DOSSIER DE CANDIDATURE COLLECTIF BONUS / LES ATELIERS D’ARTISTES DE LA VILLE DE NANTES SITES DE FÉLIX THOMAS ET DE L’ÎLOT DES ÎLES. LUCY VIGOUREUX
SOMMAIRE
CV
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Présentation de 2 séries achevées : - Actualité débordante #1 La Plaine
- Etude sur les corps dans l’espace de la solitude Démarche artistique et projet envisagé : Encyclopédie de l’instant donné
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p. 4-9
p. 11-19
p. 20-23
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ACTUALITÉ DÉBORDANTE #1 LA PLAINE
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La Plaine a toujours été mon quartier préféré. Ma mère m’y traînait au marché où je me faisais écraser entre les grosses poitrines des mamans de tous les pays, puis on mangeait du poulet. Ce marché est vivant, non conventionnel, non conforme aux normes en général, tout comme la Plaine, tout comme Marseille. C’est la plus grande place de la ville. Ancienne colline des rois, elle a connu des départs en montgolfière, des foires, des enfants à dos d’ânes, des revendeuses de fruits avec leurs grands paniers, la naissance du rap marseillais, des sardinades, la plupart des fêtes de mon enfance, les batucadas, les soirées autour des grandes tables, puis la résistance face à l’urbicide de cette place Jean Jaurès. 11 octobre, dernier jour de marché. Arrivée d’un camion pour bloquer l’accès à la place, blocage du camion par les manifestants. En face de nous, une armée de CRS, belle bande de mecs sympas, aussi ouverts au dialogue que des horodateurs. Plusieurs mois d’affrontement, car on ne veut pas du projet proposé par la municipalité. Cette vieille mentalité poussiéreuse qui pense que le futur n’appartient qu’aux riches et aux truands. Ils veulent tuer les arbres, la vie underground, et refaire la place à l’image de ce qu’ils appellent la métropole. Gaudin, ça fait 20 ans qu’il est maire. Et son ami Gérard Chénoz, directeur de la société en charge des projets de réaménagement marseillais l’a dit : « Si on veut de la mixité sociale à la Plaine, il faut faire partir la moitié de sa population.» Mais nous, on ne veut pas partir. C’est donc naturellement que je me suis engagée, jour après jour, à couvrir chaque événement lié à la requalification non désirée de cette place. J’ai réalisé des centaines d’images que j’ai présenté publiquement sous la forme d’une performance intitulée Actualité débordante #1 La Plaine, pendant laquelle je place chronologiquement au sol mes images tout en racontant les faits observés et engendrés. 55
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ÉTUDE SUR LES CORPS DANS L’ESPACE DE LA SOLITUDE
Mes réflexions s’étendent également vers d’autres territoires que Marseille et sa lumière vive. Lorsque je voyage, je cherche systématiquement un biais d’approche me permettant de réaliser des images qui puissent être pertinentes à propos d’un sujet que je ne maîtrise pas. J’observe, je tente de m’imprégner du mode de vie ambiant et j’effectue des passerelles entre divers sujets et différentes identités visuelles afin d’en dégager quelques hypothèses sociopoétiques personnelles sur les territoires et leurs habitants. Cette série est un fragment du résultat de tous les voyages que j’ai effectués entre 2016 et aujourd’hui. J’ai tenté durant cette période d’amasser le plus d’images possibles de ce que je voyais sans savoir l’analyser, par pure découverte et naïveté. Pour rassembler et formaliser toutes ces images hétérogènes, j’ai isolé des thématiques redondantes et j’ai cherché à pointer certains détails légers me semblant exprimer les ressentis qui m’avaient traversés, tout en soulignant l’absurdité de la situation par l’ajout de textes décalés mais parfois instructifs.
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Bien que théoriquement, un économiseur d’écran se met en place lorsqu’un individu n’utilise pas son écran, le message ou la marque figurant sur l’animation bénéficie d’une exposition quasiment quotidienne et de grande qualité. On estime généralement qu’un économiseur s’active lors d’une session sur deux d’utilisation d’un ordinateur. Par ailleurs, le contenu occupe par définition tout l’écran et ne peut échapper au regard. Enfin, lorsque l’animation est bien conçue, l’utilisateur peut prendre plaisir à la visualiser. Dans la situation présente, elle semble occuper l’esprit de cette galeriste Suisse. 12
Dans l’Egypte ancienne. Les égyptologues ont découvert que Ramsès II se colorait les cheveux pour cacher ses cheveux blancs. Les couleurs les plus employées étaient alors le noir et le roux, notamment avec l’utilisation du henné comme colorant naturel, qu’on trouve encore de nos jours. À l’époque, le henné était incorporé dans du sang de bœuf ou bien des têtards brouillés. Ces deux techniques étaient utilisées pour les différentes couleurs qu’elles apportaient aux colorations. Ici, la femme possède une chevelure colorée en rouge cerise, probablement la teinte n°24 de chez Sanotint.
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En haut du poteau situé à gauche de l’image, se trouve un panneau vert indiquant les mots « points de rencontre ». Ce détail n’est pas visible dans l’image, tout comme cette rencontre qui n’a visiblement jamais eu lieu. Les passants isolés les uns des autres traversent l’espace tout en restant dans la zone de confort qui leur est propre, chacun à sa manière.
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La rémunération est basée sur le personnage que vous incarnez. S’il s’agit d’un costume à poils (on ne voit pas votre visage), vous serez un peu moins payé que si vous jouez un humain car les animaux complètement recouverts par le costume sont muets. Les princesses et autres personnes communiquent avec leur visage, parlent aux visiteurs et passent plus de temps avec eux. D’autres facteurs qui jouent sur le salaire du cast member sont le nombre d’heures effectuées, le type de travail (acteur, balayeur, serveur...) et l’expérience.
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L’Homme et la mer, Marseille, Genève, Zadar, Les Salins de Giraud, 2017-2019
L’Homme et la vitre, Marseille, Genève, Budapest, Lisbonne, Paris, 2017-2019
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« Le fait de donner du pain aux canards est très ancré dans les mentalités, pour venir en aide aux oiseaux, mais également pour ne pas gâcher le pain qui est un aliment sacralisé, détaille Audrey Maurin, agent d’accueil à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) d'Île-de-France. Malgré les bonnes intentions, c’est une mauvaise idée. Mieux vaut recycler son pain en pudding ou en pain perdu. » En l’occurence, je ne me souviens plus du tout ce que cet homme donnait aux canards. 18
observer les myriophylles
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PRÉSENTATION DE MA DÉMARCHE ARTISTIQUE ET PROJET ENVISAGÉ :
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Mes photos ont pour source l’expression d’un événement, quel qu’il soit. Je considère comme événement tout acte susceptible d’être mémorable pour une ou plusieurs personnes. Il peut s’agir tant d’une action collective que d’un simple geste révélateur de tendresse ou de tension. L’appareil photo est un formidable outil pour capturer, voire générer de l’événement. Par son biais, j’envisage l’espace public comme un grand théâtre dans lequel se joue les tragi-comédies du quotidien. En ce sens, j’aime observer les gens, leurs actes et leurs liens les uns aux autres, afin d’y déceler la narration d’une situation.
Je trouve super que le Pôle propose de multiples activités socioculturelles, j’aimerais produire un gros travail de documentation visuelle à ce sujet, recueillir des témoignages, des informations, et constituer un ouvrage d’analyse poétique des situations. Pour tenter d’expliciter, j’aimerais m’immerger dans la vie culturelle du territoire, participer au plus d’événements possible, y rencontrer leurs acteurs et membres pour produire un contenu qui serait à la fois une enquête quasi-sociologique et le reflet de tant de sensibilités que de personnes rencontrées.
Je porte un certain engagement au sein de mon travail photographique. Militante affirmée de l’égalité sociale et solidaire, j’utilise souvent l’image pour mettre en lumière et défendre des causes me tenant à cœur. Je prône un respect de l’humain, de ses droits et de ses bonnes initiatives. Je défends l’espace public comme lieu d’expression artistique et de décisions politiques. Je me suis principalement engagée à Marseille, ma ville natale, trop longtemps laissée aux mains de petits mafieux véreux.
Étapes du projet :
Ma pratique est donc tournée vers l’exploration du monde et s’oriente vers la profusion, l’accumulation massive d’images et d’informations vis-à-vis d’un territoire déterminé. Bien qu’elles puissent être visuellement autonomes, mes images s’accompagnent régulièrement de textes, de documents annexes ou de récits oraux. Je travaille comme une enquêtrice maladroite qui ne se laisserait guider que par ses simples intuitions, pour en arriver à une conclusion ouverte et flexible apportant quelques éléments de réponse à une situation. En ce qui concerne l’appel à projet que vous proposez, ma candidature est d’abord guidée par la curiosité et l’envie de découverte. Il s’agit pour moi d’envisager une méthode d’exploration pour découvrir votre territoire que je ne connais pas, tout en portant un regard pertinent et juste à son égard. J’aimerais porter un projet de pluridisciplinarité à travers la photographie, en collaborant avec les différents acteurs volontaires du pôle associatif Felix Thomas afin d’en générer ce que j’appellerai une Encyclopédie de l’instant donné.
1. Organiser une réunion de présentation avec les associations du Pôle, en vue de leur proposer un partenariat autour de ce projet photographique. S’ils acceptent que je les suive dans leurs activités, je leur offre en échange les images produites les concernant pour leur communication à venir. Il s’agit d’un véritable échange de savoirs faire. 2. Suivre de nombreux événements, tenter de ne rien perdre, et imprimer au fur et à mesure une sélection des images réalisées. 3. Installer un panneau d’affichage dans une zone de passage du Pôle. Afin de pouvoir y accrocher jour après jour les nouvelles images réalisées, accompagnées d’espaces de libre expression pour que les usagers de la zone puissent les commenter, apporter leurs témoignages sur l’instant donné, ajouter des informations. 4. Construire une forme cohérente, produire un ouvrage, une sélection de toutes les images et informations recueillies, amplifiées de questionnements métaphysiques sur les concepts d’événement, de temporalité et d’identité territoriale, et auxquels viendront s’ajouter les commentaires et témoignages des intéressés. La forme n’est pas encore définie et le sera au fur et à mesure de l’évolution du projet qui se veut fondamentalement ouvert vers les multiples possibles. Pour finir, un restitution festive me semblerait idéale pour conclure ce projet de belles rencontres.
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