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LA VIE POLITIQUE
NOTRE DAME DE FOURVIÈRE
Le vœu des échevins sans les échevins
C’est devenu une habitude. Depuis l’arrivée au pouvoir des écologistes à la Ville et au Grand Lyon, leurs élus se sentiraient déshonorés de mettre les pieds dans la basilique de Fourvière pour renouveler la promesse de 1643 de remercier chaque année Marie d’avoir préservé la cité de la peste.
Texte : Jean Etevenaux, historien - Photo © Fabrice Schiff
Voilà pourquoi, pour la troisième fois, ce 8 septembre 2022, le vœu des échevins s’est tenu sans les échevins. Pourtant, Mgr de Germay avait bien fixé le cadre consensuel permettant de « montrer que nos différences ne s’opposent pas à notre unité » et qu’il s’agissait d’un de ces « récits qui nourrissent le sentiment d’être reliés à une histoire commune et aident à vivre ensemble. » Mais c’était oublier que, à l’hôtel de ville, on trépigne dès qu’on entend le nom de l’archevêque et qu’on ne comprend pas que certains puissent encore accorder quelque importance à ces « curés » dont on méconnaît la présence et le rôle tout au long de l’histoire locale, nationale et internationale. La dernière Newsletter de la mairie ne parle évidemment pas de cette cérémonie. Dieu merci, c’est le cas de le dire, on n’avait pas envoyé les élues du 9e arrondissement qui auraient pu, comme lors de l’anniversaire de la libération de Lyon, mettre leur écharpe tricolore sur un bermuda ou sur une espèce de haut de maillot de bain laissant à l’air libre toute la zone du nombril. Mais, comme le maire de Lyon ne saurait manquer l’occasion de se montrer, Grégory Doucet est venu, après la cérémonie, pour pérorer sur l’esplanade. Les nouveaux responsables du site, le recteur Yves Guerpillon, le président de la Fondation Philippe Castaing et le président de la Commission Cyril Balas, ont ainsi dû accepter une nouvelle formule d’échanges rapides sous la houlette du rédacteur en chef de RCF Jean-Baptiste Cocagne.
UN INSTANT DE GRÂCE AVEC ANDRÉ MANOUKIAN
Aussi, le petit … Doucet, ne délivrant pas une longue leçon d’Histoire sur la peste comme les deux années précédentes, s’est contenté de remarques anodines ne prêtant pas à la polémique. Il n’en a pas moins répété son plein accord avec l’encyclique Laudato si du pape François. Il a également voulu jouer la carte de la bonne entente en donnant du « cher Pierre » au maire LR du 2e arrondissement Pierre Oliver, représentant le président de la Région Laurent Wauquiez. De même, il a cru se muer en Lyonnais pur sucre en s’exclamant : « Qu’est-ce que cette ville est belle ! » On pourrait dire : à chacun sa refondation. Tandis qu’Emmanuel Macron lançait tant bien que mal son Conseil national de la refondation, le 379e anniversaire du vœu a connu une innovation qui en a s surpris plus d’un. Comme, l’an passé, avec la présidente de l’ASVEL féminin Marie-Sophie Obama, le musicien André Manoukian a été choisi par la Fondation Fourvière pour perpétuer la tradition et remplacer, en quelque sorte, le maire défaillant. Se définissant comme un « passeur » alliant sensualité et spiritualité, confessant qu’il venait à Fourvière après ses chagrins d’amour et aussi de noir vêtu que le maire et l’archevêque, mais en baskets blanches, il a donné un petit récital au piano, notamment avec Amazing Grace, clin d’œil involontaire au monde britannique endeuillé par le décès de la reine Elizabeth. Cette évocation du rachat de l’homme pécheur par la grâce divine rejoignait les propos de l’archevêque sur la blessure du péché originel et le projet de Dieu pour chacun. En outre, aux côtés d’André Manoukian, l’excellent saxophoniste Alexandre — une trouvaille du saxophoniste amateur qu’est Mgr Emmanuel Gobilliard, l’un des deux évêques auxiliaires de Lyon — a remercié Jésus et demandé à l’assistance de prier.
L’assemblée se sera retrouvée sans doute moins nombreuse que les années précédentes. Cela s’avérait particulièrement visible au niveau des élus, malgré la présence d’anciens responsables comme Georges Képénékian et David Kimelfeld, qui ont dirigé la mairie et le Grand Lyon, ou Denis Broliquier, longtemps maire du 2e arrondissement. On notait la présence des députés Sarah Tanzilli, Blandine Brocard, Anne Brugnera, Cyrille IsaacSibille, Thomas Rudigoz et Alexandre Vincendet (accompagné du nouveau maire de Rillieux, Julien Smati ; ainsi qu’un séduisant aéropage d’élues LR : Anne Prost, Karine Gaudinet, Béatrice de Montille avec la centriste Anne Pellet. Jean-Luc Da Passano, toujours conseiller municipal d’Irigny et conseiller métropolitain, a lu l’une des prières de l’offertoire. Jean-Dominique Durand cumulait sa casquette d’ancien adjoint de Gérard Collomb (représenté par Evelyne Haguenauer) avec sa qualité d’ancien président de la Fondation Fourvière. Son successeur qui, ayant donné pendant neuf ans son « nouvel élan » à l’ensemble basilical, Philippe Desmarescaux, a été chaleureusement remercié. Le préfet Pascal Mailhos, en civil, est resté jusqu’à ce qu’il soit rappelé au début des interventions sur l’esplanade, sans doute en raison de la venue du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin le lendemain. Le gouverneur militaire, le général Gilles Darricau, le commandant de la région de gendarmerie, le général Laurent Tavel, le maire de Caluire Philippe Cochet, le sénateur François-Noël Buffet, et de nombreux consuls sont venus fidèlement, comme tant d’autres.