Contribution à la revitalisation de la Casbah d'Alger, Lynda OUAR _ Revue MADINATI n°8_ dec 2019

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LA REVUE DE L’URBANISME, DE L’ARCHITECTURE ET DE LA CONSTRUCTION

DÉCEMBRE

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N° 08

ENTRETIEN

Armin DUERR, Architecte Sur l'expérience de L'ATELIER DE LA CASBAH D'ALGER Djillali TAHRAOUI, Architecte

PERCÉE

PALAIS ROYAL ZYANIDE D’EL MECHOUAR, UNE MÉMOIRE RETROUVÉE Abdessamad CHIALI, Architecte

ÉVÈNEMENT

INVITÉE À LA RENCONTRE DU Marouen HEDHLI & Djillali TAHRAOUI

Revue éditée par la Sarl A.T.P Éditions - Prix : Algérie : 500 DA. Europe : 4€


N° 08 - Décembre 2019 ISSN : 2477-9849 Dépôt légal : 1695-2015 Directeur de publication : Djillali TAHRAOUI

Consultants : Pierre SIGNOLES Boutkhil BEGHDADI Nabil ROUBAI CHORFI Omar SMAIL Corrections : H.T & M.A.T Abdeslam ABDELHAK Conseil artistique : Faiza DJEFFAL-TAHRAOUI Ont contribué à ce numéro : Saddek BENKADA Rachid SIDI BOUMEDINE Yannick CHAMPAIN Abdessamad CHIALI Armin DUERR Hazar SOUISSI BEN HAMAD Marouen HEDHLI Abderrahim KASSOU Djaffar LESBET Fatima MAZOUZ Zoubeïr MOUHLI Lynda OUAR Photographies : Auteurs A.T.P Organismes & Particuliers Site-web : Mahfoud SIDI ALI MEBAREK Abdelhak SIDI ALI MEBAREK

Rachid SIDI BOUMEDINE

Djaffar LESBET

Lynda OUAR

Fatima MAZOUZ

Hazar SOUISSI BEN HAMAD

Photo de Couverture : Vue sur la Casbah et le port d’Alger © ANSS, 2016

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INVITÉE À LA RENCONTRE DU Marouen HEDHLI & Djillali TAHRAOUI

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Armin DUERR, Architecte Sur l'expérience de L'ATELIER DE LA CASBAH D'ALGER Djillali TAHRAOUI

Abderrahim KASSOU

PALAIS ROYAL ZYANIDE D’EL MECHOUAR, UNE MÉMOIRE RETROUVÉE Abdessamad CHIALI

info@madinati-dz.com Publicité : contact@madinati-dz.com

www.fb.com/MadinatiOfficiel

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PERCÉE

www.madinati-dz.com LA RÉHABILITATION DE L’EX-ÉGLISE DU SACRÉ CŒUR À CASABLANCA

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ENTRETIEN

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RENDRE ATTRACTIF UN PATRIMOINE HISTORIQUE ET CULTUREL. LE CAS DE LA MÉDINA DE TUNIS Zoubeïr MOUHLI

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ÉVÈNEMENT

LA RÉHABILITATION DU PATRIMOINE BÂTI À ORAN

Impression : MAA-COM

Tous droits réservés

Saddek BENKADA

CONTRIBUTION À LA REVITALISATION DE LA CASBAH D’ALGER UNE CLARIFICATION UTILE

LA PRÉSERVATION DU NOYAU ANCIEN DE TUNIS PROJETS PATRIMONIAUX ET PROJETS URBAINS

Les documents écrits ou graphiques remis à la rédaction ne sont pas restitués et ne peuvent faire l’objet d’aucune réclamation. Toute reproduction partielle ou totale n’est pas permise, sauf autorisation de la rédaction. La rédaction et son comité de lecture se réservent le droit de refuser l’insertion de tout document dont le contenu serait contraire à la charte de la publication. Les écrits publiés et signés n’engagent que leurs auteurs.

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LA SAUVEGARDE : UNE QUESTION ACCABLANTE ! DE LA NÉCESSITÉ D’EN FINIR AVEC LE PATRIMOINE CONCEPTUEL ET DE RENOUER AVEC LE RÉEL

Infographie : Omar SMAIL A.T.P

Editée par A.T.P Editions 25, place Rouis RAYAH Hai Oussama - Oran Tél/fax : 041 24 53 18 Email : info@madinati-dz.com contact@madinati-dz.com

UNE FAMILLE D’ARCHITECTES ALGÉRIENS AU XVIIIe SIÈCLE : LES BEN SARMACHIQ

VA R I A

Communication : Khaled ARRACHE Hizia LAKEDJA-ABDELLILAH Radia BOURBIA

HISTOIRE

LES PPSMVSS DES RÉSULTATS MITIGÉS OU UNE DÉFAILLANCE ORGANIQUE ? UNE OUVERTURE POSSIBLE !

DOSSIER

Rédacteur en chef : Mohamed MADANI

A.T.P

ÉDITIONS

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25, Place Rouis Rayah (ex-Place Magnon) Hai Oussama (ex-Boulanger) - Oran +213 (0)41 24 53 18

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PATRIMOINE VIVANT DU PATRIMOINE À L’ÉCOCONSTRUCTION Yannick CHAMPAIN

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POUR TOUT PAIEMENT OU SOUTIEN : Compte Bancaire N° RIB 00 600 203 303 030921578 Al BARAKA, Oran Ouvert au nom de Sarl A.T.P


DOSSIER

Les objectifs dégagés peuvent se résumer en 5 grandes thématiques[6] : 1. La « définition d’une vision à long terme pour la Casbah d’Alger » afin d’orienter les actions de valorisation du patrimoine ; 2. Une vigilance quant à l’articulation des objectifs de mise en valeur de la Casbah et les projets en cours de réalisation dans le centre-ville et le front de mer ; 3. La « revitalisation du tissu socio-économique de la Casbah » à travers l’élaboration d’une stratégie de relance des activités commerciales et productives et de diversification sociale ; 4. Le renforcement du mécanisme de suivi, notamment par la mise en place d’une structure technique dédiée au projet de mise en valeur de la Casbah et garante du rythme et de la qualité des travaux. Le Comité du Patrimoine mondial s’engage, pour sa part, à des missions d’appui technique semestrielles ; 5. L’intégration de tous les acteurs pertinents au processus de revitalisation : écoles et universités, professionnels du bâtiment, secteur de l’artisanat… Suite à ces journées, les signataires de l’accord de coopération ont décidé d’inscrire des actions de sauvegarde et de valorisation de la Casbah à la feuille de route signée en septembre 2018. Deux axes de travail ont été définis pour répondre aux recommandations précitées[7] : • Axe1 : La régénération du tissu socio-économique de la Casbah en intervenant sur les vides urbains par le bais de l’urbanisme expérimental ou Urbanisme Transitoire, sujet dans lequel est spécialisé l’IAU (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme), en charge des études pour la Région Ile de France ;

Illustration 1 : Panneau de présentation du Plan de Sauvegarde de la Casbah et du Projet de Coopération Décentralisée © ATRC, 2019

Lynda OUAR Architecte DPLG ENSAPB, Institut Paris Région[1] Pilote de l’Atelier Technique de Revitalisation de la Casbah

CONTRIBUTION À LA REVITALISATION DE LA CASBAH D’ALGER UNE CLARIFICATION UTILE[2] Mots clés : Casbah, urbanisme transitoire, Dar El Hamra, Mer Rouge, revitalisation, programmation urbaine, FabLab solidaire.

AVANT-PROPOS

L

e projet de revitalisation de la Casbah d’Alger, lancé dans le cadre d’un partenariat entre la Wilaya d’Alger et la Région Ile-de-France, a suscité de vives polémiques et certains questionnements, parfois justifiés, parfois hors de propos. Le sujet « Casbah » réactivant, comme souvent, fantasmes et vieilles rancœurs. Sur l’invitation de la revue que nous remercions, l’occasion nous est donnée de présenter ici les termes de cette coopération, le contexte d’intervention, les acteurs et d’exposer les travaux menés par l’Atelier Technique de Revitalisation de la Casbah jusqu’à présent. La mission des Ateliers Jean Nouvel ne sera que brièvement évoquée pour la resituer dans le contexte général.

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CONTEXTE D’INTERVENTION ET ACTEURS Le projet actuel de revitalisation de la Casbah a été initié dans le cadre d’un accord de Coopération Décentralisée signé en mars 2017 par M. Zoukh, ex-Wali d’Alger[3], et Mme Pécresse, Présidente de la Région Ile-de-France. Cet accord comporte plusieurs modes d’actions dont l’aménagement du territoire, le développement durable et les transports. En janvier 2018, une « Réunion internationale d’experts sur la conservation et la revitalisation de la Casbah d’Alger » a été organisée à Alger[4] par le Comité du patrimoine et le Ministère de la Culture. La finalité de l’évènement était de dresser un bilan des opérations passées et définir les actions à mettre en œuvre pour enrayer les dynamiques de dégradation actuelles. Le constat et la plupart de ces préconisations ont déjà été formulés auparavant sans être suivis de résultats[5].

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• Axe 2 : L’appui à la définition d’un programme pour la reconversion de Dar El Hamra en équipement culturel métropolitain et pour son insertion urbaine à la Place des Martyrs.

L’ATELIER TECHNIQUE DE REVITALISATION DE LA CASBAH, ATRC Une structure pluri-institutionnelle a été créée en septembre 2018 afin de mener les études. Elle est constituée d’architectes issus des différents organismes intervenant à la Casbah : Direction des Equipements Publics et Direction de la Culture (Wilaya d’Alger), ANSS et OGEBC (Ministère de la Culture), APC Casbah et représentant de la société civile pour la partie algérienne. Côté français, deux architectes de l’IAU ont été détachés à Alger, complétés par des consultants missionnés par l’IAU et la Région Ile de France pour les compétences spécifiques : YA+K, collectif d’architectes urbanistes pour l’urbanisme transitoire et ABCD, agence de programmation culturelle pour le projet Dar El Hamra. Un comité de pilotage composé des directeurs des structures impliquées en assure la supervision.

AVANCEMENT DES DEUX MISSIONS La mission de l’Atelier Technique, débutée en septembre 2018, a pour finalité la réalisation d’un premier chantier participatif pour le projet Urbanisme Transitoire et l’élaboration d’un cahier des charges pour le programme Dar El Hamra. Les échéances prévues, respectivement juillet 2019 et septembre 2019, sont actuellement ajournées. L’étude des Ateliers Jean Nouvel, d’une durée prévisionnelle de 6 mois, a été entamée en janvier 2019. Elle consiste, dans les grandes lignes, en une phase de diagnostic ; esquisse des orientations du projet ; présentation intermédiaire ; définition du projet et rendu final. Malgré les difficultés de démarrage en phase opérationnelle, l’ATRC a organisé une première session de workshops à la Casbah, du 8 au 20 février 2019, auxquels ont également participé une équipe des Ateliers Jean Nouvel. Puis, le contexte lié au mouvement populaire algérien a considérablement freiné l’avancement des deux missions. Un climat général de démobilisation, suivi des changements de ministres, puis la destitution du Wali le 22 avril 2019, après l’effondrement d’un immeuble à la Casbah ayant causé des pertes humaines, sont autant de facteurs qui ont placé le projet de Coopération Décentralisée dans la situation d’attente qui touche tous les secteurs d’activités actuellement.

[1] L’Institut Paris Région est la nouvelle dénomination de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Ile de France, depuis le 2 septembre 2019. Dans la suite de l’article nous conserverons l’appellation IAU, Institut d’Aménagement et d’Urbanisme, utilisée par tous les acteurs durant le temps de la mission. [2] Titre proposé par Rachid SIDI BOUMEDIENE, à qui nous rendons hommage pour son amitié instructive et bienveillante. [3] « Mise en œuvre du Plan Permanent de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Secteur Sauvegardé -PPSMVSS- de la Casbah ». Le budget alloué depuis 2013 au Ministère de la Culture a été transféré à la Wilaya qui en assure la gestion via la Direction des Équipements Publics, maître d’ouvrage déléguée. Conformément aux missions qui lui sont dévolues, le Ministère de la Culture s’assure du respect des prescriptions du PPSMVSS. Rapport sur l’état de conservation du site de la Casbah d’Alger, à destination du Comité du Patrimoine Mondial, juillet 2015.

[4] « Des experts proposent une nouvelle dynamique pour la conservation et la revitalisation de la Casbah d’Alger » https://whc.unesco.org/fr/ actualites/1805/

[5] « Relance effective et efficace sauvegarde de la Casbah d’Alger », Djaffar Lesbet. http://www.planum.net/download/algeri-lesbet-pdf.

LES ATELIERS JEAN NOUVEL Dans le prolongement de ces premières orientations et dans le cadre de la Coopération, une convention tripartite a été signée, en décembre 2018, entre la Wilaya d’Alger, la Région Ile de France et les Ateliers Jean Nouvel[8], portant, cette fois, sur la définition d’une vision à long terme de la Casbah et son intégration dans le plan de développement du Grand Alger. Un volet de collaboration avec l’ATRC, basé à Alger, est établi pour la partie diagnostic, connaissance du site et des acteurs (Illustration 1).

[6] Conclusions de la Réunion d’experts, https://whc.unesco.org/ document/168120 [7] Les documents officiels mentionnent un Axe 3, qui a consisté en un partage d’expérience en début de mission, sous la forme d’un voyage d’étude en Ile de France sur le double thème des « interventions contemporaines sur les édifices patrimoniaux » et de « l’urbanisme transitoire », et qu’il n’est pas nécessaire de relater ici. [8] Il est utile de préciser que la rémunération des AJN est totalement prise en charge par la Région IdF et indépendante du budget alloué à la Wilaya pour la gestion de la Casbah.

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DOSSIER

AXE 1 : INTERVENTION SUR LES VIDES URBAINS DE LA CASBAH Le projet global et multidimensionnel de la réhabilitation de la Casbah étant déjà pris en charge par la Wilaya d’Alger dans le cadre de la « mise en œuvre du Plan de Sauvegarde »[9], il a paru judicieux d’engager des opérations parallèles sur les vides urbains, si nombreux, et qui contribuent à l’image de délabrement des quartiers. L’intervention sur les vides urbains n’est pas nouvelle, comme en témoignent l’aménagement de certaines placettes, les évènements ponctuels et manifestations culturelles qui y sont organisées par les institutions ou les associations de la Casbah. Les habitants ont également réalisé des fresques, construit des bacs à plantes, mené des opérations de nettoyage. Cependant, à l’usage, ces démarches d’embellissement du cadre de vie ne suffisent pas à insuffler une dynamique de changement. D’autant qu’elles manquent de fonction réelle, d’utilité sociale ou économique permettant le développement d’activités durables. Les placettes sont sous-exploitées, voire désertées, et l’amateurisme de certaines interventions conduit à une bidonvilisation du domaine public : les fresques ternissent, les bacs à plantes sont abandonnés, les ordures finissent par revenir. L’ambition de notre projet est d’élaborer, sur un site choisi, un programme d’occupation en concertation avec les habitants, collectivités locales, acteurs de la vie locale et consultants extérieurs, pour mettre en œuvre des aménagements et des activités temporaires pouvant palier à des besoins identifiés et/ou préfigurer de nouveaux usages.

La pertinence de cette stratégie est apparue évidente face au constat que, dans la Casbah, les espaces vacants sont nombreux et ne sont pas susceptibles d’être mobilisés dans l’immédiat par leurs propriétaires[11]. Ils constituent un levier potentiel d’amélioration rapide et concrète des espaces de proximité et donc de la vie locale. La démarche participative permet d’identifier les besoins en termes d’activités, d’usages et de pratiques sociales. Enfin, l’implication des habitants peut être l’occasion d’accompagner des porteurs de projets et de garantir une meilleure acceptation de l’opération. De plus, la nature même du dispositif, qui implique une certaine souplesse, une réactivité pour créer des activités transitoires, la récupération, le faire soi-même, fait écho à des pratiques courantes à la Casbah. En Ile de France, l’un des exemples les plus emblématiques d’urbanisme transitoire est « Les Grands Voisins » implanté sur le site de l’Hôpital Saint-Vincent de Paul pour la durée de sa transformation en éco-quartier. Se déployant par phases sur les 20 000 m² de bâtis et 15 000 m² d’espaces extérieurs, ce projet a permis à plus de 600 personnes, en situation de vulnérabilité, d’être logées, et, à 250 associations, startups, artisans et artistes, de développer leurs activités dans un environnement inédit. La configuration et l’esprit du lieu permettent à tous d’accéder à des espaces de rencontre et activités partagées et induisent des créations d’emplois et de l’insertion sociale. Mais surtout, « Les Grands Voisins » ont dynamisé un quartier du 14ème arr. (Paris) qui semblait peu destiné à l’implantation de commerces et ont impacté le projet d’éco-quartier initial qui a, finalement, conservé certains bâtiments du site ainsi que des commerces générateurs d’attractivité économique et sociale.

Illustration 2 : Bac à plantes abandonné © ATRC, 2018

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Illustration 7 : Extrait de la Carte de synthèse des activités de la Casbah © ATRC, 2019

Choix d’un site d’intervention À la Casbah, le projet « Casbah des Arts », initié par l’association Arts et Patrimoine d’Alger avec l’ASCA, vise à la revitalisation d’un parcours avec occupation de parcelles vides par des œuvres d’arts réalisées in situ par des artistes en résidence. Ce projet, en cours de montage, vise en parallèle une réactivation de l’activité touristique par la formation de « guides artistiques » et la mise en place d’un réseau de lieux d’accueil et de restauration pour pérenniser l’action. À Oran, l’association Santé Sidi El Houari mène, depuis 1992 et avec l’accord de la Wilaya, une expérience de valorisation d’un site en péril : l’occupation d’un ancien hôpital militaire a permis la sauvegarde du lieu et le développement d’une structure pluridisciplinaire en lien avec le patrimoine et la citoyenneté. L’association est souvent citée comme modèle de réussite de projet associatif à l’échelle nationale.

Illustration 3 : Point de collecte de déchets © ATRC, 2018

Pourquoi l’Urbanisme Transitoire ? « L'urbanisme transitoire englobe toute initiative qui vise, sur des terrains ou bâtiments inoccupés, à réactiver la vie locale de façon provisoire, lorsque l'usage du site n'est pas déterminé ou que le projet urbain ou immobilier tarde à se réaliser. »[10] L’urbanisme transitoire est issu des pratiques d’occupations informelles de friches par des collectifs d’artistes. Il s’est institutionnalisé et développé, depuis 2010, sur plusieurs sites d’Ile de France revitalisant, dans diverses configurations, des lieux vacants ou en cours de projet. La mise en œuvre d’une architecture légère et qualitative permet de réduire les coûts de travaux, d'accélérer la réalisation et d'améliorer l’image du lieu.

Illustration 4 : Les Grands Voisins © Lucile Mettetal - IAU, 2017

Des initiatives d’occupations temporaires similaires ont déjà été menées sur le territoire algérien par des associations ou des collectifs visant à dynamiser des lieux par une démarche artistique et pluridisciplinaire. On peut citer le projet « El Medreb », porté par le collectif TransCultural Dialogue qui, en 2016, a investi deux bâtisses abandonnées du quartier El Hamma pour y proposer des activités et performances en lien avec la mémoire du quartier et son devenir. Illustration 5 : El Medreb © Nadjib Bouznad, 2014

Enfin, on peut noter qu’en marge du Hirak, la réappropriation de l’espace public est l’un des phénomènes emblématiques marquant le mouvement « expression d’une image positive et valorisante de « soi »[12]. On peut citer les initiatives telles que « L’Art est Public », initiatives artistiques investissant les espaces urbains dans plusieurs villes d’Algérie, ou « Le Carré » à Tizi Ouzou, né d’un collectif constitué lors des marches du vendredi et qui occupe un terrain engazonné chaque semaine pour proposer une bibliothèque de rue, un atelier pour enfants, des séances de photos. Cette simple activité s’est ancrée dans les habitudes des marcheurs et des riverains comme un « lieu culturel où se rendre » chaque samedi, au lendemain des marches.

Illustration 6 : Bibliothèque de rue © collectif le Carré, 2018

En parallèle à ce repérage, nous avons réalisé un recensement des activités culturelles, associatives, projets en cours et non réalisés à la Casbah, afin d’avoir une visibilité des activités relevant de la revitalisation des quartiers et pouvant être mis en résonnance pour chaque site. Cet outil, qui met en valeur les potentialités et l’émergence de nouvelles dynamiques, peut être utilisé pour tout projet futur et doit être mis à jour régulièrement (Illustration 7). [9] La « Mise en œuvre du PPSMVSS » s’articule autour de 3 groupes de projets : des travaux d’urgences sur le bâti et les infrastructures ; la restauration de la Citadelle d’Alger et la restauration de la Casbah. Ce volet a fait l’objet d’un « Plan d’attaque », initié en 2014 pour fixer les priorités d’intervention. Il est mis en œuvre depuis mars 2017 et concerne notamment la restauration du bâti mineur en état de dégradation avancée, la restauration des monuments majeurs, des mosquées et des maisons dites « historiques » de la Casbah, mais aussi la réfection des réseaux hydriques, dont l’état est une cause aggravante des dégradations du site. OGEBC et Direction des Equipements Publics de la Wilaya d’Alger. [10] DIGUET, Cécile et Alexandra COCQUIÈRE « Les Carnets Pratiques n° 9, l’Urbanisme transitoire » septembre 2018, IAU. https://www.iau-idf.fr/nostravaux/publications/lurbanisme-transitoire.html [11] Nature complexe de la situation juridique des biens privés, même lorsque les propriétaires sont identifiés.

Ce dispositif se distingue des squats, lieux de vie des populations précaires, par l’usage axé sur une mixité d’activités fédératrices et par leur cadre légal et sécurisé puisqu’ils font l’objet de baux à court terme.

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Pour le projet à la Casbah, l’ATRC a d’abord effectué un repérage de sites potentiels d’interventions, pour la plupart déjà identifiés par la Wilaya et l’ANSS, car ayant fait l’objet d’études pour plusieurs opérations ou concours sans toutefois aboutir. Ainsi, nous avons examiné les terrains en friche aux abords de la Citadelle, les plateformes en contrebas de la mosquée Sidi Ramdane, le vide urbain du quartier Barberousse, actuellement occupé par un parking, le vaste ilot Lallahoum, l’étroit terrain triangulaire de l’Impasse Silène, à proximité de la mosquée Ben Farès, et un terrain bordant la rue Porte Neuve, l’ilot Mer Rouge limitrophe de Soustara. Ce dernier site a été retenu pour l’opération au terme de la première phase d'étude.

[12] « Le Hirak algérien, un laboratoire de citoyenneté », in Métropolitiques, juillet 2019. https://www.metropolitiques.eu/Le-Hirak-algerien-unlaboratoire-de-citoyennete.html N° 08 - Décembre 2019 |

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Le site « Mer Rouge » et ses habitants L’ilot « Mer Rouge », d’après la rue éponyme, est situé dans la Haute Casbah, entre la rue Rabah Riah, ex-Porte Neuve, et la rue Benganif Mohamed, ex-Rempart-Medée. Ce vide urbain, d’une surface de 1 570 m2 et de 76 m sur sa plus grande longueur, rue Rabah Riah, fait office de « Patio urbain » que se sont approprié les habitants du quartier. Ils y ont entamé de petits travaux d’embellissement et sécurisation : peinture des murs périphériques, réalisation de garde-corps de sécurité avec des matériaux de réemploi, bacs à plantes, végétalisation de l’une des parcelles, limitation des surfaces occupées par le stationnement sauvage. Le terrain, entouré de groupes scolaires, sert d’aire de jeux et de repos aux heures de sorties d’école. L’ilot, situé à proximité des vestiges de la muraille ottomane, lieu des départs de visites guidées de Bab Jdid, offre une perspective spectaculaire vers le tissu colonial du boulevard Ourida Meddad et de Soustara. La rue de la mer Rouge, actuellement squattée, délabrée et recouverte d’étais, était si pittoresque qu’elle a fait l’objet de nombreux clichés pour des cartes postales anciennes.

Illustration 12 : Palais Dar El Hamra © ATRC, 2019 Illustration 9 : Rencontre avec les habitants et porteurs de projets © L. Ouar, ATRC, 2019

Les échanges avec les acteurs ont dégagé des enjeux d’emploi et formation, qualité de vie, développement économique, tourisme solidaire, stationnement, attractivité, mixité sociale, changement d’image. Un certain nombre d’usages et de besoins ont été exprimés par des habitants du quartier, porteurs de projets : gestion des déchets, aires de jeux pour enfants, végétalisation, lieux de solidarité, sécurisation et aménagement des espaces publics, rénovation et bricolage liés à l’entretien des maisons.

USAGES SOUHAITÉS PAR LES ACTEURS Jeux

Gestion des déchet

d'enfants

(compost, poubelles) Réemploi de matériaux

Agriculture

Illustration 11 : "L’Hyper", le Fab-Lab solidaire créé par YA+K à Bagnolet © YA+K, 2017

Illustration 13 : Vue générale depuis Dar El Hamra © ATRC, 2018

En parallèle de cette « Fabrique de la Casbah », d’autres activités ont été envisagées sur l’îlot comme une antenne locale pour les institutions en charge du secteur sauvegardé (l’APC Casbah ou l’ANSS) avec l’introduction de l’agriculture urbaine en y associant le collectif Torba. Les aires de jeux peuvent être réalisées avec le concours d’un artisan de la Casbah qui occupe déjà des parcelles vides avec des structures qu’il construit seul, etc.

Actuellement siège du Centre National d’Archéologie, Dar El Hamra pâtit d’une dégradation avancée et fait partie des opérations prioritaires de réhabilitation engagées par la Wilaya d’Alger. Les études de restauration sont en cours mais aucune programmation n’est encore définie.

urbaine Végétalisation Lieux

Rénovation Fabrication Bricolage

Lieux de solidarité + santé

Aménagements des espaces publics (assises}

PERSONNES RENCONTRÉES HORS INSTITUTIONS Bilal (menuisier) Momo (aménagement place) Tarek (aménagement place) Zak & friends Hafid (sérigraphe)

Zoubir Mouloudj (habitant, senior)

(jeux d'enfants)

Illustration 8 : Ilot Mer Rouge © ATRC, 2018

Illustration 10 : Extraits de la restitution des workshops © Cécile Diguet - IAU, 2019

Début février 2019, une fois le site choisi en Comité de Pilotage, le collectif Ya+K ainsi qu’une experte en Urbanisme Transitoire de l’IAU, Cécile Diguet, sont intervenus pour un premier workshop afin de réaliser les études préalables à l’opération : identifier l’écosystème d’acteurs présents ou à impliquer (institutions, citoyens, associations), cerner les enjeux et les besoins exprimés afin d’esquisser un programme et un planning d’intervention.

Une prospection plus affinée du quartier a mis en lumière des locaux vacants potentiellement exploitables et a permis de rencontrer des artisans dont le volume de travail insuffisant gagnerait à être mis en réseau dans le cadre d’un projet commun.

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Ces éléments ont conduit le collectif Ya+K à envisager la création d’un atelier, une « Fabrique de la Casbah », fonctionnant avec la participation des artisans et ouvert aux habitants pour les accompagner dans les réparations et rénovations de leurs habitations, suivant, par exemple, les préconisations du « Manuel des bonnes pratiques d’entretien » édité par l’ANSS. L’idée du FabLab solidaire a déjà été mise en œuvre avec succès par YA+K à Bagnolet où « l’Hyper »[13] a été un vecteur de lien social, de réinsertion professionnelle et de création (Illustration 11). N° 08 - Décembre 2019   |

Dans le même temps, l’occupation temporaire à usage public de ce terrain, constitué de 22 parcelles privées dont seulement 6 ont fait l’objet d’un dépôt de dossier auprès de l’ANSS, soulève la question de son mode de gestion durant ce temps - indéfini à la Casbah - où il doit être statué sur le devenir de ces parcelles. Autant de sujets à développer dans la suite du projet.

AXE 2 : REVITALISATION D’UN QUARTIER DE LA BASSE CASBAH PAR LA PROGRAMMATION D’UN ÉQUIPEMENT CULTUREL : DAR EL HAMRA

Youssef El Hadj

L’opération était prévue sur 3 temps : mission de repérage en février 2019, atelier d’approfondissement du projet avec les habitants fin avril 2019, chantier participatif avec animation du site par YA+K en juillet 2019, avant d’en laisser la gestion à une structure déterminée en concertation avec les acteurs du projet.

Ce type d’activités engage de nouvelles dynamiques autour de l’économie collaborative et valorise les pratiques du « faire soimême », de solidarité, de réemploi des matériaux et produit des impacts positifs localement.

Ce volet du projet consiste en une mission d’assistance à maitrise d’ouvrage pour l’élaboration d’un programme culturel pour le palais Dar El Hamra, bâtiment, à forte valeur patrimoniale, situé sur la Place des Martyrs, lieu emblématique qui a été le théâtre des mutations urbaines majeures de la ville d’Alger. Le palais est un jalon du parcours Citadelle - Casbah - Place des Martyrs – Amirauté, bien que cette dernière ne soit pas encore accessible. De taille modeste et ouvrant des façades aveugles sur la place, le Palais est imperceptible dans son environnement urbain alors qu’il bénéficie d’une situation exceptionnelle. De plus, il est entouré d’importantes surfaces foncières mutables en attente de projet (marchés provisoires, ilot Lallahoum, jardin conservatoire au pied du Palais…).

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Le quartier de la Marine a fait l’objet de plusieurs projets, certains abandonnés, d’autres en attente comme le musée archéologique relié à la station de métro ou le musée de la Marine sur l’Amirauté. De même, un projet de reconversion des voûtes de l’ancien arsenal ottoman, situé sous la place des Martyrs et des voûtes donnant sur le port, est envisagé par l’investisseur algérien Faderco associé à l’agence d’architecture française Arte Charpentier[14]. Cette mission, qui était initialement une étude de programmation « classique », a révélé des problématiques similaires à celles des vides urbains de la Casbah et de l’occupation transitoires des lieux. En effet, la Place des Martyrs, contexte élargi de notre objet d’étude, a été fermée au public, de 2008 à 2018, pour les besoins des chantiers d’archéologie préventive puis de la construction de la station de métro. Cette fermeture a pénalisé usagers et commerçants et a peutêtre freiné le développement touristique et culturel de la Casbah. Sa réouverture récente a suscité une grande adhésion des riverains et des touristes en dépit de ses aménagements, assez peu qualitatifs, réalisés en urgence pour l’ouverture de la station terminus. Mais alors que plusieurs projets, dont la mise en œuvre nécessitera quelques années, y sont envisagés, se sont posées les questions de savoir comment faire vivre un tel site durant le temps du projet et comment enrichir la programmation urbaine pour qu’elle contribue à la mise en valeur patrimoniale et culturelle du centre historique de la capitale ? [13] « Hyper » FabLab de Bagnolet http://yaplusk.org/hyper/ [14] Projet de reconversion en centre commercial présenté lors de la journée d’étude « Alger 2035 » organisée par la Direction de l’Urbanisme le 17 décembre 2018 à l’hôtel Sofitel à l’occasion de la venue de Jean Nouvel à Alger.

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DOSSIER

ÉVÉNEMENT

Dès les premières réflexions, l’agence de programmation ABCD a décelé un potentiel d’animation du palais et de son environnement immédiat, notamment pour la mise en valeur de la stratification de la ville que les fouilles récentes ont mis à jour. La proposition est d’occuper Dar El Hamra comme un premier lieu d’interprétation de la ville durant les études d’élaboration du projet de reconversion et jusqu’au début des travaux. Un lieu transitoire offrant la possibilité de mieux comprendre les besoins par une démarche participative, en créant une dynamique adéquate. L’objectif est d’éviter une programmation préconçue et appliquer une approche sensible du site et de ses enjeux. Des installations provisoires – marquages au sol, échafaudages améliorés – permettraient de révéler les ensembles architecturaux qui ne sont pas décelables dans l’espace public : les voûtes ottomanes, les nombreux sites de fouilles archéologiques, les traces de la ville romaine, le théâtre antique de l’ilot Lallahoum et le tissu précolonial du quartier de la Marine… DAR AZZIZA

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Illustrations 14 et 15: "Révéler les éléments structurants" marquage provisoire le temps des études. Extrait de la restitution workshop Dar El Hamra © Agence ABCD, 2019 DAR AZZIZA MOSQUÉE MARCHÉ ARSENAL

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Illustration 16 : "Révéler la ville invisible" marquage provisoire le temps des études. Extrait de la restitution workshop Dar El Hamra © Agence ABCD, 2019

L’un des projets référence ayant inspiré cette réflexion est le « Mushroom »[15] imaginé par Patrick Bouchain, à la demande, de la Ville de St-Denis, pour transformer un site archéologique, en plateforme pédagogique. La bâche repérable à sa forme de champignon, marqueur urbain dans la ville, recouvre un ensemble d’échafaudages permettant de visiter les fouilles et comprendre le travail des archéologues.

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La rencontre avait pour but de permettre une communication et un échange sur les travaux et recherches sur les paysages d’un côté, et d’explorer l'opportunité de créer un réseau régional de recherche sur les paysages au Maghreb, de l’autre. Illustration 17 : "Archeological Mushroom", Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine © Patrick Bouchain & Loïc Julienne, 2011

Ce projet de coopération a posé la question de la pertinence d’une énième intervention à la Casbah et de ce projet de revitalisation, en particulier, qui fait appel à l’Urbanisme Transitoire, dispositif « à la mode » qui pourrait sembler anachronique, au premier abord, tant la ville historique est captive de son statut patrimonial.

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Bien que les projets soient actuellement en attente, les études engagées ont suscité l’intérêt des partenaires du projet (institutionnels, associatifs et civils) dans ce qu’apporte ce mode d’occupation et de programmation urbaine.

INTERVENIR À LA CASBAH

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et la mise en route de la rencontre a été assurée par Gareth ROBERTS, ancien directeur du groupe, aidé et soutenu par ses collègues du L.R.G : Laurence LE DU, David SAUNDERS et Sarah HOBBS, a été représentée par son directeur de publication Djillali TAHRAOUI, Samir SLAMA et Farid HIRECHE tous deux paysagistes, contributeurs à et coordinateurs du dit numéro spécial.

Comme pour le projet d’urbanisme transitoire, une session d’études devait avoir lieu, fin avril à Alger, afin d’affiner et développer les premières réflexions du projet avec tous les acteurs concernés.

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INVITÉE À LA RENCONTRE DU

De plus, peu d’actions et projets ont abouti : plusieurs programmes de coopération antérieurs sont restés inachevés. L'urgence de l’intervention sur le bâti semble paralyser toute velléité de réflexion alternative, la situation foncière inextricable des parcelles condamne toute intervention, le PPSMVSS n’autorise pas les constructions provisoires à la Casbah, etc. Sans préjuger des suites de notre projet, l’expérience de terrain débutée avec les habitants de la Mer Rouge et les réflexions de projet dégagées par l’étude sur Dar El Hamra et la Basse Casbah, ont conforté l’idée que la méthodologie envisagée, pour peu qu’elle soit renforcée, peut créer les conditions favorables pour animer et soutenir la mutation sur ces sites. D’un côté, le bâti est pris en charge dans le cadre de la mise en œuvre du PPSMVSS qui est confronté à une réalité complexe induisant une temporalité très lente. De l’autre, face au délabrement avancé de la Casbah qui suscite la consternation, la vie locale s’organise. Des initiatives émergent, motivées tant par l’attrait économique que par l’attachement au lieu : un nombre croissant de visites guidées chaque samedi, des micro-réseaux touristiques se créent entre habitants ou avec des entreprises de tourisme pour proposer des déjeuners dans quelques maisons de la Casbah, de nouvelles structures proposent des ateliers réinventant l’artisanat local, des gargotes améliorent leur cadre pour attirer et mieux accueillir les touristes.

L

e N° 07 de a été bien accueilli sur le plan national et international. La thématique du « paysage comme alternative » a suscité beaucoup d’intérêt, provoqué des échanges et introduit des perspectives de partenariat et de collaboration. À ce titre, le groupe international de recherche sur les paysages L.R.G[1] s’est emparé de notre démarche et a souhaité nous intégrer dans la dynamique naissante de la recherche sur les paysages en invitant à sa rencontre de TUNIS du 28 novembre 2019. Le contact a été amorcé par Professeure Malika BOUDJANI, contributrice au numéro spécial de sur le paysage et correspondante internationale du L.R.G qui a permis un rapprochement entre les deux équipes. Entremise concrétisée par l’invitation de à faire une présentation du N° 07 à Tunis pour une première rencontre du L.R.G sur le continent africain. Rencontre rendue possible grâce à l’implication de l'École nationale d'architecture et d'urbanisme (ENAU) de Sidi Bou Said, en Tunisie et à la parfaite coordination de Marouen HEDHLI, architecte et président de la session officielle ; alors que l’organisation

À cet effet, deux séances ont été organisées au sein de l’école, une réunion, le matin, regroupant les représentants du L.R.G, quelques enseignants chercheurs et directeurs de laboratoires et quelques paysagistes tunisiens exerçant dans le privé et les représentants de . Les arguments en faveur d'un réseau maghrébin ont été soutenus par les personnes présentes qui représentaient un bon échantillon des acteurs intéressés par le paysage dans différents secteurs : les universités, les cabinets privés et les Organisations de la société civile (OSC). Cette réunion a été suivie par une conférence débat, dans l’après-midi, organisée sous forme de panel. Cette conférence a drainé une assistance nombreuse constituée essentiellement d'un public universitaire entre étudiants et enseignants. Des OSC locales étaient également présentes avec des praticiens des domaines du génie civil, de l'architecture du paysage et de l'aménagement urbain. Marouen HEDHLI a ouvert et modéré les débats en présentant et clarifiant les objectifs de la rencontre ; il donne la parole ensuite à Gareth ROBERTS, ex-directeur du L.R.G, qui a présenté le groupe en brossant un bref historique, les buts, les objectifs et les politiques et programmes du L.R.G. Il a notamment mis l'accent sur la nouvelle stratégie du groupe qui s’appuie sur la mise en place de réseaux de recherche locaux.

Il fut relayé, par la suite, par Bassem GASTLI, Docteur en Paysage, qui a exposé son analyse critique sur la pratique du paysage en Tunisie sous le thème « Du projet de paysage au projet de paysagiste en Tunisie ». La présentation de la Revue, programmée en fin de séance, a été assurée par Djillali TAHRAOUI qui, après avoir rappelé la genèse, la ligne éditoriale et les objectifs de la publication qu’il dirige, a passé en revue les articles du numéro 07 consacré au paysage. L’exposé du panel a retenu l’attention de l’assistance et a suscité de longs échanges enrichis par certains praticiens du paysage invités pour la circonstance. L’accent a été mis, lors des conclusions, sur la nécessité d’œuvrer pour la création et le développement d’un réseau maghrébin consacré à la pratique et la recherche sur le paysage qui serait relié au Landscape Research Group sous une forme à définir par les membres de ce réseau. n Marouen HEDHLI & Djillali TAHRAOUI

[1] Landscape Research Group, basé à Londres. https://landscaperesearch.org

Face à la lourdeur des outils de planification actuels, il est opportun de créer les conditions d’accompagnement de la timide revitalisation qui est déjà engagée. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre une démarche révolutionnaire mais, simplement, d’envisager d’agir à plus petite échelle, là où peinent les modèles standardisés, pour produire la ville autrement, en associant tous les acteurs du territoire. n [15] « Archeological Mushroom » https://www.1024architecture.net/?portfolio=1up-mushroome

N° 08 - Décembre 2019 |

Coordinateurs

N° 08 - Décembre 2019 |

De gauche à droite F. HIRECHE, S. SLAMA et D. TAHRAOUI

Marouen HEDHLI, Directeur du L.R.G - Tunisie

Gareth ROBERTS, Coordonnateur et ex-Directeur du L.R.G

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