PORTFOLIO énergie _ Lucile Dif

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LUCILE DIF PAYSAGISTE DPLG

École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles / Marseille

PAYSAGE ET ÉNERGIE


Paysages Énergétiques à Venir - Atelier Professionnel Régional Anthony Augier . Jérôme Burrows . Quentin Debenest . Lucile Dif > Peinture numérique d’Anthony Augier


Offshore

Hydraulique

Terrestre

Biocarburants

Méthanisation Photovoltaïque flottant

Gaz des marais

STEP marine STEP de vallée

Photovoltaïque urbain Recyclage des déchets agricoles

Éolien

Bois-énergie

Phytoremédiation

Solaire

sources d’énergie traitées au cours de mon parcours personnel

Par le biais d'hypothèses et de scénarios, on expérimente ici la vision prospectiviste où, plus que la nouvelle technologie implantée, s’engage une réflexion sur sa répercussion sur le long terme : quel paysage celle-ci est-elle capable de produire, aussi bien de façon directe, qu’indirectement. De quelle manière le projet de paysage énergétique réagi-t-il dans le temps à l'évolution du contexte socio-économique/écologique/ urbain/rural... ? Comment évolue-t-il, est-il réversible ? En somme, de quelle manière le projet de paysage réagit au monde, et à l'inverse de quelle manière le projet de paysage change-t-il le monde ?

Je souhaite, à l’aide de mes compétences, promouvoir un territoire et son paysage par l’intégration d’une (ou plusieurs) industrie(s) énergétique. Il s’agirait d’user des moyens de production d’énergie et de leurs caractéristiques pour créer de nouveaux paysages: trouver à ces machines, ces ménanismes ou ces principes, une logique géographique, une spatialité, une esthétique et aussi une poétique, un imaginaire. Ou comment utiliser les nouvelles technologies comme prétexte à la création d'un beau paysage, témoin du génie créateur de l'homme, et de la nature sauvage. Bibliographie _ Le « socle », matériau du projet de paysage ; L’usage de « la géographie » par les étudiants de l’École du Paysage de Versailles _ Hervé Davodeau, Géographe. 2008 _ L’Homme et la Terre _ Eric Dardel, Géographe.1952


Lille

A

Arras

B Le Havre Rouen

Contexte et Localisation Équipe Commanditaires

A

P

Paysages Énergétiques à Venir - la nouvelle ère du bassin minier R

.

telier rofessionnel égional Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais Anthony Augier . Jérôme Burrows . Théo Calvet . Quentin Debenest . Lucile Dif . Encadrés par Philippe Hilaire Réponse à une commande publique pour la DREAL du Nord-Pas-de-Calais

Le Grand Rural - l’industrie énergétique moteur d’une nouvelle ruralité Équipe Encadrement

Atelier N°8 à l’ensp . Pays de Caux, Haute-Normandie

Audrey Atchade . Gwenaëlle Charrier . Lucile Dif . Aurélie Gilles . Alice Meyer Stephane Tischer et l’agence COLOCO : Miguel et Pablo Georgieff . Nicolas Bonnenfant . Fabien David

en lien avec : UP Territoires d’Albâtre - zoom dans le projet du grang rural

Concours International d’Idées de Developpement Durable Contexte et Localisation Équipe Commanditaires

Saint-Valéry-en-Caux / Saint-Aubin-sur-Mer, Haute -Normandie

Gwenaëlle Charrier . Pierre David . Quentin Debenest . Lucile Dif Pour la Communauté de Communes de la Côte d’Albâtre et l’Université de Lille 1

RURAL

Contexte et Localisation

URBAIN

Paris


PARADIGME ET MÉTHODE DU PAYSAGISTE À TRAVERS DEUX PROJETS DE PAYSAGE ÉNERGÉTIQUES : L’UN EN MILIEU URBAIN L’AUTRE EN MILIEU’ RURAL I : ’ l y a donc deux niveaux de lecture l explication de la démarche en parallèle à l explication du projet

Le Paradigme

A

du

Paysagiste

10

le socle géomorphologique

12

est en

14

par le dessin

16

La

B

étape 3 : élaborer une stratégie temporelle élaborer une stratégie spatiale

28

+ 36 38

Paysagiste

étape 2 : qualifier les territoires et leurs paysages repérer, analyser, comprendre les dynamiques déterminer des enjeux et des potentiels

24

34

méthode

étape 1 : explorations d e terrain premières intentions / intuitions

22

32

Constante Mutation à l’usage de l’homme

Spatialisation des moyens de production énergétique Éolien Hydraulique Solaire Méthanisation


LE PARADIGME DU PAYSAGISTE

Lille Arras

Le paysage n’est pas un volet de l’urbanisme, c’est une entrée dans la démarche de projet, une représentation du monde, une manière de voir les choses. C’est un modèle cohérent, une . Il repose sur une base définie permettant alors de produire de l’espace : c’est une ressource pour produire de l’espace.

vision du monde

à travers l’exemple de : l’Atelier Professionnel Régional « Paysages Énergétiques à Venir » Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais

Durant près de trois siècles, l’industrie minière a creusé, extrait, exploité le sous-sol d’une portion du territoire européen au point de forger un véritable paysage artificiel et industriel. _Cités, cavaliers, chevalement, terrils — sont les témoins de l’âge d’or de la mine. Ils sont à l’origine de la reconnaissance universelle de ce vaste territoire comme « Paysage Culturel Évolutif » par l’UNESCO. Cette labélisation ne doit toutefois pas figer ce paysage. La fin de la mine laisse le territoire comme endormie en attente d’un renouveau, économique, social ...

éolienne

hydraulique

méthanisation solaire

D’une forme d’énergie à une autre, il faut réinventer un système qui, de la même manière que la mine avait influencé une façon de vivre en communauté, d’habiter et de considérer son paysage, va permettre de créer des relations entre l’homme et son territoire. Aujourd’hui, par simple opportunisme, les projets énergétiques germent sur le territoire, sans forcément de cohérence entre eux et avec la géographie. Pour que les décideurs soient à l’origine des projets et n’aient plus à les subir, nous avons cherché à spatialiser, non dans la logique du moindre mal, mais dans le dessin et dans la mise en place d’un système énergétique ancré géographiquement. . Au-delà de la simple délimitation de zones propices à l’édification de moyen de production d’énergie renouvelable, ces implantations influent sur l’environnement, l’usage de l’espace et sa forme – c’està-dire sur l’ensemble des composantes du paysage.


La confrontation de deux éléments de paysage: terrils et éoliennes, questionne la relation entre des éléments résultant de la production du passé et des éléments productifs présents. Cela questionne donc la notion de patrimoine et la valeur qu’il doit prendre dans le paysage.

Dans ce projet, l’approche est systémique. Ce système profite du fait que l’énergie éolienne soit intermittente. Elle doit s’accompagner de divers moyens de production alternatifs

comme l’énergie solaire, l’énergie hydraulique, la production d’hydrogène ou la méthanisation


PAYSAGISTE Le socle géomorphologique

Le relief et les processus qui le façonnent détermine le cadre physique de l’étude. On l’appellera

DU

le socle » géomorpho-

PARADIGME

«

logique. Le socle est naturel,

10 |

LE

permanent, et spécifique.

La valeur de la nature permet de penser le rapport de l’homme à la Terre et à la terre. Aujourd’hui, la nature est perçue comme source de bien-être, d’aménité, et ressource essentielle, primaire (eau, air, sol...). On constate également que l’idée d’un monde fini, avec des ressources épuisables est une réalité incontournable. Notre modèle de développement doit évoluer pour que l’humanité continue à bénéficier de l’environnement dont elle dépend.

_ Naturel car il est le produit combiné des forces de la nature. (L’action anthropique peut avoir pour effet le ralentissement ou l’accélération de certains processus, mais n’a que peu de prises sur la forme en elle même des lignes et des formations majeurs. Elle se limite aux formes de détail).

La valeur de la permanence s’affirme comme valeur de repères dans un monde fluide, mobile et instable. Le paysage joue ce rôle d’ancrage car il est potentiellement une composante identitaire forte. En tant qu’élément structurant, le relief, à de multiples échelles, influence et conditionne les formes de peuplement humain, animal ou végétal, la nature des relations sociales, les styles de vie des populations et leurs déplacements. Il représente une base cohérente pour justifier et y définir les activités qui y sont en accord (comment on y - et comment on pourrait y - habiter, cultiver, implanter une nouvelle industrie...)

_ Permanent car le socle s’érode, s’altère, se creuse, se soulève, se transforme, se métamorphose mais existera toujours d’une quelconque manière. Les processus géodynamiques, ces forces qui, par ablation, mouvements tectoniques, transport, dépôt de matière, édifient et modèlent les formations (des littoraux, des vallées, des montagnes...), s’inscrivent dans le temps long : les temps géologiques.

Enfin, la valeur de spécificité est une réponse au lissage des modes de vie sous l’effet d’une culture mondialisée qui tend à normaliser, « banaliser » les paysages. En réaction, l’action paysagère est souvent envisagée comme un moyen pour faire valoir la singularité d’un territoire et renforcer son attractivité.

_ Spécifique car le socle donne sa singularité au site. Il existe des groupes, des ensembles, des unités, mais il n’existe pas deux latitude/longitude strictement similaires. Un Paysage est un milieu naturel qui est un géosystème: un ensemble géographique doté d’une structure et d’un fonctionnement propres qui s’inscrit dans l’espace et dans le temps (spatio temporel).


Évolution du

rapport homme/

E S T

Ancrage de l’identité

Le bassin Est, correspondant à la 1ère veine découverte en 1720 à Fresnes-surEscaut, a un relief doux, peu de cités minières, peu de terrils, et ceux-ci sont de petites envergures. Il est adossé aux massifs forestiers des versants du Pévèle et des plaines marécageuses de la Scarpe, et s’ouvre sur les grands plateaux agricoles artésiens.

reposant sur une base définie à la

VALENCIENNE

fois élémentaire et intemporelle

Massifs forestiers des versants du Pévèle

Faire valoir la singularité d’un territoire et renforcer son attractivité

Orientation, repère, lisibilité

Vers les plateaux Artésiens

du territoire

Pérennisation de la mémoire / palimpseste de

DOUAI

l’histoire

Évolution car

Vers la plaine de la Lys

Crêtes de l’Artois

Bassin minier des Crêtes de l’Artois, ensemble de petites vallées

BETHUNE

non muséification

Bassin minier urbain entre Lille et Arras Vallée de la Deule

LENS

Le bassin ouest, correspondant à la 2ème veine découverte en 1852 à Oignies, a un relief vallonné, beaucoup de cités minières, et des terrils plus imposants. Il est adossé aux crêtes de l’Artois et s’ouvre vers la grande plaine de la Lys.

des paysages. vision dynamique

Diversité biologique et diversité de paysage

B A S S I N

Ditam ut facest exetur sa

B A S S I N

Bassin minier des plaines humides et marais, Bassin minier des forêts du Valenciennois, Vallée de la Scarpe vallée de l’Escaut

Ditam ut facest exetur sa

nature

O U E S T

Source d’opportunités de développement économique, social...

Élément structurant, base cohérente pour justifier et définir les usages qui y sont en accord

Esthétique traduisant la vertu du socle

Adossement et Étendue

Le Bassin Minier interagit avec ses territoires limitrophes selon deux relations croisées d’adossement et d’étendue :

géomorphologique

Satisfaction sensorielle et sensations


PAYSAGISTE est en Constante Mutation 12 |

LE

PARADIGME

DU

1.

La vision dynamique du territoire est un moyen d’éviter tout risque de muséification, tendance contemporaine qui ne cadre pas avec l’éthique paysagiste : Le paysage est mobile, non au sens du déplacement, mais au sens évolutif.

Les différents contextes de paysage conditionnent des dynamiques complexes entrainants des mutations paysagères pouvant être considérées bénéfiques ou négatives : étalement urbain, modernisation, déprise ou diversification agricole, reconversion industrielle, infrastructures de transport,...

Avant la mine XVIèsiècle

Le socle, et tout ce qui l’anime (phénomènes naturels, faune, flore, pratiques humaines agricoles/urbaines/ industrielles/culturelles...) détermine le paysage. Le paysage

est en constante

mutation

Pendant la mine XVII - XXè siècle

sous l’action des forces de la nature et de l’homme.

Certaines dynamiques, mal gérées, peuvent avoir des incidences négatives sur les paysages, notamment lorsqu’elles contribuent à rendre de plus en plus difficile la perception du socle. Or, si les conditions de cette perception ne sont pas réunies, les paysages perdent de leurs valeurs (de lisibilité, de repère, de sens, de beauté, d’attractivité, de diversité) : ils n’offrent plus de prise suffisante pour une compréhension évidente des lieux, une pérennisation de la mémoire, un ancrage de l’identité, une satisfaction des sens, le maintien d’une diversité biologique suffisante. Il faut donc « révéler » le socle (un leitmotiv du projet de paysage). La « géographie » est ce socle naturel, permanent et spécifique sur lequel s’appuie le paysagiste pour penser et construire son projet.

Après la mine XXIèsiècle 1. Renouveau 2. Dynamiques

Horizon 2050 et +

_

industriel Urbaines La labélisation Suivant les par UNESCO vallées, les protégeant le talwegs, la ville patrimoine s’est concentrée minier ne aux bords des cours d’eau doit toutefois dessinant le pas figer ce territoire. Ces paysage. La fin dynamiques de la mine composent laisse le dans cette territoire comme métropole endormi, en minière des attente d’un renouveau, alternances et économique, rythmes bâtis/ non-bâtis social ...

dégageant des percées agricoles profitables aux variations de paysage au sein du Bassin Minier. Ces percées agricoles, soumises à la pression urbaine

courant le long des routes et voies ferrées, sont aussi précieuses que fragiles


Évolution du

« Un fleuve porte en lui l’explication de tout un territoire, tandis qu’une voie de chemin de fer, elle, est l’exploitation de ce territoire. Elles n’ont pas les mêmes vertus »

rapport homme/ nature

Ancrage de l’identité reposant sur une base définie à la fois élémentaire et intemporelle

l’Escaut

Charles Dard. Paysagiste dplg

De l’explication du territoire né alors le projet de son exploitation la plus judicieuse.

Faire valoir la singularité d’un territoire et renforcer son attractivité

Orientation, repère, lisibilité du territoire

Pérennisation de la mémoire /

Métropole Lilloise

palimpseste de

la S

carp

e

l’histoire

Évolution car non muséification des paysages. vision dynamique

Diversité biologique et diversité

la Deule

de paysage

Arras

Source d’opportunités de développement économique, social...

Élément structurant, base cohérente pour justifier et définir les usages qui y sont en accord

Esthétique traduisant la vertu du socle

2.

Dynamiques Nord Sud

Le Bassin Minier est formé par une grande dynamique urbaine Est/ouest transnationale suivant la veine géologique de houille. Cette dynamique est en réalité construite par une succession de petites dynamiques internes urbaines sud/nord transversales en bleu.

géomorphologique

Satisfaction sensorielle et sensations


PAYSAGISTE à l’Usage de l’Homme LE

PARADIGME

DU

L’homme est agi par l’environnement géographique : il subit, ou profite de, l’influence du climat, du relief, du milieu végétal. Il est montagnard dans la montagne, nomade dans la steppe, terrien ou marin. La nature géographique le rejette sur lui-même, le façonne dans ses habitudes, ses idées, parfois dans ses aspects somatiques. Il arrive que la montagne, « écrase » l’homme, que la forêt vierge l’« étouffe», que la lande l’incline à la mélancolie.

14 |

Mais la spatialisation géographique se produit aussi en vertu d’un comportement actif. Entre dans ce cas, la Terre comme terre de culture ou matériau de construction, le fleuve pour la navigation, le ciel pour l’aviation, le

débit de l’eau, le vent, ou encore la lumière comme source d’énergie.

Certaines ressources sont, ou ont été, sur-exploitées, tandis que d’autres ne sont encore que des potentiels.

La géographie est alors ce socle sur lequel s’appuyer pour développer les qualités économiques d’un territoire. Le socle est alors

à l’usage de l’dehomme et l’économie ; l’étude du

relief par le paysagiste contient sous-jacente la préoccupation de l’usage et de la production ; ou, au contraire, celle du non-usage : laisser, préserver, protéger.

La perte de perception du socle ou son apparence vétuste, est souvent le symptôme d’une dérive dans la répartition de l’occupation du sol / d’une dérive de surexploitationde la terre et de ses ressources, ou au contraire de son abandon/ou autres dérives. La composition structurelle et spatiale du socle offre des opportunités, facilite ou entrave les activités humaines. Il conditionne depuis les origines, et pour l’avenir, nos sociétés, nos modes de vie, notre économie.

V

Ho

Val de


Vallons du outland

Évolution du rapport homme/ nature

Val boisé de l’Escaut

Versants ruraux Belge

Ancrage de l’identité

Cultures vallonnées Hennuyères

Tournai sur Escaut Confluence cultivée canal de l’Espierre/ Escaut

Vallée et bas-reliefs ruraux du Pévèle

reposant sur une base définie à la fois élémentaire et intemporelle

Faire valoir la singularité d’un

Forêts en plaine fourragère humide de la Scarpe

territoire et renforcer son attractivité

Orientation, repère, lisibilité du territoire

Pérennisation de la mémoire /

Métropole Lilloise

palimpseste de

Vallée de la Deule métropolitaine

Grande Conurbation

Minière

Petite Plaine agricole de la Gohëlle

Bocage urbain de la Plaine de la Lys

Grands Plateaux agricoles Artésiens Petit vallon de la Scarpe Arras

l’histoire

Évolution car non muséification des paysages. vision dynamique

Diversité biologique et diversité de paysage

Source

d’opportunités de développement économique,social...

Val ouvert de la Scarpe

Élément structurant, base cohérente pour justifier et définir les usages qui y

Crêtes boisées de l’Artois

Hauts reliefs Artésiens

sont en accord

Esthétique traduisant la vertu du socle

Carte des Unités de Paysage

l urbain La «Grande Conurbation Minière» se prolonge en Belgique. Elle-même se découpe en e la Lys deux ensembles (le bassin Est et le bassin Ouest) composés chacun de deux sous-unités ( forestière et marécageuse à l’Est ; urbaine et au relief escarpé à l’Ouest).

géomorphologique

Satisfaction sensorielle et sensations


PAYSAGISTE par le Dessin 16 |

LE

PARADIGME

DU

Le socle géographique permet d’appréhender les grandes échelles propres aux processus naturels (érosifs, éoliens, telluriques, hydrologiques), échelles aussi bien spatiales que temporelles. Il permet de prendre la mesure de notre condition sur Terre et permet l’articulation, à la fois, des spatialités, mais aussi des temporalités humaines et naturelles.

L’abstraction dans un dessin permet d’y projeter son point de vue, son interprétation, son imaginaire. Tel ou tel graphisme, telle ou telle forme trouvant sens dans le paysage peut devenir, à l’appréciation de chacun, une étendue de champs, des hauts bois, des bosquets, des habitations... Ainsi le projet s’enrichit du regard que l’on porte sur ces documents. Le dessin en lui-même propose autant qu’il illustre.

L’approche paysagiste met en avant des logiques intemporelles, élémentaires relevant simplement du bon sens. Ces mêmes logiques d’observation attentive du paysage qui faisait que nos ancêtres s’abstenaient, par exemple, de construire des maisons inadaptées sur un sol où la rivière s’épanche toutes les X années. Ces logiques les menaient à développer des trésors d’ingéniosité pour, par exemple encore, bâtir de véritables citadelles hors d’eau. Les logiques des marchés, du moindre effort, et la réflexion sur le court terme se sont substitués à l’ingéniosité, aux logiques intemporelles et au bon sens. L’approche par le paysage est une réponse à un mode de fonctionnement arrivé à expiration, menant à une situation économiquement inefficace, socialement destructrice, écologiquement catastrophique.

La réflexion du paysagiste s’inscrit dans une échelle de temps long. Son outil de prédilection pour se montrer ingénieux est

le dessin

comme force de proposition, de création, stratégie d’action, médium de discussion entre collaborateurs.

L’ usage de la géographie et du concept de «socle» comme ressource de projet est une réponse aux enjeux contemporains. Il est le garant d’une accroche au territoire, dans sa dimension terrienne, de terroir. La révélation du socle est source de développement et produit du sens: des repères, de la lisibilité, de la beauté, de la poésie, de la diversité, une économie, de l’attractivité, de la singularité, ... Le paysage prend forme en prenant sens et il n’y a pas de paysage sans cohérence, sans globalité, sans unité de sens.


recherche cartographique : relation éoliennes / terres agricoles _ « Massifs et Percées »

recherche cartographique : relation éoliennes / ville _ « Cellules »

recherche cartographique : relation éoliennes / milieu marécageux _ « Bassins »

recherche cartographique : relation éoliennes / ville _ « Cellules » recherche cartographique : relation éoliennes / relief et étendue _ « Lignes »

Évolution du rapport homme/ nature

Ancrage de l’identité reposant sur une base définie à la fois élémentaire et intemporelle

Faire valoir la singularité d’un territoire et renforcer son attractivité

Orientation, repère, lisibilité du territoire

Pérennisation de la mémoire / palimpseste de l’histoire

Évolution car non muséification des paysages. vision dynamique

Diversité biologique et diversité de paysage

Source d’opportunités de développement économique, social...

Élément structurant, base cohérente pour justifier et définir les usages qui y sont en accord

Esthétique Esthétique traduisant traduisant la vertu la duvertu socledugéomor socle géomorphologique phologique

Satisfaction sensorielle et sensations


PAYSAGISTE par le Dessin DU PARADIGME LE 18 |

terrils jumeaux du 11/19. culminant à 186m d’altitude


| 19

vue sur le paysage de terrils depuis le mĂŠmorial de la crĂŞte de Vimy


LA MÉTHODE PAYSAGISTE

Le Havre Rouen

Paris

Le paysage est moins un objet qu’un processus (une action). Cette action est

le projet de paysage ,

processus par lequel la valeur spatiale du « socle géographique » (notamment) est reconnu et utiliser pour qualifier et développer le paysage. La ressource géographique est ainsi valorisée dans le projet de paysage qui, comme tout dispositif spatial, est « un arrangement hybride de matières, de récits et de figures »

éolienne

hydraulique méthanisation

à travers l’exemple de : l’Atelier N°8

« Le Grand Rural » Pays de Caux _ Haute-Normandie La dispersion des machines éoliennes peut nuire au Paysage par un effet d'homogénéisation. Nous recherchons, à l'inverse, la diversité des expériences, et leur intensité. À quel moment considère-t-on un paysage «saturé» par un objet ? À quel moment la confusion du regard devient nuisance? Seule une vision territoriale, à la grande échelle, peut donner des pistes de réflexions à ce sujet. Depuis l’intérieur des terres jusqu’au littoral, des «courants d’énergie» composés de bosquet agro-éoliens donnent une nouvelle dynamique à ce territoire, un mouvement, une ampleur, une direction: celle de la mer. En concentrant ainsi ces machines en une superstructure éolienne capable de générer de l'énergie pour 20 % de la consommation française actuelle, nous permettons d'affranchir d'autres terres de leurs présences. Ces terres affranchies, nous les appellerons ; «jachère énergétique», dépourvus de toute machine, témoins du paysage traditionnel agricole intensif de la Haute-Normandie. Nous créons alors deux expériences de paysage différentes. Radicales et intenses.

ban


Le Bourg-Sur-Dun bande de maraîchage mare

ndes maraîchères

espace de loisirs et de commerces

grands champs

grandes cultures / biomasse affouage du bois


PREMIÈRES INTENTIONS/ INTUITION Les premières intuitions projectuelles, aussi fragiles que précieuses, sont jetés sur papier simultanément.

PAYSAGISTE étape 1 22 |

LA

MÉTHODE

ÉTAPE1 EXPLORATIONS DE TERRAIN Le paysagiste est un aventurier. Arriver en terrain inconnu stimule sa curiosité.

Il arpente le territoire, va à la rencontre de ses acteurs. Il récolte le plus d’informations et de documentations possible. Cette étape peut faire l’objet de restitutions et comptes-rendus à la fois scientifiques et sensibles ; ou de la création d’une base de données qui sera enrichie tout au long de la démarche de projet.

À cette étape, le paysagiste crée de la matière documentaire: Reportages photos, série de croquis, interviews, textes en tous genres. Ces documents peuvent être valorisés/ exploités pour communiquer, donner une visibilité à un territoire ou un lieu donné.

La première traduction formelle du paysage est le dessin, le croquis. Cette représentation est une projection qui anticipe un état du paysage à venir. Dessiner l’espace consiste à lui donner une forme, à l’organiser. Ces images n’ont pas valeur d’autorité mais de mise en forme commune entre les différents acteurs du projet. Elles ont pour vocation d’ouvrir le débat et les premières discussions. Elles peuvent parfois servir à «bousculer» et faire naitre des réactions. Grâce à celles-ci, se voit alors révéler les différents positionnements, les avis contraires, les consensus. Cette étape a également pour objectif de faire entrer l’ensemble des intervenants dans la démarche intellectuelle du projet.


Le havre pourrait devenir le port de Paris. Pour accompagner cette expansion urbaine, il s’agit de produire assez de ressources vivrières et énergétiques pour que la ville et la campagne prospèrent ensemble en équilibre. Notre ambition est de faire du Pays de Caux, territoire rural par excellence, «le grenier» énergétique et vivrier du grand bassin de vie de la Seine. Sur les vastes plateaux Cauchois, le Clôs-masure est l’élément paysager majeur. Les horizons se succèdent jusqu’au fin fond des brumes où s’apposent ces éléments ponctuels. Ceux-ci s’enchevêtrent, se superposent, se jouxtent, s’écartent et disparaissent en une ligne parfaite, graduellement, de l’intérieur des terres jusqu’aux plateaux littoraux et à la mer. Ils caractérisent le Pays de Caux et le subtil enchaînement de ses horizons. Aujourd’hui, les clôs-masures disparaissent. Pour préserver ces jeux linéaires tout en dynamisant ce paysage qui se dénude, nous mettons en valeur cet élément patrimonial en voie d’extinction et son territoire, le Pays de Caux, par la création de l’élément patrimonial de demain. Un demain soumis à des nouvelles exigences énergétiques et aux problématiques de l’expansion urbaine. L’objectif de ce projet est de développer le territoire par l’exploitation d’une caractéristique naturelle à la Haute-Normandie : le vent. À l’instar du Clôs-masure, le bosquet éolien devient la nouvelle unité de paysage dessinant les horizons, créant de nouvelles dynamiques, de nouveaux liens entre les bourgs, de nouvelles pratiques de culture, renforçant l’héritage patrimonial de ces terres humides.

| 23

De l’arrière-pays Cauchois à la côte d’Albâtre.

grande coupe-schéma (~2m) de discussion collective sur l’avenir du Pays de Caux.

s’intégrer à une dynamique prospective : Seine métropole


Les potentialités du socle Le paysagiste observe et analyse géographique sont mises en évidence avec le crayon et la main, en plan, par le dessin en étant spatialisées sur en coupe et en perspective. la feuille blanche. La représentation Du Paysage, il en dessine graphique des paysages est une minutieusement les contours, les façon de donner à voir leurs qualités, masses, les lignes de fuites, les de les « révéler » à ceux qui ne les échappées, interrogeant ainsi les perçoivent pas. Leurs potentialités différentes «couches» cartographiques du socle géomorphologique. résident donc aussi dans la capacité Les différentes données et du paysagiste à les utiliser pour informations, transversales et « changer », « retourner », interdisciplinaires sont interprétées. «faire évoluer» le regard.

Ainsi, le dessin ne remplit pas seulement la fonction d’incarner le futur de l’espace, il permet une relecture qualifiante de ce qu’il représente. Développer ou même changer de regard sur un espace ou tout un territoire pose les bases d’une future stratégie d’évolution efficace.

Le regard paysagiste n’est pas nécessairement exhaustif, il n’est pas un inventaire, mais tient davantage à la mobilisation de la bonne donnée au bon moment de manière pertinente. Il établit un point de vue, un avis, un regard. L’analyse elle-même, et la façon de qualifier le territoire, porte en elle l’orientation des décisions futures. Cette étape dépasse les simples descriptions. Celles-ci les orientent, ainsi que ses analyses, vers la formulation d’enjeux à anticiper et de potentiels à valoriser.

La Terre est ronde et occulte de sa courbure ce qui se trouve derrière

«l’horizon». L’horizon

est une ligne imaginaire formant un cercle autour d’un observateur.

L’horizon se génère de proche en proche, s’empare du lointain.

Horizons normands et éoliennes cauchoises

PAYSAGISTE étape 2 24 |

Le type de document produit à cette étape peut prendre diverses formes en fonction de la demande et du besoin, comme des cartes mettant en évidence les qualités morphologiques des territoires et les différents milieux de vie biologiques, la façon dont l’homme s’est implanté dans cet environnement..etc. Des «cartes des paysages»: celles-ci se déclinent en ensembles cohérents pouvant être pensées dans une même logique, les «unités de paysage» mettant en lumière les singularités des territoires. Ou encore des cartes des enjeux, des potentiels, et autres coupes, schémas explicatifs et/ou démonstratifs.

DÉTERMINER DES ENJEUX ET DES POTENTIELS

série de croquis sur photos: progression de l’intérieur des terres à la mer

QUALIFIER LES TERRITOIRES ET LEURS PAYSAGES

LA

MÉTHODE

ÉTAPE2 Le relief et la hauteur à laquelle se trouve l’observateur par rapport à l’étendue définissent la distance de l’horizon. Sur les plateaux cauchois, il se trouve à environ 5km de l’observateur. C’est à cette distance que cette ultime ligne de paysage commence, du fait de la rotondité de la planète, à occulter la grandeur des objets lointains. À l’effet de la rotondité de la Terre s’ajoute celui de la diminution de la taille apparente des objets avec la distance. Ces deux phénomènes perceptifs couplés font apparaître, par temps clair, à 10km de distance de l’observateur, une éolienne de 200m de haut mesurer 1cm à l’horizon, et disparaître complétement au bout de 30km.


«Jachère énergétique»

«Courant d’énergie»

5

SABLE /MER

SABLE / FALAISE / [ÉOLIENNES] / MER

CHAMPS / MER

CHAMPS / HAMEAU / [ÉOLIENNES] / CIEL

CHAMPS / VALLEUSE / CIEL

CHAMPS / [ÉOLIENNES] / CIEL

CHAMPS / BOSQUET / CIEL

CHAMPS / BOSQUETS/ [ÉOLIENNES] /CIEL

4

| 25

3

2

1

observateur

Terre

1cm à l’horizon

5km 10 km

partie occultée

vers le centre de la Terre


Le paysagiste confronte les éléments des différents documents afin d’établir des connexions, des rapports entre les paysages observés à la surface et les conditions du socle géographique (géologiques, topographiques, climatiques etc...) qui y correspondent.

Le principe d’association est à la base de la connCe regard croisé entre sciences de la aissance des nature et sciences de l’homme permet paysages qui d’aborder des ensembles et d’analyser est l’étude des systèmes de rapports, de essentielle de convergences, de tensions, d’équilibres la géographie. temporaires, ainsi que des tendances et Exemple de document produits : cartographie des dynamiques, schémas évolutifs...

des dynamiques. Il s’agit d’observer et identifier des faits de nature différente, qu’ils concernent le milieu physique (relief, eau, ...), le climat, la vie animale ou végétale, l’action passée ou présente des hommes afin d’en comprendre les interactions et les expliquer.

De l’implantation au démentèlement, histoire d’une industrie énergétique du vent

REPÉRER, ANALYSER, COMPRENDRE LES DYNAMIQUES DES TERRITOIRES

extrait prospective / scénario. évolution des paysages en fonction de la fluctuation du contexte géo-économique

PAYSAGISTE étape 2 MÉTHODE LA 26 |

ÉTAPE2 jachère énergétique

Lancement Projet

2030

2050 et +

courant d’énergie

Lancement Projet

2030

2050 et +


Lancement Projet décentralisation et diversification des sources énergétiques Sur le Plateau Cauchois, le clôs-masure est l’unité d’habitat typique. Ceux-ci s’agglomèrent les uns aux autres pour former bourgs et villages. De faible densité de population, ils se présentent sous forme de groupements compacts dispersés et isolés les uns des autres. Dans ce contexte, la mise en réseau d’un ensemble de petites structures énergétiques agissant à l’échelle intercommunale présente des avantages formels et économiques. 2030 les grandes métamorphoses agro-urbaines

2050 et + évolution et résilience des terroirs Les nouvelles structures agroénergétique font cohabiter deux systèmes de productions agricoles : à celui des grands champs destinés à l’exportation se superpose celui des productions vivrières destinées à un marché local ou national. 20ans après leur implantation, les éoliennes arrivent en fin de vie, on assiste alors à leur démentèlement (remplacées par des éoliennes next-gen ou par une autre source énergétique) mais la structure paysagère que nous avons conçue pour les accompagner, elle, perdurera, régénérant la fertilité des sols.

* Le Clôs-masure est une prairie plantée d’arbres fruitiers, entourée d’un talus planté d’arbres de haute taille servant de rideau brise-vent pour la ferme ou les (l’)habitation(s) logeant en leurs seins. Il est l’organisation de référence des plateaux Cauchois, il est l'unité urbaine formant les bourgs et l'unité agricole régissant l'ordonnance des champs.

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De grands champs de miscanthus, s’ajoutent à ceux de lin, maïs et betteraves s’étendant aux pieds des éoliennes. Les agriculteurs agro-éoliens sont encouragés à créer largement des bandes de production maraîchère, de taillis, de pépinières ou de vergers dans les espaces d’implantation des éoliennes où le passage des tracteurs se fait le moins aisé. À la manière des clôs-masures d’antant, celles-ci sont protégées du vent par des talus plantés: tels des microcosmes au milieu des vastes champs.

Hauts, droits, géométriques, majestueux... Les bosquets d’éoliennes dans leur grande rigidité pourraient faire surgir entre les brumes normandes les mirages de

Clôs-masure* d’un nouveau siècle.


PAYSAGISTE étape 3 MÉTHODE LA 28 |

ÉTAPE3 Une trame éolienne, spécifiquement inventée, crée des opportunités spatiales inédites, siège d'une agriculture intelligente et productive améliorant les qualités agronomiques des terres.

Les champs s’insèrent perpendiculairement à la pente. La terre excavée lors de l’installation des machines permet de créer un réseau de talus planté de haies brise-vents protégeant les bandes maraîchères. Cette structure agricole, avec son infrastructure paysagère riche, limite le lessivage des terres.

ÉLABORER UNE STRATÉGIE TEMPORELLE

et se préparer aujourd’hui à demain. Le paysagiste élabore des scénarios possibles sur la base de l’analyse des données disponibles et de la compréhension des processus (économiques, sociologiques, ...), de la détermination des dynamiques en œuvre aussi bien dans les sociétés (transition énergétique, désindustrialisation /reconversion progressive des pays développés, déprise agricole, étalement urbain) qu’au sein de l’environnement physique (« Global Change », montée du niveau marin…)

ÉLABORER UNE STRATÉGIE SPATIALE

Le dessin et la cartographie sont au cœur de la conception du projet de paysage. Ces images produites ne viennent pas illustrer le concept (à l’aval) mais participent du processus intellectuel de la conception (en amont), de la mise en forme de l’idée. Il analyse les paysages, cherche à en

comprendre l’histoire et l’évolution et à en prévoir les changements futurs à travers une combinaison d’observations.

Par le dessin, on envisage alors le type d’habitat ou de culture, l’organisation de l’espace Le paysagiste formule alors des agricole, industriel, les solidarités hypothèses, des scénarios et imagine actuelles, héritées et futures...

l’avenir d’un paysage ou d’un projet spatial sous forme de textes prospectifs, plans ou schémas évolutifs, dessins... Il peut aussi s’agir d’un phasage ayant pour vocation de se fixer des objectifs au long cours. Ces documents peuvent être définis à plusieurs échelles temporelles: une saison, une année, plusieurs décennies... Il s’agit de comprendre la manière dont un projet d’espace réagi et évolue avec son contexte afin de maîtriser ces dynamiques et trouver le moyen d’infléchir sur celles-ci

Il s’agit aussi de lier les éléments visibles avec d’autres qui sont plus immatériels : règlements juridiques, sensations... etc. La technique se met au service de la spatialité pour appréhender des rapports de distances, des proportions afin de développer des concepts et créer des espaces en adéquation avec le milieu de leur implantation.


ÉNERGIE

Dessiner les horizons entre Closmasures et éoliennes. Créer le patrimoine de demain et développer l’économie touristique. Renforcer l’attractivité par la création d’une signature territoriale Assumer la transition énergétique, devenir un territoire-pilote Produire l’énergie nécessaire à la vie humaine : 1 bosquet de 230 éoliennes =1260 MW. Penser une industrie énergétique qui soit moteur de développement agricole et urbain.

espace de champs de grande culture

AGRICULTURE Faire cohabiter

deux systèmes de productions agricole: une agriculture de Eolienne proximité et une E-82 agriculture de grands échanges internationaux. Affirmer une agriculture puissante et durable : Régénérer Local agricole Haies fruitières Grandes cultures la fertilité des sols Cultures maraîchères Talus planté notamment par la maraîchage gestion de l’eau de Coupe Le maraîchage est rendu possible grâce à un système de talus plantés ruissellement. de noisetiers, de haies mixtes et d’arbres. Ils jouent le rôle de brise-vent en protégeant les légumes au ras 7m

50 m

5m

du sol. Les pieds des éoliennes servent de locaux de stockage du matériel agricole et des récoltes.

ÉCOLOGIE

Protéger les milieux et en créer de nouveaux. Gagner en diversité biologique. Affirmer l’armature «verte» et «bleue»: les valleuses, les Clôs-masures et leurs mares.

CADRE DE VIE Inventer une

Eolienne E-82

Pâturages

15 m

50 m

Grandes cultures : blé, miscanthus, lin

Taillis pour moyen bois

Coupe taillis

Dans la vallée de Saussemare, les lignes d'éoliennes sont écartées pour laisser dégager une vue vers la mer. Le creux de la vallée est idéal pour la pesse des vaches laitières qui peuvent se réfugier dans les bois. Le taillis mixte, à rotation tous les vingt ans, permet un apport cyclique en bois de chauffe.

nouvelle manière de vivre son terroir, Eolienne avec une diversité E-82 d’expérience, de nouvelles traversées et mobilités douces interbourgs, et de nouvelles centralités Distribuer de bons produits à prix raisonnables véhiculant Coupe grands champs l’idée de « bonne Chemins agricoles et de promenades consommation locale ». 5m

5m

Grandes cultures : blé, miscanthus, lin 100 m

Aux pieds des éoliennes, les grands champs de miscanthus sont intégrés selon un système de culture en bande alternée, favorisant alors l’émergence d’une nouvelle filière biomasse.

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Le Clôs-masure éolien, la nouvelle unité de paysage qui invente les pratiques agricoles et les relations inter-bourgs de demain

PAYSAGE


PAYSAGISTE étape 3 MÉTHODE LA

ÉTAPE3 Quel système agricole/urbain/ industriel/écologique... sommesnous capables de développer autour des projets énergétiques. Comment s’intègre-t-ils avec l’existant?

5- Horizon : Mer

4 - Horizon : Champs / Mer

3 - Horizon : Champs / Valleuse - Hameaux / Ciel

2 - Horizon : Champs / Hameaux et Clôs-masures / Ciel

30 |

1 - Horizon : Champs / Clôs-masure / Ciel

1 - Les clôsmasures,nombreux, abritent les bourgs. 2 - La planéité de l’horizon glisse dans une valleuse, plus arborée 3 - Le paysage se dénude de ses clôs-masures et laisse apparaître les silhouettes minérales des hameaux. 4 - Du haut des falaises, les vallées suspendues créent des décrochés à l’horizon laissant entrevoir la mer. 5 - Confrontation mer / falaises.

Le socle géomorphologique est alors un moyen de penser la structuration d’un lieu ou d’un territoire.

Il pose les bases permettant de produire de l’espace de façon cohérente.

Cette configuration consiste à traduire spatialement les potentialités précitées du socle qui traduisent elles-mêmes des valeurs paysagistes : le développement durable et productif des paysages, la création de richesses (nouvelles activités, énergies...) et de qualité de vie, la connectivité, l’accessibilité, la multifonctionnalité des paysages, les diversités biologique et paysagère (associées), la capacité d’évolution des territoires, leur résilience, le rapport sensoriel au monde, à la «nature», la puissance imaginaire des lieux, et parfois même une autre gouvernance des paysages (différentes échelles, locales, participatives, circuits courts..). Toutes formes de documents d’aide à la décision stratégique peuvent soutenir le propos: plans, coupes, blocs diagrammes...


Valleuse infrastructure du paysage

Liens historiques entre les villages, les valleuses forment encore aujourd’hui des connexions paysagères évidentes

N Saint-Valery-en-Caux

la Manche

Bassins d’énergies (step marines stockage durable)

Agriculture classique intensive, presqu’Openfield

Manneville-ès-Plains Station de transfert d’énergie par pompageturbinage, support de développement des villages par des activités marines , nautiques et thermales

ent

m orde Racc

HT

Veules-les-Roses

Courant d’énergie

Grandes cultures et pâturages, abritées des embruns

Sotteville-sur-Mer

THT

Éoliennes & système de culture, maîtrise du ruissellement

Réseau d’irrigation et de haies. Depuis les bosquets éoliens, une nouvelle trame verte et bleue se déploie

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Blosseville

Ligne

Le Clôs-masure éolien, la nouvelle unité de paysage qui invente les pratiques agricoles et les relations inter-bourgs de demain

Jachère énergétique

Le Bourg sur Dun Va ll

ée

Pâturages, et bois en taillis

de

Sa

us

se

ma

re

Le D

un

Bosquet éolien

Bourg, Clôs-Masures, & éoliennes : L’ agro-urbanisme éolien

Vallées sèches Petites retenues d’eau

Saint-Aubin-sur-Mer

un bosquet éolien fédère plusieurs bourgs, c’est un « centre-de-campagne », le pendant rural du « centre-ville » 0

1 km


SPATIALISATION DES MOYENS DE PRODUCTION ÉNERGÉTIQUE

+

spatialisation des

moyens de production énergétique Quel système de relation, spatiale, temporelle, logistique, économique... entretiennent ces industries de l'énergie entre elles et avec les autres composantes du territoire? Quel système agricole/urbain/industriel/ écologique... sommes-nous capables de développer à partir de ces nouvelles technologies ? Comment ce système s’intègre-t-il dans le territoire? Il s'agirait là de penser une industrie énergétique qui soit moteur d’une nouvelle ruralité : autant dans le développement agricole que de celui des bourgs et villages ou moteur d'une nouvelle urbanité : autant dans la manière de vivre et profiter du territoire que dans celle d’influencer l’évolution de la ville.

C'est le type de paysage qui justifie le type d'activité à implanter et la manière dont elle doit se développer. Plusieurs paramètres sont à prendre en considération : le paramètre de l’échelle : quelle envergure, quelle surface, quelles tailles pour les éoliennes en elles-mêmes et leur parc par rapport au relief environnant, quelles dimensions pour des bassins de pompage-turbinage, quelle envergure pour les forêts destinées aux bois-énergie, pour les champs destinés à la méthanisation,... le paramètre de l’implantation: quels « jeux » spatiaux, quelles relations entre ces moyens de production énergétiques pouvant être pluriels (mix) et les paysages d’implantation, quel "jeu" pour les éoliennes entre elles et les parcs d’éoliennes entre eux, idem pour les bassins, les parcs solaires,... le paramètre du nombre : combien dans un paysage embrassé d’un seul regard trouvera-t-on de ces objets tournants, réfléchissants... de ces bassins, de ces forêts ? La quantité même peu prendre un sens intéressant quand elle est associée à une vision du territoire et à un degré d’organisation. le paramètre de la temporalité : aux évolutions et fluctuations du contexte socio-économique et autres processus (écologiques, urbain...), de quelle manière, selon quelles étapes, engager cette transition énergétique?


d’une ligne d’éoliennes traversant le

Bassin Minier . Quel rapport entretient la ligne avec la

Terril

ville ? La ligne avec les terrils ? La ligne avec les terres agricoles ? simulation

Terril

Terril

Terril

Bassin Minier du Nord-Pas-De-Calais

création


H Y DROÉOLIEN Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais

SPATIALISATION DES MOYENS DE PRODUCTION ÉNERGÉTIQUE Énergie Hydro-éolienne dans le Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais, Atelier Professionnel Régiona et dans le Pays de Caux, Atelier N°8l

HYDRO-ÉOLIEN

+

système hydro-éolien

_ Palier à l’intermittence de l’énergie éolienne soumise aux caprices de la météo_

Lorsque la production d’électricité est supérieure à la consommation, le surplus d’énergie disponible est utilisé pour actionner une pompe et transférer l’eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur. Lorsque la consommation est supérieure à la production, l’eau pompée est turbinée, restituant ainsi l’énergie “potentielle” préalablement stockée


Pays de Caux, Bassins d’énergie

la Manche

(step marines stockage durable)

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Station de Transfert d’Énergie par Pompageturbinage, support de développement des villages par des activités marines / nautiques / thermales

Mannevilleès-Plains


HYDRAULIQUE

SPATIALISATION DES MOYENS DE PRODUCTION ÉNERGÉTIQUE Énergie Hydraulique dans le Bassin Minier du Nord-Pas-De-Calais, Atelier Professionnel Régional

+

H Y DRAULIQUE puits de mines

noyés comme sites de pompage/ turbinage. Un puits de mine est un tunnel vertical creusé pour exploiter les ressources minières du sous-sol

Cuincy

Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais

utiliser d’anciens


Il existe alors un dénivelé de près de 60m permettant de créer la force suffisante pour produire de l’énergie électrique.

Douai

( p a s d e p e rt e d ttants e te o l f rre s ire

le)

aux sol

Marais du Douaisis

r ic o

panne

du pévèle

ag

a

Versants

Les marais du Douaisis,

milieu humide instable car maintenu par le

pompage:à terme,

cette situation est économiquement

Le milieu serait alors marécageux. Une économie liée aux étangs pourrait voir le jour (comme la production d’énergie par le gaz que les marais dégagent, l’exploitation des ripisilves en biomasse, isolant, la pisciculture...) et surtout, une grande richesse en biodiversité, faune et flore qui peut également promouvoir ce territoire grâce à cette nature s’approchant du sauvage.

absurde car on dépense de l’énergie à pomper un sol qu’on empêche de se régénérer, avec un mode de culture qui éprouve le sol et le rend, au fur et à mesure moins productif. Socialement, ce n’est pas assez riche car cela apporte peu d’activités. Écologiquement destructeur par rapport au milieu naturel qui pourrait exister. Les bassins l’objectif les versants hauts, est donc de du pévèle sont permettraient retrouver la occupés par une série de bois (en plus d’évendynamique naturelle du sol souvent cultivés tuellement y lier et d’y associer (chênes, charmes, une économie nourricière l’économie qui érables, quelques pins sylvestre). comme la lui conviendrait. Les espaces pisciculture, agricoles sont ou encore des cultures l’exploitation de blés, maïs, des ripysilves) pâturages le maintien et et culture de le ménagement légumes graines. d’ouvertures par la planéité que Le versant est dessinent les menacé par la étendues d’eau, fermeture du mettant alors Paysage sur en scène le la vallée de la Bassin Minier Scarpe, par la patrimoine plantation de mondial reconnu peupleraie. par UNESCO

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L’exploitation minière a modifié certaines conditions du sol et du sous-sol : en forant dans des espaces à l’origine humides, ou par des affaissements de sol, les nappes phréatiques sont devenues plus affleurantes. Les compagnies minières ont implanté tout un système de pompes pour mettre à l’abri d’inondations industries et habitats. Les zones ainsi protégées, toujours soumises au pompage, nous permettent d’envisager en certains endroits, le positionnement de bassins bas pour le système hydraulique.

Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais

Dans le Bassin Minier, l’eau ne manque pas, mais il y a peu de débit. Il est nécessaire d’augmenter ce débit pour produire efficacement et aller chercher les hauteurs pour employer la force hydraulique. On profite ici de l’opportunité donnée par le relief du versant du Pévèle pour placer des bassins en position haute.


MÉTHANISATION

SPATIALISATION DES MOYENS DE PRODUCTION ÉNERGÉTIQUE Énergie Hydraulique et Méthanisation dans le Bassin Minier du Nord-Pas-De-Calais, Atelier Professionnel Régional

Réseaux d’espaces pollués. Sol pollué : pesticides hydrocarbures Nappe polluée : Ammonium Baryum Cadium Sulfates B.tex H.a.p La phytoremédiation est une technique de dépollution basée sur les plantes et leurs interactions avec le sol et les microorganismes. Valorisation de la matière végétale pour la

méthanisation

(biogaz, production d’énergie thermique et/ou électrique par combustion directe du méthane ou dans des moteurs thermiques) Et valorisation des espaces en parcs publics

Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais

H Y DRAULIQUE

+


éo

par

c

s

plan t

dépollua

nte

es

Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais

M É THANISATION ne lien

vé gé

ée tan

ns tatio pon

pionnière et primitive est vecteur d’une diversité biologique. Il intéresse les chercheurs et les amateurs de terres singulières et initiales.

Presque sanctuarisé, le terril devient une île thermophile de

vie sauvage au sein de champs de plantes dépolluantes servant à la production d’énergie par méthanisation.

traitement des sols.

À proximité directe des habitations, deux parcs (en rouge) dessinent les limites des espaces de dépollution (en quadrillés). Le terril est laissé à un état semi-sauvage, tout en usant de sa topographie pour y creuser des bassins hauts pour la production hydroélectrique ou le lagunage.

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Terril, spontanée,

Sur le territoire de Oignies. mise en place d’espaces de

s

La végétation du

en inem ts p

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Pays de Caux

SPATIALISATION DES MOYENS DE PRODUCTION ÉNERGÉTIQUE Méthanisation dans le Pays de Caux, Atelier N°8

MÉTHANISATION

+

lôs-masures Eol ien»

*

le bois planté

en complément des rangées de hêtres des Clos-masures généralise la pratique de récolte pour le chauffage. Le bois des Clos-masures, celui des haies, des forêts et des taillis est affouagé par les habitants et le surplus est vendu sur place, le long du GR, au pied d’une éolienne.

le miscanthus

est intégré selon un système de culture en bande alternée. Grâce à leur grande proximité, les échanges et les relations entre cultures industrielles et les cultures maraîchères sont les plus nombreuses possibles, de telle sorte que l’une profite à l’autre. Par exemple, le Miscanthus est utilisé pour alimenter des chaudières polycombustibles afin de chauffer les serres pour le maraîchage. Il peut également être utilisé en paillage ou litière pour le bétail.

Eolienne E-82

Des nouveaux méthaniseurs voient le jour. Lorsqu’il n’y a pas de vent, ces sources d’énergie renouvelable prennent le relais. La trame éolienne permet l’organisation des plantations de bois en taillis à rotation rapide (6 à 15 ans) pour un apport en bois réguliers. Dans la trame, trois configurations foncières sont possibles : de grande parcelle de 100m de large peuvent être plantées et permettent un apport en moyen bois constant et en grande quantité, puis les petites parcelles de 30m de large permettent un apport de moyen bois en moyenne quantité. Ces parcelles peuvent couvrir les besoins industriels ou communaux. Puis les haies brise-vent en limite de parcelle maraîchère apportent un petit-bois en petite quantité, pour les privés par exemple.


| 41

M É THANISATION


Lucile Dif

Paysagiste DPLG École Nationale SupÊrieure du Paysage de Versailles/Marseille

0627943259 luciledif@hotmail.fr


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