Buzz, Buzz, Buzz !

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Buzz buzz buzz !

Sans Editeur Fixe




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scĂŠnario, dessins, linogravures : lucien Trarieux. Site/blog officiel : http://www.lucien-trarieux.fr/

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Le but de cette BD n’est pas de rentrer dans un discours stéréotypé dans le style de Monsieur Garrison de South Park :

Ni d’affirmer comme les freaks brothers :

La drogue, c’est mal, voyez ! Déchirez-vous, y’a que ça de vrai !

Sans mentir et en toute honnêteté, j’ai aimé mes défonces, qu’elles soient éthyliques, cannabiques, à base de LSD éventé ou autres psychotropes...

Mais plutôt de souligner l’inégalité, l’injustice que nous subissons face aux dépendances quelles qu’elles soient !

Il m’arrive parfois de regretter l’insouciance de cette époque ! Malheureusement pour moi...

Smoky, smoky !

Pour sauver mes relations sociales, ma vie de famille, mes poumons, pour ne pas finir comme un vieux légume à qui il ne resterait que son pauvre pétard, pour toutes ces raisons et d’autres encore, j’ai préféré arrêter de fumer... Alors que ce n’était pas forcément gagné d’avance !

...le pétard a pris le dessus sur ma vie pour n’avoir quasiment plus que ça en tête dans des moments aussi absurdes qu’inutiles ! à quelque chose près il dictait ma vie de tous les jours. 2010 ¬^

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Cette décision m’a fait basculer du jour au lendemain d’un extrême de gros consommateur quotidien d’herbe, de shit à un autre extrême. il y eut comme un vide...

... difficile à combler surtout pendant trois longs mois de sevrage où le produit est sorti par tous les pores de ma peau.

2010 ¬^

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J’ai fumé en alternance entre 16 et 32 ans. Dans les périodes où je fumais, tout y passait : tabac, herbe, shit, tout le temps et partout. En conduisant...

... devant l’ordi...

... Du matin au soir, à travers toutes les activités d’une journée, les buzz m’accompagnaient jusqu’à parfois inventer des excuses aussi «fumeuses» les unes que les autres pour m’intoxiquer un peu plus !

... au boulot...

...en flânant en ville...

... en dessinant...

Le pétard était toujours là pour atténuer mes tristesses...

... en soirée, où j’enfumais de plus belle mes poumons d’asthmatiques tout en noyant mon foie de vin rouge...

...amplifier mes joies...

... et faussement apaiser mes colères !

2010 ¬^

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Pourtant, mon enfance a été heureuse, mes deux parents présents, je n’ai été ni battu ni violé par qui que ce soit...

Ma mère a pris en grippe, dès son enfance, tous les paradis artificiels à cause d’un père alccolique. Bourré, il se défoulait sur femme et progéniture masculine...

Mon père, s’il voulait garder la femme qu’il aimait, se devait d’être sobre comme un chameau.

Tiens, p‘tit con, tu comprendras pourquoi !

hmm, j’ai juste un petit peu bu... Je ne lui ai connu qu’une seule exception mais elle fut mémorable ! C’est enceinte de moi qu’ils ont été sensibilisé à l’alimentation biologique...

Je suis donc un poulet bio, élevé sous la mère, avec toutes ces contradictions... et y’en a un paquet !

Pouââââââât !

à 14 ans j’ai grillé ma première cigarette sur le chemin du bahut, planqué derrière un transformateur d’EDF, pour faire comme les durs du collège et pour souligner aussi ma différence... ce qu’on peut être con et insouciant à cet âge là !

C’est bon, y’a personne t’es sûr ? ouais, ouais, vas-y fume !

huuumpff, rheu, rheu, aaargh !

Mes parents ont tous les deux été accros à la nicotine. Ils ont réussi à s’en défaire tout en tenant un bar. Par un de mes oncles, j’ai appris qu’ils avaient tous les deux tiré sur un joint mais sans plus. Alors est-ce parce qu’ils me connaissent comme si j’étais leur fils ou est-ce parce qu’ils ont une répulsion pour les drogues, toujours est-il que mes parents n’ont jamais accepté mon mauvais penchant et s’en sont toujours méfiés... comme tous mes proches d’ailleurs !

Quel enfoiré aussi ce cowboy malboro qui nous a fait croire que fumer c’était être libre et rebelle !

D’autant plus con qu’il faut avouer que la clope, c’est franchement ignoble la première fois... 2010 ¬^

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Et dans la suite logique de mon insouciance adolescente, j’ai fumé mon premier joint à 16 ans. Les effets euphorisants et le goût prononcé du shit m’ont malheureusement tout de suite charmé.

Tellement que pendant une bonne partie de mon adolescence, j’ai carburé au bang de fabrication maison !

Petite bouteille d’eau minérale

Embout de marqueur

Rhaaa, lovely...

Stylo coupé aux extrémités PQ humidifié au savon pour colmater les fuites

J’ai heureusement réussi à me défaire de cette sale habitude mais la spirale infernale était déjà enclenchée !

Bon j’finis cette boulette et promis demain j’arrête ! Juré !

Et une fois que j’ai réussi à stopper la fumette, ma plus grande hantise est de ne pas replonger... Paradoxe à la limite de l’absurde ! Haaan naan, laissez-moi !

à 32 ans les sevrages ont été aussi nombreux que les rechutes. Le comble est qu’en fumant je n’ai qu’une envie, celle de reprendre

En bref, mon problème existentiel, aussi futile soit-il, est :

J’ai l’impression d’être pieds et poings liés à l’herbe, qui est considérée seulement comme «drogue douce», prisonnier d’une dépendance que j’ai choisi malgré moi et que je subis maintenant depuis une bonne quinzaine d’années parsemées d’espoirs, de réussite et de remords aux nouvelles reprises.

Au jour d’aujourd’hui, j’en suis à ma énième tentative avec cette hantise constante de replonger à n’importe quel moment... au bout d’un jour, d’un mois ou d’un an et demi, mon dernier record ! Pour autant, je n’ai toujours pas d’envie oppressante.

To smoke or not to smoke ? 2010 ¬^

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Au cours de ces nombreuses tentatives d’arrêt, j’ai pu essayer plusieurs techniques :

Aux patchs à la nicotine...

Et toujours des hectolitres de flotte pour drainer au maximum mon organisme intoxiqué !

De l’homéopathie à l’acupuncture...

Je comptais un peu trop sur ces béquilles de substitution et à la moindre fluctuation émotive, grande tristesse ou euphorie soudaine, je replongeais aussitôt.

J’ai aussi tenté d’acheter ma volonté en m’offrant des cadeaux afin de me féliciter et de m’encourager à persévérer dans cette voie. Mais ce petit jeu a finalement coûté plus cher que de continuer à fumer ! Je me suis offert tellement de choses que j’ai presque plus dépensé en cadeaux qu’en tabac et herbe réunis ! Tiens lulu cadeau !

Rhaa, Bordel !

Oooh merci Lulu, fallait pas !

Têtu comme une mule, je suis même allé faire un tour du côté du symbolique, technique reconnue par certains spécialistes du sevrage ! ...

Affirmatif ! Rheu, rheu !

J’ai alors envoyé tabac et herbe accompagnés d’un joli timbre à : Serge Gainsbourg 06666 L’au-delà Où il est ça lui fera certainement moins de mal ! 2010 ¬^

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Précédemment, j’avais réussi à tenir un an et demi jusqu’à ce qu’une envie fulgurante de fumer me reprenne. une séance surréaliste chez une bioénergéticienne a accéléré la rechute

J’avais trouvé la petite excuse qui me manquait pour reprendre ! Lilie, ma compagne, appréhendait déjà tandis que je dénigrais le risque pourtant bien réel ! Fais gaffe Lulu, Meuh non, parti comme tu es, t’inquiète, je tu vas reprendre gère ! le pétard !

Bizarre, ton corps réagit plutôt bien au tabac !

Et ce qui devait arriver, arriva : la reprise du pétard suivit de très près celle de la clope ! Rhaa, lulu t’avais dit que tu gérais !

rhoo t’inquiète, j’arrête quand je veux !...

Ah ouais, coooool !

à raison d’une bonne vingtaine de joints par jour, ma faculté à être présent s’est rapidement détériorée. Les excès quotidiens ont facilement tendance à me perturber psychologiquement et à anéantir volonté et facultés. là, à mon avis et en toute objectivité, je ne gère plus rien du tout !

De grosses tares plus ou moins enfouies ressortent alors, comme révélées et décomplexées par le trop-plein de fumée. Je deviens encore plus égocentrique qu’en réalisant cette BD !

Certaines personnes arrivent à ne fumer qu’occasionnellement, je n’en fais définitivement pas partie ! une fois la machine infernale lancée, un autre lulu, complètement différent, fait son apparition :

Super ganja Man !!!

Le côté énervant à l’extrême du «scorpion» prend toute son ampleur et, malgré moi, je me transforme en roi des casses-couilles !

C’est énervant, hein ? C’est énervant, hein ?

Et étrangement alors que l’herbe est censée me détendre, je me ronge les ongles jusqu’au sang.

Salut ! Chuis le nombril de Lulu et en plus je parle ! 2010 ¬^

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le syndrome de la grosse feignasse

Dans ces périodes, ma philosophie de vie se résume à : «pourquoi faire aujourd’hui ce qu’on peut remettre à demain !»... Sauf évidemment pour fumer de gros pétards !

Bon lulu, euh, y’a la table à débarrasser, la vaisselle à faire, les enfants à coucher, avant de... Euh ouais, attends...

Oh ben, il a poussé tout seul celui-là !

Minute... Chuis super occupé là !

La fumette passe donc avant tout. Mon état second permanent rend le peu de tâches ménagères quotidiennes que j’ose entreprendre moins monotones. J’ai aussi faussement l’impression d’échapper au traintrain quotidien qui m’a toujours effrayé, même si pour autant je ne suis pas adepte de sensations fortes ! Toujours est-il que ma douce se retrouve rapidement avec une surcharge de boulot, la désagréable sensation de vivre soudainement en compagnie d’un fantôme défoncé ou de devenir vicieusement et sournoisement mère célibataire, excédée par mes mauvais penchants.

Alors que tel un toxico je suis capable de voler...

... de manipuler grossièrement un quidam...

... et de ramper pitoyablement aux pieds de la première personne susceptible de me dépanner d’une malheureuse boulette ! Alléééééé, s’te plaîîît, juste de quoi me faire un p’tit joint, j’ten priiiie !

Et en plus, comme je n’ai jamais pris le temps de cultiver mon herbe, je dilapide l’argent du foyer en déplacement pour chercher et éventuellement acheter herbe, shit, tabac, feuilles à rouler ! 2010 ¬^

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C’est ce qui s’appelle faire partir son argent en fumée...

... et dans ces phases, tout part en fumée : argent amis

De manière quasi inconsciente et systématique, je m’affuble de la parfaite panoplie de la caricature du fumeur de pétard ! En partie pour m’affirmer en tant que tel et aussi pour être plus facilement repérable par mes pairs !

famille travail

énergie

persévérance

Pourtant plusieurs drogues diverses et variées ont visité mon organisme : alcool en tout genre, cocaïne, extasy, LSD, champignons hallucinogènes... Aucune ne m’a attiré plus que ça, aucune ne m’a aspiré dans une consommation excessive et heureusement pour moi, aucune n’a monopolisé autant mon attention que la marijuana ! La prise de conscience et les regrets de ce que j’ai pu faire, être ou dire, m’assomment de remords dès le début du sevrage. Et c’est loin d’être une partie de plaisir.

Pour en plus à chaque fois me retrouver sans un sou en poche lorsque je décide d’arrêter !

Il était temps, y’a plus rien !

Je me débrouille toujours pour commencer ma désintoxication lorsque c’est le plus difficile, une sorte de challenge en plus ! Généralement l’élément déclencheur est l’état déplorable de nos finances et mes poumons d’asthmatique qui désespèrent de ne pouvoir respirer normalement. C’est aussi le moment où ma béquille artificielle disparue, je me retrouve soudainement boiteux de la vie...

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Je me suis toujours promis d’arrêter de fumer avant mes 40 ans... Le compte à rebours a commencé depuis un bon bout de temps et face à la difficulté je préfère anticiper un minimum !

Asthmatique, j’ai miraculeusement découvert les bienfaits de la ventoline en même temps que les pétards ! J’ai pu aspirer des bouffées du bronchodilatateur afin de pouvoir fumer sereinement même en pleine crise d’asthme !

un côté autodestructeur à deux balles qui s’est transformé en instinct de survie lors de mon dernier test pneumologique. J’espérais, histoire de m’effrayer, que le spécialiste puisse trouver une tâche suspecte sur ma radiographie pulmonaire... heureusement ça n’a pas été le cas. Mais après tout ce que j’ai pu faire subir à mes petits poumons, il a été relevé que ma capacité respiratoire avait chuté de moitié... à 30 ans légèrement passés, ce n’est pas non plus anodin, mais c’était exactement la décharge qu’il me fallait pour me motiver à arrêter de nouveau !

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De mon développement personnel, les années fumettes équivalent à la case prison du jeu de l’oie. Ma dépendance dicte mes choix...

Du coup j’ai pris peur en me projetant insuffisant respiratoire à 50 balais... Han, han !

... oriente mes actes, avant même femme, enfants, famille et amis ! Pour avoir essayé maintes fois d’arrêter de fumer, j’ai eu à chaque fois la sensation de me retrouver sur la case «départ» avec de nouveau mes propres fondations à reconstruire.

La difficulté est qu’après chaque rechute, je fume de plus belle et il me faut plus de courage et plusieurs tentatives pour oser me lancer dans un nouveau sevrage. râté ! râté ! râté ! râté !

Rhaaa...

Jusqu’à finalement oser me lancer dans le vide tant l’abstinence de drogue m’amène en territoire inconnu et déstabilisant !

Réussiiii ii i ! i

Pour la première fois de ma vie, je l’ai fait pour moi et non pour de tierces personnes. Marre d’être dépendant d’un produit, plein le dos de stagner humainement, ras les poumons d’altérer ma capacité respiratoire... Désormais je dois apprendre à m’aimer sans artifice et ce n’est pas gagné d’avance...

râté !

à cette époque, j’étais persuadé que fumer me servait d’armure dans mes relations sociales, pour me protéger des autres et de mes propres peurs.

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une fois ma béquille retirée, j’ai eu la désagréable sensation d’être nu, sans défense et complètement démuni...

un instinct de survie s’est développé ; comme pour me protéger de toute tentation, le lulu d’un naturel plutôt sociable se transforme en vieil ours des cavernes. Tout contact avec autrui devient difficile à gérer intérieurement alors je me suis isolé le temps d’aller mieux !

‘veux pas bouger ! ‘veux voir personne ! grumpf !

Dès la première semaine sans pétard, des idées noires envahissent soudainement mon cerveau, comme s’il pleuvait tout le temps dans ma tête.

En découle aussi rapidement, une déprimante tendance à me sentir comme une pauvre petite merde insignifiante... oh tiens, mon frère jumeau... !

pendant les trois mois du sevrage, je me mets à pleurer pour un oui ou pour un non. à cette hypersensibilité s’ajoute une susceptibilité à fleur de peau que je ne peux absolument pas maîtriser.

Comme à chaque fois, mes premières nuits sont agitées et mouillées : aux réveils j’essore mon oreiller de transpiration !

Bouhouhou, d’abord vic chesnutt qui s’en va, ensuite mano solo puis lhasa, la vie est vraiment trop pas juste ! Bouhouhou !

2010

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Mon insouciance d’avant laisse place aux regrets. Enfin lucide, je prends conscience de la portée de mes actes. Houuu, mais qu’est-ce que j’ai fait ?...

J’en profite pour faire le ménage dans ma caboche de manière littérale et imagée.

chose étrange : j’arrête très rapidement de me ronger les ongles...

Doucement mais sûrement, je dois me reconstruire, retrouver ma personnalité sans illusion cannabique.

Comme si mon corps et mon âme, soulagés, se détendaient enfin.

Du jour au lendemain, je me transforme en vraie petite fée du logis... o

aspirer

il est doué pour ça, ça c’est s vrai ! z

z

s

z

hum, hum !

astiquer

o

nettoyer balayer s o

cuisiner

Dans les premiers temps, malheureusement pour mon entourage, ma patience est réduite à néant...

Heureusement pour notre équilibre familial, ces colères ne sont que passagères et mon humeur s’équilibre progressivement.

Ta gueuuuuuule ! ! Dis, papa, est-ce que je p... ?...

2011

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Le sevrage même s’il est libérateur, nécessite un temps pour s’adapter à sa nouvelle liberté...

... un repli sur soi est nécessaire, pour tenter difficilement de se tenir chaud et de se reconnaître...

... mais il y fait souvent froid durant ces trois longs mois d’hiver.

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Comme pour toutes mes périodes de désintoxications choisies mais avortées, j’alterne des moments de grands calmes à la limite du vide...

... avec des phases d’extrêmes tensions où je mordrais tout ce qui bouge, crie, parle, pleure ou rit...

gnnnnnnnn...

hooOoommm...

je sue par tous les pores de ma peau le trop-plein de thc, le drainage se fait automatiquement !

... pour couronner le tout, des idées suicidaires me hantent l’esprit. J’ai à chaque fois l’impression de ne jamais pouvoir atteindre le bout du tunnel...

une lancinante déprime s’empare de tout mon être, doublée d’une incapacité totale à savoir comment mener ma vie... chuis rien !...

chaud !

... pour d’autres fois, à la moindre petite émotion, me retrouver à pleurer comme une madeleine sans raison apparente...

Je ne vaux rien !...

froid !

snif snif !

ces différents stades me sont incontournables et similaires à chaque nouvel essai. Et toujours après ces 3 mois difficiles, la joie de vivre reprend le dessus et je sais à nouveau quelles directions prendre !

Enfin liiiiiibre !

2011

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j’ai eu l’impression d’enfin «devenir adulte» même si l’expression semble bizarre ! J’ai pu quitter sans regret mon côté jeune chien fou de l’époque ! Hé, t’as du shit ?

allé, quoi...

pétard ?

... comme si d’un coup d’un seul, je terminais ma looooongue crise d’adolescence... «pas trop tôt», penseront certains de mes proches !

je me sens enfin là, présent dans ma tronche et dans mes baskets... enfin dans mes tongs !

Là !

t’as pas du shit ?

t’as pas du shit ?

d’la beuh, non ?

une p’tite boulette ?

ganja ?

smoky

chichon ?

même s’il me reste encore pas mal de pièces à placer, j’arrive à assembler un puzzle et je commence à entrevoir qui je suis réellement... ho hisse !

un des plus gros avantages à avoir arrêté de fumer la ganja est que je ne me retrouve plus à croire que je dessine des trucs fantastiques le soir... carambar...

houuu, yé sens oune grrande inzpirazione !

mieux vaut tard que jamais, j’ai fini par apprendre à tempérer mes deux extrêmes qui m’embrouillaient l’esprit : le premier principalement sous effet du cannabis, me transformait en mister hide, à tendance hyper active qui ne termine pas ce qu’il entreprend...

le second, en période de sevrage, développe une tendance docteur jekyll où je deviens indécis, mou, sans aucune confiance en moi et en ce que je fais !

... pour le lendemain matin, à jeun, devoir assumer la déception clairvoyante et affronter la dure réalité. Rhaa... c’est définitivement à chier... !

Contrairement à ce que j’appréhendais, à l’opposé du mythe de l’artiste maudit trouvant sa principale source d’inspiration au chevet des drogues, j’ai acquis, en me désintoxiquant, une capacité de création jamais égalée auparavant. Sans y poser de jugement de valeur, j’ai gagné en régularité dans ma production artistique et une notion moins erronée de la qualité du résultat... et c’est foutrement précieux ! 2011

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Afin d’être sûr de l’évolution, la personne la mieux placée pour en juger est celle qui partage ma vie au quotidien et qui a supporté, souvent difficilement, mes frasques cannabiques. Ben, tu es moins énervé et énervant, tu dépenses beaucoup moins d’argent impulsivement et inutilement, la maison est mieux rangée, trop parfois, tu ne vas plus voir des gens spécialement pour la fumette, tu es moins fatiguant et omniprésent dans tes conversations, plus stable dans tes humeurs et nettement plus présent auprès de nous tous !

Alors, qu’est-ce qui a changé d’après toi ?

... et tu y vois des points négatifs à tout ça ?

Oh, tu dois certainement être un peu moins sociable qu’auparavant, mais en même temps, ça va de soi et c’est pas vraiment une catastrophe... !

Au jour d’aujourd’hui et ce depuis un an et demi bien tassé, je n’ai tiré ni sur un pétard ni sur une clope et j’ai quasiment récupéré ma capacité respiratoire !

YeS !

Ah si, un autre bon côté, ta libido excessive et insupportable de fumeur s’est calmée, tu me sautes heureusement moins souvent dessus ! Ouais ben, c’est pas franchement glorieux ça !

Lorsque la pression est trop forte, je m’autorise un peu d’éthylisme occasionnellement. Substance que j’arrive à maîtriser contrairement au pétard... En tout cas, je fais tout pour éviter de devoir en faire un jour une BD !

L’alcard, oui ! Le pétol, non ! 2011

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Donc voilà, j’ai enfin franchi un cap après maintes tentatives qui me rapprochaient petit à petit de la réussite. En partie Grâce à la réalisation de cette BD et aux nombreux soutiens de mes proches. Depuis cette décision d’arrêter de fumer, même si le sevrage a été douloureux, je me sens beaucoup plus léger sans le poids de la dépendance et curieusement plus à mène d’affronter le yo-yo de la vie.

J’ai, sans doute à vie, le cul entre deux chaises, en équilibre avec l’obligation d’être constamment sur le qui-vive, au risque de replonger à n’importe quel moment, ce qui serait sacrément con vu tout ce qui j’y ai à perdre et surtout tout ce que j’ai pu gagner en arrêtant tout et définitivement !

Je pourrais désormais presque affirmer que le pétard est désormais derrière moi sans pour autant faire le malin parce qu’on ne sait jamais...

Même si je ne veux pas y croire, je me dois de tenir compte du dicton un temps soit peu défaitiste : «fumeur un jour, fumeur toujours !»

Malgré tout le travail réalisé, je me dois de rester à jamais vigilant...

Pour tenir sur le long terme, il me faudra me méfier des euphories explosives et des périodes d’intenses tristesses, comme la vie en est jonchée. Et surtout ne pas me faire d’illusion, je ne pourrais jamais être plus fort que le pétard. Ne surtout plus tirer sur un joint même festif, pour m’être fait tout le temps avoir précédemment de la sorte, j’ai fini par comprendre que je ne pourrai jamais avoir le dessus... C’est décidé, je ne me ferais plus avoir, j’ai dit ! 2011

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