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La vie patrimoniale

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La vie lyonnaise

La vie lyonnaise

LE MONUMENT FUNÉRAIRE DES RANCY EN DANGER

« Quel cirque ! »

Raoul Gibault, directeur du cirque Medrano vient de prendre la présidence d’une toute nouvelle association « Les Rancy, bienfaiteurs de Lyon » dont le but est de perpétuer la mémoire des fameux circassiens lyonnais : les Rancy et de veiller à ce que la ville de Lyon n’oublie pas les bienfaiteurs qu’ils furent quatre générations durant.

Texte : Franck Nicolas et Morgan Couturier - Photos MP

Mais il y a urgence. L’association veut pouvoir restaurer le monument funéraire de cette prestigieuse famille au cimetière de la Guillotière (Lyon 7ème). En effet, quelques travaux s’avèrent indispensables et comme il n’y a plus de descendants de cette famille, l’association se propose pour veiller à cette restauration urgente. Pour lever quelques fonds, un appel a été lancé auprès de quelques décideurs et industriels pour qui le cirque veut encore dire quelque chose et Jacques Bruyas, président de l’Union des écrivains RhôneAlpes-Auvergne et président des écrivains du cirque et du spectacle vivant a été sollicité par son ami Raoul Gibault. Notre contributeur avait écrit en 1990 une pièce de théâtre-pantomime pour l’école théâtrale du Centre dramatique de Villefranche sur Saône que dirigeait alors la regrettée Arlette Picard, et le sujet de cette pièce était la rencontre des Rancy avec leur ami Jules Verne (qui leur dédia son roman-pantomime « César Cascabel ») mais encore Gustave Eiffel (qui dessina les plans des théâtres en dur Rancy) et les jeunes frères Lumière et les plus jeunes encore frères Voisin... et tout ce joli monde se réunissant chez Emile Guimet dans le Val de Saône. Ce texte théâtral vient donc d’être réédité — Jacques Bruyas en ayant abandonné tous ses droits — aux éditions MaBoZa et tous les bénéfices des ventes étant ainsi dévolus à l’association « Les Rancy bienfaiteurs de Lyon »... Ainsi chaque acquéreur d’un exemplaire ou plus de cet ouvrage participera-t-il à la restauration du monument funéraire susdit. Un bel exemple de la complémentarité des cultures en ce monde « verdoyant » qui voudrait annihiler l’esprit du cirque et réduire nos cerveaux à la forme potagère qui leur sied tant... Ce n’est pas à un clown qu’on apprend les grimaces et ce monde de paillettes qui dérange tant les antiboomers vert-de-gris prouve que le devoir de mémoire ne lui est pas étranger contrairement aux « légumineux potentats » qui pensent nous diriger. FN

LE MARCHÉ HISTORIQUE D’OULLINS

menacé de disparition par les écologistes

Alors que le métro B est attendu à Oullins sur la place Anatole France d’ici 2023, l’exécutif écologiste de la Métropole entend végétaliser ce site consacré au marché local. Un projet largement contesté par les commerçants de la commune, lesquels redoutent l’abandon d’une vraie « place de vie ». Une consultation biaisée a été lancée pour une défaite annoncée que refusent les commerçants, dont la volonté première est de sauver « l’historique place du marché », actuellement en chantier. Après « concertation », l’emplacement pourrait disparaitre au profit d’un « poumon vert » imaginé par la Métropole de Lyon et son président, l’écologiste Bruno Bernard. « Il y a déjà six ou sept parcs dans Oullins. On a même le Jardin sans fin, un parcours de promenade qui permet de relier tous les parcs », regrette ainsi Maxime Balouzat, président de l’association des commerçants de la ville, dont la crainte est de voir disparaître l’un des lieux de vie emblématique de la ville. Une décision non sans conséquence pour ces derniers, qui verraient leurs activités asphyxiées au profit d’une « prairie », dixit la Métropole. Une « ambiance nature », qui paraît peu propice à une résurrection du marché ou des animations, si ce n’est le maintien des terrasses déjà existantes. Dans cette triste affaire, les commerçants sont atterrés par l’attitude ambiguë de leur maire Clotilde Pouzergue. L’édile LR se retrouve embarquée – tout comme son collègue de Francheville avec le téléphérique – dans un périlleux exercice de collaboration avec la secte verte. Diviser les maires de droite pour mieux régner, les écologistes s’en frottent les mains. MC

> Article complet à retrouver sur lyonpeople.com / politique

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RUE DE LA RÉPUBLIQUE

AMDG acquiert l’immeuble de la Société Générale

Cet immeuble qui vient de changer de mains détonne aujourd’hui par rapport aux immeubles néo-classiques qui le bordent. Il rompt la monotonie décorative de cette longue rue de la République. Suivez le guide pour comprendre pourquoi il est si différent…

Textes : Pierre Jourdan, architecte et historien et Marc de Jouvencel

La fondation de la Société Générale, en 1864, s’insère dans la mise en place, sous le second Empire, des établissements de dépôt et de crédit qui allaient à la fois utiliser et faciliter le développement industriel et commercial de ce temps. La révolution bancaire du milieu du XIXe siècle fit apparaitre des établissements d’un genre nouveau, les banques de dépôts. L’architecture bancaire va dater de cette époque, car elle va tirer ses traits caractéristiques des vastes sièges centraux construit par eux. Les grandes banques accordent alors, une attention particulière à leurs locaux qui constituent leur patrimoine propre. Leurs sièges et leurs implantations dans les grandes villes se doivent d’incarner la confiance, l’accueil et le confort. Pourtant à Lyon, la Société Générale ne sera pas le maître d’ouvrage de ce bel ensemble immobilier du 6 de la rue de la République qu’elle vient de céder à la société ADMG.

UNE ARTÈRE IMPÉRIALE

Pour sa première installation d’une succursale, le choix de Jean Hély d’Oisel (Président) et d’Antoine Ségan (Directeur), se porte sur un immeuble imposant et déjà existant. Trois cents maisons viennent d’être rasées, des rues tracées et une nouvelle artère percée. La rue Impériale (actuelle rue de la République) va relier la place de la Comédie à la place Bellecour. Les terrains à proximité des Terreaux vont se couvrir d’immeubles néo-classiques, abritant des rentiers et des négociants mais aussi des activités liées au commerce de la soie et aux finances. La proximité de l’Hôtel-deville et sa remise en centralité de la ville déclenche des projets. En tout, quaranteneuf immeubles vont se construire le long de cette nouvelle voie, dont celui-ci. Il s’agit d’un immeuble achevé vers 1860, dont le rez-de-chaussée est à usage commercial et auquel sont adossés les 18 et 20, rue de l’Arbre-Sec, deux immeubles de rapport et propriété respective des familles Dusserre et Joly. L’ensemble immobilier d’aujourd’hui provient de la réunion de ces trois bâtiments qui s’élèvent sur cinq étages. Cette grande artère va rapidement devenir la promenade à la mode des Lyonnais. Ce quartier s’anime grâce aux cafés et restaurants élégants à proximité de l’Opéra. En mitoyenneté immédiate, sur la rue du Bât-d’Argent se trouvent déjà le Comptoir National d’Escompte de Paris et le siège de la Société Lyonnaise construit en 1865.

VANESSA ROUSSET

« Nous faisons œuvre utile »

Une localisation d’exception au cœur de la principale artère commerçante de Lyon… Vanessa Rousset n’a pas hésité très longtemps quand la Société Générale a annoncé son intention de vendre son immeuble lyonnais, à cheval sur la rue de l’Arbre Sec.

La présidente d’ADMG étudie chaque année 2000 dossiers d’immeubles à vendre par le biais de son vaste réseau d’apporteurs d’affaires. Le rachat et la rénovation de cet immeuble emblématique est le cœur même de son activité. « Nous créons de la valeur par les travaux de restauration, l’optimisation des charges et la valorisation du patrimoine. » Et l’immeuble du 6, rue de la République coche toutes les cases d’une opération de création de valeur. « Il dispose d’un très bon emplacement et d’une belle qualité de bâti » résume Edouard Guyot, directeur de l’Asset Management et de l’Investissement qui pilote le projet, avec l’appui du juriste maison Nicolas Ernst et du responsable financement et relations bancaires Julien Chatellier. On sait d’ores et déjà que la Société Générale — dont une partie des collaborateurs est désormais installée aux Jardins du LOU à Gerland — va conserver, en tant que locataire, 3 niveaux (le sous-sol avec sa magnifique salle des coffres, le rez-de-chaussée pour l’accueil de ses clients et le premier étage pour les bureaux) dans le cadre d’un bail « investisseur » d’une durée de 9 ans dont 6 années fermes commençant au jour de la vente. L’ensemble immobilier propose à ce jour 3 160 m2 de surfaces libres de toute occupation, soit 68% de la totalité des surfaces de l’immeuble. Les équipes d’ADMG planchent avec l’architecte Julien Joly sur les 4 niveaux supérieurs à réaffecter, dont une douzaine d’appartements. Il faudra patienter entre 24 et 36 mois pour finaliser les analyses et les travaux confiés à l’AMO GR Groupe (Gérald Rios), avant de découvrir le nouveau visage du 6, rue de la République. MdJ

AMDG

Un acteur institutionnel reconnu

Créée en 2016, la société AMDG est une société de gestion agréée par l’Autorité des Marchés Financiers. C’est aujourd’hui un acteur reconnu de l’immobilier dont les encours se montent à 320 millions d’euros. « Nous faisons la jonction entre la finance et l’immobilier » expliquent de concert Vanessa Rousset et son associé Robert Mancini. Le business model est transparent : AMDG collecte de l’argent auprès d’investisseurs institutionnels (banques, fondations, compagnies d’assurance...) et des chefs d’entreprise pour acquérir des actifs immobiliers et leur procurer un rendement annuel, sachant que sur une période longue ils peuvent bénéficier d’une revalorisation de leurs parts. C’est le même principe que Valeur Pierre, Primonial, Sofidy ou encore Amundi. La société de gestion lyonnaise dispose d’une équipe chevronnée à la gestion d’actifs, soit 25 salariés, installée rue Masséna (Lyon 6ème) dans des bureaux flambant neufs avec salle de fitness espace bien-être et terrasse arborée. AMDG réalise 50 % de ses acquisitions immobilières à Lyon et les place ensuite dans ses fonds de location meublée ou d’achat-revente avec création de valeur.

2021, L’ANNÉE DU PRIVATE EQUITY

Depuis le début de l’année, Vanessa Rousset a ajouté une nouvelle corde à l’arc d’AMDG. Sa cible : les investisseurs professionnels et institutionnels souhaitant investir dans des entreprises. C’est Thomas Barrochin (ex Naxicap), nommé Directeur Général d’AMDG Private Equity en novembre dernier qui a été chargé de créer le premier FPCI (Fond Professionnel de Capital Investissement) en privilégiant les PME en croissance rapide. Il devrait être doté de 35 millions d’euros. MdJ

< La façade de la Société Générale en 1903, vingt ans avant le majestueux lifting qui lui donne sa physionomie actuelle

Comme pour son siège central parisien, à l’intérieur la banque va soigner les apparences. On utilise des matériaux nobles : pierre et marbre, bois rares et l’on décore avec du fer forgé, de la fonte moulée et de la mosaïque. On ne dédaigne pas colonnes et pilastres. Cela pour la tradition. Et en gage de modernité, il y a le métal et le verre. Le client doit sortir rassuré et fier de « sa » banque. La hauteur du « hall aux guichets » est faite pour impressionner. Les guichets sont bien signalés dans une ambiance « club » avec fauteuils, sièges et tables pour s’installer à la lecture de la presse financière et économique. Elle n’occupe alors en rez-de-chaussée qu’une moitié de cette maison construite par la Société Anonyme de la rue Impériale. Juste de quoi attirer le chaland. L’agence voisine avec les parfumeries, cafés et grands restaurants. L’immeuble a été édifié quelques années auparavant, lors du percement de la rue Impériale par les architectes du cabinet de Benoît Poncet et sans doute Raphael Groboz [1847-1915]. Mais ce n’est que bien plus tard, en 1922, que la Société Générale va acheter les trois immeubles qu’elle occupe depuis 1903.

À l’automne 1922, un aréopage de maçons, plâtriers, peintres, décorateurs et autres corps de métiers s’agite au 6, de la rue de la République. L’intérieur va être totalement rénové, les soussols aménagés en vastes réserves de coffres. Les pièces sont traitées avec une grande simplicitélambris et portes en bois rares, cheminées et plafond à caissons, tentures, le tout dans une ascendance anglaise. À la vérité, l’importance de la maison ne s’imposait qu’en pénétrant dans le vestibule et par l’immense escalier qui indiquait les étages supérieurs, par l’intermédiaire de belles ornementations et enseignes. L’intérieur parfaitement organisé, ne cédant en rien aux plus fameux des bureaux de la capitale, ne correspond pourtant plus à l’aspect extérieur. À l’extérieur, aucun indice des multiples guichets de vente s’échelonnant sur les deux étages.

La Société Générale règne désormais en maître exclusif d’un style bien à part.

D’autres travaux suivent et de nouveaux architectes sont appelés pour compléter l’œuvre intérieure et rendre visible du dehors la grandeur de la banque. La façade doit être monumentale, et prendre le dessus à ses concurrentes, notamment le Crédit Lyonnais. La largeur des portes est amplifiée et son soubassement solide. Ce maquillage, d’abord timide, va débuter vers 1923. Au rez-de-chaussée, l’entrée se fait désormais par de hauts porches cintrés, qui possèdent une clef d’appareillage et un encadrement en pierre appareillée. Celle du centre est en fait l‘ancienne porte d’accès à l’allée de l’immeuble. Tout est pastiche, tout est parements. Ce soubassement va donner à la succursale une échelle de bonne dimension. Il occulte le vide et les dégradations laissés par les belles boiseries. Les baies du rezde-chaussée, en plein cintre, sont séparées par des meneaux à bossages. De solides grilles de fonte aux arabesques et aux monogramme SG sont installées. Elles existent toujours. Le reste du maquillage et la nouvelle façade seront terminés vers 1928. Curieux contraste entre cette modernité tempérée avec ses grandes verticales et l’esthétique néo-classique de la rue. Convenant bien à ce grand édifice, ce dessin permit une vigoureuse scansion et un monumentalisme assumé. La façade reste celle d’un immeuble classique des années 1930, celle d’une modernité tempérée qui fait office d’étrangeté dans la rue devenue République et qui avait développé, il faut bien le dire, une uniformité et une monotonie des plus ennuyeuses. Ces travaux furent non seulement un embellissement pour la banque mais aussi un premier fait marquant de cette rue, la plus fastidieuse et la plus fatigante qu’il soit, et dont on voudrait parfois à tout prix se débarrasser. PJ

Nos remerciements à l’étude notariale Bremens & Associés qui nous a accompagné dans nos recherches

Les guichets

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