatif et juste possible.

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I- QU’EST CE QU’UN CENTRE-BOURG ? 1.1 - PRESENTATION GENERALE

Dans

le dispositif de redynamisation des centres bourgs lancé par le gouvernement en 2014, [1] cette volonté est le résultat d’une réflexion et d’une vision pour le territoire dans différentes perspectives de temps et d’espace. Une réflexion menée depuis le bassin de vie, jusqu’à la parcelle, au logement, et les interventions visent à être progressives et cohérentes. Selon le programme, un ensemble d’action renouvelant l’attractivité [cf glossaire], fixant durablement les habitants et le développement [cf glossaire]seraient la clé d’un centre-bourg revitalisé. Elles concernent la requalification des logements, leur rénovation thermique, le traitement des espaces publics [cf glossaire], etc. mais elles ne peuvent s’envisager sans des interventions visant à dynamiser l’économie locale [cf glossaire], à créer des dynamiques collectives pérennes associant l’ensemble de acteurs, à structurer et pérenniser les solidarités à l’échelle des bassins de vie. Le programme vise notamment à : « - Dynamiser l’économie des bassins de vie ruraux et périurbains, en développant des activités productives et résidentielles ; - Améliorer le cadre de vie des populations, en offrant notamment des logements de qualité et un meilleur accès aux services de proximité ; Accompagner la transition écologique [cf glossaire] des territoires et limiter l’artificialisation des sols liée à l’étalement urbain. »[1]

Deux types de territoires sont visés. Dans un premier temps les bourgs des bassins de vie ruraux qui ont un rôle de structuration du territoire et d’organisation de centralités de proximité, mais qui sont en perte de vitalité, et recouvrent des enjeux de requalification de l’habitat. Et dans un second temps les bourgs dans les troisièmes couronnes périurbaines, qui font face à une arrivée de nouvelles populations, à des demandes fortes en logements et services et à des besoins d’adaptation de l’habitat existant (vieillissement de la population, etc.). Le Commissariat Général à l’Égalité des Territoires assure le pilotage interministériel du programme. L’Agence nationale de l’habitat est en charge de la mise en œuvre opérationnelle et du suivi des opérations de revitalisation. Participent également à la mise en œuvre du dispositif le Ministère de la Culture et de la Communication, le Ministère de l’Économie et le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement. Ces actions doivent engager le territoire dans la transition écologique et énergétique à toutes les échelles. Croquis de la Grand Rue de Lodève

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Au-delà des finalités en elles-mêmes, le projet de territoire doit également porter une attention particulière aux dimensions ergonomiques, sociologiques et économiques. Il se doit d’interroger différents sujets et de répondre à de nombreuses questions. De quoi le centre bourg vibre-t-il? La vision politique portée par l’équipe municipale se traduit-elle dans le paysage du territoire? Ce paysage est-il valorisé? Les richesses locales sont-elles mises en avant ? Mais aussi les réalisations, les infrastructures, les établissements [cf glossaire], les organisations, les aménagements nous facilitent-ils la vie quotidienne ? Sont-ils en adéquation avec nos rythmes de vie ? Sont-ils adaptés à la diversité des usages ? Et ont-ils une utilité temporelle au quotidien, le temps du week-end, le temps des vacances?

Quelle place le projet donne-t-il à la co-construction avec les habitants, les élus, les acteurs économiques? Au faire ensemble? Aux lieux de rencontre? Les habitants s’identifient-ils à leur cadre de vie? En sont-ils fiers? Se sentent-ils appartenir [cf glossaire] à la vie de leur village ? Enfin, le projet est-il adapté aux capacités financières de la collectivité [cf glossaire]? La collectivité propose-t-elle des dispositifs d’accompagnement, de soutien dans des projets parfois incertains, longs ? Il n’existe pas une seule et unique réponse pour revitaliser un centre-bourg. C’est un ensemble d’objectifs, de conditions à réunir, d’outils à mobiliser, d’actions à organiser dans le temps et qui doivent être adaptées aux spécificités de chacun des centresbourgs concernés.

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1.2 - PORTRAIT DU CENTRE-BOURG SELON L’URBANISME, UNE DEFINITION PAR CRITERES

La notion de « centre-bourg » est aujourd’hui fréquemment utilisée pour qualifier de façon très vaste le centre d’un village en milieu rural, mais sa définition est en réalité bien plus complexe et quasiment impossible à trouver en tant que telle. Pour définir cette notion de « centre-bourg » il s’agit donc de s’intéresser indépendamment aux deux termes qui la composent : centre et bourg tout en tenant compte du contexte dans lequel le terme est utilisé.

Commençons

donc par nous intéresser au « centre » de cette notion générale de « centre-bourg » pour pouvoir petit à petit la définir. Dans le dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, selon Pierre MERLIN et Françoise CHOAY « le centre n'est pas un point, mais un lieu dont l'étendue et l'importance relative varient suivant certaines conditions. Les caractéristiques du centre peuvent être visuelles, structurelles et/ou fonctionnelles. Elles sont variables dans le temps et suivant l'évolution économique, technique et les conditions politiques. Elles s'opposent en général à celles de la périphérie. » [2] Un centre s’inscrit donc dans un espace donné et possède des spécificités et des caractéristiques propres à lui même mais aussi en relation avec son environnement. Ces caractéristiques peuvent être entendues comme des critères de définition même du centre, c’est pourquoi la notion de centre peut varier selon la typologie du bâti, l'architecture, l’esthétique ou encore les matériaux de construction utilisés localement dans une architecture plus vernaculaire [cf glossaire]. La structure s'intéresse à la morphologie urbaine, à l'organisation des espaces publics [cf glossaire], d'habitation, d'activités, de circulation, qui sont euxmêmes des fonctions urbaines. Ces caractéristiques sont des héritages de l'histoire de la formation des centres-bourgs, associés à la notion de temporalité qui varie, évolue en fonction centre bourg étudié. Comme tout ensemble bâti, il est soumis à des évolutions et à des mutations, ce qui rend sa définition et son appréhension d'autant plus complexes. De manière plus précise, « dans la littérature géographique, le terme de centre peut s'appliquer à une partie privilégiée de la ville, (...) mais il peut englober une partie plus étendue et plus complexe. Dans une agglomération, on qualifie de centre la ville principale. (...) Le centre peut aussi caractériser le rôle d'un pôle urbain à l'intérieur d'une zone rurale ou la relative importance d'un bourg par rapport aux villages qui l'entourent (village-centre). » (Ibid.) A travers cette définition la notion de spatialisation du centre est évoquée, ainsi que sa mise en perspective et en relation avec la ville et les territoires. La définition d'un centre semble donc dépendre tant d’un contexte historique et temporel mais aussi du contexte territorial et spatial de son développement. Se pose donc la question suivante : comment déterminer un centre

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? La signification d'un centre repose sur la classification que l'on adopte et sur les critères qui s'y réfèrent. Quels sont-ils ? « Le centre bénéficie de tous les attributs de la centralité. La puissance du centre peut être appréciée comparativement de différentes manières : par le nombre absolu de sa population totale (ce qui est manifestement insuffisant), par le rapport entre cette population totale et le nombre de personnes employées dans le commerce de détail et les services, (...) par le niveau d'équipement en nombre et/ou en variété et/ou en sophistication, (...) par l'existence et l'importance des commerces et des activités rares. » (Ibid.) Le premier facteur de définition d'un centre est donc la démographie, mais il serait incomplet et infondé de penser qu’il en est le seul. Par conséquent, ce n'est pas parce qu'un ensemble bâti regroupe une population quantitativement importante que cela en fait pour autant un centre. La démographie à elle seule ne qualifie pas d’un lieu comme « centre ». Les activités économiques, l’emploi sont aussi des indicateurs clefs à prendre en compte ainsi le nombre et la qualité des équipements publics, qui concentrent la population et jouent un rôle d'attractivité. La définition d'un centre est donc multifactorielle.

S’associe au centre le terme de bourg, qui lui aussi est complexe à définir. Une première approche claire et simplifiée est livrée par de nombreux dictionnaires tels que le dictionnaire en ligne Larousse. Son étymologie latine est burgus, héritée du germanique burg signifiant « ville fortifiée », le bourg est alors signifié comme étant un « gros village qui présente certains caractères urbains », et/ou une « agglomération principale d'une commune (par opposition aux hameaux) ». On perçoit donc une origine rurale, médiévale, historique, ainsi qu'une notion d'échelle avec la prise en compte du territoire communal. Par l’évocation des hameaux, on s’affranchit du seul centre. En s’intéressant à la définition donnée par le dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, le bourg, selon Pierre MERLIN et Françoise CHOAY, « s'applique à une agglomération qui s'inscrit aux marges de la cité, en situation périurbaine, ou dans la campagne. Les bourgs (...) abritent souvent une population d'artisans ou de marchands : ils constituent le noyau de la bourgeoisie. (...) Ils sont le siège de marché ou de foires, et abritent des services élémentaires. Dans l'ouest de la France, on désigne par bourg le centre des communes. (...) Le bourg abrite l'école, la mairie et l'église, mais n'est pas nécessairement plus important que d'autres fractions de la commune. » [2] La notion de bourg évolue donc et se précise, mais on peut tout de même conserver des aspects clefs comme l'origine médiévale (avec les fortifications), qui explique la formation de ces centres. Le « bourg », comme le « centre » dépend de certains critères qui sont en réalité très similaires. Il s'agit ici de voir le bourg comme le centre, le lieu qui rassemble la population, des activités économiques et des services dits « de base », une centralisé s’articule autour de ce bourg et en faire le « siège » de la vie de la commune. Le bourg est le centre de la commune, il est identifié comme étant une entité spatiale autonome, située en dehors de la ville, et donc dans les espaces périurbains ou la campagne.

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Cette

expression de « centre-bourg » est utilisée pour les premières fois à la fin des années 90 par Valérie Jousseaume lors de l’écriture de sa thèse. Elle s'intéresse au Département de la Loire Atlantique, et a construit sa définition selon les caractéristiques de ce territoire. Néanmoins, les précisions qu'elle apporte au terme sont enrichissantes dans la vision et la compréhension du sujet principal de ce mémoire. L’appellation « bourg-centre » est mobilisée afin de distinguer « « le cheflieu » de la simple commune, « le bourg », et le petit centre rural intermédiaire entre le bourg et la petite ville, « le bourg-centre » ».[3] Pour elle, le bourg-centre n’est pas une partie de la commune comme le sont les centres-bourgs, mais la commune dans son intégralité. C'est une catégorie du découpage territorial, et donc de la hiérarchie urbaine, entre le bourg et la ville. Aussi, elle énonce combien il est difficile et délicat de définir le bourg-centre. Elle évoque le décalage entre les définitions données au niveau national, et les caractéristiques régionales voir locales. De ce fait, le RéseauBourgs (1993) a évité cet écueil en proposant une définition simple en trois critères. C'est « le niveau de population, le niveau d'équipement et l'indépendance vis-à-vis de la ville ou d'une mono- activité touristique. » [Ibid] Cette analyse met en valeur les éléments essentiels à prendre en compte, qui sont semblables aux critères de définition du centre et du bourg. Le premier facteur est l'humain, puis vient l'offre d'équipements publics. Le dernier critère est très pertinent, puisqu'il pose la question des relations avec les territoires extérieurs au bourg-centre.

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1.3 - ETUDE DE CAS 1 : CHANAC.

Pour illustrer ce mémoire et le travail de recherche associé, j’ai décidé de choisir deux villages étudiés lors des studios de S7 et S8 pendant mon Master 1 dans le domaine d’étude Ici et Maintenant, à Chanac, et de S9 lors de mon Master 2 dans le domaine d’étude Architecture et Milieux à Lodève.

Chanac est un petit village en Lozère de 1459 habitants (Selon INSEE 2016). Entre le Causse de Sauveterre, la vallée du Lot et le ravin de Vals, Chanac possède, de part sa situation géographique, un patrimoine naturel singulier. Situé sur un promontoire rocheux qui lui apporte une topographie marquée, tout en étant dominé par le donjon de l’ancien château épiscopal, il est doté également d’un patrimoine historique et architectural riche avec notamment l’église, le moulin ou encore le lavoir.

Ce

village médiéval au tissu urbain très dense se situe à 20km de Mende et 15km de Marvejols et juste à cote d’une zone artisanale et de la départementale. Il subit depuis plusieurs années l’influence des villes alentours qui ne cessent de se développer, telle que Mende, et qui délocalisent les activités du village. Autrefois riche et dynamique, aux nombreuses petites places et aux commerces florissants, Chanac se retrouve aujourd’hui sans boulangerie, avec seulement deux restaurants, une boucherie qui survit et un bureau de poste/tabac. Un marché d’un voir deux stands vient s’installer sur la placette de la mairie une fois par semaine lorsque le temps est favorable, et le supermarché le plus proche se trouve à 20km. Les deux écoles du village permettent aux familles avec enfants en bas âge de venir s’installer mais le manque de commerces et d’école supérieures (collège, lycée) pousse certains ménages à se déplacer vers les grandes villes pour y trouver les services de base (médecins, supermarchés, pharmacies etc…) voir y à déménager. Chanac reprends cependant vie pendant la période estivale la fête votive fin juin, avec le festival Détour du Monde qui rassemble près de 1000 visiteurs et la Fèsta d’Estiu en juillet-aout. Vue sur le clocher de l’église de Chanac ( Source : Banque d’images google)/ Skyline de Chanac

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1.4 - ETUDE DE CAS 2 : LODEVE.

Lodève

est une commune d’Occitanie de 7426 habitants (selon L’INSEE en 2016). Entre les causses du Larzac, le cirque de Navacelle et le lac du Salagou, Lodève se trouve au centre d’un patrimoine naturel fort, accentué par la présence de la Lergue et de la Soulondre qui viennent la border, la délimiter et lui apporter une végétation dense qu’est la ripisylve. Lodève se trouve sur le chemin de Compostelle et allie les témoignages architecturaux d’une ancienne cité épiscopale influente : la Cathédrale Saint Fulcran de Lodève. Le village connaît aussi un essor dans le domaine industriel puisqu’à la fin de la Guerre d’Algérie, la commune a abrité un hameau de forestage à partir de 1962, à destination de familles de harkis. Un atelier de tissage, devenu atelier de la Savonnerie a été créé pour aider les épouses des anciens harkis à travailler et utiliser leur savoir-faire. Par ailleurs, de 1863 à 1981, la ville était située à l'aboutissement de la ligne ferroviaire Vias-Lodève. Sa gare a depuis été détruite et remplacée par un centre commercial dont un Super-U, à l’origine, selon nombre de la population, de la désertion et la fermeture progressive de nombreux commerces de proximités dans le centre-bourg. L’autoroute et la nationale passant à fleur de la commune, son accès en est facilité et l’on pourrait s’attendre à une hausse de la demande de logements et de commerces, mais le phénomène inverse se produit. Les habitants se retrouvent avec leurs commerces de proximités fermés, leurs rues historiques devenues parkings sauvages et leurs espaces publics engorgées jusqu’aux berges des rivières pour accueillir les travailleurs. Aucun transport en commun n’étant en fonction, mise à part un bus reliant Lodève à Montpellier, les travailleurs ou habitants des quartiers résidentiels alentours viennent donc dans le centre-bourge en voiture. En plus de la cathédrale, Lodève possède cependant un patrimoine architectural et historique riche avec notamment le musée Fleury, la Halle Dardé, le monument aux Morts de Dardé et le Parc, mais ceux-ci ne sont pas mit en avant par la commune et non exploités pour en faire un atout d’identité locale et une source d’attractivité pour les habitants et les touristes. De nombreuses bâtisses sont en état d’insalubrité totale et manquent de s’effondrer sur les ruelles étroites malgré les règlementations mises en place par l’Etat. Cependant depuis 1985, le ministère de la Culture et de la Communication, direction de l'Architecture et du Patrimoine, attribue ce label aux collectivités souhaitant valoriser leur patrimoine, favoriser la création architecturale et promouvoir la qualité des espaces bâtis ou aménagés.

Cathédrale St Fulcran, Lodève

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Tableau 1 : Données générales sur les deux centres-bourgs choisis. Source : INSEE, communes.com

Commune

Chanac

Lodève

Popul ation (INSEE 2016)

1459

7426

Super ficie (km2)

71

23

Densité (Hab/k m2)

21

321

Topo grap hie (m)

Situation dans l’environne ment immédiat

Distanc e aux grande s villes

Intercomm unalité

Canton

612 à 1004

Sur le causse de Sauveterre, à proximité du Lot et du Ravin des Vals , Autoroute A75 à 8km

Mende (20km) Millau (46km)

Communa uté de Commune s Aubrac Lot Causses Tarn

La Canour gue

117 à 700

Au pieds du causse du Larzac, dans la vallée de la Lergue avec la Lergue et la Soulondre qui l’entourent, Autoroute A9 à 10km

Montpe llier (45km) Béziers (50km)

Communa uté de commune Lodévois et Larzac

Lodève

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Il

s’agit donc de s’intéresser à la redynamisation des villages désormais dortoirs [cf glossaire] et éviter l’étalement urbain [cf glossaire] tout en les aidant dans une transition écologique [cf glossaire]. Plusieurs hypothèses s’offrent à nous pour répondre à ces questions. Notamment la question de la réhabilitation d’anciennes bâtisses pour en faire des bâtiments publics ou encore des logements collectifs à l’aide de matériaux bio-sourcés [cf glossaire] et de conceptions bioclimatiques. Avant de venir étendre la ville en périphérie, et favoriser l’utilisation de la voiture ou encore la dispersion de population il s’agirait peut être d’utiliser l’existant et re-densifier les centres bourgs. Il en est de même pour les dents creuses que l’on peut trouver dans certains villages comme à Chanac ou Lodève. Dans la mesure du possible ces dents creuses peuvent accueillir, en fonction des besoins du village, des éco-quartiers, des logements collectifs, ou des espaces publics [cf glossaire] tels que des parcs, des aménagements urbains ou encore des espaces participatifs tels que des potagers. Il en est de même pour les places de certains villages qui sont de plus en plus délaissées et où les anciens commerces fleurissants se sont vus obligés de fermer le rideau. Le but est de recréer ou renforcer les vies de quartier, favoriser la rencontre entre les habitants et donc en même temps la mixité sociale, et cela peut passer par la réhabilitation de bâtiments, par l’aménagement de dents creuses mais aussi par la redynamisation d’un centre bourg, en y organisant des activités rassemblant les habitants comme des festivals, des marchés, en y réaménageant les places ou les rues. De nombreux exemples montrent le succès de ce genre d’interventions sur les petits villages, pourquoi donc ne pas étendre ce mode de fonctionnement sur d’autres villages tels que Chanac, Lodève tout en l’adaptant à leur singularité?

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II- LE CENTRE BOURG DANS SON TERRITOIRE : QUELLES SONT LES DYNAMIQUES DE DÉVITALISATION ? 2.1 -

DIAGNOSTIC DES SYMPTOMES DE LA DEVITALISATION,

ILLUSTRATION AVEC LES ETUDES DE CAS

Le

phénomène de la vacance commerciale est le premier symptôme de dévitalisation [cf glossaire] dans le territoire et dans les centres-bourgs. Les commerces et leurs vitrines désertes créent des ruptures dans le tissu urbain, et donnent une impression d'abandon et de paupérisation du centre-bourg. La fermeture des commerces touche de nombreux centres-bourgs, et est présente dans les deux exemples étudiés. «L’administration publique et les professionnels de l’immobilier appréhendent la vacance commerciale en général comme une conséquence d’un désajustement temporaire entre l’offre et la demande en locaux commerciaux. En France, par exemple, l’Insee et les services fiscaux définissent la vacance comme l’état d’un bien immobilier inoccupé, disponible à la location. Pourtant, la vacance peut aussi se rapporter à des locaux inoccupés en cours de bail. Surtout, la vacance est ramenée, selon cette acception, à un accident de marché ; il s’agit d’un phénomène de nature conjoncturelle et réversible. Or, elle peut se rapporter à des locaux inoccupés définitivement sortis du marché et revêtir en conséquence un caractère durable voire irréversible. » [4] La vacance commerciale permet de mesurer la dévitalisation d’un centre-bourg mais aucune donnée n’a été trouvée pour les deux centres-bourgs étudiés. Cependant, on peut remarquer que nombre de locaux commerciaux se concentrent dans les centres historiques, en rez-de-chaussée des bâtiments du tissu ancien, le long des rues et des axes de communication principaux. Ils forment alors dans le tissu urbain, de part leur dévitalisation, des lignes discontinues commerciales avec différentes conséquences sur les rues et quartiers alentours. Les commerces vacants en rez-de-chaussée peuvent souvent être associés à la vacance du ou des logements situé(s) en étage(s), comme on peut le retrouver à Lodève. Après plusieurs années d’abandon commercial les locaux, la vitrine et les façades sont souvent très dégradés et les locaux commerciaux vides deviennent une opportunité pour une nouvelle affectation comme certains transformés en habitation à Lodève. On peut le remarquer car les rez-de-chaussée avec d’anciennes vitrines ont été modifiés pour dessiner des fenêtres, portes d’entrées individuelles ou communes et sont maintenant habités. Aussi et souvent, les locaux commerciaux en activité sont eux aussi vétustes, vieillissants, affichant des vitrines peu avenantes, réduisant l’attractivité [cf glossaire]commerciale des rues et nuisant à l’image du centre-bourg, peu à peu déserté par les habitants, les clients et les touristes.

Grand Rue, Lodève LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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Lodève et sa Grand Rue déserte

On note aussi un manque certain de diversité commerciale et de prestations de qualité, associé aux horaires d’ouvertures souvent peu adaptées aux besoins de la population qui influent sur la désertion des rues marchandes et piétonnes. Bien souvent, comme c’est le cas à Chanac et à Lodève, les commerces ne sont pas ouverts le matin quand les actifs partent travailler, ni pendant la pause méridienne, ni le soir quand les actifs rentrent. Les seuls commerces ouverts tout au long de la journée sont les supermarchés et zones commerciales en périphérie des centresbourgs concurrençant le commerce de proximité, comme le Super-U de Lodève et les commerces de Mende à Chanac. Les habitants ont pris de nouvelles habitudes de consommation, liées aux nouveaux modes et rythmes de vie du fait de l’éloignement du lieu de travail. Les actifs ont tendance à faire leurs courses au même endroit.

Il y a des liens nombreux et évidents entre la forme urbaine du centre-bourg et les dynamiques commerciales. « La morphologie urbaine conditionne en partie la capacité de résistance commerciale du centre- bourg. Les bourgs-centres peuvent être classés suivant trois morphologies. Le bourg longiligne, organisé le long d'un axe de circulation, présente un étirement commercial très néfaste. (...) Ces bourgs souffrent encore parfois d'une circulation automobile extrêmement dense et souvent dangereuse. (...) Dans ce contexte, la concentration du commerce a du mal à s'organiser faute de point de coagulation ». C’est le cas de Lodève avec la Grand Rue. La morphologie historique de ces « villages-rue », où l’artère commerçante n’est pas piétonnisée, constitue plutôt un lieu de passage, de circulation transversale que

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de vie. Cela ne favorise pas la déambulation piétonne, et ne participe pas à la vitalité commerciale. Ensuite, « la morphologie traditionnelle du bourg-centre s'articule à partir d'une place, souvent bâtie autour de l'église, et de quatre rues rayonnantes. On constate dans ce centre-bourg, un mouvement de concentration des commerces vers la place centrale et l'apparition de vitrines abandonnées dans les rues rayonnantes, au-delà de deux cents mètres à partir de la place. »[4] Chanac pourrait se rapprocher de ce cas de figure avec sa placette autour de l’église, Chanac possède aussi d’autres places comme celle de la mairie ou la place de l’Horloge, où il y a une gradation de la vacance commerciale depuis les places. Enfin, « la place centrale équipée d'un parc de stationnement est la morphologie bourgadine la plus favorable à la concentration d'une activité marchande. » La place de la mairie à Chanac ou la place de la Halle dardé à Lodève sont des exemples parlants. Un parking se dessine autour duquel la circulation piétonne évolue pour laisser place au centre d’espaces pour des activités comme les puces, le marché, la brocante etc… En somme, « la multiplicité des places n'est pas favorable. (...) L'éparpillement des commerces en ces trois lieux est néfaste. (...) Le bourg-centre de faciès urbain, aux rues et aux places multiples, est également concerné par le recentrage commercial. » [3]

La

typologie de l’habitat met en valeur des îlots homogènes d’habitat ancien, compacts et denses comme pour Lodève anciennement encerclé de murailles, avec un développement de faubourgs de parts et d’autres des murs et des rivières, et Chanac. Ces îlots sont reliés par des rues étroites, le bâti est continu et quasi uniforme le long de la voirie, créant des bandes simples ou doubles, ouvertes ou fermées, constituant un front bâti de chaque côté des rues. Les parcelles derrière les bâtis sont étroites et en longueur perpendiculairement à la voirie, révélant une division foncière ancienne. Cette morphologie urbaine donne une identité au centre par sa structuration, son caractère historique et sa mixité. Aussi, l’habitat collectif et l’habitat pavillonnaire se sont développés plus récemment, venant compléter les ensembles bâtis existants en périphérie principalement ou dans certaines anciennes dents creuses [cf glossaire]. Le centre historique est ainsi bordé d’une mixité d’habitat, qui comprend également des maisons bourgeoises, et de l’individuel groupé. Les formes urbaines créées dessinent en creux les espaces publics et les rues. De fait, l’habitat prend une grande place dans le tissu urbain des centres-bourgs. Cependant, un grand nombre de logements habités sont vétustes en plus de ne répondre aux normes d’accessibilité (bien que pour les logements privés la règlementation n’oblige pas la mise aux normes), ni au confort et aux besoins de la population. Il y a également des problèmes liés à l’isolation thermique et à la salubrité de certains logements du à l’histoire et l’ancienneté du découpage parcellaire et du bâti. Cela rend l’identification des propriétaires et la rénovation des logements difficiles. Une part importante des propriétaires n’investit pas dans l’entretien et la valorisation de leur logement, provoquant une forte dégradation et une paupérisation des biens

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immobiliers. Lodève bénéficie de nombreuses aides de l’Etat et rentre dans de nombreux programmes de financements gérés par l’Opah et Action Logements, et de nombreux bâtiments sont classé RHI ou THIRORI aux vues de leur insalubrité. En outre, « les vieux centres, souvent issus des reconstructions post-révolutionnaires, possèdent des logements difficilement adaptables aux normes du confort moderne. Les transactions nécessaires entre divers propriétaires, les travaux, les difficultés d'accès, découragent les candidats à l'achat, comme les municipalités. » [3]

Carte sur la gestion du patrimoine architectural à Lodève.

Les

routes principales jouent un rôle structurant et desservent les îlots du centre historique et la plupart des voies secondaires sont étroites réduisant les vitesses de circulation et donnant une place au piéton, même si cela pose parfois des questions de sécurité et de confort puisqu’il n’y a pas toujours de trottoir. Des problèmes de continuité piétonne et d’accessibilité (pente, marche) se posent également du au développement historique et dense du centre. Les centres-bourgs bénéficient d’une offre de stationnement très importante, et répartie de manière homogène, permettant une bonne desserte des îlots bâtis mais un engorgement du centre par la voiture, positionnant le piéton dans une situation d’insécurité. Malgré leur quantité, les places de stationnement ne suffisent pas au dynamisme commercial. Parfois, les parkings sont utilisés à des temporalités spécifiques et peuvent aussi avoir des usages variés comme pour des marchés ou des manifestations par exemple comme le grand parking du parc de Lodève. LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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La morphologie urbaine ancienne a limité le développement des espaces publics [cf glossaire] avec ses ilots compacts et denses, desservis par des ruelles étroites, créant une configuration particulière. Les grandes places et squares se trouvent souvent en périphérie immédiate du centre historique comme à Lodève avec le Parc ou la place de l’Hôtel de Ville, mais contrairement à Chanac qui possède un vaste espace vert au pied du donjon.

Du

fait de leur développement historique, les centres-bourgs concentrent notamment du patrimoine bâti [cf glossaire]. Reconnu et préservé, il est parfois classé aux Monuments Historiques ou valorisé par une AVAP (Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine) comme à Lodève ou Chanac. Ces centres-bourgs sont aussi dotés d’un patrimoine vernaculaire [cf glossaire] (fontaines, statues, pressoirs, etc.), qui n’est pas forcément valorisé comme le lavoir de Chanac ou la statue de la vierge à l’entrée de Lodève. L’architecture, les matériaux locaux et biosourcés [cf glossaire] de construction donnent une identité et des caractéristiques propres à chaque centre-bourg. Les centres-bourgs peuvent aussi être au cœur d’un patrimoine [cf glossaire] naturel très vaste et riche offrant des vues singulières sur le grand paysage alentour. En prenant un peu de hauteur dans le centre-bourg ou aux alentours on peut apercevoir tout le dessin et le maillage de la ville et ses éléments remarquables dans son ensemble verdoyant comme Chanac ou Lodève, qui ont aussi la chance d’être traversés et/ou entourés de cours d’eau ou de rivières. Enfin, les élus de Lodève et de Chanac font part de certaines difficultés dues au manque d’ingénierie, de moyens techniques, humains et financiers, alors même que les communes expriment de forts besoins d’accompagnement. Aussi, dans le documentaire de Yann Sinic « Un monde pour soi » dans les interviews des élus des différentes communes les mêmes problématiques et constats sont soulevés. [5]

La

revitalisation des centres-bourgs est donc complexe par son caractère transversal et multi-scalaire. Les problématiques de dévitalisation des centres-bourgs doivent être replacées dans leur contexte territorial et leurs dynamiques pour pouvoir mieux les appréhender. Quels sont donc les liens avec les autres systèmes territoriaux ? Croquis du donjon de Chanac

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Croquis de la situation géographique de Lodève

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2.2 - SITUATION GEOGRAPHIQUE DES CENTRES-BOURGS DANS LE TERRITOIRE. LE RURAL :

Selon Jean-Pierre Husson « La France est une très vieille nation paysanne » [6], il considère que les espaces ruraux étaient en déclin jusqu’en 1975, où un renouveau s’est alors fait sentir. En effet, les campagnes réussissent à sortir de leur isolement suite aux révolutions agricoles, la seconde guerre mondiale et ensuite la fin des Trentes Glorieuses. Pour Husson les territoires ruraux sont les campagnes dirigées par une agriculture étendue. Il décrit dans son ouvrage les nombreuses et différentes mutations et évolutions de ces espaces ruraux depuis les trois dernières décennies face à la stabilité des paysages.

On oppose depuis longtemps le rural de l’urbain, la campagne de la ville et on considère ces termes comme étant antagonistes. L'adjectif « rural » vient du bas latin ruralis, et du latin classique ruris, signifiant « campagne », son sens premier est « qui concerne la vie dans les campagnes, qui concerne les paysans. » (Dictionnaire Le Robert, 2002, p. 2 336). Selon l'INSEE (2016) « l'espace à dominante rurale, ou espace rural, regroupe l'ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n'appartenant pas à l'espace à dominante urbaine (pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multi-polarisées). Cet espace est très vaste, il représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine. » Le rural est donc tout ce qui n'est pas un espace urbain. En effet, l'INSEE hiérarchise les espaces selon le découpage établit. Selon la même source, une « commune rurale » n'appartient « pas à une unité urbaine. Les autres communes sont dites urbaines. » Selon le dictionnaire de la géographie de Pierre George et Fernand Verger « la campagne s’oppose à la ville » [7] Etant donné que l’on choisi de définir en premier la ville, la campagne se défini donc aussi indirectement par défaut. « En France par exemple, appartiennent à la campagne les communes de moins de 2 000 habitants agglomérés, sauf si elles sont rattachées à une unité urbaine. » [Ibid.] On peut tirer de cet extrait une certaine difficulté à définir le rural, notamment parce qu’il est déduit de l’espace urbain. L’intérêt est d’abord porté à la ville et qu’elle est donc définie facilement, le rural est donc ce qu’il reste de cet espace, c’est à dire ce qui n’est pas de la ville. Le seuil des 2 000 habitants a été établi par l'INSEE, cependant des communes ayant une population supérieure peuvent aussi être considérées comme rurales, de par leur situation géographique ou encore leurs caractéristiques et le critère de la population ne suffit pas pour définir une commune comme étant rurale. Chanac selon cette définition serait une commune rurale puisqu’elle compte 1459 habitants (2016).

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La

notion de critères est donc primordiale dans la définition d’un espace rural. Robert Chapuis en formalise trois : la densité, les paysage et la place des activités agricoles. Il entends pour le premier critère une « faible densité relative non seulement d’habitants, mais également de constructions, d’emplois, d’équipements, de commerces, de services, de voies de communications et, plus généralement d’interconnections. ». Ensuite pour les paysages il explique qu’« est rural un espace qui se caractérise par la prédominance de formations végétales dites « naturelles » (en réalité souvent fortement transformées par les sociétés humaines) : forêts, prairies, pacages, cultures, friches, steppe, désert, etc. » Enfin pour la place des activités agricoles, Chapuis énonce qu’« est rural un espace où les activités agricoles tiennent une place relativement importante, sinon en terme d’emploi, du moins par les surfaces qu’elles occupent. » Ces espaces ruraux ont subi depuis de nombreuses années une perte d'intérêt, un abandon de la population mais aussi des commerces, ils sont cependant en train de retrouver leur place dans la vie collective et territoriale par la montée des préoccupations écologiques et leur richesse d’offres en termes patrimoines historiques, architecturaux mais aussi naturels. Ces espaces sont néanmoins en proie à l'étalement urbain [cf glossaire] qui les fragilisent, et induit une « dilution de la population, des équipements et des activités. » [8] LE PÉRIURBAIN :

Ce terme se décompose en deux : « péri » et « urbain » et on peut en déduire à première vue qu’il s’agirait d’un espace périphérique, autour de la ville. Le périurbain se caractériserait, selon Fleury, et Berroir par « une bonne accessibilité » et par « des densités intermédiaires tant du point de vue de la population que des activités et de l'emploi, une imbrication des espaces bâtis et non bâtis incluant de nombreux espaces «naturels» et agricoles, une surreprésentation de l'habitat individuel, que ce soit sous la forme d'une urbanisation diffuse ou d'ensembles pavillonnaires, et des pratiques spatiales dominées par des déplacements motorisés, combinant des pratiques régulières à la fois de la ville et des espaces « naturels » » [9] . C’est dans la seconde moitié du XXème siècle que débute le phénomène de périurbanisation avec une forte hausse de la croissance démographique. La démocratisation de la voiture a permit un « desserrement » et un étalement de la population et des activités vers les espaces ruraux. Ces espaces transitoires ne sont ni dans la ville, ni dans la campagne mais sont la liaison le prolongement de la ville vers la campagne. Le périurbain était initialement habité par les classes moyennes et l’habitat se résumait à des quartiers pavillonnaires ou des lotissement. Cependant, depuis une quinzaine d’années une mixité sociale et diversification des classes s’est développée, entrainant une diversité dans les formes d’habitat avec l’expansion du logement collectif dans les espaces périurbains. Les zones périurbaines s’étoffent et ne dépendent plus des villes alentours, une centralité se met en place petit à petit avec différents pôles d‘activité concernant le commerce, les loisirs ou le travail « Il s’agit

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globalement d’un recentrage des pratiques spatiales sur la proximité. » [Ibid .] Jacques BONNET rédige un rapport en 2016 sur l’aménagement des territoires ruraux et périurbains en dressant un portrait général de ces espaces et de leurs caractéristiques permettant de les différencier. Selon Bonnet « Certains analystes soulignent qu'un peu plus de la moitié des français habitent « en situation rurale », et que 97,5% des communes françaises ont moins de 10 000 habitants. » [10]

Ces

territoires péri-urbains ont, comme les territoires ruraux, des caractéristiques singulières, mais qui se croisent aussi entre elles et ces territoires ont « des réalités qui se recoupent en partie, et ont en commun les caractéristiques suivantes : - une densité de population moyenne faible à très faible - une part prépondérante de territoire non-bâti, occupé soit par des cultures, soit par la forêt, ou des aires naturelles significatives (haute montagne, marais, etc.) - une mobilité quotidienne principalement fondée sur l'automobile individuelle - une part importante du tissu urbain constitué de maisons (regroupées en bourgs, diffuses ou regroupées en lotissement) - un polycentrisme plus ou moins développé, avec des aires d'influence - une gouvernance territoriale fragmentée et encore peu constituée à l'échelle des bassins de vie (à l'exception de quelques cas) - un déficit d'ingénierie : une maîtrise d'ouvrage publique plutôt faiblement constituée en terme d'aménagement, voire inexistante ; une ingénierie publique plus faible que dans les métropoles, et une maîtrise d’œuvre/ ingénierie privée moins disponible à proximité immédiate du territoire ou au sein de ceux-ci.

Toutefois, l'écart entre les deux termes (rural et périurbain) pourrait se mesurer par les caractéristiques suivantes : - la dynamique économique et/ou la démographie, l'évolution de la composition socio- professionnelle et générationnelle des habitants - la pression foncière et le coût du foncier et de l'immobilier (entre des zones extrêmement détendues et d'autres dont les dynamiques sont au contraire très proches de celles des métropoles) - le rôle du paysage (naturel et urbain) dans la constitution des identités territoriales et dans la qualité de sa perception - l'âge du bâti « majoritaire » et des infrastructures, donnée qui a un impact très fort en terme de paysage, d'identité et de perception globale des territoires : les territoires « ruraux » sont majoritairement constitués de bâtis anciens ; les territoires dits « périurbains » sont majoritairement constitués d'infrastructures et de lotissements récents (quatre décennies environ) - la part de l'agriculture et/ou de la forêt et des espaces naturels, très largement majoritaire dans les espaces ruraux, interstitiels ou moins dominants dans les espaces périurbains - l'accès à des services (santé, éducation, loisirs, culture, etc.) parfois très distants - la diversité, la répartition et l'accessibilité des emplois ces territoires. » [Ibid.] LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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En ce qui concerne les deux centres-bourgs étudiés il a donc été nécessaire de regrouper différentes données pour pouvoir savoir si il s’agit de communes rurales ou périurbaines. La récolte de ces informations s’est avérée délicate par manque de données concrètes et utilisables mais nous pouvons néanmoins, par les définitions et critères énoncés précédemment, déterminer la nature des deux communes choisies qui semblent être toutes deux des communes rurales, malgré leurs différences démographiques. On aurait pu avoir tendance à placer Lodève dans une catégorie de communes dites périurbaines mais de part les différents critères énoncés par Bonnet nous pouvons la classer dans les communes rurales en terme de paysage (occupant une grande partie du territoire lodévois ou d’âge du bâti (principalement médiéval). Tableau 2 : Répartition de la population dans les centres-bourgs choisis Cf tableau 1 pour plus d’informations Source : INSEE

Chanac

Lodève

Population

1459

7426

Densité ( hab/km2)

21 hab/km2

321 hab/km 2

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Croquis du tissu urbain lodévois

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2.3 - UNE EVOLUTION DES MODES DE VIE ET UNE CENTRALITE AFFAIBLIE

: FACTEURS MAJEURS DANS LA DEVITALISATION.

Un

grand changement social s’opère particulièrement depuis les Trentes Glorieuses, on observe une volonté de se « mettre au vert » de la part des citadins qui migrent vers les campagnes reculées, tout en continuant de travailler dans la ville, faisant des allers retours entre leur lieu d’activité et leur domicile. Cette volonté de la population de « ville à la campagne », d’un certain confort de la ville tout en profitant des avantages qu’offre les territoires ruraux, nous est expliqué par Sonia Lavadinho : « le développement de l’automobile et les trente glorieuses ont fait dérapé le concept de ville à la campagne vers une extension mal contrôlée des agglomérations : la rurbanisation est née, avec d’immenses zones de pavillons desservies presque uniquement par l’automobile ; ce soit disant retour à la nature de citadins en manque d’espaces verts cumule fréquemment les faiblesses d’une faible densité mal structurée et d’espaces naturels mal traités : les inconvénients de l’urbain et du rural y sont souvent combinés . Si l’on veut arrêter un étalement urbain énergivore et polluant, consommateur irresponsable d’espaces, il faut évidemment restructurer les tissus existants déjà urbaniser et leur donner d’avantage de sens. » [11] Ce phénomène se traduit sur les villages par des villages dortoirs [cf glossaire] qui ne sont là plus que pour accueillir des familles le soir après une journée de travail ou d’école. Beaucoup de ménages font leurs courses à proximité de leur lieu de travail et favorisent les écoles des villes pour faciliter leurs déplacements ou tout simplement par manque d’équipements scolaires dans leurs villages. Comme l’explique Bernard Kayser dans la Gazette des archives : « au cours de ces 35 dernières années, la population agricole a vu passer ses effectifs de plus de 6 millions à moins de 2 millions d’actifs. Si la population totale s’est maintenue, c’est qu’elle s’est profondément modifiée. La recomposition sociale, telle que la font apparaître les statistiques de structure socio-professionnelle autant que les enquêtes et les observations de terrains, constitue la mutation contemporaine du monde rural. En comparant les recensements de 1962 à ceux de 1990, on constate que, dans l’ensemble des communes rurales, la proportion des agriculteurs est passée de 34 à 10% ; celle des artisans et commerçants est restée relativement stable, de 9 à 7%, ainsi que celles des ouvriers et employés qui est passée de 25 à 28%. Et, finalement, ce sont deux catégoriques qui « bénéficient » statistiquement du recul des agriculteurs : les « couches moyennes » qui passent de 4 à 15% et les retraités qui passent de 28 à 40% ! On peut, en reprenant ces données, établir que le village type est maintenant peuplé de trois groupes principaux (qui ne se ressentent pas, sans doute, comme des groupes) : les retraités, les ouvriers, les cadres moyens. » [12]

Différents

types de centralités peuvent prendre forme dans le tissu urbain d’un centre-bourg, notamment la centralité commerciale, la centralité touristique ou encore la centralité d’usages. Commençons par la notion de la centralité commerciale, qui se voit affaiblie par la vacance commerciale expliquée plus haut. Même si le centre-bourg subi une LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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certaine désertion des commerces, la centralité s’effectue par le peu de commerces restant qui attirent les habitants et visiteurs restants. Aussi, pour ce qui est de Chanac et de Lodève, il y a au moins une fois par semaine un marché qui s’installe sur une des places. « Le marché apparaît également être un moyen de réagir contre la délitescence commerciale du centre-bourg, en favorisant une concentration temporaire de l'offre. Lieu de rencontre, lieu de distraction, malgré ses faiblesses économiques, le marché offre une opportunité de résistance commerciale suffisamment forte pour que les municipalités s'y intéressent. » [3] De plus, « le marché est aussi un lieu de sociabilité (...) et semble [être] un indicateur de l'organisation spatiale ancienne. » [Ibid.] Seulement, pour ce qui est de Chanac, les marchés s’effectuent le mardi et le jeudi et accueillent au maximum et de façon très ponctuelle seulement 3 stands, ce qui limite énormément l’offre et la diversité des produits proposés et les possibles visiteurs. Le marché attire en effet uniquement la population qui ne travaille pas ou peu, ou qui est à la retraite, et qui ont donc des moyens limités. L’essoufflement de ce marché s’explique notamment par l’évolution des modes de vie, l’éloignement du travail au domicile et la facilité de scolariser ses enfants et de faire ses courses à côté du lieu de travail, et donc souvent dans des grandes surfaces. Par soucis de rapidité, de facilité d’accès, d’attractivité des prix, les grandes surfaces sont souvent priorisées sur les commerces de proximité, quand il en reste, ou sur les marchés locaux, surtout quand ils sont en semaine et que les deux membres du ménage sont actifs. En revanche, les marchés du soir ou du week-end connaissent un fort succès, c’est le cas du marché de Lodève devant la Halle Dardé qui rassemble un grand nombre de la population, active ou on, famille, couples, jeunes ou personnes âgées, ou même encore des visiteurs des villes alentours ou des touristes. Comme l’explique Valérie Jousseaume « ces marchés de fin de semaine, adaptés à la vie des actifs, sont nés de la volonté des élus ou des commerçants sédentaires de la commune. La dynamique escomptée est celle de l'effet de taille éphémère qui permet à des petits pôles de devenir, l'espace d'une matinée, un centre d'attraction. » [Ibid.] En plus du facteur temporel, il y a celui de la qualité, le marché de Lodève propose des produits locaux fait par les artisans lodévois ou des alentours, des produits biologiques et de l’alimentation comme des vêtements, bijoux, jouets pour enfants, ou encore souvenirs locaux, qui peuvent attirer, en plus des habitants, la population voisine ou les touristes venus le temps de quelques vacances. Ainsi, le marché hebdomadaire crée une centralité non seulement à l’échelle communale, pour les habitants qui bénéficient de services dans le centre-bourg, mais aussi à l’échelle intercommunale avec le périmètre de rayonnement d’attraction du marché. Il attire les visiteurs qui habitent en dehors du centre-bourg ou de Lodève pour différentes raisons comme pour se rendre dans une administration, emmener les enfants faire une activité, visiter, profiter d’un espace public ou des espaces arborés par la Lergue ou la Soulondre et en profiter pour faire une sortie familiale.

LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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Croquis de la Halle Dardé, Lodève

Les centres-bourgs étudiés sont, selon les critères énoncés jusqu’à lors ruraux, et présentent la particularité d’être touristiques, bien que Lodève soit plus touristique que Chanac. Ils bénéficient d’une attractivité liée à l’environnement naturel et mais aussi liée au patrimoine bâti, identité locale témoignant de l’histoire et de l’évolution temporelle du centre-bourg. Une centralité touristique est donc assez présente pour les communes en elles-mêmes, pour les communes alentours, mais aussi à une échelle plus large comme le département ou la région. Chanac, par exemple, possède un camping qui se rempli quasiment entièrement lors du festival Détour du Monde qui LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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accueille près de 1000 visiteurs, chanacois, habitants voisins ou encore venus d’ailleurs et se déplaçant spécialement pour l’occasion.

Ces

deux centres-bourgs sont également, en sens, des centralités d’usages rurales. Leur éloignement aux grandes villes et leur développement en comparaison aux petits villages les plus proches leur confère le caractère de centralité et un pouvoir d’attractivité. Cette typologie de centralité aborde des thématiques légèrement différentes des autres, elle se définit comme étant un lieu qui rassemble et concentre la population de la commune mais aussi des hameaux alentours à un moment précis pour un usage précis. C’est surement la notion de centralité la plus vivante et dynamique puisqu’elle comporte essentiellement une dimension humaine et sociale. Il peu s’agir par exemple des centres-bourgs possédant des pôles d’équipements administratifs, de santé (Lodève avec son hôpital et sa maison de retraite), ou scolaires, ce qui est le cas de Chanac (2 écoles élémentaires) et de Lodève (3 écoles maternelle, 4 écoles élémentaires, 1 collège et 1 lycée). Ces espaces scolaires accueillent un grand nombre d’habitants et d’élèves qui se déplacent jusqu’au centre-bourg et le pratiquent tout au long de la semaine, faisant vivre les commerces, les infrastructures et les espaces publics attenant. C’est pourquoi cette notion de centralité est sans doute celle qui concentre le plus de personnes dans le centre-bourg de façon permanente.

En

somme, un centre peut être et se doit même d’être plurifonctionnel, multi scalaire et doit avoir différentes notions de centralités qui le rendent plus ou moins vivant [11]. L’affaiblissement, voir la disparition, de certaines centralités, font partie des constats de dévitalisation des centres-bourgs, et au contraire, le renforcement de certaines centralités existantes peut être un support de revitalisation Croquis du Pont de Montifort, Lodève

LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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Cette deuxième partie a permis de dresser les portraits des situations territoriales, de la nature des centres-bourgs étudiés, mais aussi d’envisager les différentes dynamiques de dévitalisation à travers des centralités qui s’affaiblissent et de modes de vies changeants. Ils sont caractérisés par une dévitalisation au niveau des activités économiques, des services publics, de l’habitat, des espaces publics, et de l’attractivité. Cependant Chanac et Lodève sont deux communes rurales à grand potentiel en terme d’attractivité touristique de part leur patrimoine naturel mais aussi architectural historique. Ce sont aussi deux centres-bourgs qui possèdent déjà une certaine centralité en terme d’usages, notamment pour Lodève avec ses équipements scolaires et ses services de santé. La question des centralités fait pleinement partie de l’analyse de la dévitalisation, puisqu’elle nous permet d’envisager les symptômes de dévitalisation pour pouvoir, par lui suite, y répondre façon pertinente et multi-scalaire. Comment revitaliser les centralités affaiblies ? Comment attirer à nouveau de la population, les visiteurs ou les commerces dans ces centres-bourgs ?

LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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III- LE CENTRE-BOURG AU XXI EME SIÈCLE : COMMENT REVITALISER ? COMMENT RENFORCER OU REDONNER UNE CENTRALITÉ ? 3.1-

SYNTHESE

DES

ENJEUX

POUR

LA

REVITALISATION

DES

CENTRES-BOURGS ETUDIES

Il s’agit de recréer, maintenir ou développer une centralité. Cela passe par une action complète et combinée sur tous les leviers qui permettront d’améliorer la qualité de vie des habitants du centre- bourg mais également du bassin de vie. Cela passe également par un mode de faire ensemble qui traduit la richesse du lien social présent dans les territoires ruraux ou périurbains. L’objectif est de redonner l’envie de fréquenter le centre-bourg, d’y vivre, de le pratiquer et le circuler. Seule la définition d’un projet qui porte sur plusieurs échelles spatiales et temporelles permet de rendre pérenne l’attractivité du centre-bourg. Selon la Cerema « Donner une seconde vie aux centres-bourgs en difficulté implique ainsi de proposer une attractivité nouvelle à ces lieux structurants. En effet, les mutations sociologiques entraînent les problématiques suivantes : - Une offre en logement inadaptée à la demande, - Une dégradation d’un bâti ancien qui présente pourtant des qualités, - Une raréfaction des commerces et services de proximité, - Une concentration des emplois et zones d’activités dans les aires périurbaines et dans les grandes villes. » [13]

À l’échelle du centre-bourg en lui-même, ces actions peuvent porter sur l’habitat comme sur la requalification du bâti existant pour l’adapter à la demande et réduire les habitats vacants et insalubres, mais cela peut aussi porter sur la requalification d’un espace public, comme le projet du studio de S7 à Chanac ou de S9 à Lodève. Il s’agissait de se positionner autour d’un point stratégique du centre-bourg, d’y extraire une problématique touchant différentes échelles, et d’y répondre de la façon la plus pertinente en s’interrogeant sur les dimensions d’usages, d’ambiance, et en prenant en compte les problématiques écologiques et bioclimatiques actuelles. [cf glossaire] À l’échelle du bassin de vie et du territoire proche, elles portent sur l’équilibre commercial en maintenant les commerces et les services de proximité, en proposant une offre d’équipements et d’établissements [cf glossaire] adaptée, une offre culturelle et touristique à travers l’animation culturelle et la valorisation du patrimoine bâti et paysager, comme Chanac ou Lodève. Il s’agit en un sens d’appartenir à un réseau et un panel d’offre commerciale mais aussi culturelle, paysagère et sociale LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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avec les villes et villages alentours. Lodève par exemple, se situe sur le chemin de Compostelle et au cœur d’un ensemble de grands sites naturels comme le cirque de Navacelles, le lac du Salagou ou encore les Causses, pouvant être un atout majeur dans son dynamisme et son attractivité.

Carte de Lodève et de sa situation géographique

Le

patrimoine bâti occupe une grande place des préoccupations concernant les leviers de revitalisation des centres-bourgs. Comme nous pouvons le lire dans un des cahiers de l’Anah à ce sujet « Le ministère de la Culture a été, dès le départ, associé au programme de revitalisation des centres-bourgs. De nombreuses villes disposent en effet d’un patrimoine architectural ou urbain protégé au titre des monuments historiques, ou situé dans un espace protégé. Or, tout projet de réhabilitation d’un immeuble en espace protégé nécessite le suivi et l’avis d’un Architecte des Bâtiments de France (ABF), qui relève de ce ministère. » Une interview et certaines citations de l’adjoint au sous-directeur des monuments historiques et des espaces protégés à la direction générale des patrimoines du ministère de la Culture et de la Communication, Emmanuel Etienne, nous explique les actions et volontés menées par les ministère envers le patrimoine architectural et urbain : « notre action ne va pas se limiter au simple contrôle. Elle se veut aussi dynamique afin de faciliter l’avancement et la réalisation des différents projets. Chaque direction régionale des affaires culturelles (DRAC) prévoit de réaliser et de diffuser une synthèse des projets suivis par les ABF lorsqu’ils seront sollicités. Cela va permettre de mutualiser les expériences et d’échanger entre les différents acteurs. » [14]

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L’équilibre commercial porte aussi sur la maîtrise de la consommation d’espaces (réduire voir empêcher l’étalement urbain [cf glossaire]), sur la mobilité et l’accessibilité au centre-bourg etc… Pour y parvenir, il est nécessaire de conduire des réflexions en termes de formes urbaines et d’actions foncières et immobilières, de qualités paysagères au niveau des entrées de bourgs ou encore d’équilibre entre la rénovation du tissu existant et les extensions urbaines mesurées et évaluées. Dans de nombreux centres-bourgs les actions sont menées indépendamment les unes des autres, ce qui porte préjudice à la vision d’ensemble sur le devenir du bourg, à son harmonie et sa cohésion en lui-même et dans son territoire d’influence

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Croquis intérieur d’un logement dans le projet de Chanac.

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3.2- RENOVER L’HABITAT ET L’ADAPTER AUX BESOINS

La perte d’attractivité [cf glossaire] et la dévitalisation [cf glossaire] d’un centrebourg sont fortement marquées par l’habitat indigne et dégradé. C’est pourquoi le centre-bourg accueille les populations fragiles, le centre se paupérise au fur et mesure, et les pouvoirs publics sont donc sollicités pour éradiquer ces problématiques. La notion d’habitat indigne se caractérise par : - risque pour la santé : logements, immeubles et locaux insalubres et impropres à l’habitation - risque de saturnisme : logements et immeubles où le plomb est accessible - risque d’insécurité : les immeubles menaçant de ruine, en péril Une première définition est donnée par la loi de « mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion » du 25 mars 2009 « Constituent un habitat indigne les locaux utilisés aux fins d’habitation et impropres par nature à cet usage, ainsi que les logements dont l’état, ou celui du bâtiment dans lequel ils sont situés, expose les occupants à des risques manifestes pouvant porter atteinte à leur sécurité physique ou à leur santé. » [15]

L’agence

Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH) a pour mission principale de lutter contre l’habitat indigne et dégradé par le biais notamment des opérations programmées (OPAH). Créée en 1977, une Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat (OPAH) est « une offre de service » utilisée pour « la requalification de l’habitat privé ancien. » (anah.fr) Il s’agit d’un travail effectué en partenariat avec les communes dans le but de proposer des aides financières et des ingénieries. « Elle porte sur la réhabilitation de quartiers ou centres urbains anciens, de bourgs ruraux dévitalisés, de copropriétés dégradées, d’adaptation de logements pour les personnes âgées ou handicapées. » (Ibid.) Si une commune souhaite accéder à une OPAH, elle effectuer une demande auprès de l’Agence nationale de l’Habitat (ANAH) et passer une convention entre ces deux parties et l’Etat pour une durée de trois à cinq ans. L’OPAH de droit commun « est destinée à remédier à la dégradation du bâti en milieu rural, péri-urbain ou urbain ainsi qu'à la vacance de logements, à l'insuffisance de logements (quantitative et qualitative), d'équipements publics et au déclin des commerces. » [Ibid.] En ce qui concerne des problématiques plus ciblées et spécifiques des OPAH thématiques ont été crées : - L’OPAH renouvellement urbain (RU) « traite les graves dysfonctionnements urbains et sociaux des territoires urbains. Elle permet, en plus des dispositifs de l'OPAH classique, la mise en place d'outils coercitifs de droit public du type démolitions, traitement de l'insalubrité... en appui d'un projet urbain et social volontariste. Elle constitue un cadre privilégié de traitement de l'habitat indigne. » (Ibid.)

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- L’OPAH revitalisation rurale (RR) « concerne les communes rurales animée par des bourgs centres ou des petites villes de moins de 10 000 habitants confrontées à des phénomènes de dévitalisation et de paupérisation (difficultés économiques et sociales). » (Ibid.)

Une OPAH s’organise en deux grands axes : - Un diagnostic « qui recense les dysfonctionnements du quartier ou des immeubles du périmètre choisi : problèmes urbains, fonciers, sociaux, état du bâti, conditions de vie des habitants » (anah.fr) - Une étude préalable «qui préconise les solutions à apporter aux dysfonctionnements soulevés lors du diagnostic et qui définit les objectifs qualitatifs et quantitatifs à mettre en œuvre dans l’opération programmée » (Ibid.) Chaque intervention est suivie et mesurée pour évaluer l’efficacité de l’OPAH, et donne suite à un bilan. Le site internet de l’ANAH propose un moteur de recherche répertoriant les OPAH menées. En 2015 ce sont ainsi près de 10 000 logements qui ont été accompagnés et financés par l’Anah dans le cadre des opérations programmées et des opérations de résorption de l’habitat insalubre (RHI) et de traitement de l’habitat insalubre remédiable ou dangereux, et des opérations de restauration immobilière (THIRORI). Chaque centre-bourg étudié a été cherché et seulement une OPAH a été trouvée à l’échelle de la communauté de commune du Lodévois Larzac où se trouve Lodève mais il est impossible de savoir précisément où se trouve l’opération. Selon l’étude menée par la ville de Lodève et la communauté de commune du Lodévois Larzac, Lodève a différentes OPAH à son actif et différentes opérations de réhabilitation du bâti ont été mises en place avec notamment des opérations RHI et THIRORI. [16]

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Lors

d’une rénovation d’habitat, une réduction de la facture énergétique est attendue, ainsi qu’une éradication de la précarité énergétique. En France, sur la base de l’enquête logement de 2013, on estime que 5,8 millions de ménages sont en situation de précarité énergétique. Sur les 54 centres-bourgs choisis dans le programme de revitalisation, la totalité des communes est concernée par cette situation. Les centres-bourgs étant sujets à accueillir des populations à faibles moyens et ressources [cf glossaire], il est devenu primordial dans un enjeux social de limiter les charges au vue de l’augmentation des couts de l’énergie. Une définition a été formulée, retenue et inscrite dans la loi emportant engagement pour l’environnement dite Grenelle 2 du 12 juillet 2010 : "Est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat." [17] 3 critères définissent la précarité énergétique: social, énergétique et technique et les ménages en situation de précarité énergétique ont pour la plupart : - des ressources très modestes ; - des logements le plus souvent en étiquette E, F ou G du DPE ; - l’insuffisance des équipements ou des caractéristiques constructives du bâtiment (non décence, insalubrité, forte dégradation). Pour déterminer la performance énergétique d’un logement ou d’un immeuble, plusieurs facteurs sont en jeu : - L’environnement externe (climat, mitoyenneté avec un autre logement) - Le bâti (époque et type de construction, surface et volume, qualité d’isolation de l’enveloppe) - Les facteurs internes (ventilation des logements, activité des occupants) - Les systèmes énergétiques de production et distribution de chaleur (rendement, âge du système), leur gestion (entretien, suivi).

Aussi,

la rénovation de logement ou d’immeuble questionne le besoin et les usages de la population. La mise en place d’un diagnostic des besoins et des potentiels bâtis du centre-bourg est indispensable avant une action sur le logement en lui-même. La diversification de l’offre et sa bonne répartition dans le centre-bourg sont nécessaires. Les actions menées doivent prendre en compte la diversification de l’offre immobilière, il s’agit de proposer plus de locatif, de petits logements, de logements sociaux, ainsi que de l’accession à la propriété. La réhabilitation du bâti ancien, parfois à la volumétrie conséquente, permet la création de logements diversifiés (T1, T2, T3, etc.). La multiplication des typologies de logements et des statuts d’occupation permet de répondre aux besoins d’un grand nombre de ménage et de suivre leur avancée dans le temps. C’est un véritable critère d’attractivité et un levier de revitalisation. Les actions sur le logement peuvent être vues comme la construction du « patrimoine habité de demain. (...) Typologie, matériaux, mise en œuvre, usages doivent être exemplaires, respecter les caractéristiques urbaines et architecturales des centres-bourgs tout en y imprimant la marque de leur époque. La capacité d’une construction à rester vivante et habitée est un enjeu fort. Un bâtiment qui ne réussit LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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pas à s’adapter à l’évolution des mœurs est condamné à la vacance. » [18] Le logement est, dans la vie sociale et sociétale, un symbole fort d’autonomie. C’est pourquoi la notion de modularité des espaces et du maintient à domicile des personnes confrontées au vieillissement et au handicap est primordiale dans un projet d’habitat. Cependant la problématique devient complexe à gérer pour les communes puisque le tissu urbain du centre-bourg n’est pas toujours adapté au handicap ou au vieillissement de par sa densité, son étroitesse, ses différences de niveaux et les fréquentes restrictions et mesures liées aux bâtis remarquables. De nombreux travaux d’adaptation sont donc nécessaires dans les logements situés en rez-de-chaussée, ou ceux en étages avec l’installation d’ascenseurs, dont la mutualisation du cout et de l’usage avec les bâtis voisins est recommandée. Dans le cadre d’un projet urbain plus global, cela induit évidemment une adaptation et des travaux sur les espaces publics pour les rendre accessibles et praticables par tous. En somme, « l’habitat est une notion large qui ne se réduit pas au logement. Il est un ensemble de services et de fonctions sociales, économiques, culturelles, accessibles à partir du logement. A ce titre, il est le produit de la rencontre entre des politiques publiques et des stratégies d’acteurs privés, et touche de ce fait à l’aménagement du territoire, à la répartition des services, à l’emploi et aux déplacements. » [Ibid.]

Enfin, une utilisation maitrisée et réfléchie des dents creuses du centre ancien peut être envisagée afin de répondre aux attentes des habitants en terme d’habitat. En étant pertinente et bien pensée elle pourrait être le support d’une nouvelle attractivité. En effet, les habitants choisissent de s’installer dans le centre ancien plutôt que dans les zones pavillonnaires pour son charme, son caractère pittoresque et authentique mais aussi pour les caractéristiques essentielles du bâti dont il et composé. C’est pourquoi l’aération du tissu urbain ancien, les dilatations et la réorganisation des îlots doivent se penser et se réaliser dans le respect de leurs caractéristiques historiques, vectrices d’identité pour le centre-bourg. C’est ce que l’on peut observer dans le documentaire de Serge Stever, Huis clos pour un quartier, où nous suivons un couple de jeunes architectes et urbanistes dessinant un nouveau quartier, en bordure du centre ancien, en reprenant ses caractéristiques tout en les adaptant aux besoin des nouveaux habitants du XXIème siècle. Ce couple est mandaté indirectement par le maire de la ville qui a aussi, en parallèle, fait appel à des promoteurs immobiliers, eux plutôt fervents de la création d’une zone pavillonnaire traditionnelle sans espaces publics, sans dilatations, sans possibilité de commerces ou de zones partagées. [19] L’utilisation d’une dent creuse dans le tissus urbain pour en faire des logements est un outil qui doit également permettre d’assurer la mixité sociale et de répondre aux besoins actuels en matière d’habitat et de cadre de vie. Les principaux problèmes existants dans un centre ancien se doivent d’être réduits voir supprimés, c’est à dire un confort thermique et acoustique décent, les questionnements autour de la proximité du voisinage se veulent d’être abordés, la création d’espaces extérieurs privatifs est recommandée, et une accessibilité sécurisé au logement avec des possibilités de stationnement doit être envisagée. A Chanac, durant le S8 nous avons, avec mon binôme, choisi de nous implanter sur une parcelle à la topographie singulière située entre la rue des écoles, de l’église, d’un départ de chemin de randonnée et d’une salle polyvalente accueillant des activités pour les enfants. La pente faisant dos au Sud, nous avons du composer avec

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les notions de confort thermique et d’ensoleillement mais elle offrait, au Nord, une vue imprenable sur les Causses, en contre bas sur le lavoir, le Ravin des Vals et sa ripisylve. Coupe topographique de la parcelle de projet, Chanac

L’objectif de notre studio était de proposer un projet de 10 ou 12 logements collectifs ou intermédiaires, en favorisant la mixité sociale, la mixité des usages et en prenant en compte les notions écologiques et bioclimatiques. Nous avons donc choisi d’élaborer dans la partie basse de notre parcelle (inondable) un jardin public, séparant le Ravin des Vals et la route de notre projet, pour ensuite amener à des stationnement pour nos 10 logements, situés sous les terrasses des premiers logements collectifs, reculés et en hauteur pour profiter de la vue sur les Causses.[cf Annexe Projet Chanac S8 pour une planche contact du projet] Coupe de principe du projet et de sa topographie, Chanac.

La circulation dans le quartier étant piétonne, nous avons aussi pensé à un accès ponctuel type « dépose minute » pour les familles chargées ou les personnes à mobilité réduite. Le quartier propose à ses habitants un potager participatif avec serre, des terrains de pétanque, des jeux pour enfants et aussi un espaces barbecue et vie collective en amont de la colline profitant d’une vue sur le clocher de l’église. En se reculant dans la colline les logements sont intermédiaires sur deux niveaux avec jardins individuels au Sud comme au Nord, des ateliers partagés en rez de chaussée et les toitures ont été investies pour proposer des terrasses partagées ensoleillées avec une vue dégagée sur le lavoir, le ravin des Vals mais aussi sur le grand paysage et le village au loin. Pour ce qui est de l’ensoleillement nous avons pensé des patios, des hauteurs de toitures et des ouvertures permettant une captation de la lumière tout au long de la journée sans interférer avec la perte de la chaleur par un surplus de fenêtres. Notre but était de proposer aux habitants une autre façon d’habiter en vivant ensemble, mais chez-soi.

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Croquis de l’entrée du projet par les jardins, Chanac

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3.3- QUALIFIER L’ESPACE PUBLIC POUR REVITALISER LE CENTREBOURG

Améliorer

la qualité des lieux et espaces dans le cœur du bourg contribue à plusieurs facteurs d’attractivité [cf glossaire]: rendre le cheminement agréable et pratique, donner envie de pratiquer le bourg, de s’y détendre, et d’y passer du temps, seul ou à plusieurs, recréer les conditions de moments solidaires et conviviaux. « Pour impulser cette dynamique sociale indispensable à un bourg vitalisé, la commune peut agir à différentes échelles. Sur les aménagements premièrement, plusieurs démarches sont envisageables : - proposer des continuités végétales à travers la création de parcs ou de jardins praticables ou productifs peut permettre d’éviter la fracture entre le tissu dense et minéral des bourgs anciens et la nature environnante - maîtriser les places et la voirie pour éviter tout accident malencontreux, tout en proposant des espaces adaptés non standardisés permet d’affirmer l’identité des centres et d’approprier les usages. - Assurer une ambiance harmonieuse, esthétique et créer un cadre de convivialité à travers des aménagements dédiés est enfin gage de dynamisme social. »[8]

Les espaces publics [cf glossaire] constituent un ingrédient essentiel à la qualité de vie des habitants et à l’attractivité d’un centre-bourg, tant pour les locaux, que pour les touristes ou même les commerçants. Ils favorisent le sentiment d’appartenance [cf glossaire] et soulignent l’identité locale en valorisant voir même en révélant ses atouts : patrimoine bâti, promenades et parcours urbains, mise en valeur d’une perspective paysagère, ouverture d’une place propice aux activités sociales et aux rassemblements... Chanac et Lodève possèdent tout deux des patrimoines bâtis et naturels, et pourraient proposer aux visiteurs des promenades urbaines en mettant en avant leur identité et leurs richesses patrimoniales. L’espace public est un bon indicateur du dynamisme d’un centre-bourg et sa dégradation, ses usages souvent monofonctionnels, ses absences d’appropriations de la part des habitants sont les caractéristiques les plus flagrantes de la dévitalisation d’un centrebourg. A une plus grande échelle, William Whyte dans son documentaire Social Life of Small Urban Spaces (1980) [20] nous peint un portrait triste et morose des espaces publics de New-York et des grandes villes américaines. Refait à neufs, avec de grands espaces vides, on pourrait s’attendre à les voir grouiller de piétons, et pourtant, la remise à neuf de ces places n’a pas donné envie de visiteur de venir s’y poser. La seule pratique qui y est associé est la circulation le piéton ne fait qu’y passer, puisqu’aucun usage n’y est associé il ne peut s’avoir près d’une fontaine, à l’ombre d’un arbre, se poser en bas de son bureau avec des collègues pour prendre une pause sur un banc. Ces grands espaces vides minéraux sans la moindre végétation LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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son sans vies et sont une des plus grandes peurs des élus municipaux et de certains architectes : refaire à neuf un espace public, « faire propre », ne veut pas nécessairement dire qu’il sera pratiqué, investi et approprié par la population. C’est le cas du parvis du Musée Fleury à Lodève qui se retrouve désert depuis son dernier aménagement. Croquis du Musée Fleury, Lodève

Les

espaces publics sont les premiers éléments visibles d’un aménagement mêlant différents sujets : l’esthétique, la fonctionnalité, l’accessibilité, l‘ambiance, le collectif et l’usage. La requalification de l’espace public est indispensable à la vitalité de l’activité commerciale, elle permet de redistribuer les circulation de façon équitable, de permettre un accès direct, sécurisé et fluide aux commerces et une meilleure visibilité. Ce sont des lieux de vie et d’échanges possédant une place forte dans la vie sociale et quotidienne des habitants qui les parcourent, s’y posent et s’y

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rassemblent lors de manifestations commerciales, touristiques ou culturelles (marchés, foires et festivals). Traditionnellement et à l’origine de la création des centres-bourgs, la mixité des usages, de commerces et services de proximité étaient au cœur du dynamisme du centre-bourgs et de ses espaces publics, et aujourd’hui c’est l’éclatement total en périphérie de ces commerces et services, mais aussi la difficulté à stationner et circuler dans le centre qui a mené a une désertification de ces espaces.

La

requalification d’un espace public peut passer par la valorisation du patrimoine du centre-bourg. En identifiant et en qualifiant le patrimoine bâti, historique ou naturel d’un village, son identité est préservée et mise en avant et contribue à la revalorisation de l’image de la commune non seulement auprès de ses habitants, mais aussi des touristes, des commerçants et du bassin de vie. « Le patrimoine protégé est un élément de valorisation des centres anciens et des cultures locales, et non un frein à leur développement. » [18] Si des actions doivent être menées autour de ces éléments, elles doivent être réalisées avec les architectes des bâtiments de France et des services de protection du patrimoine de l’Etat comme l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (UDAP). Cependant il est nécessaire de « Changer les approches patrimoniales des bourgs pour adapter le bâti aux modes de vie, » il s’agit de s’autoriser si nécessaire à aérer, créer des jardins, assurer l’accessibilité des voitures, aux personnes à mobilité réduite etc. Revitaliser un bourg ne veut pas dire le figer, ne rien modifier. Certains éléments peuvent être patrimoniaux (sans forcément être classés ou inscrits au titre du Patrimoine). Dans l’existant à prendre en compte, il faut aussi intégrer les rues et les espaces publics, la structure parcellaire (forme, dimensions, rythme, accessibilité), le modelage du sol (petits ouvrages de soutènements, ouvrages hydrauliques, etc.) la végétation et certaines infrastructures (ponts, etc.). » [10]

La vie culturelle occupe aussi une place dominante dans la redynamisation d’un centre-bourg, elle constitue un facteur essentiel de lien social et de motif de fréquentation du centre par la vie associative. Selon la Cerema dans leur rapport sur les espaces publics des centres-bourgs « Le maintien ou le développement de l’offre culturelle s’appuie essentiellement sur trois leviers : - Le premier repose sur la mobilisation de la population et l’intervention de multiples acteurs, en particulier dans les champs social et éducatif : écoles, centres communaux d’action sociale (CCAS), école de musique, de théâtre ou de danse, associations, maisons de services au public, etc. - Le deuxième s’appuie sur les espaces et équipements publics comme supports de l’animation culturelle. A titre d’exemple, les équipements de lecture publique, soit environ 16 000 bibliothèques et points de lecture, constituent le premier réseau culturel sur le territoire. La multiplication d’espaces ou de moments d’échanges est donc une des clefs de la revitalisation d’un territoire : développement d’activités de loisirs et LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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d’expression artistique, mise en place d’ateliers thématiques, de concours de photos, de scènes temporaires, de cinémas itinérants, de salon de l’artisanat, de marchés thématiques, de résidences d’artistes (photographes, architectes, sculpteurs, artisans d’art, peintres, écrivains, etc.) de festivals (arts de la rue, musiques, danse), événements s’appuyant sur des éléments du patrimoine matériel ou immatériel local. - Le troisième repose sur l’identité propre du lieu, qu’elle soit issue de son patrimoine bâti, paysager, ou liée à son histoire. Le développement de la vie culturelle qui s’appuie sur ces singularités peut amener une visibilité et une notoriété pour des petites ou moyennes villes et ainsi contribuer à augmenter l’attractivité du centre bourg et du territoire. Cela peut également être un facteur de résilience économique notamment via la diversification des activités locales. (Foire à l’ail, fêtes médiévales, thermalisme, fête de la mer, fête des vendanges, etc.) » [21]

A

Chanac nous avons choisi en S7, avec mon binôme, de nous positionner autour d’un élément fort du patrimoine historique du village : le lavoir. Etant délaissé et légèrement à l’écart des centres d’activité dans le tissu urbain, le lavoir possède cependant un grand potentiel. Situé à la confluence de la rue qui mène aux écoles, et celle qui mène à l’église, il est aussi sur le chemin du centre d’activité pour les enfants. Au pied du ravin des Vals et au cœur de la ripisylve, le lavoir est aussi le point de départ de chemins de randonnées dans le grand paysage des Causses. Croquis du Lavoir de Chanac

Nous avons donc choisi d’utiliser la végétation et le caractère singulier de la ripisylve pour crée un espace de détente pour les familles et les enfants, autour du lavoir, et de mettre en avant le départ de chemin de randonnée, en le croisant avec un nouveau parcours patrimoine que nous avons crée dans Chanac en reliant le lavoir aux autres

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éléments remarquables du patrimoine architectural et historique chanacois. De plus, nous avons choisi d’accentuer le ravin de Vals en en faisant une zone humide se remplissant en cas de pluie, diminuant les risques d’inondations des terrains alentours, et proposant aux visiteurs des espaces ombragés frais pour profiter seul ou en famille le temps d’une pause.

Croquis des aménagements effectués au bord de la rypisylve, Chanac

A Lodève nous avons choisi, de nous concentrer au cœur du centre historique et autour d’un élément clé du paysage architectural et de l’identité lodévoise : la cathédrale St Fulcran de Lodève et l’hôtel de ville. Croquis entrée de l’Hôtel de ville avec projet de studio, Lodève

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Notre périmètre de réflexion s’étendait jusqu’au parc et au musée Fleury, de façon à pouvoir englober au maximum les quartiers environnants et leurs circulations et agir de façon pertinente sur notre site d’intervention. Nous avons aussi déterminé ce site comme étant notre site de projet suite au questionnaire que nous avons soumit aux habitants et aux différentes réponses que nous avons pu avoir. Notre démarche étant aussi en partie participative, nous avons cherché la concertation des habitants pour pouvoir comprendre leurs besoins et envie et y répondre au mieux. Nous avons donc redessiné entièrement le parvis de la cathédrale et de la mairie, inexistant jusqu’à lors, et relié le parc au parvis en proposant des nouvelles circulations piétonnes et automobiles, à travers un parcours patrimoine dans le village. La cathédrale et le parvis de la mairie englobant différents sous espaces comme un jardin à la française ou un square ombragé, nous avons choisi de les traiter selon différents conforts d’été et d’hiver, en replantant ou non, et en proposant différentes séquences de découverte, de contemplation, de circulation ou de détente aux visiteurs. Le but était ici de redynamiser un espace centrale dans le centre-bourg, cher dans le cœur des lodévois, et proposer pour les habitants comme pour les touristes, des espaces de rencontre propices aux rassemblement et au passage, pour ensuite amener les visiteurs à parcourir le centre bourg à pieds en circulant dans les rues commerçantes et par conséquent les redynamiser elles aussi. Notre volonté était aussi de désengorger le centre-bourg de la voiture et re-sécuriser le piéton dans un village où la place de la voiture prime sur celle du piéton.

Croquis de la séquence de contemplation de la Cathédrale St Fulcran, Lodève

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Dans

cette troisième partie nous avons pu aborder les différentes dynamiques et possibilités de redynamisation pour un centre-bourg. Passant par différents leviers comme la réhabilitation de l’habitat, l’utilisation de dents creuses, la requalification des espaces publics, l ‘équilibre commercial ou la mise en valeur du patrimoine, la revitalisation d’un centre-bourg s’effectue cependant constamment en dialogue avec un diagnostic poussé mené par la commune autour de ses besoins et ceux de sa population. Après avoir pu envisager les problématiques de désertions, le processus consiste à se questionner sur les demandes et besoins des habitants à l’échelle de la commune, comme de l’intercommunalité ou encore du bassin de vie. Différentes hypothèses de projets et de solutions ont été apportées pour les deux études de cas, autour de la question de l’habitat comme celui de l’espace public, et en traitant par conséquent la notion de patrimoine. Seulement, avec les préoccupations majeures auxquelles nous faisons face aujourd’hui en terme d’écologie, redynamiser et revitaliser un centre bourg en amorçant leur transition écologique semblerait être un axe de réflexion au cœur des problématiques actuelles. Un centre-bourg qui renait pourrait se recréer en harmonie avec son environnement et en favorisant des moyens plus sains, propres, et humains pour son développement. Quels sont ces moyens ? Comment faire ? Quelles possibilités pour les communes ? Quelles initiatives pour les habitants ? Quelles dynamiques collectives ?

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LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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IV- COMMENT REVITALISER EN AMORÇANT UNE TRANSITION ÉCOLOGIQUE ?

4.1

-

QU’EST

CE

QUE

LA

TRANSITION

POURQUOI REVITALISER DANS CETTE DIRECTION

ECOLOGIQUE

ET

?

La

crise écologique qui ronge actuellement notre société n’est malheureusement pas la seule. La crise économique et notamment celle du logement reste un enjeu encore majeur puisque l’offre de logement est encore bien trop insuffisante. La question de l’habitat minimum et optimisé se pose alors puisque notre espace de vie a considérablement diminué ces dix dernières années. C’est ici que l’on se rend compte du poids de l’architecture sur la vie sociale et économique dans une société, de l’influence qu’elle a sur les conditions de vies de ses habitants, comme les nombreux étudiants parisiens qui s’agglutinent dans des chambres de bonnes, ou des familles entières qui vivent dans des studios. L’architecte se doit alors de proposer des solution à faible cout économique, faible emprunte écologique, un espace modulable et optimisé pour le confort de ses habitants. Les questions de respect des matériaux, de l’esthétique et de l’environnement entrent en jeu, tant à l’échelle des espaces publics, des bâtiments destinés au public que de l’habitation individuelle.

Après la première et la seconde révolution industrielle, un grand nombre de nos ressources naturelles (sols, forets, charbon, pétrole) ont été exploitées et même surexploitées, menant à des problèmes de pollution ou de dérèglement climatiques. Pas un jour ne passe sans que nous soyons alertés par les dangers de cette surexploitation sur l’écosystème, le climat, la qualité et la quantité des ressources, la santé publique ou encore la fluctuation économique des pays. Les ressources que nous utilisons majoritairement sont inégalement réparties sur le territoire, sont épuisables et par conséquent de plus en plus rares et couteuses. Une transition écologique est donc nécessaire afin de ralentir voir d’arrêter la tendance désastreuse dans laquelle nous sommes lancés depuis une quarantaine d’années. La première notion de transition écologique a été formulée par Rob Hopkins, un enseignant en permaculture britannique dans les années 1980. Il a défini cette notion en regroupant un ensemble de données et de leviers issus d’expérimentations et d’observations de villages ou villes suite à un travail sur les problématiques de d’économie circulaire [cf glossaire] et de réduction des émissions de CO2. Rue du 4 Septembre après projet, Lodève.

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Aussi Alain Grandjean tente de donner une définition de ce terme en expliquant qu’il s’agit d’ :« Aller vers un modèle énergétique qui permette de satisfaire de manière durable, équitable et sûre (pour les hommes et leur environnement) les besoins en énergie des citoyens et de l’économie française dans une société sobre en ressources naturelles, en énergie et en carbone » [22]

La

lutte contre le dérèglement climatique et la volonté de la France d’une indépendance énergétique ont été défini et acceptés par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, publiée au Journal Officiel du 18 août 2015. Les grands objectifs de la loi sont : « - réduire de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 ; - diminuer de 30 % la consommation d’énergies fossiles en 2030 par rapport à 2012 ; - porter la part des énergies renouvelables à 32 % de la consommation énergétique finale d’énergie en 2030 et à 40 % de la production d’électricité ; - réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à 2012 ; - diminuer de 50 % le volume de déchets mis en décharge à l’horizon 2050 ; - diversifier la production d’électricité et baisser à 50 % la part du nucléaire à l’horizon 2025. 20 actions concrètes immédiates sont déclinées, notamment dans les axes suivants : - rendre les bâtiments et les logements économes en énergie, - donner la priorité aux transports propres, - viser un objectif zéro gaspillage : faire des déchets d’aujourd’hui les matériaux de demain - monter en puissance sur les énergies renouvelables - lutter contre la précarité énergétique »[23]

Dans

l’optique de la transition écologique les acteurs [cf glossaire] publics les collectivités occupent une place primordiale dans le processus. Notamment les collectivités qui ont la responsabilité des investissements à long terme en organisant des activités et des actions en accord à cette transition, et en agissant localement dans l ‘évolution et la mobilisation des acteurs locaux.

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Le projet de revitalisation d’un centre-bourg dans l’optique d’une transitons écologique doit s’interroger sur de nombreuses problématiques sur leurs enjeux de celles-ci : - point de vue énergétique : sur réhabilitation des logements, publics ou privés, - réflexion sur la mobilité et la place de la voiture : avec des actions sur les déplacements doux, l’aménagement numérique du territoire (télé-travail, télémédecine, etc.), la mutualisation des espaces de stationnement, - réflexion sur la production d’énergies propres [cf glossaire], - réflexion sur le développement économique (identification et mise en valeur des ressources naturelles, filières de production d’éco-matériaux, économie circulaire, etc.)[cf glossaire], - réflexion sur les équipements publics (localisation, performance énergétique, diversification des usages pour un même bâtiment, etc.), - réflexion sur les zones d’extension urbaine en lien avec le projet de revitalisation dans un souci de gestion économe de l’espace, etc.

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Croquis du potager participatif du projet de studio à Chanac.

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4.2

-

ACCROITRE

L’INVESTISSEMENT COLLECTIF

LE

SENTIMENT

D’APPARTENANCE

ET

: UNE DIMENSION SOCIALE

Dans le projet urbain et la volonté de redynamiser un entre bourg dans l’optique d’une transition écologique, la dimension sociale n’est pas à négliger. Il s’agit de créer une dynamique collective et pérenne par l’action publique et citoyenne, d’abord à l’échelle de la commune, puis ensuite de l’intercommunalité puis du territoire, pour en faire un projet à l’échelle du bassin de vie. La richesse du lien social est primordial dans la qualité du cadre de vie et les associations d’une commune peuvent, de par leurs interventions, jouer un rôle majeur dans la redynamisation de leur contre-bourg. C’est le cas de Lodève qui possède un tissu associatif très dense et qui compte un peu plus d’une centaine d’associations dévouées dans la vie de leur commune et de ses habitants. Ce sentiment d’appartenance [cf glossaire] et de dévotion à la vie de sa commune est nécessaire dans son développement. C’est pourquoi impliquer la population dans la démarche de projet occupe une pace aussi importante dans le processus de revitalisation. Il se construit pour et avec la population autour de réunions collectives et citoyennes pour aborder les problématiques directement avec les habitants et envisager la meilleure réponse possible en fonction de la perception des enjeux par la population. C’est le cas à Cunlhat où le collectif etc. et le PNR du Livradois Forez ont proposé des chantiers participatifs et des rencontres pour déterminer les usages des espaces communs dans le cadre du programme Habiter autrement les centres-bourgs.[24] Témoignages d’actions citoyennes à Lodève

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Les acteurs locaux constituent en effet un élément essentiel de la réussite du projet, dès le stade du diagnostic qui inclut les usages et les représentations du territoire. Cependant la participation active des habitants ne s’oblige pas, les habitants ne peuvent être forcés à participer à des réunions publiques ou encore d’agir au sein de leur commune. Ils doivent se sentir associés, responsabilisés, écoutés pour définir leur cadre de vie et amorcer des changements de pratiques, et les projets plus en adéquation avec leurs besoins. Cela peut passer par de la responsabilisation ou de l’invitation la participation à petite échelle, comme à Lodève où un mouvement a été lancé par les commerçants pour fleurir leurs devant de portes. Cette initiative citoyenne a été reprises par les habitants qui se sont mit à fleurir les barrières séparatives ou encore les coins de ruelles. Il en est de même dans la commune de Chédigny, village d’Indre et Loire, qui a vu son centre-bourg labellisé jardin Remarquable suite à l’intervention de la population qui a planté des rosiers et des plantes vivaces en pieds d’immeubles. L’entretient de ces espaces se fait par les habitants et pour les habitants et ils s’attachent désormais eux-mêmes à fleurir leurs jardins et leur devantures de maison, afin de renforcer le fleurissement du centrebourg. Dans notre projet de S8, nous avons proposés au habitants du quartier à Chanac un potager participatif, où chaque habitant avait accès libre pour y planter ses fruits et légumes et pouvait individuellement ou collectivement venir cultiver ses produits. En plus de favoriser la production locale et autonome de ressources, ces espaces sont propices aux rencontres et donc au lien social dans un quartier, qui est primordial pour se sentir appartenir à un lieu et à son identité. Nous avons aussi conçu un espace extérieur proche des jeux pour enfants où les habitants peuvent se retrouver autour d’un barbecue tout en profitant de la vue sur le clocher de l’église.

Croquis de principe du kiosque collectif à Chanac.

De nombreux exemples à succès démontrent que l’initiative et la participation citoyennes aident à la revitalisation d’un centre-bourg, on le remarque avec les jardins potagers et partagés de l’association Terre en Partage à Lodève. La mise en œuvre du projet de revitalisation dépend donc naturellement de l’action d’acteurs locaux, économiques, associatifs, et de l’implication quotidienne des habitants. LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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Cependant,

une coopération évidente doit s’établir entre les entreprises, les associations (associations d’usagers, associations des commerçants du centre-ville, comités de quartiers, associations pour l’environnement, associations culturelles, etc.) et les élus. Les “acteurs” locaux doivent pouvoir trouver un espace de dialogue pour participer aux réflexions sur le projet de revitalisation, au-delà des dispositifs réglementaires prévus pour les habitants et usagers des centres- bourgs. Etant donné que l’ingénierie est souvent dispersée sur le territoire rural, la participation et la coopération est d’autant plus importante. L’objectif est de créer une dynamique collective à partir de l’identification des compétences de chacun dans le territoire (compétences, ressources, potentialités et projets du territoire), de la construction de la coopération entre les différents acteurs ressources et de la mobilisation des habitants autour du projet, afin d’éviter les éventuelles concurrences entre projets ou de dispersion des énergies et compétences. Elle doit être poursuivie par la mise en réseau des compétences afin de fédérer les initiatives et de créer une synergie entre les acteurs.

Cette coopération à l’échelle communale peut aussi, si elle implique par la suite différentes communes, mobiliser l’ensemble des acteurs du territoire concernés en fonction des enjeux, leviers actions identifiées (Etat, conseils départementaux, conseils régionaux, parcs naturels régionaux, agences d’urbanisme, CAUE, agences techniques départementales, EPARECA, ANRU, chambres consulaires, Pôle emploi, bailleurs sociaux, comité départemental du tourisme, etc.) et même constituer un comité de pilotage propre à chaque projet. Nous pouvons donc tirer de cette démarche, différents objectifs : - Mobilisation de l’ingénierie présente mais dispersée sur le territoire. - Partage de la réflexion de la démarche avec la population. - Mobilisation des équipements culturels et les réseaux associatifs ou culturels pour entretenir ou recréer du lien social - Démultiplication des effets de l’action publique C’est en partenariat, en concertation et en collaboration que se définissent les actions à mener, et une dynamique collective est lancée pour veiller au bon déroulement du projet, mais aussi pour assurer son développement pérenne et sain.

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SOURCE : BANQUE D’IMAGE GOOGLE

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4.3 - STRATEGIES CONSTRUCTIVES : APPROCHE BIOCLIMATIQUE ET ECONOMIE CIRCULAIRE.

Dans

le cadre d’un projet de revitalisation d’un centre-bourg dans une démarche de transition écologique, l’approche bioclimatique du projet se trouve être un point essentiel à ne pas négliger. Différents leviers d’actions peuvent être menés : une approche passive qui vise à optimiser l’approche bioclimatique, les choix des matériaux qui visent eux à réduire l’emprunte carbone et énergétique [cf glossaire], la raréfaction des ressources épuisables vise à préférer des techniques utilisant des matériaux renouvelables et peu polluants, et le développement des ecoquartiers privilégie la préservation de la biodiversité et la limitation de l’impact environnemental.

L’approche

bioclimatique se caractérise par des problématiques paraissant simples et évidentes mais qui sont pour autant souvent mises de coté lors de la conception d’un projet. « Il s’agit de construire un bâtiment profitant au mieux du climat local, à la fois pour le chauffage, le rafraichissement et l’éclairage naturel. Cette approche contribue à diminuer les besoins de chauffage l’hiver par les apports solaires, à maintenir une température agréable l’été et à maximiser l’éclairage naturel »[25] L’approche bioclimatique nécessite cependant une analyse du cycle de vie pour le bâtiment avec un impact environnement nul sur toute la durée de vie du bâtiment. Différents principes doivent donc être respectés : « - bien orienter le bâtiment afin de minimiser les besoins de chauffage, de rafraichissement et d’éclairage, - construire avec des matériaux locaux afin de minimiser l’énergie grise [cf glossaire] contenue dans les matériaux, - permettre la déconstruction future du bâtiment pour réutiliser ses matériaux, - minimiser les consommations d’énergies et couvrir les consommations restantes par des énergies renouvelables, - réduire les consommations d’eau et récupérer les eaux de pluies. » [Ibid.]

A

l’échelle de la maison individuelle, l’architecte et « habitologue » Antti Lovag précurseur des « maisons bulles » a basé ses réalisations architecturales atypiques et organiques sur l’ergonomie, l’optimisation d’espace, leur adaptabilité et leur insertion dans leur environnement. Il utilisait cette approche bioclimatique dans la conception de ses maisons et déclarait donc tout naturellement : « L’architecture ne m’intéresse pas. C’est l’homme, l’espace humain, qui m’intéresse ; créer une enveloppe autour des besoins de l’homme. Je travaille comme un tailleur, je fais des enveloppes sur mesure. Des enveloppes déformables à volonté ». Il concevait en opposition avec la maison traditionnelle qui impose d’avoir un espace global à diviser et partager, et décide ici d’avoir différents espaces que l’on juxtapose pour que chacun ai sa propre utilité, et la maison peut s’agrandir, selon les besoins de ses habitants, par la simple adjonction de nouvelles bulles. Il utilisait notamment le béton projeté sur un certain type de ferraillage ce qui lui permettait une grande liberté dans la conception des LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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espaces. Pour construire, Antti Lovag vivait sur le chantier. Après avoir étudié la nature et les spécificités du terrain, il commençait par réaliser une armature métallique, autoportante et sans fondations, qui lui permet de visualiser les espaces intérieurs et de définir ensuite les ouvertures sur le ciel, la mer ou les paysages tout en prenant en compte la courbe du soleil. Il choisissait de la forme du ferraillage lui même en fonction de la nature de l’espace, c’est à dire que dans une bulle destinée au repos et à la contemplation du paysage où le sol devient assise, il s’asseyait lui même sur l’ossature pour déterminer l’inclinaison du sol pour que l’assise soit optimale. [26]

Croquis de principe des ouvertures des logements du projet à Chanac.

Le projet à Chanac que nous avons effectué lors de mon semestre de S8 suit cette approche bioclimatique. En effet pour répondre au positionnement de la parcelle, au climat de Chanac et à la situation des logements peu propice à l’ensoleillement et le chauffage par le soleil, nous avons du penser le projet différemment, en questionnant la nature des ouvertures, en s’interrogeant sur la hauteur des toitures et des différentes solutions que nous pouvions apporter pour tirer profits des énergies naturelles et inépuisables à notre disposition. En effet, l’approche bioclimatique se traduit aussi par des problématiques liées à « l’implantation et la forme du bâtiment, la surface et l ‘orientation des baies » [Ibid.] Croquis des ouvertures des logements orientées Sud-Ouest, Chanac.

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Pour ce qui est des façades exposées Sud, mais subissant l’ombre de la colline, nous avons envisagé une hauteur de toiture plus grande pour favoriser l’entrée du soleil (recouverte en partie par des panneaux photovoltaïques) et des grandes baies pour la réflexion et la captation non seulement de la lumière, mais aussi de la chaleur, dans les espaces de vie commune. De plus, des jardins individuels et des terrasses sont dessinés à proximité des pièces de vie, servant au confort d’hiver puisque ensoleillées.

Croquis des ouvertures Sud, Chanac.

Pour les espaces et les pièces reculées et multi-orientées nous avons opté pour des patios, créant aussi des lieux intimes extérieurs servant de liaison entre les pièces mais aussi de terrasses privées. Enfin, pour la façade Nord nous avons choisi de limiter les ouvertures pour des questions thermiques, de les déterminer scrupuleusement en cadrant les vues sur le grand paysage, et en proposant une terrasse en hauteur et des jardins individuels ombragés, servant au confort d’été puisque frais et ombragés. Les toitures ont elles-aussi été en partie aménagées, permettant aux deux ménages mitoyens de profiter d’un espace convivial en hauteur profitant, tant de l’ensoleillement du Sud, que de la vue dégagée au Nord. Croquis du patio des logements, Chanac.

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Pour ce qui est de la végétation, nous avons choisi de replanter en favorisant des essences locales et variées permettant un panel de couleur, d’ombres et de feuillages changeant au fil des saisons, et d’utiliser la pente naturelle du terrain pour récupérer les eaux de pluie et les utiliser dans l’arrosage des espaces verts.

L’approche

bioclimatique a aussi fortement été suivie à Lodève lors du S9 dans la conception de l’espace public autour de la Cathédrale St Fulcran et de l’hôtel de ville. Une étude des ombres de la cathédrale sur le parvis a été faite pour envisager les espaces pouvant être replantés ou non, et en déduire les différents conforts d’été et d’hiver en fonction des usages définis.

Schémas bioclimatiques du parvis de la Cathédrale St Fulcran et de L’hôtel de ville à Lodève.

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La

démarche bioclimatique peut s’associer à celle de la mise en place d’une économie circulaire [cf glossaire]. Grégoire Bignier explique lors de son cours à l’Ecole d’Architecture de Paris Val de Seine, que « le bâtiment est une machine qui s’inscrit dans une économie linéaire avec entrants et des sortants […] les bâtiments sont « plugués » sur des maillages d’infrastructures avec des entrants et des sortants»[27] Il explique qu’un bâtiment est énergivore tant en ressources naturelles non transformées qu’en ressources transformées, et qu’en plus de consommer et de « faire entrer des choses » en son sein, il en fait sortir, que ce soit des déchets, des énergies, de la pollution ou des impacts moins tangibles comme ceux environnementaux. L’économie circulaire vise donc à rendre circulaire, cette circulation généralement linéaire des énergies et des ressources en limitant ses sorties, en les réutilisant, en diminuant au maximum les entrées, qui seront toujours nécessaires jusqu’à l’autonomie complète du bâtiment. Bignier le définit de façon plus précise dans ses ouvrages Architecture et Economie [28] et Architecure et Ecologie [29] Cependant, un des facteurs majeurs permettant la mise en place d’une économie circulaire sont les matériaux bio-sourcés [cf glossaire] répondant à certaine caractéristiques : « - provenir de matières premières végétales, animales ou minérales, principalement inépuisables ou renouvelables,

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- contenir un minimum d’additifs chimiques, voire aucun composé pétrochimique ou synthétiques. » [25] Pour notre projet de S9 à Lodève, nous avons favorisé la pierre calcaire, avec différentes finitions, issue de carrières voisines, comme pavé de revêtement de sols pour notre espace public, et d’une entreprise locale lodévoise pour le béton désactivé. Les matériaux biosourcés (bois, pierre, terre) et locaux sont donc à privilégier, non seulement pour une question écologique (matériaux sain pour l’environnement et pour la santé, rapidité et facilité d’acheminement et de mise en place donc réduction d’énergie) mais aussi pour des questions économiques. Les capacités territoriales en terme de matériaux comme en terme de production d’énergie (biomasse, solaire ou éolien) peuvent être génératrices d’emplois directs. Les revenus qui en sont issus peuvent être réinvestis dans d’autres actions (maintien de l’agriculture, rénovation thermique du bâti existant, etc.). En effet, privilégier les entreprises locales contribue à agir directement sur la qualité de vie des habitants et à l’améliorer.

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Croquis de la densité urbaine de Lodève.

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POUR CONCLURE

Les

centres-bourgs, de part leur histoire, leurs particularités urbaines et paysagères, ont une identité qu’il est nécessaire de préserver et de mettre en valeur. La revitalisation de ces espaces par le projet urbain tend à redorer le blason de ces centres-bourgs et de les caractériser à nouveau comme des lieux de vies. Ainsi, il est nécessaire d’envisager chaque centre-bourg de façon singulière et de s’adapter à ses particularités, ses spécificités notamment en terme de topographie, de grand paysage, de patrimoine architectural et historique, pour agir de façon pertinente dans cette volonté de valorisation. Définir le centre-bourg selon des critères précis et un périmètre délimité est indispensable pour évaluer l’ampleur du projet, tout en veillant à prendre en compte les espaces adjacents et l’influence que l’intervention peut avoir sur les quartiers voisins, le territoire, le bassin de vie ou les communes alentours. Un diagnostic préalable et un travail sur la morphologie urbaine est important avant d’entamer un projet de revitalisation puisque les centres-bourgs ont une origine historique et ont, bien souvent, un tissus urbain médiéval, dense et étroit. Le processus de revitalisation doit envisager l’influence multiscalaire des centralités créées ou appuyées, que ce soit pour du tourisme, du commerce, des services ou encore de la culture. En termes de projet, la revitalisation passe notamment la redistribution des espaces et de la voirie pour redonner au piéton une place sécurisée et à l’échelle face à celle de la voiture. Suite à cette question nait celle des usages et la réaffirmation de la fonction économique du centre-bourg en agissant sur l’habitat, sur l’espace public ou encore sur le tissus administratif et commercial. Les centresbourgs étudiés ont un potentiel certain et ont des centralités existantes qui mériteraient d’être affirmées et mises en valeur, comme celle du patrimoine naturel et architectural qui marquent l’identité du lieu. Cette démarche ne peut cependant se faire uniquement du coté des élus et le projet, pour être pertinent et juste, devrait se co-construire et s’effectuer dans une démarche partenariale et pluridisciplinaire avec les habitants. L’architecte se doit aussi d’envisager le projet de revitalisation comme un tremplin pour la commune vers une transition écologique et donc un développement sain et pérenne, pour elle, mais aussi pour ses habitants et son environnement. Les centres-bourgs sont des territoires singuliers, qui nécessitent des réponses particulières adaptées à leurs besoins et à leurs problématiques, surtout quand la question de la transition écologique est abordée. Cet objectif de revitalisation constitue un réel projet, à l’échelle de l’homme mais aussi à l’échelle du territoire, passionnant par la diversité de ses enjeux et des outils mit à notre disposition pour y répondre.

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BIBLIOGRAPHIE - [1] Rapport : Programme national de revitalisation des centres-bourgs http://www.centres-bourgs.logement.gouv.fr/programme-national-r7.html - [2] Pierre Merlin, Françoise Choay l’aménagement – 1988 – Edition Puf

-

Dictionnaire

de

l'urbanisme

et

de

- [3] Valérie Jousseaume - L’ombre d'une Métropole - Les bourgs-centres de LoireAtlantique – 1998 – Edition PUR - [4] Rapport : La revitalisation commerciale des centres villes -Mathieu DUHAMEL, Julien MUNCH, Camille FREPPEL, Pierre NARRING et Jean-Paul le DIVENAH – Juillet 2016 https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/Rapport_RevitalisationcentresvillesVdef_ octobre2016.pdf - [5] Documentaire vidéo : Yann Sinic 2010 - Un monde pour soi - [6] Jean-Pierre Husson - Envies de campagne, les territoires ruraux français – 2008Edition Carrefours - [7] Pierre George, Fernand Verger – Dictionnaire de la Géographie – 2013- Edition PUF - [8] Antoine Fleury et Sandrine Berroir – Hypergéo – encyclopédie éléctronique consacrée à l’épistémologie de la géographie – 2016 http://www.hypergeo.eu/spip.php?article656 - [9] Robert Chapuis – Hypergéo - encyclopédie électronique consacrée à l’épistémologie de la géographie http://www.hypergeo.eu/spip.php?article481 - [10] Frédérique Bonnet - Aménager les territoires ruraux et périurbains - 2016 http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/IMG/pdf/2016.01.07_rapport_bonnet1.pdf - [11] Sonia Lavadinho et Bernard Lensel - Manifeste pour une centralité suburbaine 2010- n°194

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- [12] Article : La Gazette des Archives, numéro thématique Les archives en milieu rural- – Bernard Kayser – Le monde rural, d’hier à aujourd’hui p265 à 271- 1993 - [13] Cerema - Revitalisation des centres-bourgs ruraux - 2017 - [14] Les Cahiers de l’Anah – Nouvelles perspectives pour les centres-bourgs- Numéro 146 – juin 2015 - [15] Loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion – loi du 25 Mars 2009https://www.anil.org/documentation-experte/analyses-juridiquesjurisprudence/analyses-juridiques/2009/loi-mlle/ - [16] Etude : Ville de Lodève et CCLL - AMI Centre-Bourg – Bilan des actions 2015-2018 et perspectives 2019 - [17} LOI n° 2010-788 portant engagement national pour l'environnement dit Grenelle II – loi 12 juillet 2010 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022470434 - [18] Parc Naturel Régional Livradois-Forez - Habiter autrement les centres-bourgs urbanisme - 2013 https://www.parc-livradois-forez.org/inventer/urbanisme/centres-bourgs/ - [19] Document vidéo : Serge Steyer - Huis Clos pour un quartier- 2007.. - [20] Document vidéo : William Whyte - Social Life of Small Urban Spaces -1980. - [21] Rapport : Cerema - Espaces Publics des centres-bourgs - 2016 - [22] Alain Grandjean – La transition écologique : de quoi s’agit-il ?- 24 Janvier 2013 - [23] Loi n° 2015-992 relative à la transition énergétique pour la croissance verte - 17 août 2015 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031044385&cate gorieLien=id - [24] Collectif Etc – Intervention dans le cadre du programme Habiter autrement les centres-bourgshttp://www.collectifetc.com/realisation/la-glace-a-la-fourme/

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- [25] - Catherine Charlot-Valdieu et Phillipe Outrequin - Nouvelles architectures écologiques – 2016 – Edition Le Moniteur -[26] Documentaire vidéo Anti lovagg http://fonds-maisonbernard.com/fr/antti-lovag-pierre-bernard/ - [27] Documentaire vidéo : Grégoire Bignier – Ce que l’économie circulaire fait à l’architecture – 2016-2017 https://www.youtube.com/watch?v=RGJIhvPtt-8 - [28] Grégoire Bignier - Architecture et Economie Circulaire – 2018 – Edition Eyrolles - [29] Gregoire Bignier - Architecture et Ecologie – 2012 – Edition Eyrolles

SUPPORTS DE REFLEXION ET ENRICHISSEMENTS - Débat sur France Culture, émission “Avis Critique” par Raphaël Bourgois avec deux critiques sur deux ouvrages dont celui de Sennett et “Ceux qui restent” de Benoît Coquard. https://www.franceculture.fr/emissions/avis-critique/batir-et-habiter-de-richardsennett-ceux-qui-restent-de-benoit-coquard - Franck Lepage - Conférence gesticulée https://www.youtube.com/watch?v=9MCU7ALAq0Q - Conférence de Wang Chu - leçon inaugural de Chaillot, https://www.citedelarchitecture.fr/fr/video/wang-shu-build-diverse-world-followingnatural-way - Martin Rauch : Nouvelles perspectives de la construction en terre crue https://www.dailymotion.com/video/x2rry95 - James Wines - L’architecture verte – 2000 - Edition Taschen - Association des maires de France - Du logement social pour ne pas laisser un centrebourg mourir - écrit par Franck LEMARC - 2014, n°309. -, - Article CAUE Isère sur la revitalisation des centre-bourgs- témoignages vidéos des habitants - https://www.caue-isere.org/article/revitalisation-des-centres-bourgs-deshabitants-temoignent/ Tous les croquis, illustrations graphiques et photographies présents dans ce mémoire ont été faites par L.Cicognola

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GLOSSAIRE Appartenance : L’appartenance (du verbe « appartenir », et du latin pertinentĭa) est la relation d’une chose sur laquelle on a le droit. Le terme est employé pour désigner la chose qui est la propriété d’une personne déterminée (c’est-à-dire, qui a un propriétaire). C’est, en quelque sorte, le synonyme de bien(s). En matière de logique, c’est le rapport de l’individu à la classe dont il fait partie[…]. https://lesdefinitions.fr/appartenance Architecture bio-climatique: architecture assurant le meilleur confort, au coût énergétique le plus réduit possible, dans le respect de l'environnement. Une démarche bioclimatique se conduit en prenant en compte les quatre piliers d'une construction soutenable : l'insertion dans le territoire, les matériaux et le chantier, les économies d'énergie et la sobriété d’usage, le confort et la santé. Architecture vernaculaire : L’architecture vernaculaire est un type d'architecture communément répandu dans un pays, un territoire ou une aire donnés à une époque donnée. https://fr.wikipedia.org/wiki/Architecture_vernaculaire Attractivité : Capacité à attirer dans une direction, vers un lieu ou vers une aire, l'attractivité est centripète et cumulative. Elle est à la source des concentrations, des polarisations et de divers phénomènes intéressant le géographe : la métropolisation, les migrations par exemple. La répulsion, à l'opposé de l'attraction, est centrifuge. Attraction et répulsion sont sources de mobilités et peuvent obéir à des logiques gravitaires. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/attraction-attractivite Bâtiments publics : Un bâtiment public est une construction immobilière appartenant à l'État ou à un organisme affilié à la puissance publique en affectation à l'accueil du public. C'est un immeuble servant à accueillir un service public. https://www.rachatducredit.com/definition-batiment-public-9899.html Collectivité : Une collectivité est un ensemble d'individus qui forment un groupe, qui habitent dans un même pays, une même région, une même agglomération ou qui ont des intérêts communs. Une collectivité territoriale (ou collectivité locale) est une circonscription administrative dotée d'une personnalité morale. C'est une partie du territoire d'un Etat qui dispose d'une certaine autonomie de gestion, même partielle. (Exemples : Etat dans un Etat fédéral, région, département, commune). http://www.toupie.org/Dictionnaire/Collectivite.htm LA REVITALISATION DES CENTRES-BOURGS VERS UNE TRANSITION ECOLOGIQUE

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Dents creuses : parcelle ou groupe de parcelles non bâties insérées dans un tissu construit. Espace vide entouré de constructions : en ville, un terrain vague est une dent creuse. Elle peut être créée par la démolition d’un édifice. https://www.fncaue.com/glossaire/dent-creuse/ Dévitalisation : Destruction de la pulpe d'une dent, des vaisseaux et des nerfs qu'elle contient. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%c3%a9vitalisation/25027?q=d%c3%a9 vitalisation#24909 Ecologie : L'écologie ou écologie scientifique, parfois assimilée à la bioécologie ou à la bionomie1, est une science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu en tenant compte de leurs interactions. Cet ensemble, qui contient les êtres vivants, leur milieu de vie et les relations qu'ils entretiennent, forme un écosystème. L'écologie fait partie intégrante de la discipline plus vaste qu'est la science de l'environnement (ou science environnementale).[…] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cologie Eco matériau / Matériaux bio-sourcés : Matériau issu de la biomasse d’origine animale ou végétale. Ces matériaux permettent la création d’emplois locaux et nondélocalisables, qualité de vie dans l’habitat et pour les ouvriers lors de la construction ( non toxiques ), ont de faibles répercussions environnementales, diminution de l'empreinte écologique de la construction, et réduction du bilan du point de vue des émissions de gaz à effet de serre. Ils peuvent cependant être un peu plus coûteux à l'achat ou nécessiter un temps de mise en œuvre légèrement plus long. ex : le bois, la paille, la chènevotte (chanvre), la ouate de cellulose, le liège, le lin et la laine de mouton. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89comat%C3%A9riau Economie locale : La résurgence du local est une dynamique intéressante qui questionne notre modèle de production et de consommation, sur le modèle des circuits courts : Offrir un lieu d’échange et d’action commun car le réseau permet aux entrepreneurs qui partagent les valeurs d’une économie locale de se retrouver et d’agir ensemble. Renforcer les liens entre habitants et entrepreneurs locaux car le réseau encourage l’installation de commerces locaux –lieux de convivialité– et par conséquent les échanges. Mettre en place de nouvelles initiatives à l’échelle du territoire et dynamiser l’économie locale car le réseau permet à des entrepreneurs de s’implanter localement et donc de favoriser les échanges locaux, d’éviter la délocalisation et de créer de nouveaux emplois. Réduire l’impact écologique car les entrepreneurs locaux favorisent les circuits courts. Ainsi, vous réduisez les transports des produits et minimisez les changements climatiques. https://www.lelabo-ess.org/+-economie-locale-+.html

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Eco-conception: « Intégration systématique des aspects environnementaux dès la conception et le développement de produits (biens et services, systèmes) avec pour objectif la réduction des impacts environnementaux négatifs tout au long de leur cycle de vie à service rendu équivalent ou supérieur. Cette approche dès l’amont d’un processus de conception vise à trouver le meilleur équilibre entre les exigences, environnementales, sociales, techniques et économiques dans la conception et le développement de produits ». Norme NF X 30-264 Management environnemental – Aide à la mise en place d’une démarche d’éco-conception, 2013 Economie circulaire : Modèle axé sur une absence de gaspillage et une augmentation de l’intensité de l’utilisation des ressources tout en diminuant les impacts environnementaux. On parle couramment des trois « R » qui résument les principes de l’économie circulaire : Réduire la consommation des ressources, Réutiliser et Recycler les matières et les produits. https://www.batirpourlaplanete.fr/definition/materiau-biosource/ Education populaire : L'éducation populaire est un courant de pensée qui cherche principalement à promouvoir, en dehors des structures traditionnelles d'enseignement et des systèmes éducatifs institutionnels, une éducation visant l'amélioration du système social. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ducation_populaire Emprunte énergétique: L'empreinte énergétique est l'impact laissé sur l'ensemble des ressources énergétiques par une personne ou un groupement quelconque de personnes ou par un type de construction ou une forme d’urbanisme, c’est l'une des dimensions de l'empreinte écologique. https://fr.wikipedia.org/wiki/Empreinte_%C3%A9nerg%C3%A9tique Energie grise : L’énergie grise ou énergie intrinsèque est la quantité d'énergie nécessaire lors du cycle de vie d'un matériau ou d'un produit : la production, l'extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l'entretien et enfin le recyclage, à l'exception notable de l'utilisation. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_grise

Energies propres : Une énergie propre, ou énergie verte, est une source d'énergie primaire qui produit une quantité relativement faible de polluants lorsqu'elle est transformée en énergie finale puis utilisée comme telle. Le concept d'énergie propre est distinct de celui d'énergie renouvelable : une énergie est dite renouvelable si elle se reconstitue, indépendamment de la pollution ou des déchets qu'elle génère ; inversement, le fait qu'une énergie soit propre n'implique pas qu'elle soit indéfiniment disponible. Toutes les sources d'énergie produisent des déchets au cours de leur cycle

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de vie, ne serait-ce que lors des phases de fabrication et de construction. Certaines ont, de plus, des effets indirects sur l’environnement, comme les barrages, dont la biomasse se décompose en produisant du méthane, un puissant gaz à effet de serre. La notion d'énergie « propre » est donc relative. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_propre

Espaces publics : L'espace public représente dans les sociétés humaines, en particulier urbaines, l'ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui sont à l'usage de tous. Ils appartiennent soit à l'État (domaine public), soit à une entité juridique et morale de droit ou, exceptionnellement, au domaine privé. https://fr.wikipedia.org/wiki/Espace_public Etablissement : Selon L’insee : « Un établissement produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel informatique... L'établissement, unité de production, constitue le niveau le mieux adapté à une approche géographique de l'économie. » Etalement urbain : L’étalement urbain est une expression désignant le phénomène de développement des surfaces urbanisées en périphérie des grandes villes. Cet étalement, qui est lié au développement démographique des agglomérations, se fait avec une densité du bâti d'autant plus faible que l'on s'éloigne du cœur des villes. La faible densité est due au caractère pavillonnaire de cette urbanisation, la surface occupée par un foyer (maison + jardin privatif) étant plus importante que celle d'un appartement en immeuble, ainsi qu'à l'importance des espaces naturels conservés dans les communes concernées. https://www.techno-science.net/definition/7061.html Participation citoyenne : La participation citoyenne peut se définir comme un processus d'engagement obligatoire ou volontaire de personnes ordinaires, agissant seules ou au sein d'une organisation, en vue d'influer sur une décision portant sur des choix significatifs qui toucheront leur communauté. http://www.dictionnaire.enap.ca/dictionnaire/docs/definitions/defintions_francais/pa rticipation_citoyenne.pdf Patrimoine : Le patrimoine est l'héritage commun d'un groupe ou d'une collectivité qui est transmis aux générations suivantes. Il peut être de nature très diverse : culture, histoire, langue, système de valeurs, monuments, oeuvres artistiques... http://www.toupie.org/Dictionnaire/Patrimoine.htm

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Réhabilitation : Dans le domaine de l'urbanisme et de l'architecture, la réhabilitation désigne au sens large le fait de réaménager un local, un bâtiment ou un lieu (quartier, friche, espace vert...). Elle consiste à garder l'aspect extérieur du bâtiment et à améliorer le confort intérieur et économiser l'énergie (réhabilitation énergétique). […] https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9habilitation_urbaine Ressource : Le terme « ressource» désigne la mise en valeur d’un capital, dit naturel (ressources minérales, énergétiques mais aussi avantages de localisation) ou encore matériel (machines, etc.), exploité par une société donnée à un moment donné dans le but de créer des richesses. Le terme « ressource » a ensuite été étendu à des biens immatériels, les capitaux par exemple (ressources financières), ou les « ressources humaines » (capacités de travail, d'innovation, etc.). La question du mode de mise en valeur et d’utilisation des ressources est indissociable de la nature des ressources ellesmêmes. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/ressource-s Villages dortoirs : Une ville-dortoir, ou cité-dortoir, est une ville avec un marché du travail réduit et dont le principal but est de regrouper des logements. Au lieu d'avoir une activité dans cette ville, les habitants sont souvent employés dans une importante cité voisine. Une telle situation entraîne des déplacements pendulaires entre la villedortoir et le bassin d’emploi. Dans les bassins d'emploi plus modestes, on parle plus couramment de village-dortoir dont la particularité est souvent d'exploiter une structure traditionnelle de village rural. Ainsi, on peut voir se côtoyer des fermes rénovées et des pavillons individuels alors qu'un très petit nombre d'exploitations agricoles exploite encore les champs et les prés environnants. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville-dortoir Transition écologique : La transition écologique est une évolution vers un nouveau modèle économique et social, un modèle de développement durable qui renouvelle nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble pour répondre aux grands enjeux environnementaux, ceux du changement climatique, de la rareté des ressources, de la perte accélérée de la biodiversité et de la multiplication des risques sanitaires environnementaux. http://www.manche.gouv.fr/Politiques-publiques/Amenagement-territoireenergie/Developpement-Durable/La-transition-ecologique

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ANNEXES PROJET CHANAC S8

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PROJET LODÈVE S9

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