Reverdies n°3, de l'aube à la nuit, les métamorphoses du ciel.

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n°3

REVERDIES Un certain regard sur la nature

De l’aube à la nuit, les métamorphoses du ciel.

©Lucile Longre novembre 2014


Ce numéro s’intéresse aux rythmes du temps, de l’aube à la nuit, aux transformations du ciel et de la nature au fur et à mesure de la journée, comme une sorte de longue respiration, de longue méditation devant ces paysages changeants. Toutes les photos ont été prises dans les Monts du Lyonnais (Rhône) et en particulier à dans le village d’Yzeron, tout au long de l’année.

lucile.longre@yahoo.fr lucilelongre.com


Naissance du matin Je ne suis qu’un son, un bruissement d’ailes, L’océan de bruits m’environne, Et m’emplit telle une liqueur forte D’une joie presque sauvage, Je vis dans l’instant, Je vis de l’instant, Minute éternelle qui m’envahit Comme une onde bienfaisante, Au milieu des cercles concentriques De cette mer sonore, Je renais à nouveau, Tel le premier homme assistant A l’aube du premier jour, Mon existence est suspendue A cette expérience renouvelée, La naissance du soleil et de l’humanité.


Tout d’abord, c’est la nuit et l’obscurité, avec, parfois, le sourire de la lune... https://vimeo.com/105435927


Parfois, le lever de soleil est flamboyant... https://vimeo.com/110687970


Parfois, il paraĂŽt plus tranquille... https://vimeo.com/105660286


Souvent, le brouillard se mêle à l’aube en automne... https://vimeo.com/106749708


Et bientôt, la journée commence, de l’aurore au coucher du soleil... https://vimeo.com/104034309


Le passeur d’aurore J’aimerais être un passeur d’aurore, Délier un à un les liens Qui sommeillent au fond de chaque cœur, J’aimerais être la lumière de l’aube, Me faire promesse de jardins, Et souvenir de rivière, J’aimerais être le vent solaire Réveillant les consciences enneigées, Soleil au matin, Lune au soir, La nature tout entière vit et vibre en moi, Flambeau rougeoyant en ma main, L’avenir des forêts s’ouvre devant moi.


PHOTOGRAPHIE, ESPACE ET NATURE On peut se poser la question, en tant que photographe de nature, de savoir quels rapports la photographie et le photographe entretiennent avec ce qui fait l’objet de sa pratique, c’est-à-dire l’espace et la nature. En effet, la photographie peut être à certains égards considérée comme un art et une science des lieux et des espaces, car elle ne peut se concevoir que dans un lieu précis et à un temps précis. La photographie habite donc l’espace et le temps, mais d’une façon particulière et la photographie de nature tout particulièrement. Et c’est là que l’apport de la mésologie, entendu comme une science des milieux, peut être utile. Voici comment le géographe Augustin Berque définit ce qu’il entend par milieu : » relation d’une société à l’espace et à la nature ; combinaison trajective de lieux et d’étendues, est proprement trajectif, c’est-à-dire à la fois naturel et culturel, collectif et individuel, subjectif et objectif, physique et phénoménal, matériel et idéel (…) »Augustin Berque, Le sauvage et l’artifice, les japonais devant la nature, Gallimard, 1986, p.165-166. Quant à la trajectivité, notion mise au point par Augustin Berque, voici comment il la définit : » Dire que le milieu est à la fois naturel et culturel, collectif et individuel, subjectif et objectif, c’est dire qu’il faut essayer de le penser dans sa dimension propre, laquelle n’est ni celle de l’objet, ni celle du sujet, mais celle des pratiques qui ont engendré le milieu au cours du temps, et qui sans cesse l’aménagent/réaménagent. Je qualifie cette dimension de « trajective » en m’inspirant d’auteurs tels que Jean Piaget et Gilbert Durand. Le milieu doit être pensé en tant que trajectivité, c’est-à-dire en tant que genèse réciproque entre les termes qui le composent et cheminement réversible. C’est de ce « trajet » perpétuel, de cet entrecroisement toujours en sève que sont tissées les pratiques à la fois écologiques, techniques, esthétiques, noétiques, politiques etc. dont procède un milieu donné. » Augustin Berque, op.cit., p. 149.150.


C’est là que l’on s’aperçoit que la photographie est proprement trajective, puisqu’elle propose un chemin depuis le lieu, qui est l’endroit du concret, du singulier, de la présence, jusqu’à l’espace, domaine de l’abstrait et de la représentation, par son action sur le milieu, domaine du symbole et de la trajectivité, ainsi que celui de la pleine communication. De fait, lorsque le photographe de nature photographie un paysage, il participe comme le dit Augustin Berque, d’« un mode sensible (…) de relation à l’espace et à la nature (qui) implique particulièrement la vue et les échelles moyennes »(op. cit. p.166). Cette expérience, le photographie l’érige au rang de symbole en la prenant en photo et en la faisant connaître. Le photographe contribue également de ce fait à forger des représentations plus abstraites de l’espace, à nourrir des schémas qui iront irriguer l’imaginaire collectif. La photographie, en particulier la photographie de nature peut donc bien être considérée comme une pratique et une réflexion sur les milieux, qu’elle enrichit en même temps qu’elle est fécondée par eux.


REVERDIES N째 3 Novembre 2014 UN CERTAIN REGARD SUR LA NATURE


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