Bâtiment Frugal Bordelais
L’urbanisme résilient
« En créant le label Bâtiment Frugal Bordelais, la Ville de Bordeaux souhaite promouvoir un standard de bâtiment adapté aux conditions climatiques de notre territoire, tourné vers les filières locales, soucieux de l’usage et de la qualité de vie de ses occupants, tout en réduisant ses impacts climatiques et sur les espaces de nature existants.
Le principe de ce référentiel ? Être adapté et compréhensible pour tous les porteurs de projet bordelais, particuliers comme professionnels. Ce label ambitionne de générer demain une évolution du tissu urbain. »
Pierre Hurmic, Maire de BordeauxLe label Bâtiment Frugal Bordelais s’inscrit dans une large dynamique actuelle : inspiré du Manifeste pour une frugalité heureuse & créative, il vise à l’échelle régionale la cohérence avec la démarche Bâtiments Durables Nouvelle-Aquitaine.
L’exposition présente les contexte, enjeux et avancées de ce label, qui se matérialisent dans une dizaine de projets démonstrateurs bordelais, en cours d’instruction et retravaillés depuis l’automne 2020 par les promoteurs et leurs architectes sous le prisme des critères du label.
CYCLE FRUGALITÉ !
Le cycle « Frugalité ! » est une programmation déployée, initiée et organisée par le 308 – Maison de l’Architecture en Nouvelle-Aquitaine avec : des expositions, des émissions de radio, des rencontres professionnelles et des conférences.
Le 308 – Maison de l’Architecture en Nouvelle-Aquitaine continue de questionner les pratiques de l’architecture contemporaine. Le cycle « Frugalité ! » met en lumière et encourage la transition vers des démarches empreintes de sobriété et de modération pour nos territoires et nos bâtiments, comme réponses aux enjeux écologiques et sociétaux face à l’urgence climatique.
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Au 308 – Maison de l’Architecture CONFÉRENCES
Inauguration
06/10/21 à 18h30
Philippe MADEC, architecte & urbaniste
07/10/21 à 18h30
RENCONTRES PROFESSIONNELLES
Rencontres Woodrise 2021
06/10/21
Groupe local Frugalité 33/24
07/10/21
En direct sur Mezzanine
ÉMISSIONS DE RADIO
www.mezzanine.archi
14/10 – 21/10 – 28/10 à 18h00
Dans la continuité des cycles « Matières » (2016), « Commun(s) » (2017-2018) et « Transition(?) – écologie & urgence » (2020), le 308 – MA interroge la création d’un référentiel construit autour des trois grands enjeux de la frugalité : faire mieux avec moins, bienveillance avec le territoire d’accueil, adaptation au contexte de demain.
La présentation du Manifeste pour une frugalité heureuse & créative (co-écrit par Alain Bornarel, Dominique GauzinMüller et Philippe Madec), prônant un changement d’approche radical dans l’architecture et l’aménagement des territoires urbains, dialogue avec la mise en application locale de principes frugaux, regroupés dans un label adapté aux spécificités du territoire bordelais.
En complément, des projets choisis par le groupe local Frugalité 33/24 présentent des architectures frugales d’échelles moins importantes, réalisées avec ou sans accompagnement professionnel.
L’exposition et les émissions de radio permettront de comprendre et de questionner le label « Bâtiment Frugal Bordelais » : son contexte, ses enjeux, son contenu technique et ses possibles évolutions en concertation avec les différents acteurs du territoire.
Manifeste pour une frugalité heureuse & créative
Le « Manifeste pour une frugalité heureuse et créative » prône un changement d’approche radical dans l’architecture et l’aménagement des territoires urbains et ruraux.
Signé en 2018 par Alain Bornarel (ingénieur), Dominique Gauzin-Müller (architecte et auteure) et Philippe Madec (architecte et urbaniste), le Manifeste compte aujourd’hui plus de 12 000 signataires.
www.frugalite.org
contact@frugalite.org
Le temps presse
L’alarme sonne de tous côtés. Les rapports du GIEC confirment la responsabilité humaine dans le dérèglement global. Plus de 15 000 scientifiques l’affirment : il « sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, et le temps presse ». L’ONU déplore que les émissions de gaz à effet de serre stagnent à 52 Gt annuels, alors qu’il faudrait les limiter à 36, voire 24, pour rester en dessous des 2°C qui autoriseraient un avenir apaisé. La COP 23 affiche son impuissance : les engagements pris lors de la COP 21, en 2016, conduisent à une hausse de plus 3 à 3,5 °C. Mais, restons optimistes, il est encore temps.
Des paroles et des actes
Les choix politiques nationaux sontils à la hauteur des enjeux ? Les gouvernements successifs annoncent des initiatives qu’ils finissent par reporter. Ainsi, l’objectif des 50 % de nucléaire dans le mix électrique est repoussé aux calendes grecques, ruinant pour de nombreuses années l’essor des énergies renouvelables. Depuis la crise financière de 2008, la visée environnementale n’est plus le dessein essentiel qu’elle fut au début de ce siècle. La révision à la baisse des engagements, l’annonce de mesures au budget notoirement insuffisant, comme pour la rénovation énergétique de l’existant, et la mise à mal du financement du logement social l’attestent et inquiètent.
La bonne nouvelle
Mais le monde change et des graines de possibles poussent sur toute la planète. Une agriculture soucieuse des humains et de la nature sort de la marginalité et les circuits courts se développent. Une économie coopérative, sociale et solidaire prend place en dehors des secteurs marchands et de ceux qui s’autoproclament collaboratifs. Dans les esprits, l’usage partagé prend le pas sur la possession, la mutualisation sur la privatisation, la sobriété sur le gaspillage. Un monde nouveau naît.
Les menaces s’accumulent
Au-delà des changements climatiques dus aux émissions de gaz à effet de serre, les menaces s’accumulent : décroissance accélérée de la biodiversité ; raréfaction de ressources épuisables ; pollution accrue de l’air, des terres et des mers ; inégalités grandissantes face au partage des richesses et aux impacts du dérèglement global… la seule maîtrise de l’énergie ne suffira pas.
Un mode de développement obsolète
Pourquoi refuser de voir l’avenir ? Sommesnous pour toujours pris au piège d’un mode de développement aveugle ? Comment peut-on favoriser une production accrue de biens sans voir l’épuisement des ressources et les dérèglements planétaires ? Comment peut-on avantager la prospérité de la finance sans voir enfler les inégalités et notre dette envers la nature ? Comment peut-on privilégier la compétition égoïste sans voir les solidarités s’épuiser et la générosité s’étouffer ? Ce mode de développement d’un autre âge paralyse la transition écologique et sociétale.
La lourde part des bâtisseurs
Les professionnels du bâtiment et de l’aménagement du territoire ne peuvent se soustraire à leur responsabilité. Leurs domaines d’action émettent au moins 40 % des gaz à effet de serre pour les bâtiments, et bien plus avec les déplacements induits par les choix urbanistiques, telle la forte préférence pour la construction neuve plutôt que la réhabilitation. Choix qui suppriment, tous les 10 ans, l’équivalent de la surface d’un département en terres agricoles. L’engagement collectif et individuel s’impose.
Frugalité en énergie
Le monde du bâtiment change aussi. à l’échelle du territoire, des projets de production d’énergie renouvelable, locale et participative se développent. À l’échelle du bâtiment, on construit des édifices sains et agréables à vivre sans ventilation mécanique ni climatisation, voire sans chauffage. Grâce à la ventilation naturelle, au rafraîchissement passif, à la récupération des apports de chaleur gratuits et à l’inertie thermique, la conception bioclimatique permet de réduire au strict minimum les consommations d’énergie, tout en assurant un confort accru. Nous savons le faire et cela ne coûte pas plus cher. Pourquoi ne pas généraliser ces pratiques ?
Frugalité en technicité
La frugalité en énergie, matières premières, entretien et maintenance induit des approches low tech. Cela ne signifie pas une absence de technologie, mais le recours en priorité à des techniques pertinentes, adaptées, non polluantes ni gaspilleuses, comme des appareils faciles à réparer, à recycler et à réemployer. En réalisation comme en conception, la frugalité demande de l’innovation, de l’invention et de l’intelligence collective. La frugalité refuse l’hégémonie de la vision techniciste du bâtiment et maintient l’implication des occupants. Ce n’est pas le bâtiment qui est intelligent, ce sont ses habitants.
Pour un bâtiment frugal
La transition écologique et la lutte contre les changements climatiques concourent à un usage prudent des ressources épuisables et à la préservation des diversités biologiques et culturelles pour une planète meilleure à vivre. Le maintien des solutions architecturales urbanistiques et techniques d’hier, ainsi que des modes actuels d’habiter, de travailler, de s’alimenter et de se déplacer, est incompatible avec la tâche qui incombe à nos générations : contenir puis éradiquer les dérèglements globaux.
Le bâtiment frugal et le territoire frugal – urbain comme rural – sont les réponses que nous avons choisies. Nous les partageons dans nos enseignements, nos interventions et nos publications. Nous les mettons en œuvre dans nos réalisations pour accompagner l’instauration d’une société heureuse et écoresponsable.
Frugalité pour le territoire
Qu’il soit implanté en milieu urbain ou rural, le bâtiment frugal se soucie de son contexte. Il reconnaît les cultures, les lieux et y puise son inspiration. Il emploie avec soin le foncier et les ressources locales; il respecte l’air, les sols, les eaux, la biodiversité, etc. Il est généreux envers son territoire et attentif à ses habitants. Par son programme et ses choix constructifs, il favorise tout ce qui allège son empreinte écologique, et tout ce qui le rend équitable et agréable à vivre.
Frugalité en matière
Nous savons nous passer de matériaux qui gaspillent les ressources. La construction en bois, longtemps limitée aux maisons individuelles, est mise en œuvre à présent pour des équipements publics d’envergure et des habitations collectives de plus de 20 étages. Les isolants biosourcés, marginaux il y a peu, représentent près de 10 % du marché et progressent de 10 % chaque année. La terre crue, matière de nos patrimoines, sort du purgatoire dans lequel le XXe siècle l’avait plongée. Toutes ces avancées consolident le développement de filières et de savoir-faire locaux à l’échelle des territoires.
Référentiel Bâtiment Frugal
Pourquoi cette référence à la frugalité alors qu’il y a beaucoup d’autres façons de qualifier la performance d’un bâtiment : sa basse consommation d’énergie, sa basse émission de gaz carbonique, sa haute qualité environnementale, son respect des enjeux de développement durable ?
Construire dans un territoire
Le patrimoine bâti historique de Bordeaux est exceptionnel, reconnu comme tel, et, à plusieurs titres, inspirant à l’heure de dresser une analyse critique des pratiques récentes de l’acte de bâtir.
Ses façades en pierre locale, aux teintes claires, offrent un début de protection contre les chaleurs estivales, effet que l’on peut veiller à préserver par les choix que l’on fait lors d’une rénovation.
À la fin du printemps, et durant une partie de l’été selon les années, l’eau des nappes phréatiques les plus superficielles, à moins d’un mètre de profondeur, remonte par capillarité depuis les fondations en bois, pierre et terre cuite, dans les murs porteurs en pierre et génèrent un rafraîchissement manifeste des rez-de-chaussée et parfois même des premiers niveaux. Les matériaux apposés sur les murs et sols ne s’opposent pas à ce phénomène : terres cuites, carreaux hydrauliques sur lit de sable, chapes de chaux, ils sont poreux et laissent migrer la vapeur d’eau.
Les façades sont majoritairement pleines, mais intègrent régulièrement des hautes fenêtres sur allège, efficaces en termes d’entrée de lumière comme de ventilation. Les hauteurs sous plafond sont généreuses, confortables en période estivale.
Les portes d’entrées sont équipées de vantaux de ventilation sécurisés par des grilles ouvragées, les volets bois sont ajourés de persiennes, ces menuiseries extérieures permettant toujours de ventiler naturellement, en sécurité, à travers l’habitat toujours traversant.
Régulièrement, en façade, un balcon se déploie pour offrir un petit bout d’extérieur. Les cages d’escalier sont extérieures, ventilées et éclairées naturellement, ou, en cœur d’immeuble, couronnées de verrières les éclairant naturellement.
Les planchers de rez-de-chaussée sont dans plusieurs quartiers réhaussés de quelques marches, protégeant les habitats du risque d’inondation, au-dessus d’un espace ventilé par des vantaux et ayant parfois servi à stocker autrefois du combustible pour le chauffage.
Les jardins des échoppes communiquent les uns avec les autres en cœur d’immeuble, créant des ilots végétalisés continus, véritables havres de fraîcheur et de biodiversité. Cela constitue un atout du tissu bordelais, à préserver et respecter.
Un référentiel frugal donc, parce que les bâtiments qu’on construit aujourd’hui à Bordeaux ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux qu’on construit à Lille, Marseille ou n’importe quelle ville de l’Hexagone. Dans ces projets, l’adaptation du bâti au climat n’est pas primordiale puisqu’il y a des machines pour recréer artificiellement le climat à l’intérieur. le recours aux filières locales de matériaux n’a pas d’importance puisqu’on a avec le béton le matériau miracle adapté à toute situation.
Le bâtiment frugal, au contraire, est « contextualisé », adapté à un territoire, à un contexte climatique, économique et social local.
C’est l’adaptation au climat qui fera faire des économies d’énergie fortes. C’est l’adaptation aux filières locales qui limitera les impacts dûs aux transports et favorisera le développement économique local. C’est la préoccupation du territoire d’accueil qui fera peut-être rechercher des mutualisations riches en économies de toutes sortes.
Toutes les exigences du label sont donc conçues et calculées en fonction du territoire bordelais.
Une ambition à la hauteur des
enjeux
Un référentiel frugal parce que, malgré cinquante ans de règlementations thermiques de plus en plus sévères, les bâtiments que l’on construit à Bordeaux comme dans les autres métropoles ne sont toujours pas au niveau de ce qu’exige le contexte climatique énergétique, écologique, et social de demain. On a réduit fortement les consommations pour le chauffage mais dans le même temps on voit les consommations électriques pour les autres usages s’envoler. On a réduit les consommations annuelles mais on perd cet avantage en continuant à construire avec des matériaux comme le ciment, qui sont des gouffres énergétiques en fabrication.
Le bâtiment frugal, comme son nom l’indique, maîtrise de façon draconienne toutes les consommations et toutes les émissions polluantes quelles qu’elles soient.
Travailler sur un bâti bioclimatique avant de penser aux systèmes énergétiques
Un référentiel frugal parce que le standard actuel des bâtiments basse consommation, ou bas carbone, doit largement ses performances à des systèmes techniques de grande efficacité énergétique : ventilation mécanique, pompe à chaleur ou chaudière à condensation, gestion technique de bâtiment etc. Mais cette efficacité énergétique s’obtient souvent au détriment d’autres préoccupations comme la qualité de l’air ou la qualité d’usage. Et, de toute façon, ces systèmes ont une durée de vie réduite de 20 ans au maximum et demandent un entretien que l’utilisateur ou le gestionnaire ne sont pas toujours en mesure d’assurer.
Au contraire, dans un bâtiment frugal, c’est le bâti qui assure l’essentiel des performances, par sa capacité à faire rentrer la lumière ou la ventilation naturelle, sa capacité à valoriser les apports solaires ou au contraire à s’en protéger… et le bâti est là pour des dizaines et des dizaines d’années. Sa performance ne dépend pas des aléas futurs de fourniture d’énergie.
Réhabiliter plutôt que construire du neuf
Un référentiel frugal parce que, dans beaucoup de villes, on a privilégié les grandes opérations urbaines de construction neuve en faisant table rase ou en détournant des terres plantées de leur utilité naturelle. La reconstruction de la ville sur elle-même a beaucoup de mal à se faire une place. On a vécu sur l’illusion qu’une construction neuve, sur laquelle on a une maîtrise totale, serait plus performante. Or, une construction neuve, si performante soit-elle, ne compensera jamais l’économie de foncier, d’énergie, de carbone ou de matière première que représente un bâtiment existant réhabilité.
La démarche de conception frugale commence par examiner la pertinence d’une alternative en réhabilitation d’un bâtiment existant ou en occupation d’une friche urbaine ou d’une dent creuse. C’est même l’option privilégiée, sauf preuve contraire.
Une approche multicritère
Un référentiel frugal parce que, depuis un demi-siècle, nous sommes obsédés par la question énergétique et que, aujourd’hui, face au changement climatique, c’est le carbone qui nous obsède. Dans l’approche réglementaire des bâtiments, on est en train de passer du monocritère énergie au monocritère carbone. Or, la crise n’est pas seulement celle de l’énergie ou du carbone. C’est aussi la finitude des ressources en matières premières, la dégradation de la biodiversité, la perte de savoir-faire, la disparition de filières locales…
La conception du bâtiment frugal est multicritère. Elle repose sur un arbitrage fin entre toutes ces préoccupations. Mais, avant tout, un bâtiment n’est pas une machine. Il est fait pour des gens, des hommes et des femmes qui y vivent, travaillent, étudient, qui y recherchent du confort, une facilité et une qualité d’usage… et qui doivent y trouver du plaisir.
Construire pour aujourd’hui et pour demain
Un référentiel frugal parce que, malgré les avertissements que nous lance le climat sur les risques grandissants de chaleur excessive en ville ou de montée des eaux, on continue à grignoter des espaces verts si utiles, à bétonner et à artificialiser. Malgré les alertes régulières pour défaut d’approvisionnement électrique chaque hiver et bientôt chaque été, on continue à climatiser.
Dans la conception d’un bâtiment frugal, on fait en sorte qu’il ne soit pas obsolète sitôt livré, on se préoccupe de son comportement dans un contexte futur, de sa résilience en cas d’évènements climatiques exceptionnels ou d’aléas d’approvisionnement en énergie.
Toutes ces ambitions ont été spécifiées pour le territoire bordelais.
Ce référentiel doit servir de base à un label « Bâtiment Frugal Bordelais » (BFB)
Tout déposant d’un permis de construire sur la ville de Bordeaux pourra, dans le même temps, postuler à ce label. Lequel sera attribué provisoirement à la délivrance du permis de construire et devra être confirmé, en réunion publique, à la livraison de l’ouvrage. Les postulants au label pourront, selon le nombre d’ambitions atteint, viser l’un des trois niveaux : une, deux ou trois feuilles (voir plus bas).
Deux cahiers du référentiel existent : un cahier logement et un cahier tertiaire.
Trois profils différents
Le profil 1 « particulier·e » concerne les porteur·teuses de projet non professionnel·les qui gèrent seuls leur dossier. Dans ce profil, sont seulement à effectuer quelques calculs simples, certaines ambitions nécessitent de se positionner selon les moyens mis en œuvre.
Le profil 2 « particulier·e assisté·e » concerne les porteur·teuses de projet non professionnel·les qui ont fait appel à un·e homme ou femme de l’art (architecte, maître d’œuvre, artisan) pour monter tout ou partie du dossier. Les conditions exigées du profil 1 s’accompagnent du calcul de quelques indicateurs supplémentaires permettant d’évaluer la qualité du bâti ou des espaces extérieurs.
Un accompagnement est disponible pour ces deux profils dès la phase de faisabilité : organismes de conseil publics, personne en charge du PC et formée au label Bâtiment Frugal, voire accompagnateur.trice BFB pour des difficultés particulières.
Enfin, le profil 3 « professionnel·le » concerne tous les porteur·teuses de projet exerçant un métier lié au bâtiment (architecte, maître d’ouvrage public, promoteur, constructeur de maison individuelle…). Ce profil a la possibilité de se faire assister par des équipes de maîtrise d’œuvre compétentes. On exige donc de répondre aux demandes des deux premiers profils, puis ensuite de fournir quelques indicateurs plus complexes.
Un porteur de projet souhaitant être accompagné dans l’atteinte des ambitions du Label BFB, peut s’inscrire en démarche Bâtiments Durables Nouvelle-Aquitaine et devient un «BFB by BDNA». Il bénéficie ainsi de l’ensemble de l’accompagnement lié à la démarche, dont l’accompagnateur·rice BDNA, formé·e par Odéys, et le retour des commissions d’évaluation BDNA. Les opérations sont labellisées temporairement BFB, avec un niveau de performance, en phase conception. La labellisation BFB et le niveau de performance seront affermis à la livraison.
S’approprier la frugalité
Le référentiel est construit autour des trois grands enjeux de la frugalité :
• FAIRE MIEUX AVEC MOINS
• BIENVEILLANCE AVEC LE TERRITOIRE D’ACCUEIL
• ADAPTATION AU CONTEXTE DE DEMAIN
Ces enjeux se décomposent en une ou plusieurs ambitions (42 au total). Certaines d’entre elles (22) sont considérées comme des pré-requis que tout projet bordelais doit être en mesure de respecter afin de prétendre au titre de Bâtiment Frugal Bordelais. Les autres (20) sont des « si possible » vers lesquels tendre sans toutefois pouvoir les atteindre dans tous les contextes. Cette nuance est signalée à chaque page du référentiel.
Chacune de ces ambitions est explicitée par des règles de l’art qui caractérisent une bonne conception en vue de son atteinte.
Les exigences sont adaptées à l’opération, selon que l’on se place dans le neuf ou la réhabilitation, avec parfois des subtilités pour réhabilitation lourde ou légère.
Les exigences sont également adaptées aux différents profils précisent comment atteindre et justifier chacune des ambitions. Pour chacun des critères, les exigences sont cumulatives. Si le profil 1 (particulier·e) doit justifier sa réponse aux attentes du profil 1, le profil 2 (particulier·e assisté·e) doit répondre aux exigence des profils 1+2, et le profil 3 (professionnel·le) à l’ensemble des exigences (profils 1+2+3).
Pour un projet frugal
Le caractère frugal du projet sera valorisé selon l’aboutissement de la démarche présentée : tous les prérequis sont impérativement justifiés au minimum et plus il y aura d’ambitions « si possible » atteintes, plus le caractère frugal du projet sera reconnu.
• DE 1 À 10 : BÂTIMENT FRUGAL / UNE FEUILLE
• DE 11 À 16 : BÂTIMENT FRUGAL / DEUX FEUILLES
• DE 17 À 20 : BÂTIMENT FRUGAL / TROIS FEUILLES
Au dépôt de permis de construire le label est délivré en socle avec une précision sur le nombre de feuilles obtenues (1, 2 ou 3 feuilles).
Le label est confirmé à la livraison (il peut gagner ou perdre des feuilles) en réunion publique par un jury d’experts invitant les porteur·teuses de projet.
Le référentiel : mode d’emploi
Groupe local Frugalité 33/24
Le « Manifeste pour une frugalité heureuse & créative » a très vite donné naissance à plus d’une vingtaine de groupes locaux (en France et à l’étranger) qui cherchent à mener des actions concrètes sur leur territoire et se réunissent régulièrement pour des échanges d’expériences. Ces groupes sont organisés librement, en fonction des aspirations des glaneur·es.
La sélection suivante présente des projets dont les habitant·es et/ou concepteur·trices participent de façon active au groupe local Frugalité 33/24. Issue de démarches proactives, elle démontre la vitalité et la variété de la production en Gironde et en Dordogne, tout en donnant à voir des bâtiments pensés, conçus et réalisés par les profils 1 (« particulier·e ») et 2 (« particulier·e assisté·e »).
Le Groupe 33/24
La question de la réhabilitation frugale et la notion de territoire en transition se sont imposées naturellement au sein de ce groupe. La problématique des ressources est envisagée à l’échelon national, par le biais d’une cartographie, dont la relève exige une ressource humaine que les glaneur.es locaux n’estiment pas pouvoir assumer.
Pour faciliter les rencontres, le groupe s’est décomposé en ateliers et a fixé des rendez-vous réguliers, ouverts à tou.tes.
Membres
14 % des 470 signataires du Manifeste des 2 départements : 30 architectes, 4 artisans, 1 anthropologue, 1 administrateur, 1 autre, 14 ingénieurs,3 paysagistes, 1 photographe, 4 promoteurs, 1 psychologue et 5 urbanistes. Parmi lesquels 5 étudiants, 5 retraités, 5 enseignants, 14 institutionnels et 4 élues.
Coordinatrice Nouvelle-Aquitaine Sophie Brindel-Beth
Référent 33/24 Gauthier Claramunt
Soutiens
Odéys / CROA NA / 308 – Maison de l’Architecture / CAUE 24 / Écocentre Périgord-Limousin / Ville de Bordeaux / Ville de Pompignac / Ville de Rions
Atelier Réhab
Il s’agit d’un rendez-vous mensuel au format libre et ouvert au sein duquel se partagent les expériences de réhabilitation et les idées. Chacun.e présente un projet à venir, un chantier en cours, une expérience.
Ces échanges permettent concrètement de se communiquer des sources de produits, des contacts, les bonnes solutions ou des solutions tout court confrontées à d’autres, et de tendre vers le choix pragmatique, frugal (autant que faire se peut) approprié au projet. Les secteurs de réhabilitation évoqués concernent principalement le logement individuel ou collectif, social ou privé avec le sujet « copropriété » en mire...
Cet atelier a également produit le premier article de la newsletter (réhabilitation d’une échoppe bordelaise Bienvenu(e)s à notre atelier).
Contact Sylviane Ferron, architecte
Atelier Territoire
À ce stade, l’objectif est de rencontrer des acteur.ices de villes ou villages qui font déjà un pas de côté ou amorcent une dynamique de transition. Les rendez-vous ont lieu le 2e jeudi de chaque mois (déjeuner visio ou présentiel selon participation).
• Visites de Villes en transition : Pompignac, Castillon-la- Bataille, Saint-Pierre-de-Frugie, Rions
• Projet cycle frugalité Sud Gironde
Contact Pierre Chuniaud, initiateur d’habitat durable et partagé
Vie du Groupe
Cet atelier organise la vie du groupe de façon vivante et coopérative, grâce au nombre et profils variés des participant.es. Plusieurs outils sont à l’étude : plateforme d’échange sur les réseaux sociaux ou autre support numérique, trombinoscope, mailing list, newsletter, articles, expositions…
Contact Gauthier Claramunt, animateur et architecte
Atelier Belle Frugale
L’objectif de cet atelier est justement d’explorer les manières de répondre au label Bâtiment Frugal Bordelais : comment répondre à cette dynamique ambitieuse (et indispensable) ? Le groupe comprend plusieurs acteurs impliqués professionnellement qui réfléchissent par exemple aux moyens d’intégrer les valeurs de la frugalité au prochain PLU ou de rendre opposable certaines conditions de qualités d’usages et constructives.
RDV 1er jeudi de chaque mois.
Contact Olivier Legrand, architecte
Maison Landiras
Cette retraite de plain-pied au cœur de la nature a généré une quantité d’énergie grise minimale.
Située à la croisée de forêts de chênes et de châtaigniers et de plantations de pins et de peupliers, 80% du bois de charpente a été tiré de ces forêts adjacentes par le biais d’une scierie mobile, tout comme le bois cordé (technique canadienne de «maçonnerie» de bûches) des murs Ouest et Est, isolés par du son d’avoine.
Le soubassement, les pignons Sud et Nord ont été appareillés avec les moellons de la ruine que le bâtiment est venu remplacer. Additionné à la toiture végétalisée, ces murs à forte inertie offrent un confort d’été garanti, ainsi qu’une chaleur de poêle captée durablement l’hiver. La toiture végétalisée s’est enherbée grâce au vent et aux graines apportées par les oiseaux.
Enfin, les menuiseries extérieures de seconde-main ont été adaptées au projet par le charpentier.
Localisation Landiras (33)
Maitrise d’œuvre Hélios Constantin
Programme Annexe de maison principale (70 m2)
Montant des travaux 70 000 € HT
Phase Livraison en 2015
Thématiques Biosourcé, géosourcé, réemploi, participatif, économie locale, matériaux bruts
Maison Zellner Rigaud
Les architectes ont accompagné un couple dans leur volonté d’auto-construire leur maison en paille et ossature bois. La première étape s’est organisé autour de la conception, de la rencontre avec les élus de Dordogne et de la communauté de commune et de la dépose du permis de construire. Incroyable aventure que de justifier d’une serre comme d’un jardin d’hiver à usage familial.
La maison se présente en deux parties distinctes dans un volume simple et unitaire : • une partie serre, en ossature bois et vêture polycarbonate, à usage de garage, espace tempéré et lieu de travail ; • une partie habitation, en ossature bois, isolée en paille avec enduit terre intérieur et extérieur. Les bottes de paille sont posées sur champs dans une double ossature de l’épaisseur de la botte. La structure bois du plancher intermédiaire est volontairement surdimensionnée afin de porter certaines cloisons de l’étage isolées en paille. Les rampants de toiture isolés en paille et le traitement acoustique du plancher par une épaisseur de sable de 20 cm participant à l’acoustique et à l’inertie.
Localisation Le Buisson-de-Cadouin (24)
MOA Manon Zellner et Jeff Rigaud / Accompagnants 2PMA
Programme Maison individuelle en autoconstruction (168 m² d’espace chauffé + 100m² de serre)
Montant des travaux 65 000 €
Label E3C2 (bois paille) autoconstruction
Phase début des études 2017, livraison 2021
Maison A&G
L’immeuble ancien entièrement évidé s’apparente à une carcasse de pierre formée de deux corps de bâtiments séparés par une cour. Des blocs-fonctions disposés sur les planchers des étages répondent à toutes les nécessités d’usages, de partition et de distribution. Réalisés par une seule entreprise, ils sont constitués d’un mono-matériau rudimentaire (planche de pin des Landes) et combinent plusieurs fonctions : l’escalier-quai extérieur, l’escalier-table, l’escaliercuisine un bloc cuisine-wc-escalier, une bibliothèque-garde-corps, et enfin un bloc douche-baignoire-placard.
Les murs en pierre sont conservés dans leur état ou badigeonnés de chaux blanche. Les menuiseries (portes comme fenêtres) sont toutes remplacées : en bois naturel ou lasuré blanc.
Localisation Bordeaux (33)
Maître d’ouvrage Privé
Architectes associés Atelier Provisoire et Fanny Périer
Programme Maison d’habitation (245 m²)
Coût 58 000 €
Phase Études 2002, livraison 2003
Photographe Jean-Christophe Garcia
Prix Biennale Agora 2004, Prix d’architecture de la Ville de Bordeaux, Mention (catégorie réhabilitation)
Publication A+T n°24, automne 2004 et « Réagencer son appartement », C. Merlinot, éd. Eyrolles 2006
Rénovation d’un local commercial
La rénovation d’un bâtiment du XVIII siècle interroge nécessairement la transformation d’un ouvrage ancien et son adaptation aux usages contemporains comme aux critères normatifs actuels de la construction.
La qualité première des bâtiments bordelais repose sur leur matérialité qui permet de percevoir l’atmosphère intérieure d’un espace, par le rayonnement énergétique et lumineux des parois, et procure un sentiment de bien-être.
Leur épaisse maçonnerie de pierres de taille confère à la fois une importante inertie (très utile face aux chaleurs estivales) et une perméance à la vapeur d’eau (autorégulation hygrométrique de l’espace intérieur). Leur pérennité résulte de cette capacité à gérer de manière équilibrée les échanges hygroscopiques à travers ses parois.
Au contraire des techniques d’isolation actuelles, la réhabilitation du local commercial s’est axée autour de la recherche d’un matériau isolant capable d’améliorer le confort intérieur sans diminuer les qualités intrinsèques des murs maçonnés existants. Projeté en doublage intérieur des murs périphériques, le béton de chanvre conjugue les qualités du chanvre et de la chaux, en assurant une isolation répartie de la construction et en réduisant significativement les ponts thermiques. La nature hygroscopique du chanvre dote les parois d’une respiration saine et naturelle, évitant l’effet « boîte étanche », et conserve l’inertie existante des parois maçonnées, donc un confort d’hiver et d’été de qualité.
Localisation Bordeaux (33)
MOA AEW
MOE Dumont Legrand Architectes, EICOB (BET structure), VIVIEN (BET fluides thermique), INEX (économiste)
Programme Réhabilitation d’un local commercial (910 m²)
500 000 €
Maison en lisière de bois
En lisière d’un bois de chênes et surplombant une petite vallée verdoyante, protégé des vents dominants et exposé plein sud, bordé d’un petit ruisseau, le terrain permet un cadre de vie privilégié en immersion dans la nature. L’essentiel consiste donc à maintenir les qualités naturelles du site et d’en faire bénéficier le plus possible l’habitat…
Le repérage des arbres fut un préalable à l’implantation, afin d’en conserver le plus possible et les intégrer dans le projet.
La maison se développe en longueur pour que toutes les pièces profitent de la vue plongeante et se prolongent à l’extérieur. Les larges baies toute hauteur, la continuité des sols et plafonds dedans/dehors et la terrasse côté ouest accentuent ce sentiment qu’il n’existe pas de limite avec l’extérieur et permettent d’observer la nature à tout moment.
Le choix s’est porté sur une ossature bois pour ses propriétés constructives, posée sur une dalle béton pour l’inertie thermique. Les avancées de toiture gèrent les apports solaires entre les saisons.
Une pompe à chaleur fournit à la fois l’eau chaude et le chauffage au sol. La dalle d’argile diffuse agréablement la chaleur et la fraîcheur, en contribuant au déphasage. Un poêle alimenté par le bois du site apporte un complément pour la mi-saison et les grands froids. Des panneaux solaires produisent une partie de la consommation électrique de la maison.
L’assainissement individuel s’effectue par phyto-épuration. Les eaux de pluie collectées sur l’ensemble des toitures sont stockées et recyclées. Localisation
Ferme Marivot
Le site de Marivot surplombe le chemin de Compostelle. Sa situation lui offre un point de vue privilégié sur le milieu naturel environnant, avec une vue sur le clocher de la cathédrale bazadaise. La rénovation de la ferme s’inscrit dans une démarche de relation à cet environnement naturel riche : les espaces intérieurs se connectent au paysage à travers les ouvertures existantes et celles créées. Un caillebotis en bois dessert la maison sur sa partie Sud, offrant aux chambres un accès direct à un espace arboré. Associé à une pergola, il est support de végétalisation.
À l’Ouest, la grande ouverture de l’ancienne grange permet de connecter les espaces intérieur et extérieur. Une fois les baies vitrées ouvertes, la continuité se crée grâce à une terrasse qui prolonge le salon, sous forme d’un ponton surplombant le dénivelé du jardin.
Le projet cherche à tirer parti des qualités de la ferme, notamment grâce à ses matériaux et son orientation.
Le système de chauffage exploite l’inertie importante des murs maçonnés. Les murs porteurs en pierre traversent l’ensemble de la maison en créant des travées. L’un d’eux, connecté aux espaces de vie principaux, accueille un circuit de tuyaux chauffants insérés dans une épaisseur adaptée de terre crue. Une isolation intérieure rapportée en béton de chanvre sur les murs périphériques participe au respect des propriétés perspirantes de la ferme. La même matière est utilisée au sol, permettant à la fois d’isoler et de travailler les niveaux de l’espace habité.
Au Nord, la zone d’usages techniques constitue un espace tampon qui participe à réguler la température générale.
Pour limiter les pertes de chaleur tout en conservant l’aspect de la charpente, la toiture est enfin par l’extérieur, selon le principe du « sarking » (caissons de bois + remplissage de bottes de paille) dans un esprit de confort associé à l’usage de matériaux naturels. Une verrière amène de la lumière et libère de la hauteur dans les espaces de vie.
Sur la partie Ouest du terrain, un abri à voitures est support de trois panneaux chauffe-eau solaires.
Localisation Bazas (33)
Montant des travaux
Phase Livraison 2021
MOA Isabelle et Jean-Philippe Leclercq
MOE Dauphins architecture
Programme Réhabilitation d’une maison
Maison en paille
Implantée dans un contexte périurbain, la maison-paille est une réponse alternative à la construction pavillonnaire standardisée à l’échelle du territoire français. Elle dialogue avec le site dans lequel elle s’installe et s’inscrit dans la pente à l’articulation de deux ambiances paysagères : le bois et la vallée. Elle s’enfonce légèrement dans la topographie afin de rester de plain-pied, tout en limitant les terrassements.
Cette maison écologique à ossature bois, remplissage paille et enduits terre bénéficie des apports solaires hivernaux tout en se protégeant des surchauffes estivales. Les matériaux biosourcés qui la constituent en font un bâtiment vertueux bas carbone, offrant un confort thermique et hygrométrique très qualitatif.
La paille et la terre ont été posées à l’occasion de chantiers participatifs professionnels.
Chancelade (24)
Localisation
MOA Privée
MOE Moonwalklocal (architectes mandataires), PR ingénierie, FI33
Programme Maison individuelle à ossature bois (90 m²)
150 000 € HT
Playground de Darwin
En Février 2021, Darwin Eco-système accueille une cinquantaine de personnes issues de l’évacuation de « La Zone Libre » à Cenon, une ancienne maison de retraite laissée à l’abandon et occupée depuis presque 2 ans par 300 personnes.
Dans un contexte politique et social sensible, le but commun de Darwin et de Cmd+O était de sortir ces enfants des problématiques créées par le traumatisme de l’expulsion de leur lieu de vie. Leur situation familiale, leurs habitudes, leur enracinement ont été balayés, laissant place à la détresse.
Les enjeux sont multiples dans ce projet d’urgence sociale : il faut concilier co-construction, rapidité d’exécution et de livraison, et mise en œuvre de matériaux / éléments tous issus du réemploi.
Sur 10 jours, le projet Darwin Playground a pu prendre vie grâce à la participation de pas moins de 20 bénévoles et des enfants désormais hébergés au sein de Darwin, lors d’un chantier participatif animé et coordonné par Cmd+O. Une co-conception et co-construction de chaque instant, qui a donné vie aux idées des enfants.
Bordeaux (33)
Maison bois et zinc
La maison principale offre un volume assez sobre jouant sur la vibration du bardage bois, pour mettre en valeur la dualité des deux volumes avec l’annexe à l’habitation. Les espaces intérieurs laissent place à un beau volume principal ouvert sur le grand paysage. L’inertie de la maison ossature bois est assurée par la dalle béton. L’ensemble de la structure tant verticale que la charpente est réalisée en bois locaux avec des essences adaptées à chaque mise en œuvre. Le bardage est en Douglas purgé d’aubier non traité et l’isolation en fibre de bois.
Le choix d’un système de récupération d’eau pluviale accompagne le système de production d’eau chaude solaire, ainsi qu’un chauffage assuré par un poêle à granulé, optimisant au maximum les éléments renouvelables.
Localisation Dordogne
MOA Privé
Montant des travaux
Phase Livraison 2017
Matières Paille, terre
Photo Agnès Clotis photographe
Maison Pouget
Le but premier de ce projet était de baisser drastiquement les émissions carbone et de réaliser un projet frugal en énergie et en eau. L’isolation thermique de la maison a été entièrement revue : isolant sous vide, 10 cm de laine minérale (intérieur) côté rue et 14 cm de laine de roche (extérieur) + bardage bois (bois local) côté jardin. L’exposition au Nord et la bonne isolation de la maison permettent aussi de se passer de climatisation active l’été. Avec les différents dispositifs mis en place, l’isolation se veut 45% meilleure que l’exigence réglementaire de l’époque.
La maison a été pensée en deux parties adaptées à des temps d’occupation distincts. Elle différencie les espaces voués à une utilisation quotidienne de ceux dédiés à l’accueil d’amis, enfants et petits-enfants. Elle permet ainsi une gestion dissociée des besoins en énergie : chauffage par poêle à bois, avec une pompe à chaleur R32 en complément (il y a cinq ans, ce nouveau fluide proposait le plus faible impact sur l’effet de serre) ; besoins électriques gérés par des panneaux photovoltaïques en autoconsommation, avec des panneaux rayonnants en appoint pour les pièces reculées. Un chauffe-eau thermodynamique est complété occasionnellement par un chauffe-eau électrique et des douches solaires.
Les sources de production d’eau chaude sanitaire sont au plus près des points de puisage et limitent les déperditions. La récupération des eaux de pluie dans le jardin (cuve d’une capacité de 3 600 litres) permet l’arrosage du potager. La consommation de la maison a été divisée par 5 par rapport à son état initial et ses émissions carbones par 20.
Localisation Bordeaux (33)
MOA Françoise et André Pouget
Équipe Armelle Canchon (architecte) et 13 entreprises
Programme Rénovation d’une ancienne échoppe en pierre du 19 e siècle
Localisation
MOA Darwin
MOE
Programme
Collectif Cmd+O
Playground pour enfants
Montant des travaux 0 € HT
Phase Livraison 2020
Matières 100% réemploi (hors quincaillerie)
Maison Saint-Sève
La maison en bois, terre et paille est née d’une belle expérience de chantier participatif, une démarche collective de transmission des savoirs et d’inspiration, et qui fait la part belle à l’aventure humaine.
C’est aussi la concrétisation d’un changement de vie vers plus d’autonomie et la mise en œuvre des piliers de la permaculture : prendre soin de l’homme, prendre soin de la nature, partager les richesses.
La maison est implantée sur un terrain en pente, irrigué par des sources, orienté Sud et foisonnant de ronces et d’arbustes variés. Son principe constructif repose sur un ancrage solide grâce à des fondations cyclopéennes faites de pierres et de chaux et la création d’un hérisson ventilé au lieu d’un vide sanitaire. La superstructure bois/paille est réalisée selon les principes de la cellule sous tension, techniquement accessible pour des autoconstructeurs.
L’origine locale des matériaux est privilégiée autant que le budget le permet : argile du terrain, paille récoltée dans un rayon de 20 km, carreaux de Gironde, bois français pour la charpente et l’ossature. Une autre priorité, le réemploi : moellons en calcaire (pour les fondations) récupérés des ruines d’une vieille maison, chute de pin pour l’escalier, reste de paille et bois du terrain pour le torchis, menuiseries refusées sur des chantiers.
La maison présente également des sols en terre crue et différentes techniques de cloisonnement : torchis, terre paille banché, adobes…
Six panneaux solaires (1 500w chacun, avec quatre batteries) produisent l’intégralité de l’électricité consommée. Nous avons aussi fabriqué une récupération d’eau de pluie (2 cuves de 4 000 litres avec bassin de décantation) et installé des toilettes sèches.
Localisation
MOA / MOE
Organisation
Saint-Sève (33)
Philippe et Amélie
Chantier réalisé avec l’aide de 250 bénévoles et 4 corps de métier (fondations cyclopéennes, ossature et charpente, électricité, plomberie)
Programme Maison individuelle pour 2 adultes et 2 enfants (105 m²) sur un terrain de 1,4 ha
Montant des travaux 70 000€
Durée des travaux Juillet 2014 à octobre 2016
MOE Charlotte Wibaux
Programme Construction d’une maison bois et son annexe (112 m²)
Montant des travaux 175 000 € HT (hors foncier, hors VRD)
Label Niveau RT 2012
Phase Livraison 2019
[des terres]
Le projet [des terres] se saisit de la problématique et des solutions pour le développement de la terre crue comme matériau naturel employé pour le bâti. Il a pour ambition d’amorcer et soutenir la prise de conscience des particuliers, des acteurs publics et des professionnels du bâti de l’impact fondamental de l’habitat sur la santé et la biodiversité. L’acte de bâtir doit s’ancrer dans une dynamique pérenne face aux enjeux environnementaux et sociaux actuels. Faire émerger de nouvelles pratiques de construction vernaculaire, comme innovation sociale permettant d’être vecteurs de savoirs, d’échanges et de liens.
La démarche [des terres] accompagne cette nouvelle ère avec une attention plus particulière portée sur l’impact carbone, le coût global et le cycle de vie des bâtiments. La valeur d’usage et de confort dans l’habitat est au centre et impose de coconstruire avec les usagers (mais aussi collectivités, bailleurs sociaux, architectes, artisans) afin qu’ils se réapproprient les enjeux environnementaux et de santé. La vocation du projet est véritablement de rassembler la chaîne des acteurs de l’acte de bâtir autour du matériau terre crue.
Le changement de pratiques dans les manières de construire dans la région passe par l’étude pratique et scientifique des terres en Nouvelle-Aquitaine avec citoyens et professionnels du bâtiment. A partir de ce diagnostic ressources, de l’identification des modes constructifs adaptés aux terres locales, les différents acteurs pourront intégrer dans leurs projets des solutions locales, à très faible empreinte écologique et coût financier, mais à haut impact social. En fin de vie, la terre crue des ouvrages peut être réutilisée ou revenir au sol.
Le projet est piloté par trois structures dont l’association apporte une contribution concrète à la frugalité des pratiques de construction et/ou réhabilitation.
[des terres] répond aux objectifs suivants :
• apporter une expertise « terre » : repérage des terres, analyse laboratoire, et préconisations sur les techniques constructives ;
• réaliser un parcours « utilisateur » pour informer et favoriser le passage à l’action des citoyens dans l’utilisation et l’apprentissage du matériau terre crue ;
• construire des outils et des méthodes pour accompagner les collectivités, les bailleurs sociaux dans ce développement ;
• sensibiliser habitants, collectivités et bailleurs (chargés de clientèle, chargés de patrimoine) à ces nouveaux habitats.
Nouvelle-Aquitaine
Localisation
Coordination Chapeau et Bottes, Cancan et Intersections Programme Étude des gisements et création d’une filière terre crue en Nouvelle-Aquitaine
Durée des travaux Début de l’étude en juin 2020, accompagnement de projets-pilotes en juin 2023
Bordeaux Counord
Localisation 42 avenue Émile Counord, 33000 Bordeaux
Maîtrise d’œuvre A6A (architectes mandataires), Trouillot & Hermel (paysagistes), Khephren (BE Structure), Alto (BE Fluides), Projex (BE VRD), VPEAS (économie)
Maître d’ouvrage NHOOD
Programme Supermarché, services pied d’immeuble, bureaux, logements (dont 35 % d’accession sociale)
Surface SP 16 243 m² 2 874 m² supermarché, 958 m² de commerces + services, 5 909 m² bureaux, 5 460 m² logements
Montant des travaux environ 30 M€
Phase PC déposé mai 2021 livraison 2024 (tranche 1) et 2026 (tranche 2)
Ambitions validées à ce jour
Description du projet
La parcelle d’environ 10 700 m² se situe sur un site-clé avec une grande diversité socio-économique et morphologique : « ville de pierre » au Sud, type « grands ensembles » en vis-à-vis de la parcelle et enfin des constructions héritées des années 1980 et 1990 le long de la façade Counord.
Le site est attractif par son positionnement en cœur de ville et sa desserte en transports en commun, mais reste purement monofonctionnel (supermarché) et imperméabilisé en quasi-totalité. Il est peu propice au lien social et paraît coupé des parties prenantes du quartier. Les enjeux principaux sont d’améliorer l’insertion du site dans son environnement en renforçant son maillage avec la ville, et d’offrir une mixité fonctionnelle (commerces, logements, bureaux) et des espaces publics partagés.
Le parcellaire historique en lanières Est- Ouest (chais) est réinterprété : il crée des traversées végétalisées du quartier entre l’avenue Counord et la rue Paul Berthelot qui augmentent la perméabilité de l’îlot, favorisent la biodiversité et réduisent le phénomène d’îlot de chaleur. Cela s’accompagne d’une déminéralisation des sols et de la création d’espaces en pleine terre.
Cette stratégie se développe sous trois formes distinctes :
• une rue interne qui crée la liaison à travers la parcelle et constitue un vaste espace public piéton et vélos partagé (rétrocédée à terme) ;
• des sentes paysagères et un passage qui constituent les poches végétales au cœur des logements et séquencent les accès ;
• le « salon urbain paysager » sur la toiture de la halle commerçante constitue un espace social pour l’ensemble des usagers du site et du quartier.
Le stationnement en sous-sol sera mutualisé entre les différents programmes. Les emprises bâties sont fragmentées pour créer un rythme de pleins et de vides, des doubles et triples orientations, des percées visuelles et enfin davantage de lumière aux rez-dechaussées et aux espaces publics.
Le projet optimise l’emprise bâtie en empilant les programmes : les logements au Nord et à l’Est (avec locaux d’activité en rez-de-chaussée), et le supermarché au sud avec des bureaux en toiture. Cette implantation en peigne favorise la circulation de l’air à l’intérieur de l’îlot, ainsi qu’une ventilation naturelle efficace des logements et des bureaux (confort d’été et qualité de l’air intérieur).
Les bâtiments sont conçus avec un système constructif mixte maçonnerie / ossature bois. La vêture en bardage bois avec lame d’air permet une faible inertie des façades qui se chargent moins en chaleur. Cela limite fortement le rayonnement des façades et participe à la dynamique d’îlot de fraîcheur.
Les toitures végétalisées permettent le tamponnement des eaux pluviales et sont couplées à une production photovoltaïque, avec un prédimensionnement pour une production de 95 MWh/an en autoconsommation.
La conception des logements permet plusieurs configurations spatiales, laissées au choix des acquéreurs. 100 % des logements sont traversants ou orientés Sud, avec des loggias qui cré ent un masque solaire permettant une protection l’été et des apports en hiver.
Une partie des espaces de bureau est située sur deux niveaux au-dessus de la halle commerçante ; ils sont divisibles en alvéoles traversantes et entourent l’esplanade accessible au public.
Le supermarché sera conservé en fonctionnement le temps des travaux, et sa nouvelle enveloppe sera un prototype pour la typologie de demain : un magasin ouvert, lieu de lien social qui privilégie les circuits courts. Ce changement s’incarne spatialement par une très grande ouverture du magasin sur l’extérieur et techniquement par une optimisation des besoins énergétiques.
Enfin, le projet répond à des ambitions sociétales avec la création d’un « salon urbain » sur le toit du supermarché et entre les barres de bureaux. Cet espace privé accessible au public a pour vocation d’être un laboratoire de convivialité et de solidarité, ou un espace de rencontre ; il intégrera notamment une annexe du « social bar » installé dans un des locaux de la rue interne.
Contexte
Le projet se trouve au croisement de deux enjeux. D’une part, une étude de l’A-URBA identifiait déjà en 2007 la nécessaire mutation de ce site, dans le sens d’une polarité nouvelle, avec notamment la création d’espaces publics permettant de renforcer les liaisons piétonnes inter-quartiers et la gestion du rythme et des porosités le long de l’avenue Counord.
D’autre part, Nhood initie l’opération en 2019 dans le cadre de la réflexion plus large d’Auchan sur la reconversion des sites pour une meilleure insertion urbaine.
L’étude urbaine a pris près d’un an avant d’aboutir à la proposition actuelle. Cette période a donné lieu à de nombreux scénarios, tant urbains que programmatiques, architecturaux ou techniques. Les rendez-vous avec la Ville au cours des Commissions métropolitaines des avant-projets (CMAP) ont permis de co-construire le projet innovant en matière urbaine et architecturale.
Le projet repose également sur un phasage permettant d’assurer la continuité de l’offre commerciale.
Parole à l’architecte
Le programme communiqué par l’opérateur offrait une grande liberté en termes de surfaces mais avec des objectifs clairs : il s’agissait de reloger le supermarché, de retrouver moins de places de stationnement et de développer un programme mixte (logements, commerces, bureaux, équipements).
Les solutions constructives, thermiques, etc. portées par le Label font désormais l’objet de retours d’expérience qui montrent leur pertinence technique et économique, mais aussi les freins réglementaires (construction hauteur en bois, par exemple).
La recherche de frugalité implique donc nécessairement des études poussées et plusieurs scénarios pour arriver à la solution optimale à un coût raisonnable et justifié, avec des Bureaux d’Études Techniques (BET) variés et familiers de la situation locale.
La notion de frugal revêt sans doute des réalités différentes pour les divers acteurs du projet, et pourrait relever du marketing. Néanmoins, dans un environnement où beaucoup d’opérations immobilières semblent se satisfaire de peu, le Label est une piqûre de rappel ; c’est un levier d’action plus fort, qui permet d’améliorer les logements et d’augmenter le coût de la construction pour un projet plus vertueux (plus de jonctions, plus de développés de façades) et qui va plus loin que le simple réglementaire.
Une collaboration étroite avec l’opérateur est alors essentielle, ce qui est le cas ici. On peut considérer le référentiel comme un tableau d’auto-analyse, avec des objectifs parfois contradictoires (bâtiment compact vs. logements traversants) qu’il faut hiérarchiser en fonction des projets et parcelles. C’est aussi un appui bénéfique dans le processus interne pour convaincre l’ensemble des parties prenantes. Son succès repose également sur la pérennité de l’équipe tout au long du projet (mission complète avec suivi de chantier).
Le Label comporte beaucoup d’ambitions et certaines d’entre elles demandent à être quantifiées (impliquant calculs obligatoires, étude des cycles de vie, études en plus) : le Label aura donc un coût de base, dont il faudrait mesurer les conséquences selon l’échelle des projets.
Enfin, la composante végétale pourrait être développée (obligation de plantation en fonction de la surface construite, par exemple).
Parole à l’opérateur
Tous les projets Nhood commencent par une étude du site avec des ambitions territoriales, urbaines mais aussi de société avec des programmes mixtes qui favorisent la vie hors les murs et les rencontres. Les projets relèvent donc plus de l’aménagement que de la promotion, avec la participation d’autres métiers (associations, animateurs de quartier) et la collaboration avec des architectes « frugaux », c’est-àdire en perpétuelle recherche d’une architecture de peu (de matériaux, de ressources…).
Les ambitions du Label recoupent donc des outils qui existent en interne chez Nhood, notamment des grilles d’analyses des matériaux, ou un coût de construction déjà en adéquation avec le cahier des charges de la démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Néanmoins, l’intégration plus tardive des éléments en ossature bois a conduit à un réajustement des surfaces dédiées aux bureaux (en toiture du supermarché) afin d’équilibrer financièrement le projet.
Le Label va devoir se confronter au marché pour adapter ses curseurs. Par exemple, l’inclusion d’une composante bois plus importante dans le projet va entraîner une vraie recherche sur l’origine des matériaux au cours de l’étape suivante. La réalité de la filière locale ne permet pas d’obtenir de charpentes bois (conséquence des tempêtes, les caractéristiques techniques du bois disponible sont insuffisantes). L’approvisionnement dans un rayon de 200 km pose donc question.
Les données techniques du Label induisent aussi une attention renforcée sur la rédaction des pièces de consultation des entreprises.
Enfin, la dimension humaine et sociétale de la frugalité peut aller plus loin : l’acte de vivre ensemble, d’amener de l’usage dans les espaces communs doit être soutenu mais aussi organisé. Par exemple, l’idée louable d’un appartement partagé ne marche pas si chacun doit faire le ménage : il faut organiser ce partage. D’où l’importance de donner un cadre juridique (sociétés coopératives, SIC, bar social…) à ce vivre ensemble.
vue de la rue interne le salon urbain sur le toit du supermarchéConcorde Ilot Dupaty
Localisation Quai de Bacalan / Rue Emile Peynaud, 33300 Bordeaux
Maîtrise d’œuvre 4A (architectes), Trouillot & Hermel (paysagistes), R&R Thermique (BET Fluide), Isac (BET Structure), Auige (BET VRD), Qualiconsult (Bureau de contrôle)
Maîtrise d’ouvrage Fradin Promotion, Crédit Agricole Immobilier
Programme Résidence étudiante sociale (110 logements), résidence étudiante (102 logements), logements libres (22 logements), bureaux
Description du projet
Le projet présenté résulte de la création future de la rue Émile Peynaud parallèlement au quai de Bacalan. Cette création partitionne la propriété existante en deux et offre de nouvelles opportunités en termes d’accessibilité, d’intimité et de programmes.
Le terrain concerné se compose de deux parties dissemblables : la première occupée par un chai, la seconde abritant un parking aérien important entièrement recouvert d’enrobé.
À l’origine, la parcelle est essentiellement imperméabilisée par des surfaces minérales et dédiées à la voiture. Le nouveau projet vise à offrir plus de 1 905 m² de surfaces végétalisées et apportera fraîcheur et biodiversité : env. 1 000 m² de terrasses plantées sur la dalle couvrant les parkings, une partie des toitures végétalisées, surfaces de pleine terre récupérées sur l’emprise de l’ancien chai…
Le projet est conçu dans le respect de la trame historique du quartier et reprend le modèle en lanière des chais en jouant sur une alternance de pleins orientés Sud et de vides végétalisés. Le projet s’inscrit également dans la logique urbaine en apportant une transition en hauteur au Concorde.
Le programme est mixte avec logements, logements étudiants et bureaux ; les logements en accession seront tous à double orientation pour optimiser les apports lumineux et permettre une ventilation naturelle.
Au-delà d’une conception de plan de masse offrant des qualités bioclimatiques au projet, l’approche environnementale s’appuie sur le choix des matériaux et leur bilan carbone : matériaux biosourcés / filière locale limitant l’impact du transport / pérennité et recyclabilité / qualité de vie (température, lumière…).
le site à l’origine axonométrie du projet vue sur la rue Émile PeynaudLe projet îlot Dupaty, situé à l’arrière de l’immeuble Concorde (réhabilité en 2000) est initié en 2014 avec la même équipe architectes / opérateurs. Plusieurs projets et évolutions de projets ont été présentés au cours d’ateliers avec la Mairie et l’urbaniste conseil Bruno Fortier qui ont permis d’affiner la forme, les destinations, les hauteurs, les surfaces. Le programme a ainsi évolué plusieurs fois avant le dépôt d’un permis de construire en 2020.
L’enjeu fondamental reposait sur le maintien d’un parking aérien ne pouvant être déplacé ou enterré. Cette disposition imposée par le site (projet sur dalle pour couvrir les stationnements existants et créer un nouveau lieu de vie décollé du sol) a permis la réalisation d’espaces verts plantés en remplacement de l’espace entièrement minéral, mais aussi induit des contraintes supplémentaires en termes de sécurité incendie et gestion des réseaux.
Parole à l’architecte
La première analyse avait mis l’accent sur la végétalisation de cet îlot aujourd’hui complétement minéral, afin d’avoir un impact sur la gestion des eaux pluviales et le rafraîchissement de l’îlot. L’arrivée du Label a été une opportunité d’aller plus loin dans cette démarche.
Contexte
Les rencontres avec l’équipe municipale sont intervenues pendant la phase d’élaboration du Label. Si la déminéralisation du site a été reconnue comme primordiale pour démarrer une démarche frugale, ces rencontres ont permis d’affiner la proposition et de faire évoluer le descriptif de base en canalisant et encadrant les propositions initiales.
Les nouvelles ambitions ont été dictées par le caractère très contraint du terrain, et ont dû prendre en compte l’avancement réel du projet : mode constructif (passage de béton à mixte béton-bois), le travail de l’enveloppe (couleur, isolation, inertie), la qualité et la provenance des matériaux (matériaux locaux et facilement recyclables).
En effet, les critères les plus importants du label Bâtiment Frugal Bordelais sont ceux qui relèvent du bon sens comme le choix des orientations, la limitation de l’imperméabilisation des sols et la gestion des eaux de pluies, la compacité des bâtiments, la transformation de l’existant et le travail sur l’enveloppe du bâtiment et son fonctionnement technique. Ces critères-là peuvent être presque systématiquement reproductibles.
Ce Label pourrait être une opportunité de développer l’économie circulaire et la cartographie des ressources réutilisables dans le bâtiment.
La réflexion sur l’évolutivité des logements doit être appuyée, afin de déclencher une transformation dans la façon de produire du logement chez les promoteurs et bailleurs, et par là même de réduire l’étalement urbain grâce à un cadre de vie amélioré.
Les critères auxquels l’opération répond aujourd’hui (couleurs, ventilation, matériaux…) sont primordiaux. Ce Label est une opportunité de montrer que la profession de promoteur immobilier est particulièrement sensible aux enjeux environnementaux et s’en empare pour apporter des solutions à la mesure de ses moyens.
Parole à l’opérateur
Localisation 153, cours Saint-Louis, 33300 Bordeaux
Maîtrise d’œuvre Atelier Cambium (architectes), A+R Salles / Rémi Salles (paysagistes), Astree (BE Structure), Vivien (BE Fluides), Viam Acoustique (BE acoustique), Forten (économie), Veritas (bureau de contrôle) Maître
Ilot Saint-Louis
Description du projet
Situé le long du cours Saint-Louis, le projet s’inscrit dans une entrée de ville, au croisement de la ville constituée du centre historique et de la ville nouvelle. L’ancienne gare de style Art Déco, située en face de la parcelle, accueille désormais des commerces et se trouve adossée à un centre commercial.
Un projet municipal vise à améliorer la pratique de la séquence urbaine adjacente en clarifiant les usages et en réduisant l’emprise des voitures. Le projet y participe en offrant une gamme graduée d’espaces publics, semi-publics et privés. Les accès et circulations sont organisés par des coursives ou des porches continuellement ouverts sur le contexte urbain. De la rue aux appartements, les résidents empruntent un parcours rythmé par des perspectives sur le cœur d’îlot et son jardin en pleine terre. Cette connexion visuelle est également établie avec l’environnement proche : en plus d’offrir à l’espace public une perspective sur le jardin, une grande percée dans le front bâti améliorera l’ensoleillement naturel de l’esplanade, orientée vers le Nord.
L’un des enjeux du projet concerne le rétablissement d’un espace planté au cœur du site. Ce projet paysager permettra ainsi de réintégrer une trame verte de cœur d’îlot, et d’assurer un corridor de biodiversité et un îlot de fraîcheur à destination des riverains.
Il s’agit de revoir l’équilibre entre la densité bâtie et la densité végétale : densité des plantations et variété des essences capables de créer un lien fort avec le sol, rétabli en espace pleine terre. Suivant le principe des forêts Miyawaki, le projet paysager se développera selon ses propres temps et croissance.
Les façades sur l’esplanade Sousa Mendes, le cours Saint-Louis et la rue Charles Puyo arboreront un habillage végétal plus ou moins dense. Des plantes grimpantes prendront racine depuis des jardinières métalliques positionnées en façade Nord, mais également depuis le rez-de-chaussée. En colonisant la structure du bâtiment, la végétation formera un filtre naturel capable d’apporter de l’intimité aux espaces donnant sur les coursives ou les terrasses. Les toitures seront dessinées pour collecter les eaux pluviales et assurer l’irrigation en gravitaire de l’ensemble des jardinières.
L’immeuble offre une large gamme d’appartements, allant du T1 au T5, dont certains en duplex. L’aménagement des appartements a été pensé pour conférer une grande qualité d’usage pour des foyers de structure variée et en toute saison. Une reconfiguration des espaces intérieurs, synonyme de flexibilité, est permise par le dessin de la structure pour accompagner les changements et les besoins nouveaux surgissant au sein d’un foyer (chambre supplémentaire ou à louer) en disposant d’un accès indépendant.
L’ensemble du projet est régi par les principes de l’architecture bioclimatique (matériaux biosourcés, logements traversants, rafraîchissement…). Cette approche, centrée sur l’habitant et son rapport au contexte, a un effet immédiat sur la qualité d’usage des logements. Tous sont traversants ou bénéficient d’une double ou triple orientation. Ces dispositions améliorent grandement le confort à l’intérieur des logements, notamment en été, grâce à la possibilité d’une ventilation naturelle et à la présence du jardin au cœur d’îlot, source de fraîcheur. Chaque logement dispose d’espaces extérieurs généreux, venant agrandir les espaces à vivre. Les coursives et les loggias forment des protections solaires fixes. En hiver, la multiorientation des bâtiments favorisera également les apports de lumière naturelle et de chaleur.
La structure du bâtiment est conçue de manière rationnelle et efficace : elle est composée de voiles de refends en béton plombant positionnés perpendiculairement à la façade et de dalles en béton. Elle participe également au confort des logements, grâce à l’inertie qui confère des propriétés de déphasage thermique précieuses. L’enveloppe non porteuse du bâtiment fait appel à divers matériaux biosourcés : murs à ossature bois, isolant en fibre de bois, bardage bois et doublage en panneaux de fibres-gypse Fermacell ®. Les menuiseries, en aluminium recyclé, seront associées à des stores opaques pour les chambres.
Contexte Parole à l’architecte
vue depuis l’esplanade Sousa Mendes (angle nord-ouest)
Ce projet tire son origine d’une commande directe de Fayat Immobilier. Après 7 mois d’études, la conception a été profondément remaniée et une nouvelle version a été développée pour satisfaire les ambitions portées par le label Bâtiment Frugal Bordelais. Une nouvelle stratégie fut mise au point pour établir de nouvelles ambitions concernant la qualité d’usage des espaces, les dépenses énergétiques et les matériaux de construction.
Le projet a totalement évolué d’un point de vue fonctionnel. La recherche de l’aspect traversant sur l’intégralité des appartement a amené à concevoir une distribution par coursives et à repenser toute la conception architecturale, l’organisation des bâtiments, le système constructif…
La composition des parois et le système constructif ont également été repensés afin de trouver le meilleur équilibre entre l’utilisation du bon matériau au bon endroit et la balance économique. Les murs de refends perpendiculaires aux façades sur rue fonctionnent comme des poutres voiles et portent les planchers. Libérées de leur fonction porteuse, les façades intérieures des coursives et loggias sont érigées en murs ossature bois (MOB). Chaque façade et son système d’isolation est ainsi travaillé en fonction de son contexte : orientation, besoin local des logements en terme de performance thermique, d’inertie et de déphasage.
Ce label vient justifier et soutenir des idées souvent sacrifiées au profit de la densité, notamment l’expérience de l’habitant et le confort d’usage : quelles sont les différentes séquences qui l’accompagnent de l’espace public jusqu’à son logement et favorisent son appropriation des lieux ?
Le label Bâtiment Frugal Bordelais rend l’acte de bâtir plus vertueux, en considérant toute la chaîne de production et de vie du bâtiment dans l’impact environnemental. La conséquence logique est de reconsidérer des matériaux longtemps mis de côté (terre crue, pierre…) et de promouvoir un développement poussé de la filière bois française et plus particulièrement locale.
Pour cela, il est important que les règles de l’art et les fabricants (bardages, isolants biosourcés, menuiseries extérieures bois ou aluminium…) accompagnent le mouvement en proposant des solutions techniques garanties et appropriées.
Les nouveaux enjeux définis impliquent des choix forts dans la conception et l’économie de projet, et il est important que la réglementation technique du bâtiment accompagne les maîtres d’ouvrages, les maîtres d’œuvre et les entreprises à construire dans ce nouveau cadre.
Parole à l’opérateur
Les 42 ambitions du Label ont été autant de guides et de jalons pour réussir à proposer un projet immobilier vertueux autour de thèmes essentiels : conception bioclimatique, ambitions à la hauteur des enjeux de transition écologique, frugalité et pragmatisme, bienveillance au « déjà-là », construire pour les générations futures.
La conception de l’îlot Saint-Louis, en parallèle de la mise au point du référentiel, souligne la volonté de transformer un site minéral et industriel en Oasis Urbaine. Le projet allie donc une conception bioclimatique et vernaculaire, le recours à de nombreux matériaux biosourcés, intègre un îlot de fraîcheur (micro-forêt urbaine) et propose une nouvelle façon d’habiter (évolutivité des logements, coursives habitées, logements traversants…). Ce projet est le fruit d’un dialogue entre élus, maître d’œuvre et maître d’ouvrage autour d’un objectif commun : la transition.